Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Nigeria : ce qu’a fait Buhari pour les entreprises

« Buhari, le bilan économique » (2/5). Cadre réglementaire, fiscalité, maillage des entreprises… Le chef de l’État a signé cinq initiatives pour clarifier l’environnement des affaires.

Mis à jour le 4 août 2022 à 14:10
 
 
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Muhammadu Buhari signe le projet de loi sur l’industrie pétrolière à Abuja, le 16 août 2021. © Nigeria Presidency/Handout via REUTERS

 

Selon un proverbe yoruba du sud-ouest du pays, « c’est dans les marmites noires que l’on fait la bouillie blanche », une sentence utilisée pour illustrer une des pages plus satisfaisantes du bilan de Buhari. Alors que la situation économique globale du pays est plutôt sombre, les cinq principales politiques en faveur des entreprises présentées ci-dessous ont été cruciales pour la croissance du commerce et de l’esprit d’entreprise au Nigeria.

. Companies and Allied Matters Act (CAMA) 2020

En août 2020, Muhammadu Buhari signe ce texte de loi relatif aux entreprises et à leur environnement de travail. À l’époque, le cabinet de conseil KPMG salue la première mise à jour complète du droit nigérian des sociétés depuis 30 ans.

La nouvelle loi renforce l’efficacité de l’enregistrement des entreprises, modernise l’administration grâce à l’utilisation des nouvelles technologies et réduit les obstacles réglementaires pour les petites et grandes entreprises.

« Cette loi a changé la donne », estime Otuyiga Olasunkanmi, associé du cabinet d’avocats Templars, « en particulier pour les petites et moyennes entreprises (PME) et les jeunes entreprises technologiques. »

>> À lire sur The Africa Report – Buharinomics : Buhari’s top five pro-business policies

Des dispositions telles que la possibilité pour une société privée de n’avoir qu’un seul actionnaire ou directeur, le relèvement du seuil de définition des petites entreprises à 120 millions d’euros de chiffres d’affaires et 60 millions d’actif net (au lieu de 2 millions d’euros de CA et un actif net inférieur ou égal à 1 million d’euros actuellement), l’abrogation de l’obligation de tenir des assemblées générales annuelles, de nommer des auditeurs ou un secrétaire de société, ont réduit les goulets d’étranglement réglementaires pour les petites entreprises au « strict minimum », selon M. Olasunkanmi.

La reconnaissance des registres électroniques, de l’enregistrement, du transfert des actions et des réunions pour les sociétés privées a renforcé la facilité et l’efficacité des affaires dans le pays.

. Petroleum Industry Act (PIA)

Bien qu’il dispose des deuxièmes réserves prouvées de pétrole brut d’Afrique, le secteur pétrolier nigérian contribue peu (7,24 % en 2021) au PIB du pays, en raison de la faible production de pétrole, des vols de pétrole à grande échelle, de la baisse des prix mondiaux des produits de base et de l’instabilité du régime de change du pays.

À LIRENigeria : la délicate équation de la rente pétrolière

La loi sur l’industrie pétrolière (Petroleum Industry Act, PIA) promulguée en août 2021 après 20 ans de plaidoyer en faveur de son adoption, vise à optimiser son potentiel, alors même que le pays tente de diversifier ses sources de revenus. La transparence et l’adaptation des structures de gouvernance du secteur pétrolier sont des priorités de cette loi. Elle définit également des cadres juridiques, réglementaires et fiscaux en des termes qui constituent l’une des tentatives les plus audacieuses de refonte du secteur pétrolier au Nigeria, selon PricewaterhouseCoopers.

À LIRE[Série] Muhammadu Buhari : croissance, dette, rente pétrolière… quel bilan ?

Uwa Osadiaye, vice-président senior, analyste pétrolier et gazier chez FBNQuest, explique que le PIA est un bon texte de loi, compte tenu des nombreux problèmes critiques qu’il aborde. Il pense qu’il s’agit d’une base solide pour développer le secteur, même si des ajustements pourraient être apportés ultérieurement.
Estimant l’impact de la PIA sur les perspectives d’investissement dans le secteur, M.Osadiaye ajoute qu’il n’y aura peut-être pas une ruée d’investissements étrangers importants dans le secteur pétrolier en raison de la transition énergétique induite par le changement climatique, mais la loi crée un cadre réglementaire et fiscal clair pour les projets pétroliers et gaziers en cours et futurs, comme la raffinerie Dangote et le projet Train 7 Gas.

La loi facilitera certainement les investissements étrangers dans le domaine du gaz. La production d’électricité à partir du gaz devrait également bénéficier d’un afflux accru de capitaux privés et d’entreprises, dit-il.

Finance Act 2020

La loi de finances 2019 avait été signée pour moderniser les lois fiscales, promouvoir l’équité fiscale, introduire des incitations fiscales pour les entreprises locales et les investisseurs étrangers intéressés par les infrastructures et les marchés de capitaux et soutenir les petites et moyennes entreprises.

Il s’agissait surtout de clarifier le rapport entre taille de l’entreprise et taux d’imposition : les petites entreprises, dont le chiffre d’affaires est inférieur à 25 millions d’euros, sont exemptées de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et de l’impôt sur le revenu des entreprises (IRPE).
Les entreprises qui fabriquent localement des produits sanitaires et alimentaires de base sont également exemptées de TVA. Les entreprises de taille moyenne qui paient leur CIT [impôt sur le revenu des personnes morales, ndlr] 90 jours avant la date limite peuvent bénéficier d’un bonus fiscal de 2%, contre 1% pour les autres. Une mesure qui tend à atténuer la double imposition.

La loi de finances 2020 continue dans cette veine de clarification du cadre fiscal, en prévoyant notamment un engagement électronique entre les autorités fiscales et les entreprises, de sorte qu’elles puissent répondre, à distance, à une convocation du tribunal d’appel fiscal.

. Presidential Power Initiative (PPI)

Ce projet est un accord gouvernemental signé entre le président Buhari et son homologue allemande, Angela Merkel, en 2018, afin de faire passer la capacité électrique opérationnelle du Nigeria de 5 000 MW actuellement à 25 000 MW.
Les entreprises nigérianes perdent plus de 2,6 milliards de dollars par an à cause du manque de fiabilité du réseau électrique. En effet, seuls 55,4 % des Nigérians ont accès à l’électricité contre 84,4 % des Africains du Sud, 85,9 % des Ghanéens et 100 % des Égyptiens, selon la Banque mondiale.

La mise en œuvre du projet vient à peine de commencer en raison des perturbations liées au Covid-19 et de certains désaccords sur le contenu local et le degré d’automatisation notamment. La capacité opérationnelle du pays (de la production à la distribution) devra atteindre 7 000 MW après sa première phase dans 18 mois, puis 11 000 MW au terme de la deuxième phase et enfin 25 000 MW après sa troisième et dernière phase.

Plus de 80 % des entrepreneurs nigérians citent le manque de fiabilité du réseau électrique comme principal obstacle à leurs activités. Le PPI, s’il est mené à bien, réduira considérablement la charge des entreprises, contraintes de produire elles-mêmes la majeure partie de l’énergie dont elles ont besoin.

. National MSME Clinics

Cette initiative gouvernementale rassemble les agences fédérales pour faciliter leur engagement auprès des micro, petites et moyennes entreprises (MPME, MSMEs en anglais, ndlr) à travers le pays afin de supprimer les goulots d’étranglement réglementaires, de communiquer les politiques du gouvernement, de stimuler les entreprises locales et d’encourager la croissance dans plusieurs secteurs de l’économie.

Les domaines critiques que ce programme couvre sont l’accès au financement, l’enregistrement des entreprises, l’enregistrement et la certification des produits, la diffusion d’informations, l’acquisition de compétences/le renforcement des capacités, l’accès au marché et la conformité fiscale.

Depuis son inauguration en 2017, le programme a enregistré plus de 600 000 MPME. Son fonds de survie conçu pour aider les MPME à surmonter le choc de la pandémie a déboursé plus de 64 milliards de naïras (soit 151 millions d’euros) et bénéficié à plus de 900 000 entreprises, avec un accent mis sur les entreprises détenues par des femmes et celles ayant des besoins spécifiques, selon le gouvernement.

Le Shared Facility Scheme, qui fait partie du dispositif MSME Clinics, est conçu pour réduire les coûts opérationnels des MPME en fournissant un accès partagé abordable aux équipements essentiels tels que l’électricité, l’Internet et les machines. De telles installations ont été créées dans les États d’Anambra, d’Imo, d’Edo, de Benue, de Gombe et de Lagos, dans des zones présentant un avantage comparatif.

Selon Atiku Samuel, expert en politique publique à l’International Budget Partnership, essayer de reproduire la co-création qui a très bien fonctionné pour l’écosystème des startups technologiques dans l’espace MPME est un moyen louable de stimuler la productivité. Il pense que ça peut être la solution pour faire croître l’économie, surtout si elle réussit à toucher plus de 40 millions de petites entreprises dans le pays. « L’idée est aussi d’améliorer le niveau des informations qui remontent au gouvernement, pour qu’il adapte ses politiques ou ses interventions sectorielles aux besoins réels du terrain », explique M.Samuel.

[Vos réactions] Inflation : la vie toujours plus chère

 

+15% au Burkina Faso, +30% au Ghana… Selon les derniers chiffres, l’inflation s’envole dans de nombreux pays du continent, en raison principalement de la guerre en Ukraine. Comment se traduit la hausse des prix dans votre quotidien ? Comment faites-vous pour vous adapter ? Quelles mesures attendez-vous de vos gouvernements ?

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Burkina: toute personne qui se trouverait dans une «zone d’intérêt militaire» considérée comme «hostile»

 

Les opérations antijihadistes dans les « zones d’intérêt militaire », ces parcs forestiers protégés situés dans les régions du Sahel et de l’Est du Burkina Faso, vont bientôt débuter. Des populations s’y étaient installées de manière illégale, occasion saisie par les groupes armés terroristes pour s’y réfugier, selon les responsables des forces armées burkinabè. Ces opérations auront pour but d’assainir ces sites à partir desquels les groupes armés mènent les attaques sur le territoire national.

Avec notre correspondant à Ouagadougou, Yaya Boudani

Le commandant des opérations dans le cadre de la lutte antijihadiste prévient que toute personne qui se trouverait désormais dans ces zones d’intérêt militaire sera considéré comme un ennemi. Les populations qui occupaient encore les aires forestières protégées des régions du Sahel et de l’Est avaient deux semaines pour partir. L’ultimatum est désormais expiré. Ceux qui y résidaient ont été reçus dans des camps et pris en charge, explique le ministre de l’Action humanitaire.

Selon le commandant des opérations du théâtre national, des messages en langues locales ont été diffusés dans les zones concernées pour expliquer aux populations les implications de ces mesures ainsi que les différentes conduites à tenir.

« Toute personne qui se trouverait dans l’une des zones d’intérêt militaire sera considérée comme hostile »

En outre, depuis plusieurs semaines, les gouverneurs des régions concernées ont interdit la circulation des motos de grosses cylindrées et des tricycles. Dans ces notes d’interdiction, les gouverneurs préviennent que « tout contrevenant à ces mesures s’expose aux risques liés aux opérations militaires ».

►À lire aussi: Burkina: création de «zones d'intérêt militaire» où «toute présence humaine est interdite»

Victimes collatérales, ces personnes seront également  poursuivies devant les tribunaux et sanctionnées conformément aux textes en vigueur selon la note. « Désormais toute personne qui se trouverait dans l’une des zones d’intérêt militaire sera considérée comme hostile », a tranché le lieutenant-colonel Yves Didier Bamouni.

 

Cedeao : Umaro Sissoco Embaló veut une force anti-putschistes

Le nouveau président en exercice de la Cedeao vient d’annoncer la création d’une force anti-putsch, sans toutefois en dévoiler les modalités concrètes. 

Mis à jour le 30 juillet 2022 à 10:35
 
Damien Glez
 

Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

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© Damien Glez

Le changement récent à la tête de la présidence en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) semble augurer tout autant une main de velours qu’un gant de fer. Si le remplacement, début juillet, du Ghanéen Nana Akufo Addo par le Bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló semblait rimer avec levée des sanctions économiques contre le Mali et avec un consensus sur la durée de la transition burkinabè, la visite du président français a inspiré un ton plus martial au chef de l’État de Guinée-Bissau…

À LIREGhana : en pleine grogne, Nana Akufo-Addo danse et fait le buzz

Le jeudi 28 juillet, lors d’une conférence de presse conjointe avec Emmanuel Macron, Embaló n’a pas mâché les mots de son français plutôt fluide : « tout le monde » doit « comprendre que nous sommes au XXIe siècle et qu’il est inadmissible et inacceptable de faire des coups d’État ». Et d’ajouter que l’on « ne peut penser que pour arriver au sommet de l’État, c’est un fast track [une voie rapide] »  et que seul « le peuple a le droit de sanctionner les dirigeants, mais pas avec des coups d’État militaires.

Vous avez dit « putsch » ?

Pour joindre une esquisse d’acte à la parole, Embaló a annoncé la création « d’une force anti-putsch ». En ligne de mire de ce militaire – général de brigade : la fâcheuse habitude d’autres militaires de s’emparer du pouvoir, qu’ils soient colonels malien ou guinéen ou lieutenant-colonel burkinabè…

Vous avez dit « putsch » ? La Guinée-Bissau sait de quoi elle parle. Depuis son indépendance du Portugal en 1974, elle a connu une kyrielle de coups d’État militaires, dont le dernier réussi remonte à 2012. Des coups de force parfois sanglants, comme celui qui coûta la vie, en 2009, au compagnon de route d’Amílcar Cabral, Bernardo Vieira. Umaro Sissoco Embaló, en particulier, sait de quoi il parle : en février dernier, il était fait cas d’une tentative manquée de putsch qui obligea le chef de l’État à rester plusieurs heures enfermé dans un palais du gouvernement visé par des tirs nourris à l’arme lourde. C’est la Cedeao que le reclus avait alors appelé à la rescousse, obtenant la création d’une force de stabilisation.

À LIREUmaro Sissoco Embaló : « Le jour où les narcos ont voulu m’abattre »

De surcroît, même président d’un pays lusophone, Umaro Sissoco Embaló n’en connaît pas moins la situation de l’Afrique de l’Ouest francophone. Il est né d’une mère d’origine malienne et de père burkinabè.

Il reste la question qu’éludent souvent les politiciens : « concrètement ? ». Concrètement, jusqu’à quel niveau d’ingérence militaire la force anti-putsch « sur la table » sera-t-elle prête à aller ? L’Ecomog, force armée de la Cedeao, avait essuyé bien des critiques, dans les années 1990…