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Opération militaire conjointe Côte d'Ivoire-Burkina:
une base terroriste neutralisée

Des soldats burkinabè s'entraînent au tir dans le nord du Burkina Faso le 12 novembre 2019. (Image d'illustration)
Des soldats burkinabè s'entraînent au tir dans le nord du Burkina Faso le 12 novembre 2019. (Image d'illustration) MICHELE CATTANI / AFP

Le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire mènent, depuis le 13 mai 2020, une opération conjointe de sécurité dénommée « Comoé » dans la zone frontalière entre les deux États. Cette opération a pour objectif, selon les patrons des deux armées, le démantèlement des bases d’un groupe terroriste qui tente de s’implanter entre les deux pays. Selon les chefs d'état-major des armées des deux pays, cette opération, la première du genre entre les deux armées, a été un succès.

Avec notre correspondant à Ouagadougou, Yaya Boudani

Cette opération conjointe entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso mobilise des troupes et des moyens aériens des deux pays. C’est d’ailleurs par des frappes aériennes surprises que l’assaut contre une base des groupes armées terroristes a été lancé.

Ce groupe armé terroriste, selon nos sources, tentait de s’installer dans le village de Alidougou, en territoire burkinabè, à moins de dix kilomètres de la frontière avec la Côte d’Ivoire. Selon un bilan provisoire, huit terroristes ont été neutralisés et une trentaine de suspects interpellés par les forces armées burkinabè et ivoiriennes. Une base terroriste a été détruite et un lot de matériels composé d’armements, munitions, téléphones portables, matériels informatiques et des motocyclettes, a été saisi. 

Selon une source proche de l’état-major général des armées burkinabè, toutes les zones identifiées comme pouvant servir de refuge dans la forêt de la Comoé ont fait l’objet de fouille. L’objectif est d’empêcher qu’une faction terroriste s’installe durablement sur cette bande frontalière commune aux deux pays. Cette source assure que cette opération se poursuivra jusqu’au démantèlement complet du groupe terroriste, qui tente de s’y installer.

La première difficulté, c'est d'amener des gens à travailler ensemble alors qu'ils n'y sont pas habitués.

Arthur Banga, spécialiste des questions de défense et enseignant-chercheur à l’université d’Abidjan

 
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Mauritanie : quel cabinet international suivra l’enquête sur Ould Abdelaziz ?

| Par Jeune Afrique
Le président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz, en juillet 2018.

La Commission d’enquête parlementaire, qui audite les contrats passés par l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz, va être assistée par un cabinet de conseil basé à Paris.

Selon nos informations, le cabinet Taylor Wessing a été mandaté pour assister la Commission d’enquête parlementaire sur l’aspect juridique de ses travaux. Cette dernière, créée le 31 janvier pour travailler sur des attributions de marchés jugées opaques lorsque Mohamed Ould Abdelaziz était au pouvoir (de 2009 à 2019), doit rendre son rapport fin juin.

Une équipe du département droit public et projets, basé à Paris et dirigé par Sophie Pignon (qui a officié chez Bird & Bird), travaillera à distance, puisque la fermeture des frontières l’empêche de se rendre à Nouakchott. C’est la première fois que Taylor Wessing, déjà présent en Côte d’Ivoire, au Sénégal ou encore au Burkina Faso, interviendra en Mauritanie.

Deux autres cabinets, Gibraltar Advisory et Matine Consulting, apporteront leur expertise sur le volet financier de cette enquête.

William Bourdon hors course

Enfin, trois Mauritaniens viendront en renfort : Ahmed Yacoub, ancien cadre de la SNIM (Société nationale industrielle et minière de Mauritanie) ; Mohamed Lemine Ould Dahi, ex-directeur de cabinet de l’ancien président de la transition Ely Ould Mohamed Vall et Cheikh Sid Ahmed, ex-patron du Laboratoire national des travaux publics. Le budget attribué à cette mission est de 120 000 euros.

Le cabinet Bourdon & Associés s’était positionné fin mars sur ce même contrat de conseil. William Bourdon, l’un des avocats de Mohamed Ould Bouamatou, avait déposé un dossier avec ses confrères Henri Thuilliez (ex-directeur général de la Fondation pour l’égalité des chances en Afrique, fondée par l’homme d’affaires mauritanien) et El Yezid Ould Yezid, qui représente les intérêts de ce dernier en Mauritanie.

Mais, Ould Bouamatou étant en conflit ouvert avec « Aziz », leur candidature n’a pas été retenue pour des raisons de neutralité.

 
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Minusma : pourquoi le mandat de Mahamat Saleh Annadif
pourrait être provisoirement prolongé

| Par Jeune Afrique
Mahamat Saleh Annadif, chef de la MINUSMA.

Le mandat du Représentant spécial de l’ONU au Mali, Mahamat Saleh Annadif, pourrait être prolongé jusqu’à ce qu’un consensus se dégage pour sa succession.

Même si l’intéressé ne se dit « ni demandeur, ni concerné », l’hypothèse d’une prolongation du mandat de l’actuel Représentant spécial de l’ONU au Mali et patron de la Minusma, le Tchadien Mahamat Saleh Annadif (« MSA »), demeure une possibilité sérieuse, avance-t-on de source proche du Secrétaire général Antonio Guterres.

Annadif, 63 ans, devrait en principe quitter son poste fin janvier 2021, au terme d’un séjour de cinq ans – une durée nettement supérieure à celle de ses prédécesseurs Bert Koenders et Mongi Hamdi, qui n’avaient tenu qu’une année à la tête de cette mission particulièrement exposée. Mais outre le fait que Français et Américains divergent déjà sur le format et le budget de la Minusma, ils s’opposent également sur le choix du successeur de « MSA ».

Les premiers insistent pour que ce soit un Africain, de préférence originaire d’un pays sahélien et les seconds, pour que l’un de leurs ressortissants s’installe aux commandes de cette opération de près de 16 000 hommes. Problème supplémentaire : aucun des candidats potentiels avancés par Paris et Washington pour remplacer l’ancien ministre tchadien des Affaires étrangères ne dispose d’une expérience similaire au même niveau.

Retour dans la course

Avant de diriger la Minusma, Mahamat Saleh Annadif avait commandé la mission de l’Union africaine en Somalie, l’ex-ministre hollandais Bert Koenders, celle de l’ONU en Côte d’Ivoire et Mongi Hamdi, la diplomatie de la Tunisie. Or ni la Guinéenne Bintou Keita (actuelle sous-secrétaire générale de l’ONU aux opérations de paix), ni son prédécesseur à ce poste le Mauritanien El Ghassim Wane, ni l’Américain David Gressley (numéro deux de la Monusco en RD Congo et coordonnateur des Nations Unies pour la lutte contre l’Ebola), dont les noms sont parfois avancés, ne disposent – nonobstant leurs qualités professionnelles respectives – de ce type de prérequis implicite.

Il n’est donc pas exclu que MSA revienne dans la course, un peu malgré lui, en attendant qu’un consensus se dégage pour sa succession. Et ce, d’autant que le diplomate tchadien, qui fait la quasi unanimité au sein de la classe politique malienne, est loin d’avoir démérité. Dans son dernier rapport au Conseil de sécurité le 7 avril, Antonio Guterres lui a témoigné sa « profonde gratitude » pour  » ses remarquables qualités de chef et son dévouement ».

 
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Côte d’Ivoire : pourquoi Mabri Toikeusse a quitté le gouvernement

| Par Jeune Afrique
Albert Mabri Toikeusse, président de l'UDPCI et ex-ministre ivoirien de l'Enseignement supérieur.

Officialisé le 13 mai, le départ du gouvernement d’Albert Mabri Toikeusse est intervenu après de longues semaines de négociations.

Selon nos informations, ces négociations ont d’abord été menées entre Amadou Gon Coulibaly (AGC), plusieurs membres de l’entourage du Premier ministre, et deux membres de l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI), dont Albert Mabri Toikeusse est encore le président : le ministre de l’Hydraulique, Laurent Tchagba, et la directrice générale adjointe de la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), Clarisse Mahi.

Reçu à deux reprises par Ouattara

Mabri Toikeusse, qui était le ministre de l’Enseignement supérieur depuis juillet 2018, a ensuite été reçu à deux reprises par le président Alassane Ouattara. D’abord le 1er mai, en présence d’Amadou Gon Coulibaly et du ministre de la Défense Hamed Bakayoko, puis, le 7 mai, en présence du cheick Boikary Fofana, le chef suprême de la communauté musulmane. Le chef du gouvernement était alors en convalescence en France.

Selon nos sources, cette dernière rencontre ne s’est pas bien passée. Le chef de l’État souhaitait un soutien franc et immédiat à la candidature d’AGC à la présidentielle d’octobre 2020, mais aussi l’arrêt des activités de l’UDPCI. L’ancienne formation du général Robert Gueï doit en effet s’auto-dissoudre au sein du Rassemblement des houphouëtistes pour la paix (RHDP).

Albert Mabri Toikeusse plaidait pour que l’UDPCI garde son indépendance et fonctionne comme un parti satellite du RHDP. Il s’est dit prêt à soutenir la candidature de Gon Coulibaly dès le premier tour à la condition que ses militants aient l’opportunité de se prononcer sur la question. Ces prétentions ont fini de convaincre ADO et son entourage que Mabri essayait simplement de gagner du temps et qu’il envisageait toujours de se présenter en octobre prochain.

À ce jour, sa nomination à la présidence du Conseil économique et social (CES), poste qui lui a été plusieurs fois proposé, n’est plus d’actualité. Amadou Gon Coulibaly n’envisage toutefois pas de rompre avec Albert Mabri Toikeusse.

 
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Burkina Faso: douze détenus, suspectés de terrorisme, meurent en cellule

Tanwalbougou se situe aux confins du Burkina Faso.
Tanwalbougou se situe aux confins du Burkina Faso. Google Maps

Que s’est-il passé à la gendarmerie de Tanwalbougou, dans la région de l’est ? Une dizaine de personnes a trouvé la mort dans leur cellule dans la nuit du 11 au 12 mai alors qu’elles étaient en détention. Une enquête a été ouverte selon le procureur

De notre correspondant à Ouagadougou

Vingt-cinq personnes avaient été interpellées par les forces de défense et de sécurité dans la nuit du 11 au 12 mai. Soupçonnées de terrorisme, elles étaient détenues dans les locaux du poste avancé de gendarmerie à Tanwalbougou, à une quarantaine de kilomètres de Fada N’Gourma. Pendant leur garde à vue, douze parmi elles ont trouvé la mort. « Elles sont décédées par suffocation dans leur cellule pendant la nuit », nous confie une source sécuritaire, bien avant le communiqué du procureur. Cette même source ajoute que les personnes interpellées devaient être auditionnées avant d’être transférées.

Une enquête est ouverte. Les officiers de police judiciaire se sont déjà déplacés sur place pour des constatations d’usage en compagnie des agents de santé assure le procureur du Faso.

Le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés émet déjà des doutes sur les circonstances dans lesquelles ces douze personnes ont trouvé la mort. « Les corps avaient été déjà enveloppées avant d’être remis aux populations pour leur inhumation » explique l’un des responsables de ce collectif, suite aux témoignages recueillis auprès des habitants du village.

► Lire aussi : Terrorisme au Burkina: à Ouaga, le peuple cherche les pistes pour faire face

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