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Côte d’Ivoire: lancement des travaux du nouveau terminal du port d'Abidjan

                                   Un chargement de cacao en transit au port d'Abidjan, en 2011.

                                               Un chargement de cacao en transit au port d'Abidjan, en 2011.
 AFP PHOTO/ ISSOUF SANOGO
Texte par :RFISuivre
2 mn
 

La Côte d'Ivoire a lancé ce lundi la construction d'un nouveau terminal à conteneurs au port d'Abidjan, un des principaux d'Afrique et poumon économique assurant 90% des échanges extérieurs du pays. Après les travaux de remblaiement d’une trentaine d’hectares, c’est une nouvelle phase qui commence et qui devrait durer 18 mois. Elle consistera à installer les superstructures et les équipements sur du nouveau terminal.

Avec notre envoyé spécial à AbidjanStanislas Ndayishimiye

À l’achèvement des travaux d’ici un an et demi, le port d’Abidjan pourra accueillir des navires transportant jusqu’à 15 000 conteneurs au lieu de 3 500 actuellement. Ce sera un changement de dimension considérable, selon Hien Sié, son directeur général : « Le port d’Abidjan aura en terme d’accueil navire, une capacités, des infrastructures qui lui permettent de rivaliser avec tous les autres ports aujourd’hui sur le continent africain. »

Une importante avancée pour son attractivité, en captant plus de trafic des pays qui n’ont pas accès à la mer comme le Burkina Faso, le Mali et le Niger. « Le programme d’investissements qui est en cours, quand il sera terminé, notre part va forcément s’accroitre, car nous aurons des atouts concurrentiels et des atouts commerciaux à offrir à nos opérateurs. »

Le port d’Abidjan assure 90% des échanges extérieurs de la Côte d’Ivoire. La gestion du deuxième terminal à conteneurs a été confiée à « Côte d’Ivoire-Terminal », propriété du consortium Bolloré Ports et APM Terminal, filiale du Groupe Maersk.

Le financement global s’est fait dans le cadre d’un partenariat public-privé. Il est d’environ 600 milliards de francs CFA, soit près de 915 millions d’euros. L’État ivoirien a investi plus de la moitié de cette somme : 334 milliards de francs CFA, soit près de 510 millions d'euros.

Guinée : Alpha Condé contre Cellou Dalein Diallo, 3e et dernier round

| Par 
Mis à jour le 02 octobre 2020 à 18h18
Cellou Dalein Diallo, chef de l’UFDG, et Alpha Condé, président sortant de la Guinée.

Cellou Dalein Diallo, chef de l’UFDG, et Alpha Condé, président sortant de la Guinée. © Vincent Fournier/JA

Alpha Condé, le président sortant en quête d’un troisième mandat, et Cellou Dalein Diallo, le premier de ses onze challengers, joueront, le 18 octobre, le troisième et dernier round du combat électoral qui les oppose depuis dix ans.

Tous deux joueront, le 18 octobre, le troisième et dernier round du combat électoral qui les oppose depuis dix ans. Vae victis : malheur au vaincu. Le perdant devra quitter le ring et raccrocher les gants : Alpha Condé (le président sortant en quête d’un troisième mandat) parce qu’à 82 ans on ne revient plus sur la scène politique après avoir échoué dans les urnes, Cellou Dalein Diallo (le premier de ses onze challengers) parce qu’une troisième défaite, à 68 ans, sonnerait la fin de sa carrière politique. C’est dire l’enjeu. C’est dire aussi la passion qui entoure ce scrutin.

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ENTRE LE SOCIALISTE ET LE LIBÉRAL, LE PANAFRICANISTE ET LE TECHNOCRATE, IL N’Y A D’AMBITION COMMUNE QUE CELLE DU POUVOIR

Même s’il leur est arrivé un court moment, en 2008-2009, de collaborer face au régime fantasque et mortifère de Dadis Camara, ces deux-là ne se sont jamais aimés. Entre le docteur en droit de la Sorbonne et le diplômé en comptabilité et gestion de l’université de Conakry : entre l’ancien prisonnier du général autiste Lansana Conté et celui qui fut une décennie durant le ministre puis le Premier ministre de ce dernier, entre le socialiste et le libéral, entre l’enfant de Boké pétri de panafricanisme et le natif de Labé à la réputation de technocrate, il n’y a d’ambition commune que celle du pouvoir. Comment le conquérir et comment le conserver.

Atouts et handicaps

À l’heure où ces lignes sont écrites – soit à trois semaines de l’échéance et alors que le camp du président sortant a pris une nette longueur d’avance dans la campagne –, quels sont les atouts et les handicaps de chacun ? Pour Cellou Dalein Diallo (CDD), tout d’abord. L’ancien cadre de la Banque centrale dispose d’un parti trentenaire structuré, très implanté en Moyenne-Guinée ainsi que dans certains quartiers de Conakry et dans plusieurs localités de Basse-Guinée : l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), première formation d’opposition.

Financièrement autonome grâce aux dons et aux cotisations d’acteurs économiques locaux membres de la diaspora, l’UFDG est en mesure de mobiliser nombre de militants, dont beaucoup de jeunes (les fameuses « sections cailloux »), qui n’hésitent pas à affronter dans la rue les forces de l’ordre.

Autre carte entre les mains de CDD : sa première épouse, Hadja Halimatou, très active sur le terrain politique par le biais de sa propre association (le « staff HHDD »). Le candidat bénéficie en outre d’un réseau extérieur tissé grâce à l’Internationale libérale (dont il est l’un des vice-présidents). S’il n’a pas retrouvé à Paris des soutiens équivalents à ceux dont il bénéficiait à l’époque où Claude Guéant l’introduisait chez Nicolas Sarkozy, Cellou Dalein Diallo entretient dans la région de bons rapports avec Macky Sall (dont les relations avec Alpha Condé relèvent de l’indéchiffrable) et Alassane Ouattara. Dernier soutien en date : Umaro Sissoco Embaló, le président de la Guinée-Bissau, qui ne cache pas l’appui multiforme qu’il lui apporte.

Combat sur les deux fronts

L’ancien Premier ministre a cependant des faiblesses, dont certaines pourraient lui coûter cher. Un charisme relatif, un ton volontiers clivant – voire agressif –, un manque de transversalité politique – la mobilisation qui l’entoure se fait sur une base essentiellement communautaire –, un passé de haut responsable au sein d’un régime militaire, et, surtout, une déclaration de candidature qui a pris de court la coalition de l’opposition : le Front national de défense de la Constitution (FNDC), dont l’UFDG était la principale force.

Comment expliquer, en effet, que, après avoir boycotté les législatives, puis le référendum, et fait campagne sur le thème d’une présidentielle à ce point truquée d’avance à ses yeux qu’il fallait tout faire pour qu’Alpha Condé soit empêché de s’y présenter, le chef de l’UFDG décide finalement (et sans en avoir prévenu ses partenaires) d’aller affronter dans les urnes un sortant considéré comme « illégitime » ? CDD a récemment confié avoir été « écrasé par un profond dilemme » (lequel a « hanté » ses « nuits blanches ») avant de se résoudre à présenter sa candidature, sous la pression de ses militants. Sans doute s’est-il aussi rendu compte que la stratégie du boycott – stratégie qui a déjà laissé sur le carreau les 37 députés UFDG de la précédente Assemblée – n’était pas la bonne.

Il n’empêche : le récit d’un CDD candidat « à l’insu de son plein gré » a beaucoup de mal à passer auprès des adhérents du FNDC, qui se sentent floués. Quant à la stratégie du combat sur les deux fronts, désormais préconisée par Cellou Dalein Diallo (on participe tout en continuant à manifester, et on ne se laissera pas faire si Alpha ose se proclamer vainqueur le 18 octobre), elle risque fort d’être incompréhensible, et de favoriser l’abstention.

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LE « PROFESSEUR » EST UN LABOUREUR DE TERRAIN ÉTONNAMMENT ALERTE POUR SON ÂGE, EXPERT EN PROXIMITÉ

De son côté – et plus que jamais –, Alpha Condé se veut droit dans ses bottes, face à un adversaire pugnace et déterminé. Figure historique et dernier représentant de la génération des indépendances – il avait 20 ans en 1958 –, le « Professeur » est un laboureur de terrain étonnamment alerte pour son âge, expert en proximité, et animal politique accompli. Son assise et celle de sa coalition, le RPG Arc-en-ciel, sont solides en Haute-Guinée, prépondérantes en Guinée forestière, notables en Basse-Guinée et à Conakry – où l’UFDG est également enraciné.

Leader de culture urbaine plus que communautaire, Alpha Condé surfe volontiers sur un nationalisme souverainiste toujours vivace depuis le « non » de Sékou Touré au général de Gaulle. Rompu aux arrangements tactiques, l’ancien président de la Feanf sait rallier, de même qu’il sait débaucher dans le camp adverse : il a notamment vidé d’une partie de ses cadres le mouvement de Sidya Touré, l’ancien Premier ministre, qui fut son haut représentant personnel avant de rejoindre le FNDC.

Il joue aussi sur le bilan économique et social d’une décennie au pouvoir marquée par deux épidémies – Ebola, puis le Covid-19. Bilan qui, malgré cela, s’est révélé globalement favorable aux jeunes, aux femmes, aux paysans, au développement des infrastructures et à la restauration de l’autorité de l’État.

Sur le plan extérieur, Alpha Condé a su renouveler un carnet d’adresses autrefois très « Internationale socialiste », et aujourd’hui orienté vers Pékin, Ankara, Moscou et les pays du Golfe. Sa petite phrase sur la nécessité de « couper le cordon ombilical avec la France » a ainsi fait florès chez les panafricanistes. Inutile de préciser enfin que la décision d’Alassane Ouattara d’embarquer lui aussi sur le bateau du troisième mandat arrange l’hôte du palais Sékoutoureya. Elle embarrasse Paris, fait en sorte qu’il ne soit plus le seul dans cette aventure en Afrique de l’Ouest, et compense largement la chute de son camarade et allié Ibrahim Boubacar Keïta.

Renversement d’image

Chez ce leader charismatique à l’ancienne, à qui l’on peut reprocher de privilégier la politique – dans ses moindres détails – aux dépens de la gouvernance globale, le principal défaut de la cuirasse tient au renversement d’image. Quelle que soit la validité de ses arguments, le fait que cet homme – qui a longtemps joui d’un parcours d’opposant courageux attaché aux valeurs démocratiques d’alternance – ait fait adopter une Constitution l’autorisant à briguer un troisième mandat passe mal auprès de la communauté occidentale au sens large (ONG, médias, chancelleries) et offre à ses adversaires un argument de mobilisation.

D’autant que les manifestations organisées par l’opposition se sont soldées par des dizaines de morts et de blessés. Même si des membres des forces de l’ordre figurent parmi les victimes et même si un tel déploiement populaire dans les rues de Conakry avaient, en novembre 2019, pour objectif explicite de le renverser, le décalage entre les exigences de rupture avec les pratiques du passé portées par Alpha Condé et la réalité de la riposte policière n’a pas échappé aux organisations de défense des droits de l’homme, qui s’emploient à le dépeindre en autocrate sous les habits d’un démocrate.

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UN RAPPORT DE FORCE DANS LES URNES, MAIS AUSSI – IL FAUT LE CRAINDRE – DANS LA RUE

Beaucoup plus qu’un affrontement de programmes et de bilans, cette élection sera donc la résultante d’un rapport de force. Dans les urnes, certes, mais aussi – il faut le craindre – dans la rue. Le FNDC a en effet prévu une reprise des manifestations, malgré l’état d’urgence sanitaire, et sans que l’on sache encore s’il sera capable de renouveler les grandes mobilisations d’il y a neuf mois – avant le coronavirus et avant que Cellou Dalein Diallo ait décidé de défier Alpha Condé pour un ultime combat.

Mali : dans la région de Mopti, une « paix » précaire avec les jihadistes

| Par - à Bamako
Mis à jour le 04 octobre 2020 à 18h10
Des membres de la milice Dan Na Ambassagou, à Dangaténé dans le centre du Mali, en mars 2019 (photo d'illustration).

Des membres de la milice Dan Na Ambassagou, à Dangaténé dans le centre du Mali, en mars 2019 (photo d'illustration). © Baba Ahmed pour Jeune Afrique

Des habitants du cercle de Koro, dans la région de Mopti, ont signé une « paix » encore fragile avec les jihadistes présents dans la zone. Si l’accalmie est bien là, cet accord est vivement critiqué, notamment par la milice Dan Na Ambassagou.

Le 18 août, au moment où, à Bamako, une poignée d’officiers lance le coup d’État qui aboutira quelques heures plus tard à la démission forcée d’Ibrahim Boubacar Keïta, une colonne de 200 hommes lourdement armés entre dans Sangha, une commune de la région de Mopti. À sa tête, Youssouf Toloba, chef de la milice Dan Na Ambassagou, furieux. Quelques heures plus tôt, il a convoqué le chef du village dans son « état-major », mais ce dernier a refusé. « Le chef lui a dit que c’était à lui de se déplacer », confie un élu local, sous couvert d’anonymat.

L’ambiance est électrique. Le face-à-face entre les « chasseurs » de Toloba et les habitants de Sangha très tendu. La cause du courroux du chef de cette milice dont le gouvernement avait annoncé la dissolution en mars 2019 ?  « Il avait appris que nous allions faire la paix avec les jihadistes »,  lâche l’élu.

Plus d’un mois plus tard, Youssouf Toloba ne décolère pas. Dans un message vidéo diffusé le 27 septembre sur les réseaux sociaux, le chef de Dan Na Ambassagou se fait même menaçant à l’égard de ceux qu’il désigne comme « les nouvelles autorités ». « Ce qu’il se passe actuellement n’est pas la paix, affirme-t-il. Ils disent qu’il y a la paix à Koro et dans le Macina. Si c’est effectivement le cas, on veut voir le retour des maires et des enseignants. » Réclamant une intervention de l’armée, Toloba fixe même un ultimatum de deux semaines, et menace : « Si les nouvelles autorités ne nous répondent pas, nous sommes prêts à chercher des soutiens, et pourquoi pas à rejoindre l’Azawad. »

Une paix venue de la base…

Cette paix que le très craint chef de milice dénonce avec autant de hargne, c’est celle qui a été initiée en avril dernier dans le cercle de Koro et qui, depuis, a fait tache d’huile dans une large partie du Centre, en proie depuis quatre ans à un conflit meurtrier mettant aux prises jihadistes, militaires et groupes armés, sur fond d’instrumentalisation des tensions communautaires entre Peuls et Dogons.

« Le gouvernement et les ONG ont tout essayé pour ramener la paix, mais ils n’y sont jamais parvenu. C’est pourquoi nous avons pris l’initiative de mettre en place notre propre paix », explique Dramane Kodio. Chauffeur de car, cet habitant du cercle de Koro, membre de la communauté dogon, ne pouvait plus travailler depuis des mois à cause de l’insécurité. Avec Amadou Kodio, le maire de Madougou, et Allaye Témé, le chef du village de Bandé, il a fondé l’association Mono Bemou (« vivre ensemble », en langue dogon), dont il est aujourd’hui le président.

Ensemble, ils ont décidé d’aller à la rencontre de ceux que Dramane Kodio appelle ses « parents peuls ». « Le chef du village peul de Diankabou nous a mis en contact avec des hommes armés, en brousse, détaille-t-il. Le 18 avril, nous sommes partis avec la Minusma pour la première mission. La rencontre a eu lieu à Binédama, dans la commune de Diankabou. »

Ce jour-là, notables peuls et dogons s’accordent sur un point : la paix doit revenir dans le cercle de Koro. La dynamique est lancée. Dans le courant du mois de juin, un contact avec des jihadistes est établi à la faveur d’un échange de prisonniers. « Ils nous ont dit que, parmi eux, il y avait de jeunes peuls qui avaient pris les armes contre nous parce que nous les avions chassés des villages. Ils ont demandé à rentrer chez eux. Ils ont même affirmé que leur objectif était que Peuls et Dogons se réconcilient.  C’est à partir de là que la paix est devenue possible », rapporte Dramane Kodio. Dans les semaines qui suivent, seize villages de la commune de Madougou acceptent cette trêve négociée avec les jihadistes .

…sous conditions

En juillet, un nouveau rendez-vous est organisé entre les représentants de Mono Bemou et des jihadistes, quelque part dans un coin de brousse entre les villages de Dinangourou et de Dioungani. Les jihadistes fixent alors leurs conditions, pour le moins extensives et contraignantes.

« Ils nous ont dit que personne, à part eux, ne pouvait porter d’armes. Et que ces armes ne leur servaient qu’à cibler l’État. Ils ont exigé aussi de pouvoir délivrer des prêches où bon leur semble, et ont interdit la consommation d’alcool et de cigarettes, énumère Dramane Kodio. Ils n’ont pas interdit l’école républicaine, mais ils ont exigé que les medersas et l’enseignement en arabe soient mis en avant. » Dernière exigence des jihadistes : « que l’on ne revienne pas sur la question des animaux volés par les uns et les autres » pour ne pas « créer d’autres problèmes », précise encore Kodio.

La paix de Madougou est scellée avec les jihadistes le 27 juillet. Après trois ans sans pouvoir cultiver, les agriculteurs – majoritairement dogons – peuvent retourner aux champs. Les marchés rouvrent et des membres des deux communautés y commercent à nouveau. L’initiative fait sensation. Très vite, elle fait école.

« La paix est revenue dans la plupart des communes du cercle. Les membres des groupes d’autodéfense ont déposé les armes et sont rentrés dans leurs familles, confirme Soumaïla Guindo, vice-président du cercle de Koro. Pour le moment, dans l’ensemble, cela fonctionne. »

Un constat partagé par un prêtre catholique de la commune de Barapiréli. « On n’entend plus parler de vols d’animaux. À Dangaténé, ils ont ouvert le marché à nos frères peuls, qui sont venus faire des achats, témoigne le prélat. Certains viennent dans les villages la journée et repartent le soir. Dans la commune, il y a une réelle accalmie. »

Une « paix en trompe l’œil » ?

L’expérience dépasse le cercle de Koro pour s’étendre à celui de Bandiagara, dans la commune de Sangha, où pas moins de 108 villages ont rejoint l’initiative et scellé la paix avec les jihadistes. Au grand dam de la milice Dan Na Ambassagou, dont le porte-parole, Benjamin Sangala, assure qu’il s’agit d’une « paix en trompe l’œil [qui] ne va pas durer ».

« On ne peut pas faire la paix sans nous qui sommes un acteur majeur sur le terrain », insiste-t-il. Surtout, il affirme que « les jihadistes sont en train de berner la population ». « Ils se présentent comme la solution, profitant du fait que tout le monde aspire à la paix, mais c’est pour imposer leur courant idéologique, explique Benjamin Sangala. Mais la seule paix qui vaille doit être signée et garantie par l’État, et seulement lorsque les groupes terroristes auront été chassés de la région. Ensuite, il faut que toutes les milices, de chaque côté, soient désarmées et qu’un processus de désarmement, démobilisation et réinsertion soit mis en place. »

Souleymane Guindo, porte-parole de la communauté dogon au sein du cadre de concertation de la Primature, est plus nuancé. S’il affirme qu’il faut « encourager les initiatives de paix », il tient un discours proche de celui de Sangala. « Ce sont des stratégies de domination, plutôt que des stratégies de paix. Face à des adversaires surarmés, on n’est pas en capacité d‘imposer un rapport de force.  C’est une paix subie. »

Togo: la nouvelle Première ministre veut principalement moderniser le pays

                              La Première ministre togolaise Victoire Sidémèho Tomégah-Dogbé recevant les honneurs à son arrivée à l'Assemblée nationale à Lomé, le vendredi 2 septembre 2020.
                                     
                                   La Première ministre togolaise Victoire Sidémèho Tomégah-Dogbé recevant les honneurs à son arrivée à l'Assemblée nationale à Lomé, le vendredi 2 septembre 2020.
 RFI/Peter Sassou Dogbé
Texte par :RFISuivre
2 mn

La Première ministre Victoire Sidémèho Tomégah-Dogbé est allée devant le parlement vendredi pour la déclaration de politique générale. Un programme qu’elle veut axer sur le développement et la modernisation.

Avec notre correspondant à Lomé, Peter Sassou Dogbé

C’est devant un parlement acquis à sa cause que Victoire Sidémèho Tomégah-Dogbé a présenté son programme. Un programme qui engage le gouvernement à travailler avec plus d’efficacité, plus de célérité dans la rigueur pour la recherche de solutions aux préoccupations quotidiennes des togolais comme dit la Première ministre : « Nous travaillons à une meilleure mobilisation des ressources internes en nous appuyant notamment sur le digital. »

Tout orienter vers le développement

Pas un mot sur le débat politique, tout est orienté vers le développement. Mais le président groupe parlementaire Union des forces du changement lui glisse subrepticement la poursuite des réformes politiques avant de lui accorder son soutien : « Le gouvernement doit poursuivre ses efforts et favoriser le dialogue afin que les débats politiques quitte la rue pour de bon. Il faut que s’enracine la culture du débat et les valeurs démocratiques. »

95 députés ont voté à l’unanimité pour accorder leur confiance à la nouvelle Première ministre et à son gouvernement. Sur les 33 portefeuilles ministérielles, 10 sont d’ailleurs tenus par des femmes. Le ministère des armées a été confié à une femme, cadre de banque.

La nomination de Victoire Sidémèho Tomégah-Dogbé, une femme, chef de gouvernement est aux yeux des opposants, « une farce et un non-événement tout cru » comme l’écrit l’historien et membre de l'ANC (Alliance Nationale pour le Changement), Godwin Tété.

►À lire aussi : Togo: Victoire Sidémèho Tomegah-Dogbé, 1ère femme Premier ministre depuis l’indépendance

Mali: les nouvelles autorités espèrent une levée rapide de l’embargo de la Cédéao

                                    Le nouveau président par intérim du Mali Bah N'Daw (d.) et le nouveau vice-président, le colonel Assimi Goïta à Bamako, au Mali, le 25 septembre 2020.
                               
                                 Le nouveau président par intérim du Mali Bah N'Daw (d.) et le nouveau vice-président, le colonel Assimi Goïta à Bamako, au Mali, le 25 septembre 2020.
 REUTERS/Amadou Keita
Texte par :RFISuivre
3 mn

Cela fait un mois et demi que les sanctions économiques de la Cédéao pèsent sur Bamako. Ce jeudi, la junte a donné de nouveaux gages à l’organisation ouest-africaine. La charte de la transition a été rendue publique et les prérogatives du vice-président de transition, le colonel Assimi Goïta, chef des putschistes du 18 août, sont limitées.

Avec notre correspondant à BamakoSerge Daniel

Au cœur du pouvoir malien, on ne cache pas son impatience. « Nous avons fait ce qu’il fallait, nous attendons maintenant la bonne nouvelle », confiait vendredi matin un haut fonctionnaire civil proche de la junte.

La charte de la transition qui va durer 18 mois, a été enfin publiée. C’était une demande express de la CEDEAO dans une lettre adressée aux autorités maliennes. L'organisation régionale ne voulait pas entendre parler, dans la charte de transition, d’une possibilité pour le vice-président de remplacer un jour le président. C’est fait, la charte a tenu compte de cette exigence. Donc en principe, il n’y a plus d’obstacles pour la levée de l’embargo.

Le président du Ghana, président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, Nana Akufo-Addo, d’après nos informations, était vendredi après-midi en consultation téléphonique avec ses pairs. Les premiers retours de sont plutôt positifs. Selon un observateur informé, avant de prononcer ou non la levée de l’embargo, les chefs d’Etats de la CEDEAO veulent peut-être créer un cadre plus formel de discussion et de prise de décision. La même source ajoute qu’il y a aussi peut-être une évaluation à faire sur d’autres demandes de la l'organisation régionale comme la question de la dissolution de la junte et la situation des personnalités civiles et militaires arrêtées depuis le coup d’Etat.

En tout cas, tous les regards sont tournés vers Accra et Abuja, siège de Commission de la Cédéao. Et à Bamako, on compte beaucoup sur la levée rapide de l’embargo, qui est vigueur depuis un mois et demi et qui plombe notamment l’économie malienne.