Vu au Sud - Vu du Sud

Mauritanie: le président Aziz reste ferme
face aux islamistes (La Croix Africa)

La grande mosquée de Nouakchott, en Mauritanie. / GEORGES GOBET / AFP

« Nous nous sommes opposés avec force à ceux qui exploitent l’islam politique pour réaliser leurs visées personnelles douteuses, servir des organisations internationales qui propagent l’anarchie et les idées destructrices », a mis en garde le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz qui présidait les festivités de la fête de l’indépendance des pays à Néma (sud-est), dans la région frontalière du Mali.[…]

Mohamed Ould Abdel Aziz est à la tête de la Mauritanie depuis 2008 suite à un coup d’État qu’il avait orchestré alors qu’il était général de l’armée. Il a ensuite été élu à l’issue des élections de 2009, puis réélu en 2014. À quelques mois de la fin de son second et dernier mandat constitutionnel en 2019, il multiplie les mises en garde contre l’influence du parti islamiste Tewassoul, première formation de l’opposition dans son pays, et dénonce les dangers de « l’islam politique ». Aux élections législatives, municipales et locales de septembre, le parti islamiste est arrivé en deuxième position – juste après le parti présidentiel – avec 14 sièges de députés.

Un centre de formation des oulémas a été fermé

[…] Le 24 septembre, le pouvoir avait fait fermer un centre de formation des oulémas qui accueillait près de 500 étudiants de la sous-région depuis 2009 et qui appartient à des hommes considérés comme proches de Tewassoul.[…]

Lire l’article complet: En Mauritanie, le président Aziz reste ferme face aux islamistes – La Croix Africa, Lucie Sarr, 29/11/18.

G5 Sahel: les chefs d’Etat satisfaits
de leur rencontre avec les bailleurs

Ecusson de la force conjointe G5 Sahel.
© RFI/Olivier Fourt

Le sommet extraordinaire du G5 Sahel et ses partenaires et bailleurs de fonds, qui a pris fin jeudi en début de soirée à Nouakchott, a été un succès selon les chefs d’Etat. Ces derniers ont vu leurs partenaires s’engager à mobiliser les deux milliards d’euros pour financer la première phase du programme d’investissement prioritaire de l’organisation pour les trois prochaines années.

L’Union européenne et l'Etat français ont été les principaux contributeurs. Jean-Yves Le Drian, ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères confirme : « La France, par le biais essentiellement de l’Agence française de développement, investira 500 millions d’euros au profit des priorités du G5 Sahel et des 40 projets qui ont été indiqués. »

Des projets déterminants pour la sécurité

Parmi ces projets, neuf sont déjà retenus pour la construction et le bitumage d’axes routiers dans trois zones transfrontalières: Mali-Mauritanie, la zone Mali - Burkina Faso–Niger, et la région Niger-Tchad. Pour le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, la réalisation de ces projets sera déterminante en matière de sécurité et de lutte contre la pauvreté : « Le sentiment d’injustice, de puissance et d’absence des perspectives facilite l’intrusion des terroristes et des extrémistes et leur permet de prospérer et de trouver des cibles potentiellement réceptives. »

Pas de date pour le décaissement

Aucune date n’a été fixée pour le décaissement de l’argent promis, alors que le G5 attend toujours une autre promesse faite l’année dernière à Bruxelles pour le financement de la force commune de défense.

Sénégal: les évêques prient pour des élections apaisées
(La Croix Africa)

 

Les évêques de la Conférence épiscopale du Sénégal, de la Mauritanie, du Cap-Vert et de la Guinée-Bissau / site internet Conférence Épiscopale de Sénégal, Mauritanie, Cap Vert et Guinée Bissau

Les évêques de la Conférence épiscopale du Sénégal, de la Mauritanie, du Cap-Vert et de la Guinée-Bissau ont tenu leur session ordinaire du 12 au 18 novembre, au Foyer de la Charité du Cap des Biches, dans la région de Dakar.

À l’issue de cette session ordinaire de l’année pastorale 2018-2019, ces évêques ont jeté un regard sur la vie sociale et politique dans leurs différents pays. Ils ont particulièrement mis l’accent sur le Sénégal et la Guinée-Bissau qui s’acheminent vers des élections.

À ce sujet, ils ont invité les différents acteurs à la sérénité et au respect du jeu démocratique. « Devant la délicatesse de tout enjeu électoral, les évêques prient avec ferveur et en appellent fortement à la conscience citoyenne de tous, surtout des acteurs politiques, pour des élections crédibles et paisibles », a déclaré Mgr José Câmnate Na Bissign, évêque de Bissau et président de la Conférence épiscopale des évêques du Sénégal, de la Mauritanie, du Cap-Vert et de la Guinée-Bissau.

Les évêques ont invité, par la même occasion, les candidats à oublier leurs intérêts personnels au profit du bien commun. « Les évêques invitent tous les candidats à inscrire en priorité dans leurs programmes, le respect et la promotion du bien commun et l’intérêt de tous les citoyens », a insisté l’évêque de Bissau. Lire la suite: Au Sénégal, les évêques prient pour des élections apaisées – La Croix Africa, Charles Senghor, 23/11/18

« Colonialisme volontaire » : des économistes proposent de confier la gestion des villes africaines aux Occidentaux

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En proposant que les pays occidentaux construisent des « villes sous charte » en Afrique afin de limiter les flux migratoires vers l’Europe, Günter Nooke, conseiller spécial pour l’Afrique d’Angela Merkel, s’aligne sur une thèse controversée selon laquelle le développement du continent ne peut provenir que de l’extérieur.

« Colonialisme volontaire ». L’expression est clairement anachronique. Elle est pourtant revenue dans l’actualité, le 22 novembre, par la voix de Günter Nooke, conseiller spécial pour l’Afrique de la Chancelière allemande. Pour endiguer le flux migratoire de jeunes Africains vers l’Europe, il suggérait un nouveau type de coopération. « Des États ou des organisations telles que l’Union européenne ou la Banque mondiale, devraient construire et diriger des villes en Afrique afin de booster la création d’emplois et le développement du continent », a-t-il estimé, au micro de la BBC. Des propos qui, étrangement, n’ont suscité que peu de réactions négatives.

Comment cela fonctionnerait-il ? Au terme d’accords, et en respectant « des règles qui seront établies à cet effet, le pays céderait pour 50 ans une parcelle de son territoire », répond le conseiller d’Angela Merkel. Les investisseurs construiraient ensuite des « villes libres » sur les terres ainsi concédées. « Nous avons besoin d’espaces où les gens peuvent vivre, travailler et créer des sortes de villes fonctionnelles. Cela veut dire s’installer, construire leurs propres maisons, créer les infrastructures, les routes, les écoles et toutes les commodités nécessaires », détaille Günter Nooke, qui insiste : « Une ville prospère représente une contribution à l’industrialisation du pays. »

Les règles du marché

Paul Romer base sa théorie de « villes sous contrat » sur l’exemple de Hong Kong

Cette idée de cités créées ex-nihilo et gérées par des investisseurs privés avait été théorisée par l’américain Paul Romer, ancien économiste en chef de la Banque mondiale (2016-2018) et récipiendaire du prix Nobel d’économie 2018, pour « avoir intégré les changements climatiques et les innovations technologiques aux analyses économiques ».

L’économiste a exposé sa théorie de « villes sous contrat » en se basant sur l’exemple de Hong Kong. Bien que située en territoire chinois, celle-ci a fonctionné pendant plusieurs décennies à partir d’un ensemble d’institutions typiques des économies occidentales, « calquées sur les économies de marché de l’époque et administrées par les Britanniques », précisait l’économiste lors d’une conférence donnée dans le cadre de TEDGlobal, à Oxford, en 2009.


>>> À LIRE – Hong Kong : la cour des miracles de la mondialisation


À la fin des années 1950, « Hong-Kong était un endroit où des millions de personnes pouvaient se rendre, depuis le reste du pays, pour trouver un emploi mais également pour participer à un mouvement d’augmentation des revenus et des compétences. Ce qui a donné lieu à une croissance très rapide », avançait Paul Romer. Pour lui, la création de zones spéciales permet de tester la mise en place des règles du marché, et la ville est l’échelle idéale pour mener une telle expérience.

Son utopie consisterait donc à imaginer des « charter city » – des « villes sous contrat ». « On commencerait par une charte qui définit toutes les règles nécessaires pour attirer les gens dont on a besoin pour construire la ville. D’abord, les investisseurs, pour y construire les infrastructures : réseau électrique, routes, port, aéroport, bâtiments… Ensuite les entreprises qui viendront recruter les premiers habitants. Enfin les familles qui viendront s’y installer de manière définitive. » Il s’agirait donc de créer plusieurs villes de ce type à des endroits encore non occupés et de laisser le choix aux populations de venir s’y installer ou non.

Histoire, facteur humain et souveraineté

Les hommes ont une histoire et la ville fonctionne également en fonction de cette histoire

Une vision que ne partage pas Abdoulaye Deyoko, urbaniste et promoteur de l’École supérieure d’ingénierie, d’architecture et d’urbanisme (ESIAU), à Bamako, pour qui l’exemple de Hong Kong n’est pas forcément transposable en Afrique. « Le comportement asiatique n’est pas le comportement africain. Nous avons des réalités différentes, et il faut prendre en compte le facteur humain, estime-t-il. Les hommes ont une histoire et les villes fonctionnent également en fonction de cette histoire. »


>>> À LIRE – Révolution capitale : comment l’Afrique réinvente ses villes


Selon lui, plusieurs questions demeurent : la solvabilité des locataires de cette ville et le niveau de leurs revenus, ainsi que le manque de main d’œuvre qualifiée. « Dans un pays comme le Maroc, où la main d’œuvre commence à se spécialiser, il y a des grandes entreprises comme Renault qui s’installent. Mais cela serait impossible au Mali, par exemple. Autrement dit, en plus d’installer l’usine, il faudrait former la main d’œuvre, ce qui prend du temps », explique l’urbaniste.

L’autre dimension qui a suscité l’indignation en 2009, c’est qu’elle implique le désengagement des États et la perte d’une partie de leur souveraineté. Paul Romer préconise en effet, dans certains cas, une délégation de responsabilité d’un pays à un autre pour prendre en charge une partie des fonctions administratives. Ce qui a fait bondir de nombreux intellectuels et politiques, sur le continent, parlant de « colonialisme volontaire ».

Une idée « colonialiste » et « raciste »

« C’est une idée qui a des relents racistes », estime ainsi Ndongo Samba Sylla, économiste sénégalais et coauteur de L’arme invisible de la Françafrique. Une histoire du franc CFA. À ses yeux, cette idée – courante dans la littérature économique – est sous-tendue par la thèse selon laquelle les Africains seraient incapables de résoudre par eux-mêmes leurs problèmes, et notamment de sortir du sous-développement. Ce qui nécessiterait par conséquent une intervention étrangère pour contribuer à « mettre de l’ordre » sur le continent.

Le colonialisme ne se résume pas à l’exploitation et à la prédation des ressources

Une thèse qui fait bondir l’intellectuel. « Le colonialisme ne se résume pas à l’exploitation et à la prédation des ressources. Dire qu’il faudrait laisser les Occidentaux mettre en place des villes en Afrique pour promouvoir de bonnes institutions et des technologies de pointe, c’est une idée profondément colonialiste. »

Des critiques que Paul Romer balaie d’un revers de main. « Les aspects négatifs du colonialisme, qu’on retrouve en partie dans nos programmes d’aide, ce sont les éléments coercitifs et la condescendance. Ce modèle, quant à lui, est basé sur le choix à la fois des dirigeants et des populations qui vivront dans ces nouvelles zones. »

De plus, il estime que l’administration conjointe de ces villes par plusieurs pays serait une garantie de stabilité institutionnelle pour les investisseurs, l’ensemble des règles définies au moment de la création de la ville risquant moins de changer au fil des remaniements ministériels.

La tentative avortée à Madagascar

En 2008, Paul Romer était parvenu à rallier Marc Ravalomanana à son idée

« J’ai parlé de cette idée à des dirigeants africains, et beaucoup d’entre eux acceptent tout à fait, comme principe de transformation, ce concept de zone spéciale que les gens peuvent choisir de rejoindre. Ils comprennent aussi tout à fait que, sous certaines conditions, ils peuvent ainsi faire des promesses bien plus crédibles à leurs investisseurs sur le long terme. »

En 2008, Paul Romer était parvenu à rallier le Malgache Marc Ravalomanana à son idée. Celui qui était alors président de la République avait même identifié une île sur laquelle tenter l’expérience proposée par l’économiste américain. Mais le projet a fait long feu. La décision de concéder des terres a provoqué un vaste mouvement de protestation qui a forcé Marc Ravalomanana à abandonner, un an plus tard, l’idée de créer cette « ville sous charte » .


>>> À LIRE – Colonies, une nostalgie française


Quant à l’argument avancé par Günter Nooke, qui assure que son projet permettrait de lutter contre l’émigration des jeunes Africains, Ndongo Samba Sylla le conteste vertement. « C’est à la suite des politiques néolibérales d’ajustement structurel et de libéralisation imposées par l’Occident que beaucoup d’Africains n’ont plus aujourd’hui de quoi vivre », assène l’économiste sénégalais. « Ces mêmes populations essaient de se tourner vers l’Europe et vers d’autres destinations, mais il s’agit en réalité d’un flux limité, qui représente seulement 3% des migrations à l’échelle du continent », ajoute-t-il.

Des voix vantant les bienfaits de la colonisation se font régulièrement entendre dans le débat public. En 2017, Bruce Gilley, professeur de sciences politiques à l’université de Portland, publiait ainsi dans le magazine Third World Quarterly un article intitulé « The case for Colonialism ». Pour lui, celle-ci aurait été non seulement « bénéfique » mais aussi « légitime ». L’auteur préconisait notamment que les pays du Nord redeviennent des puissances coloniales, invoquant leur faculté à promouvoir un développement plus rapide de l’Afrique. L’article avait suscité un tollé. Mais un an plus tard, face aux déclaration de Günter Nooke, le silence est d’or.

Côte d’Ivoire : l’empoisonnement présumé de Gaston Ouassénan Koné alimente la psychose

| Par - à Abidjan

Le général à la retraite Gaston Ouassénan Koné, 79 ans, vice-président du PDCI et proche d’Henri Konan Bédié, affirme avoir été victime d’un empoisonnement. Si les circonstances restent encore floues, l'affaire provoque la psychose dans les rangs des opposants.

« Les gens ne veulent pas qu’on le dise, mais j’ai été empoisonné ». Jusque-là, Gaston Ouassénan Koné, et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), dont il est vice-président, entretenait le flou sur le mal dont il a été frappé, qui a nécessité une évacuation sanitaire en France, début octobre.

Obsèques à Korhogo

Mercredi 28 novembre, quelques jours après son retour au pays, l’ex-ministre de la Sécurité de Bédié a affirmé à un groupe de cadres du PDCI qu’il recevait chez lui avoir été victime d’un empoisonnement, sans toutefois donner de précisions quant à la nature du poison. Et moins encore sur les circonstances de l’empoisonnement présumé.

Les faits remonteraient au samedi 22 septembre. Ce jour-là, le général représente son vieil ami Bédié aux obsèques de Ténéna Victor Yéo, ancien maire de Korhogo (Nord), ville natale du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Tout le gotha natif du Nord, du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, mouvance présidentielle) est présent.

Après la levée du corps, qui avait eu lieu la veille sur le parvis de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste-de-Korhogo, une veillée funèbre suivie de l’inhumation et d’une collation ont lieu à Lavononkaha, le village du défunt, situé à 31 km de Korhogo. Ce serait à l’une de ces étapes que Gaston Ouassénan Koné aurait été empoisonné. L’affaire n’a été ébruitée dans la presse qu’en octobre, après des rumeurs persistantes.

Rumeurs et psychoses

Et « l’affaire Ouassénan » n’est pas la seule à avoir alimenté ces rumeurs. Une autre continue de circuler, portant cette fois sur une supposée tentative d’empoisonnement d’Henri Konan Bédié, alors qu’il se trouvait à son domicile de Daoukro (centre). Le coupable désigné serait, en fonction des versions, une familière ou un cuisinier… « Faux ! », dément fermement une proche de l’ancien chef d’État.

Autre leader politique, autre rumeur. Mais confirmée, cette fois : Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale, en rupture de ban avec son parti, le Rassemblement des républicains (RDR d’Alassane Ouattara), se montre de plus en plus prudent en public. « Il ne mange presque plus en dehors de son cadre familial », confie même l’un de ses proches.


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Cette psychose est telle que certains proches d’opposants récemment disparus se mettent à douter. Moïse Lida Kouassi, baron du Front populaire ivoirien (FPI, de Laurent Gbagbo) avait ainsi réclamé une autopsie, après la mort brutale, le 21 octobre 2018, de Marcel Gossio, ex-directeur général du Port autonome d’Abidjan. Un ponte du FPI également proche de Pascal Affi N’Guessan, président du FPI.

Mais il semble que la psychose n’est pas que dans le seul camp de l’opposition. Certains barons du pouvoir ont, eux aussi, limité leurs déjeuners en public. Le vice-président Daniel Kablan Duncan, par exemple, a pris l’habitude lors des assemblées publiques de ne boire que de l’eau stockée dans son véhicule, que lui sert son aide de camp dans son propre verre…

Tandis que la psychose enfle sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes demandent qu’une enquête soit menée pour élucider le présumé empoisonnement de Ouassénan. Le concerné, quant à lui, n’a pas encore dévoilé ses intentions quant-à un éventuel dépôt de plainte.