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La polio est éradiquée en Afrique, affirme l'OMS

Campagne de vaccination contre la polio dans le nord-ouest du Nigeria, en 2017.
Campagne de vaccination contre la polio dans le nord-ouest du Nigeria, en 2017. PIUS UTOMI EKPEI / AFP
Texte par :RFISuivre
5 mn

L'Organisation mondiale de la santé a certifié, ce mardi 25 août, que le continent africain était « exempt de poliovirus sauvage », quatre ans après l'apparition des derniers cas dans le nord-est du Nigeria, région dévastée par un conflit contre les jihadistes de Boko Haram.

« Grâce aux efforts déployés par les gouvernements, le personnel soignant et les communautés, plus de 1,8 million d'enfants ont été sauvés » de la polio, se réjouit l'OMS dans un communiqué. « C'est un moment historique pour l'Afrique », a déclaré la directrice Afrique de l'OMS, Matshidiso Moeti. « A partir de maintenant, les enfants qui naitront sur ce continent n'auront pas à craindre d'être infectés par la polio ».

Provoquée par le « poliovirus sauvage » (PVS), la poliomyélite est une maladie infectieuse aiguë et contagieuse qui touche principalement les enfants, attaquant la moëlle épinière et pouvant provoquer une paralysie irréversible. Elle était endémique partout dans le monde, jusqu'à la découverte d'un vaccin dans les années 1950. Les pays les plus riches y ont eu rapidement accès, mais l'Asie et l'Afrique sont restées longtemps d'importants foyers infectieux.

Le Nigeria, épicentre de la maladie dans les années 2000

Épicentre de la maladie dans le monde au début des années 2000, le Nigeria, géant africain de 200 millions d'habitants, figurait encore il y a peu à leurs côtés. Dans le Nord musulman, sous la pression des milieux salafistes, les campagnes de vaccination antipolio s'étaient arrêtées entre 2003 et 2004, accusées par la rumeur d'être l'outil d'un vaste complot international pour stériliser les musulmans.

Il a fallu un énorme travail avec les chefs traditionnels et religieux pour convaincre les populations de faire vacciner leurs enfants. Pourtant, dès 2009, l'émergence du conflit contre Boko Haram a douché les espoirs d'avoir enfin éradiqué la maladie : en 2016, quatre nouveaux cas de poliomyélite étaient enregistrés dans l'État du Born, dans le nord-est du pays, foyer de l'insurrection jihadiste.

 

Situation sécuritaire volatile

La situation sécuritaire reste extrêmement volatile dans le nord-est du Nigeria, dont Boko Haram et le groupe État islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap) contrôlent de larges zones, particulièrement autour du lac Tchad. Dans les zones partiellement accessibles, les campagnes de vaccinations ont été menées sous protection de l'armée et des milices d'autodéfense. Dans les zones totalement contrôlées par les jihadistes, l'OMS et ses partenaires ont approché les populations sur les routes ou les marchés pour tisser un réseau « d'informateurs santé » et des « sentinelles » pouvant alerter de cas ou de potentielles épidémies.

Il suffit d'administrer deux gouttes de vaccin oral chez les enfants pour effectivement les protéger contre la maladie.

Docteur Richard Mihiro

En 1988, l'OMS dénombrait 35 000 cas à travers le monde et encore plus de 70 000 cas rien qu'en Afrique en 1996. Mais grâce à une rare prise de conscience collective et à d'importants efforts financiers - 19 milliards de dollars sur 30 ans - seuls deux pays au monde comptent aujourd'hui des contaminations par le «  poliovirus sauvage » : l'Afghanistan, avec 29 cas en 2020, et le Pakistan, avec 58 cas recensés.

►À lire aussi : Bill Gates s'allie avec la plus grande fortune d'Afrique pour éradiquer la polio au Nigeria

Avec AFP )

Burkina Faso : « Le nouveau code électoral exclut une partie des Burkinabè »

| Par 
Dans un bureau de vote à Ouagadougou, lors du scrutin présidentiel du 29 novembre 2015.

Les députés burkinabè ont adopté mardi un nouveau code électoral. Celui-ci prévoit qu’en cas de « force majeure ou de circonstances exceptionnelles », seuls les résultats des bureaux de vote ayant ouvert seront pris en compte. Pour Aziz Diallo, le député-maire de Dori, ce changement exclut les électeurs vivant dans les régions les plus touchées par l’insécurité.

C’est une modification majeure, apportée à quelques encablures seulement des élections présidentielle et législatives fixées au 22 novembre prochain. Adopté mardi 25 août par 107 députés sur 120 à l’Assemblée nationale, le nouveau code électoral prévoit notamment qu’en cas de « force majeure ou de circonstances exceptionnelles » empêchant d’organiser les scrutins sur une partie du territoire, les élections seront validées sur la base des résultats des bureaux de vote ayant ouvert.

Selon la majorité, ce texte doit permettre de sauvegarder les institutions et la démocratie, malgré la hausse de l’insécurité dans certaines zones du pays. Mais pour certains députés, ce nouveau code électoral est anti-démocratique et va priver de nombreux Burkinabè de leur droit de vote. Aziz Diallo, député-maire de Dori, dans la région du Sahel, l’une des plus touchées du pays, a voté contre ce texte. Il explique pourquoi.

Jeune Afrique : Pourquoi avez-vous voté contre la modification du code électoral ?

Aziz Diallo : J’estime que le texte qui nous a été présenté n’est pas de nature à renforcer la démocratie et la cohésion sociale, déjà mises à rude épreuve dans notre pays. Ce texte va servir à légitimer des élections malgré le fait que des centaines de milliers de Burkinabè ne vont potentiellement pas pouvoir voter pour des raisons de sécurité. Avec ce texte, c’est comme si l’État leur disait : « Nous ne sommes pas en mesure d’assurer votre sécurité, vous ne pouvez pas voter, mais ne vous en faites pas, nous formons une seule et même nation burkinabè ». De facto, ce texte créé une catégorie de Burkinabè qui sera exclue du processus électoral.

Si les élections se tiennent bien comme prévu, les personnes élues à l’issue de ce scrutin seront-elles légitimes, selon vous ?

À la rigueur, pour l’élection présidentielle, la participation pourra toujours être maximisée car le scrutin est national. Le problème se pose davantage pour les élections locales. Par exemple, prenez une commune qui compte 70 villages, où le vote ne peut se tenir que dans deux ou trois villages.

Si vous demandez ensuite à ces deux ou trois villages d’élire les élus municipaux, comment voulez-vous que les autres villages s’identifient à ces élus ? Si un village ne peut élire son conseiller municipal pour ensuite participer à l’élection du maire, qu’est ce qui empêche ses habitants de douter de la légitimité du maire élu ? Il en va de même pour les élections législatives et le choix des députés.

Après le vote de ce nouveau code électoral à l’Assemblée nationale, vous avez évoqué un « attentat à la démocratie ». Ces mots ne sont-ils pas trop forts ?

Ce sont des mots forts, mais il faut appeler un chat un chat. Un des socles de la démocratie est de permettre à chaque citoyen d’exercer son droit de vote. Le vote n’est pas une obligation mais un droit pour chaque citoyen, consacré par la Constitution.

C’est à l’exécutif de prendre les mesures pour permettre aux citoyens d’exercer leur droit de vote. Mais, de facto, des centaines de milliers de Burkinabè pourraient être privés de ce droit. Et ces gens-là, demain, l’État leur demandera de se sentir aussi Burkinabè que ceux qui ont voté ? Beaucoup subissent les affres de l’insécurité, beaucoup ont été déplacés, beaucoup n’ont pas pu semer ou ne peuvent plus aller à l’école, et en plus l’État leur décline leur droit de vote.

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JE PRÉFÈRE NE PAS ALLER À DES ÉLECTIONS PLUTÔT QUE D’ALLER À DES ÉLECTIONS QUI VONT CRÉER DIFFÉRENTES CATÉGORIES DE BURKINABÈ

Les défenseurs du texte le présente au contraire comme un moyen de maintenir la démocratie au Burkina Faso malgré l’insécurité grandissante…

Je n’ai pas la prétention d’avoir une meilleure formule, mais je préfère ne pas aller à des élections plutôt que d’aller à des élections qui vont créer différentes catégories de Burkinabè. Nous avons vu ailleurs les problèmes qui naissent de ce genre d’élections, par exemple au Mali, où la situation est désormais celle que tout le monde connaît. N’oublions pas que tout ce qui arrive dans ce pays a commencé par des élections législatives complètement bâclées.

Je ne le souhaite évidemment pas pour mon pays, mais c’est à nous de prendre nos responsabilités pour s’assurer que ce genre de choses ne se reproduise pas chez nous.

Vous êtes donc favorable à un report des élections présidentielle et législatives ?

Il faut avoir le courage de dire que notre pays n’est, aujourd’hui, pas en mesure de tenir des élections. La situation sécuritaire ne le permet pas, avec près d’un million de déplacés et des pans entiers du pays qui échappent au contrôle de nos forces de défense et de sécurité. Que Dieu nous en garde, mais qui peut nous garantir aujourd’hui qu’il n’y a aura pas des attaques au moment des campagnes électorales ?

Encore une fois, regardons ce qu’il s’est passé au Mali. Il y a eu des bureaux de vote qui ont été pris en otage, des présidents de bureau de vote assassinés… Est-ce nécessaire de prendre ce genre de risques ? La Constitution ne prévoit pas de report de la présidentielle et je partage le souci de certains de ne pas créer un vide juridique. Mais je souhaite aussi qu’il y ait la lucidité de comprendre que la situation est exceptionnelle et que cela implique de prendre des mesures exceptionnelles.

Togo: éradication d’un fléau, «la maladie du sommeil»

La maladie du sommeil est transmise par les mouches tsé-tsé.

La maladie du sommeil est transmise par les mouches tsé-tsé.
 iStock / Attardog
Texte par :RFISuivre
3 mn

Le Togo a éradiqué la trypanosomiase africaine, plus connue sous le nom de « maladie du sommeil », une maladie endémique dans 36 pays d’Afrique subsaharienne où l’on trouve les mouches tsé-tsé. Grâce aux actions menées par le gouvernement togolais, les communautés locales, et l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la maladie a été éradiquée.

Cette maladie du sommeil provoque des douleurs musculaires, migraines, troubles de personnalité mais aussi un dérèglement de l'horloge biologique. Les personnes infectées dorment plus le jour et moins la nuit. Elle affecte aussi bien les humains que les animaux, notamment le bétail. Pour Fatoumata Binta Tidiane Diallo, médecin et représentante de l'Organisation mondiale de la santé au Togo, l'éradication de la maladie dans le pays va considérablement aider les Togolais.

C’était une maladie invalidante et c’était, d’autre part, une maladie source de pauvreté car elle limitait considérablement les activités agricoles et décimait le bétail. Pour la population, l’élimination va donc beaucoup aider à amener les gens dans l’agriculture et produire. […] Le pays étant quand même avec une grande orientation agro-pastorale, le fait que les gens étaient malades ou fuyaient à cause des mouches tsé-tsé, cela avait sérieusement réduit la productivité des personnes mais là, avec cette élimination, nous avons vu l’engouement et la reprise des activités agricoles ainsi que les activités de pêche et de chasse dans le pays.

Dr Fatoumata Binta Tidiane Diallo, représentante de l'Organisation mondiale de la santé au Togo

Comment les villes africaines font face au risque climatique

De Casablanca à Abidjan en passant par Kinshasa et Saint-Louis, tour d'horizon des solutions pour lutter contre les inondations, la sécheresse ou encore l'érosion des côtes.

 

[Tribune] Coup d’État au Mali : le temps presse pour éviter une balkanisation

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Mis à jour le 20 août 2020 à 14h46
 
 

Par  Modibo Seydou Sidibé

Professeur d'économie à la Duke University (États-Unis)

Des manifestants saluent le passage un convoi de militaires à Bamako, le 19 août 2020, au lendemain de la démission d'IBK.

Des manifestants saluent le passage un convoi de militaires à Bamako, le 19 août 2020, au lendemain de la démission d'IBK. © /AP/SIPA

Aussi désespérant que puisse être un énième coup d’État en Afrique, le Mali doit embrasser cette opportunité pour écouter les nombreuses doléances de la population et éviter une « balkanisation » du pays.

10 août 2020, le beau-père du Premier ministre malien Boubou Cissé est décédé à Bamako. L’inhumation est prévue dans le cimetière familial, à Bandiagara, le lendemain. Arrivée de la capitale, la délégation du Premier ministre se voit interdire l’accès à la cérémonie pendant plusieurs heures par la milice d’auto-défense des chasseurs dogons « Dan Na Ambassagou », officiellement dissoute depuis le massacre de 160 civils peuls en mars 2019. L’enterrement ne pourra finalement avoir lieu qu’au terme d’interminables négociations.

Un même effondrement des valeurs de l’État avait conduit Soumaïla Cissé à refuser une escorte militaire afin de ne pas être associé aux symboles du pouvoir malien. Une erreur qui a coûté sa liberté au chef de file de l’opposition, aux mains de ses ravisseurs depuis le 25 mars dernier.

Autant de signes annonciateurs qui montrent que le coup d’État du 18 août consacre aujourd’hui la fin de la mainmise de l’exécutif sur Bamako, dernier refuge d’un pouvoir qui a été incapable de former un gouvernement depuis le mois de mai.

Les scènes de liesse populaire reflètent une réalité simple que ni les mesures de la Cedeao, ni les déclarations de l’ONU ou du Quai d’Orsay ne sauraient ignorer : la ploutocratie malienne, soutenue uniquement par la communauté internationale, a vécu.

Une succession d’échecs

Mais si le manque de leadership et la gestion familiale des affaires publiques ont mené au précipice, il est important, aussi, de souligner que les problèmes du Mali n’ont pas débuté en 2013.

La guerre qui se joue au Centre et au Nord du Mali, consacre le ras-le-bol général de la population face à un État, dont les agents sont des prédateurs pour les populations qu’ils sont censés servir. Depuis l’engagement des forces françaises au Mali en Janvier 2013, les militaires ont certes engrangé des victoires spectaculaires. Mais le coup d’État n’en met pas moins à nu l’échec du Mali et de la communauté internationale, incapables de mettre fin à cette guerre et de ramener la stabilité dans la région.

Aussi, il est impératif de prendre le temps d’une transition pour écouter les nombreuses doléances de la population et offrir une voie réaliste pour mettre fin aux abus de pouvoir et réformer en profondeur l’administration malienne, seule solution pour ramener la paix au Mali.

Le coup d’État du 18 août, consacre aussi l’échec de la démocratie malienne, où le multipartisme intégral a conduit à une surenchère : on comptait pas moins 176 partis politiques en 2015.

Ibrahim Boubacar Keïta a annoncé sa démission dans la nuit du 18 au 19 août 2020, après avoir été arrêté par des militaires.
Ibrahim Boubacar Keïta a annoncé sa démission dans la nuit du 18 au 19 août 2020, après avoir été arrêté par des militaires. © Reuters /
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IL NE SUFFIRA PAS DE « TUER LE PÈRE », MAIS DE METTRE FIN À LA CULTURE DE L’IRRESPONSABILITÉ

Et dans cette « démocratie » où les élections sont gagnées par ceux qui peuvent acheter le plus de voix, les batailles d’idées ont laissé place à des querelles de personnes. La classe politique, incapable de se renouveler et dont la seule constante depuis 1991 est d’avoir pris part à tous les gouvernements d’union nationale, s’est ainsi rendue comptable de tous les aspects de la crise actuelle.

Il ne suffira donc pas de « tuer le père », mais de mettre fin à la culture de l’irresponsabilité qui élève au rang de Premier ministre un ministre poussé à la démission trois ans plus tôt après une débâcle militaire.

La percée des religieux

Le coup d’État montre également l’incapacité de la démocratie malienne à gérer la percée des religieux dans la vie politique, avec tous les risques de mélange des genres que cela pose. Face à ce qui est vu comme une décadence des mœurs et des valeurs, dont les fêtes du fils d’IBK, Karim Keïta, sur un yacht de luxe aux Baléares sont le dernier exemple en date, les religieux sont perçus comme le dernier rempart.

Et si l’Imam Dicko semble avoir compris les risques de l’exercice du pouvoir, il est moins sûr que son exemple ne fasse des émules parmi les leaders religieux. Il apparaît déjà clairement que le soutien de l’imam Dicko sera un atout certain pour tout candidat à la prochaine élection présidentielle.

Aussi, la transition doit être le temps de la réflexion sur ces changements majeurs, et proposer des solutions qui respectent les droits des leaders religieux, mais préservent le caractère laïc de l’État malien.

Enfin, le coup d’État du 18 Août est un constat d’échec pour les politiques économiques et sociales au Mali. Comment qualifier la politique économique d’un pays dont la balance commerciale est structurellement déficitaire, mais octroie des subventions à l’importation ? Pourquoi recruter des enseignants à Bamako, qui refuseront de servir dans les régions du Centre et du Nord, alors que les compétences locales sont au chômage ?

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IL EST NÉCESSAIRE DE MENER UNE LUTTE SANS COMPROMIS CONTRE LA CORRUPTION

Au cours des trois dernières années, l’État malien a été confronté à des mouvements sociaux d’ampleur : enseignants du supérieur en 2017, magistrats en 2018, médecins en 2019, enseignants du secondaire et du primaire en 2020. Les bras de fer engagés ont, chaque fois, tourné en défaveur des Premiers ministres, soucieux des contraintes budgétaires mais rattrapés par la réalité des faibles salaires de la fonction publique malienne. Sur ce point, il est nécessaire de mener une lutte sans compromis contre la corruption, qui permettrait d’améliorer le quotidien des fonctionnaires maliens.

Le potentiel agro-pastoral du Mali a été relégué au second plan, peu de progrès ont été accomplis dans la nécessité de transformer les matières premières locales. Les infrastructures routières existantes sont très peu entretenues, alors que les nouveaux projets routiers, indispensables au désenclavement du pays, peinent à se concrétiser. À Bamako, une des métropoles où la population augmente le plus rapidement au monde, la saison des pluies apporte son lot d’inondations et d’habitations ravagées.

Les problèmes sont connus, les rapports sectoriels et les conclusions du Dialogue national inclusif ont apporté des débuts de réponse, sans aucune réaction des autorités.

L’exigence que la transition militaire soit une parenthèse

Le colonel-major Ismaël Wagué, porte-parole du CNSP, au centre, lors d’un point presse au camp de Kati, le 19 août 2020.

Le colonel-major Ismaël Wagué, porte-parole du CNSP, au centre, lors d’un point presse au camp de Kati, le 19 août 2020. © /AP/SIP
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Aussi désespérant que puisse être un énième coup d’État en Afrique, le Mali doit embrasser cette opportunité pour reprendre en main son destin et proposer des solutions maliennes à cette crise multidimensionnelle, avec l’exigence que la transition militaire soit une parenthèse.

La Cedeao et la communauté internationale portent une responsabilité particulière dans la crise actuelle : l’insistance pour une transition rapide après le coup d’État de 2012 a poussé le Mali dans les bras d’un vétéran politique, ancien Premier ministre et président de l’Assemblée nationale, qui a précipité l’édifice Mali vers les abîmes. Il faudrait éviter de répéter cette erreur.

Le coup d’État et les manifestations qui l’ont précédé doivent être une opportunité pour l’émergence d’une classe dirigeante plus responsable et un avertissement pour tous ceux qui veulent ériger l’appropriation privée des biens publics en règle de gouvernance.

Tous les citoyens maliens sont aujourd’hui rappelés au rôle qu’ils ont eu dans le surgissement de la crise actuelle, des électeurs qui vendent leurs voix, aux agents publics qui se comportent comme des colons, en passant par les usagers qui préfèrent les pots-de-vin à la santé financière de l’administration. Il est urgent de réagir, car le temps presse si l’on souhaite éviter une balkanisation du Mali.