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Côte d’Ivoire : la machine Hamed Bakayoko

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envoyée spéciale à Abidjan

Tout juste élu maire d'Abobo, le ministre de la Défense est l'un des hommes les plus puissants du gouvernement. Il se défend d'une quelconque ambition, mais apparaît comme un prétendant sérieux pour 2020.

Ce jour-là, Hamed Bakayoko a quelque chose d’un gargantua. Le squelette du poisson craque sous ses dents, il recrache les arêtes pendant que ses doigts dépiautent la viande puis, entre deux bouchées, plonge sa fourchette dans une assiette de riz. Le colosse a de l’appétit. Autour de la table, il n’y a que des très proches, mais l’agitation de l’extérieur se fait entendre. La foule est prête à attendre des heures pour l’apercevoir. Elle espère un billet, une casquette, un tee-shirt. L’écho des voix traverse les murs : « Hamed, Abobo est pour toi ! »

Depuis quelques semaines, Hamed Bakayoko a délaissé sa grande et chic villa de la Riviera (à Abidjan) pour installer son fief ici, dans ces rues sablonneuses. Ce 6 octobre, il est en pleine campagne et doit s’assurer une large victoire une semaine plus tard. Le matin, il disputait un match de football ; l’après-midi, un nouveau meeting l’attend, puis il doit aller soutenir un autre candidat. « À quoi carburez-vous ? » Il ne répond pas.

Électriser la foule

Le ministre de la Défense veut devenir maire d’Abobo. Cette commune pauvre de plus de 1 million d’habitants est l’une des plus peuplées du pays et, surtout, elle représente le plus important bastion du parti au pouvoir à Abidjan. Quelques jours plus tôt, le lancement officiel de sa campagne a été grandiose. La place était pleine à craquer. D’Amadou Gon Coulibaly, le Premier ministre, à Henriette Diabaté, la présidente du Rassemblement des républicains (RDR), et à Masséré Touré, la directrice de la communication et nièce du chef de l’État, tous les pontes du régime étaient là.

Les rois de la musique ivoirienne faisaient l’animation, et le candidat a assuré le show : « Les gens disent : “Il est parachuté !” Oui, mais ça n’est pas n’importe quel parachutage. C’est un commando parachutiste des forces spéciales d’Alassane Ouattara ! » hurle-t-il avant de se mettre au garde-à-vous. Le patron des militaires aux ordres de la population, c’est le gimmick de sa campagne – et ça marche : l’homme sait électriser la foule. « Le rassemblement avait des allures de meeting présidentiel », souffle un journaliste.

ISSOUF SANOGO/AFP

Depuis des jours, des sommes impressionnantes sont déversées dans la commune. Ses opposants estiment qu’au total plus de 5 milliards de F CFA (7,6 millions d’euros) ont été dépensés par le candidat – « des estimations extravagantes », balaie-t-on dans l’équipe de Hamed Bakayoko, sans toutefois vouloir dévoiler le budget de cette campagne hors normes. Une chose est sûre : Hambak, comme il est surnommé, ne compte pas. Il donne 5 millions à cette commerçante, qui s’écroule d’émotion, 30 millions à d’autres, offre des 4X4 aux forces de police… Ses adversaires ne peuvent rivaliser. « Nous espérons au moins 60 % des voix », dit un membre de son équipe de campagne. Finalement, il obtiendra un peu moins, 58,99 %, loin devant son principal adversaire, Tehfour Koné et ses 20,83 %.

Quand il y a péril en la demeure, Hamed est souvent l’ultime recours », estime un autre cadre du RDR

La partie n’était pourtant pas gagnée d’avance. Des rumeurs laissaient entendre depuis plusieurs mois que Guillaume Soro, l’ancien chef de la rébellion des Forces nouvelles (FN), avec lequel les relations sont électriques, envisageait de se présenter. Les proches de Soro ont finalement soutenu Tehfour Koné, un enfant d’Abobo qui, depuis plusieurs années, arpentait le terrain avec détermination.

Dans sa quête, le candidat indépendant pouvait capitaliser sur la désaffection des électeurs traditionnels du RDR. À Abobo comme ailleurs, la déception s’est fait entendre. Alors même que la commune était contrôlée par deux caciques du parti, sa gestion était ouvertement critiquée au sein de la formation. « Adama Toungara [le maire sortant et médiateur de la République] et Kandia Camara [députée de la commune et secrétaire générale du RDR] passaient plus de temps à essayer de se neutraliser qu’à changer les choses », regrette un cadre du parti.

Face au risque de désaffection encouru par le RDR, Alassane Ouattara a décidé de lancer son poids lourd dans la bataille. « Quand il y a péril en la demeure, Hamed est souvent l’ultime recours », estime un autre cadre du RDR. « Le président l’a appelé pour lui dire : “J’ai réfléchi, il faut que ce soit toi.” Mais Hamed ne se sentait pas vraiment convaincu », raconte l’un de ses proches.


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« Petit Pasqua »

Le ministre a hésité. Cela ne lui ressemble pas, il a une réputation de fonceur. « Ce n’est pas un intellectuel, il y va tête baissée. Il n’a peur de rien, c’est sa force », estime un homme qui le connaît bien. Au lendemain de la crise, en 2011, alors que le pays est loin d’être stable, le golden boy, plus réputé pour ses déhanchés et son art de la communication que pour sa maîtrise du milieu sécuritaire, est nommé ministre de l’Intérieur. Six ans plus tard, après deux séries de mutineries qui ont sérieusement ébranlé le régime, le président confie le portefeuille de la Défense à son « petit Pasqua ». Seul ministre d’État, il est aujourd’hui l’un des hommes les plus puissants du pays.

Ce fidèle est chargé de reprendre en main l’armée. Du haut de son mètre quatre-vingt-neuf, fort d’années de pratique des arts martiaux, le voilà face aux turbulents militaires, un jour en treillis, l’autre en survêtement pour jogger avec eux. Il écoute les revendications et le malaise. « Certaines casernes sont tellement dégradées… On a démarré des travaux. Des cantines étaient si mauvaises que les soldats devaient sortir pour manger. J’ai décidé de changer tout ça », explique-t-il.

Comme lorsque, ministre de l’Intérieur, il a piloté le Centre de coordination des opérations décisionnelles (CCDO), il s’assure la loyauté de certains hommes en leur octroyant des privilèges, remodèle les forces spéciales… Il s’appuie aussi sur ses vieilles amitiés, notamment avec Issiaka Ouattara – dit Wattao –, l’ancien comzone devenu patron de la Garde républicaine, avec lequel Hambak partage notamment le goût de la fête.


ISSOUF SANOGO/AFP

Pour l’instant, la méthode Bakayoko paye. Cela dit, il s’agit pour beaucoup de communication. Les problèmes de fond perdurent,  estime l’universitaire Arthur Banga

Depuis son arrivée à la Défense, il y a bien eu ce pic de tension à Bouaké, en janvier, mais globalement la situation s’est apaisée. « Pour l’instant, la méthode Bakayoko paye, estime l’universitaire Arthur Banga. Cela dit, il s’agit pour beaucoup de communication. Les problèmes de fond perdurent. » Un autre spécialiste de l’armée se fait plus sévère : « Il faut des réformes structurelles et un vrai connaisseur. Hamed Bakayoko à la Défense, c’est le symbole de la faiblesse d’Alassane Ouattara dans ce domaine. »

Mais, d’après l’entourage du président, Hamed Bakayoko était le seul à même de faire face à Guillaume Soro, cet allié soupçonné d’être derrière les déstabilisations du pays. À 53 ans, il sait parler aux jeunes et aux habitants des quartiers populaires. « Comme vous, j’ai dormi sur une natte, et c’est moi qu’on envoyait au marché. Nous avons la même histoire et nous pouvons avoir le même destin », scande le natif d’Adjamé, un autre quartier populaire d’Abidjan, devant les Abobolais. L’ancien patron de la radio Nostalgie n’hésite pas à débarquer au milieu de la nuit à l’Internat, le temple populaire du zouglou.

« Il est proche du peuple, il partage ses goûts, fréquente parfois les mêmes lieux. Ce n’est pas un politique en costume et cravate », résume Salif Traoré, alias A’Salfo, le leader du groupe Magic System. Un jour avec Karim Keïta, le fils du président malien venu le soutenir, le lendemain avec la star congolaise Koffi Olomidé ; un matin casquette sur la tête en meeting, l’après-midi en costume à Conakry… Hamed Bakayoko est un caméléon.


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Imposant et bagarreur

Depuis trente ans, il marche au culot. Ally Coulibaly, aujourd’hui ministre et alors directeur de la Radiodiffusion-télévision ivoirienne (RTI), se souvient de ce jeune qui faisait le pied de grue devant ses locaux. « C’était en 1990, on tournait le film de campagne pour la réélection de Félix Houphouët-Boigny. Plusieurs jours, je l’ai vu devant notre siège. Il soutenait le président et voulait témoigner. J’ai fini par lui dire d’entrer. Devant les caméras, il a été percutant. »

Alassane Ouattara se rappelle cette interview lorsque, l’année suivante, Hamed Bakayoko se présente, sans invitation, à son mariage avec Dominique Nouvian. L’effronté vient alors de créer un journal, Le Patriote, et souhaite couvrir l’événement. « C’est leur premier vrai contact », se remémore Ally Coulibaly. Aujourd’hui, Hamed Bakayoko est l’une des personnes les plus proches du couple présidentiel. Lui qui a perdu sa mère lorsqu’il était enfant dit de la première dame qu’elle est sa « deuxième maman ».

À l’époque, s’il n’évolue pas encore dans les plus hautes sphères politiques, l’imposant et bagarreur Hamed est déjà une figure des campus. Après s’être éveillé à la politique dans le Burkina Faso de Thomas Sankara, où, en 1984, il est parti suivre des études de médecine, il rentre à Abidjan et devient le patron de la Jeunesse estudiantine et scolaire du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (JESPDCI). Alors que, pendant ces années-là, l’ambiance est chaude dans les universités, très politisées, il est chargé d’infiltrer la puissante Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci). « C’était lui qui payait et entretenait les loubards chargés d’aller casser les membres de la Fesci, affirme l’un des dirigeants du syndicat. C’était un bon petit. Il mouillait le maillot, donnait de sa personne. »

Partisan de la négociation

Déjà, Hamed est un homme de mission. Intuitif, il a le contact facile et des connaissances dans tous les milieux. Durant la rébellion, alors que les relations sont tendues entre Amadou Gon Coulibaly et Guillaume Soro, il est l’un des messagers du RDR auprès des FN. Ces dernières années, c’est lui qui devait « gérer » Pascal Affi N’Guessan.

En se rapprochant du leader du Front populaire ivoirien (FPI), il est parvenu à diviser l’opposition. Ces derniers mois, il discutait ardemment avec la frange la plus dure des pro-Gbagbo, notamment avant l’annonce de l’amnistie accordée à 800 prisonniers politiques. Il est désormais en première ligne dans les négociations avec le PDCI depuis qu’Henri Konan Bédié a décidé de mettre fin à son alliance avec le RDR. « Ce n’est que passager, ça va s’arranger », assure Hamed Bakayoko, partisan de la négociation avec les anciens alliés.

« Il est peu à peu devenu indispensable », estime un cadre du RDR. Même Amadou Gon Coulibaly, l’une des rares personnes pouvant prétendre être plus proche que lui du président, n’a pas eu gain de cause quand il a souhaité le sortir du gouvernement, en janvier 2017. Le Premier ministre voyait-il en lui un rival pour la présidentielle de 2020 ? Hamback refuse d’évoquer ses ambitions.

« Je ferai ce qu’Alassane Ouattara me dira de faire », répond-il. « Il vit le moment présent, l’avenir ne le préoccupe pas, assure sa femme, Yolande. Parfois, lorsqu’il y a un problème et que je ne parviens pas à m’endormir, je me tourne et me retourne dans le lit. Lui, il dort comme un bébé. » À quoi rêve-t-il ? Un ministre s’avance : « Mettons-nous à sa place, quand la vie vous sourit ainsi, vous pensez que tout devient possible ! »


Des amitiés par-delà les frontières

Régulièrement envoyé spécial d’Alassane Ouattara, Hamed Bakayoko a été à la manœuvre en 2017 lors de la médiation au Togo, où il entretient de très bons rapports avec Faure Gnassingbé. Proche du Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, il l’avait fortement soutenu lors de sa campagne présidentielle, en 2015.

On le voit aussi régulièrement avec Karim Keïta, le fils du dirigeant malien Ibrahim Boubacar Keïta, ou en compagnie du souverain marocain Mohammed VI. Enfin, il est proche d’Ali Bongo Ondimba – à l’époque, c’est Maixent Accrombessi, qui était le directeur de cabinet du président gabonais, qui avait fait le lien.

Togo – Komi Sélom Klassou : « Les lois ne doivent pas se dresser contre des personnes »

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Le chef du gouvernement Komi Sélom Klasso se dit déterminé à garantir le bon déroulement du scrutin législatif et à poursuivre l’application de sa feuille de route

Jeune afrique : Après la fin des manifestations de l’opposition, faut-il considérer que les turbulences politiques sont terminées ?

Komi Sélom Klassou : Nous avons connu une situation difficile pendant plusieurs mois, mais les choses sont aujourd’hui revenues à la normale. L’opposition a estimé nécessaires certaines réformes, mais le gouvernement veut également réformer la Constitution. En 2014, les discussions ont porté sur l’article 60 – sur le mode de scrutin – et sur l’article 59 – qui concerne la limitation du nombre de mandats. Le parti Unir [Union pour la république], du président Faure Gnassingbé, s’est alors montré favorable à cette dernière mesure. Mais nous étions opposés à toute notion de rétroactivité, contrairement à l’opposition, car nous voulions que le pays reste stable. Évitons les lois qui se dressent contre des personnes. Élaborons des lois impersonnelles.

L’opposition a refusé d’apporter sa voix sur le projet de loi du gouvernement. C’est un déni de démocratie de sa part.

Est-il encore possible de vous entendre avant les échéances électorales fixées par la Cedeao ?

Nous y travaillons. Le 5 septembre, le gouvernement a adopté en Conseil des ministres un projet de révision constitutionnelle qui porte sur la limitation des mandats, à savoir un quinquennat renouvelable une seule fois. Et le mode de scrutin passerait de un à deux tours.

L’opposition estime que le parti au pouvoir avait rejeté le projet de loi du gouvernement…

L’opposition savait bien que l’Unir seule ne disposait pas d’un nombre suffisant de députés pour régler ce problème. Elle a refusé d’apporter sa voix pour le faire. C’est un déni de démocratie de sa part.

Des élections législatives sont prévues le 20 décembre, et la présidentielle doit se dérouler en 2020. Le calendrier peut-il être tenu ?

Nous sommes en période de recensement électoral. Cela veut dire que nous souhaitons créer les conditions pour des élections transparentes, équitables et démocratiques. Le président a pris l’engagement de faire du Togo un pays de paix. Depuis un an, nous nous sommes donc inscrits dans une dynamique de dialogue, pour faire comprendre à tous que nous souhaitons la stabilité.


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La paix sociale étant revenue, l’économie est-elle repartie ?

Nous venons de voter un budget 2019 de 1 457,8 milliards de F CFA (2,2 milliards d’euros) en 2019, contre 1 307,6 milliards en 2018. Soit une augmentation de 10 %. Mais nous n’avons pas encore mis en œuvre certains projets qui doivent booster l’économie, comme les agropoles, que nous lancerons bientôt avec le soutien de la BAD et qui permettront, je l’espère, d’engranger beaucoup de ressources supplémentaires.

Ces signes de relance vous rendent donc optimiste ?

Depuis plusieurs années, le taux de croissance est en moyenne de 5 % et plus. En 2013, il a atteint 5,9 %. Et notre ambition est d’atteindre 7,6 % d’ici à 2022. La situation sociopolitique que nous avons connue depuis le 19 août 2017 [affrontements meurtriers entre manifestants et forces de l’ordre] a affecté négativement cette dynamique. Et notre progression, au titre de l’année 2018, a connu une petite stagnation, avec un taux de croissance de 4,9 %.

Concernant la loi de finances 2019, adoptée en Conseil des ministres et dont l’étude commencera ce 11 octobre à l’Assemblée nationale, nous avons tablé sur un taux de 5,1 %. C’est un taux « stressé », c’est-à-dire une hypothèse très prudente que nous devrions dépasser.

Sur quels autres piliers comptez-vous pour porter cette croissance ?

Nous avons présenté notre Plan national de développement (PND) en juillet et il a été approuvé par la communauté internationale. Il comporte 19 objectifs de développement durable, déclinés en 169 cibles. Nous sommes parvenus à synthétiser, selon trois axes principaux, les opportunités qui s’offrent au pays mais également les défis auxquels il est confronté.

Edmond D’Almeida pour JA

Nous occupons une position médiane et stratégique dans la sous-région ouest-africaine qui fait de notre port en eau profonde un débouché incontournable,

Quelles sont ces opportunités ?

Il est d’abord question de faire du Togo un hub logistique d’excellence et un centre d’affaires de premier ordre dans la région. Nous occupons une position médiane et stratégique dans la sous-région ouest-africaine qui fait de notre port en eau profonde un débouché incontournable, d’autant qu’il a bénéficié ces dix dernières années d’une modernisation accrue.

Le port de Lomé est le seul de la sous-région à pouvoir accueillir des navires de troisième génération et est donc susceptible de tenir le rôle de port de transbordement. Nous comptons également profiter de notre bonne position dans le domaine aérien, grâce à l’ouverture d’une nouvelle aéroare à Lomé pour la compagnie Asky, qui dessert les capitales de la sous-région et au-delà.

En 2017, le taux d’endettement avait atteint un nivegau anormal. Nous avons réussi à le réduire de 10 %, à près de 72 %

Quelle est la situation de la dette ?

La relance est due aux importantes réformes engagées pour rétablir la stabilité du cadre macroéconomique et l’assainissement des finances publiques. En 2017, le taux d’endettement avait atteint un niveau anormal. Nous avons réussi à le réduire de 10 %, à près de 72 %, et comptons tout mettre en oeuvre pour que cela ne se reproduise plus.

Où en est la restructuration du secteur agricole ?

L’agriculture ne bénéficie de l’accompagnement des banques qu’à hauteur de 0,3 %, alors qu’elle participe de près de 40 % au PIB. À la fin de juin, le chef de l’État a lancé le Mifa, un mécanisme incitatif de financement agricole pour mutualiser les risques de l’emprunt. Cela permet aux petits exploitants agricoles de trouver leurs financements auprès des banques. Avec le Mifa, nous souhaitons atteindre 5 % de taux de croissance, ce qui porterait à 50 % la contribution de l’agriculture dans la formation du PIB.

Mais le vrai changement consiste à mettre l’accent sur la transformation, pour mieux valoriser nos produits et ainsi pallier le déséquilibre de notre balance commerciale. Parler de transformation, c’est aussi parler de création de chaîne de valeur et donc de création d’emplois et de richesses pour le pays.


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Dans le cadre du PNB, nous souhaitons parvenir à un taux d’électrification de 100 % d’ici à 2030, contre 37 % actuellement

Ce plan de développement doit donc sortir le pays de la pauvreté ?

La création de richesses doit permettre de mieux mettre en place les mécanismes d’inclusion sociale et ainsi de lutter contre la pauvreté. Il faut affecter plus de moyens à l’éducation et à la formation, à la santé, aux infrastructures… tout ce qui doit permettre à la population d’avoir accès aux services de base. C’est grâce à ce plan que nous atteindrons nos objectifs de croissance.

Quid de la question du déficit énergétique ? Dans le cadre du PNB, nous souhaitons parvenir à un taux d’électrification de 100 % d’ici à 2030, contre 37 % actuellement. Nous prévoyons d’atteindre un taux de 50 % d’ici à 2020, puis de le porter à 75 % en 2025, avant donc d’arriver à 100 % d’ici à 2030.

Comptez-vous développer les énergies renouvelables ?

Une cartographie a été réalisée pour lister nos possibilités en la matière. Nous mettrons en place près de 351 mini-centrales solaires et nous voulons fournir des kits à chaque ménage. Cela a commencé avec le projet Cizo [« allumer » en langue guin]. En moins de six mois, près de 52 000 foyers ont eu accès à l’électricité, notamment dans les zones rurales.

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Côte d’Ivoire : Prime Group, le mystérieux repreneur potentiel de Saf Cacao, n’a pas payé

| Par Jeune Afrique

Prime Group, le fonds d'investissements retenu par le liquidateur pour reprendre les actifs de Saf Cacao, n'a pas versé les 40 milliards de francs CFA nécessaires pour finaliser la transaction.

Après la liquidation de Saf Cacao, le géant ivoirien du négoce d’or brun, prononcée le 18 juillet dernier, le cabinet Fideca, chargé du dossier, a choisi l’offre de reprise de Prime Group, un mystérieux fonds d’investissements à capitaux marocains, basé à Hong Kong, avec des filiales en Malaisie, aux Émirats arabes unis, au Sénégal et en Côte d’Ivoire (depuis avril 2018).

Deux options : prolonger les délais ou reprendre le processus à zéro

Pour valider cette offre de 40 milliards de francs CFA (61 millions d’euros) de fonds de roulement et 130 milliards de FCFA au titre de la dette bancaire à payer à partir de fin 2019, le repreneur avait jusqu’au 19 octobre pour verser les 40 milliards de F CFA de fonds de roulement proposés.

Or, selon l’agence Bloomberg, il n’en a rien été : non seulement aucun paiement n’avait été effectué à cette date, mais aucun n’a suivi après les délais supplémentaires qui ont été accordés à Prime Group, affirme l’agence de presse, qui cite des sources anonymes mais « proches du dossier ».


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Reste donc au cabinet Fideca à décider s’il accorde un nouveau délai au fonds d’investissement, ou s’il cherche de nouveaux repreneurs. Outre l’offre de Prime Group, le cabinet n’avait eu, selon les informations de Jeune Afrique, qu’une seule autre proposition écrite : celle d’Idex, une société proche des anciens dirigeants de Saf Cacao, portant sur un montant de 20 milliards de F CFA de fonds de roulement et de 190 milliards de FCFA pour la dette bancaire sur dix ans. Alain Guillemain, le dirigeant de Fideca, ne s’est pas exprimé.

Telecel rebat les cartes du mobile en Afrique de l’Ouest

Réservé aux abonnés | | Par - à Ouagadougou

Après avoir réalisé cette année une percée au Mali, la filiale du groupe burkinabè Planor Afrique, également présente en Côte d’Ivoire, vise la place de leader dans une région dominée par des acteurs étrangers

Lancée en février sous la marque Telecel Mali, la société Alpha Télécom­munication (Atel) affirme avoir bouclé la première phase de déploiement de son réseau. Ce qui permet à l’opérateur, filiale du groupe burkinabè Planor Afrique, fondé par l’entrepreneur burkinabè Apollinaire Compaoré, 65 ans, aujourd’hui actif dans les assurances, la banque, l’hôtellerie et la distribution, de couvrir les villes de Bamako, Kati, Koulikoro, Ségou, Sikasso, Koutiala et Kayes.

« Nous déployons un réseau “full IP” en 3G+ sur tous nos sites, que ce soit à Bamako ou à l’intérieur du pays, qui permet à nos abonnés où qu’ils soient d’accéder à l’internet haut débit mobile. De plus, notre réseau métropolitain en boucle et la mise en place de liaisons internationales redondantes par fibre optique, via le Sénégal et la Côte d’Ivoire, et par satellite offrent également la meilleure disponibilité dans les zones couvertes », confie Souleymane Diallo, patron de Telecel Mali.

Les appels nationaux à 1 F CFA par seconde

Plus de quatre ans après avoir obtenu la concession, le groupe d’Apollinaire Compaoré affiche ainsi ses ambitions régionales. Outre Atel Mali, le groupe Planor contrôle également Telecel Faso, numéro trois au Burkina avec une part de 19 % du parc d’abonnés – environ 12, 5 millions – et qui détient 26 % de l’opérateur MTN Côte d’Ivoire. « Au moyen de ces investissements, le groupe Planor entend devenir leader de la téléphonie mobile en Afrique de l’Ouest en offrant à ses clients le meilleur service dans leurs vies personnelle et professionnelle », affirme l’entrepreneur burkinabè.

Au Mali, Planor a investi plus de 100 milliards de F CFA (152,5 millions d’euros) pour le déploiement des opérations d’Atel. Parmi ses financiers figure la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), qui a finalement porté son enveloppe à 11 milliards de F CFA le 13 décembre 2017 (contre les 10 milliards prévus en 2015) pour l’acquisition des équipements auprès du chinois Huawei. Au total, un pool bancaire constitué de sept établissements a appuyé le projet, dont la Banque sahélo-­saharienne pour l’investissement et le commerce (BSCI) Mali (58 milliards) ou encore la Banque d’investissement et de développement de la Cedeao (7,5 milliards).


>>> À LIRE – Planor Afrique : Apollinaire Compaoré, l’opiniâtre


Le nouvel opérateur entend surfer sur l’évolution récente du marché malien du mobile. Depuis 2012, le taux de pénétration du mobile a littéralement explosé, passant de 73 % à 142 % en 2016, avec environ 23 millions d’abonnés pour une population estimée à environ 16 millions d’habitants. Grâce à une politique des prix cassés, à 1 F CFA par seconde pour les appels nationaux au Mali et à partir de 1,50 F CFA à l’international, conjuguée au succès des forfaits internet à partir de 100 F CFA pour un mois, l’opérateur indique avoir réalisé une percée sur le marché malien avec déjà près de 700 000 clients connectés, et plus de 20 000 points de vente actifs. Avec ses solutions de mobile banking et de voix, l’opérateur burkinabè estime avoir une carte à jouer, notamment auprès des jeunes, grâce à la qualité de son réseau. « Nous allons développer nos deux marchés. Pour cela, nos investissements se poursuivent », a déclaré Apollinaire Compaoré.

Masse critique

« L’arrivée d’Atel bouscule le duopole Orange-Malitel. De mon point de vue, le démarrage des activités d’Atel est une réussite due en partie à son offensive auprès des jeunes. Le marché africain se rationalise, et seuls les grands groupes survivront. L’appartenance au groupe Planor va lui permettre d’avoir une masse critique, et in fine d’avoir la force de négociation nécessaire face aux fournisseurs de services et aux partenaires techniques », décrypte, sous le couvert de l’anonymat, un fin connaisseur du secteur en Afrique de l’Ouest.

« Nous comptons profiter de la très forte attente des populations en offrant des services à coûts abordables », plaide le PDG sénégalais d’Atel. Leader, Orange compte 11,5 millions d’abonnés, alors que Malitel, la filiale locale de Maroc Télécom, a vu le nombre de ses clients bondir de 6 à 8,1 millions. D’après les données du secteur, Orange Mali (126,76 milliards de F CFA de chiffre d’affaires) conserve une position dominante sur le marché avec près de 65 %, suivi de loin par Sotelma (35 %).

Le nouvel arrivant se console avec une part de marché de plus de 1 %. Avec un parc mobile et fixe estimé à environ 24 millions d’utilisateurs, Orange a même vu son nombre d’abonnés dégringoler de 14,9 millions à 12,6 millions. L’arrivée d’un nouveau concurrent va redistribuer les cartes, d’autant plus qu’Atel vise 937 000 abonnés, soit 3 % de part de marché dès sa première année et jusqu’à 10 % à partir de quatre ans.


Apollinaire Compaoré, nouveau patron des patrons burkinabè


Jacques Torregano pour JA

Le self-made-man burkinabè a été élu à la fin d’octobre à la présidence du Conseil national du patronat burkinabè. Soutenu par le Cercle des jeunes chefs d’entreprise, conduit par Mahamadi Savadogo (par ailleurs président de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina), le Conseil interprofessionnel des entreprises du Burkina (Cidef), qui rassemble 53 entreprises et représentait un chiffre d’affaires de plus de 600 milliards de F CFA (915 millions d’euros) en 2016, l’entrepreneur de 65 ans entend redonner au syndicat corporatiste des patrons ses lettres de noblesse. « Je m’engage à travailler avec tout le monde pour redorer le blason de l’institution », a confié Compaoré, désormais l’un des tycoons ouest-africains des télécoms.

Mali : vieux crocodiles et jeunes loups,
le choc des générations

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Au sein de la majorité comme de l’opposition, la génération montante ronge son frein en attendant de prendre enfin le relais d’une élite qui gouverne le pays depuis vingt-cinq ans.

L’air solennel dans son boubou immaculé, il l’avait martelé lors de sa prestation de serment le 4 septembre, à Bamako : « Je veux faire de la jeunesse la grande cause de ce nouveau mandat et je veux être jugé sur cela. » Devant le parterre d’invités, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) s’était plu à incarner l’une de ses figures favorites, celle du père de la nation qui protège ses « enfants ».


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Quelques semaines plus tard, son entourage assure qu’il ne s’agissait pas que d’une déclaration d’intention, mais d’une véritable ambition pour son second quinquennat. Avant de quitter le palais de Koulouba, IBK souhaite faire émerger de jeunes talents capables de prendre la relève. « Il le répète régulièrement en privé : il faut miser sur la jeunesse et la préparer à gérer demain le pays », glisse l’un de ses collaborateurs. Le choix de Kamissa Camara, 35 ans, jusque-là inconnue du grand public et propulsée le 9 septembre à la tête du stratégique ministère des Affaires étrangères, illustre cette volonté présidentielle.

C’est vers une véritable transition générationnelle que s’oriente le Mali

Plus qu’un simple rajeunissement de quelques ministres, c’est vers une véritable transition générationnelle que s’oriente le Mali. Car derrière IBK, 73 ans, c’est toute une génération qui va progressivement être appelée à raccrocher les gants. Celle qui a marché contre le régime dictatorial de Moussa Traoré en 1991 et qui a érigé les bases de la démocratie malienne. Celle qui a fait les grandes heures de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adema-PASJ) dans les années 1990 et 2000. Celle qui finalement dirige le pays depuis plus d’un quart de siècle.

IBK donc, mais aussi son Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga (64 ans), son principal rival, Soumaïla Cissé (68 ans) ou encore les opposants Tiébilé Dramé (63 ans) et Modibo Sidibé (65 ans)… « Pour beaucoup, IBK, Soumaïla ou Boubèye, c’est la même chose : des hommes politiques aux affaires depuis 1991. Il y a une vraie lassitude vis-à-vis de cette élite et du système qu’elle a bâti », explique Moumouni Soumano, politologue et directeur exécutif du Centre malien pour le dialogue interpartis et la démocratie (CMDID).

Si le consensus est général autour des acquis démocratiques arrachés par cette génération, les griefs à leur égard sont aussi nombreux. Affaiblissement de l’autorité de l’État, corruption, toute-puissance de l’argent… « Tout se décide en fonction de ce que vous avez ou non dans votre portefeuille, affirme Moussa Mara, 43 ans, le plus jeune Premier ministre (2014-2015) lors du premier mandat d’IBK. Les Maliens sont fatigués de ce mode de fonctionnement et veulent du changement, c’est indéniable. »

Un sentiment de défiance à l’égard des institutions et de l’élite politique bamakoise s’est affirmé, en particulier chez les jeunes

Au fil des ans, s’est affirmé un sentiment de défiance à l’égard des institutions et de l’élite politique bamakoise, en particulier chez les jeunes. Pour nombre d’observateurs, la forte abstention aux premier et second tours de la dernière présidentielle (respectivement 57,3 % et 65,5 %) en a une nouvelle fois été l’expression. « Plus de 5 millions de Maliens ne sont pas allés voter. Cela montre qu’ils ne croient plus aux promesses de leurs dirigeants », analyse Aliou Boubacar Diallo, 58 ans, arrivé troisième à la dernière présidentielle, derrière IBK et Soumaïla Cissé.

Comme d’autres candidats, Aliou Boubacar Diallo fait partie de la nouvelle génération qui a émergé ces dernières années. Quadras ou quinquas, ils se sont lancés en politique au XXIe siècle et ont pour noms Moussa Mara, Housseini Amion Guindo (48 ans) ou encore Mamadou Igor Diarra (51 ans). Qu’ils rongent leur frein dans les coulisses du pouvoir ou surfent sur le ras-le-bol populaire à l’égard d’un système à bout de souffle, ils rêvent d’incarner le renouvellement de la classe politique et – plus ou moins ouvertement – de pousser leurs aînés vers la sortie. « Le deuxième mandat d’IBK marquera la fin de cette génération d’après 1991 dont les représentants partagent tous le même ADN politique. Toute chose a une fin. Ils vont devoir passer la main », poursuit Diallo, patron de la société minière Wassoul’Or et président du parti Alliance démocratique pour la paix (ADP-Maliba).

Révolution mentale

Tous prétendent incarner le changement espéré par leurs compatriotes et être le visage du « nouveau » Mali. « Il ne s’agit pas de tomber dans le jeunisme ou le renouvellement à tout prix, tempère Moussa Mara. Certains jeunes sont aussi corrompus que les vieux. Il ne faut pas juste changer les hommes, il faut amorcer une révolution mentale pour rompre avec les anciennes pratiques et instaurer de nouvelles méthodes de gestion. » Lui et les autres en appellent également à une vaste réforme des institutions et à une refonte du système électoral. Il leur faudra aussi régler le problème récurrent de l’inscription des jeunes majeurs sur les listes électorales s’ils souhaitent gonfler leur nombre de voix.

« Cette nouvelle génération est marquée par la volonté de moderniser l’appareil d’État et de le rendre plus efficace à tous les niveaux », assure un quadra proche d’IBK. À Bamako, certains pensent que le renouvellement ne doit pas concerner uniquement quelques dirigeants mais s’appliquer à l’ensemble d’une administration vieillissante. « Les pouvoirs publics n’ont pas suivi les mutations de notre société depuis 1991. Il faut que l’État soit au service des Maliens et qu’il réponde à leurs attentes », expliquait le politologue Naffet Keïta, mort dans un accident de la circulation le 22 octobre.

Face à la montée en puissance de ces jeunes ambitieux, les représentants de la génération d’après 1991 se laisseront-ils aisément mettre sur la touche ? Rien n’est sûr. Soumaïla Cissé, rival malheureux d’IBK aux deux dernières présidentielles, s’offusque d’ailleurs qu’une telle question puisse être posée. « Ce débat est biaisé et n’a pas lieu d’être, estime-t-il. Tout dépend de la qualité des hommes ou des femmes, pas de leur âge. Sans compter qu’on peut être de la même génération en ayant chacun ses particularités. Moi par exemple, je ne partage rien avec IBK. » Il croit dur comme fer en ses chances d’entrer à Koulouba en 2023 et ne considère pas ses cadets comme de sérieux concurrents.

Un nouveau poids politique

De fait, les dernières élections ont montré que les plus jeunes ne pesaient pas bien lourd face aux ténors. En 2013 comme en 2018, les deux premiers candidats, loin devant tous les autres, étaient aussi les plus âgés : IBK et Cissé. Tous deux ont patiemment tissé leurs réseaux après avoir quitté l’Adema-PASJ, au début des années 2000. Aujourd’hui, leurs partis, le Rassemblement pour le Mali (RPM) et l’Union pour la République et la démocratie (URD), sont les mieux implantés à travers le pays.

Le Mali reste profondément attaché à ses aînés, en particulier dans ses campagnes

À côté, l’ADP-Maliba d’Aliou Boubacar Diallo et Yelema de Moussa Mara font encore figure de poids plume. Surtout, le Mali reste profondément attaché à ses aînés, en particulier dans ses campagnes. La soif de changement générationnel est un phénomène très urbain, porté par la notoriété de quelques-uns (au premier rang desquels Mohamed Youssouf Bathily, dit Ras Bath). Celui-ci est très prégnant au sein de la jeunesse bamakoise, mais sans doute moins ailleurs.

Est-ce pour cela qu’un homme tel que Soumeylou Boubèye Maïga apparaît, en dépit de son âge et de sa longue carrière dans l’administration, comme un sérieux prétendant à Koulouba dans cinq ans ? Lui aussi a appartenu à l’Adema-PASJ et demeure une figure de la génération d’après 1991. Maintenu à son poste de Premier ministre en ce début de deuxième mandat, il a largement contribué à la réélection d’IBK en août. Pour beaucoup, en particulier dans les chancelleries occidentales, il est le véritable homme fort du régime.


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L’intéressé, lui, ne cache pas ses ambitions. S’il reste à la tête du gouvernement, s’il parvient à renforcer son parti (l’Alliance pour la solidarité au Mali, Asma-CFP), et si le président sortant l’adoube comme son successeur, il disposera de nombreux atouts dans sa manche. « Soumaïla Cissé comme Soumeylou Boubèye Maïga sont des ambitieux, convaincus qu’ils ont un destin présidentiel. Ils ne le crient pas sur tous les toits, mais ils se préparent activement pour 2023 », glisse un responsable politique qui les connaît bien. Dans la course pour la succession à IBK, le combat entre les vieux crocodiles et les jeunes loups ne fait que commencer.