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Tchad : où en sont les préparatifs au pré-dialogue avec les mouvements rebelles ?

 rebelles

 

La délégation du comité technique chargé de la participation des mouvements politico-militaires au dialogue national inclusif est actuellement en mission au Qatar pour organiser un pré-dialogue. (image d'illustration) GIUSEPPE CACACE AFP

 

C’est en principe ce vendredi que la délégation du comité technique chargé de la participation des mouvements politico-militaires au dialogue national inclusif achève sa mission préparatoire à Doha au Qatar. Avant l’ouverture du dialogue national inclusif, annoncé pour le 15 février prochain par le président du Conseil militaire de transition, il fallait régler certains détails relatifs à la participation des mouvements rebelles.

Avec notre correspondant à Ndjamena, Madjiasra Nako

Alors qu’à Doha la délégation tchadienne discutait avec les autorités qatariennes sur les conditions pratiques de l’organisation de ce pré-dialogue, une autre série de réunions se tenaient à Khartoum au Soudan avec les mouvements politico-militaires sur les conditions de leur participation à cette rencontre.

« Nous ratissons large parce que beaucoup de micro mouvements ont été créés à partir du Soudan depuis 2009 », explique un membre du comité technique spécial. Jusqu’à ce jeudi, 11 mouvements ont déjà accusé réception de l’invitation qui leur a été transmise. Des personnalités en exil mais sans attache au sein de groupes ont aussi été conviées au pré-dialogue de Doha.

► A lire aussi : Tchad: les préparatifs des discussions à Doha entre autorités et rebelles s'accélèrent

Pendant ce temps, une commission technique a recensé les immeubles des membres de ces mouvements politico-militaires expropriés par l’Etat ou simplement spoliés par des particuliers, en vue de leur restitution.

A leur retour, les deux missions doivent rendre compte de leurs travaux et c’est à ce moment que l’on en saura plus sur le nombre des participants et le calendrier du pré–dialogue de Doha.

 A lire aussi : Tchad : le pré-dialogue avec les mouvements politico-militaires bientôt sur les rails?

Burkina Faso : qui est le lieutenant-colonel Zoungrana, l’officier suspecté de préparer un coup d’État ?

Mis à jour le 12 janvier 2022 à 20:17
 

 

Avec le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana, huit autres militaires ont été interpellés. © DR

 

Militaire aux compétences reconnues, écrivain à ses heures perdues et proche de l’ancien ministre Cheriff Sy, Emmanuel Zoungrana a été interpellé le 10 janvier. Les arrestations se poursuivent dans son entourage.

Il était réputé comme un des officiers prometteurs de l’armée burkinabè. Une de ses têtes « bien faites », diplômé d’un baccalauréat français option philosophie et qui, sur son temps libre, aime écrire des romans. Auteur de plusieurs ouvrages, le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana a aussi sa propre maison d’édition et est un habitué de la Foire internationale du livre de Ouagadougou (Filo).

Le 10 janvier, l’officier-écrivain a été mis aux arrêts. Comme Jeune Afrique l’a révélé, il est suspecté par les autorités d’avoir préparé une tentative de coup d’État. Huit autres militaires ont également été interpellés dans cette affaire. Selon une source sécuritaire, les investigations se poursuivent et plusieurs autres arrestations sont en cours, tant au sein de l’armée que parmi des civils.

Dans un communiqué, le parquet militaire indique qu’il a été saisi, le 8 janvier, « d’une allégation de projet de déstabilisation des institutions que projetait un groupe de militaires » par « dénonciation d’un membre de la bande ». D’après des sources concordantes, c’est sur la base d’informations obtenues par les services de sécurité que le lieutenant-colonel Zoungrana et ses complices présumés ont été arrêtés. Un certain Sankara, officier issu du 12e régiment d’infanterie commando en poste au service national de développement (SND) à Ouahigouya, fait partie des personnes interpellées. « Au moins deux officiers font partie des militaires mis aux arrêts. Les arrestations continuent toujours, la procédure n’est pas finie », glisse une source sécuritaire. Le chauffeur du lieutenant-colonel Zoungrana et le trésorier de son ancien régiment ont également été arrêtés.

Rôle trouble

Âgé d’une quarantaine d’années, le lieutenant-colonel Zoungrana est diplômé du Prytanée militaire du Kadiogo (PMK), qui forme les officiers de l’armée burkinabè, affiche un beau CV. Passé par le centre d’entraînement commando de Pô, il a été commandant du secteur ouest du groupement des forces de sécurisation du Nord et a dirigé le 25e régiment parachutiste commando (RPC), basé à Bobo-Dioulasso.

Lors de la résistance contre le coup d’État perpétré par le général Gilbert Diendéré, en 2015, il avait joué un rôle trouble alors que les jeunes officiers hostiles aux putschistes convergeaient vers la capitale pour les forcer à déposer les armes. Officier aguerri aux combats et décrit pour son caractère trempé, Zoungrana avait dirigé en 2021 la création d’une unité des forces spéciales, dénommée « Mamba ».

Mécontentement latent au sein de l’armée

Jusqu’à encore récemment, il était le chef de corps du 12e régiment d’infanterie commando (RIC) à Ouahigouya. Il avait été relevé de ce poste le 16 décembre par décret présidentiel, non par faute professionnelle, mais parce qu’il faisait partie d’un plan de renouvellement de hiérarchie. Douze autres chefs de corps avaient alors été remplacés.

Depuis l’attaque d’Inata, qui a coûté la vie à 53 gendarmes, mi-novembre, le mécontentement est latent au sein de l’armée et les rumeurs de putsch – plus ou moins fondées – n’en ont été que renforcées. Instructions ont notamment été données à différents services de scruter de près certains jeunes officiers. Parmi eux, le lieutenant-colonel Zoungrana et d’autres chefs de corps.

L’officier était aussi connu pour être proche de Cheriff Sy, l’ex-ministre de la Défense, limogé en juin 2021 après le massacre de Solhan. De quoi alimenter toutes sortes de spéculations sur son éventuelle implication, voire sur sur la possibilité d’un complot monté contre lui par ses rivaux.

VIH aujourd’hui : ce qu’il faut savoir

De récentes études et publications sont venues confirmer l’absence de transmission au sein de couples sérodifférents dont le partenaire séropositif avait une charge virale indétectable. Même en pleine crise Covid, la prévention est nécessaire. Enfin, gros plan sur une nouvelle génération de séropositifs, plus emblématique que jamais.

 

 

En 2019, le prestigieux journal médical The Lancet publiait les résultats d’une étude nommée « PARTNER 2 ». Ces résultats venaient compléter les résultats de l’étude PARTNER 1 dont les résultats avaient été publiés en 2016 dans une autre grande revue (JAMA). Ces deux études recherches avaient pour but d’identifier le risque de transmission du VIH chez les couples hétérosexuels et homosexuels dits « discordants », autrement dit, les couples au sein desquels un des partenaires est séropositif et prend un traitement contre le VIH et l’autre partenaire est séronégatif [1].

Les études PARTNER ont été menées sur 75 sites dans 14 pays européens. Première étude : un partenaire séropositif prenait un traitement antirétroviral et avait atteint une charge virale indétectable, et les couples participants, tous hétérosexuels, avaient déclaré avoir eu des relations sexuelles sans protection. La seconde étude a été effectuée uniquement sur des couples homosexuels (495 couples et 76 088 relations sexuelles non protégées).

Les résultats des deux études ont concordé : que soient chez les couples hétérosexuels ou chez les couples homosexuels le traitement empêche la transmission du VIH lors de rapports sexuels sans préservatif, en présence d’une charge virale indétectable. Il n’y a eu aucune transmission du virus par les partenaires prenant un traitement. Ces résultats corroborent le message I = I (indétectable = intransmissible). Ceci nous conforte toutes et tous dans l’idée qu’un dépistage précoce et un traitement contre le VIH préviennent efficacement la transmission du VIH et la diffusion de l’épidémie.

Séropositifs : nouvelle génération, nouvelle considération

Depuis 30 ans, le regard porté sur les personnes atteintes par le virus du sida a évolué. Et les séropositifs ont aussi décidé de vivre leur vie au grand jour. La visibilité est une arme essentielle pour lutter contre les discriminations et les préjugés.

Ils vont, vivent et deviennent …  

Au-delà des militants, de plus en plus de personnalités s’affichent, à l’instar du basketteur, Magic Johnson, qui, en 1991, défiant les stigmatisations autour du VIH et du sida, avait annoncé sa séropositivité en conférence de presse. Il jouera un rôle essentiel pour la sensibilisation et l’acceptation de cette maladie. Les drag-queens Ongina et Trinity K. Bonet affichent également leur situation. Lors de leur participation à l’émission RuPaul’s Drag Race, ces deux personnalités ont annoncé, avec simplicité, leur séropositivité. Depuis, elles sont suivies par des centaines de milliers de personnes sur les réseaux sociaux. Elles y évoquent régulièrement leur quotidien.

Des personnalités du monde artistique se sont également engagées contre le sida. La Princesse Stéphanie de Monaco qui, au travers de son association, a effectué de multiples voyages en Afrique du Sud. Ce même pays où l’actrice Charlize Theron s’est illustrée dans la lutte contre le sida. En 2017, elle avait tenu à passer du temps avec des filles et adolescentes de Soweto. Dans le township de Johannesburg frappé, elle y a délivré des conseils de prévention, invitant les autorités de son pays à passer aux actes.


[1] Sources : JAMA, 2016. Rodger AJ, Cambiano V, Bruun T, et al. Sexual Activity Without Condoms and Risk of HIV Transmission in Serodifferent Couples When the HIV-Positive Partner Is Using Suppressive Antiretroviral Therapy. JAMA 2016, 316:171-81.
The Lancet . Rodger AJ, Cambiano V, Bruun T, Vernazza P, Collins S, Degen O, et al. Risk of HIV transmission through condomless sex in serodifferent gay couples with the HIV-positive partner taking suppressive antiretroviral therapy (PARTNER): final results of a multicentre, prospective, observational study. Lancet. 2019;393(10189):2428-38

Le télescope James Webb a déployé son miroir, dernière étape cruciale

Les faits

Samedi 8 janvier, le télescope spatial James Webb a achevé le déploiement de son miroir principal. L’opération, qui avait commencé la veille, marque la dernière étape pour l’engin avant son arrivée à destination et le début des tests.

  • Audrey Dufour, 
Le télescope James Webb a déployé son miroir, dernière étape cruciale
 
Grosse fleur dorée composée de 18 segments hexagonaux, le miroir principal (en jaune) est actuellement plié comme un burrito.NASA GSFC/CIL/ADRIANA MANRIQUE GUTIERREZ

Cela fait désormais 14 jours que le télescope spatial James Webb a quitté la Terre pour rejoindre son point d’observation, à 1,5 million de kilomètres de là. La mise en place complète n’est pas prévue avant fin janvier, le temps de s’insérer dans l’orbite voulue, au point dit de Lagrange 2. Mais ce samedi 8 janvier, James Webb a achevé la dernière étape de son déploiement, avec celle du miroir principal de 6,5 mètres de diamètre, commencé la veille.

→ GRAND FORMAT. Télescope James Webb : à la recherche des origines de l’univers

Avant lui, le télescope a commencé par orienter ses panneaux solaires pour avoir l’énergie nécessaire à toutes les opérations. Ensuite, il a ouvert son bouclier thermique, cinq couches d’un matériau appelé Kapton, qui doivent protéger l’observatoire et les miroirs de la chaleur du soleil. Le miroir secondaire, accroché au bout d’un mât, avait été paradoxalement le premier à être déployé il y a quelques jours. Nettement plus petit, avec 74 centimètres de diamètre, il doit servir à « rassembler » la lumière collectée par le miroir principal.

Grosse fleur dorée composée de 18 segments hexagonaux, ce miroir principal est actuellement plié comme un burrito. Une disposition rendue nécessaire pour faire rentrer l’engin dans la fusée Ariane 5 qui a assuré son départ pour l’espace. Désormais, le dépliage des ailes est au programme. Les deux parties latérales doivent venir se mettre en position. Au cours du week-end, les actionneurs, des petits moteurs, devront se mettre en route pour ajuster légèrement les segments, corriger la courbure du miroir et s’assurer que la fleur fonctionne comme une seule surface continue pour collecter la lumière de l’Univers.

Une technologie reprise en ophtalmologie

« Chaque segment sera aligné avec une précision comparable à un dix-millième de cheveu, décrit Lee Feinberg, chargé de la partie optique du télescope à la Nasa. Pour cela, il a fallu inventer comment faire. » Comment vérifier la position de chaque élément ? Comment dire au moteur « pousse un peu vers la droite » dans l’espace, où par définition il n’existe ni droite ni gauche ni haut ni bas ? Comment savoir si le miroir est uniforme, loin là-bas au-dessus de nos têtes ?

Pour répondre au problème, les ingénieurs ont innové dans les algorithmes et les analyseurs de front d’onde, une technique qui permet de détecter d’éventuels défauts optiques. Sur Terre, ces recherches pour assurer un œil parfait à James Webb vont servir à améliorer les techniques médicales en ophtalmologie. Elles permettront d’obtenir des analyses plus fines des yeux humains, dans les cas de cataracte par exemple.

Dans l’espace, l’œil doré du James Webb doit servir à collecter la lumière diffuse des « âges sombres », pas les tout débuts mais presque de l’Univers. C’est à ce moment que se forment les premières étoiles et les premières galaxies, environ 300 à 400 millions d’années après la naissance de l’Univers. Les premiers résultats ne devraient toutefois pas arriver avant l’été, le temps pour l’équipe internationale qui coordonne le télescope de s’assurer que tout fonctionne bien.

 

Côte d’Ivoire : à Abidjan, les six chantiers prioritaires d’une transformation capitale

Mis à jour le 9 janvier 2022 à 12:40
 

 

Vue aérienne du quartier d’affaires du Plateau, à Abidjan. © Macareux/ANDBZ/ABACAPRESS.COM

 

Vitrine et, souvent, porte d’entrée du pays, Abidjan fourmille de grands projets. On pense bien sûr au quatrième pont et au métro, mais la lagune et le port font aussi l’objet de toutes les attentions, tandis qu’un nouveau quartier des finances est sur les rails.

La Côte d’Ivoire tout entière est toujours en chantier, et la capitale économique, Abidjan, porte d’entrée et vitrine du pays, bénéficie de gros projets de développement. Le gouvernement du Premier ministre Patrick Achi a validé le nouveau programme national de développement (PND) pour la période 2021-2025. Ce plan ambitieux prévoit des investissements de plus de 59 000 milliards de F CFA (90 milliards d’euros), en priorité dans les infrastructures modernes qui amorceront le changement structurel du pays.

Ce plan reprend les différents projets qui n’avaient pas été réalisés lors des deux précédents quinquennats. L’achèvement du PND favorisera une reprise forte de la croissance à 8 % pour la période 2021-2025. À Abidjan, le cœur névralgique de l’économie nationale connaît d’importantes transformations. Plusieurs projets d’envergure sont en cours de réalisation pour doter la ville d’infrastructures modernes.

Le port d’Abidjan accélère sa transformation

La plateforme portuaire d’Abidjan est en chantier. L’un des défis de Hien Sié, directeur général du port, est de rendre ce dernier attractif et compétitif. Le manque d’investissement en l’espace de plus de vingt ans a favorisé le rattrapage du port par ses concurrents. « Nous accélérons les investissements. Notre problème est surtout lié à la congestion du port. Le boulevard qui traverse l’enceinte est aujourd’hui dépassé. Il avait été construit dans les années 1960, quand le port réalisait un trafic de 4 millions de tonnes », explique Hien Sié.

La compétitivité du port demeure un problème. La congestion de cette plateforme logistique impacte ses performances. Pour lever tous ses obstacles, Abidjan intensifie les projets et veut demeurer le principal port du golfe de Guinée et un hub, malgré les investissements accrus dans les sites concurrents de Tema au Ghana, Lomé au Togo ou Kribi au Cameroun. Ce vaste plan prévoyait entre autres l’élargissement et l’approfondissement du canal de Vridi, la principale voie d’entrée, pour permettre l’accès de grands navires marchands. Cette infrastructure financée à plus de 150 milliards de F CFA a été réalisée et livrée en février 2019. Le port attend la fin des travaux du deuxième terminal à conteneurs pour juillet 2022.

Ce joyau logistique de plus 727 milliards de F CFA repositionnera Abidjan comme l’un des hubs de la façade Atlantique de l’Afrique, entre Tanger au Maroc et Durban en Afrique du Sud. La capacité installée de 1,5 million de traitement de conteneurs doublera à 3 millions de TEU par an, mais encore loin de Tema et ses 3,7 millions de TEU. Le port poursuit sa stratégie de spécialisation de ses quais, en vue de rendre fluides les activités et opérations de manutention. Le chantier du terminal ro-ro dédié aux importations et exportations en vrac a été livré. D’autres projets, comme le quai céréalier porté par les Japonais, sont en cours de réalisation.

Pour juguler les engorgements, plusieurs remblaiements de la baie de Vridi ont été opérés afin de donner de la disponibilité en termes d’entrepôts de stockage et de disponibilité pour l’implantation de nouvelles unités industrielles. Un terminal minéralier plus moderne est en chantier, et un projet de création d’une zone logistique est prévu dans la nouvelle industrielle de PK24 d’Akoupé-Zeudji au nord d’Abidjan, aux abords de l’autoroute, l’axe routier principal qui relie la ville à une grande partie du pays. Tous les investissements sont estimés à plus de 1 500 milliards de francs CFA supportés par l’État, le port et les banques. Malgré le retard accusé avant les investissements massifs, le port d’Abidjan demeure le numéro un dans la région avec un trafic de 25 millions de tonnes de marchandises, suivi par Tema avec plus de 20 millions.

À terme, les nouvelles infrastructures marqueront le retour d’Abidjan dans le gotha des ports modernes et lui permettront de consolider sa place de hub sur la côte ouest-africaine. Le port demeure la locomotive de l’économie ivoirienne.

 

ICOAST-WEST-AFRICA-ENERGY


ICOAST-WEST-AFRICA-ENERGY © Un ingénieur devant les turbines de la centrale thermique d’Azito, en septembre 2016. © ISSOUF SANOGO/AFP

Le métro veut démarrer

Ce projet phare du chef de l’État Alassane Ouattara depuis son premier mandat sera opérationnel au plus tard en 2025. C’est le vœu de l’actuel Premier ministre Patrick Achi, qui a mobilisé toutes ses équipes pour lever les difficultés et avancer. Le gouvernement a entrepris d’accélérer le processus d’indemnisation. « Les indemnisations sont prêtes, nous ne pouvions pas faire déguerpir les emprises pendant l’année scolaire écoulée. Nous avons attendu les vacances pour lancer le processus », a expliqué Patrick Achi, qui a visité le tronçon de la ligne 1 en août dernier, en compagnie de certains membres du gouvernement, notamment les ministres Amadou Koné (Transports), Bruno Koné (Construction, Logement et Urbanisme) et Amadou Coulibaly (Communication, Médias et Francophonie).

La Côte d’Ivoire a entrepris l’indemnisation des populations installées sur les emprises du parcours, et une opération de déguerpissement s’ensuit. Le consortium Société de transport abidjanais sur rail (STAR), composé des français Bouygues Travaux Publics, Colas Rail, Alstom et Keolis, a créé une entreprise chargée des travaux, la société ivoirienne de construction du métro d’Abidjan, qui s’active sur les prémices du chantier. La ligne 1, qui reliera la commune d’Anyama, dans le nord d’Abidjan, à l’aéroport international Félix-Houphouët-Boigny, plus au sud-est, longue de 37,4 kilomètres, traversera les quartiers d’Abobo, d’Adjamé, du Plateau, de Treichville, de Marcory et de Koumassi. Le coût du projet est estimé à 1,36 milliard d’euros. Mais les retards accumulés devraient alourdir le budget définitif.

Après la signature de l’accord définitif en 2019, les travaux n’ont pas pu démarrer. Le projet devait être mis en service avant la compétition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de football, dont la Côte d’Ivoire est l’organisatrice en 2023. La matérialisation de ce projet vieux de plus de trente ans fera d’Abidjan la septième ville du continent africain à être dotée de ce mode de transport interurbain. Cette infrastructure de transport sera quotidiennement, selon les prévisions, par 540 000 personnes dans le district d’Abidjan.

Le secteur électricité en mode rattrapage

La dernière crise énergétique des mois de mars à juin a mis en lumière la fragilité et l’équilibre précaire du secteur de l’électricité. L’objectif du président Alassane Ouattara d’atteindre 40 00 mégawatts de capacité de production à l’horizon de 2020, affiché dès son arrivée au pouvoir en 2011, n’a pas été atteint. La capacité est de 2 230 MW. Des projets d’extension des deux plus importantes centrales thermiques du pays sont en cours. La première, opérée par le britannique Globeleq dans sa phase IV, augmentera sa puissance à plus de 253 MW sur son site de Yopougon Azito. Et Ciprel V, du français Eranove, construira dans la région de Jacqueville une centrale d’une capacité installée de 390 MW. Ces deux projets d’extension, qui apporteront un surplus de plus de 650 MW à la production nationale, nécessiteront un investissement de plus de 500 milliards de francs CFA, dont le financement est déjà bouclé. Sous pression, Thomas Camara, le ministre du Pétrole, des Mines et de l’Énergie, a visité les deux chantiers. « Ces centrales thermiques seront alimentées par du gaz naturel, explique-t-il. Il est important que nous nous assurions que, lorsque ces centrales seront sur le point de démarrer, le gaz soit disponible, prêt pour les alimenter. »

LE NOUVEL OBJECTIF DU GOUVERNEMENT EST D’ATTEINDRE 6 000 MW EN 2030, AVEC L’AMBITION DE DEVENIR LE HUB ÉNERGÉTIQUE DE L’AFRIQUE DE L’OUEST

Une troisième centrale de 372 MW est envisagée dans le district d’Abidjan, celle du groupe ivoirien Starenergie, en partenariat avec les chinois de China Energy Engineering Corporation (CEEC). Le bouclage du financement est prévu en 2022. La production d’électricité dans le district d’Abidjan et sur le territoire dépend fortement du secteur thermique, qui représente plus de 77,9 % (contre 22 % pour l’hydroélectricité provenant de cinq barrages opérationnels). Cependant, deux nouveaux sites sont en construction. Le nouvel objectif du gouvernement est d’atteindre 6 000 MW en 2030, avec l’ambition de devenir le hub énergétique de l’Afrique de l’Ouest.

La chère baie de Cocody

Lancé en 2018, le projet de sauvegarde et de valorisation de la baie de Cocody fait partie des aménagements les plus chers d’Abidjan. Ce projet, né de la coopération ivoiro-marocaine, nécessitera plus de 346,9 milliards de francs CFA, soit une contribution de l’État ivoirien à hauteur de 158,6 milliards de francs FCA plus 188,3 milliards de francs CFA mobilisés auprès des bailleurs de fonds. La partie marocaine joue quant à elle le rôle de prestataire – le marocain Marchica Med et plusieurs entreprises internationales et locales travaillent sur le site – payé par le gouvernement.

Dans sa conception, à la fin des travaux, cet endroit deviendra pour Abidjan l’équivalent de la tour Eiffel pour Paris, de Big Ben pour Londres ou de la statue de la Liberté pour New York. Ce projet devait être terminé pendant le deuxième quinquennat, mais de nombreux retards ont été enregistrés. Le modèle économique a également changé. L’État ivoirien a dû mobiliser des fonds auprès de plusieurs partenaires et de la Banque islamique de développement (BID).

LES CONCEPTEURS DU PROJET ONT IMAGINÉ UN CIRCUIT DE TRANSPORT LAGUNAIRE JUSQU’À L’AÉROPORT INTERNATIONAL D’ABIDJAN

La première phase portant sur le remblaiement des berges, le dragage complémentaire du fond de la lagune Ébrié et la réalisation de la plateforme de la future Marina sont en phase de finition. Les travaux actuellement en cours concernent à la fois la construction d’un échangeur, la réalisation d’une unité de triage de déchets solides, une station de traitement et de purification de l’eau de ruissellement. Cette phase permettra de créer la fluidité dans l’écoulement des eaux souvent ensablées, qui provoque inondations et congestion du trafic routier.

La construction d’un viaduc et d’un pont à haubans reliant le quartier de Cocody à celui du Plateau est programmée pour fluidifier la circulation. À terme, une marina verra le jour, avec un port de plaisance proposant des activités de loisirs, notamment des parcs d’aventure et des restaurants. Des hôtels de luxe sont prévus. Les concepteurs du projet ont imaginé dans la phase finale un circuit de transport lagunaire jusqu’à l’aéroport international d’Abidjan pour permettre aux voyageurs en transit de profiter de la baie.

Une cité pour booster les finances publiques

L’État ivoirien a pensé à concevoir un nouveau quartier des finances pour reloger certains grands services et directions. Ce projet comprend la construction d’un immeuble annexe adossé à la tour F des finances déjà existante. Dans le carré du quartier du Plateau, la cité administrative et des affaires d’Abidjan, s’élèvera une infrastructure immobilière ultramoderne de 14 étages à partir de la fin de 2022, si les délais de livraison sont respectés. Financée à hauteur de 15 milliards de francs CFA sur le budget de l’État, la nouvelle tour F des finances abritera 208 bureaux sur une superficie de 900 mètres carrés.

L’ancienne tour, bâtie au cours des années 1970, sera liée à la nouvelle par une passerelle de 30 mètres. L’entreprise sélectionnée pour réaliser cet immeuble est le cabinet d’architecture Arq’Urbis Concept, dirigé par l’Ivoirien Jean-Paul Monin, bien connu du secteur. Moussa Sanogo, ministre du Budget et du portefeuille de l’État, s’informe régulièrement de l’avancement du projet. Cette extension de la cité financière a un double but pour le gouvernement, qui veut en faire un symbole de l’excellente santé économique du pays. La tour, futuriste, sera classée dans la catégorie des bâtiments dits « intelligents », car dotée des dernières technologies dans le domaine.

Abidjan attend son quatrième pont

Le quatrième pont d’Abidjan qui reliera à la fois le grand quartier-dortoir et industriel de 2 millions d’habitants de Yopougon, au nord, au Plateau et à la commune commerçante et marchande d’Adjamé enregistre plusieurs mois de retard. L’ouvrage devait être livré à la fin de 2020, mais quelques difficultés sont apparues sur le chantier depuis le démarrage des travaux en 2018.

 

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Vue de la construction du 4e pont d’Abidjan, entre Yopougon et le Plateau, le 2 septembre 2019. © Sia KAMBOU / AFP

 

Ce pont aura une longueur totale de 7,2 kilomètres et s’intégrera dans une architecture routière d’autoroutes urbaines. Il sera le plus grand de Côte d’Ivoire avec deux fois trois voies, des échangeurs et un viaduc surplombant la baie du Banco, une forêt luxuriante en pleine ville. Le coût est estimé à 142,216 milliards d’euros, mais sera revu à la hausse, du fait des retards observés. Le délai supplémentaire est imputable à certains services de l’État qui n’ont pas pu parachever le déguerpissement des populations riveraines dans les délais prévus, à quoi s’ajoutent deux grèves du personnel local du chantier, qui demandait de meilleures conditions salariales et d’environnement de travail au groupe chinois China State Construction Engineering Corporation (CSCEC), en charge des travaux.

LE COÛT GLOBAL DU PROJET DE TRANSPORT URBAIN D’ABIDJAN EST ESTIMÉ À 769,78 MILLIONS D’EUROS

La pandémie de coronavirus a impacté la circulation des ingénieurs chinois du chantier. Enfin, le projet a dû être remodelé pour intégrer le nouveau système de déplacement urbain en gestation, le Bus Rapid Transit (BRT). Tous ces retards constatés ont agacé la Banque africaine de développement (BAD), principal bailleur du projet avec une mise de 150 millions d’euros. Le quatrième pont, à péage, permettra la circulation quotidienne de 70 000 véhicules et désengorgera l’autoroute, principale voie d’accès à la capitale économique depuis Yamoussoukro. Cette infrastructure est une composante du projet de transport urbain d’Abidjan, dont le coût global est estimé à 769,78 millions d’euros.