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Flambée des prix, risques de pénuries… Un Noël africain hors de prix

Mis à jour le 23 décembre 2021 à 18:34
 
Damien Glez
 

Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

 

Damien Glez © Damien Glez

 

En cette fin décembre, les médias africains rejouent leur « marronnier » : la vie chère en période de festivités. Et cette année, le Covid-19 s’invite à la fête…

« Pour les fêtes, cette année, tout est plus cher ». Entendue à tous les coins de marchés, à l’approche de Noël et de la Saint-Sylvestre, la phrase semble du même acabit que « y a plus de saison » ou « tout fout le camp, ma bonne dame ». Vaines incantations de nostalgiques qui semblent découvrir, avec une naïveté sans cesse renouvelée, que la rugosité des prix est intrinsèquement liée à la spéculation elle-même liée aux célébrations de fin d’année ? Une revue de presse rétrospective édifierait. Mais qu’importe. Puisque l’esprit des travailleurs n’est déjà plus à leurs taches, les médias appuient là où ça fait mal : la dèche de janvier – fameuse « janviose » – pourrait débuter avant même le passage à l’année nouvelle…

De façon générique, des reportages évoquent, par exemple, la flambée des prix en Côte d’Ivoire, à l’approche de Noël, et ceci dans des secteurs de consommation assez différents. La fête de la nativité rimant largement avec son dérivé commercial en mode « papa Noël », des articles évoquent le marché des jouets réservés à des enfants qui ne manqueront pas de comparer ce qu’ils ont reçu avec les présents offerts à leurs camarades. Des émissions s’attardent, elles, sur le renchérissement des « sapes » des adultes, sans lesquelles une fête ne saurait être une fête…

EN CÔTE D’IVOIRE, AU CAMEROUN ET AU SÉNÉGAL, ON OBSERVE UNE ENVOLÉE DES PRIX DE LA VIANDE DÉPASSANT 10 %

Pénurie de poulets ?

En matière de denrées alimentaires – une festivité se doit de malmener la sous-ventrière –, l’Institut national de la statistique ivoirienne (INS) observe, entre 2020 et 2021, une envolée des prix dépassant les 10 % pour les chairs animales. Même son de cloche, du Cameroun au Sénégal. Le gallinacé, en particulier, deviendrait-il un Graal ? Au pays de la Teranga, la hausse des prix de la volaille pourrait même laisser la place à une pénurie de poulets, si l’on en croit le site senenews qui a interrogé des vendeurs du marché Castor qui soutiennent, eux, que « les prix restent toujours les mêmes », entre 2 500 et 3 000 francs CFA pour des poulets de chair.

La menace de la pénurie n’est-elle que le leurre brandit par des commerçants qui garderaient des gallinacés sous le coude, jusqu’aux derniers instants d’une éventuelle spéculation tarifaire ? La nouveauté de 2021 pourrait être l’impact de la crise sanitaire et le tassement économique induit. Là encore, le ressenti plus moins objectif des acteurs de bout de chaîne mériterait une analyse macro-économique plus pointue. Et si le secteur des poulets a survécu à la grippe aviaire, il devrait surmonter une maladie associée aux chauves-souris et aux pangolins…

Et puis, après tout, Noël ne fait pas référence à l’épisode biblique des noces de Cana et la bombance exubérante d’un miracle de Jésus. La fête de la nativité renvoie à l’extrême dénuement dans lequel ledit Jésus est venu au monde. Le berceau du Messie était une mangeoire, mais vide. Par solidarité, les croyants du XXIe siècle devraient-ils se contenter d’une aile de poulet ? Pas très réjouissant, quand on constate déjà que les deux fêtes du 25 décembre et du 1er janvier tombent, cette année, des samedis. Même dans les pays où l’État accorde un lundi férié, en cas de festivités dominicales, il n’y aura aucun repos à grappiller…

Guinée: Moussa Dadis Camara de retour à Conakry après une dizaine d'années d'exil

Le capitaine Moussa Dadis Camara, chef de la junte, dans son bureau du camp Alpha Yaya à Conakry, le 1er octobre 2009. (Image d'illustration) REUTERS/Luc Gnago

Le capitaine Moussa Dadis Camara est arrivée à Conakry en tout début d'après-midi ce mercredi 22 décembre. Son nom reste attaché au massacre du 28 septembre 2009 dans le stade de la capitale guinéenne, pour lequel il est inculpé.

Avec notre correspondant à ConakryMatthias Raynald

L’avion de Moussa Dadis Camara, en provenance de Dakar, s’est posé vers 13h sur le tarmac de l’aéroport international Ahmed Sékou Touré de Conakry. Il est sorti de l'aéroport autour de 14h, sa voiture de frayant difficilement un chemin au milieu d'une foule en liesse.

En effet, il y avait beaucoup de monde devant l’aéroport pour l’accueillir. Des centaines, peut-être des milliers, de personnes se sont massées le long des barrières bien gardées par les forces de sécurité. Des forces de l’ordre déployées un peu partout et qui ont quadrillé les environs. Aux abords de l’aéroport, l’atmosphère était à la fête avec des danseurs, des musiciens, tout le folklore de la Guinée forestière qui s'était déplacé à Conakry.

Pour justifier le retour de Dadis Camara, le Comité national de redressement et du développement (CNRD) avait invoqué fin novembre le besoin de réconciliation et d’apaisement. Ce retour ranime en tout cas l’espoir d’un procès pour les victimes du massacre du 28 septembre 2009. La Fédération internationale des droits de l’homme a publié un communiqué aujourd’hui pour appeler à la tenue de ce procès en présence de tous les accusés. 

Ce retour intervient quelques jours après celui de l'ancien président de transition Sekouba Konaté. Il est arrivé, samedi dernier, par la route en provenance de Bamako, au Mali. Dans un communiqué diffusé début décembre, les autorités de la transition guinéenne avaient ouvert la porte à des visites des deux anciens dirigeants de la junte au pouvoir entre fin 2008 et fin 2010. Mais le CNRD au pouvoir depuis le renversement d’Alpha Condé avait tenu à préciser qu’il ne s’agit pas d’entraver les procédures judiciaires en cours.

Désormais, Moussa Dadis Camara doit retrouver les siens. Une rencontre est prévue avec le colonel Mamadi Doumbouya, président de la transition, dans les prochains jours.

Barkhane tue un des meurtriers des humanitaires français au Niger

Un drone armé de l’opération militaire française au Sahel a tué Soumana Boura, l’un des auteurs de l’assassinat de six humanitaires en août 2020 au Niger. Ce succès intervient alors que la France se trouve dans une position de plus en plus difficile au Sahel.

  • Laurent Larcher, 

Lecture en 3 min.

 

Barkhane tue un des meurtriers des humanitaires français au Niger
 
La force Barkhane a bien éliminé l’un des auteurs de l’assassinat de huit personnes, six Français et deux Nigériens dans le parc de Kouré, au Niger.BOUREIMA HAMA/AFP

Localisé, identifié et tué par un tir de drone, lundi 20 décembre 2021, alors qu’il circulait à moto au nord de la ville de Tillabéri, au Niger. L’état-major des armées en France est formel : la force Barkhane a bien éliminé Soumana Boura, l’un des auteurs de l’assassinat de huit personnes, six Français et deux Nigériens dans le parc de Kouré, au Niger, le 9 août 2020.

→ RELIRE. Français tués au Niger, les humanitaires victimes de l’insécurité

Les Français travaillaient pour les ONG Acted et Impact. Leur mort avait suscité une vive émotion dans l’Hexagone. « Ils aidaient les plus démunis, les plus fragiles, les plus en danger » et ils « ont payé de leur vie leur engagement humanitaire », rappelaient leurs familles à l’occasion de l’hommage qui leur avait été rendu, le 9 août 2021, un an après le drame.

Un chef de l’EIGS

Membre du groupe de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS), Soumana Boura dirigeait un groupe de plusieurs dizaines de combattants dans l’ouest du Niger, plus précisément dans la zone de Gober Gourou et de Firo. L’EIGS s’attaque non seulement aux représentants des États sahéliens, mais aussi à tout ce qui représente la culture occidentale et aux populations qui n’ont pas rompu avec elle.

La mort de Soumana Boura « permet en particulier de lutter contre l’expansion de l’EIGS et de l’empêcher de prendre le contrôle de certaines parties de la région des trois frontières », souligne l’état-major français. Il précise que « les armées françaises restent déterminées à combattre les groupes armés terroristes avec leurs partenaires sahéliens et leurs alliés. »

Le groupe le plus violent

L’EIGS est, de très loin, le groupe le plus violent dans la zone d’intervention française dite « des trois frontières » : Mali, Burkina Faso et Niger. On ne compte plus les civils tués, les villages rasés par l’État islamique. Parmi ses actions les plus marquantes, l’attaque meurtrière de soldats américains des forces spéciales à Tongo Tongo, au Niger, en 2017. D’autres raids ont été menés contre les bases militaires au Mali, au Niger et depuis peu au Burkina. Depuis 2015, ce groupe aurait tué entre 2 000 à 3 000 civils au Mali, au Niger et au Burkina Faso. L’EIGS est clairement désigné comme l’« ennemi prioritaire » des Français au Sahel depuis le sommet de Pau en janvier 2020.

N’ayant pas les moyens de quadriller et défendre l’ensemble de la bande sahélo-saharienne (BSS) contre les groupes djihadistes, Paris cible en priorité les chefs de ces mouvements. Parmi ses victoires récentes, l’élimination en août 2021 d’Abou Walid Al Sahraoui, l’émir de l’EIGS. En juillet 2021, Barkhane avait tué Issa Al Sahraoui, coordinateur logistique et financier de l’EIGS, et véritable chef de l’organisation au Mali, et Abou Abderahmane Al Sahraoui, chargé de prononcer des jugements. Auparavant, en juin, les Français avaient aussi éliminé Almahmoud ag Baye alias Ikaray, important cadre de l’État islamique au Grand Sahara.

Un contexte difficile

L’annonce de la mort de Soumana Boura « porte un nouveau coup majeur contre l’EIGS », explique l’état-major français. Une nouvelle qui tombe à pic alors que le redéploiement de la force Barkhane sur un plus petit nombre d’emprises dans le Sahel est perçu par beaucoup comme un aveu de faiblesse de Paris et une forme de victoire des groupes djihadistes. Un redéploiement qui justifie aux yeux des autorités maliennes l’ouverture de discussions avec de nouveaux partenaires comme Wagner, la société privée russe de mercenaires proche de Moscou, ou la Turquie.

→ EXPLICATION. Mali : les raisons d’une visite présidentielle française annulée

Depuis juin, l’Élysée a entrepris de réorganiser le dispositif militaire français : les soldats de l’opération Barkhane ont quitté les trois bases les plus septentrionales du Mali (Tessalit, Kidal et Tombouctou) pour se recentrer sur Gao et Ménaka, aux confins du Niger et du Burkina Faso, ainsi qu’à Niamey. Ce plan prévoit une réduction des effectifs au Sahel : de 5 000 actuellement, à 2 500-3 000 d’ici à 2023.

 

MSC propose au moins 5,7 milliards d’euros pour Bolloré Africa Logistics

Mis à jour le 20 décembre 2021 à 19:02
 


Vincent Bolloré, en février 2008. © Vincent Fournier pour Jeune Afrique.

 

Le géant suisse de la logistique, déjà présent au Togo et en Côte d’Ivoire, pourrait mettre la main sur l’un des colosses du secteur en Afrique.

Après s’être refusé à commenter des « rumeurs » de marché annonçant son intention de céder sa filiale de transport et de logistique en Afrique, Bolloré Africa Logistics (BAL), le groupe français a annoncé le 20 décembre avoir reçu une offre du géant suisse MSC pour cette filiale.

« Le Groupe Bolloré annonce avoir reçu une offre du Groupe MSC, acteur majeur du transport et de la logistique par conteneurs, pour l’acquisition de 100 % de Bolloré Africa Logistics, regroupant l’ensemble des activités de transport et logistique du Groupe Bolloré en Afrique, sur la base d’une valeur d’entreprise, nette des intérêts minoritaires, de 5,7 milliards d’euros ». Le groupe du tycoon français Vincent Bolloré a accordé « une exclusivité au Groupe MSC jusqu’au 31 mars 2022 afin que ce dernier puisse, à l’issue d’une phase d’audit complémentaire et de négociations contractuelles, lui remettre, le cas échéant, une promesse d’achat ».

Réorganisation

Outre les autorisations réglementaires d’usage, la conclusion de la transaction n’interviendrait « qu’à l’issue des procédures d’information et de consultation des instances représentatives du personnel compétentes », ainsi que de « certaines opérations de réorganisation internes au Groupe Bolloré ».

LE GROUPE BOLLORÉ A AFFIRMÉ SON INTENTION DE CONSERVER UNE PRÉSENCE IMPORTANTE EN AFRIQUE DANS D’AUTRES SECTEURS

Outre ses activités portuaires historiques, regroupées sous l’étiquette de Bolloré Africa Logistics (BAL), le groupe Bolloré compte également un important réseau logistique, quasiment sans équivalent sur une large partie du continent. Le futur de cette activité n’est pas connu. Mais, comme le notait Jeune Afrique à la mi-octobre, « si la valorisation à hauteur de 5 à 6 milliards d’euros, évoquée à la mi-2020 par les connaisseurs du dossier, est toujours d’actualité, cela correspondrait plus ou moins au cours actuel du kilomètre de quai et à la mise en vente de la quinzaine de terminaux à conteneurs que compte le groupe en Afrique ».

Dans son communiqué du 20 décembre, le groupe Bolloré a affirmé son intention de conserver « dans tous les cas une présence importante en Afrique, notamment à travers Canal+ » et d’y poursuivre « ses développements dans de nombreux secteurs comme la communication, le divertissement, les télécoms, l’édition ». À l’heure du bouclage de cet article, MSC n’avait toujours pas publié de communiqué concernant la transaction avec Bolloré.

Le géant suisse est présent dans les ports de Lomé (Togo) et de San Pedro (Côte d’Ivoire), à travers sa filiale Terminal Investment Group (TIL).

 

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