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À la Une: poussée de fièvre au Mali

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Un électeur malien, portant un masque, dans un bureau de vote de Gao, le 29 mars 2020. (Image d'illustration)
Un électeur malien, portant un masque, dans un bureau de vote de Gao, le 29 mars 2020. (Image d'illustration) Souleymane Ag Anara /AFP

Rien à voir avec le coronavirus, il s'agit de fièvre post-électorale... En effet, pointe Jeune Afrique, « la colère ne faiblit pas, près d’une semaine après la publication des résultats des élections législatives par la Cour constitutionnelle. De Bamako à Kayes, en passant par Sikasso et Sévaré, les manifestants dénoncent les différences entre les résultats provisoires annoncés par le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, un des trois organes en charge de l’organisation du scrutin, et ceux publiés par la Cour constitutionnelle. »

En effet, précise Jeune Afrique, « la prise en compte, par la Cour constitutionnelle, des recours introduits par certains candidats, a de fait changé la donne. Alors que les résultats provisoires annonçaient 43 députés pour le parti au pouvoir, le RPM, le Rassemblement pour le Mali, la Cour a ainsi annoncé qu’il avait emporté 51 sièges sur les 147 que compte l’Assemblée nationale. Par ailleurs, le parti présidentiel remporte des sièges dans quatre communes du District de Bamako, contre une, comme annoncé lors des résultats provisoires. »

Résultat, relève Jeune Afrique : « bravant parfois le couvre-feu instauré à partir de 21h et l’interdiction des rassemblements de plus de cinquante personnes en raison de l’épidémie de coronavirus, les manifestants descendent dans les rues pour contester ces écarts qu’ils estiment, donc, favorables au parti au pouvoir. »

Saccages

« De Kayes jusqu’à Mopti on bloque tout et on brûle », s'exclame le journal en ligne Malikilé. « Si pour le moment, ces manifestations ne sont pas coordonnées, chacune dans sa localité, les violences constatées inquiètent les observateurs. Tout est parti de Bougouni, précise Malikilé, où les partisans de la liste URDRPM sont sortis pour battre le pavé contre les résultats définitifs qui ont changé leur victoire en défaite. La route Bamako-Bougouni a été bloquée et les manifestants ont brûlé des pneus. Les manifestants s’en prennent ouvertement au président de la République, qu’ils accusent d’être en complicité avec la présidente de la Cour constitutionnelle pour recaler leurs candidats. »

La Cour constitutionnelle montrée du doigt

Une partie de la presse bamakoise conteste aussi la décision de la Cour constitutionnelle : « la Cour constitutionnelle a-t-elle remplacé le vote des électeurs ? », s'interroge ainsi le site d'information Mali Actu. D'autres, à l'instar de Mali Tribune, s'en prennent directement à sa présidente : « le comportement de Mme Manassa Danioko laisse place à toutes les supputations. Les conséquences de ses errements et de sa désinvolture ont donc déjà été visibles dans les rues, avec les pneus brûlés, les invectives de toutes sortes. Bien entendu, ceux qui ont l’imagination fertile ont vu la main du président et d’autres, affirme encore Mali Tribune. La Présidente de la Cour constitutionnelle est la seule responsable de la situation. On espère juste que pour le bien du Mali, pour la grandeur de la Cour, elle se retirera. »

Le 26 Mars, autre publication malienne, renchérit en estimant que le RPM, le parti présidentiel a vaincu « sans gloire » : « la Cour Constitutionnelle de Mme Manassa Danioko a donné la victoire à ceux qui n’ont pas gagné », s'insurge-t-il. Conséquence, conclut-il : « quand ceux qui commandent perdent la honte, ceux qui obéissent perdent le respect. »

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« Pas question de marcher sur les institutions ! »

Alors, « va-t-on vers crise post-électorale ouverte ? », s'interroge Info Matin. Il faut se calmer, lance Le Pays à Bamako. « Manifester son mécontentement face à certaines décisions politiques est un droit accordé par la constitution. Les dérapages actuels de nos gouvernants méritent aussi une réponse appropriée de la part du peuple. Crise scolaire ; gestion de la lutte contre le coronavirus, surtout le couvre-feu ; tensions autour de l’arrêt politique de la Cour Constitutionnelle… tout cela mérite révolte, mais pas l’irréparable », s'exclame Le Pays. « Les pressions doivent avoir pour finalité de contraindre les gouvernants à écouter et ouvrir un dialogue franc avec les gouvernés. (…) D’accord pour mettre la pression afin d’aboutir à un dialogue franc dont le rapport final soutenu par tous sera imposé aux gouvernants… mais pas question de marcher sur les institutions. »

Et Le Pays de conclure : « ceux qui sont animés par cette ineptie sont des ennemis de la République et méritent le pire des châtiments. »

Pour les rédacteurs en chef, patrons de presse qui nous écoutent : si vous souhaitez que vos publications soient citées dans la revue de presse Afrique, vous pouvez les communiquer par mail, dès le bouclage, à //Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.">Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.... Merci !

 
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Niger: l'Iswap revendique les attaques près de la frontière du Nigeria

Les attaques revendiquées par l'Iswap ont eu lieu dans la région de Diffa, à la frontière avec le Nigeria, le 3 mai 2020.
Les attaques revendiquées par l'Iswap ont eu lieu dans la région de Diffa, à la frontière avec le Nigeria, le 3 mai 2020. AFP PHOTO / PIUS UTOMI EKPEI

Des affrontements se sont produits dans le sud du Niger entre forces armées et l’Iswap, la branche de Boko Haram affiliée à l’Etat islamique. Cela s’est produit dimanche 3 mai, mais l’action a été revendiquée ce mercredi 6 mai par l’Iswap, qui affirme avoir tué cinq soldats. Hier nuit, les autorités nigériennes ont de leur côté livré leur version de ces affrontements, faisant au moins deux morts côté militaire et trois blessés. 

C’est une courte vidéo de deux minutes, diffusée par la branche ouest-africaine de l’Etat islamique. On y voit notamment, plusieurs hommes armés attaquer ce qui semble être un poste militaire. Impossible en revanche de dater ou de localiser ces images avec précision. Les insurgés saisissent des véhicules et des stocks de munitions.

Le ministère nigérien de la Défense précise que deux attaques se sont produites dimanche.  L’une à la mi-journée : l’armée affirme avoir intercepté « une colonne de véhicules provenant de Tumbun Fulani », localité située à 24km au nord-est de Bosso. La seconde attaque s’est produite vers 17h45, au niveau du poste frontalier avec le Nigeria. Le ministère nigérien de la Défense déplore deux morts, mais affirme que 50 personnes ont été « neutralisées » dans le village nigérian de Dumba’a.

« On pouvait entendre des échanges de tirs nourris : c’était comme un orchestre qui a duré deux heures », raconte un habitant de Diffa, peu surpris par cette attaque : en cette période de l’année, la rivière Komadougou Yobé est sèche, et les jihadistes venant souvent du Nigeria voisin, la franchissent pour rançonner les habitants ou attaquer les positions de l’armée. 

 
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Burkina Faso: le secteur économique enthousiaste face à la levée de l'isolement

L'économie repart petit à petit au Burkina Faso avec la fin de la quarantaine à Ouagadougou (image d'illustration).
L'économie repart petit à petit au Burkina Faso avec la fin de la quarantaine à Ouagadougou (image d'illustration). AFP Photos/OLYMPIA DE MAISMONT

Au Burkina Faso, après un mois de quarantaine, il est désormais possible de voyager dans plusieurs villes du pays, notamment Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Cette quarantaine était difficilement vécue par les opérateurs économiques dont les mouvements étaient limités.

Avec notre correspondant à Ouagadougou, Yaya Boudani

Depuis deux mois, l’économie est à l’arrêt. Les unités industrielles ne tournent plus, nous explique Mamady Sanoh, président du groupement des professionnels industriels. Il fallait trouver une solution pour éviter une asphyxie économique : « C’est d’ouvrir les portes, c’est d’ouvrir les transports, c’est d’ouvrir le flux… »

« Une bouffée d'oxygène »

La levée de la quarantaine des villes du pays, notamment Ouagadougou et Bobo Dioulasso, la seconde ville du pays, permettra à l’économie de reprendre son souffle selon Mamady Sanoh : « C’est certainement une bouffée d’oxygène, explique-t-il. Et même nous, qui sommes des industriels, nous avons besoin de cette oxygène-là pour pouvoir continuer à travailler et à vivre normalement. Les intrants qui rentrent dans notre production sont des intrants qui doivent être acheminés. Les hommes doivent être libres de pouvoir venir travailler, de pouvoir partir… On avait toutes ces difficultés-là qui deviennent croissantes ».

►À lire aussi : Coronavirus : l'Afrique face à la pandémie le mardi 5 mai

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À peine la quarantaine levée, les transporteurs ont repris leurs activités. Et selon Bonaventure Kéré, le secrétaire général de la fédération national des transporteurs, cette décision est salutaire : « Cette décision est la bienvenue. Depuis hier, on a vu qu’il y avait des mouvements. Les gens étaient un peu soulagés ». Tout en invitant les populations au respect des gestes barrière, les opérateurs économiques espèrent un allègement au niveau des frontières du pays.

Burkina Faso: ouverture de boutiques à prix réduit réservées aux populations vulnérables

 
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L’or dope la croissance du secteur minier ivoirien en 2019

| Par - à Abidjan
Usine de la mine d'or de Tongon, en Côte d'Ivoire, exploitée par la compagnie Randgold (devenu Barrick ; photo d'illustration).

Le pays enregistre une production aurifère en hausse en 2019, due à l’accroissement de la capacité de production du complexe minier Ity-Daapleu. Le métal jaune accélère davantage que le nickel ou le bauxite, pour lequel le démarrage de la mine de Bénéné est très attendu.

Le secteur minier ivoirien a enregistré en 2019, un bond de 30 % de son chiffre d’affaires pour se situer à 761,9 milliards de francs CFA contre 582,2 milliards de francs CFA l’année précédente. Le métal jaune, à lui seul, représentait 622,7 milliards de francs CFA, selon les chiffres présentés le 29 avril en conseil des ministres au palais de la présidence à Abidjan.

Plus de 100 milliards de francs CFA ont été investis en 2019 pour des recettes fiscales de 94,5 milliards de francs CFA. La production aurifère s’est établie à 32,5 tonnes l’an passé, alors que le gouvernement tablait sur une prévision de 26 tonnes. En 2018, 24,4 tonnes d’or avaient été extraites du sous-sol ivoirien.


Lire aussi : Jusqu’où ira le cours de l’or et comment les miniers africains vont-ils en profiter ?


«  Cette hausse de la production d’or est due à l’accroissement de la capacité de production complexe minier d’Ity-Daapleu, aux mesures de contrôle des exploitations minières ainsi qu’à la répression de l’orpaillage illicite », a expliqué Sidi Tiémoko Touré, le ministre de la Communication et des Médias, porte-parole du gouvernement.

À noter également qu’en 2019, les cours de l’or ont atteint des niveaux record, avec un pic à plus de 1 400 dollars l’once au mois d’août. Une tendance qui se poursuit sur 2020, accentuée par les effets de la pandémie de Covid-19. Le prix du métal jaune pousse les producteurs à augmenter progressivement des volumes, alors qu’ils avaient réduit la cadence, et ce en dépit d’une logistique plus complexe et coûteuse.

Quatre grandes sociétés minières actives

En Côte d’Ivoire, cinq mines d’or industrielles sont opérationnelles, et propriété de quatre compagnies. Le canadien Barrick Gold à Tongon. Son compatriote Endeavour Mining à Ity-Daapleu et à Agbaou, Afrique Gold – portée par le consortium d’investisseurs Forbes & Manhattan et African Finance Corporation – à Bonikro, et l’australien Perseus Mining à Sissengué.

L’action combinée des entreprises minières auprès du gouvernement a permis une grande répression de l’orpaillage clandestin, avec la fermeture de 222 sites à travers le pays. La Côte d’Ivoire a interdit son territoire à plusieurs individus reconnus coupables d’orpaillage aggravé, est-il précisé lors du conseil des ministres.

La progression de la production d’or doit se poursuivre en 2020, avec une prévision de 33,5 tonnes pour atteindre 38 tonnes en 2021. Malgré ses projections optimistes, la Côte d’Ivoire demeure un petit producteur africain loin derrière la Ghana, l’Afrique du Sud, le Mali ou le Burkina Faso.

Dans le secteur du manganèse et du nickel produit à grande échelle, la Côte d’Ivoire a réalisé 1,1 million de tonnes pour le premier et 660 144 tonnes pour le second.

 
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Côte d'Ivoire: Guillaume Soro condamné à 20 ans de prison ferme

Guillaume Soro à Paris, le 29 janvier 2020.
Guillaume Soro à Paris, le 29 janvier 2020. Lionel BONAVENTURE / AFP

L'ancien chef de la rébellion ivoirienne et candidat à la présidentielle d'octobre 2020 a été condamné à 20 ans de prison pour « recel de détournement de deniers publics » et « blanchiment de capitaux » par le tribunal correctionnel d'Abidjan au terme d'une audience boycottée par ses avocats.

De notre correspondant à Abidjan,

20 ans de prison ferme et près de 7 millions d’euros d’amendes. Condamnation très lourde de Guillaume Soro qui était jugé en son absence ce mardi 28 avril à Abidjan. Jugé pour recel de détournement de deniers publics et blanchiment de capitaux dans le cadre de l’achat de sa maison il y a 13 ans, lorsqu’il était Premier ministre. Ses avocats avaient choisi de boycotter l’audience.

En 2007 lorsqu’il est Premier ministre Guillaume Soro achète une luxueuse résidence dans la commune de Marcory. Selon le procureur, cette résidence a été payée 1,5 milliard, avec des fonds publics, via une société civile immobilière, la SCI Ebur, pour le bénéfice de Guillaume Soro. Et la résidence, que l’ancien président de l'Assemblée nationale occupait toujours l’an dernier, ne serait jamais revenue dans le patrimoine de l’Etat. Pour le tribunal, Guillaume Soro est donc coupable de « recel de détournement de deniers publics » et de « blanchiment de capitaux ».

Le tribunal a donc suivi les réquisitions du procureur Richard Adou : 20 ans de prison, 4 milliards et demi de FCFA d’amende, la confiscation de la résidence, la privation des droits et l’émission d’un nouveau mandat d’arrêt.

Un réquisitoire sans contradiction, puisque les avocats de Guillaume Soro ont boycotté l’audience. La défense invoquant la décision de la Cour africaine des droits de l’homme rendue la semaine dernière, qui ordonnait notamment la suspension du mandat d’arret contre Soro, et qui dans son argumentaire estimait nécessaire « d’observer le statu quo ante jusqu’à sa décision sur le fond ».  Pour les avocats de Guillaume Soro, toutes les procédures à son encontre auraient du être gelées. Maître Affoussy Bamba estime que ce procès n’aurait donc pas du avoir lieu et annonce vouloir saisir la justice internationale.

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Nous allons saisir en urgence la Cour africaine des droits de l'homme (…), saisir les juridictions internationales sur cet énième violation et engager toute voie judiciaire qui est utile au rétablissement des droits de monsieur Soro.

Maître Affoussy Bamba, avocate de Guillaume Soro

Mais du côté de la partie civile en revanche, ce jugement satisfait Me Abdoulaye Ben Meïté, l'avocat de l'Etat ivoirien.

Cette décision est un coup de tonnerre dans le ciel de la corruption. Ce qu’il faut savoir c’est que cette décision est l’amorce d’une nouvelle ère en Côte d’Ivoire. Il faut traquer les corrompus partout où ils se trouvent…

Me Abdoulaye Ben Meïté, l'avocat de l'Etat ivoirien

Guillaume Soro est en exil en France et 19 de ses proches sont toujours en prison en Cote d’Ivoire

Guillaume Soro et ses 19 partisans sont toujours dans le collimateur de la justice ivoirienne pour un autre dossier : des accusations de « tentative d’atteinte à l’autorité de l’Etat ».

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Si Guillaume Soro est effectivement à l’étranger, ses 19 proches et patrisans, députés, militants ou membres de sa famille, ont été arrêtés depuis la fin décembre, et sont en effet en détention préventive. La semaine dernière, la Cour africaine avait d’ailleurs ordonné également leur remise en liberté.

Pour leurs avocats, ces poursuites sont purement politiques et elles ont démarrées parce que Guillaume Soro, ancien allié d’Alassane Ouattara, a rompu avec lui et a déclaré sa candidature à la prochaine présidentielle programmée pour la fin de cette année.

« Je reste candidat à la présidentielle et je gagnerai. C'est une sentence qui ne nous émeut absolument pas. La parodie de procès à laquelle nous avons assisté ce jour est la preuve ultime que l'Etat de droit est définitivement enterré par Alassane Ouattara », a commenté tout à l’heure Guillaume Soro sur sa page Facebook.

Moussa Touré est le directeur de communication de Guillaume Soro. Pour lui, cette condamnation n’est pas une surprise.

C’est une tactique politicienne mise en place par monsieur Ouattara depuis un certain nombre d’années pour systématiquement écarter du chemin de l’élection présidentielle tous les candidats ayant un certain poids. Aujourd’hui c’est monsieur Guillaume Soro qui vient d’être condamné à 20 ans de prison, mais avant lui il t avait donc madame Simone Gbagbo qui avait écopé de la sanction, monsieur Laurent Gbagbo qui avait écopé de la même sanction, et même Blé Goudé qui à La Haye avait vu apparaître une procédure contre lui pour torture de prisonniers pour laquelle il a été condamné à 20 ans. Donc, c’est une décision qui ne nous émeut pas et qui à aucun moment ne change notre agenda politique. Nous sommes bel et bien déterminés à compétir pour la présidentielle de 2020…

Moussa Touré, directeur de communication de Guillaume Soro : «C’est une tactique politicienne mise en place par monsieur Ouattara»

 
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