Dialogue interreligieux

« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)

« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)

« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)

Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.

Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.

Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.

Abaya : entre islam, mode et complexe d’ados, des lycéennes témoignent

Reportage 

L’abaya est interdite à l’école publique depuis la rentrée, lundi 4 septembre. Interrogées par La Croix sur leurs motivations, les adolescentes qui ont choisi de porter ces robes longues et amples en dehors du lycée hésitent entre plusieurs registres.

  • Juliette Vienot de Vaublanc, 
Abaya : entre islam, mode et complexe d’ados, des lycéennes témoignent
 
Lors de la rentrée scolaire 2023, devant un lycée dans le 3e arrondissement de Marseille, une jeune femme, accompagnée de sa mère, porte une abaya.NICOLAS VALLAURI / LA PROVENCE / MAXPPP

Quand la sonnerie de midi retentit, de petits groupes se forment à la sortie du lycée Louise-Michel de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Une fois le portail franchi, plusieurs adolescentes s’empressent de remettre leur voile. Vêtue d’un hidjab, d’une tunique et d’un pantalon ample bordeaux, Zaïna est catégorique : le « scandale de l’abaya » n’a pas lieu d’être.

Cette musulmane âgée de 16 ans ne « comprend pas » l’interdiction de ce vêtement à l’école. Entrée en vigueur le 4 septembre, à la rentrée, dans les collèges et lycées publics, la décision était pourtant déjà appliquée dans son établissement depuis la fin de l’année dernière. »

« L’abaya permet de me préserver »

Interrogée sur les raisons qui la poussent à choisir ce vêtement porté à l’origine par les femmes du Golfe, cette élève de terminale assure dans un premier temps que, contrairement au voile, ce vêtement n’a « pas de signification religieuse ». Son amie Samantha (1) renchérit : « Beaucoup de personnes qui ne sont pas musulmanes, comme moi, portent une abaya comme n’importe quelle robe longue. »

Mais, très vite, les arguments se mélangent, montrant à quel point les registres sont difficilement séparables pour ces adolescentes. Car ce sont bien des préceptes religieux qui ont poussé Zaïna à adopter cette tenue. « L’année dernière, en lisant le Coran, je me suis dit que l’abaya permettrait de me préserver », poursuit-elle en toute sincérité. « Porter uniquement un voile avec des habits normaux, ce n’est pas légiféré (cela ne correspond pas aux normes de la pudeur établies dans sa vision de l’islam, NDLR). Par exemple, le pantalon n’est pas accepté, parce qu’on voit les jambes. »

« C’est une tenue pas chère, et confortable comme un pyjama ! »

N’ayant porté une abaya que « trois ou quatre » fois au lycée, son interdiction récente n’a pas changé sa manière de s’habiller pour venir en cours, mais lui cause quelques craintes : « Devoir remonter mon haut pour prouver que je porte une jupe longue et pas une abaya, non merci ! »

À ces mots, son amie Sarah, qui avait l’habitude de porter des abayas au lycée, opine du chef, et ajoute : « Comme tout le monde, je vais à l’école pour m’instruire, pas pour montrer que je suis musulmane ou propager ma religion. » L’adolescente de 17 ans, musulmane, portait souvent cette tenue « quand elle était pressée le matin » et « n’avait rien à se mettre »« C’est une tenue pas chère, et confortable comme un pyjama ! », s’enthousiasme-t-elle. La jeune fille raconte avoir commencé à porter ce vêtement en seconde, après l’avoir découvert « au marché »« parce que c’était à la mode ». Un argument souvent revenu dans la bouche des interviewées, et qui n’est pas incompatible avec des justifications liées à la religion.

Une indignation partagée face à la polémique

Pour cette adolescente adepte de tous types de vêtements amples, « des jeans aux jupes longues », la religion n’est pas entrée en ligne de compte. Elle se dit d’ailleurs « assez mal à l’aise » face à la polémique suscitée par cette tenue et s’insurge : « En France, on parle de liberté, mais on nous dit toujours que nos vêtements sont trop courts, trop longs ou trop larges. Je pense être assez adulte pour m’habiller comme je veux ! »

A-t-elle été insuffisamment expliquée ? Ou ces jeunes filles sont-elles confrontées – chez elles ou sur les réseaux sociaux – à des discours contradictoires sur le sujet ? Manifestement, l’interdiction décidée par le ministère de l’éducation nationale au nom de la loi sur le port des signes religieux n’est pas comprise par une partie des intéressées. Maryam, en première STMG, partage l’indignation de Sarah. « Je vis mal cette polémique, j’ai l’impression que c’est de l’islamophobie parce que quand ce sont les chapeaux des bouddhistes ou les croix chrétiennes, personne ne dit rien », regrette la musulmane au voile turquoise, dont le large sourire s’efface un instant.

L’interdiction, du port de l’abaya au lycée « complique » aussi sa vie pour des raisons plus prosaïques. « Je dois refaire toute ma garde-robe. Dans ce cas-là, autant remettre en place l’uniforme », fustige-t-elle.

Pour elle non plus, l’abaya n’a « rien de religieux »« J’en ai porté dès mes 6 ou 7 ans, bien avant de me voiler », raconte l’adolescente de 16 ans, qui souligne que le terme abaya signifie « vêtement » ou « robe » en arabe. Pourtant, dans son discours aussi, normes morales religieuses et considérations pratiques se mêlent quand elle décrit les avantages de cette tenue. « Ce vêtement ample permet de cacher ses formes, pour se préserver du regard des gens, c’est important, qu’on soit musulman ou pas. Et puis si on a des complexes sur ses bras ou ses jambes, ça permet de les cacher », estime-t-elle.

L’association Action droits des musulmans a tenté de démontrer, devant le juge administratif, mardi 5 septembre, que l’interdiction des abayas à l’école est discriminatoire et porte atteinte aux libertés fondamentales. La décision sera rendue ce jeudi 7 septembre.

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(1) Le prénom a été modifié.

Laïcité : que contient la note de service interdisant l’abaya à l’école ?

Analyse 

Les chefs d’établissements scolaires ont reçu une note de service de l’éducation nationale, jeudi 31 août, signée du ministre de l’éducation nationale, Gabriel Attal. Elle confirme l’interdiction des abayas et des qamis dans les écoles et rappelle aux personnels la démarche à suivre en cas de non-respect de la loi.

  • Laura Merceron, 
Laïcité : que contient la note de service interdisant l’abaya à l’école ?
 
Après l’annonce de l’interdiction des abayas et des qamis dans les établissements scolaires, par Gabriel Attal, le 27 août, les chefs d’établissements ont reçu, le 31 août, une note de service signée du ministre de l’éducation nationale confirmant l’interdiction (photo d’illustration d’un lycée à Montpellier).JEAN MICHEL MART/LE MIDI LIBRE/MAXPPP

Le 27 août, Gabriel Attal annonçait l’interdiction des abayas et de leur version masculine, les qamis, dans les établissements scolaires. Une annonce désormais concrète. Jeudi 31 août, à la veille de leur rentrée, les chefs d’établissement ont reçu une note de service signée du ministre de l’éducation nationale confirmant l’interdiction. Elle précise les modalités d’application de cette règle, conformément à la loi du 15 mars 2004 sur le port de tenues ou signes religieux dans les écoles.

Le ministre commence par y justifier sa décision en rappelant que « le principe de laïcité, qui garantit la neutralité de l’institution scolaire et protège l’élève de tout comportement prosélyte, constitue donc un principe cardinal, protecteur de la liberté de conscience. Son plein respect dans les écoles et les établissements scolaires doit être assuré. » Il alerte ensuite sur les atteintes à la laïcité dans les écoles. Le 24 août, une note des services de l’État que La Croix a pu consulter révélait une augmentation de 120 % en un an des signalements pour atteinte à la laïcité dans les établissements (4 710, dans 150 établissements – sur un total de 12 millions d’élèves). Dans près de la moitié des cas, ils concernent le port de tenues ou signes religieux, dont des abayas et qamis.

Dialoguer avant de sanctionner

Après avoir clairement énoncé l’interdiction du port de ces vêtements, le ministre rappelle la marche à suivre en cas de non-respect de la loi. « Un dialogue doit d’abord être engagé » avec l’élève pour « résoudre les tensions et dissiper les incompréhensions ». Si cela ne suffit pas, « un échange approfondi avec les parents » est organisé, avec si nécessaire « le soutien des équipes Valeurs de la République » déjà en place.

Ce n’est qu’en l’absence de résultat probant qu’une procédure disciplinaire peut être enclenchée. Le ministre annonce la modification du décret du 16 août 2023 « relatif au respect des principes de la République et à la protection des élèves des établissements scolaires relevant du ministre chargé de l’éducation nationale » : il précise désormais que les atteintes à la laïcité sont des actes « portant une atteinte grave aux principes de la République » et peuvent donc donner lieu à une sanction disciplinaire.

Former les enseignants

Pour permettre aux personnels de l’éducation nationale de savoir comment réagir face aux atteintes à la laïcité, la note de service insiste sur l’importance de la formation. « 330 000 professeurs ont d’ores et déjà été formés, rappelle le document. 100 % devront l’être d’ici à 2025. »

Pour Jean-Louis Auduc, membre du Conseil des sages de la laïcité, cette formation est nécessaire. « On s’aperçoit qu’il y a souvent des interrogations sur la façon de gérer, au quotidien, la laïcité. Il y a un trousseau avec de nombreuses clés, et beaucoup de personnels ne savent pas quelle clé utiliser à quel moment. Il faut clarifier les choses. »

Depuis l’annonce du ministre de l’éducation nationale, de nombreux enseignants et chefs d’établissement s’inquiètent : comment différencier une abaya d’une simple robe longue et ample ? La note de service du ministère n’apporte pas les précisions attendues. Ils devront donc juger par eux-mêmes afin de déterminer ce qui est une abaya et ce qui ne l’est pas. Jean-Louis Auduc tempère cependant : « En regardant préalablement sur Internet ce à quoi ressemble une abaya, c’est assez simple d’en reconnaître une. Il y a une inquiétude, mais une fois l’année commencée, cela se fera facilement sur le terrain. »

Une simple précision

Selon le membre du Conseil des sages, cette note de service est complète. « Pour le ministre, l’objectif était simplement de préciser que les abayas et les qamis étaient concernés par la loi de 2004 sur l’interdiction du port de signes ou vêtements religieux. Il n’y avait rien de plus à dire, si ce n’est ces rappels qui sont toujours utiles face au turnover permanent du personnel de l’éducation nationale. »

Un seul manque selon lui : le rappel des précédentes décisions sur certaines tenues. « Les abayas ne sont pas les seules à avoir été nommément interdites », argumente Jean-Louis Auduc. Fin 2007, le Conseil d’État a ainsi publié deux décrets interdisant le port de turban sikh dans les établissements scolaires. « Rappeler ces faits aurait permis de montrer que tous les signes, insignes ou vêtements qui indiquent une appartenance à une tendance religieuse sont interdits, et pas uniquement les habits musulmans, comme on peut parfois l’entendre. »

Message du pape François pour la journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création 2023

Document 

Dans son message du 1er septembre 2023, dédié au thème de l’eau et de la justice, le pape François appelle à « mettre fin à la guerre insensée » contre la Création, qui multiplie « les victimes de l’injustice environnementale et climatique ». Il invite à une triple « transformation » : celle du cœur, de nos modes de vie et des politiques publiques.

  • Pape François, 
  • .
Message du pape François pour la journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création 2023
 
Faire cesser l’exploitation de « soeur Eau », c’est le message du pape FrançoisSEASONOFCREATION.ORG/

Chers frères et sœurs !

Que la justice et la paix jaillissent” est cette année le thème du Temps œcuménique de la Création, inspiré des paroles du prophète Amos : « Que le droit jaillisse comme une source ; la justice, comme un torrent qui ne tarit jamais » (5, 24).

Cette image expressive d’Amos nous dit ce que Dieu désire. Dieu veut que règne la justice, essentielle à notre vie d’enfants à l’image de Dieu, comme l’est l’eau à notre survie physique. Cette justice doit émerger là où elle est nécessaire, et non pas se cacher en profondeur ou disparaître comme l’eau qui s’évapore, avant qu’elle n’ait pu nous soutenir.

Dieu veut que chacun cherche à être juste en toute situation, qu’il s’efforce toujours de vivre selon ses lois et de permettre ainsi à la vie de s’épanouir pleinement. Lorsque nous cherchons d’abord le royaume de Dieu (cf. Mt 6, 33), en maintenant une juste relation avec Dieu, l’humanité et la nature, alors la justice et la paix peuvent jaillir, comme un courant inépuisable d’eau pure, nourrissant l’humanité et toutes les créatures.

Par une belle journée d’été de juillet 2022, j’ai médité sur ces questions lors de mon pèlerinage sur les rives du lac Sainte-Anne, dans la province d’Alberta, au Canada. Ce lac a été et est toujours un lieu de pèlerinage pour de nombreuses générations d’autochtones. Comme je l’ai dit à cette occasion, accompagné par le son des tambours : « Combien de cœurs sont arrivés ici, anxieux et essoufflés, appesantis par les fardeaux de la vie, et ont trouvé près de ces eaux la consolation et la force pour aller de l’avant ! Ici aussi, immergé dans la Création, se fait entendre un autre battement, le battement maternel de la terre. Et comme le battement des bébés, depuis le sein maternel, est en harmonie avec celui des mères, ainsi pour grandir en tant qu’êtres humains, nous avons besoin d’ajuster les rythmes de la vie avec ceux de la Création qui donne la vie ». [1]

Mettre fin à la guerre insensée contre la Création

En ce Temps de la Création, attardons-nous sur ces battements de cœur : les nôtres, ceux de nos mères et de nos grands-mères, les battements de cœur de la Création et du cœur de Dieu.

Aujourd’hui, ils ne sont pas en harmonie, ils ne battent pas ensemble dans la justice et la paix. Trop de gens sont empêchés de s’abreuver à ce fleuve puissant. Écoutons donc l’appel à être aux côtés des victimes de l’injustice environnementale et climatique, et à mettre fin à cette guerre insensée à la Création.

Nous voyons les effets de cette guerre en beaucoup de fleuves qui s’assèchent. « Les déserts extérieurs se multiplient dans notre monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus très grands », a déclaré Benoît XVI. [2] Le consumérisme rapace, alimenté par des cœurs égoïstes, bouleverse le cycle d’eau de la planète. L’utilisation effrénée des combustibles fossiles et l’abattage des forêts entraînent une hausse des températures et de graves sécheresses. Des pénuries d’eau effrayantes touchent de plus en plus nos habitations, des petites communautés rurales aux grandes métropoles. En outre, les industries prédatrices épuisent et polluent nos sources d’eau potable par des pratiques extrêmes telles que la fracturation hydraulique pour l’extraction du pétrole et du gaz, les projets de méga-extraction incontrôlée et l’élevage intensif d’animaux. "Sœur eau", comme l’appelle saint François, est pillée et transformée en « marchandise sujette aux lois du marché » (Enc. Laudato si’, n. 30).

Le Groupe Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) affirme qu’une action urgente pour le climat nous permettrait de ne pas manquer l’occasion de créer un monde plus durable et plus juste. Nous pouvons, nous devons, empêcher les pires conséquences de se produire. « Il y a tant de choses que l’on peut faire ! » (ibid., n. 180), si, comme autant de ruisseaux et de torrents, nous finissons par nous réunir en un puissant fleuve pour irriguer la vie de notre merveilleuse planète et de notre famille humaine pour les générations à venir. Joignons nos mains et accomplissons des pas courageux pour que la justice et la paix coulent sur toute la Terre.

Une transformation du cœur, de nos modes de vie et des politiques publiques

Comment pouvons-nous contribuer au puissant fleuve de la justice et de la paix en ce Temps de la Création ? Que pouvons-nous faire, en particulier en tant qu’Églises chrétiennes, pour restaurer notre maison commune afin qu’elle grouille à nouveau de vie ? Nous devons décider de transformer nos cœurs, nos modes de vie et les politiques publiques qui régissent nos sociétés.

Tout d’abord, contribuons à ce puissant fleuve en transformant nos cœurs. C’est essentiel pour que toute autre transformation puisse commencer. C’est la “conversion écologique” que saint Jean-Paul II nous a exhortés à entreprendre : le renouvellement de notre relation avec la Création, de sorte que nous ne la considérions plus comme un objet à exploiter, mais que nous la chérissions comme un don sacré du Créateur. Rendons-nous compte donc qu’une approche d’ensemble exige que nous pratiquions le respect écologique selon quatre directions : envers Dieu, envers nos semblables d’aujourd’hui et de demain, envers l’ensemble de la nature et envers nous-mêmes.

En ce qui concerne la première de ces dimensions, Benoît XVI a identifié un besoin urgent de comprendre que la Création et la Rédemption sont inséparables : « Le Rédempteur est le Créateur et si nous n’annonçons pas Dieu dans cette grandeur totale qui est la sienne – de Créateur et de Rédempteur – nous dévalorisons également la Rédemption ». [3] La Création fait référence au mystérieux et magnifique acte de Dieu qui consiste à créer cette majestueuse et belle planète et cet univers à partir de rien, ainsi qu’au résultat de cet acte, toujours en cours, que nous expérimentons comme un don inépuisable. Au cours de la liturgie et de la prière personnelle dans la « grande cathédrale de la Création », [4] nous nous souvenons du Grand Artiste qui crée tant de beauté et nous réfléchissons au mystère du choix amoureux de créer le cosmos.

Deuxièmement, nous contribuons à l’écoulement de ce puissant fleuve en transformant nos modes de vie. Partant de l’admiration reconnaissante du Créateur et de la Création, repentons-nous de nos “péchés écologiques”, comme le dit mon frère, le Patriarche Œcuménique Bartholomée. Ces péchés blessent le monde naturel, et aussi nos frères et sœurs. Avec l’aide de la grâce de Dieu, adoptons des modes de vie avec moins de gaspillage et moins de consommation inutile, en particulier là où les processus de production ne sont pas durables et toxiques. Cherchons à être attentifs le plus possible à nos habitudes et à nos choix économiques, afin que tous s’en portent mieux : nos semblables, où qu’ils soient, et aussi les enfants de nos enfants. Collaborons à la Création continue de Dieu par des choix positifs : en faisant un usage le plus modéré possible des ressources, en pratiquant une sobriété joyeuse, en éliminant et en recyclant les déchets, et en utilisant les produits et services, de plus en plus disponibles, qui sont écologiquement et socialement responsables.

Mettre fin à l’exploration et à l’exploitation d’énergies fossiles

Enfin, pour que le fleuve puissant continue de couler, nous devons transformer les politiques publiques qui régissent nos sociétés et qui façonnent la vie des jeunes d’aujourd’hui et de demain. Des politiques économiques qui favorisent l’enrichissement scandaleux de quelques-uns et la dégradation des conditions de vie du plus grand nombre signifient la fin de la paix et de la justice. Il est évident que les Nations les plus riches ont accumulé une “dette écologique” (Laudato si', n. 51). [5] Les dirigeants mondiaux participant au sommet COP28, prévu à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre de cette année, doivent écouter la science et entamer une transition rapide et équitable pour mettre fin à l’ère des combustibles fossiles. Selon les engagements de l’Accord de Paris visant à réduire le risque de réchauffement global, il est absurde de permettre la poursuite de l’exploration et de l'expansion des infrastructures liées aux combustibles fossiles. Élevons la voix pour mettre fin à cette injustice faite aux pauvres et à nos enfants, qui subiront les pires impacts du changement climatique. J’en appelle à toutes les personnes de bonne volonté pour qu’elles agissent en fonction de ces orientations concernant la société et la nature.

Le fleuve de la synodalité

Une autre perspective parallèle est spécifique à l’engagement de l’Église catholique pour la synodalité. Cette année, la clôture du Temps de la Création, le 4 octobre, fête de saint François, coïncidera avec l’ouverture du Synode sur la Synodalité. Comme les fleuves alimentés par mille petits ruisseaux et de plus grands torrents, le processus synodal qui a commencé en octobre 2021 invite toutes les composantes, au niveau personnel et communautaire, à converger en un fleuve majestueux de réflexion et de renouveau. L’ensemble du peuple de Dieu est engagé dans un passionnant chemin de dialogue et de conversion synodale.

De même, comme un bassin fluvial avec ses nombreux affluents, grands et petits, l’Église est une communion d’innombrables Églises locales, de communautés religieuses et d’associations qui se nourrissent de la même eau. Chaque source apporte sa contribution unique et irremplaçable, jusqu’à ce que toutes confluent dans le vaste océan de l’amour miséricordieux de Dieu. De même qu’un fleuve est une source de vie pour l’environnement qui l’entoure, de même notre Église synodale doit être une source de vie pour la maison commune et tous ceux qui y vivent. Et de même qu’un fleuve donne vie à toutes sortes d’espèces animales et végétales, de même une Église synodale doit donner vie en semant justice et paix dans tous les lieux qu’elle atteint.

Un lieu de guérison, de consolation et d’amour

En juillet 2022 au Canada, j’ai évoqué la mer de Galilée où Jésus a guéri et consolé beaucoup de personnes, et où il a proclamé “une révolution de l’amour”. J’ai appris que le Lac Sainte-Anne est aussi un lieu de guérison, de consolation et d’amour, un lieu qui nous rappelle que « la fraternité est véritable si elle unit ceux qui sont éloignés, que le message d’unité que le Ciel envoie sur la terre ne craint pas les différences et nous invite à la communion, à la communion des différences, pour repartir ensemble, parce que tous – tous ! – nous sommes des pèlerins en marche » . [6]

En ce Temps de la Création, en tant que disciples du Christ dans notre marche synodale commune, vivons, travaillons et prions pour que notre maison commune regorge à nouveau de vie. Que l’Esprit Saint continue de planer sur les eaux et qu’il nous guide pour « renouveler la face de la terre » (c. Ps 104, 30).

Rome, Saint-Jean-de-Latran, le 13 mai 2023.

[1] Homélie près du Lac Ste. Anne, Canada, 26 juillet 2022.

[2] Homélie de la Messe inaugurale du Pontificat, 24 avril 2005.

[3] Rencontre avec le clergé du diocèse de Bressanone, 6 août 2008.

[4] Message pour la Journée Mondiale de Prière pour la Sauvegarde de la Création, 21 juillet 2022.

[5] « Il y a, en effet, une vraie “ dette écologique ”, particulièrement entre le Nord et le Sud, liée à des déséquilibres commerciaux, avec des conséquences dans le domaine écologique, et liée aussi à l’utilisation disproportionnée des ressources naturelles, historiquement pratiquée par certains pays » ( Laudato si’, n. 51).

[6] Homélie près du Lac Ste. Anne, Canada, 26 juillet 2022.

« Professionnellement, les enfants d’immigrés s’intègrent bien »

 
entretien
  • Arnaud LacheretProfesseur à Skema Business School, auteur de "La femme est l’avenir du Golfe" (ed. Le Bord de l'eau)

Dans son livre Les Intégrés (1), l’universitaire Arnaud Lacheret analyse les parcours professionnels de descendants de la première génération d’immigrés. Les personnes interrogées ont fait de belles carrières, mais semées d’embûches.

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  • Recueilli par Alice Le Dréau, 

La Croix L’Hebdo: À vous lire, les enfants d’immigrés qui constituent la deuxième génération de l’immigration nord-africaine sont plutôt bien intégrés… Le processus est donc opérant ?

Arnaud Lacheret : Ce n’est pas moi qui le dis, c’est l’Institut national d’études démographiques (Ined). Les enfants de Tunisiens et Marocains ont aujourd’hui autant accès aux études supérieures et aux postes de cadre, globalement, que la moyenne nationale. Pour les Algériens, c’est un peu différent car les parents de première génération sont arrivés dans des contextes un peu plus compliqués. Mais désormais même les Algériens sont en plein rattrapage. Notamment les femmes.

Femmes et hommes n’ont pas le même parcours d’intégration. Comment cela s’explique-t-il ?

A. R. : Les femmes que j’ai interrogées m’ont raconté que pendant toute leur enfance, leur adolescence, elles ont dû négocier pied à pied pour sortir, faire des études, obtenir les mêmes droits que leurs frères…

Vous parlez à ce sujet de « transaction interfamiliale » Comment décririez-vous ce phénomène ?

A. R. : Au sein du foyer, le père est celui qui devra accepter de déroger à une tradition, de valider une transgression culturelle. Et lorsque la fille va réussir à obtenir cette dérogation – quitte à faire de pieux mensonges en échange comme promettre de se marier –, le père sera fier de sa fille et la montrera en exemple. Pour peu que ce soit l’aînée, cela va devenir beaucoup plus facile pour ses petites sœurs.

Résultat, cette transaction fait office d’entraînement à l’adversité. Se prendre des portes, les filles en ont eu l’habitude. Dans le monde du travail, elles savent donc mieux trouver les arguments et négocier. Les garçons, en revanche, ont eu une sociabilisation bien plus simple au sein de la famille et au sein du quartier. Parce qu’ils grandissent avec une forme de toute-puissance, ils ont moins l’habitude du refus. Le contraste est alors d’autant plus percutant.

Les parcours réussis restent toutefois compliqués. Quels sont les freins au mécanisme d’intégration ?

A. R. : Il a fallu tout d’abord convaincre le père. Puis réussir à quitter le quartier. Or la politique de la ville, en partant d’une bonne intention, parfois ghettoïse. Par exemple, installer une médiathèque dans un quartier sensible, c’est bien. Mais cela n’incite pas les habitants à quitter leur milieu, à voir autre chose, à acquérir d’autres codes. Ce qui peut ralentir l’intégration, d’autant que la « société majoritaire » (pour reprendre l’expression de l’Ined pour désigner la société française) n’est pas toujours encline à accueillir ces descendants de l’immigration.

Parmi les obstacles, figure donc aussi la discrimination pure et dure. J’enseigne en école de commerce et c’est saisissant de voir que ce sont quasi systématiquement les mêmes profils qui trouvent leur stage ou leur alternance en dernier, alors que le reste de la promo, avec des élèves parfois moins brillants, en a décroché plus rapidement.

Les premières années, on se dit que les étudiants exagèrent… Et puis à voir le phénomène se répéter, on constate que oui, il y a une discrimination systémique qui rend la première embauche extrêmement difficile. Alors qu’une fois cette première expérience trouvée – et si elle se révèle concluante – les portes s’ouvrent beaucoup plus largement.

Nombre de mes élèves racontent ensuite n’avoir eu aucun problème pour obtenir des promotions, changer d’entreprise ou de poste. On peut donc réussir de bonnes carrières, mais en accusant souvent un retard par rapport à son camarade « blanc ». Et en ayant à faire deux fois plus ses preuves.

Les préjugés liés à la délinquance, au terrorisme restent très présents dans certains esprits. Résultat : une fois insérée dans le monde de l’entreprise, cette deuxième génération ne demande rien de mieux que d’être invisibilisée. Que la couleur de peau, l’origine, que le fait qu’une salariée s’appelle Fatima et l’autre Laurence ne soit plus un sujet.

Ces jeunes, qui suivent une trajectoire ascendante, souffrent au début de ne pas avoir « les codes ». De quels codes parle-t-on ?

A. R. : Ce peut être la maîtrise d’un même niveau de langage, de références culturelles, d’habitudes, de traditions. Les valeurs qui font qu’un groupe de personnes va vous considérer comme un des siens. Seulement, comment les définit-on, ces valeurs communes ? Pour être vu comme intégré, faut-il boire du vin ? Fêter Noël même si l’on est musulman ? La société française est aujourd’hui tellement diverse, qu’il est très difficile de détacher un corpus précis.

La Croix L’Hebdo : Ces réussites que vous mettez en avant ne sont-elles pas l’arbre qui cache la forêt ? Quid des jeunes qui ne trouvent pas de travail, qui se sentent rejetés par la société ou stigmatisés ?

Je le répète, les descendants d’immigrés nord-africains ont autant accès aux diplômes et aux postes de cadre que la moyenne nationale. Mais ces parcours ne sont pas assez mis en valeur. Les échecs dans le processus d’intégration sont beaucoup plus marquants socialement, c’est vrai, à cause de leur impact sociétal, sécuritaire et politique.

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L’auteur

Né en 1977, Arnaud Lacheret est docteur en sciences politiques. Il enseigne en école de commerce en France et a dirigé la French Arabian Business School, un programme conjoint de l’Essec et de l’Arabian Gulf University à Bahreïn. Ses ouvrages portent sur la culture arabo-musulmane, la notion d’intégration et les transfuges de classe. Il a également été conseiller politique (LR) à la mairie de Strasbourg.

L’enjeu

Les enfants de l’immigration nord-africaine, dont les parents sont arrivés dans les années 1960-1970, sont-ils aussi des enfants de la méritocratie ? C’est pour creuser cette idée de l’intégration professionnelle que l’auteur, dans Les Intégrés, a interrogé 70 descendants d’immigrés occupant des postes de cadre, de direction, et leur a fait raconter leur parcours. Le constat : si l’intégration a eu lieu, elle s’est faite, pour certains et certaines, dans la difficulté. En cause : des freins culturels dans la communauté d’origine… mais aussi dans la société française, pas toujours prompte à accueillir en douceur ces populations pourtant nées dans l’Hexagone.

(1) Les intégrés. Réussites de la deuxième génération de l’immigration nord-africaine, Le Bord de l’eau, 18 euros

Au Festival des poussières, une nouvelle génération chrétienne militante face à l’urgence climatique

Reportage 

Le Festival des poussières a rassemblé du 25 au 27 août à la Ferme de la Chaux (Côte-d’Or) près de 240 participants. Une nouvelle génération de « chrétiens de gauche », qui place l’écologie et la justice sociale aux premiers rangs des combats à mener.

  • Cécile Mérieux, 
Au Festival des poussières, une nouvelle génération chrétienne militante face à l’urgence climatique
 
Le Festival des poussières s’est tenu du 25 au 27 août à la Ferme de la Chaux (Côte-d’Or).CECILE MÉRIEUX

« Combien de frères et sœurs ? Combien de manifestations contre les retraites ? Combien d’heures d’avion ? » Les participants se positionnent sur une échelle de zéro à l’infini en fonction de leur résultat. C’est l’occasion de discussions et de rencontres éclair sur des sujets qui font débat. Avec ce jeu de brise-glace, le festival commence fort.

Venus des six coins de l’Hexagone, les participants du festival, surnommés « les poussières », sont réunis pour trois jours, du 25 au 27 août, sur le thème « Évangile et révolutions ». Ce qui les rassemble ? L’urgence climatique et la conviction que les chrétiens doivent être à l’avant-garde de la transition écologique.

Préparation du pain azyme et désobéissance civile

Le festival a lieu à la Ferme de la Chaux, un éco-hameau chrétien autogéré par ses habitants, lieu d’accueil et d’événement chrétiens et alternatifs. Les journées sont ponctuées des repas pris tous ensemble, assis dans l’herbe, de prières bercées par les chants de Taizé, de conférences et tables rondes et de « forums ouverts », c’est-à-dire des ateliers proposés par n’importe quel participant.

Préparation du pain azyme pour l’eucharistie de dimanche (avec de la farine de blé complet et local), débats sur la vulnérabilité, le féminisme ou encore la désobéissance civile, peinture murale, danse ou contemplation, il y en a pour toutes les aspirations. Le soir, bal folk et scène ouverte, chacun est invité à partager son talent sous les hourras d’une assemblée très bienveillante, avant de regagner sa tente pour une nuit à la fraîche.

Maylis et Jérémie Passebon sont venus tous les deux pour essayer de conjuguer leur spiritualité avec leurs réflexions politiques, sociales et écologiques. « Il y a un monde entre mon travail et mon engagement paroissial », explique Maylis, conseillère en transition écologique vivant à Paris. « Je cherche des personnes qui comme moi voudraient concilier les deux. »

Le couple est sensible à la notion d’« écologie intégrale », développée par le pape François dans son encyclique Laudato si’ (2015)« J’ai pu mettre des mots sur mes intuitions, confie Jérémie Passebon. Il y a une cohérence, on saisit que tout est lié. On ne vit pas sa foi dans son coin, juste pour soi, au contraire, elle doit avoir un impact sur notre mode de vie, respectueux de l’environnement et dans l’ouverture aux autres. »

« Il n’y a pas que des intellectuels »

Le festival est parvenu à attirer un panel de chrétiens aux positions politiques de gauche nuancées, qui va des observateurs curieux aux partisans de la désobéissance civile. Si la plupart des organisateurs sont des professeurs ou des journalistes, « il n’y a pas que des intellectuels » assure pourtant Jean-Victor, professeur de philosophie de 29 ans, membre du collectif Anastasis.

L’objectif du festival est d’abord d’ouvrir des horizons par des intervenants engagés sur le terrain, comme Mathieu Yon, paysan maraîcher, ou Hélène Noisette, sœur auxiliatrice engagée auprès d’exilés au Secours catholique de Seine-Saint-Denis. Cette dernière anime la conférence « Pour une théologie des luttes écologistes » et les questions ne tarissent pas : quelle est la place des chrétiens dans ce combat ? Faut-il faire tomber le capitalisme ? Démolir ou transformer ce qui est installé ?

« Je crois qu’il faut inventer d’autres manières de produire, de consommer et de gérer les entreprises, propose sœur Hélène Noisette. Faire germer quelque chose d’autre qui a le goût du Royaume de Dieu, dans les interstices du capitalisme. »

Dans cette recherche, le Festival des poussières se propose comme laboratoire : cuisine, vaisselle, bar ou encore gestion des toilettes sèches, les services occupent une place importante dans la vie du week-end. Les participants sont invités à remplir le tableau de répartition des tâches. « La programmation du festival c’est le off, le vrai festival ce sont les services », plaisante un organisateur.

Autre point de vigilance : une alimentation équilibrée et responsable. Le contenu des assiettes est préparé par l’équipe de cuisine du jour à partir d’aliments bio et locaux. Ce mode de vie du festival, c’est ce que les organisateurs souhaitent « pour toute la société ».

Des militants plus ou moins investis dans l’Église

S’agit-il d’une nouvelle génération de « chrétiens de gauche », se distinguant de celle des années 1960-1970 très investie dans des luttes sociales de l’époque ? On parle parfois de « génération François » pour désigner ces jeunes catholiques engagés face aux enjeux contemporains et dont l’écologie est au cœur de leurs préoccupations. « C’est vrai que l’encyclique Laudato si’ nous a marqués et façonnés, pense Jean-Victor. Elle nous a donné l’espoir en une Église différente de celle qu’on a connue. »

Parmi les questions sous-jacentes du festival se pose celle de l’affiliation à l’Église. Si le pape François semble faire l’unanimité, pour bon nombre des festivaliers comme Jean-Victor, il est plus difficile pour eux de se retrouver dans l’institution ecclésiale. Plus ou moins investis dans la vie de l’Église, certains militants regrettent la tiédeur des représentants cléricaux qui n’osent pas prendre position et s’opposer à des projets que les militants jugent contraires aux enseignements de l’Évangile.

« Il y a vingt ans, j’étais désespérée qu’il n’y ait rien dans le milieu catho », se souvient sœur Hélène Noisette, également ingénieure agronome et théologienne. « Je me sentais seule dans l’Église avec mes questions. » Depuis, l’Église a tenté de rattraper son retard et est fer de lance de certaines initiatives de préservation du vivant. Mais indépendamment de l’échelle institutionnelle, sœur Hélène voit dans les événements ponctuels comme dans le Festival des poussières « un signe d’espérance ».

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Pourquoi « les poussières » ?

Le comité organisateur a choisi de baptiser le collectif du festival « les poussières ». Ce nom est une référence biblique, tirée d’un passage de la Genèse (Gn, 3,19), dont il développe une interprétation originale : « Les poussières sont ce qui reste quand les temps sont consommés. Elles sont donc ce qui résiste. Elles sont impuissantes mais incontrôlables. Elles sont ce qui se défait mais aussi ce que nous sommes. Elles ne sont rien mais elles sont tout. Elles forment parfois un tas mais chacun y reste soi tout en l’étant par les autres. Les poussières sont partout, elles ne sont d’aucun lieu. Elles logent dans les interstices. Elles sont obscures mais scintillent comme des étoiles quand surgit un rayon de soleil. »

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