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Soixantième sommet de la Cédéao: comment gérer les coups d’État au Mali et en Guinée?

 

Les chefs d’État de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) se retrouvent en sommet ordinaire, ce dimanche 12 décembre, à Abuja, capitale fédérale du Nigeria. Les dirigeants vont se pencher sur plusieurs questions : le terrorisme et l’extrémisme violent dans la sous-région, la mise en place de la monnaie commune, et sur deux crises politiques au Mali et en Guinée, qui ont connu des coups d’État ces derniers mois. Avec donc une question en tête : à quand le retour au pouvoir pour les civils dans ces deux pays 

Premier dossier abordé sera le Mali avec une impasse : l’incapacité des autorités à tenir leur engagement pour organiser une élection présidentielle le 27 février 2022. Pour les dirigeants de la Cédéao, les signaux envoyés par la junte sont pour le moment mauvais. Le report des assises de la réconciliation, jusque-là posées comme une étape avant le scrutin présidentiel, en est un exemple. Le mois dernier, la Cédéao avait déjà imposé des sanctions ciblées contre une centaine de personnalités (gel des avoirs et interdiction de voyager...).

Selon Jean Hervé Jézequel, le directeur du projet Sahel à l’International Crisis Group, la Cédéao pourrait encore aller plus loin. « Ce qui est en jeu aujourd’hui, explique-t-il, ce sont des sanctions plus dures. Il serait tout à fait envisageable pour la Cédéao de recourir par exemple à la fermeture des frontières. La Cédéao espère surtout que les autorités maliennes vont découpler la tenue des assises nationales de la réconciliation du processus électoral. C’est l’objectif du bras de fer diplomatique qui se joue actuellement entre les États de la Cédéao et les autorités maliennes. »

Le cas de la Guinée

En Guinée, les nouvelles autorités n’ont elles aussi toujours pas annoncé de chronogramme sur la durée de la transition. Le colonel Mamadi Doumbouya et son entourage sont déjà frappés par des interdictions de voyager. La Cédéao pourrait étendre ces sanctions à l’ensemble de l’équipe gouvernementale.   

Toutefois les autorités civiles et militaires tentent de répondre aux attentes de la Cédéao. Avec d’abord, le transfert d’Alpha Condé au domicile de son épouse. Même s’il est en résidence surveillée, cela tend à décrisper le climat. Par ailleurs, un gouvernement a été formé. Et, on devrait connaître sous peu les noms des 81 personnes qui siègeront dans le Conseil national de transition. Reste par contre, une interrogation, la durée de cette transition.  

« Le problème de la Guinée sera celui de la fixation de la durée de la transition, observe Mathias Hounkpé, administrateur du programme gouvernance politique à la Fondation OSIWA (Initiative pour les sociétés ouvertes en Afrique de l’Ouest). De mon point de vue, poursuit ce chercheur, il y aura toujours un lien entre ce qui se passe au Mali et ce qui se passe en Guinée. Les Guinéens demanderont au moins la même durée de transition que celle que l’on aura accordée aux Maliens. Et donc, plus on donne de marge de manœuvre aux Maliens, plus les autorités guinéennes demanderont les mêmes marges de manœuvre. Maintenant, c’est le délai “raisonnable” qu’il faut fixer, qui est la vraie question. Quel Est-ce délais qu’il faut fixer pour ne pas donner le sentiment que la transition dure en longueur ? Et ce délai est en partie lié à la manière dont la Cédéao va se comporter avec le Mali », conclut M. Hounkpé.  

La Cédéao face aux crises institutionnelles et politiques

Pas évident pour la Cédéao d’imposer des sanctions sans que cela n’ait d’impact sur les citoyens. Ces derniers lui reprochent régulièrement d’agir beaucoup trop tard face aux crises politiques.  Pas évident non plus de changer l’image d’une Cédéao « silencieuse » face aux crises... Pour remédier à cela, la réflexion est lancée pour modifier certains protocoles qui régissent les règles d’intervention de la Cédéao, pour la rendre plus réactive.

« Un amendement permettrait d’articuler correctement les réactions par rapport aux problèmes qui se posent aux pays, de ne pas se limiter simplement aux réactions lorsqu’il y a des coups d’État ou bien des violences graves comme l’extrémisme violent, explique le chercheur Mathias Hounkpé. Mais [cela permettrait] aussi de prendre en compte par exemple, les abus de pouvoir et les questions de corruption. Je pense que la Cédéao pourrait avoir plus de moyens à travers la Commission et à travers d’autres instances dont elle dispose, pour intervenir et au moins, laisser aux citoyens le sentiment que quand ils se retrouvent en face de leaders problématiques, que la Cédéao est là pour les protéger et ne pas donner le sentiment que la Cédéao est juste un instrument pour protéger les présidents entre eux. » 

En attendant le sommet des chefs d’État, prévu dimanche, le Conseil des ministres se tient ce vendredi à Abuja pour aborder ces questions.

 

 

ÉDITO

Entre deux rumeurs

Lundi 6 décembre, au retour de son voyage apostolique à Chypre et en Grèce, le pape François s’est adressé aux journalistes dans l’avion. Interrogé au sujet de la démission de Mgr Aupetit qu’il avait acceptée quelques jours plus tôt, le pape François a surtout dénoncé les « bavardages » qui ont « ruiné la renommée d’une personne », la rendant de fait inapte à gouverner un diocèse. 

En lisant cette information, je me suis souvenu que le grand théologien Joseph Moingt commence son livre L’homme qui venait de Dieu (Cerf, 1994) par un long prologue intitulé : « La rumeur de Jésus ». « Toute l’affaire Jésus – et la religion chrétienne de cette fin du XXe siècle – a commencé par une rumeur qui voltigeait autour de lui, mélange d’interrogation, de suspicion et de confiance, et qui prit consistance et ampleur surtout quand elle fut relancée par l’annonce de ceux qui croyaient en lui. C’est par cette rumeur que Jésus est entré dans l’histoire, la vraie : celle qu’on raconte avant de l’écrire et qu’on ne cesse de raconter de vive voix longtemps après qu’elle a été écrite », notait le jésuite décédé en 2020 à l’âge de 104 ans. 

À cette rumeur de disciples rapportant que Jésus, celui qui a été crucifié, est ressuscité des morts, les grands prêtres opposent une autre rumeur qu’ils s’attachent à propager en soudoyant les soldats : « Vous direz ceci : “Ses disciples sont venus de nuit et ont dérobé son corps pendant que nous dormions” […] Ce récit s’est propagé chez les Juifs jusqu’à ce jour » (Matthieu 28, 13-15). Comme quoi les fake news ne datent pas d’hier !

La plongée dans les débuts du christianisme nous rappelle que la vie humaine nous oblige à nous situer devant des rumeurs contradictoires. Certaines sont porteuses de vie, d’autres de mort. Dans cette dernière catégorie, il y a tout ce que la tradition appelle les « péchés de la langue » et ils sont nombreux : bavardage, commérage, médisance, calomnie, mensonge, duplicité, mauvaise foi, faux témoignage, flatterie, ambiguïté, parjure… Tout cela blesse le langage, la communication, les liens humains, les personnes qui en sont victimes, sans faire grandir la vérité.

Mais comment faire le tri entre les bonnes et les mauvaises rumeurs ? Le critère est simple à énoncer : telle rumeur sert-elle le bien ? Mais répondre à cette question, surtout « à une époque où la falsification devient de plus en plus sophistiquée », suppose sagesse, courage, patience, discernement, comme l'indique le pape François dans son message pour la 54e journée mondiale des communications sociales (24 janvier 2020). Repousser ce qui est faux et mauvais,faire la vérité sera toujours une tâche exigeante.

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PRIERE :

Bienheureux martyrs d'Algérie

Seigneur Dieu, Père de Miséricorde, nous te rendons grâce pour le don de leur vie de nos frères et sœurs Bienheureux de l'Église d'Algérie :

Ton évêque Pierre, Henri et Paul-Hélène, Caridad et Esther, Jean, Charles, Alain et Christian ; Angèle-Marie et Bibiane ; Odette ; Christian, Luc, Christophe, Michel, Paul, Bruno et Célestin.

À l'image de ton Fils, ils ont donné leur vie pour leurs frères et sœurs tu leur as inspiré de demeurer dans la fidélité et l'amitié à leur Église et au peuple d'Algérie.

Nous reconnaissons, dans le don de leur vie, l'œuvre de ta grâce et de ton Esprit-Saint, qui les a conduits au témoignage suprême.

Nous t'invoquons, Père, pour qu'à la prière de ces Bienheureux la paix et l'amitié l'emportent sur les forces de division et de haine.

Nous invoquons ces témoins de ton Amour pour …

(Préciser la grâce à demander)

Amen

 

PRAYER :

Blessed Martyrs of Algeria

Lord God and Father of Mercy, we give you thanks for the gift of their lives by our brothers and sisters, the blessed martyrs of the Church of Algeria:

You bishop Pierre ; Henri et Paul-Hélène ; Caridad et Esther ; Jean, Charles, Alain et Christian ; Angèle-Marie et Bibiane ; Odette ; Christian, Luc, Christophe, Michel, Paul, Bruno and Célestin.

Like your Son, they gave their lives for their brothers and sisters. You inspired them to remain in faith and fellowship with their Church and with the people of Algeria.

We recognize in their lives the work of your grace and of your Holy Spirit, who led them to give the supreme witness.

We ask you, Father, that through the prayer of these Blessed martyrs peace and solidarity may prevail over the forces of division and hatred.

We invoke these witness of you Love for ….

(Mention your petition)

Amen

 

PRIÈRE EUCHARISTIQUE MAFR – SMNDA (150e Anniversaire)

Célébrant principal :

Vraiment Père très bon, Il est juste et bon de chanter tes louanges toujours et partout. Tu as créé l'univers dans la splendeur de sa diversité. Nous te bénissons plus spécialement pour l'Afrique, pour ses vastes plaines et ses montagnes escarpées; pour ses forêts, ses savanes et ses déserts; pour ses rivières, ses fleuves et ses lacs; et pour les mers et les océans qui baignent ses rivages. Nous te louons pour son ciel d'azur et pour ses nuits étoilées. Nous te chantons surtout pour les fils et les filles de l'Afrique. Nous te bénissons pour l'ardeur de la jeunesse et pour la sagesse des anciens. Nous admirons leurs cultures variées et leur amour de la vie.

Nous te célébrons pour les chemins divers par lesquels tu viens à leur rencontre. Nous te chantons pour la vie fraternelle vers laquelle tu les guides. Nous te rendons grâce de nous avoir appelés à participer à ta mission au sein de l'Eglise et à être signes de ton amour pour tous les fils et les filles de l'Afrique. C’est pourquoi avec les anges et tous les saints, nous proclamons ta gloire en chantant d'une seule voix :

Tous : Saint saint, saint…

Célébrant principal :

Père très bon, dès l'origine tu as formé le dessein de rassembler dans l'unité toute l'humanité et tu destines chaque être humain à devenir ton enfant. Quand les temps furent accomplis, tu as confié à ton Fils Jésus la mission d'inaugurer ton Règne. Génération après génération, tu as suscité des apôtres pour annoncer cette Bonne Nouvelle et pour témoigner de la nouvelle création. Aujourd'hui, tu nous appelles à être apôtres, et à n'être que cela. Tu nous rassembles en communautés témoins, pour aller à la rencontre de chacun et de chacune, quelle que soit sa culture ou sa religion. Tu nous inspires de consacrer notre vie pour ceux et celles qui sont exclus, méprisés ou exploités. Tu nous demandes de nous faire tout à tous. C'est ainsi que nous nous rassemblons autour de ton autel pour renouveler l'alliance que Jésus a scellée dans son sang.

Concélébrants :

Nous te supplions de consacrer toi-même les offrandes que nous apportons. Sanctifie-les par ton esprit pour qu'elles deviennent le corps et le sang de ton fils, Jésus-Christ notre Seigneur qui nous a dit de célébrer ce mystère.

La nuit même où il fut livré, il prit du pain, en te rendant grâce, il le bénit, le rompit, et le donna à ses disciples en disant :

PRENEZ ET MANGEZ-EN TOUS,
CECI EST MON CORPS LIVRÉ POUR VOUS.

De même, à la fin du repas, il prit la coupe. En te rendant grâce, il la bénit, et la donna à ses disciples en disant :

PRENEZ ET BUVEZ EN TOUS
CAR CECI EST LA COUPE DE MON SANG,
LE SANG DE L'ALLIANCE NOUVELLE ET ÉTERNELLE
QUI SERA VERSÉ POUR VOUS ET POUR LA MULTITUDE
EN RÉMISSION DES PÉCHÉS.
VOUS FEREZ CELA EN MÉMOIRE DE MOI.

Célébrant principal : Il est grand le mystère de la foi !

Concélébrants :

En faisant mémoire de ton fils, de sa passion qui nous sauve, de sa glorieuse résurrection, de son ascension dans le ciel, alors que nous attendons son dernier avènement, nous présentons cette offrande vivante et sainte pour te rendre grâce.

Concélébrant 1 :

Ouvre nos cœurs à ton Esprit. Rends-nous dociles à ses inspirations et garde-nous disponibles pour nous laisser guider là où le charisme de nos instituts missionnaires nous appelle.

Concélébrant 2 :

Donne-nous d'être unis de cœur avec le pape François, notre évêque..., et tous les évêques, et avec tous les membres de l'Église universelle. Que tel un ferment, celle-ci réveille les consciences, mobilise les générosités et témoigne de ton amour paternel pour tous tes enfants.

Concélébrant 3 :

Nous prions aussi pour nos instituts missionnaires. Que les grâces de l'année jubilaire de 150 ans de fondation ravivent en nous le zèle et l'ardeur missionnaires de nos prédécesseurs pour aller à la rencontre de l'autre, de nos frères et de nos sœurs musulmans et de tous ceux et celles qui vivent dans l'insécurité ou sont en recherche d'un havre de paix. Et qu'ainsi nous puissions contribuer à la venue de ton Règne.

Concélébrant 4 :

Nous prions pour la Maison Commune, et en particulier pour la Terre d'Afrique touchée par les conséquences du changement climatique : les tempêtes, les tornades et autres ouragans qui dévastent ses campagnes et ses cités. Inspire-nous et toutes les personnes de bonne volonté à nous mobiliser pour enrayer la désertification des forêts, la pollution de nos cités, l'exploitation abusive du sous-sol qui dégradent notre Maison Commune.

Concélébrant 5 :

Accorde-nous, Père très bon, de vivre en communion avec Notre-Dame d'Afrique, Saint Joseph, le père adoptif de Jésus, avec tous les Martyrs et tous les Saints d'Afrique, avec nos bienheureux Martyrs d'Algérie - Alain, Charles, Jean et Christian - avec Charles Lavigerie et Mère Salomé, et avec tous nos confrères et consœurs qui nous ont précédés. Une fois notre pèlerinage sur terre achevé, accueille-nous avec eux tous, dans ton Règne, où nous pourrons, avec la création toute entière enfin libérée du péché et de la mort, te glorifier par le Christ Notre-Seigneur par qui tu donnes au monde toute grâce et tout bien.

Concélébrants :

Par lui, avec lui et en lui, à toi Dieu le Père tout-puissant, dans l'unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire, pour les siècles des siècles. Amen.

Résolution de l’ONU sur Jérusalem :
le vote français provoque des réactions de la communauté juive

 

Le grand rabbin de France, le Consistoire central et le Crif ont vivement critiqué, lundi 6 décembre, le vote de la France en faveur d’une résolution de l’ONU sur Jérusalem qui préconise, selon eux, de désigner le site de l’esplanade des Mosquées uniquement par sa dénomination arabe, en omettant la terminologie juive de « mont du Temple ».

  • Juliette Paquier, 

 

Résolution de l’ONU sur Jérusalem : le vote français provoque des réactions de la communauté juive
 
Le mur des lamentations, à Jérusalem, en décembre 2017 (photo d’illustration).STEFANIE JÄRKEL/DPA/MAXPPP

      « Choc »« honte »« inacceptable »… Les représentants des communautés juives ne mâchent pas leurs mots pour qualifier le vote de la France en faveur d’une résolution de l’ONU sur Jérusalem, lors du débat annuel sur la question de la Palestine, mercredi 1er décembre.

Selon le président du Consistoire central, Élie Korchia, le grand rabbin de France, Haïm Korsia, ou encore le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Francis Kalifat, cette résolution vise à désigner l’esplanade des Mosquées, à Jérusalem, uniquement par sa dénomination arabe (Haram Al-Charif), sans évoquer son appellation juive « mont du Temple ».

→ À LIRE. À Jérusalem, une attaque au couteau ravive le débat sur la « neutralisation »

Dans un communiqué commun, publié lundi 6 décembre, le président du Consistoire central et le grand rabbin expriment leur « regret et amertume » face à la décision de l’ONU qui, selon eux, « continue de nier tout lien entre les juifs et le mont du Temple ». L’institution juive se dit « d’autant plus choquée par cette décision, que la position française s’était réorientée ces dernières années, de manière à garantir une situation plus équilibrée sur le dossier israélo-palestinien ». Francis Kalifat a, lui, fait part sur Twitter de sa déception et de son incompréhension face au vote français et réclame des « explications ».

Une terminologie « habituelle » pour désigner l’esplanade

Une position qui surprend l’historien spécialiste de la ville de Jérusalem Vincent Lemire, qui explique que le terme « esplanade des Mosquées » est l’expression « habituelle » pour décrire ce lieu dans les résolutions de l’ONU. « Il n’y a jamais eu de résolution comportant la mention “mont du Temple” », ajoute-t-il.

L’assemblée générale de l’institution internationale a en effet adopté une résolution concernant la ville de Jérusalem, dans le cadre de son débat annuel sur la question de la Palestine. Parmi les préconisations, figure la formule de « maintenir inchangé le statu quo historique sur l’esplanade des Mosquées ». Une tournure régulièrement utilisée dans les résolutions de l’ONU et « consensuelle » selon le maître de conférences à l’université Paris-Est, « contestée seulement depuis quelques années par le gouvernement israélien », qui lui préférerait celle de « mont du Temple ».

En outre, le vote de la France en faveur de cette résolution n’est pas un fait nouveau, puisque le pays a toujours voté en sa faveur. « La polémique autour de la terminologie de ce lieu dans les textes internationaux est une polémique créée par le gouvernement de Netanyahou », explique Vincent Lemire. « Si le Consistoire reprend cette position, cela montre que la campagne israélienne a une certaine efficacité », constate-t-il.

Cette résolution s’inscrit dans un contexte géopolitique complexe autour du conflit israélo-palestinien. Elle a été présentée par plusieurs pays arabes, dont l’Algérie, l’Arabie saoudite, l’Égypte, le Qatar, mais aussi l’Autorité palestinienne. Parmi les 11 pays qui se sont opposés au texte, figure notamment le Royaume-Uni.

Mont du Temple ou esplanade des Mosquées, un lieu saint au cœur des tensions

Selon le site des Nations unies qui retranscrit les débats lors de l’adoption d’une résolution, « Israël a dénoncé des résolutions qui ignorent les racines juives de Jérusalem, désignée, dans les résolutions, que sous son seul nom arabe ». Tandis que le Royaume-Uni, « soutenu par la Norvège, le Brésil », a « insisté sur le vocable “Haram Al-Charif/mont du Temple”, contrairement au libellé de la résolution », raison pour laquelle il a voté contre la résolution.

Située au cœur de la Vieille Ville de Jérusalem, cette esplanade accueille le dôme du Rocher, un des lieux saints de l’islam. Pour les juifs, ce lieu, appelé le mont du Temple, correspond à l’esplanade sur laquelle se trouvait le temple de Salomon, construit au Xe siècle avant J.-C. Depuis la prise de la Vieille Ville par les Israéliens pendant la guerre des Six Jours en juin 1967, l’esplanade est administrée par la Jordanie. Un statu quo autorise uniquement les musulmans à venir y prier. Comme les visiteurs de n’importe quelle confession, les juifs peuvent accéder au site mais non y prier.

Cette interdiction a été renforcée par une décision du grand rabbinat d’Israël rappelant que, sur cette esplanade, se trouvait le saint des saints du Temple, siège de la présence terrestre de Dieu, où seul le grand prêtre pouvait pénétrer. Mais depuis quelques années, des juifs extrémistes revendiquent de pouvoir le faire.

 

«Lingui» de Mahamat-Saleh Haroun, le combat des femmes, au Tchad et ailleurs

 
 

C’est jusqu’ici le film le plus féministe du cinéaste tchadien. Dans « Lingui », Mahamat-Saleh Haroun a mis son art des images au service du combat contre l’excision et la soumission des femmes. Après être reparti bredouille des palmarès du Festival de Cannes, du Fespaco à Ouagadougou et aussi des Journées Cinématographiques de Carthage, « Lingui » sort ce mercredi 8 décembre dans les salles en France. 

L’avortement et l’excision se trouvent au cœur de cette histoire tragique tournée dans les faubourgs de Ndjamena, au Tchad. Une histoire à la fois très africaine et en même temps universelle, car elle aurait pu être tournée aussi dans d'autres pays africains et sur d’autres continents. Lingui questionne de façon frontale des liens et valeurs considérés comme sacrés dans une société patriarcale comme le Tchad : l’interdiction absolue de l’interruption volontaire de grossesse, mais aussi la pratique de l’excision, cette mutilation rituelle consistant en une ablation du clitoris qui est considérée en France comme un crime puni par la loi. Heureusement, grâce à la force des images d’une beauté renversante, Mahamat-Saleh Haroun réussit à inscrire et transformer cette réalité terrible en une utopie optimiste.

Si l’on devait choisir une seule scène de ce film merveilleux, ce serait celle du début. Là où Amina est en train de se décarcasser pour faire sortir d’un ancien pneu de camion des fils d’acier pour tisser ensuite de magnifiques paniers. Une fois qu’elle a fait renaître la matière sous une autre forme, la mère quitte sa maison modeste pour aller chercher un avenir, pour sa fille de 15 ans et soi-même. Habillée d’une robe orange ocre épousant le soleil et le sable, et avec trois paniers sur la tête et deux dans les mains, elle se promène, dégageant une grâce divine. Pourtant, il faut se rappeler : elle est juste en train d’aller en ville pour vendre ses paniers dans la rue ou sur le marché.

Mahamat-Saleh Haroun et la beauté des gestes

À l’image d’un peintre, Mahamat-Saleh Haroun dégage toutes les choses superflues ou superficielles de ses compositions pour aller à l’essentiel. Projetées sur grand écran, il nous permet de vivre et voyager avec ses personnages, de bouger comme eux dans ce paysage naturel et humain dans lequel il nous a embarqués comme un capitaine dans sa pirogue.

Le réalisateur tchadien adore donner du temps au temps. Son cinéma puise son énergie dans la beauté des gestes et des couleurs, la grâce des silhouettes et paysages, les profondeurs de l’humanité exprimées au travers des voix d’hommes et de femmes.

Depuis toujours, il refuse de soumettre ses images à une obligation d’une quelconque action. Un homme qui crie, prix du Jury au Festival de Cannes en 2010, raconte une histoire père-fils avec en toile de fond la guerre civile au Tchad, dans laquelle Haroun lui-même a été blessé avant de s’exiler longtemps en France. En 2013, il présentait à Cannes Grigri, une histoire d’amour entre un jeune danseur handicapé et une jeune prostituée. Et quatre ans plus tard, il était de nouveau en lice pour la Palme d’or avec son documentaire sur l’ancien président et dictateur tchadien Hissène Habré, sans lequel il « ne serai(t) jamais parti du Tchad ».

La violence et les tabous

Dans Lingui, Mahamat-Saleh Haroun ralentit encore une fois ostentatoirement le rythme des images. Celui-ci reste lent jusqu’à la fin. En revanche, dans nos têtes, l’histoire s’accélère et nous mène vers d’autres horizons. L’histoire de Lingui – les liens sacrés  semble simple. Une fille de 15 ans se retrouve enceinte et risque de répéter le destin tragique de sa mère. Comme sa fille aujourd’hui, Amina a été abandonnée par le père de l’enfant, renvoyée de l’école. Jusqu’à aujourd’hui, elle doit durement travailler pour survivre, sa famille ayant coupé tout contact avec elle. Et depuis qu’elle est devenue une fille-mère, plus personne ne la respecte dans cette société dominée par la religion musulmane.

Donc, comment sortir de cette impasse ? Maria veut à tout prix avorter pour ne pas subir le même sort que sa maman. Mais cet acte devenu banal dans beaucoup de sociétés occidentales est doublement interdit au Tchad, et par la religion musulmane et par la loi qui prévoit cinq ans de prison.

Les hommes, la religion et l’hypocrisie

Mahamat-Saleh Haroun - éphémère ministre de la Culture au Tchad de 2017 à 2018, un poste qu’il a quitté officiellement pour « des raisons personnelles » fait surgir à l'écran de mille manières les contradictions entre les paroles et les actes régnant partout dans la société tchadienne. Celle de la religion (« on est tous des frères ») qui veille surtout à ce que les femmes restent à la place décidée par le patriarcat. Il y a aussi l’hypocrisie des hommes dont les actes contredisent souvent leurs paroles. Sans oublier l’école qui met la chimère de la réputation de l’établissement au-dessus de sa mission éducative. Puis, le détail qui tue : dans le film, le seul homme de bonne volonté échoue lamentablement.

Reste alors la solidarité entre les femmes maltraitées par la société. Elles ne cessent de chercher des solutions à des problèmes considérés comme insolubles. Elles seules portent le changement, souvent introduit par des détours, des actions dans l’ombre, tout en faisant semblant de respecter la tradition et les règles de cette société qui les enferment. Les femmes sont conscientes que l’heure n’est pas encore venue pour réclamer ouvertement le respect et un changement.

La réalité, le cinéma et l’imaginaire

Avec sa fin heureuse, le conte de fées cinématographique de Mahamat-Saleh Haroun est probablement loin des réalités au Tchad. Et dommage que quelques scènes donnent l’impression d’une note pédagogique tournée plus vers un public occidental qu’africain ou universel. Néanmoins, le plus grand mérite du film reste intact : esquisser l’horizon d’un possible changement et désigner les actrices de ce bouleversement. Surtout nourrir notre imaginaire avec des images d’une beauté époustouflante. C’était toujours le combat pour les rêves et l’engagement pour les utopies qui ont fait avancer les sociétés.