Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Sénégal : diviser pour mieux régner, la stratégie de Macky Sall appliquée au PDS

Par  - envoyé spécial à Dakar
Mis à jour le 9 mars 2022 à 17:20
 

 

Macky Sall, le 17 septembre 2021. © Papa Matar Diop/ Présidence du Sénegal


Bien qu’ayant accusé un net recul lors des locales du 23 janvier, le parti d’Abdoulaye Wade est resté maître dans la région de Diourbel, en pays mouride. Un électorat convoité désormais par l’opposition comme par le pouvoir, qui multiplie les appels du pied.

Doudou Wade n’a plus très envie de répondre aux questions sur le positionnement du Parti démocratique sénégalais (PDS). Lorsque Jeune Afrique le sollicite le 2 mars pour une rencontre informelle afin qu’il éclaircisse ses propos confus tenus le 27 février dans une émission de grande écoute sur l’éventualité d’un rapprochement entre le PDS et l’Alliance pour la République (APR), le neveu d’Abdoulaye Wade décline aimablement, en nous renvoyant au communiqué publié dans la matinée par Mayoro Faye, le secrétaire général adjoint à la communication du parti.

Le PDS y réaffirme son « ancrage dans l’opposition » et appelle militants et sympathisants « au travail et à la mobilisation en perspective des élections législatives prévues le 31 juillet 2022 ». Le communiqué exhorte par ailleurs tous les membres de la formation « à plus de vigilance afin que le parti continue, plus que jamais, d’incarner une alternative crédible au pouvoir actuel ». Un rappel à l’ordre dont le but était d’éteindre les polémiques nées trois jours plus tôt des propos du candidat de la coalition Wallu Sénégal à la mairie de Dakar. Il avait alors déclaré que Macky Sall « posait les jalons » d’un rapprochement. « Le PDS ne peut pas se rapprocher de Macky Sall. […] Mais il faut que nous reconnaissions que Macky Sall a changé de voie », avait ajouté Doudou Wade.

Il n’en fallait pas plus pour que la presse sénégalaise voie en ces mots les prémices d’une alliance entre le chef de l’État et Abdoulaye Wade, dont le nom trône désormais sur le stade flambant neuf de Diamniadio. Un hommage rendu à l’ancien président de 95 ans non dénué de calcul. « Par cette opération séduction, Macky Sall tente de ramener dans son giron le PDS parce qu’il manque désormais de partenaires forts, affirme un observateur de la vie politique. L’Alliance des forces de progrès (AFP) de Moustapha Niasse et le Parti socialiste (PS), qui sont ses deux plus grands alliés au sein de la majorité présidentielle, sont sortis affaiblis de ces élections locales. Et Rewmi, la formation d’Idrissa Seck, n’a pas pu gagner la ville de Thiès. Le chef de l’État cherche donc à se renforcer devant la montée en puissance de la coalition de l’opposition Yewwi Askan Wi. »

Relations tumultueuses

Bien que le PDS ait accusé un net recul, il a pu remporter, grâce à l’appui de partis satellites regroupés au sein de Wallu Sénégal, près d’une trentaine de communes, principalement dans la région de Diourbel. Cet électorat, composé en grande partie des disciples de la puissante confrérie mouride, échappe au président depuis son arrivée au pouvoir, en 2012. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Macky Sall tente d’honorer Abdoulaye Wade, qui dirige encore le PDS malgré son âge avancé.

À GUÉDIAWAYE, UN MÉLODRAME POLITIQUE A ALIMENTÉ LES SUSPICIONS

En novembre 2017, le chef de l’État avait déjà voulu donner son nom au nouvel aéroport international. Mais l’intéressé avait finalement décliné la proposition : leurs relations étaient tumultueuses après la condamnation de Karim Wade en 2015. « Abdoulaye Wade avait aussi refusé parce que la construction de l’aéroport avait été entamée sous sa présidence. Et il avait déjà choisi de lui donner le nom de Blaise Diagne. Il a eu l’impression que Macky Sall voulait s’arroger la paternité de cet édifice, explique Cheikh Dieng, secrétaire général adjoint du PDS chargé des élections. Si, cette fois, Abdoulaye Wade a accepté que le stade porte son nom, c’est parce qu’en vertu de son combat pour la démocratie et de tout ce qu’il a fait pour le Sénégal, il mérite tous les honneurs. Mais on ne peut pas y voir des signes de rapprochement. » 

Du côté de Yewwi Askan Wi, la grande coalition de l’opposition portée par Ousmane Sonko et Khalifa Sall, cette séquence a toutefois été observée avec circonspection. D’autant qu’à 20 km de Dakar, à Guédiawaye, un mélodrame politique a alimenté les suspicions à l’encontre du PDS. Le 2 mars, Ahmed Aidara, le nouveau maire de cette commune qui a défait Aliou Sall, le frère cadet du président, pensait pouvoir contrôler le bureau municipal avec une majorité d’adjoints grâce à un jeu d’alliance entre les coalitions Yewwi Askan Wi (39 conseillers), Wallu Sénégal (4 conseillers) et Gueum Sa Bopp (3 conseillers).

Mais, à la surprise générale, certains conseillers du PDS ont, malgré les directives d’Abdoulaye Wade, préféré lors du vote rallier Aliou Sall, le maire sortant, qui a donc raflé la majorité des postes d’adjoints au maire, imposant ainsi une cohabitation à Ahmed Aidara au sein du bureau municipal. « Il ne faut cependant pas conclure à un rapprochement entre le pouvoir et le PDS à la lumière de ce qui s’est passé à Guédiawaye, temporise Malick Gakou, président du Grand Parti et membre fondateur de Yewwi Askan Wi. Ce genre de choses arrive souvent. Lors des élections locales, les appareils politiques ont toujours des difficultés à maîtriser leurs conseillers et à faire respecter leurs directives. »

Double jeu du PDS ?

Ce n’est pourtant pas ce que pense un important cadre de Yewwi Askan Wi, pour qui tous ces événements cumulés laissent planer le doute sur les réelles intentions du PDS. « C’est bien curieux qu’on veuille nous faire croire que Doudou Wade a dit des choses qui n’ont jamais existé. Il n’est pourtant pas un nain en politique », souffle notre interlocuteur. La formation d’Abdoulaye Wade jouerait-elle double jeu ? « Le parti au pouvoir veut semer la confusion dans les rangs de l’opposition afin de la diviser », avance un membre de la coalition Wallu Sénégal. Pour Malick Gakou, « l’opposition a pleinement conscience qu’elle doit rester unie et se renforcer. Nous travaillons à une grande alliance entre Yewwi Askan Wi et le PDS. Mais nous savons qu’il y aura des tentatives de déstabilisation de la part du pouvoir ».

Les cadres de la coalition Benno Bokk Yakaar (au pouvoir) ne cachent plus d’ailleurs leur volonté de voir Abdoulaye Wade et son parti rejoindre la majorité présidentielle. « Cela serait tout à fait naturel. Avec le PDS, nous pourrions reconstruire la famille libérale », affirme Moise Sarr, secrétaire d’État chargé des Sénégalais de l’extérieur et ancien militant du PDS. Après tout, beaucoup de choses lient Abdoulaye Wade à Macky Sall et Idrissa Seck. Ceux-ci n’ont-ils pas bâti leur carrière politique sous son aile ?

Guinée: information judiciaire contre 2 hommes d’affaires soupçonnés de financer le Hezbollah

 

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Vue générale de Conakry, en Guinée (image d'llustration). Getty Images/Waldo Swiegers/Bloomberg

 

Les deux personnalités, d’origine libanaise, sont déjà sous sanctions et dans le viseur du Trésor américain. Le mouvement libanais armé chiite pro-iranien est considéré par les États-Unis comme une organisation terroriste.

Ali Saadé et Ibrahim Taher sont deux hommes d’affaires guinéens d’origine libanaise. La justice les accuse d’avoir blanchi de l’argent et de financer le terrorisme. Face à la presse, ce lundi, le procureur général de la cour d’appel de Conakry, Alphonse Charles Wright, a annoncé la saisie de leurs biens et le gel de leurs avoirs.

Le procureur n’a pas précisé si les deux hommes ont été interpellés. Mais ces mesures semblent entrer en droite ligne avec les sanctions annoncées la semaine dernière par le Trésor américain. En effet, vendredi, le Trésor a accusé ces deux hommes d’affaires d’avoir « des connections directes avec le Hezbollah », que les États-Unis considèrent comme un groupe terroriste. Selon le Trésor, ils auraient « parrainé ou fourni un soutien financier, matériel ou technologique au Hezbollah ». 

Ali Saadé « effectue des transferts de fonds de la Guinée vers le Hezbollah, à travers des représentants du Hezbollah en Guinée ou au Liban », indique le Trésor américain. Quant à Ibrahim Taher, il a été « identifié comme l’un des plus importants soutiens financiers du Hezbollah en Guinée », précise le Trésor qui l’accuse d’user de « son statut de consul honoraire du Liban en Côte d’Ivoire pour entrer et sortir de Guinée avec un minimum de contrôle ».   

Dans un communiqué, le Département d’État américain affirme vouloir « perturber le réseau d’entreprises du Hezbollah en Afrique de l’Ouest, qui selon Washington, s’appuie sur des pots-de-vin pour se soustraire à l’État de droit. »

Nigeria: une soixantaine de morts dans une milice d'auto-défense dans le nord-ouest

 

Au Nigeria, une soixantaine d'hommes, tous membres d’une milice d’auto-défense, ont été assassinés dans le nord-ouest du pays. Ils ont été victimes de ceux qu'on surnomme « bandits » dans la région. Plus d'une centaine de groupes criminels sont actifs entre les États de Zamfara, Niger, Sokoto et Kebbi, où ils multiplient les exactions sanglantes, face auxquelles les forces de sécurité semblent bien impuissantes

Ils étaient en première ligne, face aux groupes armés qui ravagent le nord-ouest du Nigeria depuis des mois. Dans l'État de Kebbi, la milice d’auto-défense « Yan Sa Kai », groupe de combattants volontaires de la zone de Sakaba, comptait, dimanche 6 mars à la nuit tombée, attaquer un groupe de bandits. Il semble que les miliciens s'étaient lancé à la poursuite des hommes armés qui venaient d'attaquer plusieurs villages du district de Sakaba.

L’un des responsables de cette milice, Usman Sani, ancien militaire joint par Reuters, a affirmé que les membres du gang, prévenus de l’attaque, ont préparé une embuscade, profitant du couvert de la forêt qu'ils connaissent bien. Après avoir caché leurs motos, ils ont encerclé les combattants volontaires avant d’ouvrir le feu de plusieurs côtés.

Des volontaires civils très exposés

La police semble plutôt suggérer que ces bandits étaient en train de fuir les bombardements de l'armée dans l'État de Niger, lorsqu'ils ont été pris en chasse par les groupes d'auto-défense. Alors que les bombardements de l'armée peinent à mettre un frein à l'activité meurtrière de ces gangs dans le nord-ouest du Nigeria, les volontaires civils font un travail essentiel, mais sont très exposés sur le terrain, rappelle notre correspondante à Lagos, Liza Fabbi

Le bilan transmis par la milice et confirmé par une source officielle fait état d'une soixantaine de morts. De nombreuses bandes armées opèrent dans tout le grand nord du Nigeria depuis des années. Leur principal mode opératoire est l'enlèvement, notamment d’enfants, pour obtenir des rançons. En janvier, dans le même État de Kebbi, des criminels ont assassiné près de 50 villageois.

Le président nigérian se dit « choqué par ce niveau extrême de criminalité ». Mouhamadou Buhari assure tout faire pour combattre ces monstres.

Au Bénin, dix ans de prison ferme requis contre l'ex-patron des services d'immigration

 

 

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La Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), à Cotonou, au Bénin. AFP - YANICK FOLLY

 

 

Le commissaire divisionnaire Florent Agbo est poursuivi pour « abus de fonction » dans une affaire de passeports délivrés à six Camerounais. Ses avocats ont plaidé la relaxe pure et simple. Vingt-deux personnes dont des intermédiaires, des Camerounais et de nombreux policiers sont impliquées dans ce dossier qui remonte à mi-décembre. Verdict lundi.

Avec notre correspondant à Cotonou, Jean-Luc Aplogan

Le ministère public n’a pas épargné le haut fonctionnaire de la police. Il a requis contre lui la même peine que les six Camerounais arrêtés avec des passeports béninois mi-décembre 2021 : 120 mois d’emprisonnement ferme avec une amende pour abus de fonction, infraction constituée selon le ministère public. 

Quatre avocats ont assuré sa défense. L’ancien bâtonnier Cyrille Djikui explique à la cour : « Mon client est devant vous parce qu’il est serviable. » Puis il lance : « que celui dans cette salle qui n’a pas bénéficié de ses largesses au moment d’établir son passeport, lui jette la première pierre. » Silence dans la salle. 

Maître Elvis Dide, conseil de la défense, enchaîne en ces termes : « si des soupçons peuvent justifier une poursuite pénale, la condamnation requiert des preuves indiscutables. » Me Dide conclut que le ministère public a eu son interprétation des faits basée sur des suppositions. 

Me Béhanzin va expliquer à la Cour de répression des infractions économiques (Criet) que son client valide les dossiers de passeport sur la base des pièces et dans cette affaire, les six Camerounais ont produit des actes de naissance béninois. Le commissaire Agbo est innocent affirme l’avocat qui demande que le juge le relaxe purement et simplement lundi prochain, jour du délibéré.

La Cédéao met un peu plus de pression sur la junte au pouvoir en Guinée

 

Une équipe de la communauté ouest-africaine et des Nations unies était à Conakry dimanche et lundi pour rencontrer société civile, politiques et putschistes au pouvoir. Hier jeudi 3 mars, la Cédéao a voulu faire comprendre, non sans fermeté, qu’il était temps que la transition avance.

Quasiment six mois jour pour jour après le coup d’État, la Cédéao met en garde la junte au pouvoir.

Les représentants ouest-africains rappellent que le 16 septembre à Accra, la conférence des chefs d’États et de gouvernement avait décidé que des élections présidentielle et législatives se tiendraient dans les six mois, pour restaurer l’ordre constitutionnel. Or les six mois sont quasi passés. La Cédéao note donc « le non respect » du délai.

Et cette lenteur inquiète l’organisation qui se dit « très préoccupée par l’absence de chronogramme acceptable ». Elle « exhorte » donc le nouveau pouvoir à en fournir un « dans les meilleurs délais ».

La Cédéao demande aussi que les différents acteurs se parlent. En effet, beaucoup se plaignent du flou ambiant autour d’une transition qui semble naviguer à vue. L’organisation exhorte ainsi le pouvoir à « mettre en place un cadre de dialogue », « des consultations avec les acteurs socio-politiques », « afin d’éviter une détérioration de la cohésion sociale ». 

L’organisation sous-régionale semble craindre une éventuelle instabilité, à terme, de la Guinée. Elle a d’ailleurs remarqué « la hausse de tension » causée par la saisie, lundi, des résidences de Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré. Ce qui avait entraîné des échauffourées entre forces de sécurité et partisans des deux responsables politiques.