Témoignages

 

Amadou Coulibaly : « L’écosystème ivoirien est prêt à accueillir sa future licorne »

Infrastructures et services numériques, entreprenariat, cybersécurité… Le ministre ivoirien de l’Économie numérique détaille pour Jeune Afrique sa feuille de route et lève le voile sur ses ambitions.

Par  - envoyé spécial à Abidjan
Mis à jour le 11 mai 2023 à 22:38
 
 coulibaly

 

Le ministre ivoirien de l’Économie numérique Amadou Coulibaly, à Abidjan, le 7 avril 2021. © Cyrille Bah / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP

 

Désigné en avril 2021 à la tête du ministère de la Communication et de l’Économie numérique, Amadou Coulibaly veut surfer sur la dynamique incontestable de l’écosystème digital, à l’heure où l’économie numérique contribue à environ 3% du PIB de la Côte d’Ivoire. Très attentif aux détails, l’ancien pensionnaire de l’École militaire préparatoire technique (EMPT) de Bingerville est déterminé à mener à bon port les projets du gouvernement dirigé par Patrick Achi.

S’il reconnaît la complexité de certains dossiers, Amadou Coulibaly – qui fait la promotion de « la Côte d’Ivoire zéro papier à l’horizon 2030 » – croit au haut potentiel de son pays et à l’action de son ministère. D’ailleurs, les prévisions de la Banque mondiale misent sur le secteur du numérique comme accélérateur du progrès économique et vecteur de croissance inclusive en Côte d’Ivoire, avec des revenus estimés à 5,5 milliards de dollars d’ici à 2025 et plus de 20 milliards de dollars à l’horizon 2050.

Lors de la troisième édition du Cyber Africa Forum (CAF), organisé à Abidjan les 24 et 25 avril dernier, Amadou Coulibaly a répondu aux questions de Jeune Afrique.

À LIREFace au fléau de la cybercriminalité, l’Afrique en quête de solutions

Jeune Afrique : La Côte d’Ivoire s’est engagée dans la transformation structurelle de son économie avec le digital pour moteur. Quelles sont les grandes orientations de cette politique ?

Amadou Coulibaly : Notre stratégie nationale de développement de l’économie numérique repose sur sept piliers essentiels. Du déploiement des infrastructures et des services numériques à l’inclusion financière, en passant par le renforcement des compétences et la création d’un climat des affaires propice aux investissements… Sans oublier l’innovation et la confiance numérique, avec en toile de fond les questions liées à la cybersécurité.

Pour y parvenir, il faut aussi arriver à un changement dans le comportement et les usages des Ivoiriens. Il faut que les populations parviennent justement à adopter la digitalisation et les outils numériques dans leurs pratiques du quotidien. Par ailleurs, nous tenons compte du programme de conduite de changement, inclus dans notre stratégie nationale de développement de l’économie numérique.

À LIREPourquoi le FMI s’est engagé plus fortement en Côte d’Ivoire

De ces sept piliers, quels sont les dossiers prioritaires ?

Nous avons dégagé plusieurs programmes prioritaires, notamment celui de l’inclusion sociale numérique avec pour objectif qu’aucun Ivoirien ne soit laissé pour compte dans cet écosystème. Le développement des infrastructures numériques demeure également un dossier important pour que la connectivité puisse arriver partout et bénéficier à tous les Ivoiriens. Toutefois, vous aurez beau créer des infrastructures et des services, si les usagers n’ont pas les compétences pour utiliser ces outils, c’est comme si vous aviez une belle Rolls-Royce mais sans conducteur. Ainsi, le développement des compétences numériques est aussi un programme indispensable pour nous permettre d’atteindre notre objectif, celui d’une Côte d’Ivoire zéro papier à l’horizon 2030.

Nous voulons que notre pays et ses administrations soient totalement digitalisés, c’est pourquoi le développement des compétences numériques nous paraît essentiel. Avec la prochaine mise en œuvre de ce programme, nous formerons tous les Ivoiriens pour qu’ils puissent utiliser les services digitalisés de l’administration. Une convention sera signée avec le ministère de l’Éducation nationale pour que nous puissions former les citoyens dans les salles informatiques lui appartenant pendant les périodes de vacances.

Où en est la Côte d’Ivoire de son programme d’infrastructures numériques ?

En termes de développement des infrastructures, nous avons achevé les travaux de notre réseau de backbone national, initié par l’Agence nationale du service universel des télécommunications (ANSUT), pour faire en sorte que la connectivité arrive le plus près possible des populations. Quant à la mise en place d’un datacenter national, notre ambition est d’en créer un. Et c’est aussi une priorité. En tant qu’État, nous pensons que pour assurer notre souveraineté numérique, il faut héberger nous-mêmes nos données plutôt que de les confier à un acteur privé ou étranger.

À LIRESouveraineté numérique : pourquoi les datacenters sont cruciaux pour l’Afrique

Selon la Banque mondiale, l’économie numérique contribue à environ 3% du PIB de la Côte d’Ivoire qui compte doubler cette contribution à l’horizon 2025. D’où viennent ces 6% d’objectif ?

Avec tous les progrès qui sont en train d’être réalisés, nous pensons que cet objectif peut être atteint en un an. Il y a de grands efforts qui sont déployés par le gouvernement. Le chef de l’État a également une vision très claire du développement de l’économie numérique en Côte d’Ivoire. Il a d’ailleurs signifié lors de son message de fin d’année, avec une adresse bien particulière à la jeunesse, son intention de développer tout un écosystème qui soit favorable aux start-up et à leur déploiement. Dans ce contexte, nous croyons que l’économie numérique peut apporter un coup de boost. Doubler la contribution au PIB est certes un objectif ambitieux, mais il demeure réalisable. Et nous avons la volonté de le concrétiser pour renforcer notre économie.

Vous avez annoncé un projet de loi portant sur « la promotion des start-up » en janvier dernier. Pourquoi Abidjan a-t-il tardé à lever tous les freins au bon développement des start-up ?

Hormis le ministre Koné Bruno, qui a eu une certaine longévité à la tête de ce portefeuille ministériel, de nombreux ministres se sont succédé, mais sans rester suffisamment longtemps pour pouvoir véritablement déployer de stratégie. Sur cette courte période, le travail a commencé en amont et, à chaque fois, la mission a été de remettre l’ouvrage sur le métier. J’ai pu hériter de ce travail pour conduire à terme ce projet de loi visant à créer l’environnement nécessaire au développement des start-up. Le plus important est que nous l’ayons fait dans un contexte où le chef de l’État a mis en avant la jeunesse pour cette année 2023.

À LIRECôte d’Ivoire : pourquoi Djamo, fintech d’élite, fait la course en tête

Le gouvernement s’est engagé à favoriser l’essor des start-up. Quelles actions concrètes comptez-vous mener pour améliorer le niveau des jeunes pousses ivoiriennes ?

Lancée en janvier dernier avec le ministère de la jeunesse, l’initiative « Start-up Boost Capital », un fonds doté d’un budget d’un milliard de F CFA, œuvre à accélérer le développement des start-up et assurera un accompagnement financier aux différents acteurs de l’écosystème tech. Outre l’aspect financier, il y a le cadre réglementaire qui réunira toutes les conditions pour que les jeunes pousses puissent se développer en Côte d’Ivoire.

Il existe également le programme économique pour l’innovation et la transformation des entreprises (PEPITE-Côte d’Ivoire), destiné à soutenir les petites et moyennes entreprises naissantes, grâce à un accompagnement aussi bien financier que technique pour renforcer le tissu entrepreneurial. Par ailleurs, le chef de l’État souhaite que le gouvernement parvienne à créer un incubateur ou un campus numérique gouvernemental pour accélérer le développement des start-up ivoiriennes.

L’écosystème numérique en Côte d’Ivoire est-il prêt à faire pousser une future licorne sur le continent ?

Voir émerger une ou des licornes dans tout cet environnement de start-up qui est en train de se créer est évidemment notre ambition. Nous sommes optimistes parce que nous avons la chance d’avoir une population de jeunes qui sont créatifs [environ 75% de la population a moins de 35 ans]. Il n’y a qu’à voir tous les incubateurs privés qui sont en train de naître et l’engouement pour notre pays. Je n’ai aucun doute que tout cet écosystème pourrait permettre à une licorne d’émerger.

Je ne peux pas vous dire dans quels termes – je n’ai pas de boule de cristal – mais toutes les conditions sont réunies pour que cela finisse par arriver, espérons le avant 2030. Je pense que les efforts aussi bien du gouvernement que du secteur privé – qui vous le savez bien ne va pas où il n’y a pas d’intérêt – montre qu’il y a un fort potentiel et que nous avons des raisons d’espérer. Certaines start-up ivoiriennes arrivent à lever des fonds. Elles ont juste besoin d’être accompagnées.

À LIRECybersécurité : comment la Côte d’Ivoire est devenue un hub régional

Un autre sujet suscite une attention particulière : la cybersécurité. Le gouvernement est souvent pris pour cible par des cybercriminels. Comment l’État s’organise-t-il face aux menaces ?

Il n’y a pas que la Côte d’Ivoire qui est prise pour cible, c’est un fléau qui touche le monde entier. Pour lutter contre la cybercriminalité, nous avons un projet de création d’une agence nationale de sécurité des systèmes informatiques (ANSSI) et d’un Centre de supervision national des opérations de sécurité (SOC). Notre objectif est de passer du CI-CERT, principal centre de coordination en matière de cybersécurité, à une agence pour définir une norme pays et développer par derrière tous les centres d’observation pour pouvoir être très réactif sur les incidents critiques qui pourraient arriver dans notre écosystème.

Aujourd’hui, les textes sont quasiment bouclés. Bien que l’initiative soit celle du ministère de l’Économie numérique, sa validation nécessite l’adhésion de différents départements ministériels, notamment ceux de la défense, de la sécurité, de l’économie, des finances et du budget. Les documents sont en train de faire le circuit. Une fois que tous les inputs seront communiqués, le projet sera présenté au gouvernement pour le faire adopter en conseil des ministres avant de passer par l’Assemblée nationale avant la fin de cette année.

Sur quels types de partenaires la Côte d’Ivoire envisage-t-elle s’appuyer ?

Quand on regarde la complexité et l’intensité des attaques que nous connaissons, la lutte nécessite une ouverture et une collaboration de tous. Tout comme la lutte contre le terrorisme, la lutte contre les cybercriminels implique une coopération internationale car aucun pays ne peut faire face à cette menace tout seul. Quand on regarde ces attaques, qui sont transnationales, nous pensons qu’aucun pays ne peut en arriver à bout.

Face à cette menace, il existe des regroupements régionaux, comme l’Union européenne qui s’unit pour prendre des dispositions, définir des normes et des règles en ce qui concerne les questions de cybercriminalité. Nous pensons qu’il faut être ouvert et travailler avec tous ceux qui pourraient nous faire les meilleures offres en termes de protection de nos infrastructures et des données de nos populations.

Fatoumata Diawara, de Londres à Bamako

Le 12 mai prochain, « Londonko », le nouvel album de la chanteuse malienne, produit par Damon Albarn, verra le jour. Elle s’est confiée sur la genèse de ce projet collaboratif.

Mis à jour le 6 mai 2023 à 10:28
 
 
fatou 
 
 

Fatoumata Diawara à Paris le 28 mars 2023. © Bruno Levy pour JA

 

Londonko : c’est le nom du prochain album de Fatoumata Diawara, une rencontre entre Londres et Bamako de 14 titres, dont 6 produits avec Damon Albarn. Le premier aperçu de cet opus, c’était avec Nsera, sorti fin 2022. La chanteuse malienne et l’Anglais de Gorillaz l’avaient dévoilé au fil d’un clip aussi coloré qu’engagé signé Greg Ohrel, où les sonorités mandingues de l’une venaient rencontrer l’électro de l’autre. Le titre, en bambara, signifie « destination ».

À LIREFatoumata Diawara : « Quand on m’applaudit, on applaudit le continent »

Cette destination, elle y revient justement : elle n’est pas de celles que l’on atteint en montant dans un avion, elle symbolise son travail avec Damon Albarn, raconté comme une union liée au destin. Eux qui ont déjà collaboré sur Désolé de Gorillaz, ou encore sur le projet Africa Express, se retrouvent pour Le Vol du boli, au théâtre du Châtelet, au printemps 2022 : un chant d’amour pour l’Afrique, né de la rencontre de l’artiste britannique avec le réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako. Albarn fait appel à elle pour la création des chansons, ils travaillent de nouveau ensemble et se plaisent dans cette collaboration : « Et si on continuait sur un autre projet ? » se demandent-ils. La réponse arrive vite : « Juste après cette discussion, on s’est loué un studio deux jours à Paris pour commencer », raconte Fatoumata.

« Une vraie fusion »

Tous deux ont en commun un grand attachement pour le Mali. Outre la terre, Damon Albarn en aime les mélodies, grâce à Marc-Antoine Moreau, connu comme un « passeur » de musiques africaines – il a fait découvrir Amadou et Mariam –, qui a terminé sa carrière à la tête d’Universal Music Africa. Avec sa disparition, suite à une crise de paludisme en 2017, Damon Albarn a perdu sa connexion avec le pays d’Afrique de l’Ouest, raconte Fatoumata. « Il y avait de la nostalgie chez lui. Se lancer dans cet album ensemble a été une étincelle. »

DEUX COMPOSITEURS QUI SE RETROUVENT, ÇA PEUT VITE ACCROCHER

Deux univers se rencontrent, avec l’objectif pour chacun de garder son identité musicale : « C’est une vraie fusion, commente-t-elle. Moi je ne change rien dans ma façon de chanter, lui ne modifie pas sa façon de composer. » Elle se dit ouverte à sa « folie », elle a confiance en lui, elle est prête à le suivre. « Je suis compositrice aussi, et c’est difficile de façonner les compositeurs, plaisante-t-elle. Ils ont une vision musicale très personnelle. En général, ils invitent les autres dans leur univers, et pas l’inverse. Deux compositeurs qui se retrouvent, ça peut vite accrocher… » Dans le mauvais, comme dans le bon sens du terme.

Le wassoulou valse avec l’électro

Mais dans ce cas là, bingo ! la deuxième option l’emporte. Tous deux composent, le terrain d’entente est évident, c’est ça, la « destination » de Nsera, ce point de rencontre qui fonctionne au premier accord. « Il m’a dit, je ne peux faire ça qu’avec toi », confie-t-elle dans un sourire. Quatre chansons naissent de cette première étape. « De toute façon, s’il y a bien une chose que la musique déteste, c’est quand ceux qui y travaillent ne sont pas en cohésion. » Il y a des titres où il lance la mélodie et « m’invite sur son projet », d’autres où c’est elle qui compose avant d’ouvrir la porte aux invités. Mais aussi quelques chansons qu’ils entament en chœur, en partant de zéro.

DANS CET ALBUM, JE RACONTE LES ENFANTS DU MONDE

Dans Nsera, le bambara rencontre l’anglais, le wassoulou valse avec l’électronique. Un mélange auquel elle n’est pas habituée, mais qui lui plaît bien : « Mon public est familier de ma voix, de mon image. C’est bien de changer de temps en temps. On a la chance de pouvoir explorer d’autres sonorités sans que nos publics ne nous abandonnent, alors il faut continuer à proposer des choses. » Mais Londonko a aussi ses guitares voix, plus typiques de Fatoumata, comme avec la chanson Moussoya.

Marqué par le voyage

Si le premier titre paru évoque la destination, l’album est surtout marqué par l’idée du voyage. À l’image de ses collaborations passées, Fatoumata Diawara offre un disque en prise avec la scène artistique mondiale. On y croise le chemin du français Mathieu Chedid, alias M, de l’Américaine Angie Stone, du rappeur ghanéen M.anifest, de la Nigériane Yemi Alade, du jazzman cubain Roberto Fonseca. Tous réunis pour servir les textes engagés de Fatoumata : « Dans cet album, je raconte les enfants du monde. Comment sauver les générations de demain ? » interroge-t-elle, avant de dérouler les thèmes qui animent l’opus.

L’ALBUM A ÉTÉ ÉCRIT AU FIL DE RÉSIDENCES, ENTRE LYON, NÎMES, BAMAKO, LOS ANGELES

« Le deuxième jour de studio, Damon trouve la chanson Dambe autour d’une ligne de basse, avec des notes reggae. Et il a dit : ‘Ça, c’est London Bamako, Londonko !’ J’ai trouvé ça beau. » L’album commence dans la capitale française, pour faire se rencontrer les capitales malienne et britannique, et évolue au fil de la tournée d’été 2022 de Gorillaz, sur laquelle Fatoumata intervient : « Il a été écrit au fil de résidences en maisons de campagne et autres, entre Lyon, Nîmes, Bamako, Los Angeles », se souvient-elle. Entre deux concerts – « épuisés » –, ils s’enferment pour créer. Tout est l’occasion de façonner de nouveaux morceaux, même les voyages en train, qui ont vu naître certains titres.

« La clé de la réussite »

Fidèle à elle-même, Fatoumata raconte une Afrique pleine d’espoir, qu’elle aimerait voir prospérer loin de la réalité des enfants soldats, de la haine infligée aux personnes albinos, sans excision, sans conflits armés… autant d’images que reflètent le clip Nsera, sur fond de paysages splendides. Une Afrique à laquelle on retirerait la violence pour ne garder que la beauté. Mais dont elle continuera à conter toute la réalité, quitte à se répéter, en changeant les mélodies. « Il y a une nouvelle chanson à propos de l’excision. Cela continue, et on n’en parle pas assez. Si nous, les artistes, ne chantons pas pour informer, qui le fera ? »

LES JEUNES ONT UNE RESPONSABILITÉ EN TANT QU’ENFANTS DE LA NATION. ILS SONT L’AFRIQUE DE DEMAIN

Dambe alerte pour sa part sur une dérive de la jeunesse africaine, et plus particulièrement malienne. « Je trouve que ça part un peu dans tous les sens. Les jeunes fument des choses, parfois sans savoir quoi, et perdent la tête, abandonnent leurs études. J’ai envie de leur poser la question : où se trouve votre identité dans tout ça ? » interroge-t-elle, avant de faire référence à l’interdiction de fumer la chicha récemment décidée au Mali dans le but de limiter l’accès aux drogues. « Petit plaisir, grand problème, reprend-elle. Il faut être jeune, mais rester prudent. Les jeunes ont une responsabilité en tant qu’enfants de la nation, ils doivent se préparer à l’aider à changer. Ils sont l’Afrique de demain. »

Et de terminer : « Je veux que les jeunes qui me suivent se disent : Fatoumata ne boit pas, ne fume pas, c’est peut-être ça la clé de la réussite. » Elle ajoute : « Je ne bois même pas de café ! » Mais cette journée parisienne de promotion pour l’album pourrait bien la faire changer d’avis sur ce dernier point­ : « Je vais commencer à prendre du cappuccino, on va voir ce que ça va donner », plaisante-t-elle, avant d’enchaîner sur une autre interview.

 

Le 8 mai est le jour de célébration pour ces martyrs missionnaires d'Afrique

 

8 mai

Le jour où Béchir Ben Yahmed a rencontré Laurent Gbagbo

Béchir Ben Yahmed, le fondateur de JA, s’est éteint le 3 mai 2021, il y a tout juste deux ans. Nous publions ici un extrait de ses Mémoires, dans lequel il décrit l’une de ses rencontres avec le futur président ivoirien.

Mis à jour le 3 mai 2023 à 17:58
 
 
Gbagbo3

 

 

Laurent Gbagbo, à Abidjan, le 12 décembre 2009. © Vincent Fournier/JA

 

Dans cet extrait de ses Mémoires (éditions du Rocher) , Béchir Ben Yahmed décrit l’une de ses rencontres avec le futur président ivoirien, en 2000. Nous publions également un autre passage de son autobiographie, dans lequel il évoque la Tunisie des années 1960, le déclin de Habib Bourguiba et l’échec politique de son puissant ministre, Ahmed Ben Salah.

Lors de la crise postélectorale ivoirienne de 2010-2011, Laurent Gbagbo n’a pas laissé le choix à Alassane Ouattara. À partir du moment où lui et ses partisans avaient décrété que Ouattara n’était pas « leur » président, il n’y avait plus de discussion possible. Je compare souvent le « cas Gbagbo » au cas tunisien, que je connais le mieux. Salah Ben Youssef n’a jamais voulu reconnaître Bourguiba en tant que président. Il continuait à lutter contre lui, à vouloir prendre sa place, voire à le faire assassiner. Les gbagboïstes étaient peu ou prou dans cet état d’esprit.

À LIRE« J’assume » de Béchir Ben Yahmed : Bourguiba, Lumumba, Che Guevara… Les Mémoires du fondateur de Jeune Afrique

Gbagbo était venu pour la deuxième fois à Jeune Afrique en 2000, juste avant la campagne électorale qui allait le porter au pouvoir. Deux choses m’avaient frappé. D’abord, à part moi, personne ne l’avait pris au sérieux. J’étais le seul à l’avoir reconduit jusqu’à la porte. Les journalistes qui l’avaient interviewé, y compris François Soudan, étaient partis. Par courtoisie ou simple politesse, je l’avais raccompagné.

« Je suis un chef, je ne porte rien »

Ensuite, j’avais noté qu’une sorte d’aide de camp, en faction devant la porte du bureau, lui avait donné ses lunettes de soleil. Ceux qui connaissent l’Afrique subsaharienne savent combien cette attitude est caractéristique. Les hommes politiques, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition, ne portent rien. Je ne connais que deux responsables publics qui ne se comportent pas ainsi : Alassane Ouattara, même depuis qu’il est président, et Tidjane Thiam, l’ancien ministre ivoirien du Plan, qui garde même sa serviette. Tous les autres, dont Gbagbo, laissent un tiers porter leurs affaires à leur place : téléphone, mallette, parapluie… Cela signifie : « Je suis un chef, je ne porte rien. »

Chez Gbagbo, ce qui était intéressant aussi, c’était son statut d’universitaire, de professeur d’histoire. Et puis, Houphouët, qui devait recevoir Gbagbo, avait demandé à Alassane Ouattara, qui était alors Premier ministre, d’apporter 200 ou 300 millions de francs CFA. À l’issue de l’entretien, Houphouët avait rendu l’argent à Ouattara, en lui disant : « Il n’a pas voulu le prendre. »

Opposant incorruptible

Gbagbo en personne m’a raconté une histoire du même style. Houphouët, qui séjourne à Paris, demande à le voir. Il se rend au rendez-vous et prie le taxi de l’attendre. Au bout d’une heure d’entretien, le taxi attend toujours, et le compteur continue de tourner, affichant plus de 500 francs de l’époque. Quand Houphouët finit par lui demander ce qu’il peut faire pour lui, Gbagbo répond : « Juste faire régler mon taxi ! » Il n’a jamais voulu se laisser acheter, ce qui a dû plaire à son ami Albert Bourgi, sourcilleux sur ce chapitre.

À LIRECôte d’Ivoire : Laurent Gbagbo et le désenchantement d’un camp

En 2000, fin politique, il a senti quarante-huit heures à l’avance qu’il allait gagner face à Robert Gueï, avec qui il s’était d’abord associé pour éliminer les autres candidats. Il a alors appelé Albert Bourgi en lui disant : « Viens, je vais être président. » Lui-même a reconnu que cette élection avait été « calamiteuse », parce qu’il n’avait élu qu’avec 500 000 voix d’avance.

 

Livre

 

 

"J'assume", de Béchir Ben Yahmed, éditions du Rocher, 525 p., 24,90 euros. © Éditions du Rocher

Gbagbo est aussi un homme rusé. Son analyse graphologique, que j’avais fait faire en 2006, s’est révélée accablante. En voici quelques lignes : « Son ego est surdimensionné, et s’il doute un moment de lui (pas longtemps !), il attaque. Orgueilleux, il a ses convictions et n’est pas prêt à en démordre. L’affect et la sensibilité n’ont pas de prise sur lui – il s’en méfie, s’en défend –, c’est à la fois sa force et peut-être sa faiblesse, mais s’avouer vaincu… jamais. La structure de sa personnalité est de type paranoïaque. Comment l’apprivoiser ? En rentrant dans son jeu, en évitant de le heurter de front, en le flattant, probablement, en se méfiant surtout, car c’est un menteur ! Il a des idées qu’il personnalise avec force, il joue sur son autoritarisme et son besoin de puissance. »

À LIREBéchir Ben Yahmed, un Africain dans le siècle

Opposant incorruptible, faux, malin, il est tout cela à la fois. Il a joué avec Ouattara, a été son allié, puis a accepté et utilisé le concept d’ivoirité de Bédié. Mélange très complexe de plusieurs personnages, il a été marié deux fois, et a, de ce point de vue, un côté Zuma. On lui a donné le surnom de « boulanger », celui qui arrive à rouler les autres dans la farine… Ce surnom lui plaisait.

Burkina : « Attaques terroristes, intolérance, discours haineux,… il y a nécessité de nous donner les moyens moraux pour éviter le pire » (expert Sanoussi Gansonré)

Accueil > Actualités > DOSSIERS > Attaques terroristes • Lefaso.net • lundi 1er mai 2023 à 23h26min 
 
Burkina : « Attaques terroristes, intolérance, discours haineux,… il y a nécessité de nous donner les moyens moraux pour éviter le pire » (expert Sanoussi Gansonré)

 

Face à la situation difficile que vit le pays, qualifiée par certains de « crise multi-dimensionnelle », et au moment où certains Burkinabè se demandent par où commencer, d’autres ont la ferme conviction que la solution se trouve dans l’éducation et la sensibilisation des populations. De ceux-là, Sanoussi Gansonré, expert et consultant en organisation de réseaux associatifs et en police de proximité. Avec des collaborateurs, l’expert parcourt des localités pour distiller des messages de sensibilisation. On en sait davantage sur l’enjeu d’un tel combat à travers cette interview …

 

Lefaso.net : En mars 2022, vous lanciez, avec votre organisation, le Cercle pour la prévention en matière sécuritaire, la promotion de la paix et du développement humain (CESEPAD), un projet de participation communautaire à la prévention de l’insécurité à travers des conférences éducatives sur le thème « Place et rôle de l’éducation et de la société dans la prévention des comportements déviants chez les jeunes » et mis en œuvre au sein des communautés. Pouvez-vous revenir sur la quintessence de l’initiative et le contexte de sa mise en œuvre ?

Sanoussi Gansonré : Tout d’abord, nous disons merci à votre illustre journal en ligne, qui s’intéresse depuis un certain temps à ce que nous faisons sur le terrain. Vous êtes un partenaire qui contribue à sa manière à la mobilisation sociale pour faire face à l’insécurité et aux autres tares que notre société dénonce au quotidien.

 

Pour la question, notre structure a eu, depuis sa création en 2011, pour vocation d’assurer une mobilisation sociale autour de la problématique sécuritaire, conformément aux textes sur la mise en œuvre de la police de proximité. Les conférences-ateliers évoquées dans votre question constituent un moyen efficace de prévention des différentes formes d’insécurité en ce qu’elles s’attaquent au facteur majeur de l’insécurité que constitue la défaillance de l’éducation vertueuse des enfants au sein des familles.

 

 

Tous les diagnostics sécuritaires de par le monde sont unanimes sur le fait que la déperdition des valeurs vertueuses, offertes par l’éducation, explique en grande partie nos problèmes sécuritaires. Les acteurs avisés vous diront également que l’éducation, à l’origine, visait à promouvoir la sécurité et la justice. C’est dire donc que si l’on a besoin de sécurité véritable, de justice véritable et durables dans la société, il faudra faire de l’éducation vertueuse un axe central pour toute initiative de développement. L’éducation vertueuse produit des Hommes aux pensées équilibrées, crée l’humanisme, la solidarité, la cohésion sociale et l’harmonie dans les familles et la société.

Permettez que je cite deux illustres personnages à cet effet. François Héritier qui est une anthropologue disait : « La seule manière de sortir de la violence consisterait à prendre conscience des mécanismes de répulsion, de haine ou encore de mépris afin de les réduire à néant grâce à une éducation de l’enfant relayée par tous ».
Helen Keller, écrivaine, notait que « Le meilleur aboutissement de l’éducation est la tolérance ».

 

Vous comprenez que notre choix d’orienter l’action de CESEPAD vers la promotion de l’éducation vertueuse se justifie aisément.
Le contexte du Burkina Faso, même avant les attaques terroristes, exigeait des initiatives fortes pour un retour à des valeurs vertueuses, pour nous sortir des différentes formes d’insécurité. Avec ce qui se passe en termes d’attaques terroristes, d’intolérance et de discours haineux à travers les réseaux sociaux et autres espaces d’opinion, l’on comprendra la nécessité de nous donner les moyens moraux pour éviter le pire et reconstruire un vivre-ensemble à visage humain.

Il n’y a pas d’autres alternatives. Tout le monde parle de la déperdition des valeurs morales comme cause profonde de notre malaise, mais rares sont ceux qui y trouvent des approches de solutions crédibles et pratiques. Nous, avec le CESEPAD, nous pensons avoir trouvé un bout de ces solutions à travers les conférences-ateliers organisées dans la région du Centre-Est et une commune du Centre-Nord.

Quels étaient les objectifs visés et comment se sont déroulés ces cadres qui ont placé, à leur centre, les populations elles-mêmes ?

L’objectif global de nos conférences-ateliers, qui s’étalent sur trois jours, est de susciter chez les participants des prises de position pour une éducation porteuse d’espoir dans la prévention des comportements déviants chez les jeunes. Ce sont des conférences-ateliers organisées avec l’appui financier d’un partenaire belge, pour la région du Centre-Est, et d’un partenaire minier pour la région du Centre-Nord. Elles se sont réalisées en tandem avec les autorités communales.

Chaque conférence regroupe une soixantaine de participants et permet d’aborder des thématiques comme les défis et menaces sécuritaires du Burkina ; la co-production sécuritaire et les attentes vis-à-vis des citoyens et des communautés ; la problématique de la consommation des stupéfiants ; les notions d’éducation, de valeurs vertueuses et de comportements déviants ; les profils de mère-éducatrice et de père-éducateur ; des recettes éprouvées pour une éducation vertueuse préventive et curative des comportements déviants et productrice de sécurité d’harmonie/cohésion sociale.

Quels sont les résultats de la mise en œuvre de ce programme et quelle analyse pouvez-vous en faire ?

En termes de résultats, on peut retenir l’organisation de 26 conférences-ateliers dans quatorze communes de la région de l’Est et la région du Centre-Nord ; 1 773 bénéficiaires directs composés d’hommes de femmes et de jeunes issus de différentes composantes de la société. Au titre des comportements des enfants, beaucoup d’enfants jadis insoumis acceptent désormais l’autorité parentale ; des jeunes qui s’adonnaient à pratiques indécentes (habillements, coiffures, consommation de stupéfiants et produits assimilés) sont revenus à la raison ; des parents jadis en situation de conflit avec leurs enfants ou d’abandon de leurs responsabilités ont renoué avec leurs enfants et leurs responsabilités parentales ; les violences scolaires ont diminué ; des QG (quartiers généraux) de pratiques réprouvées ont fermé.

Au titre de la sécurité, on peut retenir entre autres la réduction des risques de délinquance ; des abandons de la consommation de stupéfiants ; des abandons du commerce de stupéfiants ; des constats de réduction de vitesse dans certaines agglomérations ; des abandons d’actes criminels (braquages) par certains jeunes au profit de métiers nobles (ce sont des informations fournies par services de sécurité). On a aussi la réduction des plaintes auprès des services de sécurité et des mairies et la réduction de conflits entre enfants.


Vues partielles des conférences-ateliers à Sabcé (Centre-nord) et à...

Au titre de la cohésion sociale, plusieurs personnes en conflit se sont réconciliées assurant ainsi un climat de paix, de tolérance et de cohésion dans leurs cercles de vie et dans la société.

Sur le volet des relations au sein des couples, on note que beaucoup de couples ont renoué avec la tendresse et l’harmonie ; une ambiance familiale qualifiée d’extraordinaire, par les couples et les enfants.
Au titre de la scolarisation des enfants et de l’encadrement scolaire, on peut se réjouir du suivi scolaire des enfants par les parents ; de l’amélioration de l’encadrement pédagogique des enfants et du meilleur état d’esprit des enfants pour des résultats meilleurs.

 

Lorsque vous observez ces résultats dont les bénéficiaires seuls peuvent objectivement témoigner de la portée, vous vous rendez compte que tous les domaines de la vie humaine sont impactés. Réconciliation, cohésion sociale, sécurité des biens et des personnes, soumission des enfants à l’autorité parentale, résolution des problèmes de couples, solidarité entre citoyens, relation entre élèves et enseignants, relations FDS (Forces de défense et de sécurité) et populations civiles, intégration des communautés, sont autant de centres d’intérêt qui sont grandement impactés positivement.

Aussi, dans les différentes communes, les bénéficiaires ont mis en place des plateformes dédiées à des échanges et partages d’expériences sur l’éducation vertueuse. Ceux de Tenkodogo ont mis une association dénommée « beog biiga » (un enfant d’avenir : ndlr) pour la promotion de l’éducation vertueuse. Des émissions radio sont animées par des femmes et des jeunes sur la thématique.

Notons que de façon régulière, des échos de changements de comportements chez les enfants, les jeunes et les couples nous parviennent. Ainsi, beaucoup de jeunes ont étonné agréablement leurs parents, en opérant de véritables changement comportementaux qui les ont rendus plus sociables et plus droits.

Quelles sont les leçons que vous avez tirées de la mise en œuvre de ce projet et au contact avec les populations ?

La principale leçon apprise est qu’un discours bien construit peut changer durablement une communauté, pour peu qu’il réponde à un réel besoin ou une préoccupation et qu’il fournisse des solutions pratiques. Aussi, on peut obtenir des résultats immédiats et durables avec des moyens raisonnables. Nous avons également pu confirmer que l’éducation vertueuse est bien possible et est à la base de la résolution des maux dont souffre la société, surtout dans un contexte d’insécurité et d’intolérance.

 

...Béguédo (dans la région du Centre-est).

Quels sont les facteurs défavorables à une éducation vertueuse des enfants ?

Des facteurs défavorables à une éducation vertueuse et tels que définis lors des travaux de groupes, on peut citer le mimétisme de l’Occident, le refus de parler les langues nationales, la méconnaissance des règles de l’éducation par les parents, l’instabilité des couples et les divergences au sein des couples, l’usage incontrôlé des TIC et de la télévision, la prolifération des débits de boisson et des sites aurifères fréquentés par les enfants.

Par quels éléments peut-on lire le degré de déliquescence d’une société ? Qui doit y veiller et comment peut-on remonter la pente ?

Pour répondre à cette question, je vous cite le Pr Laurent Bado : « (…) Une école pervertie est une société dégonflée, sans repères et sans normes. Quand le sexe d’un peuple prend la place de son cerveau, ce peuple devient un peuple jouisseur, sans bornes et sans normes. Pour un tel peuple la nudité devient la règle et la vertu l’exception ; l’alcool, les jeux, les danses et les chansons érotiques deviennent le quotidien de la jeunesse. Ayez peur d’une telle nation ; elle va vers sa propre perte ; elle plante les germes de son autodestruction. »

 

Pour nous, pour y remédier, il faut assainir l’éducation. Il faut une éducation vertueuse qui promeut la sacralité de la vie, l’amour du prochain, la pudeur, l’amour du travail, l’honnêteté, la solidarité, la justice sociale, l’équité et la sécurité individuelle et collective, etc. C’est justement le credo de notre structure (Centre pour la promotion sécuritaire axée sur l’éducation et la communauté). Notons qu’à l’origine, et cela est valable aujourd’hui, l’éducation était fondée sur la promotion de la justice et de la sécurité individuelle et collective.

Peut-on avoir une idée de quelques recettes partagées avec les populations pour une éducation vertueuse et préventive de l’insécurité ?

Les recettes ne valent qu’avec les commentaires et récits qui les accompagnent. De la vingtaine de recettes, on peut vous citer les deux qui suivent : c’est vous parents qui décidez ; soyez plus têtus que l’enfant.
Notons que les recettes, dont les résultats sont indéniables, prennent en compte les aspects curatifs (pour les enfants déjà en situation de déviance) et préventifs (pour l’enfance en construction).

Quelles ont été les difficultés identifiées dans la mise en œuvre du projet et les perspectives envisageables ?

La principale difficulté est le manque de moyens pour élargir le nombre de bénéficiaires et de mettre à l’échelle, ces conférences-ateliers. Nous avons cherché à présenter les réussites à des ONG (Organisations non-gouvernementales) et programmes de développement, mais ceux-ci ne sont pas prompts à aménager des espaces de temps en la matière.

Nous sommes cependant convaincus que la prise en compte de notre approche par ces acteurs peut booster les résultats de leurs interventions sur le terrain. Parfois, on a l’impression qu’on se contente de ce que l’on fait, sans chercher ailleurs où on peut trouver des innovations plus porteuses d’impacts, surtout dans un contexte de défis sécuritaires majeurs.

En termes de perspectives, nous comptons construire un concept autour de notre action. Nous comptons ainsi en faire un label. Déjà, nous comptons exporter notre expérience dans les pays du G5 Sahel et autres pays francophones en Afrique de l’Ouest.

 

 

La plus grosse difficulté de ce pays semble être le manque de volonté politique pour accompagner de telles initiatives de fond. Dès lors, ne craignez-vous pas que votre travail n’ait pas l’impact escompté, sans volonté politique qui organise le cadre d’expression de vos actions et leur vulgarisation ?

La volonté politique a permis la mise en place de la loi qui permet à des structures comme la nôtre de travailler dans le cadre de la participation communautaire à la gestion de la sécurité par la prévention. C’est aussi grâce à cette volonté politique que des partenaires développent des programmes à la volonté politique que des programmes de développement sont mis en œuvre comme celui a permis d’accompagner le déroulement de nos conférences.

C’est à nous maintenant de développer des initiatives, renforcer notre action en la mettant à l’échelle et en facilitant des initiatives de pérennisation au sein des communautés bénéficiaires pour poursuivre l’œuvre de transformation enclenchée. Dans cette perspective, tous les acteurs institutionnels, les collectivités territoriales et les acteurs individuels sont interpellés pour accompagner la dynamique, dont les résultats affectent positivement la vie de tous les citoyens et même l’existence de la nation.

Quelles sont vos recommandations et qui sont les destinataires ?

Au regard de ce qui est dit précédemment, nous recommandons à toute organisation ou personne soucieuse de la promotion de valeurs morales éthiques comme moyens de transformation sociale dont la finalité est le mieux-être des populations bâti sur la sécurité, la justice sociale, la cohésion sociale, l’ éradication de l’intolérance, de la corruption, la solidarité humaine, à s’approprier ce concept ou à accompagner la dynamique hautement salutaire que nous avons amorcée.

Dès lors qu’il y a unanimité autour de la perte des valeurs morales comme cause de notre malaise social, il s’impose que si une offre en la matière produit des résultats évidents et durables, qu’il y ait une vague d’appuis à la dimension de la problématique.

Interview réalisée par Oumar L. Ouédraogo
Photos : Auguste Paré
Lefaso.net

Sous-catégories

Les informations sur nos maisons de formation datent de quelques années, et nous avons demandé aux responsables de ces maisons de nous donner des nouvelles plus récentes.
La première réponse reçue vient de Samagan, le noviciat près de Bobo-Dioulasso (lire la suite)

 

La deuxième réponse nous a été donnée par la "Maison Lavigerie", notre maison de formation à la périphérie de Ouagadougou, où les candidats ont leurs trois premières années de formation (lire la suite)