Actualités

Culture africaine: les rendez-vous en décembre 2021

 

 

Sous forme numérique ou en présentiel, où auront lieu en décembre les rendez-vous phares de la culture africaine ? Voici treize propositions en France, au Sénégal, en RDC, en Belgique, au Burkina Faso, au Maroc, au Rwanda, au Congo-Brazzaville... Et n’hésitez pas à nous envoyer vos « incontournables » à l’adresse Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser..

À partir du 2 décembre, l’exposition collective Entre-Acte se déploie sur la plateforme artistique Selebe Yoon à Dakar, au Sénégal. Rebecca Brodskis (France), Rufai Zakari (Ghana) et Khadim Bamba (Sénégal) « révéleront la multiplicité des visages d’une société contemporaine et les paysages urbains des villes d’Afrique de l’Ouest à travers l’usage de la peinture à l’huile, des textiles et du plastique recyclé ».

L’exposition s’inscrit dans le cadre de la 10e édition de Partcours, le rendez-vous annuel des 30 meilleurs espaces d’arts de Dakar qui propose jusqu’au 12 décembre des vernissages et des rencontres organisées dans les quartiers. Le but étant de dessiner « une autre carte de la Cité, une géographie sensible d’un Dakar qui se renouvelle ».

La Galerie Cécile Fakhoury y présente à partir du 2 décembre la première exposition personnelle de Serigne Ibrahima Dieye au Sénégal. Doté de son style acéré et ses fables sombres, l’artiste se penche dans Métamorphoses ondulatoires « sur les dérives des médias et du "tout communicationnel" ».

La Tunis Fashion Week se présente comme « le carrefour de la créativité sous toutes ses coutures » souhaitant soutenir « l’ingéniosité pluriartistique africaine ». La 7e édition se tient du 2 au 5 décembre dans le sud-ouest de la Tunisie, au milieu du Sahara, près de la ville de Tozeur, pour réunir au-delà de la mode aussi d’autres artistes pour des défilés (retransmis en direct dans des salles de cinéma Pathé Tunis, les réseaux sociaux et le site fashionweektunis.tn), des expositions, des performances, des ateliers, des workshops…


Rufai Zakari, « Jenny et son bonnet rose » (2020), œuvre faite de fragments de plastique recyclé, exposée à Selebe Yoon à Dakar, dans le cadre de la 10e édition de Partcours, le rendez-vous annuel des espaces d’art de la capitale sénégalaise.
 © Rufai Zakari

Sans limite s’annonce l’exposition photographique conçue par Arlette Bashizi et Moses Sawasawa au Stade paralympique de Goma, en République démocratique du Congo (RDC). À partir du 3 décembre, les deux photojournalistes congolais lancent cet événement « itinérant dans plusieurs coins de la ville et ses alentours » pour documenter la situation de personnes handicapées souvent confrontées aux préjugées de la société.  

Du 4 au 7 décembre, le Palais des Beaux-Arts Bozar à Bruxelles, en Belgique, propose Le projet Halaqat pour explorer les liens culturels entre l’Europe et le monde arabe. Conçue comme une plateforme de co-création avec des débats, des projections de films, des concerts, des performances et des expositions, cette initiative souhaite « approfondir les échanges entre les deux régions afin de démonter les clichés ».

Jusqu’au 5 décembre, des auteurs-réalisateurs de sept pays (Tunisie, Maroc, Sénégal, Burkina Faso, Mali, Côte d’Ivoire et Togo) se retrouvent au Ciné Guimbi à Bobo-Dioulasso, au Burkina Faso, dans le cadre de la résidence d’écriture Sentoo. C’est la 2e édition de ce programme panafricain de soutien à la création cinématographique qui vise à donner aux auteurs et producteurs africains « les outils et les moyens matériels pour développer leurs films en préservant leur identité africaine et leurs droits à les exploiter ». Selon les organisateurs, c’est « la première fois en Afrique [qu’] un programme de soutien à la création cinématographique associe des résidences d’écriture, un atelier de production et de coproduction et une aide au développement ».

Au Musée d’art contemporain africain Al Madeen (Macaal) à Marrakech vient d’ouvrir L’art, un jeu sérieux. Jusqu’au 14 février, cette exposition collective explore la thématique du jeu dans l’art à travers de 80 œuvres de 64 artistes, dont Mariam Abouzid Souali, Joy Labinjo ou GaHee Park.

Rendez-vous le 4 décembre pour vivre la cérémonie de la 7e édition des Trophées francophones du cinéma, à l’Intare Conference Arena à Kigali, au Rwanda. Les 9 trophées récompenseront 9 lauréats du cinéma francophone de ces trois dernières années pour « encourager la diversité et la liberté de création cinématographique ».

 

Mariam Aboouzid Souali : "Berouita" (broueette), Série Rule of Game 2017. @ Collectioin Fondation Alliances - MACAAL

 

Du 7 au 21 décembre à Paris, le festival Maghreb des films « confirme sa ligne éditoriale tournée vers les luttes sociales et politiques, la contestation et ses révoltes ». Au cœur de cette édition 2021 se trouve le « Printemps tunisien » de 2011, avec une programmation de « six films plus ou moins nés directement des événements », témoignant ainsi aussi du rayonnement de ces soulèvements dans de nombreux pays du monde arabe.

Le 8 décembre aura lieu à Paris la remise de prix du Mobile Film Festival 2021. Le Grand Prix est doté de 10 000 euros, les prix du documentaire et du film étudiant de 5 000 euros chacun. Une sélection de 50 films (1 Mobile, 1 Minute, 1 Film) de 34 pays (dont des productions d’Algérie, Burundi, RDC, Mauritanie, Afrique du Sud, Ouganda) est actuellement gratuitement en ligne sous le thème de Faire la paix avec la nature. Chaque année, les films sélectionnés sont visionnés par des millions d’internautes.

Dans le sud-ouest congolais, plusieurs dizaines de peuples cohabitent dans les provinces actuelles de Kinshasa, du Kwango, du Kwilu et du Mai-Ndombe. Le musée du Quai Branly à Paris dévoile dans La Part de l’ombre 160 sculptures du sud-ouest du Congo des années 1875-1950, pour la plupart jamais exposées. Ainsi, l’institution parisienne souhaite à partir du 14 décembre « redonner toutes ses lettres de noblesse à la statuaire en bois congolaise ».

Du 14 au 22 décembre se tient la 18e édition du festival Mantsina sur scène à Brazzaville, au Congo. Cofondée par le metteur en scène Dieudonné Niangouna, dirigée par Sylvie Dyclo Pomos, la Rencontre internationale de théâtre de Brazzaville s’affiche cette année sous le thème « S’ouvrir davantage au monde ».

Le 30 décembre, la maison Artcurial Maroc organise une vente évènement Un hiver marocain à La Mamounia, à Marrakech. L’art contemporain africain sera au centre de cette vente aux enchères, précédée d’une exposition des œuvres, dont des photographies de Malick Sidibé et Seydou Keïta, mais aussi une grande œuvre de Pilipili, artiste emblématique du Hangar, centre d’art créé au Congo, ou une exceptionnelle tour Seattle du célèbre artiste congolais Bodys Isek Kingelez. La scène de l’art contemporain africain sera représentée par Aboudia, qui travaille entre Abidjan et Brooklyn, mais aussi par le Kényan Joseph Bertiers, l’Ougandais Arim Andrew ou l’Angolaise Keyezua.

► Envoyez-nous vos « incontournables » de la culture africaine en 2022 à l’adresse Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser..

Covid-19 : comment Omicron va-t-il affecter l’Afrique ?

Par Jaysim Hanspal, pour The Africa Report  - Jaysim Hanspal, pour The Africa Report 
Mis à jour le 1 décembre 2021 à 15:27
 

 

Des vaccins AstraZeneca (COVID-19), redéployés de la RDC, arrivent à l’aéroport international de Kotoka à Accra, Ghana, le 7 mai 2021. © Francis Kokoroko/REUTERS

 

Le variant circule déjà en Europe, puisqu’il a été détecté en Belgique la semaine dernière, mais c’est à des pays du continent que des restrictions internationales sont une fois de plus imposées.

Deux jours seulement après avoir été pour la première fois identifié en Afrique du Sud, le 24 novembre 2021, le variant B.1.1.52, plus connu sous le nom d’Omicron, a été classé « préoccupant » par l’OMS. « Les premiers éléments semblent indiquer qu’il présente un risque accru de réinfection par rapport à d’autres variants, précise un communiqué de l’organisation. Le nombre de cas dus à ce variant paraît augmenter dans presque toutes les provinces d’Afrique du Sud. »

Résultat : plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, les États-Unis, la Thaïlande, ou encore la France, ont fermé leurs frontières à certains États africains, à commencer par l’Afrique du Sud, le Botswana, le Lesotho et l’Eswatini.

Décision hâtive

Nombre de leurs dirigeants se sont immédiatement élevés contre cette stratégie, parmi lesquels la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Naledi Pandor. « L’Afrique du Sud respecte le droit de tous les pays à prendre les précautions nécessaires pour protéger leurs citoyens, a-t-elle déclaré. Mais la décision du Royaume-Uni d’interdire temporairement l’entrée des Sud-Africains sur son territoire semble avoir été prise à la hâte, alors même que l’OMS n’a pas encore formulé d’avis sur les prochaines étapes. »

L’OMS a pour l’heure recommandé aux États de travailler « en coordination avec la communauté internationale ».

Ironiquement, la découverte du variant Omicron a été confirmée par une équipe de recherche sud-africaine. Le pays possède en effet l’infrastructure nécessaire pour permettre de séquencer efficacement le virus et de détecter de nouveaux variants.

L’AFRIQUE DU SUD EST PUNIE POUR SON TRAVAIL SCIENTIFIQUE REMARQUABLE

L’apparition d’Omicron survient alors que le tourisme commençait tout juste à repartir en Afrique du Sud. En quelques jours, un milliard de rands (environ 55,6 millions d’euros) de réservations ont été annulées à la suite des restrictions de voyage imposées par plusieurs pays, fait savoir la Thomson Reuters Foundation. Les personnes travaillant dans ce secteur craignent déjà une nouvelle vague de suppression d’emplois. « L’Afrique du Sud est punie pour son travail scientifique remarquable », a déploré Tshifhiwa Tshivhengwa, président du Tourism Business Council of South Africa (TBCSA).

Dans la foulée, le rand sud-africain a chuté à son plus bas niveau depuis plus d’un an, le 25 novembre. Il a perdu encore 2,15 % vendredi 26 novembre, lorsque les marchés asiatiques ont appris la nouvelle au réveil.

Le 28 novembre, l’attachée de presse du gouvernement éthiopien a condamné sur Twitter les interdictions de voyage, en citant les hashtags #VisitEthiopia et #OmicronVariant. « Venez visiter en Éthiopie les nombreuses régions épargnées de la Corne de l’Afrique et faites-vous votre propre avis. Les restrictions de voyage contre les pays d’Afrique australe face au variant Omicron sont une réponse hâtive », a-t-elle écrit.

Possibles ravages

Addis-Abeba est empêtrée dans la guerre au Tigré, qui a entraîné une famine massive et occasionné de multiples crimes de guerre commis par tous les belligérants. Si la diffusion du nouveau variant s’accélérait, il risquerait de faire des ravages dans cette région.

L’apparition de ce nouveau variant a remis en lumière l’inégalité d’accès aux vaccins en Afrique, où seulement 4,4 % de la population a un schéma vaccinal complet, selon l’OMS. À titre de comparaison, près de 66 % des habitants du Royaume-Uni sont vaccinés contre le Covid-19.

Les données relatives au déploiement du programme COVAX ont en outre révélé qu’il ne représentait que 5 % des vaccins distribués sur l’ensemble de la planète. Il a récemment annoncé qu’il n’atteindrait pas son objectif de deux milliards de doses administrées pour 2021.

En octobre, une enquête du Bureau of Investigative Journalism a accusé COVAX de « mettre à l’écart les organisations représentant les intérêts des pays pauvres dans ses discussions de premier plan, ce qui empêche ceux qui ont le plus besoin du vaccin de se faire entendre ».

Un frein pour les entreprises pharmaceutiques africaines

Problème : laisser des pays avec une couverture vaccinale très faible, comme c’est le cas dans de nombreux endroits du continent, peut favoriser le développement de nouveaux variants plus dangereux. Beaucoup d’États affichant un taux de vaccination élevé, tels que le Royaume-Uni, la France et le Canada, proposent d’ailleurs déjà une dose de rappel aux personnes éligibles et ont commencé à faire des réserves.

Le Burundi et l’Érythrée n’ont par exemple pas encore lancé de programme de vaccination, tandis que Moderna refuse de partager sa formule, en invoquant la propriété intellectuelle. Cette attitude constitue un frein pour les entreprises pharmaceutiques africaines, qui tentent elles aussi de produire un vaccin contre le coronavirus.

Le Ghana entend poursuivre son programme de vaccination, en rendant le vaccin obligatoire notamment pour les agents du secteur public et le personnel de santé, à partir du 22 janvier 2022. À ce jour, le Ghana a reçu 12 millions de vaccins contre le Covid-19, et neuf millions de doses supplémentaires sont attendues avant la fin de l’année. La plupart a été obtenue par le biais de COVAX.

Dans le Sahel, le rejet de la France grandit

Après avoir été bloqué une semaine au Burkina Faso, un convoi logistique de l’armée française en route pour le Mali a affronté, samedi 27 novembre, l’hostilité des populations au Niger.

Ces obstacles à répétition révèlent le climat de défiance croissante qui règne dans le Sahel contre la France.

  • Laurent Larcher, 
Dans le Sahel, le rejet de la France grandit


Jamais un convoi logistique de Barkhane n’avait connu autant d’obstacles et d’hostilité de la part de civils sur la route qu’elle emprunte entre la Côte d’Ivoire et le nord du Mali. Depuis qu’il a franchi la frontière entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, il y a une dizaine de jours, les entraves et les menaces contre sa progression ne cessent de se multiplier.

Bloqué pendant une semaine à une centaine de kilomètres de Ouagadougou après des heurts avec des manifestants, il a été à nouveau violemment pris à partie samedi 27 novembre, juste après son arrivée au Niger. Selon le ministère de l’intérieur de Niamey, le convoi placé « sous escorte de la gendarmerie nationale » a été bloqué « par des manifestants très violents à Téra, région de Tillabéri, où il a passé la nuit ». « Dans sa tentative de se dégager, précise le ministère, il a fait usage de la force », faisant deux morts et 18 blessés, dont onze gravement atteints.

Le porte-parole de l’état-major de l’armée française, le colonel Pascal Ianni, assure de son côté qu’un groupe violent parmi les manifestants « a tenté de s’emparer des camions ». Au plus fort de la tension, « les gendarmes nigériens et les soldats français ont effectué des tirs de sommation ». Selon le colonel Ianni, seuls deux conducteurs civils ont été blessés dans le convoi. Celui-ci a repris sa route vers le Mali. Mais des appels à s’opposer à sa progression continuent d’être relayés sur les réseaux sociaux. Lancés principalement par la Coalition des patriotes du Burkina Faso (Copa-BF), un mouvement panafricain qui s’oppose à la présence des soldats français, ces appels rencontrent un certain succès auprès de jeunes exaspérés par l’incapacité de Barkhane à chasser les groupes djihadistes du Sahel.

Les rumeurs et les accusations les plus folles circulent dans leurs rangs : on y accuse Paris de mener un double jeu, affirmant que ce convoi apporte des armes aux groupes armés terroristes. Le rejet de la France ne cesse de progresser dans toute la sous-région, au Mali, au Burkina et au Niger, mais aussi dans les pays limitrophes comme le Sénégal, la Guinée et le Bénin.

Pour Paris, ce convoi de Barkhane sert d’exutoire à la frustration des populations sahéliennes devant la progression des groupes djihadistes. L’attaque, le 14 novembre, d’un détachement de gendarmerie burkinabée à Inata (dans le nord) a suscité une immense émotion dans le pays : 57 personnes, dont 53 gendarmes, ont été tuées par des djihadistes. Le 27 novembre, des centaines de Burkinabés ont manifesté à Ouagadougou pour dénoncer l’insécurité grandissante et exiger le départ du chef de l’État, Roch Marc Christian Kaboré. Selon le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, cette exaspération dont témoigneraient les manifestations contre le convoi de Barkhane serait instrumentalisée par des puissances étrangères comme la Russie. Après avoir mis la main sur la Centrafrique, une ex-colonie française, Moscou serait en train de reproduire le même scénario au Mali et au Burkina Faso, confie à La Croix une source sécuritaire française.

Dimanche, à l’ouverture d’un sommet Chine-Afrique à Dakar, la ministre sénégalaise des affaires étrangères Aïssata Tall Sall a dit qu’elle espérait que la Chine apporterait son soutien dans la lutte contre l’insécurité au Sahel.

Burkina : plusieurs blessés à Ouagadougou dans des manifestations contre le pouvoir

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 28 novembre 2021 à 10:49
 

 

Un manifestant porte un bandeau avec un drapeau du Burkina Faso, lors d’un rassemblement de protestation à Ouagadougou, le 27 novembre 2021. © AFP/OLYMPIA DE MAISMONT

 

Des incidents ont éclaté samedi dans la capitale du Burkina Faso après la dispersion de centaines de manifestants dénonçant l’« incapacité » du pouvoir à contrer les violences terroristes.

Dans la matinée, les policiers anti-émeute ont tiré du gaz lacrymogène pour empêcher les manifestants de se rassembler place de la Nation, dans le centre de la capitale burkinabè quadrillé par un important dispositif de sécurité, où tous les commerces étaient fermés.

Après cette dispersion musclée, des jeunes ont dressé des barricades de fortune et brûlé des pneus dans plusieurs quartiers de la capitale. Des manifestants ont également vandalisé une partie de la direction de l’état-civil, après avoir tenté d’incendier le bâtiment de la mairie de Ouagadougou, dont le maire avait interdit les manifestations.

UN PORTE-PAROLE DE LA COALITION DU 27 NOVEMBRE ÉVOQUE « DEUX BLESSÉS DANS LE COMA »

Au cours des violences, un enfant de moins de 10 ans a été blessé par des tirs de gaz lacrymogène et remis par les manifestants à une unité anti-émeute de la gendarmerie. Deux journalistes burkinabè ont également été blessés lors de tirs de gaz lacrymogène, ont annoncé leurs médias, la radio privée Omega et le site en ligne Filinfos, sans qu’on sache la gravité de leurs blessures.

Un porte-parole de la Coalition du 27 novembre qui avait appelé à manifester, Hervé Ouattara, a évoqué « énormément de blessés », dont « deux sont dans le coma », ce qui n’a pas pu être confirmé de source indépendante. Dans une déclaration à la télévision nationale, le ministre de la Sécurité Maxime Koné a dit qu’il y avait eu « un certain nombre de blessés » parmi les forces de sécurité, mais il a indiqué ne pas encore avoir de bilan des victimes dans les deux camps. « Force doit rester à la loi », a-t-il affirmé, « et nous allons travailler à ce que ceux qui ont soutenu ou appelé à la marche répondent de leurs actes ».

« Face à la barbarie, on va se défendre »

« On était sortis pour une marche pacifique, mais la réaction des forces de l’ordre a mis le feu aux poudres, nous obligeant à ériger des barricades », a déclaré un des manifestants. « On ne veut pas brûler le pays qui est déjà en guerre, mais face à la barbarie, on va se défendre ».

Des manifestants ont également brûlé des pneus devant le siège du parti au pouvoir, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), et s’en sont pris à des journalistes, dont une de l’AFP. « Je suis allée au siège du MPP avec une consœur suite à des rumeurs disant que le siège avait été brûlé par des manifestants, la foule nous a foncé dessus, jeté des cailloux, ils ont voulu bloquer notre voiture en criant “La France, on veut pas de vous” », a raconté Olympia de Maismont, collaboratrice photo et vidéo de l’AFP au Burkina Faso. « On a réussi à s’échapper mais c’était à la seconde près ».

DES MANIFESTATIONS ONT ÉGALEMENT EU LIEU DANS D’AUTRES VILLES DU BURKINA, EN PARTICULIER À BOBO DIOULASSO ET KAYA

L’un des manifestants, Fabrice Sawadogo, 28 ans, a affirmé qu’ »après sept ans d’incapacité face aux attaques terroristes qui nous endeuillent chaque jour, il est temps de demander le départ du régime ». « Nous n’avons pas à négocier avec un gouvernement incompétent qui doit admettre qu’il a échoué », a-t-il lancé.

Des manifestations ont également eu lieu dans d’autres villes du Burkina, en particulier à Bobo Dioulasso (ouest), la seconde du pays, où des manifestants ont également été dispersés à l’aide de gaz lacrymogène. Ce fut également le cas à Kaya, à une centaine de kilomètres au nord-est de Ouagadougou.

Plusieurs interpellations

La Coalition du 27 novembre, regroupant trois organisations de la société civile, avait appelé « l’ensemble des Burkinabè à sortir massivement » samedi « dans une ambiance pacifique, pour dénoncer l’insécurité grandissante et exiger le départ du chef de l’Etat » Roch Marc Christian Kaboré. Plusieurs manifestants ont été interpellés, dont une des responsables du « Mouvement Sauvons le Burkina Faso », selon cette organisation membre de la coalition, sans donner le nombre d’arrestations.

LES VIOLENCES JIHADISTES ONT FAIT DEPUIS SIX ANS ENVIRON 2 000 MORTS ET CONTRAINT 1,4 MILLION DE PERSONNES À FUIR LEUR FOYER

D’autres mouvements de la société civile ont appelé à se démarquer de ces manifestations, pour « ne pas être complices de ceux qui veulent jeter le chaos dans le pays ». Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences attribuées à des groupes armés jihadistes, affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique. Les attaques qui visent civils et militaires sont de plus en plus fréquentes et en grande majorité concentrées dans le nord et l’est du pays.

L’attaque le 14 novembre d’un détachement de gendarmerie à Inata (nord), l’une des plus meutrières contre les forces de sécurité, a profondément choqué: au moins 57 personnes, dont 53 gendarmes, ont été tuées par des jihadistes armés. « Nous devons mettre fin aux dysfonctionnements inacceptables qui sapent le moral de nos troupes combattantes et entravent leur efficacité dans la lutte contre les groupes armés terroristes », a déclaré jeudi soir le président Kaboré, des paroles souvent répétées qui ne convainquent plus dans le pays.

Parfois mêlées à des affrontements intercommunautaires, les violences jihadistes ont fait depuis six ans environ 2 000 morts et contraint 1,4 million de personnes à fuir leur foyer.

Burkina Faso : des centaines de manifestants demandent le départ du président Kaboré

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 27 novembre 2021 à 13:27
 

 

Des policiers tirent des gaz lacrymogènes contre des manifestants, le 16 septembre 2021, à Ouagadougou. © AFP/ISSOUF SANOGO

 

Malgré l’interdiction de la mairie, des rassemblements sont en cours dans la capitale du Burkina Faso. Les protestataires demandent le départ du président Roch Marc Christian Kaboré face à son incapacité à mettre fin à l’insécurité.

Bravant l’interdiction décrétée par les autorités, ils sont nombreux à être descendus manifester dans les rues de Ouagadougou. Depuis le début de la matinée, les pneus brûlés et les jets de pierres font face aux gaz lacrymogènes des policiers qui tentent de disperser le rassemblement.

Les policiers anti-émeutes faisaient face manifestants place de la Nation, en plein centre de la capitale burkinabè, qui était quadrillée par un important dispositif de sécurité et où tous les commerces étaient fermés.

« La marche est interdite, dispersez-vous, rentrez chez vous », a lancé un policier aux manifestants avant la charge des forces de l’ordre. Le rassemblement des manifestants qui souhaitaient dénoncer « l’incapacité » du président Roch Marc Christian Kaboré à faire face à la violence jihadiste qui ravage le Burkina, avait été interdit par la mairie de Ouagadougou.

Manifestations dans plusieurs grandes villes

L’un des manifestants, Fabrice Sawadogo, un jeune de 28 ans, a affirmé qu’ « après sept ans d’incapacité face aux attaques terroristes qui nous endeuillent chaque jour, il est temps de demander le départ du régime ». « Nous n’avons pas à négocier avec un gouvernement incompétent qui doit admettre qu’il a échoué », a-t-il affirmé.

La Coalition du 27 novembre, regroupant trois organisations de la société civile, avait appelé « l’ensemble des Burkinabè à sortir massivement dans une ambiance pacifique [ce samedi 27 novembre], pour dénoncer l’insécurité grandissante et exiger le départ du chef de l’Etat », Roch Marc Christian Kaboré.

Qualifiant de « très chaotique » la situation au Burkina Faso « marquée par une sécurité en lambeau », le porte-parole de la coalition, Moussa Konaté, a annoncé qu’outre Ouagadougou, des manifestations étaient également prévues à Bobo Dioulasso, deuxième ville du pays, et dans d’autres grandes villes.

Suspension de l’internet mobile

« Nous sommes dans un contexte d’insécurité que tout le monde dénonce. On ne devrait pas entreprendre des marches dont on ne voit véritablement pas la revendication », avait rétorqué Benewende Sankara, ministre de l’Habitat, dénonçant au nom de la majorité présidentielle des « manifestations inopportunes ». D’autres mouvements de la société civile ont appelé à se démarquer de ces manifestations pour « ne pas être complices de ceux qui veulent jeter le chaos dans le pays ».

Alors que la colère grandit au Burkina Faso, le gouvernement a « décidé de prolonger la suspension de l’internet mobile pour une durée de 96 heures à compter de mercredi », sur l’ensemble du territoire national, après une précédente interruption de quatre jours, officiellement pour « raison de sécurité ».

La colère après Inata

Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences attribuées à des groupes armés jihadistes, affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique. Les attaques qui visent civils et militaires sont de plus en plus fréquentes et en grande majorité concentrées dans le nord et l’est du pays.

L’attaque d’un détachement de gendarmerie à Inata il y deux semaine a profondément choqué les Burkinabè. D’autant qu’avant cette attaque particulièrement meurtrière (au moins 57 personnes dont 53 gendarmes ont été tuées), le détachement avait demandé de l’aide.

« Nous devons mettre fin aux dysfonctionnements inacceptables qui sapent le moral de nos troupes combattantes et entravent leur efficacité dans la lutte contre les groupes armés terroristes », a déclaré jeudi 25 novembre au soir le président Kaboré. Mais ces paroles ne semblent pas avoir convaincu les centaines de personnes qui manifestaient leur ras-le-bas ce samedi. (Avec AFP)