Témoignages

 

Le Nigérian Bola Tinubu de nouveau en France, juste avant son investiture

À seulement quelques jours de son investiture, prévue le 29 mai, le président élu du Nigeria a une nouvelle fois séjourné à Paris à titre privé. Et le successeur de Muhammadu Buhari est déjà très courtisé par les Français.

Réservé aux abonnés
Mis à jour le 24 mai 2023 à 12:37

 

 boda

 

 

Bola Tinubu, du parti All Progressives Congress, à Abuja, au Nigeria, le 1er mars 2023. © Ben Curtis/AP/SIPA

 

Bola Tinubu a décidément ses habitudes en région parisienne. Le président élu du Nigeria a en effet séjourné en France mi-mai, pendant environ deux semaines. Officiellement, il s’agissait d’un voyage privé à des fins médicales. Selon nos sources, le Nigérian, qui doit être investi chef de l’État le 29 mai, souhaitait effectuer un dernier check-up sanitaire à l’hôpital américain de Neuilly-sur-Seine avant la cérémonie.

Discussions sur la coopération militaire

Bola Tinubu, 71 ans, est suivi depuis de nombreuses années par les médecins de cet hôpital de pointe, situé à l’ouest de Paris, tandis que son prédécesseur, Muhammadu Buhari, privilégiait quant à lui les institutions londoniennes. Le futur chef de l’État avait déjà effectué un séjour médical en France le 22 mars, ne regagnant le Nigeria que fin avril, soit plus d’un mois après son arrivée.

À LIREBrian Browne, l’Américain qui murmure à l’oreille de Bola Tinubu

Très courtisé, Bola Tinubu a pu profiter de sa visite pour aborder certains sujets essentiels de son futur mandat, au premier rang desquels l’énergie – un secteur nigérian dont les opportunités attisent les convoitises des entreprises françaises – et la sécurité. Selon nos informations, le vainqueur de la présidentielle a notamment pu s’entretenir avec des haut gradés du ministère français de la Défense, notamment de la gendarmerie.

Les Français – dont les relations avec Muhammadu Buhari ont parfois été difficiles et qui redéploient actuellement leurs ressources en Afrique de l’Ouest – espèrent trouver en Bola Tinubu et son entourage des interlocuteurs de premier plan pour améliorer la coopération militaire entre les deux pays. Le Nigérian doit prochainement nommer le nouveau patron du Département de la sécurité d’État, l’heureux élu faisant potentiellement partie de sa délégation à Paris.

De retour au Nigeria, il a reçu ce 23 mai à Abuja l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, dont la fondation est particulièrement active sur le continent.

Salif Keïta, la star en guerre contre les « ennemis » du Mali

Connu dans le monde entier, l’artiste malien multiplie les prises de position polémiques en concert et sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, c’est la France qu’il étrille et tous ceux qui, à ses yeux, combattent les intérêts de son pays.

Mis à jour le 23 mai 2023 à 15:19

 

 salif

 

Salif Keïta, au centre, lors d’un concert de bienfaisance dédié à une fillette albinos de 5 ans enlevée, torturée et tuée au Mali (ici à Bamako, le 18 novembre 2018). © Mohamed Kodio/AP/SIPA

 

En ce jour de janvier 2020, le personnel de l’aéroport de Conakry s’est figé. Salif Keïta, la « voix d’or de l’Afrique », vient de se voir refuser l’accès aux fauteuils beiges du salon VIP tout juste inauguré, et n’a pas l’air d’apprécier. « On m’a foutu dehors », tempête l’artiste malien, vexé.

À LIRE[Chronique] Salif Keita en Guinée : V.I.P. ou persona non grata ?

Pour lui, seule une explication est possible : « L’aéroport guinéen n’est pas guinéen, il est français. » Il faudra à la superstar l’accolade du président Alpha Condé, qui lui présentera « ses regrets pour l’incident de l’aéroport », pour calmer sa fureur. Un an plus tard, ledit aéroport sera renommé Sékou Touré, en hommage au père de l’indépendance, le premier dirigeant à avoir rejeté la France en Afrique de l’Ouest.

Artiste engagé

Malgré son héritage controversé, Sékou Touré a toujours suscité l’admiration de Salif Keïta, qui voyait en lui une figure de résistant à l’ancien colonisateur. En 1976, le président guinéen invite le jeune Salif, encore peu connu, et le décore de l’Ordre du Mérite. Honoré d’être ainsi choyé, l’artiste malien le remercie en lui consacrant un titre, « Mandjou », qui deviendra culte.

À LIREGuinée : Sékou Touré, le meilleur, le pire et ce qu’il en reste

En plus de cinquante ans de carrière, Salif Keïta ne s’est jamais contenté d’être un simple musicien. Au début des années 1970, il joue pour le régime de Moussa Traoré, puis, en 1985, participe au concert « Libérez Mandela » à la fête de l’Humanité, à Paris, après avoir chanté un an plus tôt contre la famine en Éthiopie. Sorti en 1989, son titre « Nous pas bouger » aborde les problèmes des Maliens ayant émigré en France, et son album La Différence (2009) évoque la « mode dynastique » des pays africains.

Si son éternel combat reste consacré à la protection des personnes souffrant d’albinisme – dont il est lui-même atteint – à travers sa fondation, Salif Keïta se lance en politique en 2007. À l’époque, il soutient la réélection du président Amadou Toumani Touré, dont il est proche, et se présente aux législatives sous la bannière du Parti citoyen pour le renouveau (PCR). « Il voulait contribuer à changer le pays, il voulait un Mali plus juste », témoigne un de ses proches, se souvenant de lui comme d’un « fervent défenseur de la démocratie ».

Son objectif réel est surtout de porter les intérêts des artistes à l’Assemblée nationale. « Beaucoup de gens ont essayé de le dissuader, de peur que ça gâche son image », se remémore l’un de ses collaborateurs. Aurait-il surestimé sa notoriété dans un domaine qui n’est pas le sien ? Alors qu’il s’offrait l’Olympia et le Zénith à Paris les années précédentes, l’ambassadeur de la musique malienne perd les élections. Pour lui, cette défaite est un échec cuisant. « Il était très déçu, il disait qu’on l’avait escroqué, se rappelle son collaborateur. Cela l’a amené à douter de lui-même. »

Enfant stigmatisé

Salif Keïta est né en 1949 à Djoliba, un village des bords du fleuve Niger situé à 40 kilomètres de Bamako. De nature sensible, il y passe son enfance caché et isolé en raison de son albinisme. « Dans mon pays, on tue les albinos, alors j’ai dû m’imposer dès l’école face aux autres enfants », déclare le chanteur en 2019, dans une interview où il raconte qu’il a dû se battre toute sa vie. Rejeté par son père à la naissance, il voue un amour infini à sa mère, qui a « trop souffert [à cause de lui] » et s’engagera plus tard pour l’emploi des femmes au Mali.

À LIREBienvenue chez Salif Keita !

Déterminé, Salif Keïta le sera toute sa vie. Handicapé par sa mauvaise vue, liée à son albinisme, il est déclaré inapte au métier d’instituteur. Prince mandingue de naissance, il choisit alors de défier l’autorité paternelle pour devenir musicien – un métier normalement réservé aux griots de caste inférieure. Âgé d’à peine 20 ans, il part seul chanter dans les cafés et sur les marchés de Bamako avant d’être repéré pour son talent. Il intègre alors le Rail Band de Bamako, puis le groupe les Ambassadeurs, qui le propulse à l’étranger.

Passeport pour le monde, sa voix haute et puissante l’amène à enregistrer ses titres en Côte d’Ivoire, où il vit six ans, puis aux États-Unis, à la fin des années 1980. Il s’installe ensuite pendant plusieurs années en France, à Montreuil, fief de la communauté malienne en région parisienne, avant de rentrer définitivement au Mali en 2004.

Discours radicalisé

Dans les années qui suivent, celui qui a été nommé ambassadeur de la paix par l’Union africaine (UA) en 2010 radicalise son discours. Neuf ans plus tard, le chanteur apparaît dans une vidéo sur Facebook. Assis, bras croisés, vêtu d’une veste, coiffé d’un chapeau et portant des lunettes marron, il adresse un « message urgent » au président Ibrahim Boubacar Keïta, dont il juge la gouvernance mauvaise et corrompue. « Tu sais pertinemment que c’est la France qui paie des gens pour tuer les Maliens », dénonce la star, accusant la France de financer les jihadistes, et reprochant à son « grand frère » de se « soumettre à ce petit [Emmanuel] Macron ». Ces propos, qui se répandent comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux maliens, suscitent un démenti officiel des autorités françaises.

À LIRE[Chronique] Salif Keita, griot anti-Macron

Interrogé par Jeune Afrique le mois dernier à Kyoto, où il vient de débuter une tournée internationale, Salif Keïta se dit « fier du gouvernement de transition » actuel, qui a « repris la main », et affirme soutenir le partenariat avec la Russie. « Quant à la démocratie occidentale… J’ai moi-même chanté en sa faveur, mais je l’ai regretté. C’est une démocratie venue d’ailleurs, qui n’est pas adaptée à notre société », affirme-t-il.

Selon son collaborateur et ami, l’artiste Cheick Tidiane Seck, la percée des groupes touaregs et jihadistes au Mali, en 2012, a provoqué une « déchirure » chez Salif Keïta. Comme beaucoup de ses compatriotes, Keïta, opposé à l’extrémisme religieux, ne comprend pas l’attitude de la France à l’égard des rebelles touaregs qui ont mis la main sur le nord du pays. « Les espoirs déçus, ça amène un homme à tout », conclut son ami.

À LIRESalif Keita : « Ceux qui interdisent la musique ne sont pas de vrais musulmans »

Pour Salif Keïta, l’insurrection indépendantiste est une « amputation du Nord », qu’il vit « douloureusement ». « Paris est en partie responsable », assène-t-il lors d’une interview accordée à Jeune Afrique en 2016.

En 2020, IBK est renversé par Assimi Goïta. À 71 ans, le musicien renoue avec la politique et devient membre du Conseil national de transition (CNT). Son rôle officiel consiste à défendre les intérêts du monde de la culture, mais « on ne l’a pas beaucoup vu prendre la parole, lui qui est d’habitude très éloquent », remarque un artiste malien qui a travaillé avec lui.

« La Minusma doit foutre le camp »

L’agenda du « Noir blanc », comme il se décrit lui-même, est-il tout autre ? Le 6 mai, dans un de ses derniers coups d’éclat, le chanteur a profité de sa présence sur scène au Bama Art, à Bamako, pour évoquer la crise sécuritaire au Mali et dresser la liste des « ennemis » de son pays. « L’Algérie et la Mauritanie entretiennent les terroristes. La Minusma doit foutre le camp ! » s’est-il emporté face à la foule.

À LIREMali – Salif Keita : « Si la France voulait que la guerre s’arrête, ce serait fini demain »

Ses prises de position sont diversement appréciées. Certains le jugent « trop intègre » pour tremper dans la politique malienne, quand d’autres pensent que seul son âge avancé – 73 ans – le pousse à tenir ce genre de propos. « Il n’a plus rien à perdre et veut se sentir jeune, encore dynamique, dans le présent, reprend son ancien collaborateur. Mais il devrait plutôt appeler à l’apaisement. Passé un certain âge, la sagesse devrait primer. »

Respectée à travers le monde pour ses chansons, la star planétaire ne préfèrerait-elle pas se reposer en jouant au damier – auquel il excelle – dans l’ambiance familière du Moffou, son club et studio d’enregistrement de Bamako ? Salif Keïta, qui serait père de onze enfants, s’est souvent dit « fatigué », ces derniers temps, et envisagerait de prendre sa retraite.

garnier1

garnier2

Au Mali, l’influenceuse « Rose la vie chère » maintenue en prison

Incarcérée depuis deux mois pour « incitation à la révolte », Rokia Doumbia devait être libérée sous caution début mai.

Mis à jour le 17 mai 2023 à 17:22
 

 

 rose

 

 

Arrêtée le 13 mars 2023 après avoir dénoncé la cherté de la vie au Mali sur les réseaux sociaux, Rokia Doumbia, bien qu’ayant obtenu sa liberté provisoire, est toujours incarcérée. © DR

 

 

Ses quelque 160 000 abonnés sur TikTok devront encore attendre pour la voir réapparaître sur leurs écrans. Arrêtée le 13 mars après avoir dénoncé la cherté de la vie au Mali sur les réseaux sociaux, Rokia Doumbia, bien qu’ayant obtenu sa liberté provisoire, est toujours incarcérée.

Libérée sous caution

Placée sous mandat de dépôt pour « incitation à la révolte » et « trouble à l’ordre public par l’usage des technologies de l’information et de la communication » après avoir critiqué le gouvernement de transition malien dans l’une de ses vidéos, elle devait être libérée sous caution le 3 mai, en attendant son procès prévu le 14 juin.

À LIRERokia Doumbia, l’influenceuse qui a taclé Assimi Goïta, placée sous mandat de dépôt

Connue des internautes maliens, Rokia Doumbia se fait depuis des années le relai de leurs préoccupations quant à la cherté des prix en publiant des vidéos quasi-quotidiennement. L’une d’elle aurait particulièrement attiré l’attention des autorités. « Cette transition est un échec avec un bilan de 0 %. Aucun Malien ne vit en paix. Pendant mes directs, les gens réagissent en dénonçant la flambée des prix du riz, du gasoil, de l’huile et du sucre », avait-elle lancé sur TikTok.

Nouveau mandat de dépôt

Sa caution, fixée à 1 million de FCFA par le tribunal de la commune IV de Bamako qui a entendu l’influenceuse le 29 mars, avait été payée le jour même par ses parents qui n’ont pas pris le temps de consulter leurs avocats. « Je leur ai dit qu’ils avaient perdu leur argent », déplore Me Tapo, chargé de la défense de Rokia Doumbia. Avant qu’elle ne franchisse les grilles de la prison, le procureur a en effet saisi le juge d’instruction pour que soit délivré un autre mandat de dépôt, la maintenant incarcérée.

Ses avocats doivent maintenant attendre un nouvel « interrogatoire de fond » avant de faire une nouvelle demande de mise en liberté. « En espérant qu’elle sera entendue avant le 14 juin », reprend Me Tapo. En attendant, celle qui est aussi connue sous les surnoms de « Tata Rose » ou « Rose poivron » est détenue à la maison d’arrêt des femmes et enfants de Bollé, à Bamako.

À LIREAu Mali, Ras Bath envoyé en prison après ses propos sur « l’assassinat » de Boubeye Maïga

Ses avocats affirment n’avoir toujours pas eu accès au dossier qui est entre les mains du procureur de la commune IV de Bamako, Idrissa Touré. Également en charge de l’affaire Ras Bath, Idrissa Touré a déjà été critiqué pour avoir multiplié les mandats de dépôt. L’activiste, arrêté lui aussi le 13 mars pour « offense au chef de l’État », a vu sa demande en liberté rejetée. Ses avocats ont dénoncé un « acharnement judiciaire ».

En Côte d’Ivoire, Yasmina Ouégnin à l’assaut de Cocody

La députée de la commune abidjanaise briguera sa mairie aux prochaines municipales, en septembre. Une décision prise à l’encontre de son parti, le PDCI, qui a investi le maire sortant, Jean-Marc Yacé.

Par  - à AbidjanMis à jour le 17 mai 2023 à 11:45
 

 yasmina

 

 

La députée ivoirienne Yasmina Ouégnin. © Facebook Yasmina Ouegnin

 

Face au choix du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), qui lui a préféré le maire sortant, Jean-Marc Yacé, la réaction de Yasmina Ouégnin ne s’est pas fait attendre. Le 2 mai, jour de la diffusion de la liste des candidats investis par sa formation pour les élections locales, qui se tiendront le 2 septembre prochain, la députée de Cocody a fait part de sa candidature à la mairie de cette commune huppée d’Abidjan.

À LIREEn Côte d’Ivoire, le PDCI dévoile ses candidats pour les locales

Dans une vidéo d’environ trois minutes partagée sur ses réseaux sociaux, la quadragénaire explique « répondre aux appels pressants et répétés » de ses concitoyens en se présentant en tant que tête de la liste indépendante Ensemble pour Cocody. Elle l’assure : sa démarche est régi par un « fort besoin de rassemblement autour d’un projet citoyen propice à une gestion inclusive et solidaire ».

Depuis plusieurs mois déjà, l’ambition de la cadette de Georges-François Ouégnin, emblématique chef du protocole de Félix Houphouët-Boigny, était claire : prendre la tête de Cocody, commune dont elle est déjà l’élue à l’Assemblée nationale.

Un souhait qui a provoqué des remous au sein de l’ancien parti unique et qui va, comme beaucoup le redoutaient, tourner au duel familial. Le candidat du PDCI, Jean-Marc Yacé, est en effet son oncle éloigné. Les tentatives de médiation de différents proches ont toutes échouées et c’est donc sans surprise que la candidature indépendante de « Yasmina » a été accueillie.

Relations houleuses avec le PDCI

Ces derniers mois, Henri Konan Bédié, le patron du PDCI, a tout fait pour tenter d’empêcher cette éventualité. Dans son discours aux candidats du parti à Daoukro, le 29 avril dernier, il a appelé au « sens de la responsabilité », un message qui semble une nouvelle fois adressé directement à la députée de Cocody, et a condamné les « réflexes individualistes ».

Entre Yasmina Ouégnin et le PDCI, les relations n’ont jamais été un long fleuve tranquille. En 2014, elle fait partie des voix qui se sont opposées à « l’appel de Daoukro » de Bédié, qui avait invité les membres du parti à soutenir la candidature d’Alassane Ouattara à la présidentielle. Deux ans plus tard, en 2016, après avoir échoué à obtenir l’investiture du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, le parti présidentiel) aux législatives, elle se présente en indépendante face à Affoussiata Bamba-Lamine, alors ministre de la Communication et porte-parole adjointe du gouvernement.

À l’époque, elle bénéficie du soutien de certains cadres et de militants réticents à l’alliance avec le parti présidentiel. Grâce à une communication habile et à la mise en avant de son ancrage à Cocody, elle remporte le scrutin à l’issue d’une élection très disputée et crée son propre groupe parlementaire, Vox populi.

Bédié soutient Yacé

Yasmina Ouégnin n’hésite pas non plus à remettre en cause le processus de désignation des candidats par le PDCI. « Il m’a semblé, malgré l’appel à candidatures, que le choix du candidat pour Cocody était fait d’avance, selon des critères qui me paraissent manquer d’objectivité », explique-t-elle à Jeune Afrique, ajoutant qu’elle avait fait part de son souhait à Henri Konan Bédié.

« Je lui ai signifié que je ne souhaitais pas accompagner des initiatives fondées sur des calculs ne servant pas l’intérêt général. Ma démarche en ce sens n’a jamais varié ces douze dernières années. Cela m’a valu sanctions et réprimandes à chaque fois, mais je reste droite dans mes bottes car l’avenir de Cocody est important à mes yeux », ajoute-t-elle.

À LIRECôte d’Ivoire : entre Jean-Marc Yacé et Yasmina Ouégnin, une bataille fratricide au sein du PDCI pour Cocody

Malgré la mise en place d’un comité chargé d’étudier les candidatures, Bédié avait déjà exprimé son soutien à des maires sortants de communes abidjanaises stratégiques comme Cocody, le Plateau ou encore Marcory. « Deux raisons principales expliquent ce soutient, analyse un cadre du parti. Pour Bédié, un élu qui n’a pas démérité doit pouvoir faire un deuxième mandat. Ensuite, ils ont emporté ces communes en 2018 dans des conditions difficiles pour le parti. Les élections avaient alors eu lieu juste après le retrait du PDCI de l’alliance présidentielle. À un moment où d’autres ont transhumé, eux ont fait le choix de rester, de montrer leur loyauté et ont remporté ces communes. »

Une élection très disputée

À Cocody, les prochaines municipales s’annoncent très disputées. Outre Ouégnin et Yacé, le RHDP présentera Éric Taba, le chef du protocole d’Alassane Ouattara, et le Front populaire ivoirien (FPI) son secrétaire général, Issiaka Sangaré.

À ceux qui lui reprochent de diviser les voix du parti et d’accentuer le risque de voir la commune basculer entre les mains du parti au pouvoir, Yasmina Ouégnin répond que ce n’est pas une première. Regrettant une « véritable chasse aux sorcières, couplée à une déplorable campagne de dénigrement », elle estime que « tout est fait pour donner l’impression que durant soixante-quinze ans, jamais aucune candidature indépendante n’a été déposée par un militant du parti ». « Elles ont pourtant toujours existé. Aux municipales, aux régionales, aux sénatoriales, aux législatives et même à la présidentielle », liste la candidate. Selon elle, sa démarche, « mûrement réfléchie », est « bien comprise » par les militants.

À LIREEn Côte d’Ivoire, le FPI d’Affi N’Guessan en campagne partout, mais avec des moyens limités

Depuis son élection comme députée de Cocody, en 2011, à l’âge de 32 ans, Yasmina Ouégnin fait partie des cadres qui bousculent le PDCI. Dans un parti où des voix s’élèvent régulièrement pour réclamer un renouvellement générationnel, son discours séduit certains. Pourra-t-elle rassembler les habitants de Cocody qui avaient choisi Jean-Marc Yacé face au maire sortant, Mathias Aka N’Gouan, en 2018 ? Lors de la campagne à venir, ce proche du couple Bédié pourra défendre son bilan et le remboursement d’une dette de plusieurs milliards de dollars de F CFA qu’il affirme avoir trouvé en arrivant à la mairie de Cocody.

Sous-catégories

Les informations sur nos maisons de formation datent de quelques années, et nous avons demandé aux responsables de ces maisons de nous donner des nouvelles plus récentes.
La première réponse reçue vient de Samagan, le noviciat près de Bobo-Dioulasso (lire la suite)

 

La deuxième réponse nous a été donnée par la "Maison Lavigerie", notre maison de formation à la périphérie de Ouagadougou, où les candidats ont leurs trois premières années de formation (lire la suite)