Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Sécurité routière au Burkina Faso: sensibiliser au port du casque à moto

 moto

Au Burkina Faso, c’est la semaine de sensibilisation à la sécurité routière. Sous l’égide de l’Office national de sécurité routière, plusieurs associations, dont Les Motards du Faso, les Casqués, ou l’association Zéro goutte de sang, sensibilisent les populations sur le port du casque et l’utilisation de la ceinture de sécurité.

 

Avec notre correspondant à Ouagadougou, Yaya Boudani

Plusieurs équipes sont postées aux alentours du rond-point de la jeunesse à Ouagadougou. Pendant que les uns discutent avec les motocyclistes, d’autres font de grands signes aux automobilistes, leur invitant à porter leur ceinture de sécurité. « On les invite, effectivement, à porter le casque, explique Mme Samé, née Yameogo Boudnooma Nina, de l’Office national de sécurité routière. Le casque protège notre tête. Lorsque la tête reçoit le choc, c’est très difficile. » 

Les deux-roues dans le viseur

Il y a aussi la sensibilisation sur l’utilisation d’un dispositif pour retenir les enfants-passagers sur les motocyclettes. Selon Bintou Sanou de l’association des Casqués, cela protège l’enfant en cas de chute. « C’est une ceinture de sécurité pour les enfants, pour les engins deux-roues. En général, les gens prennent les enfants derrière. Ils ont juste les bras pour se maintenir autour de la personne qui conduit alors que ce n’est pas sûr. Et si un enfant s’endort en circulation et qu’il chute ? »

Au Burkina Faso, de nombreux utilisateurs des engins à deux roues accusent par ailleurs les commerçants de vendre les cyclomoteurs sans y associer un casque. « Quand je suis allé acheter ma moto, j’ai réclamé le casque et on m’a dit que ça n’allait pas avec. Donc il faut dépenser encore 15 000 ou 20 000 de plus pour le casque. »

 

Les commerçants ont reçu une copie d’un décret qui impose la remise d’un casque à tout acquéreur d’une motocyclette. Tout contrevenant se verra infliger une amende allant d’un à 25 millions de francs CFA.

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85% des accidentés sont des traumatisés crâniens

L’Office national de sécurité routière entend, avec ses partenaires, multiplier les campagnes de sensibilisation sur le port du casque en direction des populations et des commerçants. « Une étude au niveau du centre hospitalier Tingandogo fait ressortir que plus de 85% des patients victimes d’accidents sont des traumatisés crâniens et 80% de ces victimes sont des conducteurs de deux-roues, justifie Aboubacar Fofana, le directeur par intérim de l’Office national de sécurité routière. Effectivement, nous constatons que certains de ces vendeurs n’intègrent pas le casque lors de la vente. C’est pour cela, d’ailleurs, qu’il a été remis, de façon symbolique, une copie de ce décret-là au syndicat des vendeurs et importateurs de cycles et cyclomoteurs au niveau du Burkina Faso. »

« Dans le texte, effectivement, il y a des sanctions qui sont prévues, mais je pense qu’avec la nouvelle approche, nous n’arriverons pas jusque-là. Je pense que l’ensemble des acteurs, l’ensemble des parties prenantes sont conscients, effectivement, de la nécessité du port du casque. Ils sont prêts, avec l’administration, dans une synergie d’actions, à travailler pour que le poids du casque soit une réalité au Burkina Faso. »

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Guinée : le combat de Damantang Albert Camara, ancien ministre d’Alpha Condé, pour recouvrer la liberté

Le bras de fer entre l’ancien ministre Damantang Albert Camara et le procureur Aly Touré se poursuit. Alors que le premier a obtenu de la Cour suprême qu’elle prononce sa remise en liberté, le second s’y oppose toujours. Dernier rebondissement en date : les avocats du détenu ont demandé l’intervention du ministre de la Justice. Révélations.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 9 août 2022 à 10:36
 
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Albert Camara Damantang, lors de sa prise de fonction en tant que ministre de la Sécurité, le 16 novembre 2019. © DR / Albert Camara Damatang

 

Damantang Albert Camara, incarcéré depuis avril dernier dans l’attente d’un procès pour, entre autres, détournements de deniers publics, va-t-il être remis en liberté ? C’est en tout cas ce que réclament les avocats de l’ancien ministre de la Sécurité d’Alpha CondéBoubacar Sow et Sékou Koundiano, dans une lettre de cinq pages adressée le 8 août 2022 au ministre de la Justice du gouvernement de transition, Alphonse Charles Wright, que Jeune Afrique a consultée en exclusivité.
Ce document révèle que la remise en liberté de Damantang Albert Camara a été une nouvelle fois confirmée par la Cour suprême de Guinée le 29 juillet dernier, malgré le pourvoi formé par le procureur en charge du dossier. Cependant, cette décision non susceptible d’appel n’ayant pas été exécutée, la défense de l’ancien ministre réclame désormais l’intervention de l’actuel garde des Sceaux.

Un long bras de fer

Dans leur lettre, les deux avocats demandent ainsi à Alphonse Charles Wright d’intervenir auprès du procureur spécial près la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief), Aly Touré, afin que celui-ci ordonne enfin la remise en liberté de leur client dans l’attente de son procès.

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C’est en février dernier que le procureur spécial près la Crief avait ouvert une information judiciaire contre l’ensemble des ministres d’Alpha Condé en fonction à la date du putsch du 5 septembre 2021. « Il existe des indices sérieux de détournements de deniers publics, d’enrichissement illicite, de blanchiment d’argent, de corruption et de complicité », écrivait-il alors dans un courrier daté du 17 février adressé à la Direction des investigations judiciaires de la gendarmerie.

Inculpé, l’ancien ministre de la Sécurité Damantang Albert Camara avait été placé sous mandat de dépôt le 21 avril à la Maison centrale de Conakry. Mais, dès le 2 juin, la Chambre de l’instruction de la Cour de répression des infractions économiques et financières avait accédé à sa demande de mise en liberté, en attendant l’organisation de son procès. Entre autres conditions, elle lui ordonnait de payer une caution de 500 millions de francs guinéens au Trésor public et de ne pas quitter Conakry.

Une liberté à 1 milliard

Le procureur Aly Touré s’était toutefois opposé à cette décision en interjetant appel devant la Chambre de contrôle de l’instruction de la Crief. Damantang Albert Camara était donc resté en prison. Deux semaines plus tard, le 16 juin, son appel était toutefois rejeté : la remise en liberté était confirmée, bien qu’assortie d’une caution dont le montant, 1 milliard de francs guinéens, avait été doublé.

Selon nos sources, cette somme a bel et bien été versée par la famille du détenu sur un compte de la Crief domicilié à la Banque centrale de la République de Guinée. Damantang Albert Camara n’avait toutefois pas recouvré la liberté. Le parquet spécial près la Crief avait cette fois formulé un pourvoi devant la Cour suprême, ultime recours juridictionnel.

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Nouvelle défaite, le 29 juillet dernier donc, lorsque la plus haute juridiction du pays déclarait cette démarche irrecevable. « Il sied de constater que les agissements de monsieur le Procureur spécial près la Cour de répression des infractions économiques et financières violent les règles les plus élémentaires en matière de procédure pénale », dénoncent donc les avocats de l’ancien ministre dans leur courrier au ministre de la Justice.

« Nous sollicitons qu’il vous plaise d’intervenir auprès de monsieur le Procureur spécial, pour faire exécuter l’arrêt rendu par la plus haute juridiction de notre pays », concluent les associés du cabinet Les rivières du sud…

Nord du Mali: les discussions entre gouvernement et groupes armés concrétisées par des annonces

 

La rencontre à Bamako entre le gouvernement malien et les groupes armés (pro-Bamako et ceux de l’ex-rébellion) en présence d’un représentant du médiateur algérien a pris fin hier vendredi. L’objectif était de relancer l’accord de paix d’Alger signé en 2015 dont l’application sur le terrain est complexe. Des annonces ont été faites, mais l’ex-rébellion a émis quelques réserves.

Principale annonce à l’issue de la rencontre, l’intégration au sein de l’armée nationale de 26 000 ex-combattants sur les deux prochaines années 2023-2024. Les groupes armés du Nord pro-gouvernementaux et les ex-rebelles de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) qui occupent toujours la ville malienne de Kidal sont concernés par l’opération.

Le quota accordé à chaque mouvement armé a été défini. Mais peu après la rencontre, la CMA -Coordination des Mouvements de l’Azawad- a confié à RFI que pour la suite des événements, les résultats de la commission ad hoc créée pour aborder les sujets qui fâchent seront déterminants.

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Almou Ag Mohamed, porte-parole de la Coordination des Mouvements de l’Azawad se veut plus précis en évoquant le problème de la future chaîne de commandement au sein de l’armée nationale. Les ex-rebelles entendent pour la plupart entrer dans la future armée nationale reconstituée avec leur galon actuel. Par exemple, si  un ex-combattant a le grade le plus élevé  dans une zone, il est évident qu’il doit être le chef...

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Par ailleurs, afin de faire avancer l’application de l’accord d’Alger, le gouvernement malien s’engage à prendre les dispositions nécessaires pour diligenter des réformes politique et institutionnelles. Ces mesures et engagements viennent conclure les travaux lancés lundi 1er août à Bamako, destinés à relancer l’application de l’accord de paix de 2015, gelée depuis près de dix mois. 

Guinée: longtemps tolérée, la justice populaire fait désormais l'objet de critiques

 

Le scénario est presque toujours le même : une foule persuadée d’avoir mis la main sur un voleur se déchaîne. Le coupable désigné finit par succomber. La liste des victimes de la justice populaire en Guinée continue de s’allonger, mais pour la première fois au mois d’avril, une affaire a provoqué des réactions au plus haut niveau. Le procureur général s’est engagé à ce que les responsables de la mort d’un jeune de la région de Dubréka, brûlé vif, répondent de leurs actes. 

Le 21 avril dernier, à Dubréka, le jeune Moussa Camara est accusé d’avoir volé une moto. Sa mise à mort filmée et diffusée sur les réseaux sociaux provoque une vague d’indignation dans le pays. Pourquoi des Guinéens en arrivent-ils à se faire justice eux-mêmes ? Pour tenter de répondre à cette question, nous sommes dans le quartier populaire de Matam. Ici, un grand nombre d’habitants se sentent exclus du système judiciaire. « Avec la justice, si tu as de l'argent, tu gagnes. Si tu n'as pas d'argent, tu perds. C'est comme ça. C'est pour cela que les gens rendent justice eux-mêmes, parce que tu envoies quelqu'un aux autorités, dans combien de temps tu le vois dehors ? Si quelqu'un tue quelqu'un, qu'est-ce qu'on doit lui faire ? On doit le tuer aussi ! » affirme un habitant de Matam. 

Corruption, manque de moyens et inefficacité. Tuer l’autre devient acceptable, quand, abandonnés par l’État et persuadés d’assister à une explosion de l’insécurité, les habitants décident de ne plus compter que sur eux-mêmes pour se protéger : « Un voleur, c'est un tueur ! Parce qu'il prend ton bien, il s'en va. Tu cherches à le récupérer, il se défend. Et en se défendant, il peut te tuer. »

En Guinée, royaume des taxis-moto, le voleur de deux roues risque gros. C'est ce qu'explique un autre habitant de Matam : « Quand on prend le cas de Dubréka par exemple, c'est très fréquent. La justice n'est pas rendue. C'est pourquoi la population a décidé, dès qu'on attrape un autre voleur à nouveau, qu'on va se rendre justice soi-même. »

Le plus souvent en Guinée, les cas de justice populaire ne sont pas suivis d’enquête, encore moins de poursuites et de sanctions contre les auteurs. L’affaire de Dubréka est une première. Maître Foromo Frédéric Loua, directeur exécutif de l’ONG Les Mêmes Droits pour Tous : « Je ne connais pas un exemple, à part ce dernier cas-là, où des gens qui ont arrêté un supposé voleur et l'ont tué, ont été poursuivis en justice. Donc c'est quand même une situation nouvelle. On a l'espoir que cela va servir de leçon, on doit faire confiance au système judiciaire même si on estime que ce système est défaillant ou défectueux. »

Rappelons que la justice populaire s’accompagne de graves violations des droits humains. Elle prive les victimes de leur droit à la vie, à un procès équitable et à la présomption d’innocence. Depuis, une enquête a été ouverte sur la mort de Moussa Camara dans la région de Dubréka. 20 personnes suspectées d’avoir participé au lynchage ont été interpellées à ce jour. 

Mali: une organisation peule dénonce des violences et des arrestations arbitraires ciblées

 

Alors que les autorités maliennes de transition démentent toute allégation d’exactions ciblées de son armée contre les Peuls du Mali et accusent ceux qui se risquent à évoquer le sujet d’inciter à la haine et de nuire à la cohésion du pays, l’organisation culturelle peule Tabital Pulaaku Mali fait part de son inquiétude.

Une organisation culturelle peule, Tabital Pulaaku Mali, a fait part ce mercredi de son inquiétude dans un communiqué. Elle y condamne d’abord toutes les attaques ayant frappé l’armée malienne, qui ont été nombreuses ces dernières semaines, et dit prier pour les victimes militaires et civiles.

Mais l’organisation communautaire peule déplore également que ces attaques servent de prétexte pour « la poussée d’un sentiment de haine » et des « appels à la violence », contre les Peuls spécifiquement, notamment sur les réseaux sociaux.

Plus grave encore, Tabital Pulaaku « enregistre de nombreux cas d’arrestations » qualifiées d’« arbitraires » et d’« injustifiées », et dénotant, selon l’association, « stigmatisation » et « amalgame ». Et de rappeler certaines évidences : « Tous les Peuls ne sont pas des jihadistes », « tous les jihadistes ne sont pas des Peuls » et, selon la loi, « la responsabilité de l’infraction est individuelle ». Une manière de dénoncer des actes perçus comme une punition collective contre la communauté peule.

 

« Soumission ne signifie pas adhésion »

L'association rejette aussi les accusations de collusion avec les groupes terroristes, dans des zones échappant au contrôle de l'État. C’est notamment le cas de nombreux villages du centre du Mali, où s’exerce la domination de la katiba Macina, dirigée par Amadou Kouffa et membre du Jnim, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, lié à al-Qaïda. « Dans les zones sous occupation jihadiste, les populations sont soumises contre leur volonté », rappelle l’association,et « soumission ne signifie pas adhésion ». Tabital Pulaaku demande la libération de plusieurs dizaines de Peuls arrêtés sans qu’aucun lien ait pu être établi avec les groupes terroristes.

Elle sollicite également des enquêtes sur l’assassinat de 16 notables peuls du hameau de Zanancoro en juin dernier, de « l’enlèvement et la détention » au camp militaire d’Alatona dans le cercle de Niono, de « plusieurs dizaines de personnes depuis plus de deux mois » et « de l’arrestation et de la détention » de 21 villageois de Diaba, près de Sofara.

Tabital Pulaaku salue les propos du chef d’état-major de l’armée malienne, qui a dénoncé les amalgames. L’association demande enfin au Premier ministre Choguel Maïga, qui avait en avril dernier évoqué une « rébellion peule » en préparation au Mali, et surtout au président de transition, le colonel Assimi Goïta, de prononcer rapidement « un discours d’apaisement ».  À ce stade, l'armée malienne n'a pas donné suite aux sollicitations de RFI.