Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Terrorisme en Afrique de l'Ouest: l'Initiative d'Accra finalise à Cotonou une opération conjointe

 cotonou
 

La seizième conférence des chefs des services de renseignements des pays membres de l’Initiative d’Accra, mécanisme lancé en septembre 2017 pour mieux coordonner la lutte contre le terrorisme dans la sous-région, s'est achevée mercredi 13 avril à Cotonou. L'opération conjointe d’envergure baptisée « Koudanglou renforcée », en préparation depuis quelques mois, a été validée par les ministres de l’Intérieur des pays concernés qui étaient présents. 

avec notre correspondant à Cotonou, Jean-Luc Aplogan

Admis comme pays observateur avec le Niger, le Mali était absent, certainement à cause des sanctions de la Cédéao. Tous les autres pays membres de l'Initiative d'Accra, lancée en 2017, étaient représentés : Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d'Ivoire, du Ghana et du Togo. Une organisation dont l'action consiste à partager des informations, du renseignement, et à des opérations militaires conjointes.

Dans l'hôtel où se tenait la réunion, placé sous très bonne garde, les grands noms des services secrets de la sous-région. Les travaux ont été essentiellement consacrés au terrorisme avec une grosse inquiétude, celle de voir les groupes jihadistes sévir dans les pays côtiers.

► À lire aussi : Le Bénin renforce la coopération sécuritaire avec ses voisins face à la recrudescence d’attaques 

Le Bénin n'y a pas échappé : lundi seulement, alors que se tenait la réunion, une mine artisanale doublée d'une embuscade a fauché cinq militaires béninois. Comment faire face ? Se mobiliser, mieux s'organiser et riposter ensemble. Des actions communes ont été menées par le passé, il faut les poursuivre et les étoffer, a décidé la réunion.

► À lire aussi : au Ghana, réunion de l'Initiative d'Accra sur la sécurité régionale et sur la planification d'opérations

Une opération conjointe d'envergure était en préparation, elle a été validée par les ministres de l'Intérieur. Dernière étape, un changement important, l'opération ne va pas durer quelques jours seulement, elle sera planifiée sur douze mois. Selon nos informations, sept pays devraient y participer. Les zones frontalières seront les principales zones d'opération.

Burkina : Blaise Compaoré condamné, la réconciliation nationale enterrée ?

La lourde condamnation de l’ancien président dans le procès de l’assassinat de Thomas Sankara compromet-elle le retour du serpent de mer de la réconciliation nationale ? Et que dire de l’obscure situation de Roch Kaboré ?

Mis à jour le 11 avril 2022 à 16:02
 
Damien Glez
 

Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè

 

 ore

 

C’est à se demander pourquoi le poste de chef de l’État burkinabè fait toujours fantasmer les politiciens ambitieux et autres putschistes en herbe. Au Faso, les parcours présidentiels finissent toujours en queue de poisson, en dehors de celui du « transitoire » post-insurrection Michel Kafando – lequel a quand même subi une tentative de putsch. Maurice Yaméogo, Sangoulé Lamizana, Saye Zerbo, Jean-Baptiste Ouédraogo et Roch Marc Christian Kaboré ont dû déguerpir brutalement du palais. Thomas Sankara n’a pas eu la chance de survivre à l’expérience du pouvoir. Même le président de vingt jours Isaac Zida, exilé, a été radié de l’armée

Si Blaise Compaoré survécut vingt-sept ans au rodéo politique burkinabè, le voici non seulement en fuite, depuis 2014, mais désormais condamné, par contumace, à perpétuité pour l’assassinat de son prédécesseur. La sentence symboliquement plus lourde que les trente ans requis par le parquet militaire augure-t-elle d’une paralysie du processus de réconciliation nationale pourtant porté par ceux qui firent chuter Compaoré – notamment Zéphirin Diabré – et ceux qui permirent le procès en question – le régime Kaboré ? Du fond de sa vraie-fausse liberté, à domicile mais surveillé, Roch Kaboré médite peut-être sur le fameux triptyque « vérité, justice et réconciliation », lui qui aurait pu être le « miséricordieux » d’un Compaoré amnistié. Pour l’heure, le président renversé en janvier se demande plutôt à quelle sauce il sera lui-même mangé par les nouvelles autorités en treillis.

Catharsis judiciaire ?

De la cosmétique Journée du pardon, il y a deux décennies, au Forum national sur la réconciliation récemment avorté, il y a loin de la coupe des intentions aux lèvres des retrouvailles. Yéro Boly, frais émoulu ministre en charge de la Cohésion sociale et de la Réconciliation nationale, et ancien ponte du régime Compaoré, n’a pas encore dévoilé sa feuille de route. La Charte de transition ne s’appesantit guère sur le sujet.

LE PAYS DES HOMMES INTÈGRES A TOUJOURS ÉTÉ CITÉ EN EXEMPLE EN MATIÈRE DE COEXISTENCE RELIGIEUSE ET ETHNIQUE

Le procès Sankara ne fait qu’inaugurer une liste de rendez-vous judiciaires longtemps impossibles, qui concernent notamment le meurtre du journaliste Norbert Zongo, l’implication présumée des ministres du dernier gouvernement de Compaoré dans la répression de l’insurrection populaire d’octobre 2014 et tous actes de corruption massive que la rue dénonce, particulièrement ces derniers jours.

La catharsis judiciaire du putsch sanglant de 1987 aura-t-elle le mérite de ressusciter ce souffle sankariste de la réinvention de soi-même ? Pas sûr. Si la quasi-totalité des micros-trottoirs appelle celui-ci de ses vœux, une minorité à peine visible le défend dans les urnes. Les ressorts de l’Histoire commençant à être gravés, peut-être faut-il laisser les politiciens méditer et se concentrer sur la cohésion populaire, dans des régions fragilisées où le terrorisme aiguise certains ressentiments intercommunautaires ? Même perclus de soubresauts politiques, le pays des Hommes intègres a toujours été cité en exemple en matière de coexistence religieuse et ethnique.

La dette des pays africains suscite de l’appétit 

Analyse 

Depuis dix ans, les pays subsahariens se tournent vers les marchés pour emprunter. Cela leur permet de se financer rapidement, mais à des taux supérieurs à ceux des institutions mondiales.

  • Pierre-Henri Girard-Claudon, 
La dette des pays africains suscite de l’appétit
 
Vendeurs le long de la ligne de chemin de fer Abidjan-Ouagadougou, à Adjamé, un quartier populaire d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, le 29 mars 2022.LEGNAN KOULA/EPA-EFE/MAXPPP

Avril 2020. En pleine crise du Covid, les pays créanciers membres du Club de Paris, sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, décident de suspendre la dette de 48 pays, principalement en Afrique subsaharienne. Dans les faits, des dettes d’un montant de 13 milliards de dollars (11,9 milliards d’euros) voient leur remboursement différé, afin que les pays concernés puissent se concentrer sur les dépenses sanitaires.

Ce montant paraît relativement faible, et pour cause : les pays du Club de Paris, qui regroupe notamment les anciennes puissances coloniales, représentent moins de 20 % de la dette bilatérale (d’État à État, NDLR) des pays subsahariens, dette qui représente désormais seulement le quart de la dette externe de ces pays.

→ REPORTAGE. En Égypte, « plus rien n’est abordable », même le pain

Deux ans après, si cette mesure d’urgence a été saluée, beaucoup de pays d’Afrique accumulent les difficultés. D’après le Fonds monétaire international (FMI), plus de la moitié d’entre eux sont en situation de surendettement ou présentent un « risque élevé » de surendettement. Pire, plus aucun pays de la région n’est désormais membre de la catégorie « risque faible ». Au total, ces pays doivent plus de 400 milliards de dollars (366 milliards d’euros) à leurs créanciers.

Développement du marché obligataire

Les créanciers privés n’avaient pas rallié l’initiative de la suspension du service de la dette. Ils sont aujourd’hui les principaux prêteurs en Afrique subsaharienne. D’après la Banque mondiale, ils détenaient, en 2019, 43 % de la dette externe de ces pays. Dans la majorité des cas, ces emprunts ont lieu via le marché obligataire : des États, des collectivités locales, des banques ou de grandes sociétés privées y vendent directement leurs titres aux investisseurs professionnels

Principale source de financement de la région, pour avoir progressé en flèche depuis dix ans, ce marché cache des disparités entre les pays. Car qui dit marché, dit notation, et seule la dizaine de pays la mieux notée emprunte régulièrement par ce biais. Le Bénin ou la Côte d’Ivoire ont ainsi pu s’endetter ces derniers mois avec des taux compris entre 4 et 5 %, sur une durée de onze ans… À titre de comparaison, la France s’endette actuellement à moins de 1 % sur dix ans.

→ ANALYSE. Les créanciers privés compliquent le règlement de la dette africaine

Le développement du marché obligataire subsaharien est une conséquence du contexte macroéconomique favorable des dernières années. Les politiques de taux bas des banques centrales occidentales ont poussé certains investisseurs, à la recherche de rendements plus élevés, à se tourner vers ces marchés. « Sur le marché, on connaît le taux moyen de sortie (le taux d’intérêt, NDLR), le volume, mais pas l’identité du créancier, ce qui rend difficile de savoir précisément qui ils sont », détaille Thomas Mélonio, directeur de la recherche à l’Agence française de développement (AFD).

Remontée des taux

« Généralement, il s’agit de banques commerciales, de fonds d’épargne qui sont prêts à prendre des risques, poursuit-il. Ces acteurs sont dans une logique de diversification. On ne trouve que peu de fonds de pension traditionnels sur ce segment de marché, leurs stratégies privilégiant le plus souvent des placements moins risqués. »

Toutefois la tendance pourrait se retourner. Le retour de l’inflation en Europe et aux États-Unis, synonyme du resserrement du robinet du crédit dans ces États, pourrait conduire les banques centrales américaine et européenne à remonter leurs taux, pour que leurs économies restent attractives. Cela provoquerait une augmentation généralisée.

Par ailleurs, l’inflation sur le marché mondial des matières premières, chamboulé par la succession de la crise du Covid et de la guerre en Ukraine, devrait se répandre partout. Pour les États qui cumulent déficit commercial et déficit budgétaire, la hausse du coût des importations va se cumuler avec celle des taux d’emprunt.

« Fonds vautours »

D’autant que ces obligations sont généralement libellées en dollars, ce qui peut augmenter la charge de la dette lorsque leur monnaie nationale se déprécie. Pour se protéger de ce risque de change, les pays de la zone franc CFA ont donc choisi d’émettre des dettes en euros ces dernières années, leur devise nationale étant indexée sur la monnaie européenne.

En cas de défaut de paiement, le recours aux partenaires privés peut se muer en parcours du combattant. En effet, les dettes des pays en défaut sont généralement revendues, au risque d’atterrir dans les mains de « fonds vautours » spécialistes du recouvrement. Ces derniers traînent alors les États défaillants devant les cours anglo-saxonnes, qui leur donnent souvent raison.

Les institutions financières internationales, principalement le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, restent des acteurs précieux de la finance e, Afrique, avec près du tiers des financements alloués – en recul toutefois de sept points sur la dernière décennie.

Des taux inférieurs au marché

Leurs stratégies d’investissement diffèrent. Les financements du FMI visant surtout à mettre fin aux désordres de la balance des paiements des États. La Banque mondiale s’attelle au financement de projets particuliers et orientés vers le développement. L’octroi de ces prêts peut être conditionné, par exemple, à des réformes structurelles.

Les institutions internationales ne prêtent pas aux conditions du marché : leurs prêts sont dits concessionnels. Plus un État a des difficultés d’accès au financement privé, plus ces institutions s’avèrent propices pour lui prêter – à un prix plus modéré qu’un acteur privé. En 2020, la Banque mondiale a accordé des prêts concessionnels au taux moyen de 3,125 %, avec des échéances longues et d’éventuels délais de grâce.

→ LES FAITS. Moderna choisit le Kenya pour sa première usine de vaccins à ARN messager en Afrique

« Pour le développement de ces pays, il faut des investisseurs calmes, patients, avec du crédit à long terme à taux bas, explique Gregory Smith, ancien économiste à la Banque mondiale, auteur de Where Credit Is Due (1), une analyse sur la dette africaine. C’est ce que font la Banque mondiale et le FMI par exemple, mais ce n’est pas suffisant pour couvrir les besoins de financement de ces pays. » Ces financements couvrent moins du tiers des seuls besoins liés à l’atteinte des Objectifs de développement durable fixés par les Nations unies pour 2030.

Face à cette quête de financements, un autre acteur, étatique celui-ci, a fait sa place sous le soleil africain depuis une vingtaine d’années : la Chine, devenue aujourd’hui un des principaux créanciers de l’Afrique subsaharienne.

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Dette africaine, la règle des trois

Les créanciers de la région subsaharienne peuvent être divisés en trois catégories :

– Les créanciers privés, très largement trouvés sur le marché obligataire, et qui détiennent 43 % de la dette de ces pays. Les encours de la dette détenue par ces créanciers ont augmenté de 470 % depuis 2006.

– Les créanciers multilatéraux, principalement le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, détiennent 31 % de la dette, dont les encours ont augmenté de 179 % depuis 2006.

– Les créanciers bilatéraux, à savoir d’État à État : ils pèsent 26 % des prêts consentis aux pays d’Afrique subsaharienne. Près des deux tiers (62 %) sont contractés auprès de la Chine. Les encours de la dette détenue par ces créanciers ont augmenté de 123 % depuis 2006.

(1) Non traduit, 240 p., 26,90 €, C Hurst & Co Publishers Ltd.

Côte d'Ivoire: une carte à puce pour une meilleure traçabilité du cacao

 

Davantage de traçabilité, moins de risques. En Côte d’Ivoire, le Conseil Café Cacao (CCC) a lancé cette semaine la distribution d’une carte magnétique à destination de tous les producteurs ivoiriens. L'objectif est de contrôler davantage les flux de fèves et leur permettre d’effectuer des transactions sécurisées. 

Avec notre correspondant à Abidjan, Pierre Pinto

C’est à la fois une carte bancaire et une carte d’identification. Il y figure un QR code qui permet d’avoir l’identité du planteur, mais aussi la superficie de son verger ou le nombre de personnes vivant dans son ménage. Elle comporte également un puce bancaire pour permettre d’effectuer des transactions lors de la commercialisation des produits mais encore de faire des dépôts et des envois d’argent. 

La carte permet aussi de vérifier que les prix garantis en début de campagne sont respectés. Enfin, elle évite le transport de cash et donc limite les risques de vol ou de braquage. La carte est destinée à tous les planteurs de café et cacao de Côte d’Ivoire. Ils sont un peu moins d’un million selon les chiffres du recensement effectué par le CCC en 2019 et 2020. « Sur le principe c’est rassurant notamment sur le plan de la sécurité. Mais on attend de voir comment ca va s’organiser notamment dans les zone ou il n’y a pas de connexion ou pas de réseau téléphonique », commente le responsable d’une organisation de producteurs joint par RFI.

Cette carte est une nouvelle étape dans le programme de traçabilité du cacao ivoirien. L’objectif c’est de pouvoir suivre le parcours d’une fève de l’arbre au bateau pour à terme, pouvoir éliminer le travail des enfants et la déforestation de la chaine de productions, comme le réclament de plus en plus les marchés américains et européens. Selon le recensement du CCC, 15% des superficies exploitées se trouvent dans des forêts classées. 29% des enfants de ménages de planteurs, en age d’être scolarisés, ne le sont pas.

►À lire aussi : La Côte d’Ivoire, championne du monde du cacao: à quoi bon?

L'Afrique de l'Ouest et le Sahel tentent de mobiliser des fonds pour éviter la famine

 

27 millions de Sahéliens sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë, ce chiffre pourrait monter à 38 millions si rien n’est fait d’ici juin prochain. Jamais depuis vingt ans le Sahel et les pays du lac Tchad n’ont connu une telle crise. Mercredi 6 avril à Paris, au siège de l’OCDE s’est tenue une consultation réunissant les pays concernés et les organisations régionales et internationales. L’heure est à la mobilisation, avec un mot d’ordre : la crise ukrainienne ne doit pas faire oublier la crise au Sahel. 

Devant les représentants européens, ceux des organisations onusiennes et des instances africaines, Mohamed Bazoum, le président nigérien n’y est pas allé par quatre chemins. « Mesdames et messieurs, les catastrophes causées par les aléas naturels et les conflits représentent une menace importante pour le développement durable et la paix. Il s’agit, maintenant, et tous ensemble, de nous engager résolument dans l’action. »

Alors que 27 millions de Sahéliens souffrent de la faim et que d'ici à deux mois 10 à 12 millions de personnes supplémentaires pourraient les rejoindre, il y a urgence à mobiliser des fonds. Mais alors que l’an dernier, il manquait quatre milliards de dollars pour satisfaire les programmes onusiens, Mohamed Bazoum est inquiet. 

« Je lance cet appel avec d’autant plus d’inquiétude que je constate que, malgré l’accroissement des besoins dans les régions, les financements des plans de réponse humanitaire sont en constante baisse depuis 2012. Et que tous les pays concernés terminent l’année 2021 en ayant financé à peine la moitié de leurs plans de réponse humanitaire », déplore-t-il. 

Les graves répercussions de la guerre en Ukraine pour l’Afrique de l’Ouest

Le pessimisme est d’autant plus fort en Afrique que les dirigeants mondiaux ont les yeux rivés sur la guerre en Ukraine et ses millions de réfugiés. Guillaume Compain, chargé de campagne de l’ONG britannique Oxfam, redoute de voir les autres crises passer au second plan.

C’est vraiment une de nos craintes. Évidemment, on est ravi qu’une réponse humanitaire soit apportée en soutien, et nous ne lançons pas un appel à réduire les financements pour l’Ukraine. Mais en revanche, ce que l’on attend des bailleurs, c’est de soutenir l’ensemble des crises qui touchent le monde actuellement, et que le soutien aux Ukrainiens ne se fasse pas au détriment des populations d’Afrique de l’Ouest. 

Si la crise au Sahel est due à la fois aux conflits et aux déplacements de population, à la sécheresse et aux conséquences de la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine aura, cette année, des répercussions graves pour l’Afrique de l’Ouest. Notamment à cause du manque d’engrais russe et biélorusse, comme l’a souligné lors de la conférence à Paris, Jean-Claude Kassi Brou, le président de la Commission de la Cédéao 

« L’Afrique de l’Ouest devrait enregistrer un déficit de consommation d’engrais compris entre 1,5 à 2 millions de tonnes pour 2022. Ce volume correspondant à un déficit prévisionnel estimé - pour les récoltes de vivrier - entre quinze et vingt millions de tonnes équivalent céréales », détaille Jean-Claude Kassi Brou. 

La crise qui dure depuis plus de quatre ans au Sahel ne connaîtra donc aucun répit. Ni cette année ni l’an prochain.