Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Entretien : « En finir avec la sous-représentation de l’Afrique au patrimoine mondial »

Recueilli par Laurent Larcher

 

unesco

 


Lazare Eloundou Assomo Directeur du Centre du patrimoine mondial de l’Unesco L’institution onusienne veut rééquilibrer la place du patrimoine africain dans la liste du patrimoine mondial.

La Croix : Quelles menaces pèsent sur les sites africains ?

Lazare Eloundou Assomo : Elles sont de plusieurs natures. Les guerres, d’abord. Ces sites peuvent être ciblés en tant que tels, comme l’ont fait les djihadistes avec les mausolées de Tombouctou. Ils peuvent être des dégâts collatéraux d’une bataille, comme entre le Burkina Faso, le Bénin et le Niger dans le parc naturel du W. Ils peuvent être pillés pour le trafic international, comme les masques et les sculptures au cœur d’un commerce illicite d’objets culturels. Les sites naturels sont mis en danger par les braconniers, par ceux qui exploitent illégalement les sous-sols, comme dans le parc des Virunga dans l’est de la RD-Congo.

Les sites naturels sont aussi menacés par le changement climatique. La raréfaction de l’eau pousse des communautés entières dans la pauvreté, elle les conduit à vendre des objets sacrés, à quitter leur terre. Les parcs naturels sont également affectés. Cela peut accroître les tensions entre les sites naturels et les populations limitrophes, d’autant que des groupes armés trouvent dans ces parcs de quoi se cacher, se nourrir et même se payer.

L’Afrique est-elle le continent oublié de la liste du patrimoine mondial de l’Unesco ?

L. E. A. : Sur les 1 154 sites inscrits, seuls 98 se trouvent en Afrique subsaharienne. La part du continent est donc très faible dans la représentativité du patrimoine mondial. Elle ne rend pas justice à la richesse et la diversité de son patrimoine. Et 12 pays africains n’ont aucun site inscrit, dont le Rwanda, le Burundi ou la Sierra Leone. En choisissant un Africain pour occuper le poste de directeur du Centre du patrimoine mondial, Audrey Azoulay, la directrice générale de l’Unesco, a clairement affiché son ambition d’en finir avec cette sous-représentation.

Qu’est-ce qui caractérise les sites africains classés ?

L. E. A : Il y a d’abord les 46 sites culturels, dont une bonne partie sont des sites vivants, comme la vieille ville de Zanzibar en Tanzanie. Il y a les sites liés à l’histoire comme Robben Island où furent emprisonnés des centaines de militants contre l’apartheid, dont Nelson Mandela, en Afrique du Sud. Je pense aussi à l’île de Gorée qui symbolise la traite négrière au départ du Sénégal. C’est l’un des trois premiers sites africains inscrits au patrimoine mondial en 1978. Des sites religieux comme Lalibela en Éthiopie, les mosquées et mausolées de Tombouctou, les forêts sacrées de kayas des Mijikenda au Kenya. Ceux liés au patrimoine architectural, comme Saint-Louis au Sénégal ou Cidade Velha au Cap-Vert. Et aussi les 39 sites naturels, inscrits plus récemment.

Parmi ceux-ci figurent aussi d’importantes peintures rupestres…

L. E. A : On en a découvert à la fois en Afrique australe et dans le Sahel, de l’Adrar des Ifoghas dans le Sud algérien et le nord-est du Mali jusqu’au Tibesti, au Tchad. Je pense aussi au site d’art rupestre de Chongoni au Malawi. Ces peintures sont remarquablement conservées, on y voit des scènes de la vie quotidienne et des scènes de chasse, des motifs géométriques. Ces sites sont les plus anciens du patrimoine africain.

Quels sont vos objectifs ?

L. E. A : Audrey Azoulay m’a fixé comme première mission de rééquilibrer la place du patrimoine africain dans la liste du patrimoine mondial. Nous voulons aussi mieux protéger les sites en péril : sur les 52 menacés de disparition dans le monde, 21 sont sur le continent et 15 en Afrique subsaharienne..

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Le patrimoine culturel du Burkina Faso menacé

Les cultes traditionnels et les biens culturels burkinabés sont la cible de groupes armés dans le nord et l’est du pays. L’insécurité fait craindre une recrudescence du trafic illicite de biens culturels.

  • Ludivine Laniepce, 
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Le patrimoine culturel du Burkina Faso menacé
 
Festival de masques africains traditionnels de Dédougou, au Burkina Faso, en 2016.SOPHIE GARCIA

Ouagadougou (Burkina Faso)

De notre correspondante

Le patrimoine culturel du Burkina Faso menacé

 

Sous son chapeau rouge de chef coutumier, le visage du chef du village perle de sueur. Sur ses épaules, le poids de son monde : une cinquantaine de bouches à nourrir, celles des habitants de sa commune qui ont fui les violences terroristes. « C’est la faim qui va nous tuer », se désole-t-il. Mais celui qui cherche inlassablement de la nourriture pour les siens a un second objectif : mettre leurs masques sacrés en sécurité.

Au Burkina Faso, des milliers de masques sont portés lors de rituels, pratiques coutumières et cérémonies traditionnelles, telles que les funérailles. Loin de n’être qu’un objet d’art ou folklorique, le masque incarne l’identité, les valeurs et les croyances mystiques d’une communauté. « Quand les djihadistes ont attaqué nos villages, poursuit le chef coutumier, ils ont brûlé trois maisons où se trouvaient des masques. Dans notre fuite, nous en avons laissé quelques-uns, nous en avons enterré d’autres, et nous en avons emmené certains avec nous. »

Pour le professeur Oumarou Nao, historien de l’art et spécialiste des masques, les représentants et les pratiquants des cultes traditionnels entrent peu à peu dans la ligne de mire des groupes terroristes. « Cela fait des années qu’ils s’en prennent aux administrations, aux écoles, aux centres de santé et même aux imams, rappelle-t-il. Or, le masque est une institution, le tissu identitaire d’une société. Les autochtones en disposaient déjà à la fin du XVe siècle. Je pense que le prochain sur la liste des terroristes est le culte traditionnel, parce qu’il va à l’encontre de l’idéologie qu’ils veulent imposer. Ces gens sont en situation de détruire tout ce qu’ils veulent. » À l’instar d’autres objets sacrés, les masques appartiennent aux populations qui en font usage. Il n’existe pas d’inventaire exhaustif de ce patrimoine. Difficile, dès lors, de mesurer ce qui doit être protégé. Dans le nord-ouest du pays, deux autels de sacrifice ont été détruits et des masques ont disparu, confie un acteur culturel. Dans l’est, la pratique de la géomancie a été « frappée d’interdit par des hommes armés », selon plusieurs habitants joints par téléphone. Dans cette même région, la fréquentation de forêts et de grottes, lieux de rites et de cultes sacrés, parfois liés aux « sorties » des masques, est impossible du fait de leur occupation par des groupes terroristes.

Le 1er janvier 2019, la première incursion terroriste dans la commune de Pobé-Mengao, dans la région du Sahel, a visé la case abritant les fétiches de la communauté. « Les terroristes nous ont toujours considérés comme des mécréants parce que notre culture koromba est restée très vivante, explique Adama Sawadogo, gestionnaire du musée de Pobé-Mengao. La première chose qu’ils ont faite a été de brûler la maison sacrée qui renfermait nos fétiches. Le message était très clair. » Autrefois touristique, connue pour ses gravures rupestres et son musée archéologique et ethnographique, Pobé-Mengao s’est vidée de ses habitants. « J’ai vite compris qu’il fallait délocaliser les 2 000 objets du musée, ajoute Adama Sawadogo, menacé à l’époque. J’ai tout caché en lieu sûr. »

Parmi la trentaine de musées publics et privés que compte le Burkina Faso, un tiers serait fermé. Dans la zone sahélienne des trois frontières (aux confins du Niger et du Mali), le musée d’Oursi, accolé à un site archéologique d’habitat vieux de mille ans, a été vandalisé fin 2019. « On sait que des objets archéologiques ont été emportés, témoigne un administrateur. Mais aujourd’hui, les terroristes rôdent dans cette zone, c’est devenu trop dangereux d’y aller. » En 2019, les projets d’exfiltration des collections de ces deux musées ont échoué. Deux tiers des objets du musée de Kaya, plus au sud, ont en revanche pu être acheminés à Ouagadougou.

Le patrimoine des communautés et des musées n’est pas la seule victime de l’insécurité. Inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco en 2019, les sites de métallurgie ancienne du fer sont composés d’une quinzaine de fourneaux en argile de 4 à 6 mètres de hauteur dans l’ouest et le nord du Burkina Faso. « Le plus ancien date du VIIIe siècle avant J.-C., explique le docteur Lassina Simporé, enseignant-chercheur en archéologie à l’université Joseph-Ki-Zerbo de Ouagadougou. Un site de patrimoine est comme un malade, il a besoin du contact de ses riverains et de ses gestionnaires, car même les animaux peuvent les abîmer. » En 2020, trois de ces fourneaux classés ont été vandalisés. « Aujourd’hui, les gens ont fui, et on n’a pas de nouvelles de certains sites de métallurgie. Bien sûr, dans le contexte d’insécurité, nous, spécialistes, sommes gênés de faire du plaidoyer pour la protection du patrimoine. Mais je pense qu’il faut déclarer l’intégralité de nos sites en danger à l’Unesco. »

À l’heure où 40 % du territoire burkinabé échappe au contrôle de l’État et où les urgences sont sécuritaires et humanitaires, la Direction générale du patrimoine culturel (DGPC) tente de faire entendre sa voix. « On est en train de faire le point sur les biens abandonnés, pillés ou saccagés, mais on n’a pas de vision globale, reconnaît le directeur général, Moctar Sanfo. Presque tous les biens situés dans les zones d’insécurité sont menacés, surtout les biens mobiliers qui peuvent circuler librement. Cette situation ouvre la porte au trafic illicite de biens culturels, une activité très lucrative qui permet le financement du terrorisme. »

Pour Hamidou Zi, chargé du contrôle et de la circulation des biens culturels à la DGPC, si le trafic illicite est peu visible, il est continu et de grande ampleur, particulièrement dans le Sud-Ouest, près des frontières de la Côte d’Ivoire et du Ghana. « On voit des locaux dérober des objets précieux des mains des communautés et les dilapider à vil prix aux antiquaires. Cest vu comme une voie royale pour senrichir. »

Qu’il s’agisse d’objets archéologiques, de statuettes, de masques ou encore de pièges à éléphant, chaque année apporte son lot de saisies et de restitutions. « Plus on documentera nos biens culturels et plus on sensibilisera nos hommes aux frontières, mieux on devancera ces trafiquants », espère le contrôleur. C’est ainsi que Mamio est devenu le premier objet communautaire sacré inventorié par la DGPC. Volée en 1991 à Pobé-Mengao, cette statuette de fécondité en granit de la communauté koromba avait été localisée chez un collectionneur allemand à Munich, avant d’être restituée en 2001.

Sous son chapeau rouge, le chef du village garde les yeux rivés sur son téléphone. Entre les demandes d’assistance alimentaire et les appels à l’aide pour mettre leurs masques en sécurité, une négociation débute par messages interposés. « Je cherche des acheteurs pour les masques. Le prix ? Ça dépend du client. » Puis botte en touche. « On n’a pas le choix. »

Côte d'Ivoire: le scrutin pour élire les conseillers départementaux du RHDP émaillé de violences

 

Des tensions ont eu lieu ce week-end en Côte d’Ivoire, au sein du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Le parti au pouvoir élisait ses conseillers départementaux mais le scrutin a été émaillé de violences dans plusieurs localités.

De notre correspondant à Abidjan, Youenn Gourlay

Séliki Zié Koné vient d’être élu secrétaire général du département de Kouto, dans le nord-ouest de la Côte d’Ivoire. Mais samedi 23 juillet, le scrutin a été émaillé de violences en raison d’irrégularités. La moitié des 2 000 militants n’étaient pas inscrits sur la liste électorale et d’après le nouvel élu, des casseurs auraient fait irruption pour perturber le vote.

« Le lieu de vote était bondé de monde lorsqu’à 9h, l’adversaire en personne est rentré avec une horde d’une trentaine de personnes, ces personnes sont rentrées dans le bureau de vote, ont saisi les urnes et les ont cassées », précise le secrétaire général. 

À Kouto, le bilan est de sept blessés légers en raison des mouvements de foule. Dans d’autres localités, comme à Bouna dans le nord-est et à Aboisso dans le sud-est, le scrutin n’a tout simplement pas eu lieu à cause des tensions. 

Séliki Zié Koné attend une réaction et de la fermeté de la part de la direction du parti : « Pourquoi autant de violences pour une élection en famille ? Parce qu’à mon avis, les candidats pensent, naïvement, que cette élection déterminera le choix des candidats aux élections locales qui auront lieu en 2023. J’espère que la direction du parti prendra la pleine mesure et prendra les dispositions nécessaires afin que la discipline et le respect du parti soient ancrés ». 

Le directoire du RHDP doit se réunir ce mardi pour faire le point sur la situation.

► À lire aussi : Prisonniers politiques : l’appel du fils de Laurent Gbagbo au président ivoirien Alassane Ouattara

Législatives au Sénégal : pour l’opposition, l’étrange match des remplaçants

La coalition d’Ousmane Sonko s’apprête à aller aux législatives du 31 juillet sans ses candidats titulaires, dont la liste nationale a été invalidée début juillet par le Conseil constitutionnel.

Mis à jour le 25 juillet 2022 à 15:28
 
 
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L’opposant Ousmane Sonko, maire de Ziguinchor, à Dakar le 8 juin 2022. © Seyllou/AFP

 

l y a deux semaines, elle a démarré timidement, mais la campagne électorale bat désormais son plein à Dakar, à moins d’une semaine des législatives du 31 juillet. Si la fièvre politique est montée d’un cran, l’ambiance festive des meetings a été douchée par les pluies diluviennes qui se sont abattues pendant plusieurs jours sur la capitale sénégalaise.

À LIRELégislatives au Sénégal : Ousmane Sonko contre la RTS, acte de « résistance » ou stratégie de communication ?

Les questions d’assainissement se sont d’ailleurs invitées dans les discours politiques après les inondations dans plusieurs communes de la banlieue de Dakar, comme Keur Massar, et l’affaissement d’une partie de l’autoroute Seydina-Limamoulaye, qui relie Dakar à l’ancien aéroport Léopold-Sédar-Senghor. « Le cauchemar des inondations revient à Dakar. Et cela met à nu la vanité des travaux de Macky Sall dans la lutte contre les inondations », a affirmé le 20 juillet sur sa page Facebook Mamadou Lamine Diallo, mandataire de la coalition de l’opposition Wallu Sénégal, construite autour du PDS.

Tandis que, depuis la Casamance où elle est en campagne, Mimi Touré, tête de liste nationale de la coalition au pouvoir Benno Bokk Yakaar, a exprimé sa « solidarité aux populations de Dakar frappées par les inondations » tout en rappelant que « près de cent milliards [de francs CFA] ont été investis pour le programme de lutte contre les inondations ».

Les suppléants sur le devant de la scène

Dans la capitale sénégalaise, les intempéries n’ont toutefois pas empêché Malick Kébé d’aller à la rencontre des populations. « Nous privilégions le porte-à-porte pour discuter directement avec les gens. Quartier par quartier, rue après rue, nous leur expliquons l’importance de voter pour Yewwi Askan Wi ». Malick Kébé, qui est responsable au niveau de la commune des Parcelles Assainies du mouvement Taxawu Sénégal, dirigé par l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall, avait été initialement investi sur la liste des suppléants de la principale coalition de l’opposition, emmenée par Ousmane Sonko, arrivé troisième à la présidentielle de 2019.

Mais, du fait de l’invalidation de la liste nationale des candidats titulaires de Yewwi Askan Wi, l’interprète judiciaire de profession s’est retrouvé, à l’instar de 49 autres personnes, sur le devant de la scène. C’est à eux qu’incombent désormais la responsabilité de parvenir à imposer une cohabitation à Macky Sall lors des législatives. « C’était un scénario inattendu. Nous avons été très surpris. C’est la première fois qu’une liste ne va à des élections législatives qu’avec ses suppléants, s’étonne Malick Kébé, désormais investi en troisième position et tout proche d’être député. Mais nous sommes tout aussi prêts au combat que nos différents leaders. C’est une bataille qui ne nous fait pas peur. »

« Le ministre de l’Intérieur a tout fait pour éliminer nos leaders de la course. Ils ne voulaient pas voir Ousmane Sonko à l’Assemblée nationale. Mais malgré ce handicap nous croyons en nos chances de victoire », estime de son côté Bassirou Samb, responsable des jeunes de Taxawu Sénégal, investi à la 29e place sur la liste des suppléants. À seulement 30 ans, Bassirou Samb a déjà un grand parcours politique. Ancien militant du Parti socialiste à 13 ans, il est aujourd’hui le 9e adjoint au maire de Dakar, Barthélémy Dias, en charge de la Jeunesse et des Loisirs.  « Le pouvoir pense que les suppléants ne remporteront pas le combat. Mais il faut savoir que nous sommes des hommes et des femmes qui nous battons au sein de nos formations politiques. Et nous sommes parfois plus méritants que les candidats titulaires et plus proches de la base, explique Bassirou Samb. Derrière des leaders, il y a toujours des gens de l’ombre . »

« Un travail d’équipe »

Le jeune élu local ne cache toutefois pas qu’il aurait préféré être investi dès le départ sur la liste des titulaires. Les investitures au sein de la coalition Yewwi Askan Wi avaient donné lieu à des frustrations et occasionné des départs, comme celui du député Cheikh Bamba Dièye ou de Mansour Sy Djamil. « Je m’étais offusqué du fait qu’un responsable des jeunes comme moi n’ai pas été investi comme titulaire. Mais la liste des suppléants présente finalement l’avantage de compter beaucoup plus de jeunes en ses rangs. C’est un atout », se réjouit Bassirou Samb.

À LIRELégislatives au Sénégal : l’opposition peut-elle imposer une cohabitation ?

La coalition de l’opposition n’a rien changé à son organisation d’origine. Les affiches de campagne à l’effigie d’Ousmane Sonko, initialement tête de liste nationale, de Malick Gakou ou de Déthié Fall n’ont pas été refaites pour y afficher les visages des nouveaux candidats. Comme tous les suppléants, chacun dans leurs communes respectives, Malick Kébé concentre ses efforts de campagne aux Parcelles Assainies, la commune dont il a la charge. Et Bassirou Samb sillonne, lui, les rues de Grand Yoff, l’une des 19 communes de Dakar, dirigée par Madiop Diop. Tandis que les cadres de la coalition font une tournée dans les différentes régions du pays.

« C’est un travail d’équipe. L’essentiel, c’est d’amener ce régime vers la cohabitation », concède Bassirou Samb. Sept millions de Sénégalais sont appelés à voter le 31 juillet lors d’un scrutin qui fera office de référendum « pour ou contre Macky Sall » à moins de deux ans de la prochaine présidentielle.

Au Ghana, une veillée aux chandelles contre la chasse aux sorcières des femmes

 

Au Ghana, une centaine de personnes ont assisté samedi 23 juillet à une veillée aux chandelles pour protester contre le meurtre d'une femme âgée de 90 ans, assassinée il y a deux ans jour pour jour. Akua Denteh était accusée par un prêtre d'être une sorcière. Une foule en colère déchaînée par ces rumeurs l'a pourchassée et lynchée. Un fait divers symbole de ces violences contre lesquelles des associations tentent de se battre.

Une marche solennelle à travers les rues de d'Accra en chanson, pour rendre hommage à Akua Denteh. Des hommes et des femmes vêtus de rouge demandent de mettre fin a une tradition aux conséquences dramatiques. 

« Akwa Denteh a été lynchée car elle était soupçonnée d'être une sorcière, elle est décédée ensuite. Sa mort n'est pas un cas isolé, la chasse aux sorcières est pratiquée partout, pas seulement dans le nord du pays. Cela peut être un pasteur ou un membre de ta famille qui t'accuse. C'est une pratique de longue date et il est temps qu'elle s'arrête », plaide Margaret Brew-Ward, chargée de plaidoyer au sein de l'ONG Action Aid Ghana.

Au Ghana, un mot suffit pour faire basculer la vie d'une femme. Maladie, décès, cauchemar... rapidement ces femmes accusées sont chassées de leur communauté et trouvent refuge dans des camps.

En 2019, le Parlement ghanéen a déposé un projet de loi contre les conséquences liées à la sorcellerie. « Ce que ce projet de loi cherche à faire, c'est de criminaliser les accusations de sorcellerie, et de faire en sorte qu'appeler une personne une sorcière devienne un délit. Si nous sommes capables de faire ça alors ca va réduire drastiquement la maltraitance de ces femmes », estime Margaret Brew-Ward.

Le Ghana compte environ 500 sorcières présumées. Les autorités envisagent de fermer les quatre camps du pays, mais les associations demandent des garanties pour éviter que ces femmes subissent des violences à leur retour dans leur communauté.

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