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Guinée: nouveau report pour le double scrutin

Une affiche de campagne à Conakry pour le référendum sur la nouvelle constitution. Le 27 février 2020.
Une affiche de campagne à Conakry pour le référendum sur la nouvelle constitution. Le 27 février 2020. REUTERS

En Guinée, les élections législatives et le scrutin sur référendum constitutionnel ne se tiendront pas le 15 mars comme l'avait annoncé le président Alpha Condé fin février. Selon le président de la Céni , aucune date n'a encore été fixée. La Céni attend le rapport d'audit du fichier électoral des experts de la Cédeao pour fixer une nouvelle date.

Avec notre correspondant à Conakry, Mouctar Bah

Initialement prévues le 28 décembre 2019, puis maintes fois reportées, ce double scrutin ne se tiendra pas ce dimanche 15 mars a confirmé un haut responsable de la Céni, la Commission électorale nationale indépendante.

Fin février, le président Alpha Condé avait pourtant annoncé un report de deux semaines de ces élections sous la pression de l’opposition et de la communauté internationale qui invoquaient des inquiétudes relatives aux listes électorales.

Plus deux millions d’électeurs aux noms « problématiques »

Des experts de la Cédeao se sont donc penchés sur les listes électorales, un des motifs de la contestation. « Nous n’avons pas encore le rapport des experts de la Cédeao a précisé mardi le président de la commission électorale nationale indépendante », Amadou Salifou Kébé.

Une nouvelle date pour la tenue de ces scrutins est désormais suspendue à la fin des travaux d’assainissement du fichier.

L'Organisation internationale de la Francophonie - qui accompagne le processus électoral en Guinée -  a jugé « problématiques » près de 2,5 millions de noms d'électeurs figurant sur les listes des doublons et des personnes décédées.

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Côte d’Ivoire: l’annonce du président Ouattara à la Une de la presse

Le président ivoirien Alassane Ouattara s'adresse au Congrès à Yamoussoukro le 5 mars 2020, annonçant qu'il ne se présenterait pas aux élections d'octobre 2020.
Le président ivoirien Alassane Ouattara s'adresse au Congrès à Yamoussoukro le 5 mars 2020, annonçant qu'il ne se présenterait pas aux élections d'octobre 2020. AFP/Sia Kambou

Ce jeudi 5 mars, le président ivoirien Alassane Ouattara a annoncé son intention de ne pas briguer un nouveau mandat. La présidentielle est prévue pour le mois d’octobre 2020. Et évidemment, cette annonce fait la Une de la presse ivoirienne.

Avec notre correspondant à Abidjan, Pierre Pinto

« Notre Mandela ! » se lâche Le Patriote, journal proche du parti au pouvoir qui consacre la quasi-totalité du numéro de ce 6 mars à cet événement. Le Jour Plus, autre publication proche du pouvoir parle de « l’au revoir de Ouattara qui fait couler les larmes », allusion aux quelques ministres RHDP en pleurs au moment de la fameuse annonce hier à Yamoussoukro. « ADO met Bédié face à l’histoire et part avec élégance » ajoute le journal.

« Que ceux qui ont des oreilles pour entendre entendent »

Venance Konan dans le quotidien d’État Fraternité Matin écrit ceci : « L’homme d’un certain âge doit s’abstenir de grimper lui-même sur l’arbre pour en cueillir les fruits. Il doit laisser cette tâche à (…) plus jeune et plus habile que lui. Que ceux qui ont des oreilles pour entendre entendent », écrit l’éditorialiste comme un message adressé à Bédié 85 ans, et Gbagbo 75.

La presse d’opposition voit les choses différemment. Pour Le Nouveau Réveil, « c’est la persévérance de Bédié qui a eu raison de Ouattara ». Le journal du PDCI estime que l’activisme d’Henri Konan Bédié auprès de la communauté internationale pour expliquer « que le président de la République sortant ne peut pas briguer un troisième mandat conformément à la Constitution » qui a porté ses fruits. Même tonalité dans les colonnes du Temps, journal pro-Gbagbo, pour qui c’est « la Constitution qui a eu raison de Ouattara ». Constitution qui limite à deux le nombre de mandats.

Une fronde « pas à exclure »

« Bédié et Gbagbo suivront-ils l’exemple d’Alassane Ouattara » s’interroge L’Intelligent d’Abidjan qui croit que ce retrait « pourrait contrarier les plans des présidents Bédié et Gbagbo soupçonnés de vouloir être candidat. Une fronde au sein de leur parti n’est pas exclure », estime encore le journal.

■ Une décision commentée en Guinée

La décision d’Alassane Ouattara fait écho aux demandes de l'opposition et la société civile en Guinée, pays voisin de la Côte d'Ivoire. Alors que le débat est vif sur l’opportunité d’une nouvelle Constitution qui pourrait permettre au président Alpha Condé, 82 ans  de briguer un troisième mandat, les habitants de Conakry regardent avec intérêt en direction d’Abidjan.

 

Dans les cafés de Dixinn, à l’heure du petit déjeuner, les télévisions sont à plein volume, et l’on parle: politique ivoirienne.

[Africa CEO Forum] De quoi les entreprises sont-elles responsables ?

| Par
Abidjan, capitale de la Côte d'Ivoire nouvelle

Le secteur privé peut contribuer davantage au développement du continent et l’aider à relever les nombreux défis sociaux, sociétaux et environnementaux auxquels il est confronté.

Rassemblant les grands chefs d’entreprises actives sur le continent les 9 et 10 mars à Abidjan, en présence de cinq chefs d’État, la huitième édition de l’Africa CEO Forum a pour thème « Capitalisme et bien commun ». Les participants vont réfléchir à la manière de contribuer davantage au développement du continent pour en faire décoller l’activité, y améliorer les conditions de vie et mieux protéger l’environnement.

L’impact social et environnemental, mais aussi sociétal et culturel des entreprises est évident, et de nombreuses sociétés ont lancé des initiatives pour faire avancer le recrutement, la sous-traitance et l’approvisionnement locaux, la féminisation des effectifs, la protection de la nature ou l’entrepreneuriat et les nouvelles technologies.

Engagement social et environnemental

Les groupes privés, qu’ils soient locaux, panafricains ou mondiaux, ne peuvent plus faire l’impasse sur leur réputation en ligne, où peuvent naître des boycotts ravageurs, comme on l’a vu au Maroc et au Sénégal. Ils sont aussi obligés de suivre les évolutions réglementaires sociales et environnementales de leurs secteurs, notamment celles des places financières.

Mais les groupes ont tout intérêt à aller plus loin : ils s’adapteront ainsi à leurs clients et à leurs partenaires locaux, amélioreront la qualité de leur management, ou investiront de nouveaux marchés nés des évolutions technologiques ou culturelles.

Le continent a besoin de leur engagement social et environnemental. Sa croissance ralentit : après une année 2019 décevante, où elle n’a été que de 3,2 %, le FMI prévoit qu’elle n’atteindra que 3,8 % en 2020, soit presque moitié moins qu’en 2012, avec de grandes disparités entre les pays : 6,8 % au Sénégal et 7,2 % en Éthiopie, mais seulement 1,1 % en Afrique du Sud, 2,4 % en Algérie et 2,5 % au Nigeria, trois pays confrontés à des problèmes de gouvernance politique et dépendants de ressources minières et pétrolières, dont les cours sont en berne.

Dans cette conjoncture en demi-teinte, le continent reste confronté à des taux de pauvreté et à des inégalités dans la répartition des revenus atteignant toujours des niveaux très élevés. En dehors de l’Afrique du Nord, l’industrialisation peine à accélérer, même dans la transformation des matières premières extraites sur place.

Par ailleurs, 10 à 12 millions de jeunes arrivent chaque année sur le marché de l’emploi africain et peinent à trouver un poste, tandis que quelque 70 % de ceux qui en ont un au sud du Sahara sont considérés par l’Organisation internationale du travail comme des travailleurs pauvres, peinant à joindre les deux bouts, souvent en raison de leur faible qualification.

En outre, le continent devrait être particulièrement touché par le réchauffement climatique, qui pourrait faire baisser de 10 % la valeur des exportations de l’Afrique de l’Ouest, et de 8 % celles de l’Afrique centrale, du fait de son impact sur l’agriculture, mais aussi sur les industries extractives, moins productives avec l’élévation des températures.

L’État ne peut pas tout faire seul

Les États africains, parfois fragiles, ne peuvent relever ces défis seuls. Sans les supplanter, le secteur privé peut apporter sa pierre à l’édifice. Comme le milliardaire nigérian Tony Elumelu ou le tycoon égyptien Naguib Sawiris, un grand nombre de patrons mènent déjà des actions philanthropiques, louables et utiles. Mais c’est d’abord et avant tout à travers leurs entreprises – et leur activité de prédilection – qu’ils pourront participer à répondre aux défis économiques majeurs auxquels est confronté le continent.

Chaque entreprise a la capacité de travailler au bien commun, chacune à sa manière, selon sa culture d’origine, ses lieux d’implantation et surtout son type d’activité. Un industriel de l’agroalimentaire peut doper l’agriculture locale en choisissant de s’approvisionner à proximité de ses usines africaines. Un géant de l’automobile ou de l’aéronautique est capable d’entraîner dans son sillage ses grands fournisseurs internationaux, qui à leur tour auront besoin d’une myriade de sous-traitants, fixant sur place emploi et valeur ajoutée.

Un groupe du secteur bancaire ou des assurances, dont les effectifs sont les plus féminisés, est en mesure d’instaurer une mixité bénéfique dans son conseil d’administration. Un pétrolier nigérian sera plus sensible aux questions de contenu local que l’un de ses concurrents non africains. Quant à une compagnie minière engagée en faveur de la bonne gouvernance, publiant ses chiffres, voire ses contrats, au grand jour, elle pourra changer la donne en matière de lutte contre la corruption.

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Multiplier des actions responsables

Une entreprise des secteurs à haut contenu intellectuel, le conseil et l’audit par exemple, sera pour sa part bien placée pour mener une politique de formation efficace afin de recruter et de faire monter en responsabilité son personnel local, en lien avec les universités et les grandes écoles du continent.

Les groupes de télécoms, eux, peuvent s’appuyer sur le formidable bouillonnement des start-up africaines – notamment à Nairobi, Tunis ou Dakar – pour créer de nouveaux services et marchés. Une institution financière ou un fonds de capital-risque peuvent orienter leurs prises de participation vers des activités non polluantes, par exemple les énergies renouvelables, qui ont encore besoin d’un coup de pouce même si leur rentabilité a beaucoup progressé.

Dans ce dossier publié en prélude à l’Africa CEO Forum, nous avons voulu aborder de manière concrète la question du « bien commun » en choisissant des thématiques propres à chacun des huit secteurs économiques suivants : finance, banque, biens de consommation, technologies, audit et conseil, tourisme, industrie manufacturière et industries extractives. Ce panorama montre que les entreprises peuvent prendre des engagements bénéfiques dans de nombreux domaines. Et qu’il convient de multiplier ces actions responsables.

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Lire les autres articles du dossier

Africa CEO Forum 2019, à Kigali, le 26 mars 2019.

En Afrique, l’entrepreneuriat au féminin

La créatrice de mode sénégalaise Adama Amanda Nidaye, fondatrice et opératrice de la Dakar Fashion Week et de la Black Fashion Week.

La créatrice de mode sénégalaise Adama Amanda Nidaye, fondatrice et opératrice de la Dakar Fashion Week et de la Black Fashion Week. @Antoine Tempé

Malgré les clichés qui les décrivent comme des êtres fragiles, sous éduqués, qui ploient sous le poids et les assauts de mâles qui les confinent aux tâches les plus ingrates, elles sont un exemple pour le monde. 24% de femmes africaines en âge de travailler sont des entrepreneures, soit le taux le plus élevé au monde. Comment s’explique ce remarquable dynamisme des africaines ? Au-delà des statistiques, de ces chiffres qui écornent l’image traditionnelle que l’on a d’elles, quelle est la réalité, le quotidien de ces guerrières, de ces amazones, de ces entrepreneures des temps modernes ?

Avec nos invitées :

Adama Amanda Ndiaye alias Adama Paris, styliste sénégalaise, créatrice de la marque Adama Paris

Jamila Ben Baba Ferdjani, présidente de Laham Industrie (Mali)

Clenne Mouangou, directrice générale de C.M.Agrobusiness (République du Congo)

Marie Diogoye Konaté, présidente de PKL - Protein Kissée La SA (Côte d’Ivoire)

Reckya Madougou, ancienne ministre béninoise chargée de la Microfinance, de l’Emploi, des Jeunes et des Femmes, ancienne Garde des sceaux, ministre de la Justice, de la Législation et des Droits de l’homme, et experte internationale en inclusion financière