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Côte d’Ivoire : à douze jours du scrutin, la présidentielle dans l’impasse

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Mis à jour le 20 octobre 2020 à 11h58
Dans le quartier d'Anono, à Abidjan, des manifestants ont dressé des barricades avec des pneus brûlés, le 19 octobre 2020.

Dans le quartier d'Anono, à Abidjan, des manifestants ont dressé des barricades avec des pneus brûlés, le 19 octobre 2020. © Vincent Duhem

Alors que des incidents ont eu lieu lundi à Abidjan et dans quelques villes ivoiriennes, la Cedeao invite les opposants Henri Konan Bédié et Pascal Affi Nguessan à « reconsidérer leur mot d’ordre de désobéissance civile ».

Comme ses camarades du groupe scolaire André Malraux, dans le centre d’Abidjan, Jean* n’ira pas en classe ce lundi 19 octobre. Avec son uniforme beige et son petit sac à dos, il longe l’échangeur de la Riviera 2 à la recherche d’un woro-woro (taxi collectif) ou d’un gbaka (mini-car) pour rejoindre sa mère qui travaille au CHU de Cocody. Sur le rond-point, dominé par une grande affiche de campagne d’Alassane Ouattara, un bus de la Sotra, la compagnie publique de transport, finit de se consumer. Une petite dizaine de jeunes l’ont incendié.

« Ils étaient neufs. Ils ont bloqué le bus, demandé aux passagers de sortir et en ont racketté certains », raconte un vendeur. Une voiture portant une plaque gouvernementale a aussi payé le prix de leur colère. Un peu plus loin, vers le village d’Anono, des barricades faites de tables et de pneus brûlés ont été érigées. « Alassane Ouattara, c’est fini », lance l’un des manifestants qui, tout au long de la journée, joueront au chat et à la souris avec la police.

Sur le rond-point de l'échangeur de la Riviera 2, à Cocody, un bus de la Sotra a été incendié par les manifestants.
Sur le rond-point de l'échangeur de la Riviera 2, à Cocody, un bus de la Sotra a été brûlé par les manifestants. © Vincent Duhem

Haute tension

À moins de deux semaines de l’élection présidentielle, la tension est montée d’un cran dans certaines localités du pays comme Bonoua, Divo, Dabou ou Kotobi (près de Bongouanou), où la gendarmerie a été saccagée. Plusieurs établissements scolaires d’Abidjan ont fermé leurs portes dans la confusion. La Fédération étudiante et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) avait préalablement lancé un préavis de grève de 72 heures, avant finalement de suspendre son mot d’ordre.

Circonscrits à quelques quartiers, les heurts d’Abidjan n’ont pas fait de victimes. À Bonoua, en revanche, un jeune homme a perdu la vie, touché par une balle. Des affrontements ont opposé des manifestants qui avaient barré la route principale et les forces de l’ordre.

Samedi, trois personnes sont mortes dans des violences intercommunautaires à Bongouanou, fief de Pascal Affi N’Guessan, situé à 200 km au nord d’Abidjan. Un couvre-feu a été instauré et des médiations ont été organisées, permettant un retour relatif au calme. Toutefois, lundi, certains accès à la ville restaient bloqués par des barrages. « La situation est encore très tendue. Si rien n’est fait, il sera difficile d’organiser une élection ici. À chaque fois qu’il y a des tensions politiques au plan national, elles se transforment sur le plan local en conflits entre communautés », confie un élu. La contestation contre le troisième mandat d’Alassane Ouattara a déjà fait une vingtaine de morts. La distribution des cartes d’électeurs par la Commission électorale indépendante (CEI) a été perturbée dans 16 localités, forçant les autorités à la délocaliser dans l’enceinte de la gendarmerie.

L’opposition désavouée par la Cedeao

Ces événements sont intervenus alors qu’une nouvelle délégation de la Cedeao, conduite par la ministre ghanéenne des Affaires étrangères, Shirley Ayorkor Botchway, achevait sa mission. Après avoir rencontré le chef de l’État ivoirien, le Premier ministre, le ministre de la Sécurité, ainsi que les autres candidats à la présidentielle – Henri Konan Bédié, Affi N’Guessan et Kouadio Konan Bertin –, la Cedeao a publié un communiqué dans lequel elle dit avoir « constaté la méfiance persistante des candidats et acteurs politiques » et « la persistance des points de divergence relatifs au processus électoral ».

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LA MISSION DE LA CEDEAO EXHORTE LE PDCI ET LE FPI À RECONSIDÉRER LA DÉCISION DE BOYCOTTER L’ÉLECTION

La mission a également « exhorté les candidats du PDCI [Parti démocratique de Côte d’Ivoire] et du FPI [Front populaire ivoirien] à reconsidérer sérieusement la décision de boycotter l’élection et l’appel à leurs partisans à se lancer dans la désobéissance civile pour protester contre le processus électoral » et les a encouragés à plutôt « œuvrer de façon sérieuse pour parvenir à un consensus puisqu’ils pourraient ne pas être en mesure de contrôler les excès qui résulteraient de leur appel ».

À la sortie de sa rencontre avec le Premier ministre, Hamed Bakayoko, la cheffe de la diplomatie ghanéenne a également appelé les militants de l’opposition à ne pas se laisser utiliser « pour perpétrer des actes de violence, comme le blocage des routes ». « Ce sont des activités criminelles. En démocratie, si le peuple doit pouvoir s’exprimer, c’est à travers le vote », a-t-elle poursuivi, écartant l’hypothèse d’un report du scrutin.

Des déclarations qui sonnent comme une forme de désaveu pour l’opposition, dont les principaux leaders doivent se réunir de nouveau. Dimanche, Bédié avait sollicité « l’implication personnelle » du secrétaire général des Nations unies, António Guterres, « dans la résolution de la grave crise politique qui secoue encore [le] pays », accusant Alassane Ouattara de ne vouloir « écouter personne » et de refuser « tout dialogue ».

« L’opposition est prise à son propre piège. Elle incite indirectement à la violence et à des modes d’action illégaux. Et pour tout le monde, le recours à la violence est une ligne rouge », estime un diplomate en poste à Abidjan.

Ouattara à l’offensive

Conforté dans sa position par la diplomatie ouest-africaine, le président ivoirien poursuit sa campagne. S’il n’effectuera au total que deux meetings, il a rencontré dimanche la chefferie traditionnelle à Man. Comme à Bouaké deux jours plus tôt, le chef de l’État a alors tancé ses adversaires.

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LES CHANCES DE VOIR LES POSITIONS DE BÉDIÉ ET DE OUATTARA SE RAPPROCHER S’AMENUISENT

« Nous sommes quatre candidats, mais il y en a deux qui hésitent encore. On me dit qu’ils n’ont pas assez d’argent pour la campagne. On va demander au ministre des Finances de leur faire crédit. Ils parlent de dialogue, hier le Premier ministre les a conviés au dialogue, mais tous ne sont pas venus […]. Ils savent que s’ils viennent aux élections, ils seront largement battus. Ils seront humiliés et c’est ça qu’ils essaient d’éviter », a-t-il lancé.

Une preuve supplémentaire que si le contact indirect avec Bédié n’est pas rompu, les chances de voir les positions se rapprocher s’amenuisent de jour en jour. À douze jours de l’élection, le temps du dialogue est-il révolu ?

Mali: les habitants de Farabougou toujours cloîtrés chez eux par crainte des jihadistes

Image satellite du village de Farabougou, dans le centre du Mali.
Image satellite du village de Farabougou, dans le centre du Mali. Google Map
Texte par :RFISuivre
2 mn

Depuis plus d’une semaine, le village de Farabougou, dans la région de Ségou, est coupé du monde, encerclé par des hommes armés qui en interdisent l’entrée. Des tentatives de médiation ont été entreprises avec des notabilités locales, mais les habitants restent toujours cloîtrés chez eux.

« L’armée est déjà parvenue à un hameau, à environ dix kilomètres de notre village. Ils vont venir. » Cet habitant de Farabougou, qui communique avec l’extérieur grâce à son téléphone, se veut confiant, mais il n’ose toujours pas sortir du village. Il craint la présence des « jihadistes » – c’est ainsi qu’il désigne les hommes armés qui ont attaqué Farabougou il y a plus d’une semaine et empêchent depuis ses habitants d’en sortir. Les villageois joints au téléphone font état d’au moins six personnes tuées et neuf enlevées la semaine dernière.

Selon la primature, l’armée malienne a pourtant effectué des battues ces derniers jours, et mis en place une surveillance aérienne. « C’est désert », affirme cette source, qui explique que c’est l’impraticabilité des routes, à cause des pluies, qui constitue aujourd’hui la plus grande difficulté pour accéder à Farabougou. Un convoi a été préparé pour apporter de la nourriture et de l’argent aux habitants.

Chasseurs dozos

En attendant, les notables de la zone – maires, chefs de village, responsables communautaires et religieux – tentent de trouver ensemble une issue pacifique à la situation. Des chasseurs dozos seraient en effet tentés de prendre les armes, selon un chef traditionnel local.

Plusieurs notables de la zone expliquent enfin que la peur incite de nombreuses familles des villages alentours à se réfugier dans des communes plus éloignées.

Togo: après huit mois de silence, l’ANC appelle à la remobilisation

Jean-Pierre Fabre, candidat de l’ANC, lors du vote pour la présidentielle du 22 février 2020.
Jean-Pierre Fabre, candidat de l’ANC, lors du vote pour la présidentielle du 22 février 2020. RFI/Pierre Firtion
Texte par :RFISuivre
2 mn

Plus de huit mois de silence après la débâcle du 22 février, l’Alliance nationale pour le changement au Togo appelle à la remobilisation. Lors de son conseil national, les dirigeants du parti ont appelé, mercredi 14 octobre, à reprendre la lutte, ayant comme objectif l’alternance et le changement.

Avec notre correspondant à Lomé,  Peter Sassou Dogbé

En faisant le bilan de dix ans d’existence et huit mois de silence, après la débâcle de la présidentielle du 22 février, l’Alliance nationale pour le changement (ANC) redresse la barre.

Selon Jean-Pierre Fabre, reconduit à la tête du parti, il faut remobiliser les troupes. « Nous avons payé cher la solidarité de groupe, il faut désormais savoir trouver les partenaires sérieux, au sein de l’opposition, sur des actions unitaires », a-t-il souligné.

« Je crois que nous ne disons pas suffisamment assez que nous faisons face à une dictature militaire à façade civile. Je veux changer le système qui régente ce pays depuis des lustres », a ajouté Jean-Pierre Fabre.

« Rien ne permet de dire qui est le vainqueur de la présidentielle du 22 février. Les conditions dans lesquelles cette élection s’est déroulée n’étaient pas bonnes », a affirmé le président de l’ANC.

Le combat reste donc entier face au pouvoir : rester disponible à toute discussion sur le cadre de vie des Togolais et l’amélioration du cadre électoral.

« Nous devons nous battre pour avoir des institutions impliquées dans les élections qui soient à même de dire la vérité des urnes. Plus que jamais, l’ANC va être présente dans la lutte, sur tous les plans, dans le but de faire bouger les choses », a de son côté déclaré Patrick Lawson, Premier vice-président du parti.

Plus réaliste et plus soudée est la nouvelle donne, alors que les petites libertés dans le pays sont en train d’être restreintes par le pouvoir.

Tech, finance, santé… Ce que les investisseurs ciblent pendant le Covid en Afrique

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Mis à jour le 16 octobre 2020 à 09h50
Avec la tech, le secteur de la santé en Afrique est particulièrement attractif pour les investisseurs africains (image d'illustration).

Avec la tech, le secteur de la santé en Afrique est particulièrement attractif pour les investisseurs africains (image d'illustration). © Banque africaine de développement (Ghana).

En quête de valeurs où placer leurs fonds, dans un continent ébranlé par la crise sanitaire, les capital-investisseurs africains se sont tournés vers les secteurs résilients.

La pandémie de coronavirus refroidit-elle les velléités dépensières des investisseurs du continent ? Pas vraiment et, surtout, pas pour tout le monde. Si la crise économique induite par la crise sanitaire a entraîné une contraction des investissements en Afrique en valeur, le volume des investissements, lui, est légèrement plus élevé au premier semestre qu’un an auparavant à la même période.

Les fonds d’investissements ont donc acheté plus petit mais plus souvent. Avec 1,1 milliard de dollars levés au premier semestre 2020 par le private equity africain, closings définitifs et intermédiaires inclus, contre 1,7 milliard au premier semestre 2019, « l’industrie africaine du capital-investissement a démontré sa résilience » au cours de la période, souligne le dernier rapport publié par l’Association africaine du capital-investissement et du capital-risque (Avca).

Au total 81 transactions de private equity ont été enregistrées au cours de la période, pour une valeur de 700 millions de dollars (on en comptait 79 en 2019, pour 900 millions de dollars). L’Avca recense comme opérations majeures au premier semestre de 2020 : le premier closing du panafricain AfricInvest Fund IV à 202 millions de dollars ; le second closing du fonds Alitheia Identity (Alitheia) à 75 millions de dollars, et le premier closing d’Old Mutual Private Equity Fund V (Old Mutual Alternative Investments) à 3 000 millions de rands, soit 182 millions de dollars environ, deux fonds qui visent l’Afrique sub-saharienne ; ainsi que le closing final du fonds technologique TLcom TIDE Africa Fund (TLcom Capital), à 71 millions de dollars.

Où les investisseurs ont-ils cherché de la valeur dans un monde secoué par le Covid-19 ? Quels secteurs sont les plus dynamiques ? Des tendances ont-elles émergé ? Décryptage.

Finance, technologies et biens de consommation en pointe

Trois grandes familles d’activité ont réussi à capter près de la moitié (49 %) des transactions en volume : la finance, les technologies de l’information et les biens de consommation.

À noter que 49 % du nombre total d’opérations déclarées au cours des six premiers mois de l’année en Afrique en étaient au stade préliminaire (early stage). Et parmi cette catégorie de transactions, le secteur de la tech s’est avéré le plus dynamique, avec la finance qui arrive deuxième. Dans le détail, la majeure partie des transactions en early stage du secteur finance est composée d’investissements dans le mobile-banking ou dans les services financiers.

Ce sont les entreprises de la tech qui ont connu la plus forte hausse en valeur et en volume (+1 point de hausse par rapport à 2019 dans les deux cas), portées par les conséquences de la pandémie sur les habitudes des acteurs économiques, en raison des mesures de confinement.

Boom de la santé

Le secteur de la santé représente la plus grande part des transactions de private equity en valeur (24 %) au premier semestre. Avec en tête, l’investissement de Mediterrania Capital Partners dans MetaMed (100 millions d’euros), la plus grande plate-forme d’imagerie diagnostique médical en Égypte, en Jordanie et en Arabie saoudite.

Pris ensemble, la santé, les technologies de l’information et les finances sont les trois principaux secteurs, en valeur de transaction, représentant 54 % des quelque 700 millions de dollars de transactions réalisées au total au premier semestre 2020.

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DURANT CETTE PÉRIODE, LES PRINCIPALES OPPORTUNITÉS SE RETROUVENT DANS LES SECTEURS RÉSILIENTS : LA TECH, LA SANTÉ

On constate, à l’inverse, que les secteurs de l’industrie et de la consommation de base sont en perte de vitesse par rapport à 2019, où les entreprises industrielles avaient massivement attiré des capitaux, dans le sillage des investissements du nigérian Alitheia Capital dans MAX.ng, du kényan Kibo Capital Partners dans Metad Consumer ou encore du panafricain Helios Investment Partners dans Misr Hytech Consumer Staples.

Un effet logique selon William Nkontchou, directeur exécutif du fonds de capital-investissement Emerging Capital Partners (ECP). « Durant cette période, les principales opportunités se retrouvent dans les secteurs résilients : la tech, la santé. Des secteurs caractérisés par le fort potentiel de croissance des valeurs ». Il note également que la situation en 2020 est bien différente de celle qui avait prévalu durant la crise financière de 2008. « Les banques centrales africaines ont fortement réagi face à la crise sanitaire, en mettant en place des dispositifs ad hoc… Ce qui laisse beaucoup moins d’opportunités d’investissement dans des sociétés en difficulté (distressed M&A), aux portefeuilles, par définition, plus variés. »

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NOUS NOUS ATTENDONS À CE QUE LES SOCIÉTÉS DE CAPITAL-INVESTISSEMENT ET DE CAPITAL-RISQUE TRAVERSENT LA TEMPÊTE DANS LA SECONDE MOITIÉ DE 2020

Des perspectives plutôt optimistes

Si l’on prend l’ensemble des secteurs, un regain de vitalité pour le private equity en Afrique semble attendu pour la deuxième partie de l’année. Ainsi, pour les professionnels du capital-investissement, la remontée des marchés boursiers et l’injection de liquidités invitent à croire que l’activité redémarre.

« Il y a eu une baisse mécanique de l’activité du private equity après le confinement liée à la baisse des marché – et donc de la richesse des investisseurs -, aux difficultés de continuer des deals et des négociations pendant le confinement, mais aussi à un certain attentisme des fonds », rappelle William Nkontchou. Il précise, optimiste : « L’activité va repartir grâce à la remontée des marchés et à l’injection de liquidités. »

Une conclusion que partagent les analystes de l’Avca, sans plus de détails. « Bien qu’aucune région du monde ne ressorte indemne du choc induit par le Covid-19, nous nous attendons à ce que les sociétés de capital-investissement et de capital-risque continuent de soutenir les économies africaines en traversant la tempête dans la seconde moitié de 2020, et au-delà, alors qu’ils s’efforcent de faire face aux retombées de la pandémie. »

Ouattara-Bédié : dans les coulisses des médiations

| Par Jeune Afrique
Mis à jour le 16 octobre 2020 à 10h09
Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, en novembre 2010 à Abidjan.

Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, en novembre 2010 à Abidjan. © SIA KAMBOU/AFP

Si le patron du PDCI a déclaré le 15 octobre qu’il n’était pas concerné par le processus électoral, il laisse la porte ouverte aux discussions avec le chef de l’État ivoirien.

Henri Konan Bédié (HKB) s’est rendu pour deux jours à Accra le 12 octobre à bord d’un avion de la République du Ghana. Il était accompagné de proches, parmi lesquels Jean-Marie Kacou-Gervais. Cet ancien ambassadeur de la Côte d’Ivoire en France fut le ministre des Affaires étrangères de Laurent Gbagbo (de mars à décembre 2010), puis d’Alassane Ouattara (ADO).

À sa demande, l’ancien président ivoirien a été reçu par le roi des Ashantis, Otumfuo Nana Osei Tutu IIet le chef de l’État ghanéen, Nana Akufo-Addo. Président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), ce dernier tente de jouer les médiateurs entre Bédié et Alassane Ouattara. Des émissaires du chef de l’État ivoirien étaient d’ailleurs présents au même moment dans la capitale ghanéenne.

Calmer le jeu

Selon nos informations, l’intervention de Nana Akufo-Addo a permis un contact téléphonique direct entre ADO et HKB. Le premier depuis de longs mois. Les 7 et 8 octobre, Bédié avait échangé avec plusieurs présidents de la sous-région, notamment Macky Sall, Mahamadou Issoufou et Faure Gnassingbé, qui l’avaient invité à calmer le jeu. Le patron du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) s’était montré réceptif, mais il avait affirmé avoir tenté de joindre Ouattara à plusieurs reprises, en vain.

Le 11 octobre, le « sphinx de Daoukro » a dépêché à New York Youssouf Bamba, secrétaire exécutif du PDCI chargé des relations extérieures et ancien ambassadeur de Côte d’Ivoire à l’ONU, afin de remettre un message à António Guterres.

Pas (encore) de compromis

La veille, lors du meeting de l’opposition, il avait déjà demandé au secrétaire général des Nations unies de « se saisir du dossier ivoirien pour la mise en place d’un organe électoral indépendant crédible avant l’élection présidentielle ».

Alors que la campagne pour la présidentielle s’ouvre ce 15 octobre, l’intervention ghanéenne n’est pas parvenue, pour le moment, à favoriser un compromis entre Bédié et Ouattara. Le premier est favorable à un report de l’élection, tandis que le second, inflexible, y reste opposé. ADO est cependant prêt à former un gouvernement d’ouverture après l’échéance et à réformer la Commission électorale indépendante (CEI) dans l’optique des élections législatives, qui doivent se tenir dans les six mois qui suivent.

Enfin, une visite de chefs d’Etat ouest-africains à Abidjan dans les prochains jours, dont Nana Akufo-Addo, n’est pas à exclure.