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[En direct] Présidentielle en Côte d’Ivoire : un scrutin sous tension

| Par Jeune Afrique - Baudelaire Mieu, Florence Richard, Vincent Duhem et Benjamin Roger
Mis à jour le 31 octobre 2020 à 16h26
Une femme vote, à Abidjan, lors de la présidentielle ivoirienne du 31 octobre 2020.

Une femme vote, à Abidjan, lors de la présidentielle ivoirienne du 31 octobre 2020. © Leo Correa/AP/SIPA

Après une campagne tendue, les Ivoiriens sont appelés aux urnes ce samedi. Face à Alassane Ouattara, candidat à un troisième mandat, Henri Konan Bédié et Pascal Affi N’Guessan ont appelé au « boycott actif », tandis que Kouadio Konan Bertin a décidé de ne pas quitter le processus électoral. Suivez en direct cette journée de vote.

Suivez l’évolution de la situation en direct, avec nos correspondants en Côte d’Ivoire (les heures sont données en GMT). Pour réactualiser la page, cliquez ici

• Quatre candidats officiellement en lice : Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié, Pascal Affi N’Guessan et Kouadio Konan Bertin sont les quatre candidats retenus par le Conseil constitutionnel, qui a écarté les dossiers de Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, Marcel Amon Tanoh ou Albert Mabri Toikeusse.  

• « Boycott actif » de deux candidats : Henri Konan Bédié et Pascal Affi N’Guessan ont lancé un appel au « boycott actif » du vote, et demandé à leurs militants  « d’empêcher la tenue de toute opération liée au scrutin ». 

• 7,5 millions : c’est le nombre d’électeurs appelés aux urnes. Mais, selon la Commission électorale indépendante (CEI), au terme de la période officielle de distribution des cartes d’électeurs, à peine plus de 41 % d’entre elles avaient été retirées (les électeurs peuvent encore le faire aujourd’hui, dans leurs bureaux de vote respectifs).

• Violences meurtrières : les dernières semaines de campagne ont donné lieu à des affrontements dans plusieurs villes du pays, où les violences politiques sur fond de tensions intercommunautaires ont fait, depuis le mois d’août, une trentaine de victimes.


15h25 – 10 000 observateurs dans les bureaux de vote

Pas moins de 10 000 observateurs sont déployés dans tout le pays par des organisations ivoiriennes et internationales pour suivre le déroulement de cette présidentielle.

La mission d’observation électorale de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), dirigée par l’ex-Premier ministre sénégalais Cheikh Hadjibou Soumaré, en a envoyé quatre-vingt dix. L’Union africaine (UA), l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et la Fondation Carter ont aussi envoyé des délégations à Abidjan.

14h55 – De Bakayoko à Bacongo, ces ministres qui sont allés voter

À l’image du Premier ministre, Hamed Bakayoko, qui a glissé son bulletin dans l’urne ce samedi matin à Abidjan, plusieurs ministres s’affichent au sortir des urnes sur les réseaux sociaux.

C’est le cas de Sidi Tiémoko Touré, le porte-parole du gouvernement, qui a voté à Béoumi, non loin de Bouaké (Centre). Mamadou Touré, le porte-parole adjoint du gouvernement et ministre de la Promotion des jeunes, a lui voté à Daloa (Centre-Ouest). Ibrahim Cissé Bacongo, ministre auprès de la Présidence, a de son côté voté à Koumassi, commune d’Abidjan dont il est le maire.

14h35 – Bédié et Affi N’Guessan vont prendre la parole à 16h GMT 

Henri Konan Bédié et Pascal Affi N'Guessan, le 15 octobre 2020 à Abidjan.
Henri Konan Bédié et Pascal Affi N'Guessan, le 15 octobre 2020 à Abidjan. © Vincent Duhem pour JA

Les deux candidats de l’opposition dont les candidatures ont été officiellement retenues mais qui ont appelé à un « boycott actif » du scrutin ont convoqué la presse pour une « importante déclaration », ce samedi à 16h GMT.

Henri Konan Bédié (PDCI) et Pascal Affi N’Guessan (FPI) ont prévu de prendre la parole à la résidence du leader du PDCI, dans le quartier Cocody, à Abidjan.

14h00 – À Port-Bouët, deux bureaux de vote, deux ambiances

Dans le bureau de vote de l'école Selmek, à Port-Bouët, dimanche 31 octobre 2020.
Dans le bureau de vote de l'école Selmek, à Port-Bouët, dimanche 31 octobre 2020. © Florence Richard Pour JA

Dans le centre de vote Abattoir-BAD de Port-Bouët, « les électeurs se sont mobilisés », affirme Sita Koné, une observatrice du RHDP. « Les gens sont venus tôt pour voter », dit-elle près d’un bureau de vote devant lequel patiente une dizaine de personnes. Plus de 3 300 personnes sont inscrites ici. « Nous avons dû ouvrir deux bureaux de vote de plus rapport à 2015 car nous avons beaucoup de nouveaux inscrits, des jeunes », précise un autre observateur.

Autre ambiance dans le groupe scolaire Selmek. Dans l’un des bureaux de vote, pas plus d’une trentaine de bulletins dans l’urne sur plus de 400 inscrits. « Les gens vont se déplacer cet après-midi », assure Mohamed, assesseur.

13h40 – « Le vote a bel et bien lieu sur toute l’étendue du territoire », selon la CEI

Ibrahime Kuibiert-Coulibaly, le président de la Commission électorale indépendante (CEI), a glissé son bulletin dans l’urne à la mi-journée, dans un bureau de vote du lycée Sainte-Marie de la commune de Cocody, et lui aussi s’est voulu rassurant.

« Je voudrais annoncer à la ville et au monde que le président de la commission électorale a voté. J’ai voté et j’ai encore tous mes doigts », a-t-il lancé aux journalistes, en allusion au fait que l’opposition avait promis de perturber le déroulement du scrutin.

« Le vote a bel et bien lieu sur toute l’étendue du territoire, a-t-il ajouté. Nous avons 10 815 lieux de vote et 22 381 bureaux de vote. Il y a des zones qui ont connu des troubles mais ce sont de troubles mineurs. À peine 30 à 40 bureaux de vote ont été saccagés. Quand vous faites le ratio, c’est insignifiant. »

13h01 – L’armée au centre de toutes les attentions

Des soldats ivoiriens durant la cérémonie d’adieu à Amadou Gon Coulibaly, le 14 juillet 2020.
Des soldats ivoiriens durant la cérémonie d’adieu à Amadou Gon Coulibaly, le 14 juillet 2020. © Luc Gnago/REUTERS

En 2000 et 2010, alors que violences et tensions accompagnaient les élections, l’armée ivoirienne a joué un rôle majeur.

« Le contexte actuel n’est pas le même qu’en 2010. Mais si la situation devient intenable, il ne faut pas exclure que des militaires puissent être tentés de prendre leurs responsabilités et de jouer leur propre carte », analyse un bon connaisseur de l’armée ivoirienne.

12h50 – Tension dans plusieurs quartiers de Yamoussoukro

Selon plusieurs témoignages, la situation se tend dans certains quartiers de Yamoussoukro, la capitale, où des incidents ont eu lieu vendredi. Des barricades, enlevées par les forces de l’ordre dans la matinée, sont de nouveau installées.

La police a fait usage de gaz lacrymogène dans le quartier de Morofé. « Il y a du monde dans les gares de transport. Sur l’artère principale de la ville, certains jeunes sont armés de gourdins », témoigne un habitant.

12h35 – Situation contrastée à Koumassi

D’un lieu de vote à l’autre, l’affluence est contrastée à la mi-journée à Koumassi. À l’école Saint-Thérèse, les bureaux de vote sont déserts. Dans l’un d’eux, seuls une vingtaine de votants sur 400 inscrits ont fait le déplacement.

Mais la situation est très différente à l’école Mondon, qui est aussi le plus important centre de vote de la commune. Sur 4 000 inscrits, la moitié aurait voté à la mi-journée selon Abdourahmane Guindo, conseiller municipal RHDP.

Lors de l'élection présidentielle ivoirienne, le 31 octobre 2020, à l’école Mondon, plus important centre de vote de Koumassi, à Abidjan.
Lors de l'élection présidentielle ivoirienne, le 31 octobre 2020, à l’école Mondon, plus important centre de vote de Koumassi, à Abidjan. © Florence Richard pour JA

12h23 – Faible affluence à Anono (Cocody)

Ces dernières semaines, le quartier d’Anono, situé dans la commune de Cocody, a été le théâtre de violences sporadiques. Ce samedi, l’affluence est faible. À la mi-journée, le bureau numéro 8 de l’EPP Sogofiha n’avait reçu que 11 électeurs sur les 450 inscrits.

« Ce matin, des jeunes ont tenté d’empêcher les opérations. Le responsable de la CEI sur place a été agressé. Nous avons dû attendre l’arrivée des forces de l’ordre », explique un représentant de la commission électorale. Plusieurs policiers ont depuis été déployés pour sécuriser le vote.

12h10 – Alassane Ouattara a voté à Cocody

Alassane Ouattara vient de voter, le 31 octobre 2020, lors de la présidentielle ivoirienne.
Alassane Ouattara vient de voter, le 31 octobre 2020, lors de la présidentielle ivoirienne. © JA

Le président Alassane Ouattara, candidat à sa propre succession, a voté ce matin au bureau de vote de Sainte-Marie, dans la commune de Cocody (Abidjan), aux environs de 11h30 GMT. Il était accompagné de son épouse et a prononcé une brève déclaration face aux journalistes présents.

« Le vote se déroule bien et les Ivoiriens sont sortis nombreux pour voter, a-t-il assuré. Je viens d’accomplir mon devoir civique et je demande à tous mes concitoyens épris de paix et de patriotisme d’aller voter. C’est un jour important pour la démocratie. »

Et d’ajouter : « J’en appelle à ceux qui ont lancé ce mot d’ordre de désobéissance civile, qui a conduit à des morts d’hommes : [il faut] qu’ils arrêtent parce que la Côte d’Ivoire a besoin de paix. Ce sont des actes criminels et il faut que cela cesse. [Il faut] dire à nos jeunes de ne pas se laisser manipuler car il s’agit de leur avenir. »

12h01 – « Le scrutin se passe normalement », affirme Hamed Bakayoko

« Sur l’ensemble du pays, il y a un vote massif, c’est ça qui est important, a déclaré le Premier ministre, Hamed Bakayoko, en fin de matinée. Nous veillerons à ce que le scrutin se déroule dans les meilleurs conditions possibles et à ce que le dépouillement ne puisse souffrir d’aucune obstruction ».

Le Premier ministre ivoirien, Hamed Bakayoko, lors de la présidentielle du 31 octobre 2020, à Abidjan.
Le Premier ministre ivoirien, Hamed Bakayoko, lors de la présidentielle du 31 octobre 2020, à Abidjan. © Baudelaire Mieu

« Nous avons insisté auprès de nos hommes pour que la gestion des foules se fasse avec retenue. On a bien compris l’enjeu : il s’agit de nous provoquer pour avoir des bilans de morts qui entachent le scrutin. Mais il n’en est rien et le scrutin se passe normalement sur l’ensemble du territoire, en dehors de quelques points qui sont localisés et qui sont les fiefs de l’opposition », a-t-il ajouté.

11h30 – Kouadio Konan Bertin a voté à Lakota

KKB, seul candidat à avoir fait campagne face à Alassane Ouattara après avoir refusé de rallier le « boycott actif » de l’opposition, a voté dans son fief de Lakota, dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire.

11h18 – Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, les éternels rivaux

Rivaux depuis trente ans, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié auraient dû s’affronter ce samedi pour la magistrature suprême. Mais mi-octobre, le président du PDCI s’est retiré de la compétition, affirmant que le processus électoral en cours était vicié.

Il n’a pour autant pas renoncé à en découdre avec son vieil ennemi et ni lui ni le reste de l’opposition n’ont l’intention de reconnaître la légitimité du président sortant s’il est réélu.

Retrouvez dans cette série les temps forts de leur histoire commune, dont les contours épousent celle de la Côte d’Ivoire indépendante.

10h59 – La mise en garde de la CPI

Inquiète des violences préélectorales ayant fait une trentaine de morts ces dernières semaines, la procureure générale de la Cour pénale internationale (CPI) a publié mercredi un communiqué en forme de mise en garde. Fatou Bensouda s’est dite « profondément préoccupée par les rapports publics faisant état d’une recrudescence de violences graves depuis plusieurs jours ».

« Je déplore particulièrement les allégations de violences intercommunautaires qui auraient causé la mort de plusieurs personnes, des blessés et des atteintes graves aux biens de la population civile. Ces actes pourraient constituer des crimes relevant de la compétence de la CPI », avertit-elle.

10h48 – Des bureaux de vote fermés dans le fief de Bédié

Dans l’Iffou, nombre de bureaux de vote sont restés fermés ce matin. Cette région, située dans le centre du pays, est le fief du PDCI et de son président, Henri Konan Bédié, qui a appelé au boycott du scrutin.

Les accès aux localités de Daoukro, Ouellé, M’Bahiakro et Priori sont également fermés.

10h34 – « Ouattara peut faire 100 ans, je le soutiendrai ! »

Dans la commune de Yopougon (Abidjan), l’affluence varie en fonction des zones. À l’école Plateau, dans le quartier de Port-Bouët  2, de longues files d’attente se sont formées dès l’ouverture des bureaux de vote.

« Ici, il n’y a rien. ADO [Alassane Ouattara] peut faire 100 ans, je le soutiendrai encore », lance Diabaté Bazoumana, mécanicien de 53 ans.

10h20 – Abobo espère que tout se passera bien

« Ça ressemble à un jour de fête ». Assis dans un café près de la mairie d’Abobo, Moses se réjouit du calme dans la commune en cette journée de vote. « Il n’y aura rien, ça va bien se passer », renchérit Diomandé qui s’apprête à se rendre au collège Anador glisser son bulletin dans l’urne. Il a écouté l’interview de Laurent Gbagbo, diffusée jeudi sur TV5 Monde : « C’est normal qu’il parle. Il faut l’écouter pour savoir ce qu’il se passe, c’est normal d’écouter ses adversaires. »

Plus loin, à Abobo-Habitat, quartier proche de l’opposition dans ce fief RHDP, la situation est plus contrastée et de nombreux commerces sont fermés.

10h02 – Plusieurs incidents rapportés

Selon des sources sécuritaires contactées par JA, plusieurs incidents ont été relevés depuis ce matin. À Abidjan, notamment dans les quartiers de Riviera M’Badon, Aboboté ou encore Anono, des manifestants ont tenté de barrer des routes avant d’être dispersés par les forces de l’ordre.

À Yamoussoukro, la capitale, l’accès au quartier des 220 Logements, où des affrontements entre jeunes et policiers ont eu lieu vendredi, était toujours impossible. À Abengourou, dans l’est du pays, des manifestants ont tenté d’incendier le commissariat, mais le feu a été rapidement contenu. Et dans les villages environnants de Bebou, Nbasso et Eliassou, des individus s’en sont pris au matériel électoral.

9h53 – Calme à Yopougon

La commune de Yopougon est très calme. Devant une buvette du quartier Niagon, Claude Adjo discute avec quelques amis. Il a 50 ans et ne vote plus depuis 2005. Sa carte d’électeur est périmée. « Il y a un climat de peur ici. Avant hier, un jeune a été tué sous les yeux de la police », déplore-t-il.

Jeudi, il a écouté avec attention la prise de parole de Laurent Gbagbo. « J’ai vraiment aimé. Il a été juste. Mais il faudrait que tous ceux qui ont amené la crise dans le pays, Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié se retirent. » Il en veut particulièrement au chef de l’État : « On ne fait pas de troisième mandat en Côte d’Ivoire. C’est ça qui nous fatigue. Il y a des gens en prison à cause de ça. »

9h45 – Le plan B de la CEI

La Commission électorale indépendante (CEI) a assuré, ces derniers jours, que même si des incidents devaient perturber le scrutin, les bureaux de vote ne seraient pas réinstallés dans les commissariats ou les brigades de gendarmerie.

Seul aménagement envisagé : qu’ils soient par endroit relocalisés, si nécessaire, dans l’enceinte des préfectures et des sous-préfectures.

9h25 – Incidents dans le Moronou

À Mbatto, dans la région du Moronou (Centre-Est), fief de Pascal Affi Nguessan, des jeunes ont pénétré tôt ce matin dans les locaux de la gendarmerie et détruit les cartes d’électeurs qui y avait été entreposées pour des raisons de sécurité.

9h02 – « Allez voter, y a pas palabres ! »

A la sortie du bureau de vote du collège d’Anador (Abobo), le 31 octobre 2020.
A la sortie du bureau de vote du collège d’Anador (Abobo), le 31 octobre 2020. © Florence Richard pour JA

« Allez voter, y a pas palabres », lancent ces femmes à la sortie du bureau de vote du collège d’Anador (Abobo). Comme beaucoup ici, elles affichent clairement leur soutien au candidat Alassane Ouattara.

Début 2011, ce quartier très peuplé du nord d’Abidjan avait été l’épicentre de la crise postélectorale. Pendant des semaines, « insurgés » et forces fidèles à Laurent Gbagbo s’y étaient affrontés.

8h50 – Une élection sous haute surveillance

Près de 35 000 membres des forces de sécurité ont été déployés dans toute la Côte d’Ivoire pour assurer le bon déroulement des opérations de vote et contenir les éventuels dérapages. C’est l’opération « Barrissement de l’éléphant ».

Les bataillons des Forces spéciales ont notamment rejoint Abidjan, dès mercredi, pour soutenir les militaires et policiers déjà stationnés dans la capitale économique.

8h31 – À Yopougon, les électeurs arrivent au compte-goutte

A Abidjan, le 31 octobre 2020.
A Abidjan, le 31 octobre 2020. © Vincent Duhem pour JA

Le groupe scolaire William Ponty est le plus grand centre de vote de Yopougon, commune traditionnellement acquise à l’opposition. Ici, les opérations ont pris du retard et les premiers électeurs arrivent au compte-goutte. Aboubakar Dosso, analyste financier, attend de pouvoir accomplir son devoir de citoyen. Il ne cache pas son soutien à Alassane Ouattara mais appelle « les politiciens à être plus matures ». « Ils ont un patrimoine à gérer », insiste-t-il.

Des observateurs de la Cedeao et du corps diplomatique sont présents. Le bureau de vote est sécurisé par deux policiers et par une unité de la BAE, la Brigade anti-émeute.

8h23 – L’inconnue de la participation

Les Ivoiriens vont-ils aller voter ou respecter l’appel au boycott de l’opposition ? Lors de la présidentielle de 2015, 3 330 928 électeurs avaient glissé leur bulletin dans l’urne sur les 6 301 189 inscrits, soit un taux de participation de 54,63 %.

Des chiffres très inférieurs à ceux de 2010. Cette année-là, 5 784 490 électeurs étaient inscrits sur les listes. Au premier tour, 4 843 445 avaient voté, soit un taux de participation de 83,73 %. Au second, 4 689 366 avaient fait le déplacement, soit un taux de participation de 81,10%.

8h12 – Des files d’attente nourries à Abobo

Au collège Anador d’Abobo, le 31 octobre 2020.
WhatsApp Image 2020-10-31 at 08.47.03 © Au collège Anador d’Abobo, le 31 octobre 2020.

Au collège Anador d’Abobo, commune de plus d’un million d’habitants située dans le nord d’Abibjan, les électeurs sont nombreux avant même l’ouverture des bureaux de vote. Certains attendent depuis 6h du matin pour pouvoir glisser leur bulletin dans l’urne.
Il s’agit du plus important bureau de vote d’Abobo, commune traditionnellement acquise au RHDP et à son candidat, Alassane Ouattara, et des observateurs de la veille diplomatique de l’Union européenne (UE) et de ses États membres sont arrivés sur place pour suivre le déroulement du scrutin.

8h00 – Ouverture des bureaux de vote

Sept millions d’Ivoiriens sont appelés aux urnes, ce samedi 31 octobre, pour le premier tour de l’élection présidentielle. Les bureaux de vote ont ouvert à 8h GMT et le resteront jusqu’à 18h.

La journée s’annonce incertaine puisque deux des quatre candidats dont les dossiers ont été retenus mi-septembre, par le Conseil constitutionnel, ont appelé au « boycott actif ». Seuls le président sortant, Alassane Ouattara (RHDP), candidat à un troisième mandat, et Kouadio Konan Bertin (indépendant) auront donc fait campagne. Henri Konan Bédié (PDCI) et Pascal Affi N’Guessan ont appelé à la désobéissance civile et « à empêcher la tenue de toute opération liée au scrutin ». Leur mot d’ordre sera-t-il suivi ?

7h45 – Abidjan vide vendredi soir

Une ambiance de veillée d’armes régnait vendredi soir à Abidjan. Dès la tombée de la nuit, les rues ont commencé à se vider. Certains établissements ont fermé leurs portes un peu plus tôt que prévu, et n’ouvriront pas aujourd’hui.

LA DICTEE QUI REND FOU :

Cette dictée est incroyable mais vraie.

Ne manquez pas de la lire, c'est surprenant.

On dira après que le français n'est pas compliqué !

Ce petit texte, à savourer, est une dictée trouvée dans un vieil almanach :

« Monsieur Lamère a épousé Mademoiselle Lepère.

De ce mariage est né un fils aux yeux pers (pers = entre vert et bleu)

Monsieur est le père, Madame est la mère. Les deux font la paire.

Le père, quoique père, est restée Lamère, mais la mère, avant d’être Lamère, était Lepère

Le père est donc le père sans être Lepère, puisqu'il est Lamère, et la mère est Lamère, bien que née Lepère.

Aucun des deux n'est maire. N'étant ni le maire ni la mère, le père ne commet donc pas d'impair en signant Lamère.

Le fils aux yeux pers de Lepère deviendra maire.

Il sera le maire Lamère, aux yeux pers, fils de monsieur Lamère, son père, et de Mademoiselle Lepère, sa mère.

La mère du maire meurt et Lamère, père du maire, la perd. Aux obsèques, le père de la mère du maire,

le grand-père Lepère, vient du bord de mer et marche de pair avec le maire Lamère,son petit-fils.

Les amis du maire, venus pour la mère, cherchent les Lamère, ne trouvent que le maire et Lepère,

père de la mère du maire, venu de la mer, et chacun s'y perd ! »

Vous êtres toujours là ?

Côte d’Ivoire : à l’approche de la présidentielle, la CPI « préoccupée » par les violences

| Par 
Fatou Bensouda à la Cour pénale internationale (CPI), le 28 août 2018.

Fatou Bensouda à la Cour pénale internationale (CPI), le 28 août 2018. © Bas Czerwinski/AP/SIPA

Fatou Bensouda, la procureure générale de la Cour pénale internationale (CPI), a publié un communiqué en forme de mise en garde sur la situation en Côte d’Ivoire, qu’elle affirme suivre de près en raison des violences qui ont fait plusieurs morts ces dernières semaines.

Trois jours avant l’ouverture des bureaux de vote pour le premier tour de la présidentielle, ce samedi 31 octobre, Fatou Bensouda a publiquement pris la parole sur les violences socio-politiques ayant endeuillé la Côte d’Ivoire.

Dans un communiqué diffusé mercredi 28 octobre, la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) s’est dite « profondément préoccupée par les rapports publics et les informations reçues par mon bureau, faisant état d’une recrudescence de violences graves depuis plusieurs jours dans des villes » du pays.

Violences intercommunautaires

« Je déplore particulièrement les allégations de violences intercommunautaires qui auraient causé la mort de plusieurs personnes, des blessés et des atteintes graves aux biens de la population civile. Ces actes pourraient constituer des crimes relevant de la compétence de la CPI », avertit-elle.

Ces dernières semaines, les violences ont été récurrentes dans différentes localités du pays. Mi-août, quelques jours après l’annonce par Alassane Ouattara de sa candidature à un troisième mandat contesté, des manifestations ont dégénéré en affrontements communautaires dans plusieurs localités telles que Divo, Bonoua ou encore Daoukro. Bilan : une dizaine de personnes tuées. Pouvoir et opposition s’étaient alors renvoyés la responsabilité de ces morts.

Après l’appel de l’opposition à la désobéissance civile, fin septembre, la tension s’est encore accentuée. Le 18 octobre, des affrontements communautaires ont éclaté à Bongouanou, fief de Pascal Affi N’Guessan, dont la résidence a par ailleurs été incendiée. Bilan : trois victimes.

Une trentaine de morts

Mais c’est surtout la semaine dernière à Dabou, à 50 kilomètres à l’ouest d’Abidjan, que les affrontements intercommunautaires ont été les plus violents. Selon un bilan officiel, 16 personnes ont été tuées et 67 blessées. Cinquante-deux individus ont par ailleurs été interpellés par les autorités, qui ont également saisi 12 fusils et 70 machettes.

Selon ces bilans, une trentaine de personnes ont donc déjà perdu la vie dans des violences avant le premier tour de la présidentielle. Beaucoup d’observateurs redoutent que celles-ci s’intensifient dans les jours à venir en raison du blocage politique entre Alassane Ouattara et ses opposants. Fatou Bensouda, dont le bureau mène toujours des enquêtes sur les crimes commis pendant la crise postélectorale de 2010-2011, en fait visiblement partie.

Côte d’Ivoire : KKB, l’éternel candidat

| Par - à Abidjan
Kouadio Konan Bertin, candidat à l'élection présidentielle du 31 octobre, à Abidjan, fin octobre 2020.

Kouadio Konan Bertin, candidat à l'élection présidentielle du 31 octobre, à Abidjan, fin octobre 2020. © Luc Gnago/REUTERS

Déjà candidat en 2015, Kouadio Konan Bertin briguera samedi la magistrature suprême. Refusant de rallier le reste de l’opposition, qui a appelé au « boycott actif », il a été le seul à faire campagne face à Alassane Ouattara. Ce qui ne l’empêche pas de lorgner, déjà, le scrutin de 2025.

Kouadio Konan Bertin monte rapidement les quelques marches qui le séparent de l’estrade. Costume sombre, cravate rouge, il prévient son auditoire : il n’a pas dormi de la nuit. En campagne à Odienné et Korhogo, dans le nord de la Côte d’Ivoire, il a peiné à regagner Abidjan à cause des barrages que des manifestants ont érigés près d’Adzopé, à 100 kilomètres au nord de la capitale économique. « J’ai juste eu le temps de prendre une douche et je suis là devant vous », explique-t-il.

KKB se présente, en ce matin du mardi 26 octobre, face au patronat ivoirien. Depuis 2010, c’est une tradition : les candidats à l’élection présidentielle sont invités à venir échanger avec les organisations patronales, à présenter leur projet de développement économique et à défendre leur programme. Mais cette année, il aura été le seul à se plier à l’exercice, Alassane Ouattara s’étant fait représenter par Patrick Achi, le secrétaire général de la présidence ivoirienne qui est aussi son directeur national de campagne.

Les échanges sont nourris. Pendant deux heures, il est question de fiscalité, de formation des jeunes, de lutte contre la corruption et d’aménagement du territoire. Candidat indépendant depuis que le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) a décidé de son « exclusion temporaire », KKB déroule les grandes lignes de son programme. Il martèle à ses interlocuteurs ce qu’il n’a cessé de répéter ces derniers jours : « Il manque de la rigueur, de l’équité et de la justice dans ce pays ». Rien ne sera possible sans « paix et unité », ni sans la jeunesse.

Suspicions

La campagne électorale touche à sa fin. L’élection a lieu samedi. Jeudi, il donnera donc son dernier meeting à Abidjan, ville tapissée d’affiches appelant à voter Alassane Ouattara. Ses photos à lui n’apparaissent qu’en de rares endroits, jamais les mieux exposés. De petits drapeaux blancs et violets, ses couleurs, sont bien accrochés sur certains ronds-points et quelques pancartes « KKB » ont été installées le long de certains axes, mais c’est à peu près tout.

Kouadio Konan Bertin aura été le seul à mener campagne face au président sortant, refusant l’appel au boycott du scrutin et à la désobéissance civile lancé par les deux autres candidats retenus mi-septembre par le Conseil constitutionnel : Henri Konan Bédié (PDCI) et Pascal Affi N’Guessan (FPI, Front populaire ivoirien).

« J’ai subi toutes sortes de pressions, mais il faut dire que jamais un Ivoirien ne m’a lancé une pierre, jamais un Ivoirien ne m’a agressé, même verbalement », assure-t-il. Depuis la mi-octobre, il a battu campagne dans une dizaine de villes, devant des assemblées parfois clairsemées.

Sa décision d’aller à l’élection a charrié son lot de suspicions. L’opposition, unie contre la perspective d’un troisième mandat qu’elle juge anticonstitutionnel, tire à boulet rouge contre ce candidat qui fait cavalier seul. Comment est-il parvenu à recueillir le nombre de parrainages nécessaires pour se présenter, quand d’autres caciques de la politique ivoirienne, comme Mamadou Koulibaly du Lider ou Albert Mabri Toikeusse, le président de l’UPDCI, n’y sont pas parvenus ? Comment finance-t-il sa campagne ? N’est-il pas le faire-valoir de la majorité ?

« Il a fait le mauvais choix »

« Félix Houphouët-Boigny m’a appris une chose, l’homme n’a que trois juges : Dieu, sa conscience et le peuple. J’aime ce pays, je suis né là, j’ai grandi là, j’y ai mes racines, je veux servir mon pays », répond KKB. Sur la question des parrainages, il met en avant son expérience à la tête de la jeunesse du PDCI-RDA, de 2003 à 2013 : « Il n’y pas un village où je ne sois pas allé installer une section, j’ai noué beaucoup de connaissances. »

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IL A CHOISI DE SOUTENIR LA FORFAITURE D’ALASSANE OUATTARA. »

Mais il peine à convaincre. « Nous n’allons pas nous attarder sur quelqu’un qui a choisi de soutenir la forfaiture d’Alassane Ouattara, lâche Valentin Kouassi, qui lui a succédé à la tête de la section. Un jour, KKB comprendra qu’il a fait le mauvais choix et reviendra dans le droit chemin. »

À 52 ans, Kouadio Konan Bertin se présente comme le candidat de la jeunesse : « Ma candidature est une aubaine pour la jeunesse. Les jeunes doivent s’en saisir pour leur propre émancipation, pour peser dans le débat. Je ne reproche pas l’âge de mes adversaires, mais l’âge de leur méthode. Il faut changer de logiciel politique. »

Frondeur

Ce n’est pas la première fois qu’il prêche pour un renouvellement de la classe politique ivoirienne. Il l’avait fait en 2013, au sein de son propre parti, le PDCI, et cela lui avait à l’époque valu d’être qualifié de « soldat perdu » par Henri Konan Bédié, aujourd’hui âgé de 86 ans.

Deux ans plus tard, en 2015, KKB le frondeur choisissait – déjà – de se présenter en indépendant à l’élection présidentielle et récoltait moins de 4 % des suffrages. Avant d’officialiser, en 2017, son « retour à maison ». « Nous allons jouer en équipe. Il est hors de question de vous imaginer que KKB est revenu pour être candidat, ce n’est pas de cela qu’il s’agit », assure-t-il alors.

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QUAND ON VA À UN JEU, ON PEUT PERDRE, CE N’EST PAS LA FIN DU MONDE. »

C’est pourtant bien de cela qu’il s’agissait. Pour « en finir avec les candidatures uniques », l’ancien député de Port-Bouët (de 2011 à 2016) décide de nouveau de porter les couleurs du PDCI à l’élection mais, le 2 juillet dernier, le parti lui préfère Bédié. Trois mois plus tard, il est exclu par le conseil de discipline du parti pour défiance et atteinte à l’unité et aux intérêts du PDCI. « Cependant, je reste PDCI ! J’ai pris ma carte du vivant de Houphouët. Je lui ai promis de ne pas quitter son parti. Je suis un militant exemplaire, discipliné », soutient-il aujourd’hui.

Samedi, il votera chez lui à Lakota, dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire, où il a des activités de planteurs, comme ses parents avant lui. Il ne cache pas ses intentions pour la suite. « Quand on va à un jeu, on peut perdre, ce n’est pas la fin du monde. Ce sera à moi de me réorganiser pour convaincre les Ivoiriens de faire de moi un jour leur président. » En 2025 ? « Évidemment, c’est un projet. Si j’estime que j’en ai encore la force. »

Burkina : Diabré, Komboïgo, Zida… Forces et faiblesses des candidats en lice face à Kaboré

| Par - à Ouagadougou
Mis à jour le 23 octobre 2020 à 17h19
Cinq des treize candidats à la présidentielle du 22 novembre au Burkina : Ablassé Ouédraogo, Zéphirin Diabré, Yeli Monique Kam, Yacouba Isaac Zida et Eddie Komboïgo.

Cinq des treize candidats à la présidentielle du 22 novembre au Burkina :
Ablassé Ouédraogo, Zéphirin Diabré, Yeli Monique Kam, Yacouba Isaac Zida et Eddie Komboïgo.
© Photomontage/ Sophie Garcia/hanslucas.com ; DR ; David Himbert / Hans Lucas pour JA

 

Treize candidats sont en lice pour l’élection présidentielle du 22 novembre prochain, selon la liste publiée par le Conseil constitutionnel. Le président Roch Marc Christian Kaboré, candidat à un second mandat, aura notamment face à lui Zéphirin Diabré, Eddie Komboïgo, Kadré Désiré Ouédraogo ou encore Yacouba Isaac Zida.

Le Conseil constitutionnel a tranché. Dans un acte publié le jeudi 22 octobre, les sages ont validé treize candidatures, dont celle de Roch Marc Christian Kaboré, en lice pour un second mandat. Face à lui, douze opposants. Ils n’ont pas tous le même poids politique ni la même chance de jouer les premiers rôles. Mais tous espèrent compliquer la réélection du président sortant.

Zéphirin Diabré, l’opposant historique

Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition au Burkina Faso, président de l’UPC, le 9 mars 2020.
Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition au Burkina Faso, président de l’UPC, le 9 mars 2020. © Sophie Garcia pour JA

Chef de file de l’opposition, Zéphirin Diabré, 60 ans, est un vieux routier de la politique burkinabè. Ministre de l’Économie et des Finances au début des années 1990, quand le Premier ministre s’appelait Roch Marc Christian Kaboré, il embrasse un temps une carrière à l’internationale (au PNUD et chez Areva), avant de faire son retour en politique en 2010 et de créer l’Union pour le progrès et le changement (UPC).

Originaire de la province du Zoundwéogo (Centre-Sud), dont il a été député, il s’oppose en 2014 à la modification de l’article 37 de la Constitution – manœuvre qui devait permettre à Blaise Compaoré de se maintenir au pouvoir – et réussit à rallier à sa cause une large part de l’opposition politique. Arrivé deuxième à la présidentielle de 2015 avec 29 % des voix, il jouera, lors du scrutin du 22 novembre, sa survie politique.

Eddie Komboïgo, des affaires à la politique

Eddie Komboïgo, président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), dans son bureau à Ouagadougou, en mars 2019.
Eddie Komboïgo, président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), dans son bureau à Ouagadougou, en mars 2019. © Sophie Garcia/hanslucas.com

Homme d’affaires, fondateur du cabinet d’expertise comptable KAFEC-KA, il se rêve un destin à la Patrice Talon, le président béninois dont il est proche. Candidat du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), il est parvenu à s’imposer face aux anciens caciques de l’ère Compaoré, tels Kadré Désiré Ouédraogo ou Mahamadi Kouanda.

Disposant de moyens financiers importants et d’un parti solidement implanté, il s’est attiré le soutien des jeunes du parti et s’engage dans cette élection avec le statut de novice. Son but : devenir une personnalité avec laquelle il faut compter dans la perspective de 2025.

Kadré Désiré Ouédraogo, technocrate avant tout

Kadré Désiré Ouedraogo, ici en 2015, est candidat à la présidentielle 2020 au Burkina Faso.
Kadré Désiré Ouedraogo, ici en 2015, est candidat à la présidentielle 2020 au Burkina Faso. © Vincent Fournier/JA

Ancien Premier ministre, ex-vice-gouverneur de la BCEAO et ex-président de la Commission de la Cedeao, Kadré Desiré Ouédraogo, 70 ans, a un profil similaire au président sortant. Comme lui, il est issu de la noblesse mossi et proche de l’église catholique.

En revanche, il est plus technocrate que stratège politique : soutenu par les opposants à Eddie Komboïgo au sein du CDP, il n’a toutefois pas réussi à s’imposer au sein du parti et manque donc d’une réelle machine politique capable de porter sa candidature. Porté par d’anciens camarades, comme le banquier Léonce Koné ou l’ancien ministre Boureima Badini, il incarne aussi une génération qu’une partie de la jeunesse juge dépassée.

Tahirou Barry, l’outsider

Tahirou Barry, candidat à la présidentielle de 2020 au Burkina Faso.
Tahirou Barry, candidat à la présidentielle de 2020 au Burkina Faso. © Olympia De Maismont/Anadolu Agency/AFP

Juriste de formation et ministre démissionnaire du premier gouvernement du président Kaboré, Tahirou Barry, 45 ans, a gagné en popularité depuis qu’il a claqué la porte du gouvernement en disant sa « grande déception » et espère capitaliser sur ce mouvement de sympathie.

Son aura auprès des électeurs les plus jeunes notamment dans la région du Sahel est un atout, pour cette figure de l’opposition sous Compaoré, arrivé troisième en 2015 avec 3% des suffrages. Il n’a que peu de relais (politiques et financiers), mais a obtenu le soutien du Mouvement pour le changement et la renaissance (MCR), qui regroupe une dizaine d’associations et de partis politiques.

Gilbert Noël Ouédraogo, le come-back

Gilbert Noël Ouédraogo.

Gilbert Noël Ouédraogo. © YouTube/WSISProcess

Exclu de la course à la magistrature suprême en 2015 pour avoir soutenu le projet de modification de la Constitution, l’ancien ministre des Transports fait son come-back dans le landerneau politique.

Bénéficiant de l’assise traditionnelle de l’Alliance pour la démocratie et la fédération-Rassemblement démocratique africain, surtout dans le nord du pays, Gilbert Noël Ouedraogo, 52 ans, espère bien rebondir.

Yacouba Isaac Zida, le coup de bluff ?

Yacouba Isaac Zida, ex-Premier ministre du Burkina Faso, en 2019, au Canada.
Yacouba Isaac Zida, ex-Premier ministre du Burkina Faso, en 2019, au Canada. © David Himbert / Hans Lucas pour JA

Alors que son retour au pays a été maintes fois reporté, l’ancien Premier ministre de la Transition, Yacouba Isaac Zida, 55 ans, rêvait depuis le Canada de briguer la présidentielle. Recherché par la justice de son pays, il doit néanmoins d’abord gérer ses démêlés judiciaires.

Son bref passage à la tête de l’État au lendemain de la chute de Compaoré et sa gestion contestée de la Transition plaident en sa défaveur, et sa formation politique, le Mouvement patriotique pour le Salut (MPS), n’a pas fait la preuve de son poids politique.

Ablassé Ouédraogo, l’expérience

Ablassé Ouédraogo, candidat à l'élection présidentielle de 2020.

Ablassé Ouédraogo, candidat à l'élection présidentielle de 2020. © Sophie Garcia/hanslucas.com

Ablassé Ouédraogo, ancien ministre burkinabè des Affaires étrangères, se lance pour la deuxième fois comme candidat de son parti Le Faso autrement à l’élection présidentielle.

À 67 ans, l’économiste qui a notamment été à l’organisation mondiale du Commerce, mise sur son réseau international et son expérience du développement pour convaincre ses concitoyens qu’il est homme de la situation. Son parti reste toutefois faiblement représenté à l’échelle

Abdoulaye Soma, à Paris, le 11 décembre 2019.
Abdoulaye Soma, à Paris, le 11 décembre 2019. © Vincent Fournier/JA

Avocat et constitutionnaliste réputé, Abdoulaye Soma, 41 ans, espère capter le vote des jeunes et incarner un nouveau leadership.

Il se pose en homme de la réconciliation, mais demeure un novice en politique : il n’avait jusqu’à présent jamais brigué de mandat électif et va devoir faire la preuve de sa capacité à piloter une stratégie électorale maîtrisée.

Yeli Monique Kam, la seule femme candidate

Yeli Monique Kam, candidate à la présidentielle 2020 au Burkina, lors d'un déplacement de campagne le 13 octobre.
Yeli Monique Kam, candidate à la présidentielle 2020 au Burkina, lors d'un déplacement de campagne le 13 octobre. © DR / Yeli Monique Kam

Unique femme à la course pour Kosyam, Yeli Monique Kam, 47 ans, enfile une double casquette : cheffe d’entreprise – elle a fondé et dirige Sager, une société d’assurances – et femme politique,  elle milite d’abord au Congrès pour la démocratie et progrès (CDP) de Blaise Compaoré avant de rejoindre le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) de Roch Marc Christian Kaboré, dont elle a finalement claqué la porte. Militante du développement par l’éducation, la présidente du Mouvement pour la renaissance du Burkina prône une réforme du système éducatif calquée sur le modèle anglo-saxon.

Do Pascal Sessouma, de la télé à la politique

Do Pascal Sessouma, 63 ans, est un néophyte en politique, mais est bien connu des Burkinabè. Présentateur vedette de la télévision publique burkinabè et de Télé Québec à la retraite, l’ancien journaliste se lance pour la première fois à la conquête du fauteuil présidentiel. Vision Burkina-Parti pacifiste, la formation politique qui porte sa candidature, promet de démilitariser le Faso, alors que le pays est en proie aux attaques de plus en plus meurtrières des groupes armés terroristes.

Dr Claude Aimé Tassembedo,  l’universitaire révolutionnaire

À 53 ans, cet universitaire diplômé en Sciences de gestion fait dans cette campagne ses premiers pas en politique, en tant que candidat indépendant. Claude Aimé Tassembedo met en avant sa volonté d’instaurer une nouvelle révolution : cette fois-ci politique.

Segui Ambroise Farama, un avocat en politique

Avocat réputé, comme son frère Prosper, il s’est notamment illustré dans la procédure sur l’assassinat de Thomas Sankara, Me Segui Ambroise Farama se lance aussi pour la première fois en politique. Transfuge de l’Union pour la Renaissance/Parti Sankariste de Me Bénéwendé Stanislas Sankara, l’avocat et militant des droits de l’homme se porte candidat sous les couleurs de l’Organisation des peuples africains-Burkina Faso.