Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

La zone CFA victime collatérale de la chute de l’euro face au dollar

Arrimé à l’euro par une parité fixe, le franc CFA utilisé par quatorze pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale s’est déprécié face au dollar en même temps que la monnaie européenne. Une très mauvaise nouvelle pour les importations et le remboursement de la dette.

 
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Un homme échange des euros contre des francs CFA ouest-africains, à Abidjan, en Côte d’Ivoire, en septembre 2015. © Jose Cendon/Bloomberg/Getty

 

 

Une première depuis 2002 : l’euro et le dollar américain frisent la parité depuis le 12 juillet. En l’espace d’un an, la monnaie européenne a perdu 13,2 % de sa valeur par rapport au billet vert. Entraînant dans sa chute le franc CFA utilisé en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, qui lui a perdu 11,46 % de sa valeur par rapport au dollar, entre le 31 décembre 2021 et le 11 juillet dernier, soit son plus bas niveau depuis vingt ans.

Cette dépréciation historique s’accompagne d’une forte inflation, d’une possible récession, et d’un climat d’incertitude concernant les approvisionnements de certains produits. Une situation qui inquiète les marchés et les investisseurs, non seulement en Europe, mais également en Afrique. Pour rappel, le franc CFA, dont la convertibilité est garantie par le Trésor français, est arrimé à l’euro selon une parité fixe (1 euro = 655,957 F CFA).

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L’effet domino

Ainsi, par effet domino, le franc CFA suit les mêmes variations que l’euro vis-à-vis du dollar, et dépend indirectement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE). Pour l’heure, la hausse annoncée par la BCE de ses taux directeurs (0,5 point) le 21 juillet, un mois après l’augmentation (0,75 point) des taux directeurs de la Réserve fédérale américaine (FED), n’a pas eu d’impact sur cette chute de la valeur de l’euro par rapport au dollar.

IL S’AGIT D’UNE INFLATION IMPORTÉE POUR VERA SONGWE

Cette dépréciation du franc CFA a beau octroyer un certain avantage comparatif aux pays exportateurs, globalement ses conséquences seront néfastes en Afrique. Le franc CFA déprécié signifie une baisse du pouvoir d’achat des économies concernées : tout ce qui provient des économies dollarisées coûtera plus cher (médicaments, matériel informatique, produits pétroliers raffinés comme le kérosène…). « Il s’agit là d’une inflation importée  » a indiqué à Jeune Afrique Vera Songwe, secrétaire générale adjointe des Nations unies et secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA).

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Sous l’effet combiné de la hausse des cours sur le marché mondial, et de l’augmentation des coûts du fret, cette dépréciation risque d’alimenter encore plus la spirale inflationniste en Afrique et creuser davantage les déficits commerciaux.

Hausse des exportations

Qu’ils soient européens ou africains, les grands gagnants de cette parité monétaire semblent être les exportateurs. Les produits dont les prix sont initialement fixés en euro, et par extension en franc CFA, sont désormais moins chers pour les portefeuilles américains en dollars.

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L’Afrique, qui exporte essentiellement des minerais et des produits agricoles (coton, cacao, noix de cajou, banane…) a plus de chances de s’imposer sur le marché international grâce à sa compétitivité prix, qui pourra faire gonfler les recettes, et donc augmenter les ressources des pays concernés. Une aubaine pour les pays producteurs de pétrole et de gaz à l’instar du Congo, du Gabon, du Niger, du Cameroun et bientôt du Sénégal, qui tirent déjà des bénéfices importants de la flambée des cours du brut (104 dollars le baril de Brent).

LES DTS NE SONT PAS DES DETTES, C’EST UNE CRÉATION MONÉTAIRE RAISONNÉE ET NÉCESSAIRE

Une analyse que la représentante de l’ONU a néanmoins tenu à nuancer. « Même si ces pays vendent les matières premières plus cher ou en plus grande quantité, ils ne seront pas forcément gagnants, puisqu’ils importent les pétroles raffinés et d’autres produits transformés, qu’ils payeront de facto plus cher qu’auparavant. De plus, les recettes supplémentaires ne représenteront pas automatiquement des gains, puisqu’elles devront être utilisées pour rembourser une dette qui s’alourdit  » a-t-elle expliqué.

Augmentation du service de la dette

Cette dépréciation significative de la monnaie utilisée en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale va mécaniquement augmenter le coût du service de la dette libellée en dollar. « Pour rembourser la dette émise en dollar, il sera nécessaire de mobiliser une quantité plus importante de francs CFA », a souligné Vera Songwe. Ainsi, les balances des opérations courantes des pays de la région seront négativement impactés, et ce même si les accords d’endettement sont généralement conclus sur le long terme.

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Afin d’être en mesure d’honorer les remboursements, plusieurs pays africains pourraient céder à certaines tentations, parmi lesquelles le recours aux bailleurs de fonds, la demande de moratoires, ou l’endettement auprès de créanciers privés. Pour l’économiste en chef de la  CEA, la solution la plus logique réside en l’émission de plus de droits de tirages spéciaux (DTS) pour l’Afrique. « Les DTS ne sont pas des dettes, c’est une création monétaire raisonnée et nécessaire », a-t-elle précisé.

Le Mali expulse le porte-parole de la Mission de l'ONU

 

Les autorités maliennes ont ordonné, mercredi 20 juillet, l'expulsion du porte-parole de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma), lui reprochant des « informations inacceptables » sur l'affaire des 49 militaires ivoiriens détenus depuis plus d'une semaine à Bamako, selon un communiqué officiel.

Le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali a annoncé, mercredi 20 juillet, inviter « Monsieur Olivier Salgado, porte-parole de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) à quitter le territoire national dans un délai de 72 heures. »

Cette mesure fait suite « à la série de publications tendancieuses et inacceptables de l’intéressé » sur le réseau social Twitter, pour avoir déclaré « sans aucune preuve que les Autorités maliennes auraient été préalablement informées de l'arrivée des 49 militaires ivoiriens par vol civil », le 10 juillet 2022, précise le communiqué. 

Le communiqué insiste également sur la « disponibilité » du ministère pour maintenir le dialogue et poursuivre la coopération, avec « l’ensemble de ses partenaires internationaux, y compris la Minusma ».

Invité à fournir des preuves ou à rectifier ses propos, l'intéressé aurait refusé, selon le communiqué du ministère des Affaires étrangères malien. Pas de commentaire du côté de la Minusma, mais un responsable de la mission tient à souligner qu'Olivier Salgado « a toujours travaillé avec un grand professionnalisme ». 

Le Franco-Belge est l'un des visages les plus connus de la représentation de l'ONU au Mali. Présent dans le pays dès la création de la Mission il y a 9 ans, il était incontournable. Il a rendu public des centaines de communiqués, animé de nombreuses conférences de presse et organisé de multiples voyages sur le terrain avec les journalistes. 

« Nous regrettons profondément la décision des autorités maliennes » 

À New York, le porte-parole de l'ONU Farhan Haq a réagi. L'ONU « regrette profondément » cette décision et tente d'éclaircir la demande des autorités maliennes.

Nous savons et regrettons profondément la décision des autorités maliennes de demander à un membre de l’équipe de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali de quitter le pays sous 72 heures. Il est important de rappeler que le personnel de l’ONU ne peut pas être déclaré persona non grata - c’est contraire aux obligations de la Charte des Nations unies, y compris celles concernant les privilèges et l’immunité de l’ONU et de ses équipes. La Minusma et le siège sont en train de prendre les mesures adéquates pour un suivi de ce dossier avec les autorités concernées.

Réaction de Farhan Faq, porte-parole de l'ONU à New York

Dans les faits, la junte malienne n'est pas la première à demander ainsi le départ de sept employés de l'ONU.  L'Éthiopie l'a fait en octobre 2021. L'ONU a alors rappelé à Addis-Abeba que cette décision était illégale.

►À lire aussi : Le Togo accepte d'aider le Mali à régler son différend avec Abidjan

Burkina Faso : ouverture d’une enquête sur la mystérieuse piste d’atterrissage

Les rumeurs persistantes sur l’existence d’une piste d’atterrissage clandestine dans le nord du pays ont suscité la polémique sur les réseaux sociaux. Face au tollé, Ouagadougou a annoncé le 20 juillet l’ouverture d’une enquête pour élucider l’affaire.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 21 juillet 2022 à 17:26
 


Dans le désert du Sahel, au Burkina Faso. © TIM GRAHAM/robertharding via AFP

 

Tout a commencé le 16 juillet dernier sur Twitter. Le journaliste Serge Daniel, connu pour être bien informé sur l’actualité dans les pays du Sahel, publie l’énigmatique message suivant : « D’après mes informations, découverte par les fins limiers au Burkina d’une mystérieuse et clandestine piste d’atterrissage pour avions. Les enquêtes sont en cours. »

Depuis, la rumeur s’est répandue comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, laissant libre cours à toutes les spéculations autour de cette « mystérieuse » piste d’atterrissage, qui se situerait dans le nord du pays. Servirait-elle à alimenter les groupes terroristes ? Ou à évacuer de façon clandestine les minerais extraits du sous-sol burkinabè, voire à mener des trafics en tout genre ? Depuis plusieurs jours, ce sujet est au centre de l’attention et tous les médias locaux le reprennent.

Dans le contexte sécuritaire actuel, où des groupes jihadistes continuent leur expansion à travers le pays malgré l’engagement de Paul-Henri Sandaogo Damiba de rétablir la sécurité, la possible existence d’une piste d’atterrissage clandestine intrigue. À tel point que, ce mercredi 20 juillet, le gouvernement a dû se prononcer sur la question.

Interrogations

Interrogé par la presse à l’issue du conseil des ministres, Lionel Bilgo, le  porte-parole du gouvernement, a déclaré que le Commandement des opérations du théâtre national (COTN) conduisait des investigations pour faire la lumière sur le sujet. Il n’a ni confirmé, ni infirmé la rumeur. « Le COTN poursuit les recherches pour essayer de comprendre d’où vient cette piste d’atterrissage, et d’abord si [son existence] est avérée ou non. Dans le bulletin d’information de l’armée ou [lors] d’un point de presse organisé par le ministère de la Défense, des informations complémentaires seront données », a-t-il assuré.

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Dirigé par le lieutenant-colonel Yves-Didier Bamouni, le COTN a été créé par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba et a pour missions, entre autres, la sécurisation des frontières terrestres et aériennes.

Dans l’attente de réponses du COTN, la déclaration de Lionel Bilgo a suscité plus d’interrogations qu’elle n’a apporté d’éclaircissements. Comment une piste d’atterrissage pourrait-elle exister sans que les autorités en soient informées ? Sa construction est censée nécessiter des autorisations et une logistique importante. Si elle existe, est-elle le fait de trafiquants ou de puissances étrangères ?

Aéronefs inconnus

Ce n’est pas la première fois que pareils mystères apparaissent. Depuis au moins sept ans, des responsables sécuritaires burkinabè signalent que des aéronefs inconnus survolent le territoire national. En 2015, avec l’aide des populations locales, ils avaient repéré un hélicoptère qui s’était posé dans la zone de Diapaga, dans l’est du pays, sans aucune autorisation.

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En 2019, le chef d’état-major général des armées d’alors, le général Moïse Minoungou, avait mis en garde les partenaires du Burkina susceptibles de survoler des troupes intervenant dans le cadre de la lutte contre l’insécurité. « Des aéronefs non identifiés survolent nos bases et zones d’opération. […] Des instructions ont été données aux unités déployées pour qu’ils soient considérés comme des ennemis et traités comme tels », avait écrit l’officier général dans un courrier adressé le 15 novembre à l’attaché de défense de l’ambassade de France à Ouagadougou. La fuite de cette correspondance sur les réseaux sociaux avait soulevé un tollé alors que la présence militaire française était de moins en moins acceptée.

Diversification des exportations : « Pour devenir plus compétitive, l’Afrique doit se focaliser sur la valeur ajoutée »

Les pays africains sont encore trop dépendants des exportations de produits de base issus des industries extractive et agricole. Dans son dernier rapport, la Cnuced détaille de quelle manière de nouvelles politiques peuvent permettre d’accélérer la diversification des économies.

Mis à jour le 19 juillet 2022 à 13:08
 

 

Conteneurs de marchandises entreposés au port en eau profonde de Kribi, au Cameroun, le 15 mars 2022. © Jean-Pierre Kepseu/XINHUA/REA

 

L’arrêt en 2020 de l’économie mondiale à cause de la pandémie du Covid-19 – qui sévit encore – et les difficultés d’approvisionnement déclenchées par l’invasion russe en Ukraine l’ont déjà confirmé. La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) le rappelle dans son dernier rapport, publié le 14 juillet, sur le développement économique en Afrique : pour mieux résister aux chocs économiques globaux, les pays africains doivent diversifier leurs exportations. Encore aujourd’hui, 45 des 54 pays du continent restent dépendants des exportations de produits de base dans les secteurs agricole et extractif.

« Cette concentration des exportations autour d’un petit nombre de produits de base peut être source d’instabilité sur le plan macroéconomique, notamment dans des périodes marquées par une grande volatilité des prix et par des chocs mondiaux », insistent les auteurs du rapport. La Cnuced livre ainsi dans ce document ses indications sur la manière dont les pays africains peuvent montrer davantage de résilience et affirmer leur souveraineté grâce à une plus grande diversification des exportations. Pour l’organisation onusienne, les États du continent doivent d’abord mettre en place des politiques adaptées,  en stimulant les exportations de services à forte valeur ajoutée – comme par l’exploitation du secteur des fintech – puis en élargissant l’accès aux financements des entreprises privées, qui sont pour 90 % d’entre elles des PME.

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« La dépendance vis-à-vis des exportations de produits de base a laissé les économies africaines vulnérables aux chocs mondiaux et a entravé le développement inclusif pendant trop longtemps », a déclaré la secrétaire générale de la Cnuced, la Costaricienne Rebeca Grynspan. Pour Jeune Afrique, Habiba Ben Barka, économiste et cheffe du secteur Afrique à la Cnuced, revient sur les points les plus marquants du rapport.

Jeune Afrique : Quels sont les freins encore existants à la diversification des exportations africaines ?

Habiba Ben Barka : On peut citer le manque de connexions entre les différents secteurs économiques, le manque d’accès aux financements, le manque de politiques publiques adéquates, de même que des capacités de productions réduites. Dans le rapport, notre analyse nous a également permis de démontrer qu’une meilleure utilisation des services permettrait d’ajouter de la valeur à leurs produits pour les rendre plus compétitifs. Toutes les chaînes de valeur sont à revoir pour transformer les infrastructures, augmenter les capacités de production, développer la formation pour recruter la main-d’œuvre qui permettra la création de produits intermédiaires.

Au cours de la période étudiée, certains pays africains ont pu diversifier leurs exportations mais seul neuf ont pu réduire la concentration de leurs exportations. L’augmentation du nombre de produits exportés ne signifie pas nécessairement qu’il y a eu diversification vers des produits de plus grande valeur, plus sophistiqués, indiquant un changement structurel et des capacités de production plus élevées.

Avec quels types de services à forte valeur ajoutée l’Afrique pourrait-elle devenir plus compétitive ?

Selon la classification de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), il y a deux types de services, ceux des secteurs traditionnels comme ceux des transports ou du tourisme, et les services à haute valeur ajoutée, les prestations intellectuelles. Malheureusement, en Afrique, on produit peu ce deuxième type de service. L’offre de services à 80 % reste dominée par le secteur traditionnel.

LA FINTECH PEUT AMÉLIORER LES CANAUX DE CRÉDIT TRADITIONNELS ET AIDER À COMBLER L’ÉNORME DÉFICIT DE FINANCEMENT

Dans notre rapport, nous mettons donc l’accent sur le besoin de diversifier les exportations vers des produits plus sophistiqués, à plus haute valeur ajoutée et donc plus compétitifs autant sur le marché continental que global. La contribution des services dans la sophistication des produits, la digitalisation des processus de transformation peut efficacement contribuer à la compétitivité des entreprises tournées vers l’exportation. Par exemple, en fournissant des services aux entreprises, les technologies de l’information et des communications (TIC) facilitent leur accès à de nouveaux marchés avec des produits nouveaux ou existants.

Ces deux dernières années, les entrepreneurs ont dû s’adapter pour faire face aux mesures restrictives de circulation et les confinements liés à la pandémie. Le secteur de la fintech a explosé sur le continent, notamment dans le mobile money. En conséquence, pour bénéficier de ces changements et capter des financements, les PME africaines doivent investir dans ces nouvelles technologies.

Concernant les financements, vous rappelez que l’Afrique aurait besoin de 416 milliards de dollars d’investissements. De quelle manière devrait être répartie cette somme ?

En Afrique, les PME représentent environ 90 % des entreprises et emploient environ 60 % de la main-d’œuvre. Cela représente 50 millions de PME formelles qui ont un besoin de combler un déficit de financement de 416 milliards de dollars chaque année, selon IFC (Société financière internationale).

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La finance est encore dominée par le secteur bancaire, qui n’arrive pas à répondre à la demande. Malheureusement pour le PME, l’accès à des financements adaptés à leur structure et à des taux abordables reste limité. Se tourner vers les nouvelles technologies va permettre aux PME et aux start-up d’attirer des financements provenant de fonds d’investissement en capital-risque et de business angels, permettant ainsi de diminuer les risques évalués par les banques. La fintech peut améliorer les canaux de crédit traditionnels et aider à combler l’énorme déficit de financement, sous réserve de meilleures politiques mises en place par les gouvernements pour mieux exploiter son pouvoir.

Dans des pays comme l’Afrique du Sud, le Maroc, Maurice, le Cap-Vert et la Namibie, grâce à un environnement des affaires modernisé, les PME ont davantage accès au financement. Les mécanismes de réduction des risques pour le financement des PME mis en place par le gouvernement sud-africain en témoigne également. De même, les avancées significatives sur le plan des services bancaires mobiles et des prêts sur le marché ont grandement contribué à la croissance des PME au Ghana, au Kenya, au Rwanda et en Tanzanie.