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Côte d’Ivoire : plusieurs militaires tués dans l’attaque d’un poste de l’armée dans le Nord

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Soldat ivoiriens patrouillant près d'Abidjan,  le 6 août 2012 (Illustration).

Un poste mixte de l’armée et de la gendarmerie a été attaqué dans la zone de Kafolo, près de la frontière avec le Burkina Faso, dans la nuit de mercredi à jeudi, faisant plusieurs morts.

Dans les milieux sécuritaires, c’est la question que beaucoup se posaient : comment allait réagir la cellule terroriste visée par l’opération « Comoé », lancée le 14 mai par la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso ? La réponse n’a pas tardé à tomber. Un poste mixte de l’armée et de la gendarmerie situé dans la zone de Kafolo, une petite ville frontalière avec le Burkina Faso, a été attaqué dans la nuit du mercredi 10 au jeudi 11 juin.

L’attaque a eu lieu aux environs de 3 h du matin. Le bilan est encore provisoire, mais plusieurs sources sécuritaires font état d’une dizaine de morts et de disparus dans les rangs des forces de défense et de sécurité ivoiriennes. Dans un communiqué, le ministère de la Défense a précisé par la suite que l’attaque a fait une « dizaine de morts », six blessés et qu’un assaillant été « neutralisé ».

« Les enquêtes sont en cours pour déterminer la nature, les circonstances et le bilan définitif de cette attaque », précise le ministère, qui assure que « des mesures urgentes ont été prises dans la zone notamment la mise en alerte de toutes les troupes ainsi que le ratissage, en vue de retrouver les assaillants ».

Première attaque d’envergure

Cette première attaque d’envergure en territoire ivoirien depuis celle qui avait frappé Grand Bassam en mai 2016 intervient alors que les armées ivoirienne et burkinabè ont mené depuis plusieurs semaines une opération dans cette zone. Intitulée « Comoé », du nom du fleuve qui sépare les deux pays, elle avait entraîné la neutralisation de plusieurs éléments de cette cellule terroriste liée à la Katiba Macina d’Amadou Koufa.

D’autres avaient été arrêtés, conduits à Abidjan et Ouagadougou, mais une fuite avait permis à la cellule de dissimuler une partie de son armement et à son chef de s’évaporer dans la nature. Selon nos informations, il s’agit d’un combattant surnommé « Hamza ».

Envoyé sur place par Amadou Koufa en 2019 avec d’autres combattants dans le but de recruter localement et de développer la cellule en Côte d’Ivoire, il était surveillé par les services de renseignements burkinabè (qui en avaient averti leurs homologues ivoiriens). Il avait été la cible d’une précédente opération au Burkina Faso, sans succès.

 
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Comment le chef d’Aqmi Abdelmalek Droukdel a été tué au Mali

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Un soldat français au Mali, en 2017. Photo d'illustration.

Longtemps demeuré insaisissable, le chef historique d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), l’Algérien Abdelmalek Droukdel, a été abattu par les forces spéciales françaises dans le nord du Mali. Retour sur la traque d’un vétéran du jihadisme.

À de nombreuses reprises, au cours des dix dernières années, des rumeurs l’avaient donné pour mort. À tort. Mais cette fois, le parcours d’Abdelmalek Droukdel, 50 ans, a trouvé son épilogue dans le nord-est du Mali, à Talhandak, à environ 80 kilomètres à l’est de Tessalit et à quelques encablures de la frontière avec l’Algérie.

Chef historique d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Abdelmalek Droukdel a été tué le 3 juin lors d’une opération menée par l’armée française. Récemment arrivé d’Algérie, le chef jihadiste était accompagné par plusieurs de ses proches, des cadres de l’organisation qu’il avait fondée en janvier 2007.

L’opération contre le chef d’Aqmi et de ses lieutenants a été menée par les forces spéciales françaises, qui sont arrivées sur zone en hélicoptère avant de passer à l’action au sol. Plusieurs autres individus ont été tués en même temps que Droukdel, mais leur identité – certains pourraient être d’autres hauts responsables d’Aqmi – est toujours en cours de vérification.

Identification formelle

Plusieurs indices ont concouru à l’identification formelle du corps d’Abdelmalek Droukdel, même si les militaires français n’ont pas eu recours à des tests ADN. « Tout un faisceau d’indications permet d’affirmer avec certitude qu’il s’agit bien de lui », confie un haut responsable français. Parmi celles-ci, l’arrestation, durant l’opération, d’un jihadiste qui a formellement confirmé son identité aux forces spéciales françaises.

Abdelmalek Droukdel, tué le 3 juin 2020.

L’élimination du chef historique d’Aqmi a été rendue possible grâce à une combinaison de renseignements humains et techniques collectés par les services français et américains au cours des derniers jours. « Cela faisait quelques semaines que l’état-major d’Aqmi avait été repéré en train de faire route du territoire algérien vers le nord du Mali », confie à JA une source proche du dossier. Une fois que ce groupe, surveillé de près, est entré en territoire malien, ordre a été donné de monter une opération des forces spéciales pour le neutraliser.

Le président français Emmanuel Macron a été tenu informé en direct du déclenchement de l’opération ainsi que de ses résultats. Les autorités algériennes, quant à elles, ont été prévenues par Paris une fois le raid terminé et l’identification de Droukdel certifiée. En revanche, il n’a pas été question du chef jihadiste lors du récent entretien téléphonique entre le président français et son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune.

Sanctuaire

Alors qu’on le disait caché quelque part dans l’est de l’Algérie, terré avec sa garde rapprochée dans les maquis denses proches de la frontière tunisienne, ou encore à l’abri en Libye, Droukdel a été abattu alors qu’il venait de franchir le vaste désert algérien pour trouver refuge au Mali, devenu un sanctuaire de l’activisme islamiste.

Pourquoi cet homme jusque-là insaisissable, évaporé dans la nature depuis au moins cinq ans, a-t-il ainsi pris le risque de quitter son bastion algérien pour rallier le Mali en compagnie de plusieurs cadres de son organisation ?

Lui et ses hommes entendaient-ils se mettre à l’abri dans les étendues désertiques du Sahel pour fuir un pays où les activités des groupes terroristes ont été littéralement anéanties ? S’agissait-il plutôt d’un mouvement stratégique pour se redéployer et réorganiser Aqmi, alors même que plus de 5 000 militaires français sont déployés dans la région dans le cadre de l’opération Barkhane ?

Rivalités entre groupes jihadistes

Au Mali, plusieurs sources expliquent la venue de Droukdel sur leur sol par les affrontements qui opposent les groupes jihadistes liés à Al-Qaïda à ceux ayant fait allégeance à l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS). Depuis le début de l’année, ces groupes s’affrontent dans le centre du Mali ainsi qu’à la frontière avec le Burkina Faso, chacun tentant de renforcer son influence dans cette région.

L’exploitation des renseignements récoltés à l’issue du raid français pourrait en tout cas apporter des éléments de réponses sur l’objectif que poursuivait Abdelmalek Droukdel en émigrant clandestinement au Mali. Leur exploitation pourrait également fournir un état des lieux actualisé sur l’état de l’organisation jihadiste, qui semble avoir totalement perdu pied en Algérie et au Sahel.

Chef autoproclamé d’Al Qaïda au Maghreb islamique depuis janvier 2007, Abdelmalek Droukdel, 50 ans, était l’un des derniers vétérans du jihadisme algérien de la décennie noire. Son élimination signe la fin d’une triste lignée de chefs terroristes qui avaient pris les armes dans ce pays au début des années 1990. Sa mise hors d’état de nuire fait suite à la neutralisation ou à la disparition d’autres émirs ayant oeuvré sous la bannière de différentes organisations islamiques armées.

L’un de ses principaux lieutenants, l’algérien Abou Zeid, a ainsi été éliminé en février 2013, lors de l’opération Serval, dans l’Adrar des Ifoghas, ce massif montagneux de l’extrême nord-est du Mali. Autre figure emblématique d’Aqmi, Mokhtar Belmokhtar, qui fut derrière la prise d’otages sanglante du site gazier algérien d’In Amenas, en janvier 2013, est porté disparu depuis l’automne 2016 et aurait été éliminé par une frappe de l’armée française en Libye. Quant à Djamel Okacha, dit Abou Yahya El Hammam, un autre cadre algérien d’Aqmi proche de Droukdel, il a été tué en février 2019 dans le nord du Mali par l’armée française.

Une si longue traque

L’élimination ou l’effacement de ces barons d’Aqmi, dont le dénominateur commun est leur appartenance passée au Groupe islamique armé algérien (GIA), ont permis au Malien Iyad Ag Ghaly, le fondateur d’Ansar Eddine, sur qui Droukdel avait un temps misé pour s’implanter au Mali, de prendre progressivement de l’envergure. Adoubé par Al-Qaïda, ce Touareg de la tribu des Ifoghas, qui a fondé le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) en mars 2017, est aujourd’hui l’un des principaux chefs jihadistes au Sahel.

Ancien artificier du GIA, Droukdel avait pris du galon à l’été 2004, en devenant émir national du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). La politique de réconciliation nationale du président Abdelaziz Bouteflika, qui a permis de dégarnir les maquis terroristes, ainsi que les succès de l’armée algérienne en matière de lutte antiterroriste, l’ont obligé à changer de stratégie en optant, dès 2007 pour la bannière d’Al-Qaïda. Droukdel prônait alors les même méthodes que cette organisation, recourant en particulier aux attentats-suicides avec des kamikazes formés dans les maquis de Kabylie.

En Algérie, de telles attaques ont ainsi visé le cortège présidentiel, en 2007, des édifices publics ou encore des casernes de la police ou de l’armée. Comment Droukdel a-t-il pu échapper à la traque des services algériens pendant au moins une quinzaine d’années ? Sa longévité s’explique d’abord par la nature du terrain où il se déployait avec ses hommes : les maquis, grottes, casemates et ravins des massifs montagneux du Djurdjura, en Kabylie, offraient en effet des refuges quasi inexpugnables.

Mais le rapt puis la décapitation du touriste français Hervé Gourdel, en septembre 2013, sur les hauteurs de la Kabylie, a radicalement changé la donne. L’armée algérienne a dès lors déployé les grands moyens pour traquer et éliminer le groupe responsable de cet attentat avant de « nettoyer » ce maquis. Le déploiement permanent des militaires dans la zone contraint alors Abdelkader Droukdel à prendre la fuite. On soupçonne qu’il aurait trouvé refuge dans l’est du pays.

Sa survie s’explique aussi par son extrême prudence. Droukdel ne faisait confiance qu’à une poignée de fidèles : un cercle d’une vingtaine de personnes qui lui ont servi de boucliers et de gardes du corps. Une partie d’entre eux a probablement péri avec lui.

Pour éviter d’être repéré par les moyens d’écoutes et de surveillance mis en place par l’armée algérienne, Abdelmalek Droukdel avait quasiment banni l’usage du téléphone et d’internet. Les instructions passaient de bouche à oreille, par porteur. Le 3 juin pourtant, à la frontière du Sahara et du Sahel, la chance du chef jihadiste a tourné.

Farid Alilat et Benjamin Roger

 
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Côte d'Ivoire: les difficultés de la filière anacarde

L'anacardier est cultivé pour sa production de noix de cajou et de pomme de cajou.
L'anacardier est cultivé pour sa production de noix de cajou et de pomme de cajou. Pxhere/Creative Commons CC0

En Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de noix de cajou, la crise du coronavirus est venue accentuer les difficultés de la filière anacarde. Les grossistes n’arrivent plus à écouler leurs stocks, car les exportateurs connaîtraient des difficultés de financement bancaire. En bout de chaîne, les producteurs souffrent de cette crise : le prix bord-champs imposé par l’État n’est plus respecté. Mais sans autres moyens de subsistance, ils vendent leur production à des prix dérisoires.

C’est un homme d’une soixantaine d’années, les mains rugueuses et abîmées, qui finit par sortir de la forêt d’anacardiers qui encercle Gbôkokro, un campement de quelques huttes où se sont installés, dans un grand dénuement, des planteurs venus du nord du pays.

En plus de subir une perte de récolte en raison d’une chenille ravageuse, Bernard Koffikadjo a constaté une chute des prix de l’anacarde au cours des derniers mois. Les noix de cajou, se vendent jusqu’à 4 fois moins cher que le prix bord-champs théoriquement fixé par l’État : 400 francs CFA par kilo.

« On fait l’anacarde ça et là, mais les acheteurs viennent et ils disent qu’ils ne peuvent pas payer le prix fixé par le gouvernement. Des fois, c’est 100 francs, 150... En tout cas, ça ne nous arrange pas. On vend quand même, parce que si on n’a pas vendu, il n’y a pas autre chose qu’on puisse faire pour nourrir la famille », déplore Bernard Koffikadjo.

Des stocks bloqués pour éviter des prix bradés

Les acheteurs intermédiaires, collecteurs et grossistes, justifient ce faible prix d’achat par la difficulté de vendre les matières premières aux exportateurs, au port d’Abidjan. Une visite du hangar permet de comprendre l’ampleur de la crise.

Des dizaines de sacs sont entassés dans la remise, en tout 80 tonnes de coques de cajou en attente d’être écoulées. Les producteurs ont décidé de bloquer les stocks pour éviter que les prix ne soient bradés.

Mais le président de la coopérative, Soumahoro Issa s’inquiète de se retrouver avec cette production sur les bras. « Cela va rester, on ne sait pas comment bien conserver, comment on peut conserver... Peut-être jusqu’à un an ? Mais une année passée, ça va se gâter, donc on est obligé de libérer et de prendre l’argent et puis s’asseoir. »

« On est obligé de travailler avec eux »

La coopérative a en effet vendu environ 400 tonnes cette année au port d’Abidjan, mais selon Soumahoro Issa à des prix bien inférieurs à ceux fixés par l’État. « L’État a fixé un prix plafond de 480 francs que les exportateurs doivent prendre, mais aujourd’hui les exportateurs disent ouvertement qu’ils ne peuvent pas prendre ce prix, car cela ne se vend pas sur le marché mondial. Ils peuvent payer, 320 francs, 300 ou même 290. Ils disent le prix qu’ils veulent ! Mais on est obligé de travailler avec eux... » 

Si la crise économique liée au Covid a aggravé ces problèmes de transactions entre les intermédiaires, la filière anacarde connaît en réalité des dysfonctionnements structurels depuis plusieurs années, car la loi n’est pas appliquée. Pour répondre à la crise, le gouvernement ivoirien assure avoir débloqué une subvention de 35 milliards de francs CFA.

 
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Guinée : Kabinet Cissé, le quadra chargé d’organiser la prochaine présidentielle

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Kabinet Cissé (au centre), après son élection à la présidence de la Commission électoral nationale indépendante de Guinée, le 26 mai 2020.

Kabinet Cissé (au centre), après son élection à la présidence de la Commission électorale
nationale indépendante de Guinée, le 26 mai 2020. © DR / CENI Guinée

C’est lui qui aura pour tâche d’organiser la prochaine présidentielle en Guinée : Kabinet Cissé est le nouveau président de la Commission électorale nationale indépendante. Zoom sur cet homme discret issu de la société civile.

  • Surprise

L’élection de Kabinet Cissé à la tête de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a surpris les analystes, qui misaient plutôt sur son adversaire, le juriste Mamady 3 Kaba. Mais ce dernier, dont la candidature était contestée par le barreau, a renoncé à la dernière minute à affronter Kabinet Cissé, qui a été élu à huis clos, sans adversaire, le 26 mai.

Plus médiatique, Mamady 3 Kaba, enseignant d’université de 41 ans, avait connu une ascension fulgurante ces dernières semaines. Il a d’abord été nommé directeur de cabinet d’Amadou Damaro Camara, le nouveau président de l’Assemblée nationale. Puis, une semaine plus tard, Alpha Condé a entériné sa désignation à la Ceni, pour remplacer Amadou Salif Kébé, emporté par le coronavirus.

  • Plus tranchant ?

Cet économiste de formation âgé de 43 ans est « discret et introverti », à en croire ses proches. On le dit aussi « patient, honnête et fidèle en amitié ». S’ils le décrivent comme un homme à la fois conciliant et ferme, ses amis s’accordent à dire que son nouveau poste lui commandera d’être « plus tranchant et moins froid ».

  • Passage obligé

Ces dernières années, le Conseil national des organisations de la société civile guinéenne (CNOSCG) est devenu le pourvoyeur unique de présidents de la Ceni. Kabinet Cissé n’échappe pas à la règle. Il y a tissé de solides amitiés avec Dansa Kourouma, qui préside l’instance.

  • Expert du développement

Avant d’intégrer la Ceni, Kabinet Cissé a également dirigé le Centre du commerce international pour le développement (Cecide), spécialisé dans la formation des jeunes et des femmes autour des questions de développement et d’intégration économique. Il avait remplacé à ce poste un ancien président de la Ceni, et ex-membre du CNOSCG : Bakary Fofana.

Il devra assainir un fichier électoral décrié par l’opposition, l’OIF et la Cedeao.

  • Génération 2000

Kabinet Cissé est issue de la génération formée au début des années 2000, tout comme Dansa Kourouma et Alpha Abdoulaye Diallo, respectivement président et vice-président du CNOSCG, ainsi que Mouctar Diallo, ministre de la Jeunesse issu de la société civile. À l’initiative de Cissé, le quatuor a créé en 2003 l’ONG Réseau Afrique jeunesse de Guinée (Raj-Gui).

  • Apolitique

Cissé n’a jamais milité au sein d’un parti politique. « Quand Mouctar Diallo a lancé son parti, NFD [Nouvelles Forces démocratiques], j’étais tenté de le rejoindre par amitié. Mais Kabinet Cissé, lui, n’a jamais songé à la politique », illustre Dansa Kourouma. « C’est un pur produit de la société civile qui n’est pas facilement influençable », renchérit Alsény Dalo Bangoura, membre du conseil d’administration du Raj-Gui.

  • Procédurier

Kabinet Cissé entretenait des relations tendues avec son prédécesseur, Amadou Salif Kébé. Il lui reprochait de ne pas « respecter la procédure et de ne pas se soucier de la forme », glisse une source proche des deux hommes qui estime que « sa qualité de bon gestionnaire financier sera utile dans une institution où le partage de la manne est souvent source de bagarres ».

  • Élu par défaut ?

Même s’il a bénéficié des suffrages de 16 des 17 commissaires, Kabinet Cissé doit encore gagner la confiance de tous. « L’opposition a voté pour lui par défaut. Le fait que Kaba ait été nommé deux semaines auparavant dans le directoire du président du Parlement lui avait donné l’image d’un Kébé bis, analyse le politologue Kabinet Fofana.

« Cissé a déjà des attaches avec ses collaborateurs, alors que Kaba, nouveau, a été perçu comme une menace », ajoute-t-il. Dansa Kourouma est du même avis : « Les commissaires ont préféré élire un des leurs plutôt que quelqu’un qui vient d’arriver. Kaba l’a compris, il s’est désisté. »

  • Grands chantiers

Kabinet Cissé hérite de grands chantiers : assainir un fichier électoral décrié par l’opposition, l’Organisation internationale de la francophonie ainsi que la Cedeao, et organiser une élection présidentielle majeure, qui cristallise les crispations autour de la volonté d’Alpha Condé, au pouvoir depuis près de dix ans, de briguer un troisième mandat.

  • Enseignant chercheur

Toujours la tête dans les dossiers, Kabinet Cissé se passionne pour la recherche et la lecture. Son élection à la tête de la Ceni l’a contraint à suspendre ses cours de master 2 en recherches sur la « Dynamique des pays émergents et en développement » à Paris-1 Panthéon-Sorbonne.

 
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Coronavirus: comment s'explique la hausse de contaminations en Côte d'Ivoire?

Dans un centre de dépistage de Covid-19 à Abidjan, une femme attend son tour pour être testée, le 15 avril 2020.
Dans un centre de dépistage de Covid-19 à Abidjan, une femme attend son tour pour être testée, le 15 avril 2020. REUTERS/Luc Gnago

Si le taux de létalité officiel, moins de 2%, et le nombre de décès, 31,  restent assez faibles à ce jour en Côte d’Ivoire, le nombre de cas déclarés de Covid-19 progresse de plus en plus rapidement. Ces quatre derniers jours, 318 cas ont été enregistrés dans le pays portant le nombre total de cas confirmés à 2799 : un rythme de croissance jamais connu jusqu’alors.

Avec notre correspondant à Abidjan, François Hume-Ferkatadji

Conseillère du ministre de la Santé, le docteur Edith Kouassi a émis plusieurs hypothèses pour expliquer la hausse du nombre de cas. D’abord, le non-respect des mesures barrières, mais aussi, selon elle, le renforcement de la capacité du nombre de tests, qui entrainerait mécaniquement une hausse du nombre de cas :

« Le gouvernement a amélioré les capacités de dépistage, en plus des équipes d'intervention rapide qui étaient déjà là, au nombre de 113 en Côte d'Ivoire. Nous avons neuf sites de dépistage de proximité de grande capacité. »

Une hypothèse qui parait peu probable, car les chiffres officiels montrent que le nombre de prélèvements quotidiens n’a pas augmenté, au contraire. Alors que la Côte d’Ivoire a fait jusqu’à 1000 tests par jour à la mi-mai, on comptait entre 400 et 700 échantillons, la semaine dernière.

Selon, le commissaire Bleu Charlemagne, c’est avant tout le manque de discipline qui est à mettre en cause. « C'est le reflet de l'indiscipline sur le terrain. Il n'y a rien d'autre. Donc, je voudrais dire, sincèrement, à chacun de nous, d'être le gardien de soi-même. »

Quant à l’utilisation du traitement controversé et jugé inefficace par plusieurs revues scientifiques, hydroxychloroquine + azythromicine, le ministère de la Santé affirme qu’il fait toujours parti « de l’arsenal thérapeutique ».

 
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