Témoignages

 

kiye2021
 
 
L'hebdomadaire de la paroisse de Nioro du Sahel n°19 du jeudi 02 décembre 2021: _La confiance en Dieu rend inébranlable et imperturbable devant les épreuves de cette vie_ ? (Une réflexion du Père KIYE M Vincent, Mafr) 
 
Textes du jour : 
1ère Lecture : Is 26, 1-6
Évangile : Mt 7, 21.24-27
 
Bien-aimés dans le Seigneur, recevez nos salutations fraternelles depuis Nioro du sahel 
 
« La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, les vents ont soufflé et se sont abattus sur cette maison ; la maison ne s’est pas écroulée...»
 
Voici ce qui arrive à ceux qui comptent sur le Seigneur et par surcroît, reçoivent de lui une force exceptionnelle pour tenir bon devant toutes épreuves de la vie que leur infligent ceux qui croient sièger dans les hauteurs et leur cité inaccessible. 
 
Bien-aimés dans le Seigneur, les textes de la liturgie de ce jour nous désillusionnent sur cette tendance que nous avons souvent de chercher appui sur des hommes qui, malheureusement sont contingents et voués à la finitude. Qui qu'il soit, peu importe leur pouvoir ou leur influence dans la société, les puissants de ce monde n'offrent jamais de garantie pour le Royaume des Cieux. Comme tout enfant de Dieu, ils sont eux aussi de ceux qui s'adressent au Père en lui disant : “Seigneur, Seigneur !” souvent pour renforcer leur autorité et non pour mettre sa parole en application. 
Etant sûr de leur  position sociale et bien dans le confort de leur pouvoir, cela les rend paresseux pour la mise en pratique de la Parole de Dieu. C'est en cela qu'ils peuvent facilement passer à côté du Royaume au lieu d'y entrer. 
Le confort du pouvoir obstine souvent et rend sourd-muet-aveugle devant les exigences de la parole de Dieu. Nous nous conformons plus aux exigences plutôt qu'à la volonté de Dieu. L'évangile de ce jour nous invite à faire un saut qualitatif en quittant cette  conception pour faire de Dieu notre Roc éternel. Quiconque s'appuie sur lui, dit l'évangeliste, est comparable à un homme (prévoyant) 
qui a construit sa maison sur le roc.
La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, les vents ont soufflé et se sont abattus sur cette maison; la maison ne s’est pas écroulée... "
 
Oui chers frères et sœurs, ce n'est pas en criant vers le Père en lui disant Seigneur, seigneur qu'on entrera dans le Royaume 
 des Cieux. Il faut nous débarrasser de toutes les velléités de la sécurité existentielle pour la vraie sécurité que Dieu assure à ceux qui se réfugient sous sa constante protection. 
Son influence et son pouvoir n'ont pas de fin. Il est le seul capable de rabaisser ceux qui siègent dans les hauteurs des injustices de toutes sortes, de l'écrasement des faibles et des "sans appui "; il est capable d'humilier la cité inaccessible des roitelets, entendu par-là, l'horizon de ces tyrans et exclusivistes,  règnant par un pouvoir acquis par des tractations politiciennes et païennes; ce pouvoir qui repose sur des idéologies segregationistes, sur le fanatisme, le régionalisme etc. C'est contre tout cela que l'Emmanuel vient restaurer le vrai pouvoir inclusif et qui repose sur la justice et de paix. Trouvons en lui notre Roc éternel. Car son pouvoir n'a pas de mandat. Amen
 
Le Seigneur soit avec vous ! 
 
✍🏾Père KIYE M Vincent, Missionnaire d'Afrique 
Paroisse de Nioro du Sahel 
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 L'hebdomadaire de la paroisse de Nioro du Sahel n°20 du lundi 06 décembre 2021: S'indigner contre la grâce de Dieu à l'œuvre dans la vie de nos frères et sœurs c'est signer sa propre condamnation . (Une réflexion du Père Vincent KIYE, Mafr) 
 
Textes du jour :
1ère Lecture:Is 35, 1-10
Évangile : Lc 5, 17-26
Bien-aimés dans le Seigneur, recevez nos salutations depuis la paroisse de Nioro du Sahel dans le diocèse de Kayes au Mali. 
«Pourquoi ces pensées dans vos cœurs ? Qu’est-ce qui est le plus facile ?... » (Lc 5, 17-26) 
Bien-aimés dans le Seigneur, l'évangile de ce lundi de la deuxième semaine du temps de l'Avent nous place devant une situation complexe qui suscite l'indignation des pharisiens
et des docteurs de la Loi, qui assistent à la scène. Deux moments retiennent notre attention :
1. Voilà que des gens, portant sur une civière
un homme qui était paralysé viennent vers Jésus pour solliciter la guérison de ce dernier. Jésus ne leur donne pas tout de suite satisfaction à leur demande: la guérison du paralysé.Il accorde plus que l'objet de leur demande : il pardonne les péchés en ces termes : « Homme, tes péchés te sont pardonnés. » Jésus veut certainement nous dire que la guérison de l'âme est prioritaire  à la guérison physique.  Dieu nous donne toujours ce qui est bon pour nous, ce qui favorise en nous, l'union avec lui. Et le reste vous sera donné par surcroît.
2. L'indignation des pharisiens et des docteurs de la Loi. Le don de Dieu, la grâce du pardon des péchés agace les scribes et les pharisiens qui se mirent à raisonner :
« Qui est-il celui-là ? Il dit des blasphèmes !
Qui donc peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul ? » peut-être que vous êtes vous aussi dans cette même situation. Vous vous indignez devant la grâce de Dieu manifeste dans la vie de vos frères et sœurs. Dieu n'est jamais injuste. Soyons humbles devant ses merveilles. Notre indignation tant par jalousie que par autre sentiment ne peut jamais empêcher l'action de Dieu. Au contraire, ça le pousse à agir davantage: "Eh bien ! Afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a autorité sur la terre pour pardonner les péchés... 
je te le dis, dit-il au paralysé, 
lève-toi, prends ta civière et retourne dans ta maison."
 Nous retenons de ce texte,  l'importance du soutien que nous devons nous apporter les uns des autres dans la foi. Car c'est la foi de ces gens qui pousse Jésus à guérir ce paralysé." Voyant leur foi", nous dit le texte.  La deuxième chose à retenir est le respect que nous devons envers la grâce de Dieu manifeste dans la vie de nos frères et sœurs. Inutile de nous indigner devant les bonnes actions de nos frères. C'est ici que la sagesse du Maître Gammaliel se veut illustrant lorsqu'il dit: "... si cela vient de Dieu, vous ne pouvez rien faire. N'entrez pas en guerre contre Dieu."
Puisse Dieu nous accorder la grâce de la foi vérité qui nous dispose à le reconnaître toujours à l'œuvre dans le monde dans la vie des nos frères et sœurs. Amen
Le Seigneur soit avec vous !
✍🏾 Père KIYE M. Vincent, Missionnaire d'Afrique
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Algérie-France : Joséphine Baker, l’espionne venue du show

Mis à jour le 1 décembre 2021 à 17:07
 


La sous-lieutenante Joséphine Baker à Alger, en 1944, avec la commandante Dumesnil, sa supérieure hiérarchique. © Service historique de la défense, ministère des armées

 

La chanteuse de music-hall qui a fait son entrée au Panthéon a séjourné en Algérie entre les années 1930 et 1950. En sa qualité d’artiste. Mais aussi comme espionne pour le compte du renseignement français durant la Seconde Guerre mondiale. Elle adoptera plus tard deux orphelins : un garçon d’origine kabyle et une fillette de parents pieds-noirs.

Joséphine Baker, entrée au Panthéon ce 30 novembre 2021, n’est pas encore espionne au service de la France libre quand elle débarque pour la première fois en Algérie.

C’est un mardi 1e décembre 1931, journée froide mais ensoleillée, que la vedette du music-hall arrive à Alger avec son mari et deux de ses collaborateurs pour une petite tournée dans les salles de la capitale. Sur le quai de la gare, elle est accueillie par une délégation du Racing universitaire d’Alger, le club omnisports, dont elle est devenue marraine quelques mois plus tôt.

Dans la section foot de ce club où Algériens et Européens évoluent ensemble, un certain Albert Camus a exercé ses talents de gardien de but au sein de l’équipe junior. Joséphine Baker est logée à l’hôtel Saint-Georges, un palais mauresque qui abritera le 10 novembre 1942 la cérémonie de signature du cessez-le-feu entre l’amiral Darlan, ancien chef du gouvernement vichyste, et les Américains, qui venaient de débarquer à Alger.

Le lendemain de son arrivée, Joséphine Baker, accompagnée de son orchestre de musiciens noirs, donne un concert au Majestic (aujourd’hui salle Atlas), dans le quartier de Bab el-Oued. Elle chante notamment « J’ai deux amours », qui a lui a valu un grand succès en France dès la sortie du titre en 1930.

« Honorable correspondante »

Joséphine Baker n’a pas deux amours mais trois : son pays, Paris et Alger. Sa passion pour cette ville, elle la déclame en 1936 dans sa chanson « Nuit d’Alger », qu’elle chante en roulant les r de son accent américain.

Dix ans plus tard, elle y revient, non pas seulement comme chanteuse, mais surtout comme « honorable correspondante » du contre-espionnage français. Janvier 1941, elle arrive à Alger où elle descend cette fois à l’hôtel Aletti, situé à deux pas de la baie d’Alger. L’Algérie est alors sous le contrôle de Vichy.

L’Aletti est déjà mythique pour avoir reçu Charlie Chaplin lors de l’inauguration de l’établissement en 1931. Il maintiendra sa légende en accueillant l’écrivain américain John Steinbeck ou le photojournaliste Robert Capa, qui immortalisera le débarquement des Alliés en Normandie en juin 1944.

Joséphine Baker reste une semaine à l’Aletti avant de rejoindre le Maroc. À Casablanca, elle subit une fausse couche et une lourde opération d’ablation de l’utérus. Elle reste clouée à l’hôpital, où sa chambre devient une succursale du Deuxième bureau, les services de renseignements français.

SES MESSAGES PASSENT INAPERÇUS GRÂCE À UNE ENCRE INVISIBLE SUR SES PARTITIONS MUSICALES

Rétablie, elle reprend la route en 1943, souvent à bord d’une jeep militaire, pour se rendre en Algérie, alors que les troupes vichystes ont perdu la partie. Elle y donne des représentations pour les soldats alliés. Et en profite pour transmettre messages et renseignements à l’occasion de ses déplacements à travers le pays, d’Oran à Alger en passant par Mostaganem et Blida.

Ces messages passent inaperçus grâce à une encre invisible sur ses partitions musicales. Elle travaille sous les ordres de Jacques Aptey, chef du contre-espionnage militaire à Paris, qui l’a recrutée en 1939, avant de rejoindre la résistance à Londres en 1940.

En octobre 1943, celle qu’on surnomme « la perle noire » va être doublement comblée. Elle donne un gala à l’Opéra d’Alger et rencontre son idole, le général de Gaulle, celui qu’elle a décidé de suivre après son appel du 18 juin.

Croix de Lorraine

Pendant l’entracte, l’officier d’ordonnance lui demande de se rendre dans la loge d’honneur du général. Le chef de la France libre lui cède son fauteuil et lui remet une petite croix de Lorraine en or.

Son partenaire sur scène et dans les Folies Bergères, Frédéric Rey, raconte la scène : « Quand elle revient en coulisses, elle tenait son poing crispé sur une petite croix de Lorraine en or… Jamais je ne devais lui voir un visage plus bouleversé. C’était le cadeau du général. Elle ouvrit la main, nous montra le bijou, la gorge si serrée qu’elle ne put articuler une parole. »

Elle quitte Alger peu de temps après ce spectacle, sa voiture se perd dans les montagnes de Kabylie, puis effectue un long périple pour rallier Tunis, d’où débute une longue tournée : Sfax, Le Caire, Tripoli (en Libye), Benghazi, Tobrouk, Alexandrie, Beyrouth, Jérusalem, Tel-Aviv, Haïfa.

Là où elle passe, Joséphine déchaine les passions et collecte des renseignements. À Beyrouth, elle se déleste de la petite croix offerte par De Gaulle dans une vente aux enchères destinée à récolter des fonds pour la résistance.

JOSÉPHINE RECUEILLE BRAHIM ET MARIANNE, DONT LES PARENTS ONT ÉTÉ TUÉS PENDANT LES COMBATS AVEC L’ARMÉE FRANÇAISE

Retour à Alger en mai 1944. Cette fois comme sous-lieutenante de l’armée de l’air de la France libre. Fini les tournées et les spectacles, terminé les tenues de scène affriolantes. Elle est en uniforme au sein de la direction des formations féminines de l’état-major général de l’armée de l’air comme officier de propagande.

Son séjour algérois dure un peu plus de cinq mois. Puis elle regagne la France quelque temps après la libération de Paris en août, pour reprendre ses tournées durant lesquelles elle ne manque pas de chanter « Nuit d’Alger ».

Mère adoptive de plusieurs enfants, elle retourne une fois de plus en Algérie en 1957, en pleine bataille d’Alger. Cette fois, son séjour n’est pas lié à sa vie d’artiste ou à ses états de service comme honorable correspondante. Joséphine recueille deux orphelins, Brahim et Marianne, dont les parents ont été tués pendant les combats avec l’armée française.

Tous deux étaient présents à la cérémonie d’entrée de leur mère au Panthéon. À l’hôtel Saint-Georges d’Alger, la photo de Joséphine Baker trône toujours à l’entrée du bar, à côté de celles de Churchill, Che Guevara, Jean Cocteau, Eisenhower ou encore Albert Camus.

Mali : la fuite désespérée d’Amadou Toumani Touré

Mis à jour le 1 décembre 2021 à 15:48
 


Amadou Toumani Toure lors d’une conférence de presse au palais présidentiel, en février 2010 © Eric Feferberg/Pool/REUTERS

 

« Sauve qui peut ! » 3/6. Lorsque Kati se soulève le 21 mars 2012, le président pense que la situation est sous contrôle. Quand il prend conscience de la gravité des évènements, il est trop tard, il doit fuir. Plusieurs fois ce jour-là, il manquera d’être tué.

Le président a fui. Sans voiture ni garde du corps, il a dévalé la colline en titubant et laissé derrière lui un palais aux murs criblés de balles. Amadou Toumani Touré (ATT), 63 ans, n’a plus l’endurance de la jeunesse. Son genou le fait souffrir. Il est contraint de marquer des temps d’arrêt.

Cette colline qu’il a si souvent parcourue à bord de ses 4X4 et limousines blindés paraît, en cette fin de journée, interminable. Mais il n’y a pas de temps à perdre, il faut se mettre à l’abri. Aux côtés du président, deux hommes, parmi les rares qui lui sont restés fidèles : son aide de camp, le colonel Alou Bagayoko, et le lieutenant-colonel Abidine Guindo, le commandant du 4ème régiment de parachutistes de Djicoroni. Sans eux, ATT ne serait pas parvenu à échapper aux mutins. Quand il faiblit, ils se relaient pour le soutenir. Il ne faut pas rester là. Nous sommes le 21 mars 2012 et le pouvoir est en train de s’effondrer.

« Quelqu’un leur donne ma position ! »

Quelques heures plus tôt, ATT croyait encore avoir le contrôle de la situation. Mais vers 15h30, il a été surpris par les tirs qui ont retenti autour de la présidence. Les mutins étaient au pied de la colline de Koulouba. Ils ont bloqué la rue principale, celle qui mène au palais, et, à coup de mitrailleuse et de lance-roquettes, ils ont ouvert le feu en direction du palais. Le deuxième étage de l’aile gauche du bâtiment, là où se trouve le bureau du chef de l’État, essuie des tirs nourris. Pour échapper aux rafales et rejoindre le bâtiment 42, situé derrière la présidence, ATT a couru à toute vitesse. Est-ce à cet instant qu’il prend conscience de la gravité des évènements ?

LA MITRAILLEUSE ARROSE LE BÂTIMENT OÙ IL S’EST RÉFUGIÉ. ATT EN EST CONVAINCU, IL A ÉTÉ TRAHI

Les mutins venus du camp militaire de Kati ne lui laissent aucun répit. « Ta-ta-ta-ta ! » Les tirs reprennent, la mitrailleuse arrose maintenant le bâtiment où il s’est réfugié. ATT en est convaincu, il a été trahi. « Quelqu’un leur donne ma position », lance-t-il à la poignée d’hommes qui l’accompagne. Autour de lui, l’étau se resserre. Il ne le sait pas encore, mais des officiers qui le connaissent très bien ont rallié les putschistes et celui qui se posera comme leur chef, Amadou Haya Sanogo.

Dans l’après-midi, le capitaine est apparu sur les antennes de l’Office de radio et télévision du Mali (ORTM) avec une vingtaine d’hommes en treillis, comme lui, et tous inconnus au bataillon. « Le CNRD [Comité national pour le redressement de la démocratie] se réclamant des forces armées de défense et de sécurité du Mali […] a décidé de prendre ses responsabilités en mettant fin au régime incompétent et désavoué de M. Amadou Toumani Touré », a lu d’une voix hésitante le lieutenant Amadou Konaré, sous le regard impassible de Sanogo.

Dans la foulée, la Constitution est suspendue, les frontières fermées et les poids-lourds du gouvernement arrêtés. Il est 21h, le portail de Koulouba cède. Les mutins pénètrent à l’intérieur du palais, mais ATT n’est plus là. Alors que le soleil se couchait sur le fleuve Niger, il est parvenu à s’enfuir et à atteindre l’avenue de l’Indépendance, située en contrebas. Sur la route, le lieutenant-colonel Guindo a arrêté une Mercedes 190 blanche qui passait par là. Face à ces hommes armés, le chauffeur n’a opposé aucune résistance. Les fugitifs se mettent en tête de rejoindre le camp de Djicoroni, situé à environ 6 km de Koulouba. Guindo est convaincu que les parachutistes pourront protéger ATT. Mais jusqu’à quand ?

La psychose s’installe

Tout au long de la nuit, des tirs sporadiques se font entendre. La capitale est quadrillé par les bérets verts fidèles à Sanogo, les quelque véhicules qui s’aventurent encore dans les rues sont minutieusement fouillés. Très vite, la psychose s’installe, électrisant l’atmosphère. Où est le président ? Se trouve-t-il encore à Bamako ou est-il tombé sous les balles ? Devant les caméras, le capitaine Sanogo assure que « le président va très bien » et qu’il est « en sécurité ». En réalité, il ignore où il se trouve.

COMMENT CET HOMME, AVEC SA CONNAISSANCE PRESQUE CHIRURGICALE DE L’ARMÉE, A-T-IL PU TOMBER AUSSI FACILEMENT ?

Le lendemain, la situation est encore confuse et les rumeurs les plus folles circulent, mais c’en est fini du président ATT. Les soldats de sa garde censés assurer sa sécurité ont déserté et, les uns après les autres, les différents corps de l’armée ont rallié le CNRD.

Comment cet homme, qui avait acquis une connaissance presque chirurgicale de l’armée, a-t-il pu tomber aussi facilement, et à un mois seulement d’une élection présidentielle à laquelle il n’avait pas prévu d’être candidat ? Neuf ans plus tard, la séquence comporte toujours des zones d’ombre. « ATT a sans doute sous-estimé la situation, juge avec le recul un ancien cadre du gouvernement d’alors. Cet ancien militaire, qui avait lui-même été à l’origine d’un coup d’État [en 1991 contre Moussa Traoré], aurait dû décider dès le départ de contenir la mutinerie et de sécuriser les points stratégiques de la capitale. »

ATT aurait-il pu renverser la situation ? Il savait que la troupe était mécontente, qu’elle n’avait pas digéré le massacre d’Aguelhok, qu’elle réclamait depuis plusieurs jours plus de moyens pour lutter contre les rebelles du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA).

Une série d’erreurs

Le matin du putsch, il a envoyé à Kati son ministre de la Défense, le général Sadio Gassama, et le chef d’état-major général des armées, le général Gabriel Poudiougou. Première erreur. « J’avais dit au président qu’il aurait été préférable de recevoir les officiers au palais et de trouver ensemble une sortie de crise », affirme l’un de ses anciens conseillers. À Kati, la rencontre tourne au vinaigre. Les envoyés d’ATT sont pris à partie, des pierres sont lancées. L’un des gardes du corps du général Poudiougou tire en l’air, les deux officiels doivent être exfiltrés dans la précipitation.

ATT est en train de présider le conseil des ministres quand il est informé de la situation. La réunion est interrompue. Gassama et Poudiougou arrivent au palais. Pendant une heure, le président s’enferme dans son bureau et consulte. Son ministre de l’Administration territoriale préconise de boucler les accès au camp militaire, pour contenir la mutinerie, puis de sécuriser les points névralgiques de Bamako, à commencer par Koulouba, l’ORTM et l’aéroport. Croyant toujours à une petite révolte, ATT s’y oppose. Il envoie un détachement de sa garde à la rencontre des mutins pour parlementer. Deuxième erreur.

J’AI ÉTÉ L’AUTEUR D’UN COUP D’ÉTAT ET J’EN AI ÉTÉ VICTIME. JE SAVAIS LES RISQUES QUE J’ENCOURAIS

Son téléphone chauffe. Aux dirigeants de la sous-région qui l’appellent, il assure que tout est sous contrôle. Tout juste ordonne-t-il le renforcement de la sécurité autour du palais, avant de retourner en conseil des ministres procéder à des nominations. Un détachement d’une soixantaine de bérets rouges est dépêché à Koulouba, cela lui paraît suffisant. Troisième erreur.

« Il croyait encore en sa bonne étoile », soupire un ancien collaborateur. Ce 21 mars 2012, la chance a abandonné l’ancien parachutiste. Une semaine plus tard, il présente officiellement sa démission. Dans la nuit du 8 juin, il quittera Bamako en toute discrétion. Direction Dakar, puisque le président Macky Sall lui a offert l’hospitalité. Il ne rentrera définitivement d’exil qu’en décembre 2019, et décèdera moins d’un an plus tard. « J’ai été l’auteur d’un coup d’État et j’en ai été victime, avait-il un jour confié à un proche venu lui rendre visite dans la capitale sénégalaise. Je savais les risques que j’encourais. »

Bonjour chers confrères,

Récemment nous avons eu un webinaire sur l’encyclique FRATELLI TUTTI un an après sa publication.

Les confrères ont souligné l'importance de se familiariser avec le contenu de FRATELLI TUTTI qui offre beaucoup d'inspiration pour le travail pastoral au niveau paroissial, mais aussi en relation avec le ministère des migrants, et pour vivre ensemble dans la société. Dans FRATELLI TUTTI, vous trouverez également des réflexions très profondes sur la vie interculturelle.

Le Cardinal Lavigerie nous a laissé un héritage et une vision du vivre ensemble. Avec FRATELLI TUTTI, nous pouvons revivre et actualiser cet appel à être des témoins convaincants et crédibles qui construisent des communautés interculturelles, comme un signe d'espérance dans un monde qui est tenté de créer "une culture de murs" (FT 27), qui divisent et séparent, souvent poussés par le nationalisme, l'ethnicisme, le racisme et le fondamentalisme religieux.

Le Cardinal Lavigerie nous dit :   

 « Sans doute, il faut aimer d’abord sa propre patrie ; c’est la loi de la nature. Mais il faut savoir s’élever au-dessus de cette loi et confondre toutes les nations dans le même amour : c’est la loi de l’Evangile qui ne va pas contre la nature, mais qui l’élève à une sphère plus haute, la sphère surnaturelle à laquelle Dieu nous appelle. » Cardinal Lavigerie, EC, p.419

« Vous avez été jusqu’ici, sous mon autorité paternelle, réunis dans un seul sentiment et ne formant qu’un seul cœur. C’est la loi que je vous ai donnée: j’ai déclaré que je ne garderais point un seul d’entre vous qui n’entourerai pas du même amour tous les membres de la Société, à quelque nation qu’ils appartiennent. » Cardinal Lavigerie, EC, p.419

   

 

Voici quelques citations de FRATELLI TUTTI qui nous inspirent et nous encouragent à vivre ensemble de manière interculturelle.

  • « … se sentir contraints à vivre ensemble est une chose, apprécier la richesse et la beauté des semences de vie commune qui doivent être recherchées et cultivées ensemble, en est une autre. » FT 31

  • « Sans relation et sans contraste avec celui qui est différent, il est difficile de se comprendre de façon claire et complète soi-même ainsi que son propre pays, puisque les autres cultures ne sont pas des ennemis contre lesquels il faudrait se protéger, mais des reflets divers de la richesse inépuisable de la vie humaine. En se regardant soi-même par rapport au point de référence de l’autre, de celui qui est différent, chacun peut mieux reconnaître les particularités de sa personne et de sa culture : leurs richesses, leurs possibilités et leurs limites. » FT 147

  • « …une ouverture saine ne porte jamais atteinte à l’identité. Car en s’enrichissant avec des éléments venus d’ailleurs, une culture vivante ne copie pas ou ne reçoit pas simplement mais intègre les nouveautés “à sa façon”. Cela donne naissance à une nouvelle synthèse qui profite finalement à tous, parce que la culture d’où proviennent ces apports finit par être alimentée en retour. » FT 148

  • « … aucun peuple, tout comme aucune culture ou personne, ne peut tout obtenir de lui-même. Les autres sont constitutivement nécessaires pour la construction d’une vie épanouie. » FT 150

« Que l’Esprit vous rende bâtisseurs de ponts. Puissiez-vous contribuer à faire grandir la culture de la rencontre, pour être au service d’un dialogue qui respecte les différences et tire sa richesse de la diversité. » Telles sont les paroles du Pape François adressées aux Missionnaires d’Afrique et aux Sœurs Missionnaires de Notre Dame d’Afrique lors de l’audience du 8 février 2019.

 

Bonne commémoration de la mort du Cardinal Lavigerie. Qu’il intercède pour nous !

Fraternellement

Andreas

Sous-catégories

Les informations sur nos maisons de formation datent de quelques années, et nous avons demandé aux responsables de ces maisons de nous donner des nouvelles plus récentes.
La première réponse reçue vient de Samagan, le noviciat près de Bobo-Dioulasso (lire la suite)

 

La deuxième réponse nous a été donnée par la "Maison Lavigerie", notre maison de formation à la périphérie de Ouagadougou, où les candidats ont leurs trois premières années de formation (lire la suite)