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Procès Sankara : malade et mutique, Blaise Compaoré, le grand absent

Par  - envoyé spécial à Ouagadougou
Mis à jour le 25 octobre 2021 à 13:08
 


Blaise Compaoré à New York, le 26 septembre 2013. © REUTERS/Lucas Jackson

 

L’ancien président n’était toujours pas à la reprise du procès de l’assassinat de Thomas Sankara, ce lundi 25 octobre. S’il refuse de faire face à la justice, l’exilé d’Abidjan, dont la santé est au centre de nombreuses questions, espère rentrer un jour dans son pays.

« Blaise Compaoré, dit Jubal. » Dans la salle, aucune réponse. Quand il procède à l’appel des accusés, ce lundi 11 octobre, à l’ouverture du procès de l’assassinat de Thomas Sankara et de ses douze compagnons, le juge Urbain Méda ne peut que constater ce à quoi tout le monde s’attendait : la chaise réservée à l’ancien président burkinabè reste désespérément vide. Le principal suspect de ce procès historique est bel et bien absent. Au grand dam des familles des victimes et de tous ceux qui espéraient le voir, enfin, s’expliquer sur cette affaire sanglante qui lui colle à la peau depuis ce funeste 15 octobre 1987.

S’il avait été là, aurait-il seulement pu donner sa version des faits ? D’Abidjan, où il vit en exil depuis sa chute en 2014, à Ouagadougou, ceux qui le côtoient en doutent. Car malgré l’omerta de sa famille et de la plupart de ses proches, le constat est là, implacable : Blaise Compaoré est malade. Les quelques témoins qui l’ont vu récemment et qui acceptent de parler, sous couvert d’anonymat, rapportent tous les mêmes symptômes.

À 70 ans, le « beau Blaise » se porte plutôt bien physiquement, mais sa tête a commencé à le lâcher. Ses propos manquent de cohérence, il a parfois des absences. « Il tient une discussion normale puis, d’un coup, il passe du coq à l’âne », confie une source bien informée à Ouagadougou. « Il a beaucoup de trous de mémoire, confirme un de ses fidèles. C’est sûrement la vraie raison de son absence à ce procès. Il n’aurait pas pu comparaître devant la cour : il aurait été humilié. Et de toute façon, qu’il soit là ou non, il sera condamné à la perpétuité. »

Incapable d’être interrogé

Même les quelques avocats des parties civiles dans la confidence partagent cet avis. « Quelqu’un dans cet état ne peut pas être jugé dans un tel procès. Il est incapable d’être interrogé », souffle l’un d’entre eux. D’autres s’étonnent que sa défense ne se soit pas servie de ce motif médical. « Tout simplement parce que ce n’est pas digne, c’est dégradant. Le président a une image qu’il faut préserver », explique-t-on dans l’entourage de Compaoré.

Bien qu’il n’y ait aucun doute sur la gravité de sa pathologie, difficile de savoir de quoi souffre exactement l’ancien homme fort de Ouagadougou. Seuls ses intimes sont au courant. Alassane Ouattara probablement aussi – même s’il a, selon un confident de Roch Marc Christian Kaboré, toujours affirmé le contraire à son homologue burkinabè.

D’abord suivi au Maroc, Blaise Compaoré a effectué de nombreux séjours au Qatar ces dernières années et y est désormais soigné. Il a notamment passé plusieurs mois confiné à Doha, pendant la pandémie de Covid-19, début 2020. À son retour, certains commençaient à s’inquiéter pour lui. Début 2021, il est retourné dans l’Émirat pour y être opéré du cerveau. Sans grand succès. Depuis, son état de santé se dégrade progressivement.

Isolé et humilié

En parallèle, à Ouagadougou, le dossier Sankara avance. Le 13 avril, la justice militaire a confirmé la mise en accusation de quatorze suspects, dont l’ancien président, poursuivi pour attentat à la sûreté de l’État, complicité d’assassinat et recel de cadavres. Le procès tant attendu par nombre de Burkinabè semble alors imminent, même si aucune date n’est encore officiellement fixée. En coulisse, ceux qui travaillent au retour de Blaise Compaoré au Burkina Faso se disent qu’il reste encore une petite marge de négociation avant sa tenue.

Car ce n’est un secret pour personne : Blaise Compaoré, exilé sur les bords de la lagune Ébrié depuis sa chute en 2014, vit mal son éloignement. Il sait à quel point être chassé du pouvoir pour se réfugier chez ses beaux-parents est considéré comme une humiliation dans la culture populaire.

Isolé, celui qui a désormais la nationalité ivoirienne ne cache pas son envie de rentrer au pays pour y finir sa vie. Reste à contourner un obstacle de taille : la menace judiciaire que fait peser sur lui l’affaire Sankara – sans parler des autres poursuites qui le visent dans la répression de l’insurrection populaire de 2014.

SI BLAISE COMPAORÉ RENTRE, IL PASSERA PAR LA CASE JUSTICE

Début mai, trois semaines après la mise en accusation de Compaoré, Zéphirin Diabré, le ministre d’État chargé de la Réconciliation nationale, est dépêché à Abidjan par Roch Marc Christian Kaboré. Officiellement, il y est envoyé pour présenter le processus de réconciliation que son patron souhaite initier pendant son second mandat. Officieusement, durant les 48 heures qu’il passe en Côte d’Ivoire, il est surtout question des conditions d’un éventuel retour de l’ancien chef de l’État.

D’abord reçu par Alassane Ouattara au palais présidentiel, Diabré est ensuite convié à la résidence du président ivoirien en compagnie de Blaise Compaoré, qu’il n’a plus revu depuis 2014. Le lendemain, il rencontre à deux reprises « l’État-major » de Compaoré à Abidjan : ses anciens ministres, René Émile Kaboré, Salif Kaboré et Assimi Kouanda (décédé début juin).

À tous, Zéphirin Diabré réitère la position des autorités burkinabè, laquelle tient en trois mots : vérité, justice, réconciliation. « Nous l’avons toujours dit et répété à nos différents interlocuteurs ivoiriens et burkinabè dans ce dossier : s’il rentre, Blaise Compaoré passera par la case justice. Il ne peut y avoir de débat là-dessus« , explique un collaborateur de Roch Kaboré.

Aux yeux du président, les problèmes du pays ne pourront se régler sans que justice se fasse, dans l’affaire Sankara comme dans d’autres. Question d’opinion publique, aussi. L’intéressé connaît parfaitement les attentes judiciaires de ses compatriotes, en particulier sur l’assassinat de celui qui est devenu une icône nationale et panafricaine.

Renvoi d’ascenseur

Lors de sa rencontre nocturne avec Diabré chez Ouattara, Blaise Compaoré écoute mais ne dit rien ou presque. Celui qui est à la manœuvre, c’est le président ivoirien. « Alassane le protège et l’assiste. Il lui est redevable et il le lui rend bien. Il joue son rôle de protecteur, comme Blaise l’avait fait pour lui pendant la guerre civile ivoirienne [dans les années 2000]. C’est une sorte de renvoi d’ascenseur », résume une source qui connaît bien les deux hommes.

Certes, Ouattara a toujours considéré Compaoré comme un frère et n’a jamais oublié que sans lui et son appui, il ne serait peut-être pas au pouvoir aujourd’hui. Mais il cherche aussi une solution à cette affaire qui perturbe les relations avec le pays voisin. « Il veut surtout lui éviter de mourir en Côte d’Ivoire et cherche donc à le renvoyer au Burkina, mais de façon élégante », croit savoir un haut responsable à Ouaga.

PAS D’ARRESTATION À SA DESCENTE D’AVION, ET ENCORE MOINS DE PASSAGE EN PRISON. EN BREF, PAS DE « CASE JUSTICE »

Faire rentrer Blaise Compaoré, donc, mais pas à n’importe quelles conditions. Alassane Ouattara fixe les siennes clairement : hors de question que l’ancien président burkinabè subisse une humiliation publique à son retour. Pas d’arrestation à sa descente d’avion, et encore moins de passage en prison. En bref, pas de « case justice », comme le réclament Kaboré et ses proches, et la garantie que son hôte ne sera pas inquiété outre mesure s’il repasse la frontière.

Côté burkinabè, la ligne reste la même : impossible de donner des garanties sur l’attitude des juges qui, aime-t-on le rappeler à Ouagadougou, sont indépendants. « Nous savons que c’est difficile pour Ouattara de comprendre cela, mais chez nous, les magistrats – y compris ceux de la justice militaire – agissent de manière autonome », tacle une source judiciaire burkinabè.

Villa en chantier

Malgré ce blocage apparent, l’idée d’une résidence surveillée et aménagée pour Blaise Compaoré est quand même évoquée. Selon ses proches, Roch Kaboré n’y est pas opposé. « Le président a même accepté que Compaoré puisse recevoir des gens », ajoute un de ses intimes.

Dans un premier temps, l’idée de laisser l’ex-chef de l’État s’installer dans sa villa à Ziniaré, son village situé à une trentaine de kilomètres de Ouagadougou, est envisagée. Mais elle a finalement été retoquée par sa famille qui a estimé que cette option n’était pas adaptée, tant au niveau sécuritaire, en raison du grand parc animalier qui borde la résidence familiale, qu’au niveau médical, vu la distance à parcourir en cas d’urgence.

Une villa d’État, dans le quartier de Ouaga 2000, à quelques centaines de mètres du palais de Kosyam, est alors identifiée. Des travaux de restauration y sont menés par les autorités. « Le président suivait lui-même le chantier », poursuit notre source. Une délégation de la famille Compaoré se rend sur place pour la visiter. Des photos sont aussi envoyées en Côte d’Ivoire pour prouver le bon avancement du projet.

UNE RÉSIDENCE SURVEILLÉE, UN ÉVENTUEL AMÉNAGEMENT DE PEINE… MAIS COMMENT CROIRE À TOUT CELA ?

Mais Chantal Compaoré n’est pas emballée par cette maison. L’ex-première dame a évidemment son mot à dire dans les tractations sur le sort de son mari. Au fond, assurent plusieurs sources, elle n’a guère envie de revenir au Burkina Faso. Cette Ivoirienne est chez elle et se plait à Abidjan, où elle a de la famille et des amis.

Le premier cercle de l’ex-président se méfie. François Compaoré, son frère cadet, exilé en France mais sous la menace d’une extradition au Burkina Faso, n’a aucune confiance en la justice burkinabè et refuse qu’il rentre. « Ils évoquent une résidence surveillée, un éventuel aménagement de peine… Mais comment croire à tout cela ? À partir du moment où il est mis à la disposition de la justice et qu’un procès est ouvert, il est impossible d’avoir la moindre garantie », s’agace un ex-ministre de Compaoré. « Si Kaboré était sincère, il aurait commencé par appeler le président, ne serait-ce que par courtoisie. Nous ne lui faisons pas confiance », abonde un autre.

Une épine dans le pied

En juillet, Compaoré repart au Qatar pour un check-up médical. À Abidjan, on s’inquiète des rumeurs en provenance de Ouaga, où les juges ont laissé entendre qu’ils n’entendaient faire aucune fleur à Compaoré s’il rentrait. En clair, une interpellation dès sa descente d’avion pour se voir notifier les charges qui pèsent contre lui n’est pas à exclure. Le 17 août, la nouvelle tombe : le procès des assassins présumés de Thomas Sankara s’ouvrira le 11 octobre. Le dialogue est rompu. Il n’est désormais plus question de quoi que ce soit. « Le schéma envisagé était assez simple : on s’arrange pour le faire venir en résidence surveillée, il est jugé, et si peine il y a, il la purge dans des conditions confortables avant d’être amnistié à la faveur de la réconciliation nationale, explique une source au cœur du dossier. Maintenant qu’il a fait le choix de fuir la justice, tout devient beaucoup plus compliqué. »

ON NE COMPRENDRAIT PAS QU’IL FINISSE SA VIE EN EXIL EN CÔTE D’IVOIRE ET NON CHEZ LUI AUPRÈS DES SIENS

Désormais jugé par contumace pour des faits qui pourraient lui valoir la prison à perpétuité, Blaise Compaoré n’a pas fini d’alimenter la chronique. Et demeure une épine dans le pied de Roch Marc Christian Kaboré qui, depuis son arrivée au pouvoir, fin 2015, cherche à régler le cas de son prédécesseur. Or, vu son état de santé, le temps commence à presser. Beaucoup, notamment au sein de la communauté mossi, dont sont issus les deux hommes, ne comprendraient pas qu’il puisse finir sa vie en exil en Côte d’Ivoire et non chez lui, auprès des siens. Parmi les pro-Compaoré, personne non plus n’a oublié les mots de Kaboré lors d’un meeting à Ziniaré, où il avait déclaré, fin 2020, avant sa réélection, qu’il fallait « préparer » le retour de son aîné. « Le président est très prudent sur cette question, explique un de ses lieutenants. Il ne veut pas donner l’impression de marchander avec la justice, mais en sous-main il fait ce qu’il peut pour tenter d’arranger les choses. »

Aussi proches furent-ils pendant plus de vingt ans, Kaboré et Compaoré ne sont plus en contact direct depuis que leurs chemins politiques se sont séparés, début 2014. En avril 2019, Blaise Compaoré avait écrit une lettre à son ancien Premier ministre, dans laquelle il lui faisait part de sa « disponibilité » et de son « soutien » face à la dégradation de la situation sécuritaire au Burkina Faso. Une missive restée sans réponse. Les relations entre ces deux hommes qui se connaissent sur le bout des doigts sont d’autant plus complexes que leurs familles sont liées : le petit frère de Kaboré est en effet marié à la nièce directe de Compaoré. « Chez nous, avec de tels liens familiaux, il est impensable de se retrouver dans une situation pareille », se désole un fidèle de l’ancien président.

Grand raout de réconciliation

Comment sortir de cette impasse ? Les pro-Compaoré misent en partie sur le Forum national de réconciliation, qui se tiendra du 17 au 23 janvier 2022. Ce grand raout rassemblera 5 000 participants issus des « forces vives » de la nation au palais des sports de Ouaga 2000. Objectif : trouver des solutions pour permettre la réconciliation nationale et renforcer la cohésion sociale. Certains estiment que ce Forum pourrait être une bonne occasion de faire un geste si le procès Sankara est terminé d’ici là. « Kaboré peut faire usage de son pouvoir de grâce ou adopter des mesures d’amnistie, surtout si la classe politique et les participants au Forum poussent en ce sens », imagine un proche de Blaise Compaoré. « Une fois que le procès sera bouclé, ce type de solution politique n’est pas à écarter », estime un collaborateur de Kaboré.

En attendant, nul doute que l’ex-chef de l’État sera encore absent à la reprise des audiences, le 25 octobre. Reclus dans sa grande villa de Cocody Ambassades, il poursuivra son quotidien confortable mais monotone d’ancien président exilé. À ses côtés reste un dernier carré de fidèles, qui se réduit au fil du temps. Son épouse Chantal, bien sûr, mais aussi leur fille Djamila quand elle est de passage. Quelques membres du personnel et de sa sécurité. Parmi ses anciens ministres, il n’y a guère plus que René Émile Kaboré qui vient le voir régulièrement. Une fin de vie isolée, dont l’acteur principal ne cerne plus tous les contours. Lui qui n’est déjà probablement plus en mesure de raconter enfin ce qu’il a fait le 15 octobre 1987.

Turquie-Afrique : Erdogan veut-il prendre le relais de la France ?

Mis à jour le 20 octobre 2021 à 16:11

POV

Par POV

Dessinateur de presse, William Rasoanaivo - alias POV - vit et travaille à Maurice.

 

 

POV © POV

Le président turc est en tournée en Angola, au Nigeria et au Togo. Après l’annonce de la fin de Barkhane, il semble bien décidé à investir le terrain militaire africain, comme il l’a fait en Éthiopie.

Engagé dans une guerre sans merci avec les rebelles tigréens du TPLF, Abiy Ahmed n’a pas lésiné sur les achats d’équipements militaires. Et Ankara figure parmi ses principaux fournisseurs : selon l’agence de presse Reuters, dans le secteur de la défense et de l’armement, les exportations de la Turquie vers l’Éthiopie sont passées en un an de 203 000 dollars à 51 millions de dollars.

Gnassingbé, Kaboré et Weah

Ankara a-t-il maintenant pour ambition d’atteindre le même niveau de coopération militaire avec d’autres pays du continent ? Bien décidé à accélérer l’offensive diplomatique et économique de son pays en Afrique depuis que l’option d’un rapprochement avec l’Union européenne s’est éloignée au tournant des années 2000, Recep Tayyip Erdoğan vient d’effectuer une tournée en Angola au Nigeria et au Togo.

Mardi 19 octobre, il a ainsi fait escale pour quelques heures à Lomé, où il a été reçu par Faure Gnassingbé. Pour l’occasion, pas moins de deux chefs d’État de la région ont fait le déplacement : Roch Marc Christian Kaboré et George Weah. Si Erdogan ne vient pas à toi, il faut savoir aller à Erdogan… Le président burkinabè et le chef d’État libérien ont chacun eu l’occasion de s’entretenir avec leur homologue.

ANKARA A SIGNÉ UN ACCORD MILITAIRE AVEC LE NIGER DONT LES CLAUSES SONT RESTÉES SECRÈTES

Premiers pas sécuritaires

La Turquie a déjà un poids économique important en Afrique de l’Ouest, qui lui a notamment permis d’obtenir de plusieurs gouvernements de la sous-région la fermeture des écoles proches de la confrérie Gülen (du nom de l’imam qu’elle accuse d’avoir fomenté le coup d’État de juillet 2016), comme ce fut le cas dès 2017 au Sénégal. Sur le front sécuritaire, en revanche, la coopération avec les pays ouest-africains n’en est encore qu’à ses premiers pas. La Turquie, qui accueille depuis 2018 des officiers maliens pour des formations, a donné 5 millions de dollars à la force du G5 Sahel et a signé en 2020 un accord militaire avec le Niger dont les clauses sont pour l’heure restées secrètes.

Si Recep Tayyip Erdogan a plaidé lors de sa visite « de travail » à Lomé pour un renforcement des échanges économiques entre les deux pays, il a surtout, fait inédit, signé avec Faure Gnassingbé un accord portant sur le renforcement de leur coopération militaire, alors même que Lomé s’emploie à renforcer ses capacités face au risque terroriste. Le président togolais devrait répondre dans un avenir proche à l’invitation de son homologue turc et se rendre à Ankara.

Recep Tayyip Erdogan cherche-t-il à combler les vides laissés par le retrait partiel de la France ? En juillet dernier, International Crisis Group relativisait cette avancée militaire de la Turquie sur le continent qui « vu sa faible ampleur, demeure pour l’instant peu susceptible de bouleverser les dynamiques régionales ». Mais le think tank n’en soulignait pas moins le risque de voir se « renforcer la compétition géopolitique dans la région ».

Le film burkinabè « Les trois lascars » enthousiasme le public du Fespaco

 

Les Trois Lascars, un film du réalisateur burkinabé Boubacar Diallo.

Les Trois Lascars, un film du réalisateur burkinabé Boubacar Diallo.
 © Alma Production.

Dans le cadre du Fespaco, le film Les trois lascars a été projeté mercredi 21 octobre. Ce long métrage est selectionné en compétition officielle. Et cette projection a été une bulle de plaisir pour le public.

De notre envoyé spécial à OuagadougouGuillaume Thibaut

Le ciné Neerwaya est complet, 1 100 spectateurs assistent à la projection, euphoriques. Boubacar Diallo, le réalisateur résume le propos de son film qui se veut un portrait de la société et notamment le phénomène de l'infidélité dans les couples :  « Imaginez trois lascars - trois copains – et qui ont l’idée farfelue de trouver un alibi pour passer quelques jours de rêve quelque part, cachés avec leurs maîtresses… ils sont supposés avoir embarqué dans l’avion pour une mission à Abidjan. Sauf qu’ils n’ont pas embarqué et sauf que l’avion s’est crashé et ils ne le savent pas. Pendant qu’ils font le show, les familles sont en deuil. Comment est-ce qu’ils vont revenir à la vie ? »

Le public est enthousiaste. « J’ai vraiment adoré ! Comment se comporter avec nos hommes, quand ils nous trompent ? Il y a… Comment dirais-je ? L’enseignement que je tire, en tout cas, c’est de toujours pardonner, quel que soit le problème. J’ai aimé. J’ai vraiment aimé…», s'enthousiame Adélie. Tout comme Yaznnick, étudiant : « C’était carrément ouah ! J’ai adoré ! Je pense que c’est le tout premier film burkinabè que j’ai adoré. C’était drôle… Oui, j’ai aimé. J’ai carrément aimé ».

Le jury de la 27e édition est présidé cette année par le réalisateur et producteur mauritanien Abderrahmane Sissako, César du meilleur film 2015 pour Timbuktu. L'annonce du palmarès se fera le 23 octobre.

Côte d’Ivoire : Guillaume Soro et le rêve lointain d’un retour en politique

Par  - à Abidjan
Mis à jour le 20 octobre 2021 à 22:53


Guillaume Soro le 8 août 2020. © Arnaud MEYER/Leextra via Leemage

Isolé et exilé en Europe depuis fin 2019, l’ancien président de l’Assemblée nationale veut encore croire en son avenir. Mais ses déboires judiciaires et ses relations conflictuelles avec le président ivoirien paraissent autant d’obstacles difficiles à surmonter.

En cette soirée du 20 septembre, Guillaume Soro apparaît sur l’écran de l’application Zoom. De passage à Paris pendant 48 heures, il a mis pour l’occasion un costume croisé bleu nuit. Sa barbe a pris quelques teintes grisonnantes. Ils sont une vingtaine à participer à cette réunion de « recadrage » et de « remobilisation » convoquée par l’ancien président de l’Assemblée nationale. Parmi eux, ses derniers fidèles et compagnons d’exil, en région parisienne ou à Bruxelles. Et ceux qui tentent, à Abidjan, de maintenir en vie son mouvement Génération peuples et solidaires (GPS). Depuis combien de temps ne l’avaient-ils pas vu ? Six mois ? Un an ? Cela faisait en tout cas un long moment que leur chef n’avait pas participé directement à une réunion politique.

En exil en Europe depuis son retour avorté en Côte d’Ivoire à la fin de 2019, Guillaume Soro avait pris « du recul », comme le formulent ses proches. Il avait disparu des médias, même de ces réseaux sociaux qu’il affectionne tant, et changé à plusieurs reprises de numéros de téléphone. Introuvable et injoignable, à part de quelques proches, l’ancien chef rebelle avait repris le maquis.

« À un moment, certains ont trouvé qu’il parlait trop, que son discours vis-à-vis de son aîné Alassane Ouattara était trop irrespectueux. Des religieux et des sages le lui ont signifié. Il a décidé de les écouter », explique Tehfour Koné, un de ses proches, ancien candidat à la mairie d’Abobo.

Mais lorsque l’on est en position de faiblesse, l’absence peut avoir de lourdes conséquences, favoriser les initiatives personnelles et les querelles de leadership, décourager les derniers fidèles et pousser les autres à quitter le navire.

IL NE DONNE AUCUNE NOUVELLE ET ON LE DÉCOUVRE EN TRAIN PRENDRE DU BON TEMPS DANS UN PALACE DE BRUXELLES

Les rares apparitions de l’ancien leader estudiantin n’ont rien fait pour rassurer les hésitants. En mai, l’homme d’affaires et député Patrick Bologna publie une vidéo sur les réseaux sociaux. On y voit d’abord un Guillaume Soro, fringant, dégustant un bon repas avec quelques amis à Bruxelles. Plus tard, dans un appartement de la capitale belge, des bouteilles de Ruinart flottent dans un seau à champagne, des cigares Horacio sont affichés. Grand danseur, Soro esquisse quelques pas de rumba.

Bologna, ancien mari de la petite sœur de la femme de Joseph Kabila, est un habitué des frasques sur les réseaux sociaux. Mais la vidéo fait tache même dans le cercle des amis de Soro. « Il ne donne aucune nouvelle et on le découvre prendre du bon temps dans un palace de Bruxelles. C’est scandaleux », commentait à l’époque l’un deux.

 

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Avec Alassane Ouattara à Yamoussoukro, le 28 septembre 2011. © ISSOUF SANOGO/AFP

 

L’actualité a donc donné à Guillaume Soro l’occasion de refaire surface. Le 5 septembre, Alpha Condé est renversé par un coup d’État militaire. Deux jours plus tard, l’ancien chef rebelle s’exprime sur Twitter. Soro connaissait bien l’ancien président guinéen. Les deux hommes avaient été présentés par le Mauritanien Moustapha Chafi à la demande de l’ancien président burkinabè Blaise Compaoré. Soro avait ensuite aidé financièrement Alpha lorsque ce dernier était dans l’opposition, puis lors de la campagne présidentielle de 2010. Mais, comme tous les autres chefs d’État du continent dont il croyait avoir le soutien, Alpha Condé ne lui a pas apporté l’aide espérée quand sa brouille avec Alassane Ouattara a atteint son paroxysme.

La piste Denis Sassou Nguesso

Aujourd’hui, aucun des pairs d’ADO ne se risque à évoquer le cas de Guillaume Soro en sa présence. Compagnon de ce dernier depuis longtemps, l’ancien député ivoirien Alain Lobognon a néanmoins tenté récemment de solliciter la médiation de Denis Sassou Nguesso (DSN).

« Je lui ai fait parvenir deux lettres, en janvier et en juillet 2021, pour qu’il se saisisse de ce dossier car c’est le seul qui peut réconcilier Ouattara et Soro », explique l’ancien ministre des Sports, libéré en juin après dix-huit mois de prison. En déplacement en Suisse lorsque le courrier a été déposé à son cabinet, le président congolais s’est entretenu au téléphone avec Soro début août, précise Lobognon. Les deux hommes se sont ensuite vus à Genève début septembre.

Contacté par Jeune Afrique, Guillaume Soro n’a pas souhaité s’exprimer. « Sa rencontre avec le président Sassou n’est pas liée à l’initiative de Lobognon. Soro parle directement avec DSN qui, comme Macky Sall, lui avait d’ailleurs déconseillé de rentrer à Abidjan en décembre 2019. Lobognon veut simplement jouer sa carte personnelle. Il a voulu reprendre la tête de GPS à Abidjan, à la place de ceux qui y tiennent le parti depuis le début de l’exil de Guillaume », estime un ami de Soro.

Alain Lobognon dément : « Tout ceci est faux. J’ai déjà indiqué à Guillaume que je mettais fin à notre collaboration politique. GPS a été dissous par la justice ivoirienne et j’ai perdu mes droits politiques pour les cinq prochaines années. »

À 49 ans, que peut encore espérer Guillaume Soro ? Poursuivi pour complot et atteinte à la sécurité de l’État, il a été condamné le 23 juin à la perpétuité. Son mouvement a été dissous dans la foulée. Et il est pour le moment tenu à l’écart du processus de réconciliation entamé entre Ouattara, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo.

Force tranquille

Les autorités françaises n’ont toujours pas répondu au mandat d’arrêt transmis par Abidjan en novembre 2020. Mais elles ont fait comprendre à l’ancien président de l’Assemblée nationale qu’il n’était plus le bienvenu sur leur sol. La raison : au lendemain de l’annonce de la victoire de Ouattara, Soro s’était adressé aux forces de défense et de sécurité dans un discours retransmis en direct sur internet, leur demandant « d’agir » pour faire barrage à Alassane Ouattara. La provocation de trop.

Devant ses proches, Soro tente malgré tout de maintenir un semblant de sérénité et d’entretenir son rêve de devenir un jour président de la République. « Je suis assis à la place de la force tranquille, leur répète-t-il. On ne peut pas envisager l’avenir de la Côte d’Ivoire dans les cinq, dix prochaines années sans moi. J’ai seulement 49 ans. Ouattara est devenu président à 69 ans. »

« Il m’a été rapporté que plusieurs parmi les potentiels successeurs ou candidats à l’élection présidentielle de 2025 se réjouissent du fait que monsieur Alassane Ouattara me retienne en exil pour leur bonheur (…) La politique est une course de fond et bien des prétentions finissent par être coiffées au poteau. Dieu n’a pas dit son dernier mot », a-t-il aussi déclaré le 6 octobre sur Twitter.

En attendant, il doit également déminer le terrain sur le plan juridique. Plusieurs procédures sont actuellement en cours : devant le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire, devant le Comité des droits de l’homme de l’ONU, devant la justice française pour un enregistrement diffusé par le procureur ivoirien Richard Adou, et devant la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples.

En juillet, Soro et plusieurs de ses proches ont par ailleurs porté plainte en se constituant partie civile pour torture et tentative d’assassinat devant la justice française contre une dizaine de personnalités de l’appareil sécuritaire ivoirien. Le directeur de la DST (Direction de la surveillance et du territoire), le commandant supérieur de la gendarmerie, ou le directeur de l’administration pénitentiaire sont ainsi visés. Selon nos sources, une juge d’instruction a été nommée le 2 août. Les avocats de l’État ivoirien tenteront de démontrer que la plainte est irrecevable.

« C’est un voyou »

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Lors d’un meeting contre la candidature du président sortant au stade Félix Houphouët-Boigny, à Abidjan, le 10 octobre 2020. © SIA KAMBOU/AFP

 

« ADO a utilisé des méthodes moyenâgeuses pour détruire la carrière politique de Guillaume. Mais celui-ci joue sur l’usure des vieux, sur sa jeunesse. Ouattara sera tôt ou tard tenu de dialoguer avec la classe politique. Et on ne pourra pas exclure Soro. Car si celui-ci fait partie du problème, il est aussi un élément de la solution. Et puis, ADO n’a plus personne autour de lui. Il sera obligé de faire la paix », espère un collaborateur de l’ancien président de l’Assemblée nationale.

NOUS RÉPÉTONS DEPUIS LONGTEMPS QUE SORO NE PÈSE RIEN. (…) IL N’EST PLUS CRÉDIBLE, EXPLIQUE UN CADRE DU RHDP

Ces affirmations font doucement sourire l’entourage du chef de l’État. « Nous répétons depuis longtemps que Soro ne pèse rien. C’était le cas lorsqu’il était en Côte d’Ivoire c’est d’autant plus vrai maintenant. Il a promis qu’Alassane Ouattara ne serait pas président. Sa prophétie ne s’est pas réalisée. Il n’est plus crédible », explique un haut cadre du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHPD).

« Soro fait passer le message qu’il est prêt à se réconcilier avec Ouattara. Mais ce dernier y est opposé tant que le premier n’est pas disposé à lui présenter des excuses publiques. Il considère la trahison de Guillaume envers lui comme étant de nature familiale », précise un intime d’ADO. « Rien n’a changé concernant Soro. C’est un voyou », a récemment confié le chef de l’État à un de ses visiteurs du soir.

Selon nos sources, Guillaume Soro a tenté à deux reprises de joindre Ouattara : après la mort de l’ancien Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, en juillet 2020, et plus récemment, en avril dernier. À chaque fois sans succès.

Ouverture du Fespaco 2021, le cinéma africain en mode de résistance et de renouveau

La statue d'un caméraman devant le siège du Festival panafricain du cinéma et de la télévision (Fespaco) à Ouagadougou, le 14 octobre 2021.

La statue d'un caméraman devant le siège du Festival panafricain du cinéma et de la télévision (Fespaco) à Ouagadougou, le 14 octobre 2021.
 AFP - OLYMPIA DE MAISMONT

D’abord annulée, ensuite repoussée, elle devient enfin réalité. La 27e édition du Fespaco a bravé les tempêtes de la pandémie et du terrorisme et ouvre ce samedi 16 octobre ses portes à Ouagadougou. Pendant huit jours, le plus grand festival du cinéma africain et de sa diaspora célèbre dans la capitale du Burkina Faso le septième art avec une sélection de 239 films en provenance de 50 pays et l’espoir d’un renouveau.

Qui sera couronné le 23 octobre comme le successeur du jeune cinéaste rwandais Joël Karakezi qui avait remporté en 2019 la distinction suprême, l’Étalon d’or de Yennenga ? Pour l’ouverture du Fespaco 2021, il y aura ce samedi au Palais des sports de Ouagadougou d’abord un spectacle dédié à la princesse Amazone Yennenga, chorégraphié par le Burkinabè Serge Aimé Coulibaly comme un hymne à la résistance contre les fléaux de la pandémie et du terrorisme. Le fait d’avoir monté aussi des écrans en plein air dans la capitale burkinabè, montre également la détermination des autorités.

Le Sénégal, pays d’honneur et emblématique de cette 27e édition

Le film d’ouverture Atlantique symbolise en quelque sorte le sacre de la cinéaste franco-sénégalaise Mati Diop, première réalisatrice d’origine africaine distinguée au Festival de Cannes avec le prix du Jury. Le Sénégal est d’ailleurs le pays d’honneur et emblématique de cette 27e édition à la fois à la recherche de ses racines et à la conquête de nouveaux horizons panafricains. Le réalisateur Alain Gomis, lauréat de l’Étalon d’or en 2013 et 2017, sera honoré à Ouagadougou d’une statue dans la même avenue des cinéastes où se trouve déjà la sculpture de son compatriote légendaire Ousmane Sembène. Ce dernier avait réalisé en 1962 Borom Sarret, l’un des premiers films africains tournés en Afrique. Quant à Alain Gomis, il entretient désormais la flamme du cinéma avec son Centre Yennenga à Dakar où il forme de jeunes réalisateurs africains pour construire petit à petit l’autonomie cinématographique en Afrique. Et Mamadou Dia, lauréat du Léopard d’or, est en lice, avec Le père de Nafi, pour l’Étalon d’or 2021, sous l’œil attentif du cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako, président du jury.

La force de la diversité africaine

Pour assurer dans la compétition la présence de réalisateurs d’un maximum de pays africains, le nouveau directeur général du Fespaco, Alex Moussa Sawadogo, a joué la carte de la diversité. La catégorie reine de la compétition affiche 17 fictions longs métrages de 15 pays différents, seul l’Égypte assure deux films sur la liste. Le Mali est pour la première fois absente de la compétition des fictions. Les festivaliers attendent de vraies découvertes cinématographiques de tout le continent. Parmi les heureux élus se trouve par exemple This is not a burial, it’s a resurrection, déjà primé par le Prix spécial du jury au festival Sundance, réalisé par Lemohang Jeremiah Mosese de Lesotho, un pays de 2,3 millions d'habitants où il n’y a pas de salles de cinéma, seulement quatre cinémas itinérants, et où seulement « dix personnes vivent actuellement de la réalisation de films dans le pays », selon un rapport de l’Unesco.

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Autre pays souvent vu au cinéma comme lieu très prisé de tournage et pour ses décors, mais souvent absent de la carte mondiale des réalisateurs, la Namibie, représentée par la réalisatrice Desiree Kahikopo-Meiffret et son film The White Line. Une dizaine de films locaux sont tournés chaque année en Namibie et projetés sur les seize écrans de cinéma des grandes villes. Ahmed Khadar portera avec son film très poétique et touchant, La femme du fossoyeur, l’honneur de la Somalie, pays de 15 millions habitants doté de huit cinémas.

Un troisième Étalon d’or pour le Burkina Faso ?

Les cinéphiles du Burkina Faso, le pays hôte du festival, espèrent que l’Étalon d’or sera remporté pour la troisième fois par un réalisateur burkinabè. Après Idrissa Ouedraogo en 1991, avec Tilaï, et Gaston Kaboré en 1997, avec Buud Yam, les regards se tournent vers Boubacar Diallo et son film Les trois Lascars.

Cette édition 2021 aura lieu à un moment critique pour le cinéma et pour le pays. Depuis des années, le Burkina Faso fait face à la recrudescence des attaques terroristes. Et le plus grand festival de cinéma en Afrique se déroulera dans une période où les plateformes américaines sont visiblement décidées de conquérir le continent africain. Depuis 1969, le Burkina, pays de 27 millions d’habitants, a fièrement soutenu le plus grand festival de cinéma en Afrique, néanmoins, aujourd’hui, le résultat pour l’industrie cinématographique et audiovisuelle du pays semble assez modeste. Le cinéma Guimbi à Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays, sera après son ouverture prévue en octobre une des huit salles fonctionnant de manière régulière. Selon les chiffres communiqués par le ministère de la Culture burkinabè, une quarantaine de films locaux sont produits en moyenne chaque année dans le pays des hommes intègres. Le secteur du cinéma et de l’audiovisuel assure actuellement 2 000 emplois directs et 6 000 emplois indirects. Les revenus générés par le secteur sont estimés à 2 millions de dollars.

Entre la fierté nationale, la force panafricaine et la révolution numérique

L’enjeu pour le festival 2021 et pour son nouveau directeur général, Alex Moussa Sawadogo, s’avère donc énorme. Comment entretenir à la fois la fierté nationale pour le Fespaco et promouvoir la qualité et la diversité des films africains ? En même temps, il s’agit de relever le défi d’embrasser la rupture provoquée par la révolution numérique avec une offre de films et de séries (car c’est bien aussi le Festival panafricain de la télévision avec son Marché international du cinéma africain) aussi adaptés pour les plateformes. Tout cela dans un pays où seulement 16% de la population sont considérés comme usagers d’Internet et seulement 32% des abonnés mobiles disposent d’un accès à Internet via leur mobile.

En attendant, la capitale du cinéma africain nous donne rendez-vous pour vivre avec joie la 27e édition du Fespaco jusqu’au palmarès, annoncé le 23 octobre. Vive le cinéma !


La liste des 17 longs métrages fiction en compétition au Fespaco 2021 :

Air conditioner, de Mario Bastos (Angola)

Baamum Nafi, de Mamadou Dia (Sénégal)

Bendskins (Moto Taxi), de Narcise Wandji (Cameroun)

Eyimofe (This is my desire), de Chuko Esiri (Nigéria)

Farewell Amor, d’Ekwa Msangi (Tanzanie)

Feathers, d’Omar El Zohainy (Egypte)

Freda, de Gessica Geneus (Haïti)

La femme du fossoyeur, d’Ahmed Khadar (Somalie)

La nuit des rois (Night of the Kings), de Philippe Lacôte (Côte d’Ivoire)

Les trois lascars, Boubakar Diallo (Burkina Faso)

Lingui, les liens sacrés, de Haroun Mahamat-Saleh (Tchad)

Nameless (Les anonymes), de Wa Nkunda Mutiganda (Rwanda)

Oliver Black, de Tawfik Baba (Maroc)

Souad, d’Amin Ayten (Égypte)

The White Line, de Desireee Kahikopo-Meiffret (Namibie)

This is not a burial, it is a resurrection, de Jeremiah Lemohang Mosese (Lesotho)

Une histoire d’amour et de désir, de Leyla Bouzid (Tunisie)