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Côte d’Ivoire : « cohésion et stabilité », les bons vœux des politiques pour 2019

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Ne pas commettre les mêmes erreurs qu’en 2010. C’est le vœu quasi unanime prononcé en ce début d’année par la classe politique ivoirienne, à un an de la présidentielle de 2020 en Côte d’Ivoire.

De Alassane Ouattara à Henri Konan Bédié, en passant par Simone Gbagbo ou Guillaume Soro, les leaders politiques ivoiriens sont d’accord sur un point : il faut éviter à la Côte d’Ivoire une nouvelle crise post-électorale.


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Comme l’année dernière, c’est le président du PDCI-RDA qui a donné le coup d’envoi du traditionnel et long ballet des vœux de fin d’année et du Nouvel An. Le 28 décembre, dans son « message de vœux à la nation pour l’année 2019 », Henri Konan Bédié a appelé les militants de son parti à s’« engager résolument dans le processus de la réconciliation nationale. »

L’ombre de la crise post-électorale de 2010-2011

Les derniers scrutins municipaux et régionaux ont réveillé les craintes et les peurs. Pour Ouattara Gnonzié, président du Rassemblement pour la paix (RPP) et ancien directeur de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI), « c’est l’une des rares fois en Côte d’Ivoire que des élections locales engendrent des violences de cette nature. »

Au moins cinq personnes ont officiellement trouvé la mort lors de ces scrutins qui ont eu lieu le 13 octobre et repris le 16 décembre dans huit circonscriptions électorales (six communes et deux régions). Dix ans après la crise post-électorale ivoirienne qui avait fait plus de 3 000 morts entre 2010 et 2011, de nombreux politiques préfèrent sonner l’alarme avant qu’il ne soit trop tard.

« Maturité démocratique » et violences électorales

Le président ivoirien s’est félicité « de la maturité démocratique » des électeurs ivoiriens pendant de son discours du 31 décembre. Alassane Ouattara a toutefois déploré « les violences dans certaines localités » lors de ces scrutins, avant de menacer de poursuites les auteurs et les commanditaires de ces actes. « La violence et les troubles à l’ordre public ne sauraient être tolérés » en Côte d’Ivoire, a-t-il averti.


>>> À LIRE – Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara a déjà défini les contours du RHDP


À propos de la « marche inéluctable vers la réconciliation nationale » en Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara a souhaité que « les mutations politiques en cours ne fragilisent pas la cohésion des Ivoiriens ». L’Histoire récente de la Côte d’Ivoire, a tenu à rappeler le président ivoirien, « est hélas un témoignage douloureux des conséquences de ces travers que j’ai toujours dénoncés ».

2019 est une année charnière pour les élections à venir

Appel à la réconciliation

« 2019 est une année charnière pour les élections à venir », a expliqué, de son côté, Simone Gbagbo dans son message à la nation. « C’est pour cela que je réitère mon appel à la réconciliation, au pardon et à la paix », a-t-elle poursuivi dans sa vidéo. Sortie de prison à la faveur d’une amnistie en août 2018, Simone Gbagbo a plaidé également pour le retour au pays de tous les exilés de la crise post-électorale.

Même message d’apaisement pour le président de l’Assemblée nationale. Dans une Côte d’Ivoire « où les clivages politiques semblent aller crescendo et prennent le dessus sur l’intérêt général et le bien-être des populations », Guillaume Soro a prôné « le pardon mutuel pour une réconciliation vraie entre les Ivoiriens et les Ivoiriennes ».

Pour Jean-Louis Billon, ancien ministre du Commerce et secrétaire exécutif du PDCI-RDA chargé de l’Information et de la Communication, « plus que jamais, la Côte d’Ivoire doit être unie » pour « montrer qu’il est possible pour une nation de se relever après des années de déchirements et d’être ensemble derrière un projet ambitieux uni autour de valeurs communes. »


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Outre les différents vœux et les messages d’apaisement, la réforme de la Commission électorale indépendante (CEI) tant souhaitée par l’opposition pourrait faire baisser les tensions dans le pays. Lors de son discours du 31 décembre, Alassane Ouattara a répondu favorablement à cette doléance et annoncé le début des concertations pour ce mois de janvier. Pour Henri Konan Bédié, « l’obtention d’une telle réforme, de façon consensuelle, pourrait garantir en 2020 une élection présidentielle juste, transparente et inclusive ».

Présidentielle au Sénégal: course contre la montre
pour valider les parrainages

Abdou Salam Basse, mandataire de la candidature de Pape Diop, vérifie la validité des nouvelles fiches de parrainages qui vont être envoyées au Conseil constitutionnel afin de remplacer les fiches qui présentent des erreurs ou des doublons.
© RFI/William de Lesseux

Au Sénégal, le Conseil constitutionnel va dévoiler ce 2 janvier le nombre de parrainages validés pour chaque candidat à la présidentielle. Ces chiffres sont déjà connus des candidats depuis le 30 décembre. Les signatures d’électeurs permettent de participer au scrutin du 24 février. Chaque candidat doit en recueillir au minimum 53 000 dans tout le pays. Mais les doublons et les irrégularités entre les fichiers présentés au Conseil mettent plusieurs candidats en difficulté. Ce 2 janvier, il leur reste 48 heures pour corriger ces erreurs.

Abdou Salam Basse coordonne les parrainages du candidat Pape Diop de Bokk Gis Gis (BKK). Des fiches papiers s’entassent sur son bureau. L’homme vérifie avec un ordinateur la validité de chaque parrain. « On sera obligé de voir si le parrain est effectivement électeur », explique-t-il.

Le logiciel du Conseil constitutionnel a rejeté plus de 10 000 de ses parrainages. Il va falloir présenter de nouveaux parrains, condition sine qua non pour que son candidat Pape Diop, très remonté contre cette procédure, participe au scrutin.

« Je ne crois pas qu’on puisse nous donner autant de doublons et autant d’invalidés, estime ce dernier. On a pris le temps, nous, de vérifier électeur par électeur, sur le fichier électoral. Et nous avions les pièces. Nous pouvons contester sérieusement les motifs qu’on nous reproche ».

Une majorité de parrainages rejetés

Certains candidats sont en bien plus mauvaise posture. Comme Boubacar Camara, leader de la coalition Fippu Jengu avec près de 40 000 parrainages rejetés sur 60 000 présentés.

« Nous avons besoin de prouver simplement qu’ils sont sur les listes électorales, et c’est déjà prouvé parce qu’ils sont sur la carte d’électeur qu’on a recopiée, déclare-t-il. Donc on demandera simplement qu’ils les rétablissent. Et s’ils rétablissent les 25 000, plus les 23 000 validés, puis les 10 000, on a nos parrainages. Nous avons toutes les preuves qu’ils n’ont pas le droit de sortir ».

Le Conseil constitutionnel publiera la liste définitive des candidats pouvant participer à l’élection présidentielle au plus tard le 21 janvier.

Présidentielle au Sénégal: le Conseil constitutionnel examine les parrainages

 

Burkina Faso: société civile et autorités
s'accordent contre le terrorisme

Des soldats burkinabè en patrouille dans les rues de Ouagadougou, samedi 3 mars, au lendemain de la double attaque qui a frappé la capitale.
© Ahmed OUOBA / AFP

Au Burkina Faso, le gouvernement demande à la société civile de contribuer à la lutte contre l'insécurité et le terrorisme. Les responsables de la société civile entendent cette demande, mais souhaitent pour le moment limiter leurs actions à la sensibilisation des populations.

Le gouvernement burkinabè a demandé cette semaine, au cours d'une réunion avec plusieurs ONG du pays, une participation plus importante de la société civile dans la lutte contre l’insécurité et le terrorisme.

Pour les organisations de la société civile, la contribution à la lutte contre le terrorisme passe d'abord par une meilleure collaboration avec les forces de défense et sécurité.

« Souvent, on a l’impression que, quand on voit un policier, on voit un danger. Et là, ce n’est pas intéressant. Il faut d’abord établir une collaboration franche entre les forces de sécurité et la population », estime Oumarou Dicko, un responsable de la société civile dans la région du Sahel.

« Faire revenir la paix »

« Tout ce que nous pouvons faire en tant que société civile c’est sensibiliser les populations pour qu’ensemble, nous fassions revenir la paix au Burkina Faso », pense de son côté Issa Tamboura, actif dans la province du Soum (nord).

Tous les participants se disent prêts à travailler de concert avec les autorités pour la lutte contre l'insécurité et le terrorisme. Néanmoins, ils exigent des mesures de protection. « On a la volonté de collaborer, mais tant qu’il n’y a pas la garantie, franchement, c’est compliqué », juge Minata Sawadogo, originaire de l'est du pays, en proie à des attaques depuis quelques mois.

Le ministre de l'Administration du territoire assure que des mesures de protection seront mises en place pour éviter de mettre en danger la vie des collaborateurs

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[Tribune] Présidentielle au Sénégal : quand les médias lisent dans les cauris la date du retour de Karim Wade

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Mehdi Ba est rédacteur en chef du site internet de J.A. Anciennement correspondant à Dakar, il continue de couvrir l'actualité sénégalaise et ouest-africaine (Mauritanie, Gambie, Guinée-Bissau, Mali), et plus ponctuellement le Rwanda et le Burundi.

Il est un autre sport national au Sénégal que la lutte avec frappe : la prédiction compulsive quant à la date du retour à Dakar de Karim Wade, le candidat à la présidentielle du principal parti d’opposition…

Au Sénégal, on n’a pas de sondages politiques mais on a les cauris. Ces petits coquillages, dont la légende prétend qu’ils proviennent des îles Maldives et auraient été importés sur les côtes orientales du continent, avant de se frayer un chemin jusqu’à la presqu’île du Cap Vert, y servent de support à la divination – comme, ailleurs, les tarots ou le marc de café. Pratiqué majoritairement par les femmes, l’art des cauris permet à la voyante, sur la base d’un jet de coquillages semblable à un jet de dés, de prédire l’avenir à son interlocuteur.

Or, s’il est un secret que chacun, à Dakar, aimerait percer – outre les estimations du premier tour de la présidentielle, en l’absence d’enquêtes d’opinion, interdites par la loi – , c’est bien celui-ci : à quelle date Karim Wade remettra-t-il le pied au Sénégal ? Escamoté en pleine nuit de la prison dakaroise de Rebeuss pour gagner le Qatar, en juin 2016, le fils de l’ancien président sénégalais reste mutique depuis deux ans et demi sur cette échéance cruciale, alors même qu’il entend défier dans les urnes, en février, le président Macky Sall.

Prédictions hasardeuses

Adepte du secret et du « off the record », Karim Wade n’a en effet jamais livré, depuis son départ en exil, la moindre indication précise sur la date de son retour. La nature ayant horreur du vide, les quotidiens et sites Internet sénégalais se livrent donc, depuis plus de deux ans, à des prédictions hasardeuses. 

Dernier en date à se jeter à l’eau, le 24 décembre, un quotidien local se montrait catégorique : « Le président de la coalition “Karim Président 2019” est attendu à Dakar mercredi [26 décembre]. Nos sources, qui sont formelles, nous signalent qu’il a quitté la capitale française pour un point de chute tenu pour le moment secret. » 

Le 18 décembre déjà, le même journal livrait à ses lecteurs une « exclu » valant son pesant d’arachides : « Karim Wade a quitté Doha pour Versailles, où il réside au moins depuis vendredi [14 décembre] ». Plus étonnant, poursuivait-il : à Paris, « [Karim Wade] aurait, de source sûre, rencontré le président Macky Sall ce lundi [17 décembre] dans l’après-midi. Même si rien n’a filtré de leur rencontre, il est clair qu’il s’agit de négociations liées à son retour à Dakar… »

Le candidat du PDS, Karim Wade, est attendu, dimanche 15 janvier [2017], à Dakar

Le quotidien cité ici est loin de représenter une exception : à la grande loterie où l’on mise sur la date du retour de Karim Wade, chacun ou presque a eu l’occasion de parier un jour, à ses risques et périls, comme le montre ce florilège.

Dès juillet 2016, un site Internet se référait déjà à « certaines sources dignes de foi qui jurent, la main sur le cœur, que le pape du Sopi [Abdoulaye Wade] pourrait bien devancer Karim Wade à Dakar ». À l’époque, la date est encore floue… Mais en décembre 2016, un site saint-louisien entrevoit l’avenir de manière plus nette, après l’avoir lu lui-même dans les cauris d’une autre publication : « Le candidat du PDS, Karim Wade, est attendu, dimanche 15 janvier [2017], à Dakar. […] La décision du retour de Wade fils a été prise ce dimanche 25 décembre, lors d’un conclave de 48 heures avec l’ancien président Abdoulaye Wade, qui est à Dubaï depuis plus de cinq jours. »

Dernière ligne droite

Pourtant, le 15 janvier suivant, toujours pas de Karim en vue au pays de la Teranga… Qu’à cela ne tienne ! En mars 2017, un autre site web rend compte de la prophétie livrée, dans une célèbre émission radio, par un cador du PDS : « [Karim] m’a dit au téléphone qu’il sera là quand nous arriverons dans la dernière ligne droite des élections législatives [prévues le 30 juillet suivant], et qu’il participera à la campagne. La dernière ligne droite des élections législatives, c’est, pour lui, les trois mois qui précèdent la tenue des élections. »

Alhamdoulilah ! Karim Wade ne saurait tarder, se disent alors ses partisans – et les journalistes. Tous en seront pour leurs frais. En septembre de la même année, un confrère online convoque jusqu’aux mânes d’un ancien ministre d’Abdoulaye Wade, qui lui livre une énième « révélation » : « Karim Wade sera à Dakar en juin 2018 ». L’échéance approcherait-elle ? 

Ses bagages atterrissent… mais pas lui !

La présidentielle, elle, se rapproche à grands pas. Le 8 septembre 2018, le même site se montre à nouveau sûr de son fait : « Le candidat déclaré du PDS, Karim Wade, est attendu en novembre à Dakar. Cette information vient des militants libéraux de la diaspora, qui se disent, cette fois-ci,  »catégoriques » sur son retour. » L’information est détaillée par un autre portail : « Karim Meïssa Wade et son père Gorgui Wade seront à Dakar dans la nuit du dimanche 18 novembre. Ce sera la veille [paradoxalement, pour ces talibés mourides revendiqués] du Gamou de Tivaouane. »

Puisque Karim tarde à rentrer, les oracles improvisés ont alors une idée de génie : à défaut de faire revenir au pays, par incantations interposées, le candidat du PDS, commençons par ses bagages ! Mi-novembre, un quotidien annonce donc en exclusivité qu’un vol de la compagnie Emirates a déchargé à l’Aéroport international Blaise-Diagne (AIBD), à proximité de Dakar, les valises et autres malles d’un Karim Wade qui ne saurait tarder à les y rejoindre. Un convoi qui ne constituerait, selon ces sources, que « le premier lot des bagages lourds du fils de l’ancien Président », lesquels auraient été déposés dans la maison familiale du Point E.

Encore raté ! Novembre tire sa révérence sans que Karim Meïssa Wade montre le bout de son nez. Un nouvel oracle sort alors de son silence pour livrer la date que tout le monde, au Sénégal, attend : « Karim Wade annoncé à Dakar le 11 décembre prochain », titre-t-il.

Moralité : lui seul connaît la date…

La leçon à tirer de cette logorrhée prédictive n’est guère difficile à énoncer. Depuis deux ans et demi, malgré de multiples assurances formulées par le « syndicat des proches – anonymes ou non – de Karim Wade », il semble clair que nul ne connaît la date de son retour au Sénégal, à part lui-même.

D’où cette double prédiction qui évitera à JA, on l’espère, un camouflet brutal début 2019 : Karim Wade reviendra un jour prochain au Sénégal. Et ce jour-là, les médias l’apprendront vraisemblablement après son atterrissage, et non avant.

Économie africaine : les 15 temps forts de l’année 2018

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Conclusions de contrats, mouvements de consommateurs, inaugurations de projets symboliques, expulsions d'entreprises étrangères... Jeune Afrique a sélectionné pour vous 15 informations économiques qui ont marqué l'année 2018.

• 1er janvier : la TVA explose en Tunisie

Avec l’entrée en vigueur de la loi de finances 2018, une majoration de la taxe à la valeur ajoutée (TVA) est appliquée, qui va de 2 à 300 % selon les produits (hydrocarbures, mais aussi énergie, alimentation, immobilier, produits importés…). Des hausses de prix évaluées à 300 dinars (100 euros) par mois et par foyer, qui ne tardent pas à susciter la grogne des consommateurs.


>>> À LIRE : L’augmentation de la TVA provoque un tollé en Tunisie


• 11 janvier : en Angola, João Lourenço démet José Filomeno dos Santos de la tête du fonds souverain

Après sa demi-sœur Isabel, limogée de la présidence de la Sonangol en novembre 2017, la purge anti-dos Santos s’étend à « Zenu ». Soupçonné d’avoir réalisé un transfert de 500 millions de dollars dans le cadre d’un plan qui aurait permis de détourner 1,5 milliard de dollars, le fils de l’ex-président angolais sera mis en examen pour fraude au mois de mars et placé en détention provisoire le 24 septembre.


>>> À LIRE : Angola : comment Lourenço a pris (tout) le pouvoir


• 16 février : l’État gabonais réquisitionne de force une filiale de Veolia

Mettant en avant « la dégradation du service rendu aux usagers » et « les efforts financiers consentis par l’État, non suivis des effets escomptés », le ministère gabonais de l’Eau et de l’Énergie met fin unilatéralement à la convention de concession qui le liait à la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), filiale à 51 % du groupe français Veolia, et réquisitionne installations et employés.

Après une tentative infructueuse de conciliation, Veolia, qui dénonce « des motifs très clairement ridicules », en appelle au Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi), devant lequel une procédure est toujours en cours.


>>> À LIRE : Veolia : Christophe Maquet prend la suite de Patrice Fonlladosa à la direction Afrique


• 22 février : à Djibouti, le gouvernement expulse DP World du port de Doraleh

Alors que les deux parties sont en conflit ouvert depuis 2015, les autorités djiboutiennes ont tranché dans le vif en expulsant manu militari l’opérateur portuaire dubaïote du terminal à conteneurs de Doraleh, que ce dernier gérait depuis la signature en 2006 d’un contrat de concession de trente ans. Le gouvernement, agissant en vertu d’une loi d’octobre 2017 sur la protection de la souveraineté nationale, a depuis annoncé la nationalisation des parts appartenant à la société portuaire de Djibouti (66 %) dans la coentreprise Doraleh Container Terminal (DCT).

La bataille continue de faire rage entre les deux acteurs, tant devant les tribunaux que dans les médias et sur la scène diplomatique.


>>> À LIRE : DP World/Djibouti : Washington choisit son camp


• 7 mars : Saham Group cède son pôle assurances au sud-africain Sanlam

Présent depuis trois ans au tour de table de Saham Finances, le sud-africain Sanlam annonce l’augmentation de sa participation au capital de la filiale du groupe de Moulay Hafid Elalamy pour passer de 46,6 % à 100 %, aux termes d’un accord conclu la veille. Un deal à 1,05 milliard de dollars qui mettra encore plusieurs mois à être finalisé, le closing étant intervenu le 10 octobre dernier, après l’approbation des différentes autorités de régulation.


>>> À LIRE : Finance : Saham change de visage


• 11 mars : en RDC, Joseph Kabila promulgue le nouveau code minier

Pour les miniers internationaux opérant en RDC (Glencore, Randgold, AngloGold, China Molybdenum, CDM…), la pilule a du mal à passer : le nouveau code minier congolais prévoit l’instauration de nouvelles taxes et supprime la clause de stabilité à dix ans qui leur était jusque-là accordée. Dans la foulée, Albert Yuma, le patron de la Gécamines, l’opérateur national incontournable pour l’exploitation des minerais stratégiques – cuivre et cobalt – annonce son intention de négocier l’ensemble des contrats de partenariats liant la société nationale aux opérateurs étrangers – il passera aux actes un mois plus tard.


>>> À LIRE : Mines en RDC : les dessous du coup de force


• 20 avril : démarrage d’un boycott inédit au Maroc

Quelques hashtags et un appel qui tourne en boucle sur les réseaux sociaux, sans que l’origine en soit pleinement identifiée. En quelques jours, trois marques sont au centre d’un mouvement de boycott d’une ampleur sans précédent au Maroc : Centrale laitière, filiale du géant français Danone ; l’eau Sidi Ali, des Eaux minérales d’Oulmès (filiale de Holmarcom), dirigées par l’ancienne patronne des patrons, Miriem Bensalah ; et Afriquia, leader des stations-service, dont l’actionnaire principal n’est autre que Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture et président du Rassemblement national des indépendants (RNI). Le mouvement ne s’essoufflera pas avant plusieurs mois, provoquant des chutes vertigineuses dans les résultats de ces groupes.


>>> À LIRE : Consommation : ces hashtags qui font trembler les multinationales


• 25 avril : Vincent Bolloré mis en examen pour des soupçons de corruption à Conakry et à Lomé

« Corruption d’agents étrangers dépositaires de l’autorité publique », « abus de biens sociaux » et « faux et usage de faux » sont les trois qualifications retenues par la justice française pour expliquer la mise en examen de l’homme d’affaires français et de deux de ses collaborateurs, le directeur général du groupe Bolloré, Gilles Alix, et le responsable du pôle international de Havas, Jean-Philippe Dorent. Le 12 décembre, le holding sera à son tour mis en examen.

La procédure, encore en cours, doit déterminer si le groupe français a utilisé les activités de conseil politique de sa filiale de publicité Havas pour se voir attribuer la gestion des ports de Lomé, au Togo, et de Conakry, en Guinée, via une autre de ses filiales, Bolloré Africa Logistics, anciennement appelée SDV.


>>> À LIRE : Affaire Bolloré : « La procédure pourrait durer dix ans »


• 27 avril : le rachat de Tigo Sénégal par Xavier Niel, Yerim Sow et Hassanein Hiridjee est finalisé

Le feuilleton de la cession de la filiale sénégalaise de Millicom aura duré plus d’un an : en février 2017, c’est le groupe sénégalais de transfert d’argent Wari qui est annoncé comme repreneur de la marque Tigo. Mais le groupe luxembourgeois fera machine arrière le 31 juillet suivant, arguant que les financements requis n’avaient pas été apportés dans les temps.

Dans la foulée, Millicom présente le nouvel acquéreur, un consortium formé de Teylium Telecom (contrôlé par le sénégalais Yerim Sow), NJJ (holding de Xavier Niel) et Sofima (véhicule d’investissement en télécommunications géré par le Groupe Axian, de la famille Hiridjee). S’ensuit une bataille en règle entre les trois entités, à coups de communiqués aussi bien que devant les tribunaux d’arbitrage.

Le 16 avril 2018, un décret signé par Macky Sall, approuvant la vente, est finalement publié au Journal officiel, ouvrant la voie à la finalisation de la transaction.


>>> À LIRE : Reprise de Tigo Sénégal : les nouveaux propriétaires annoncent 107 millions d’euros d’investissements


• 2 mai : le Sénégalais Alioune Ndiaye prend ses fonctions de directeur Afrique/Moyen-Orient chez Orange

C’est la première fois que l’opérateur français confie la direction de ses filiales africaines à un Africain, en l’occurrence Alioune Ndiaye, 58 ans, ex-directeur général de Sonatel au Sénégal. Ce dernier, qui remplace à ce poste Bruno Mettling, gère désormais 20 filiales sur le continent et au Moyen-Orient, soit 120 millions de clients pour un chiffre d’affaires cumulé de plus de 5 milliards d’euros.


>>> À LIRE : Orange – Alioune Ndiaye : « Les Gafa doivent contribuer aux recettes des États »


• 18 juillet : en Côte d’Ivoire, le tribunal de Sassandra prononce la liquidation de Saf Cacao

La Société Amer et frères (Saf Cacao), fondée en 2004 par trois entrepreneurs ivoiro-libanais, Ali Lakiss, Adnan Amer et Ahmed Amer, n’a pas pu se relever de la chute de son principal client, Transmar, aux États-Unis, ni des défauts de contrats qu’elle a subis sur deux campagnes successives. L’entreprise laisse une ardoise de 150 milliards de F CFA (229 millions d’euros), bien plus que la valeur de ses actifs – estimés à 60 milliards de F CFA. Un coup dur pour ses partenaires bancaires.


>>> À LIRE : Côte d’Ivoire : Prime Group, le mystérieux repreneur potentiel de Saf Cacao, n’a pas payé


• 3-4 septembre : 53 dirigeants africains au Sommet Chine-Afrique à Pékin

Presque tous les pays – à l’exception du Swaziland – étaient représentés lors du 7e Forum sur la coopération sino-africaine. L’objectif de ces délégations, le plus souvent de très haut niveau (chefs d’État et de gouvernement) : renégocier les conditions de financement des projets en cours et décrocher de nouveaux crédits alors que le président chinois, Xi Jinping, avait annoncé 60 milliards de dollars pour le développement de l’Afrique, dont 15 milliards sous forme de dons et de prêts sans intérêts.


>>> À LIRE : Forum sino-africain : derrière les annonces, une Chine plus sélective


• 15 novembre : Al Boraq, le TGV marocain, est inauguré

Premiers passagers de la ligne à grande vitesse qui relie désormais Tanger à Casablanca,  Mohammed VI et Emmanuel Macron ont pris place à bord des rames conçues par le français Alstom et assemblées au Maroc. Grâce au TGV, l’ONCF divise par deux le temps de trajet entre les deux villes, notamment grâce à des pointes à 320 km/h entre Tanger et Kenitra. Ce projet, initialement attendu pour décembre 2015, aura coûté 23 milliards de dirhams (près de 2 milliards d’euros), soit 15 % de plus que le budget initial.


>>> À LIRE : Le Maroc paie son TGV au prix fort


• 26 novembre : en Algérie, un méga-projet à 6 milliards de dollars pour la production de phosphate

Les entreprises publiques algériennes Sonatrach et Asmidal s’associent au conglomérat chinois Citic pour faire passer le niveau de production nationale de phosphate de 1 à 10 millions de tonnes par an. Le projet, qui sera installé dans la région de Tébessa (Est), comprendra à la fois des installations minières et un complexe industriel, pour une production locale d’engrais phosphatés, d’ammoniaque et de silicium. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui a assisté à la signature du contrat entre les trois opérateurs, a estimé que ce projet rapporterait « près de 2 milliards de dollars par an » après sa mise en production, prévue pour 2022.


>>> À LIRE : Algérie : Ould Kaddour, de la prison à la tête de Sonatrach


• 24 décembre : MTN et le Nigeria règlent leur différend

Le 29 août, la Banque centrale du Nigeria a provoqué un choc en ordonnant à MTN de rapatrier 8,13 milliards de dollars que l’opérateur aurait « illégalement » sortis du pays. Quelques jours plus tard, c’est un redressement fiscal de 2 milliards d’euros qui lui est adressé, au titre de taxes impayées – ce que l’opérateur a aussitôt contesté.


>>> À LIRE : Télécoms : opérateurs contre États, une escalade inquiétante


Si la Banque centrale et le groupe de communications ont fini, à la veille de Noël, par trouver un arrangement (moyennant le versement par MTN de 53 millions de dollars de pénalités), la résolution du conflit fiscal devant la Cour suprême du Nigeria a été renvoyée au 7 février. Affaire à suivre…