Transhumance au Sahel: plus de 400 éleveurs bloqués entre le Burkina et le Bénin

La transhumance des troupeaux dans le Sahel (photo d'illustration).
La transhumance des troupeaux dans le Sahel (photo d'illustration). Marco LONGARI/AFP

De mars à juin, durant la période de soudure, la plupart des troupeaux des pays sahéliens viennent chercher des pâturages dans les pays côtiers. Mais cette année, le Bénin a décidé de fermer ses frontières aux transhumants étrangers, pour des raisons de sécurité. Un arrêté a été pris à cet effet le 26 décembre. Seul le Niger bénéficie d'une mesure d'exception. Pour les éleveurs sahéliens, cette interdiction rend leur situation critique.

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Diallo Hama vient de la commune de Tambaga, dans l'est du Burkina Faso. Il a parcouru 200 kilomètres avec son troupeau pour atteindre la frontière béninoise, où il est bloqué. La saison a été dure, les pluies insuffisantes, Diallo Hama a besoin de pâturages. « Il y a le problème de l’eau, le problème des arbres… Aujourd’hui, il y a quelques troupeaux qui ne peuvent même pas se lever. Les animaux vont mourir. »

Mais le Bénin a lui-même fait les frais de pluies capricieuses cette année. Wolou Alawolé, est le point focal de la transhumance au ministère de l'Élevage. « Beaucoup de nos aires de pâturage sont parties du fait des inondations. Les sécheresses ont aussi contribué à réduire très fortement la biomasse qu’on pouvait espérer en temps normal. »

C'est aussi au nom de la sécurité que le Bénin a choisi de fermer ses frontières aux transhumants. Dodo Boureima, président du réseau d'éleveurs ouest-africain Bilital Maroobé, regrette que les pasteurs soient ainsi stigmatisés. « On fait souvent un amalgame, on dit que ce sont les transhumants qui véhiculent la violence. Or un éleveur cherche à sauver son troupeau. Il ne peut pas se mêler à ce genre de choses. »

À partir de ce dimanche, les éleveurs nigériens peuvent venir au Bénin, mais à des conditions strictes : seuls trois points d'entrée ont été autorisés, les noms des transhumants doivent avoir été transmis au préalable et le nombre de têtes de bétail est limité à 50 000.

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