Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Tchad: le DNI annoncé au 10 mai ne pourra se faire avec les politico-militaires, selon Evariste Ngarlem Toldé

Les discussions ne progressent pas à Doha où sont rassemblés les mouvements politico-militaires tchadiens participant au pré-dialogue avec le gouvernement. Et le politologue Evariste Ngarlem Toldé craint que ces mouvements soient exclus du prochain Dialogue national inclusif (DNI) si celui-ci s'ouvre le 10 mai comme annoncé.

Les représentants des rebelles ont dénoncé les propos du ministre des Affaires étrangères, qui a laissé entendre que le gouvernement était prêt à organiser le dialogue national inclusif à partir du 10 mai, parallèlement à celles de Doha, qui pourraient néanmoins envoyer des représentants. Est-ce une manière de les exclure du dialogue ?  oui, estime le politologue Evariste Ngarlem Toldé, joint par Esdras Ndikumana, de la rédaction Afrique. Il considère que le DNI sans rebelles n'aurait guère de sens 

« Si jusqu’aujourd’hui, le dialogue national inclusif a été repoussé, c’est pour la simple raison que le pré-dialogue avec les politico-militaires n’a pas pu se tenir et n’a pas pu avoir lieu. Donc, dès l’instant où Doha accueille les politico-militaires et le gouvernement, il faut normalement attendre que les deux partis parviennent à un accord avant d’organiser donc ce dialogue.

Mais un dialogue à cette date voudrait dire que les politico-militaires ne pourront pas prendre part, à ce que je sache, à ce dialogue d’ici le 10 mai tant qu’un accord n’est pas obtenu à Doha et tant que les politico-militaires n’intègrent pas la structure du comité d’organisation qui est donc l’une de leurs revendications.

C’est pourquoi tenir le dialogue le 10 mai revient simplement à exclure les politico-militaires de cette grande messe qui va regrouper les Tchadiens. Le dialogue ne sera pas inclusif. Moins encore, il ne sera pas souverain. »

► À lire aussi au Tchad, les groupes politico-militaires en négociations à Doha demandent un report du dialogue

Mali : à Gossi, la France accuse Wagner « d’attaque informationnelle »

Deux jours après avoir quitté sa base militaire au nord du pays, l’armée française affirme avoir filmé des mercenaires de Wagner en train d’enterrer des corps non loin pour, selon elle, l’accuser d’exactions.

Mis à jour le 22 avril 2022 à 13:11
 

 

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Des soldats français de Barkhane à Gossi, le 14 avril 2022. © Tanguy Vabatte

 

Les militaires français estimaient qu’une telle « attaque informationnelle » de Wagner était « très probable ». À les écouter, il aura fallu à peine plus de 24 heures pour qu’elle se concrétise. Le 19 avril, l’armée française a transféré sa base de Gossi, dans le nord du Mali, aux Forces armées maliennes (Fama), dans le cadre de son retrait progressif du pays, acté à la mi-février.

« Ce transfert a été effectué en bon ordre et en sécurité, dans la transparence, dans un contexte où la force Barkhane fait régulièrement face à des attaques informationnelles visant à entacher son action, sa réputation et sa crédibilité », explique l’état-major, qui précise qu’un état des lieux « approfondi » de la base et de ses environs a été mené par les militaires français et maliens.

Malgré leur départ, les services de renseignement français restent attentifs à ce qu’il se passe dans leur ancienne base. « Nous savions que les Russes saisiraient toute opportunité pour nous attaquer », certifie une source militaire. L’armée française explique donc qu’un drone a continué à surveiller le site. Les images qu’elle a fourni à plusieurs médias, dont Jeune Afrique, auraient été enregistrées par cet appareil les 20 et 21 avril.

Des hommes de type caucasien

 

Selon l’armée française, en fin de journée du 20 avril, le drone observe des soldats maliens et une dizaine d’individus – « de type caucasien, appartenant très probablement au groupe Wagner », selon Paris – s’installer dans la base de Gossi.

Le lendemain, le 21 avril, peu avant 10 h du matin, un petit groupe d’individus (toujours de « type caucasien », assure l’armée française) est à nouveau filmé, cette fois à environ 4 kilomètres à l’est du camp de Gossi. Sur les deux vidéos fournies par l’armée française, on voit certains d’entre eux recouvrir de sable, à l’aide de pelles, une dizaine de corps. Tout autour, d’autres personnes filment ou prennent des vidéos. D’après les Français, ces corps pourraient provenir de l’opération menée le 19 avril par les Fama et Wagner à Hombori, à 90 kilomètres au sud de Gossi.

Un étrange compte Twitter

À la mi-journée, un compte Twitter, celui d’un dénommé Dia Diarra, publie des photos – puis une courte vidéo – de corps noirs recouverts de sable et accuse l’armée française d’avoir laissé un charnier derrière elle à Gossi. « C’est ce que les Français ont laissé derrière eux quand ils ont quitté la base à Gossi. Ce sont des extraits d’une vidéo qui a été prise après leur départ ! On peut pas garder le silence sur ça ! », écrit-il.

Selon l’état-major français, le profil de Dia Diarra, qui se présente comme un « ancien militaire » et « patriote malien », « est très probablement un faux compte créé par Wagner » en reprenant la photo de profil d’un Colombien inscrit sur le réseau social russe Vkontakte en 2021. La dite photo a depuis été changée et remplacée par un portrait d’Assimi Goïta, le président de la transition malienne. Pour les militaires français, il n’y a aucun doute : les images publiées par ce compte proviennent directement des individus filmés quelques heures plus tôt en train de recouvrir des corps.

Guerre informationnelle

Très vite, les responsables français décident de riposter à ce qu’ils qualifient de « grossière manœuvre de désinformation ». Pas question, pour eux, de laisser des fake news prospérer sur les réseaux sociaux maliens, sur lesquels le sentiment anti-français est déjà largement répandu. Ils décident donc de transmettre, dès le soir-même, les images à quelques médias.

Comme le ministère des Armées l’avait annoncé fin 2021, la France assume désormais ouvertement de lutter contre Wagner dans le domaine informationnel. L’épisode de Gossi est un premier aperçu concret de cette guerre d’influence sur le continent. D’autres pourraient suivre. « Nous allons transférer nos emprises de Ménaka, puis de Gao, d’ici le mois d’août. Nous y serons aussi extrêmement vigilants », conclut une source militaire.

Mali : à son tour, la Banque mondiale coupe le robinet à Bamako

Estimant le Mali trop en retard quant à ses échéances de paiement de sa dette publique, la Banque mondiale a décidé de suspendre ses décaissements dans le pays. Un nouveau coup dur porté à l’économie malienne.

 
Par  - à Ougadougou
Mis à jour le 21 avril 2022 à 10:59

 

 

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Alousséni Sanou, le ministre malien de l’Économie et des Finances, à Bamako, le 25 mars 2021. © Ministère de l’Économie et des Finances du Mali/Facebook

 

C’est une décision qui n’arrange pas les affaires du ministre malien de l’Économie et des Finances. Dans un courrier, daté du 14 avril et adressé aux coordinateurs des projets et programmes financés par la Banque mondiale, Alousseni Sanou informe ces derniers que l’institution de Bretton Woods a décidé de suspendre ses décaissements en raison de l’accumulation des échéances au titre du service de la dette publique pendant plus de 45 jours.

« La présente lettre – dont l’envoi a été confirmé à JA par le ministère de l’Économie –, a pour objet de vous informer de cette décision de suspension des décaissements de la Banque mondiale et vous inviter à prendre les dispositions nécessaires pour informer les entreprises et autres prestataires, titulaires de marchés dans le cadre de la mise en œuvre de vos projets et programmes, de ladite décision et de me fournir au plus tard le 20 avril l’impact de ladite suspension sur la mise en œuvre de vos activités (…) », informe le ministre.

Les défauts de paiement atteignent 180 millions de dollars

L’arrêt des financements de la Banque mondiale est une conséquence indirecte des sanctions infligées à Bamako par les chefs d’État ouest-africains. Le pays n’a, du reste, toujours pas accès à ses avoirs financiers gelés, bien qu’une décision de la Cour de justice de l’Uemoa a été rendue en faveur d’une levée de cette sanction.

« Cette décision va porter un coup dur à l’économie malienne et aux engagements internationaux liés à la situation des programmes de la Banque mondiale », insiste sous couvert de l’anonymat un haut financier malien. Au cours des trois dernières années, les engagements de l’institution financière ont chuté de 296 millions de dollars en 2020 à 82 millions cette année.

LA DÉCISION DE L’INSTITUTION FINANCIÈRE PEUT CRÉER UN EFFET BOULE DE NEIGE »

À fin mars, Bamako n’avait pas payé pour 46,32 milliards de francs CFA (78,5 millions de dollars) en principal et intérêts, sur une obligation du Trésor, d’après la dernière note de l’agence Umoa-Titres. Ce qui porte à 180 millions de dollars le total des défauts de paiement de la dette dus aux sanctions consécutives aux deux coups d’État.


>>> Lire aussi notre dossier : Le Mali face aux sanctions de la Cedeao <<<


Bientôt le FMI, la BAD… ?

« La décision de la Banque mondiale renvoie le Mali et les institutions régionales dos à dos en s’appuyant sur les mesures économiques et financières à l’encontre du Mali pour suspendre ses décaissements », décrypte un banquier ouest-africain, contacté par JA.

Selon lui, cette décision de l’institution financière peut créer un effet « boule de neige » auprès des autres bailleurs (FMI, Banque africaine de développement, etc.) et des partenaires bilatéraux, notamment les investisseurs dans les secteurs minier et agricole.

La Banque mondiale étant un partenaire de référence, les rapports et la lettre d’intention du Fonds pour bâtir leurs interventions dans les pays en développement sont scrutées avec attention.

Répercussions sur le système bancaire

Malgré les effets combinés de la crise sanitaire et des contreperformances agricoles, le PIB réel malien a légèrement progressé en 2021, avec une croissance estimée à 3,1 %, tirée par la reprise dans les secteurs agricoles et des services.

Une résilience qui permet aujourd’hui à l’État malien d’honorer – malgré l’embargo – le paiement des salaires des agents publics et de faire face aux dépenses de fonctionnement. Alors qu’une incertitude plane sur le maintien des aides budgétaires apportées par l’Union européenne et le FMI, plusieurs analystes redoutent des répercussions fâcheuses sur le système bancaire du pays.

Télécoms – Sénégal : Sonatel, Free et Expresso face à la clémence toute relative du régulateur

L’ARTP a annoncé avoir réduit l’amende infligée en décembre 2021 aux trois opérateurs du pays. Mais, parallèlement, l’Autorité contraint ces derniers à investir davantage que le montant initial de la sanction.

Mis à jour le 20 avril 2022 à 12:27
 
 
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Siège de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP), à Dakar. © ARTP

 

Quatre mois après avoir infligé aux trois opérateurs du pays une amende totale équivalant à 31 millions d’euros pour non-respect des engagements relatifs à la qualité de service, l’Autorité de régulation des télécoms et des postes (ARTP) sénégalaise revoit sa copie et propose une nouvelle issue au conflit.

Vendredi 1er avril, l’institution dirigée par Abdoul Ly a indiqué par communiqué qu’en plus d’être revues à la baisse, les différentes amendes à verser au Trésor public par Sonatel, Free et Expresso seront accompagnées d’engagements d’investissements dans les réseaux de chaque opérateur.

Engagement d’investissement

Sonatel se voit ainsi contraint d’investir 20 milliards de francs CFA (environ 30,4 millions d’euros) dans son réseau d’ici à décembre 2023 maximum. De son côté, Saga Africa Holding, qui contrôle Free au Sénégal doit investir près de 2,6 millions d’euros sur la même période. Le troisième opérateur du pays, Expresso, doit quant à lui injecter près de 300 000 euros dans ses infrastructures.

L’ARTP METTRA EN PLACE UN DISPOSITIF DE SUIVI ET DE CONTRÔLE »

« Pour s’assurer du respect strict des engagements des opérateurs, l’ARTP mettra en place un dispositif de suivi et de contrôle, notamment par le recours à un expert choisi par elle-même et dont les honoraires seront à la charge des opérateurs », indique un communiqué de l’institution dirigée par Abdoul Ly.

De plus gros montant à investir

Si le montant total des amendes à verser au Trésor public a effectivement diminué (de 31 millions d’euros exigés, la somme passe à 4,7 millions d’euros), le montant des engagements d’investissements dépasse en revanche le montant initial des sanctions de décembre 2021.

Au total, les opérateurs sont tenus d’injecter près de 35 millions d’euros d’ici à décembre 2023. Contacté par Jeune Afrique, Sonatel n’a pas souhaité commenter la décision, laissant « toute l’initiative de la communication sur le sujet à l’ARTP ». Également contactés, Free a refusé de s’exprimer et Expresso n’avaient pas formulé de réponse lors de la rédaction de ces lignes.

Nigeria: une centaine de jihadistes neutralisés autour du lac Tchad

 
 
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Une opération militaire conjointe du Nigeria, du Niger et du Cameroun a permis de neutraliser une centaine de jihadistes au cours des dernières semaines, selon les autorités. Des bombardements intensifs ont notamment été menés sur les pourtours du lac Tchad, où sont implantés à la fois les hommes affiliés à l'Etat islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap) et des éléments toujours fidèles au JAS, la branche historique de Boko Haram.

Avec notre correspondante à Lagos, Liza Fabbian

Les troupes de la force militaire conjointe se sont aventurées profondément dans les enclaves contrôlées par les jihadistes sur le pourtour du lac Tchad. Les militaires ont saisi des armes, de la nourriture et des drogues selon le porte-parole de cette force multinationale.

Des frappes aériennes ciblées ont également permis de neutraliser une centaine de terroristes, dont au moins dix commandants de haut rang.  Cependant, aucune précision n'a été apportée sur la période couverte par cette opération. 

Par ailleurs, le site nigérian spécialisé Human Angle rapporte que l'Etat Islamique en Afrique de l'Ouest a lancé une campagne de recrutement parmi les pêcheurs du lac Tchad, afin de remplacer ses combattants  tués par les bombardements de l'armée. 

L'Iswap aurait également accentué dernièrement sa politique de taxation des populations locales, forçant près de nombreux pêcheurs à fuir de nouveau le lac Tchad.

Ce média indépendant rappelle aussi que les populations civiles sont particulièrement exposées lors des pillonnages aériens, même lorsque ceux-ci se font sur la base du renseignement.