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Nigeria: flambée de la bourse de Lagos

                                  La bourse de Lagos bat des records de performance depuis le 22 septembre 2020.
                                  La bourse de Lagos bat des records de performance depuis le 22 septembre 2020. PIUS UTOMI EKPEI / AFP
Texte par :RFISuivre
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C'est Noël avant l'heure à la bourse de Lagos au Nigeria. Mardi 6 octobre, l'indice des trente plus grosses valeurs a bondi de 5,7%, deuxième meilleure performance de ces quinze dernières années. Depuis un mois, la bourse nigériane est en pleine forme et a progressé de plus de 13% alors que le pays traverse une grave récession.

Jamais la déconnexion entre l'économie réelle et la finance n'a été aussi frappante au Nigeria. Alors que le pays se débat dans une récession synonyme de pertes d'emplois et de grande pauvreté, le petit monde de la finance est à la fête. Depuis le 22 septembre, la bourse a enclenché le turbo et les transactions journalières ne sont pas retombées sous la barre des 4 milliards de nairas.

L'euphorie est partie d'un flot de dividendes versés à la mi-septembre par les plus grandes banques du pays. La pandémie de Covid-19 n'a pas affecté leurs résultats et les cinq plus grosses ont versé 37 milliards de nairas à leurs actionnaires. Dans le même temps, tout cet argent est resté bloqué à Lagos en raison des restrictions de change imposées par les autorités qui combattent actuellement une dépréciation de la monnaie. Il fallait donc placer cet argent.

D'ordinaire, les institutions financières se ruent sur les bons du Trésor, mais ils sont actuellement moins attractifs en raison d’une inflation très élevée. Les investisseurs et les banques se sont donc retrouvés avec des milliards à placer et il ne leur restait plus qu'un placement rentable, les actions, d'où la flambée boursière. Reste aux plus prudent à méditer cet adage financier : « En bourse, on monte par l’escalier et on descend toujours par l’ascenseur ! »  

Côte d'Ivoire: la Cédéao s'inquiète du manque de confiance entre acteurs politiques

                              Une vue de la ville d'Abidjan, de la lagune Ébrié et du Plateau. (Illustration)
                              Une vue de la ville d'Abidjan, de la lagune Ébrié et du Plateau. (Illustration) © Craig Pershouse / Getty Images
Texte par :RFISuivre
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En Côte d’Ivoire, à moins de quatre semaines de la présidentielle, la mission conjointe de la Cédéao, ľUnion africaine et les Nations unies achève son séjour. Avant de quitter le pays, elle a fait le bilan de sa visite à Abidjan.

De notre correspondant à Abidjan,  Sidy Yansané

Après son séjour à Abidjan, la mission conjointe de la Cédéao, l'Union africaine et l'ONU partage une préoccupation : le manque de confiance entre les acteurs politiques. C’est le point principal qui ressort du communiqué lu par le général Francis Behanzin, commissaire aux Affaires politiques, paix et sécurité de la Cédéao, au côté du représentant spécial de l’ONU, Mohamed Chambas.

Au moment de faire le bilan, les émissaires ont tout d’abord tenu à rappeler le programme de leur séjour, à savoir la rencontre avec le président Alassane Ouattara ainsi que des membres du gouvernement et les présidents de la commission électorale indépendante (CEI) et du Conseil constitutionnel. Les membres de la Cédéao, de l’UA et de l’ONU présents en Côte d’Ivoire ont également rencontré les partis d’opposition, la société civile et des associations de jeunes et de femmes.

Éviter une crise après l'élection

Si la mission se félicite de l’engagement des acteurs politiques pour promouvoir une élection crédible, transparente et apaisée. Mais le général Francis Béhanzin déplore le climat de soupçon permanent :

« La mission conjointe a exprimé sa vive préoccupation quant au manque de confiance entre les acteurs politiques ivoiriens. Il a condamné fermement les actes de violence et les discours de haine aux relants communautaires qui se sont malheureusement invités dans le champ de la compétition politique et qui sont susceptibles d'impactés négativement les progrès réalisés jusqu'à ce jour dans le pays. »

En effet, la CEI et le conseil constitutionnel restent la cible des opposants qui exigent simplement leur réforme. Le candidat du FPI par exemple, Pascal Affi N’Guessan, appelle, lui, purement et simplement à un report du scrutin.

La mission invite surtout à privilégier le dialogue et demande aux autorités de sécuriser le scrutin et d’assurer la protection des candidats et militants pour éviter le retour d’une crise à l’issue du vote du 31 octobre prochain.

Mali: le nouveau gouvernement de transition nommé, des militaires aux postes stratégiques

                               Le Premier ministre malien Moctar Ouane, le 21 septembre 2006, à l'Assemblée générale des Nations unies quand il était ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale.
                                               Le Premier ministre malien Moctar Ouane, le 21 septembre 2006, à l'Assemblée générale des Nations unies
                                      quand il était ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale.
 AP Photo/Frank Franklin II, File
Texte par :RFISuivre
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Le gouvernement de transition au Mali a été dévoilé ce lundi 5 octobre. Sur les 25 membres, les militaires occupent quatre postes stratégiques : la Défense, la Sécurité, la Réconciliation nationale et l'Administration territoriale.

Avec notre correspondant à Bamako, Serge Daniel

Dans le gouvernement de 25 membres, la junte a au moins 4 portefeuilles stratégiques et régaliens. Le colonel Sadio Camara est nommé à la tête de la Défense, le colonel Modibo Koné à la Sécurité et le colonel-major Ismaël Wagué à la Réconciliation nationale. C’est encore un militaire, le lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga, qui prend l’Administration territoriale, en charge de l’organisation des élections.

Dans ce gouvernement de transition, très peu de places ont été réservées pour la classe politique traditionnelle. Et d’après nos informations, c’est elle qui a proposé le nom du nouveau ministre de l’Économie et des finances, Alousséni Sanou, cadre d’une banque locale.

Trois portefeuilles pour le M5

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Aucun des barons politiques du M5, mouvement de contestation qui a participé à la chute de l’ancien régime, n’entre au gouvernement. La coalition d’opposition n’est cependant pas tout à fait absente et elle obtient trois portefeuilles : la Communication, le ministère de l’Emploi avec à sa tête le jeune dynamique Mohamed Salia Touré, et enfin le ministère de la Refondation dirigé par Mohamed Coulibaly, très proche d’une grande figure du M5, le cinéaste Cheick Oumar Sissoko.

Au ministère des Affaires étrangères, ou encore à celui des Affaire foncières, on sent la touche du Premier ministre, Moctar Ouane.

Quatre femmes

Autre fait marquant : l’entrée dans la nouvelle équipe de représentants de groupes armés impliqués dans le processus de paix. Par exemple, à l’important poste de l’Agriculture, on retrouve un représentant de l’ex-rébellion, Mahmoud Ould Mohamed. Le ministère de la Jeunesse est également détenu par un ex-rebelle. Me Harouna Toureh, une figure des groupes armés pro-gouvernementaux, devient ministre du Travail et porte-parole du gouvernement.

Ce gouvernement comprend au total quatre femmes. Parmi elles, Kadiatou Konaré, la fille de l'ancien président malien Alpha Oumar Konaré, qui s'est fait un nom dans l'édition, prend la tête du ministère de la Culture.

Pour moi, c'est une très bonne composition parce que au regard des personnalités qui font leur entrée au gouvernement, certains sont reconnu pour le probité morale, leur patriotisme et surtout leur attachement aux valeurs démocratiques.

Nouhoum Sarr, président du Front africain pour le développement et membre du M5-RFP

Mauritanie: hausse inquiétante de malades de la fièvre de la vallée du Rift

                              La fièvre de la vallée du Rift se transmet généralement par les animaux domestiques contaminés. (Illustration)
                                La fièvre de la vallée du Rift se transmet généralement par les animaux domestiques contaminés. (Illustration) RFI/Sayouba Traoré
Texte par :RFISuivre
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En Mauritanie, une dizaine de personnes sont décédées ces derniers jours dans plusieurs régions du pays après avoir consommé de la viande ou du lait contaminés par des animaux domestiques atteints de la fièvre de la vallée du Rift. La maladie sévit dans le pays depuis le 15 septembre dernier.

De notre correspondant à Nouakchott, Salem Mejbour Salem

Les premiers cas de la fièvre de la vallée du Rift ont été enregistrés dans le Tagant, au centre de la Mauritanie. Mais aussi dans le Brakna, au sud, et dans les deux Hods, près de la frontière avec le Mali. Au total, 24 cas ont été signalés mais la moitié a entrainé la mort chez l’homme. Le virus de cette fièvre peut entrainer des pathologies graves et est également mortel pour l’animal.

« Cette maladie est transmise généralement par des genres d’animaux domestiques comme des caprins, des ovins, des bovins et les dromadaires. Il y a aussi le mode de transmission par consommation du lait cru, ou de la viande mal cuite des animaux malades », explique le docteur Mohamed Mahmoud Ould Ely Mahmoud, directeur de l’information stratégique et de la surveillance épidémiologique au ministère de la Santé.

Sensibilisation et vaccination

Pour éviter que la situation ne s’aggrave, le gouvernement a lancé une campagne de sensibilisation des populations, notamment en milieu rural. « Pour éviter la maladie, il faut s’éloigner des animaux malades, pour la consommation de lait, il suffit de chauffer le lait, et pour la viande il faut bien la faire cuire », énumère-t-il.

Un élément qui rassure les éleveurs dont Hacene Taleb, le président groupement national des associations agropastorales du pays : « Il n’y a pas de démarche substantielle sans qu’il y ait la viande ou le lait ».

De son côté, le ministre mauritanien du Développement rural a supervisé lundi le démarrage d’une campagne de vaccination du cheptel dans les régions les plus touchées par le virus de la fièvre du Rift.

Sénégal, Togo, Côte d’Ivoire : ce que changent les PIB « rebasés »

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Mis à jour le 06 octobre 2020 à 16h24
Lomé siège de la BTCI , banque togolaise.*
Lomé siège de la BTCI , banque togolaise. © Lomé siège de la BTCI , banque togolaise. Jacques Torregano pour JA

Un bond soudain du PIB de 29,6 % au Sénégal ou de 38,2 % en Côte d’Ivoire, sans changement structurel de l’économie : décryptage des raisons et enjeux derrière les nouveaux calculs statistiques des pays africains.

Les profanes sont surpris lorsqu’un pays comme le Togo annonce, le 22 septembre, que son produit intérieur brut (PIB), c’est-à-dire sa production annuelle de richesses, est supérieur de 36,5 % à ce que les statisticiens estimaient jusque-là.

Et que dire quand le PIB du Nigeria bondit en 2014, par la magie des statistiques, de près de 90 %, permettant à ce pays de ravir à l’Afrique du Sud la place de première économie africaine !

Ces réévaluations sont-elles inspirées par la recherche d’une gloriole économique ? Ou par la correction d’erreurs si énormes qu’elles font douter de la fiabilité des statistiques publiées ? Pour comprendre ce que les économistes appellent un « rebasage », il faut en décortiquer les raisons et les modalités.

  • Pourquoi ?

Le calcul du produit intérieur brut est essentiel pour un pays. Somme détaillée des activités de l’État, de ses entreprises et de ses ménages, le PIB lui permet d’avoir une photo de son économie, de ses caractéristiques, de ses points forts et de ses points faibles.

Encore faut-il que les PIB des pays de la planète soient comparables entre eux. L’ONU, suivie de l’Union africaine, a demandé que tous les pays adoptent un système de comptabilité nationale commun baptisé SCN 2008, prenant en compte les secteurs informels qui comptent pour plus de 80 % dans la création de richesses de certains pays africains.

L’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) pousse ses membres à accélérer le mouvement. C’est ainsi qu’outre celui du Togo, le PIB du Bénin a été réévalué de 36,4 %, celui du Burkina Faso de 13,5 %, celui de la Guinée Bissau de 10 %, celui du Niger de 33,3 %, celui du Sénégal de 29,6 %, celui de la Côte d’Ivoire de 38,2 %.

  • Comment ?

Le terme de « rebasage » recouvre deux réalités en Afrique. D’abord une remise à niveau périodique à partir d’une année donnée pour tenir compte des changements dans la structure des prix ; l’Union africaine préconise que cette réévaluation soit effectuée tous les cinq ans.

Ensuite, une normalisation statistique basée sur les standards internationaux de la SCN 2008, afin de prendre en compte le secteur informel, voire les activités illégales. C’est la conjonction de ces deux objectifs qui donnent les augmentations parfois spectaculaires des PIB africains.

Or, autant il est relativement facile de chiffrer les productions de l’État et des entreprises formelles, autant le secteur informel pose des problèmes d’appréciation. Les agents des statistiques pratiquent des sondages sur les marchés et tentent de calculer la circulation d’argent liquide. Une grande partie de l’informel étant constitué de l’autoconsommation des agriculteurs, on s’efforce de mesurer les récoltes parfois de façon rudimentaire, parfois grâce à des photos satellites comme au Kenya. Ou bien on évalue les conditions climatiques et la croissance démographique pour estimer si la récolte de sorgho de telle région sera plus ou moins élevée que celle de l’année précédente.

« Il y a des pans entiers du PIB qui sont calculés à la louche, analyse un expert. Prenez la Centrafrique : on connaît très bien sa quarantaine d’entreprises formelles et leur production, mais elles sont installées à Bangui. À côté de ces données, on calcule de façon forfaitaire les productions industrielles et artisanales du reste du pays où les statisticiens ne peuvent pas se rendre pour des raisons de sécurité ».

Les gouvernements interviennent-ils pour gonfler leur PIB et s’en prévaloir auprès des électeurs ? « C’est plutôt le contraire, car ils redoutent que de meilleurs chiffres ne les privent des aides de l’Association internationale de développement (AID) de la Banque mondiale », répond l’expert.

  • Avantages

Ces rebasages permettent aux gouvernements de construire des politiques et des plans de développement plus adaptés à la réalité économique et sociale de leur pays.

Ils ont surtout la vertu de baisser les ratios de déficits budgétaire, d’endettement et des balances courantes calculés par rapport au PIB. Ainsi, la réévaluation du PIB du Togo a-t-elle fait tomber son taux d’endettement de 68,3 % selon l’ancien calcul à 51,8 %. Autrement dit, le rebasage autorise les pays qui en bénéficient à emprunter plus et à tolérer des déficits accrus…tout en respectant les limites fixées par les instances multilatérales. Un vrai bonus : les comptes sont meilleurs et les financements plus faciles !

  • Inconvénients

Mécaniquement, le nouveau calcul du PIB fait baisser le ratio des prélèvements fiscaux, ce qui est une mauvaise nouvelle pour le budget des États. Toujours pour le Togo, il a fait chuter sa pression fiscale de 20,8 %, selon l’ancien système, à 14,6 %, loin des 20 % souhaités par l’Union africaine.

Enfin le réajustement du PIB à la hausse grâce à la prise en compte des activités informelles ne rassure pas beaucoup les investisseurs. En effet, par nature, celles-ci ne sont pas taxables et ne peuvent ni participer au fonctionnement des services publics, ni au remboursement de la dette publique…