Actualités

Mali : pourquoi African Gold croit à l’or de Kobada ?

Mis à jour le 13 novembre 2021 à 17:51


Forage de la première plateforme mobile sur la mine de Kobada (Mali), par African Gold Group. © DR

La société minière canadienne African Gold explore les options de financement par emprunt et action de société pour financer son projet de mine d’or de Kobada dans le sud du Mali.

Selon son directeur général Danny Callow interrogé par The Africa report/Jeune Afrique, la société a besoin de 165 millions de dollars pour commencer à produire de l’or depuis la mine de Kobada. Ainsi, l’entreprise souhaite lever 110 millions de dollars par dette et les 55 millions restants en capitaux propres. Des pourparlers avec des banques et des fournisseurs de dette mezzanine sont actuellement en cours.

Participation en capital

D’après Danny Callow, l’autre piste possible serait la cession du projet à un producteur à la recherche de nouveaux projets ou une prise de participation. Selon lui, des « discussions ont déjà lieu » avec des producteurs qui pourraient ajouter ce projet à leur portefeuille ou prendre une participation en capital. « Une transaction éliminerait la nécessité de lever des fonds », dit-il.

African Gold n’a pour l’instant aucune dette à son passif et n’a promis dividende aux investisseurs, précise Danny Callow. En septembre, la société canadienne a publié une étude de faisabilité actualisée, qui, selon son DG, révèle des ressources nettement plus importantes que prévu.

La société aspire à une production annuelle moyenne de 100 000 onces d’or au cours des dix premières années et un flux de trésorerie avant impôts de 733 millions de dollars pendant la durée d’exploitation de la mine.

Alors qu’African Gold a jusqu’à présent foré sur une longueur de 4 km sur un total disponible de 55 km, d’autres sites d’exploration ont été identifiés à Kobada et Farada.

Puissance hybride

Les principaux actionnaires d’African Gold sont Ixios Asset Management, le Nero Resource Fund, L1 Capital et Pala Investments. La société détient 90% du projet Kobada, le gouvernement malien en détient 10%. Selon Danny Callow, la zone d’exploration se trouve dans un endroit sûr et sécurisé, à environ 126 km au sud-ouest de Bamako. « Des entreprises minières telles que Barrick sont également présentes dans le sud du Mali », ajoute-t-il.

Pourtant, comme le déplorent les professionnels du secteur, l’insuffisance des infrastructures électriques dans la région est un handicap. Face à ce constat, Danny Callow précise qu’African Gold utilisera une centrale hybride thermique et solaire photovoltaïque avec stockage d’énergie par batterie, financée par un producteur d’électricité indépendant. Cette production hybride d’électricité réduira de 43 % les besoins en combustible par rapport aux centrales thermiques classiques, et diminuera de 39 % des émissions de dioxyde de carbone.

Un gouvernement « très réactif »

Selon le patron de African gold, il a été facile de négocier avec le gouvernement du Mali.

« L’État du Mali est très réactif », dit-il. « Si vous voulez rencontrer des officiels, vous pouvez aisément le faire, contrairement à beaucoup de pays africains. Le Mali a été pour nousune bouffée d’air frais ».

Le nouveau Code minier du pays prévoit des taxes légèrement plus élevées et des permis plus courts, explique Danny Callow. Toutefois, la société a obtenu son permis en 2015 et le nouveau Code n’est pas rétroactif. « C’est un code très équitable », estime-t-il.

La société, présente à la bourse de Toronto, a levé 5,1 millions de dollars canadiens (4,1 millions de dollars) début novembre, dans le cadre d’un placement privé sursouscrit pour aider à financer le projet Kobada.

news

France: les président du Tchad, du Burkina Faso, du Niger et du Gabon reçus par Emmanuel Macron

Le président français, Emmanuel Macron, reçoit son homologue tchadien, Mahamat Idriss Déby, à l'Élysée, Paris, le 12 novembre 2021. AFP - LUDOVIC MARIN

 

Avant une conférence à Paris qui doit évoquer la situation en Libye, ce vendredi 12 novembre 2021, le président français, Emmanuel Macron, a eu des entretiens avec plusieurs de ses homologues. À l'Élysée, dans la matinée, il a reçu quatre chefs d’État du continent.

Avec notre envoyée spéciale au palais de l’ÉlyséeBineta Diagne

La première rencontre a eu lieu vers 10 heures 30 ce vendredi matin avec d’abord trois présidents du Sahel : le Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, entouré de son ministre des Affaires étrangères et de son aide de camp ; le Nigérien Mohamed Bazoum et le Tchadien Mahamat Idriss Déby, accompagné aussi d’un cercle très restreint.

Moment de salutations et sourires avec le président français Emmanuel Macron. Aucune déclaration officielle n’a été faite à l’issue de cette rencontre qui a duré un peu plus d’une heure.

Visite d’Ali Bongo

Puis vers midi, c’est le président gabonais Ali Bongo Ondimba, qui a fait son apparition. Le président gabonais, qui avait fait un AVC il y a près de deux ans, est apparu amaigri ce vendredi, se déplaçant avec une canne et montant avec difficulté les marches du perron de l’Élysée. C’est son homologue français Emmanuel Macron qui l’a finalement soutenu.

Là encore, aucun message officiel n’a été délivré à l’issue de cet échange.

►À lire aussi Forum mondial pour la paix: rendez-vous d’opportunités à Paris pour les dirigeants africains

La Russie et le Mali confirment leur volonté d’approfondir leur coopération militaire

 russie
 
Les ministres des Affaires étrangères russe et malien Sergueï Lavrov et Abdoulaye Diop, le 11 novembre 2021 à Moscou. © Russian Foreign Ministry Press Service via AP

 

Moscou et Bamako sont résolus à poursuivre leur coopération militaire. C’est ce qu’il ressort de la rencontre, jeudi 12 novembre à Moscou, entre le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov et son homologue malien, Abdoulaye Diop. Ces derniers ont toutefois démenti l’existence d’un contrat avec le groupe Wagner. 

Avec notre correspondant à Moscou, Jean-Didier Revoin

Sergueï Lavrov et Abdoulaye Diop ont invoquée la lutte contre le risque terroriste accru entraîné par le retrait partiel des troupes françaises dans le Nord du Mali pour justifier l’intensification de leur coopération militaire. Abdoulaye Diop n’a pas manqué de rappeler que Moscou soutenait le Mali depuis son indépendance, le ministre des Affaires étrangères rappelant que 80% des équipements militaires du Mali provenaient de Russie.

Pour sa part, Sergueï Lavrov a précisé que Moscou poursuivrait ses livraisons d’équipements, d’armements et de munitions tout en formant des officiers maliens. Pour le ministre russe, l’objectif est de permettre à Bamako de lutter efficacement contre la menace terroriste.

Démenti concernant le groupe Wagner

Les deux hommes ont en revanche démenti, chacun à sa façon, l’éventuelle implication de mercenaires russes. Abdoulaye Diop a précisé qu’aucun contrat n’avait été signé en la matière. Quant à Sergueï Lavrov, il a précisé que Moscou n’intervenait pas dans les activités de structures créées par des citoyens russes et qui concluent eux-mêmes leurs contrats.

►À lire aussi : Revue de presse française - Comment Vladimir Poutine pousse ses mercenaires en Afrique

Procès de l'assassinat de Sankara: le général Diendéré a maintenu sa version des faits

 diiendere
 
 
Le général burkinabè Gilbert Diendéré lors du procès de l'assassinat de Thomas Sankara à Ouagadougou, le 11 octobre 2021. © OLYMPIA DE MAISMONT/AFP

 

Le général Diendéré comparaissait au procès des assassins présumés de Thomas Sankara et de ses collaborateurs. L'audition de l'ancien chef d’état-major particulier de Blaise Compaoré s’est achevée ce jeudi 11 novembre.

Avec notre correspondante à Ouagadougou, Gaëlle Laleix

Pour une fois, ils sont tous d’accord. Selon les avocats des parties civiles et de la défense, l’audition du général Diendéré a porté ses fruits. Les premiers estiment avoir mis en exergue les incohérences de son récit, les seconds d’avoir enfin éclairé la cour sur la réalité des faits. 

Pendant trois jours, Gilbert Diendéré a raconté, décortiqué, reconstitué, les évènements de sa journée du 15 octobre 1987. Pour son avocat, Me Paul Kéré, quel que soit le bout par lequel cette histoire est prise, les faits sont limpides.

« À partir du moment où général Diendéré n'a jamais tiré sur la gâchette, les choses sont claires. Les assaillants sont venus de l'extérieur. On n'a pas besoin de faire une faculté de droit pour savoir que quand on n'est pas responsable, on n'est pas responsable, s'exlame Me Kéré. La complicité suppose aide, assistance ou même omission. Mais en l'espèce, lui-même a été surpris. S'il était venu avec ses éléments, lui aussi aurait été victime. Heureusement qu'il était en survêtement. Heureusement qu'il n'était pas armé. Voilà les choses ! »

► À lire aussi : Procès de l'assassinat de Sankara: le général Diendéré interrogé sur la riposte à l'attaque

« Les manquements ne venaient pas de moi »

Debout à la barre, dans sa tenue léopard de l’ancien régiment de sécurité présidentiel (RSP), dissout en 2015, après son coup d’État manqué, Gilbert Diendéré n’a pas faibli. « La tenue du RSP était portée pour aller au front, explique-t-il, je l’ai trouvée appropriée ». 

Assuré, parfois goguenard, le général a souvent imposé son rythme aux débats. Jusqu’à ce que la lassitude lui fasse concéder au parquet, du bout des lèvres, un « pincement au cœur » d’avoir assisté à un tel évènement dans sa propre caserne. « Je reconnais qu’il y a eu un problème, mais je n’ai pas totalement failli. Les manquements ne venaient pas de moi. »

« Notre client a eu l’occasion de battre en brèche certains fantasmes, s’est satisfait Me Abdoul Latif Dabo à l’issue de la dernière audience. Il faut que les gens enlèvent leurs œillères et regardent les faits de façon froide ».

Cette mise en scène n’inquiète pas l’accusation. « Nous sommes étonnés que le général qui a des tenues pour d'autres faits veuille se présenter comme celui qui est prêt à aller au combat. Cette attitude révèle qu'il n'a aucun remords et cela est triste, estime Me Ambroise Farama, avocat de la famille Sankara. Il pense pouvoir s'en sortir, mais nous avons l'assurance que les témoins la semaine prochaine viendront le confondre davantage. »

Le procès reprendra lundi 15 novembre. Trois accusés doivent encore être entendus par la cour.

► À lire aussi : Webdocumentaire – Qui a fait tuer Sankara ?