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Burkina Faso: dix gendarmes tués dans une attaque
dans le nord-ouest

La région de Toéni, près de la frontière malienne, où a eu lieu l'attaque jeudi 27 décembre 2018.
© Google Maps

Dix gendarmes ont été tués jeudi dans une embuscade tendue par des hommes armés dans la localité de Toéni, située dans la province du Sourou, non loin de la frontière malienne.

Jeudi, au petit matin, une école primaire publique d'un village situé à une vingtaine de kilomètres de la localité de Toéni, près de la frontière malienne est incendiée par un groupe armé non identifié. Dans cette école avaient été entreposés des manuels scolaires.

Dans la matinée, aux environs de 9h, une équipe de gendarmes de la brigade territoriale de Toéni se met aussitôt en route pour une mission de ratissage et de constatations d'usage. Mais leur convoi est la cible d'une attaque surprise à l'entrée du village dont l'école a été incendiée.

Trois gendarmes sont d'abord tués, les autres lancent l'alerte et tentent de résister, mais ils n'arrivent pas à faire face aux assaillants. Le bilan est « lourd », comme l'indique l'état-major de la gendarmerie dans un communiqué. Les dix gendarmes sont abattus.

L'un des véhicules appelés en renfort saute à son tour sur un engin explosif improvisé. Dans cette deuxième attaque, huit militaires sont blessés, dont deux grièvement touchés, selon des sources sécuritaires. Tous les blessés ont été évacués dans un centre hospitalier régional.

Le Burkina Faso revoit à la baisse
ses prévisions budgétaires pour 2019

| Par - à Ouagadougou

La ministre burkinabè de l'Économie, des Finances et du Développement, Rosine Sori Coulibaly, a présenté le 18 décembre au Parlement un budget 2019 plus « prudent » que celui déposé en septembre dernier. Une démarche « qui ne remet nullement en cause les ambitions initiales du gouvernement », a-t-elle précisé.

Le budget 2019 du Burkina Faso, présenté ce 18 décembre au Parlement, s’élève à 2 213,318 milliards de F CFA (3,37 milliards d’euros) en dépenses contre quelque 2191,937 milliards engagés en 2018.

Préparé dans un contexte de fortes contraintes budgétaires, d’après les mots de la ministre de l’Économie, Rosine Sori Coulibaly, il consacre une large part (1 580,175 milliards de F CFA) aux dépenses courantes. « Au regard de l’introduction de lois de finances rectificatives en 2017 et en 2018, qui ont abouti à une réduction importante des prévisions de recettes et de dépenses, le gouvernement a estimé utile de revoir le projet de loi de finances déposé fin septembre 2018, qui tablait sur 2 503, 59 milliards de F CFA. Cette révision qui consacre une baisse des recettes propres et des dépenses d’investissement ne remet nullement en cause les ambitions initiales du gouvernement en matière de gestion budgétaire », a déclaré la ministre devant le Parlement.

L’exécutif burkinabè explique ce tour de vis par l’explosion de la masse salariale la fonction publique, passée de 334, 36 milliards de F CFA en 2013 à plus de 700 milliards cette année, pour 195 000 agents environ. Elle se situera en 2019 à 835 milliards de F CFA, ce qui représente plus de 49,2 % des recettes propres de l’État et jusqu’à 55 % des recettes fiscales.

L’investissement public accuse le coup

Ce budget prévisionnel enregistre un déficit de 3 %, conformément aux injonctions communautaires. Il s’établit à 258,725 milliards de F CFA contre 396,010 milliards en 2018 (5 % du budget national) et 498,65 milliards en 2017 (7,6 %). « En dépit d’une progression de 1,3 points de pourcentage du PIB des recettes fiscales, le déficit global s’est fortement creusé en 2017, principalement en raison d’une hausse de l’investissement public et d’une augmentation plus rapide que prévu des traitements de salaires (…) », s’était inquiété début novembre une mission du Fonds monétaire international.


>>> À LIRE : Pour le FMI, 2018 devra être l’année de la chasse aux déficits dans l’UEMOA


Pour contenir le déficit en 2019, Rosine Sori Coulibaly a indiqué que la loi de finances table sur un recul des dépenses d’investissement de l’ordre de 162,495 milliards de FCA comparé au précédent exercice.  Ces dernières s’établissent désormais à 628,057 milliards de F CFA contre 790,555 milliards mobilisés pour 2018. 

Des prévisions de croissance à 6,6 % pour 2018

L’exécutif compte injecter au total 333,069 milliards de F CFA dans les différents projets d’investissement figurant dans le Plan national de développement économique et social, au coût estimé à près de 15 000 milliards de F CFA. C’est nettement moins que les quelque 481,892 milliards  de F CFA engagés un an plus tôt.

Enfin, le gouvernement du Premier ministre Paul Kaba Thiéba parie sur une croissance de 6,6 % pour 2018, soit un peu plus que les 6 % projetés par le FMI, refroidi par la recrudescence des attaques contre les forces de sécurité et de défense et les grèves dans le secteur public.

 Les dix « losers » africains de l’année 2018

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Par

 

Damien Glez est dessinateur-éditorialiste franco-burkinabè

En cette fin décembre, les rétrospectives des magazines désignent les « winners » de l’année qui s’achève. Et si l’on révélait plutôt le palmarès de ceux qui ont trébuché en 2018 ?

L’année n’a pas été rose pour toutes les personnalités africaines. Certaines pourront tout de même se remettre de 2018, qui par une convalescence marocaine, qui par une petite déviation belge dans une carrière politique congolaise provisoirement empêchée. Pour d’autres, il sera plus difficile de digérer une « gifle » publique faite de révocation, d’impasse électorale ou de procédure judiciaire. Puisque l’on apprend des échecs – des siens et de ceux des autres – , tentons, par ordre décroissant, un « hit-parade » des plus gros losers de ces douze derniers mois.

10 – Haile Mariam Dessalegn

Le 15 février, à bout de souffle politique, en pleine crise de coalition et de contestation populaire réprimée, le Premier ministre éthiopien remet sa lettre de démission, après six années passées au pouvoir. Moindre loser de ce classement, il a le mérite d’avoir été le premier dirigeant d’Éthiopie à quitter de son plein gré la tête du pays.

9 – Benjamin Mkapa

Facilitateur maladroit dans le dialogue de sourds burundais, l’ancien président tanzanien finit par jeter l’éponge, en 2018, après deux années de médiation pour le compte de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est.

8 – Koffi Olomide

Adepte des tournées mondiales, le roi de la rumba congolaise va devoir réduire le nombre de pays où il chantera. En octobre, un mandat d’amener zambien est délivré à son encontre, après un mandat d’arrêt international, le tout pour plusieurs agressions présumées.

Koffi

7 – Yahya Jammeh

Y a-t-il une « lose » après la « lose » ? Décagnotté en 2017, l’ancien dictateur gambien a goûté, en 2018, aux affres d’une vente aux enchères de ses biens, d’une sanction du Département du Trésor américain, de l’impossibilité d’assister aux obsèques de sa mère et de diverses mises en cause dans des affaires d’assassinats…

6 – Gilbert Diendéré

2018 a été une année de procès pour l’ancien chef du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), qui endosse sans l’assumer « le coup d’État le plus bête du monde », ce putsch qui perturba la transition politique burkinabè en septembre 2015. Un autre proche de l’ancien président Blaise Compaoré, son frère François, attend toujours de savoir s’il sera extradé de France pour être, lui aussi, jugé au Burkina Faso.

5 – Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt

Adepte de la « méthode Coué », le ministre camerounais des Sports et président du Comité d’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (COCAN) affirmait, en janvier, que la livraison de tous les chantiers de la CAN 2019 aurait lieu, « au plus tard », en décembre 2018. Beaucoup d’autosuggestion pour, finalement, un retrait de son organisation au Cameroun

Ismael

4 – Grace Mugabe

Pour l’ancienne First Lady du Zimbabwe, l’année a ressemblé à une « dis-Grace » en continu. Après la contestation de son diplôme, en janvier, et l’invalidation de son immunité diplomatique en juillet, elle a fait l’objet, en décembre, d’un mandat d’arrêt sud-africain. La justice voudrait l’entendre sur son crêpage de chignon avec le mannequin Gabriella Engels…

3 – Jose Filomeno dos Santos

Le 24 septembre, l’ancien président du fonds souverain d’Angola est placé en détention provisoire dans le cadre d’une affaire de détournement présumé. Cette disgrâce est en réalité celle d’un clan, celui de son père José Eduardo et de sa sœur Isabel, eux aussi également malmenés cette année…

2 – Hery Rajaonarimampianina

Le 7 septembre, il démissionne de la présidence malgache pour pouvoir briguer un second mandat. Deux mois plus tard, il n’est pas qualifié pour le second tour de scrutin. Il s’en va sans l’excuse d’un « dégagisme » velléitaire, puisque ce sont deux anciens chefs d’État qui s’affrontent en phase finale de l’élection…

1 – Jacob Zuma

Arroseur arrosé, celui qui avait contribué à la fin prématurée du mandat de Thabo Mbeki ne réussira pas à conduire le sien à son terme. Le jour de la Saint-Valentin, Jacob Zuma démissionne avec « effet immédiat ». Le reste de son année ressemblera à un étau judiciaire qui se resserre inlassablement…

Zuma

Qui seront les victimes de 2019 ? Faites vos jeux. Rien ne va plus…

Musique: la chanteuse malienne Oumou Sangaré
fête ses 30 ans de carrière

Oumou Sangaré à Rotterdam en 2012.
© © Getty Images/Greetsia Tent/WireImage

C'est la chanteuse malienne la plus connue à l'international. Oumou Sangaré s'apprête à fêter ses 30 ans de carrière lors d'un grand concert à Bamako, ce samedi 29 décembre en partenariat avec RFI. Oumou Sangaré est l'auteur de 10 albums, aux accents funk ou rock, qui ne renient rien de la tradition.

Oumou Sangaré enregistre son premier album en 1988. Mais les bandes magnétiques se perdent. Il faut refaire un enregistrement un an plus tard. Oumou Sangaré ne se décourage pas. Celle qui chantait d’abord pour aider sa famille est repérée par le label anglais Word Circuit.

La tradition se mêle aux musiques actuelles, mais Oumou Sangaré chante toujours en wassoulou. Le wassoulou qui est aussi sa région d’origine au sud de Bamako, une terre de métissage :« Le wassoulou est composé des Peuls, des Malinkés et des Bambaras. Alors ça, c’est le brassage de trois cultures extrêmement riches ! Donc c’est ça qui fait la beauté du wassoudou ».

Du haut de son mètre 80, Oumou Sangaré, la madone malienne, donne de la voix contre la polygamie ou les mariages forcés : « J’ai réussi à réveiller des consciences. Nous les femmes, on est restées très longtemps derrière les hommes. Venez maintenant au même rang qu’eux. Eux aussi, ils ont besoin de nous. C’est ensemble qu’on peut se développer ».

J'ai la musique dans le sang mais ce qui m'a poussé c'était l'argent pour aider ma maman.
Oumou Sangaré revient sur le début de sa carrière
27-12-2018 - Par Sébastien Jédor
 

Oumou Sangaré est également une femme d’affaires ; hôtels, taxis, élevage. Elle a aussi importé au Mali des voitures chinoises rebaptisées Oumsang.

Le «mobile money» et le défi de l'universalité en Afrique

Une cabine de «mobile money» en Ouganda. Godong/UIG via Getty Image

Dix ans après le lancement du « mobile money », l’Afrique est devenu le laboratoire mondial de cette technologie qui a bouleversé les habitudes des consommateurs et des entreprises. Aujourd’hui la technologie arrive à un point de rupture. Deux innovations majeures sont en train d’arriver, l’interopérabilité et le crédit au consommateur.

Le « mobile money » est une révolution africaine, mais pas encore panafricaine. On ne peut échanger de l’argent virtuel qu’entre abonnés d’un même réseau téléphonique.

« Aujourd’hui quand vous payez avec votre carte, vous ne vous demandez pas si votre carte va être acceptée ou pas, pointe Patrick Roussel, responsable des services financiers chez Orange-Afrique. Eh bien dans l’immense majorité des cas en Afrique, quand vous êtes avec voter walet (portefeuille NDLR) de "mobile money" vous avez 99,9% de chances de ne pas pouvoir faire les opérations universelles, à l’exception de deux pays, Madagascar et la Tanzanie. »

Orange-Afrique s’est donc associé au sud-africain MTN pour remédier à ce handicap. Ensemble, ils ont créé Mowali, une plateforme technique rendant possible l’interopérabilité. Elle est ouverte aux 135 services de « mobile money » recensés en Afrique.

« Par nature Mowali est d’abord une solution technique ouverte. Elle repose sur une plateforme open-source. Elle est ouverte à tous les opérateurs de "mobile money", mais elle est également ouverte par principe à celles et ceux des opérateurs de "mobile money" qui voudraient rejoindre les opérateurs Orange et MTN au capital de la société. Comme ça l’est par exemple dans les grands consortiums d’infrastructures. Les télécoms, les satellites ou les sous-marins. Donc c’est le même esprit qui prévaut sur cette initiative industrielle. »

De l’avis des experts l’interopérabilité va démultiplier la circulation monétaire à l’échelle du continent et donner un coup de fouet au développement des économies. L’autre étape importante franchie cette année, c’est l’octroi de crédit par « mobile money », micro ou pico crédit. Le manque de crédit en Afrique est un véritable frein économique. Les portefeuilles virtuels permettent aux opérateurs de repérer les utilisateurs solvables.

« Les outils qui sont en train d’arriver sont plus liés à l’épargne et au crédit, explique Omar Cissé PDG d’In Touch, une société sénégalaise de services financiers. Car de plus en plus les utilisateurs vont être connus. Ils vont être "scorés". Et cela va forcément développer l’octroi de crédit, accélérer la bancarisation, et globalement le développement de l’activité économique en Afrique. »

Le potentiel économique du « mobile money » n’en est encore qu’à ses débuts. Mais d’ores et déjà le capitalisme africain ne peut plus s’en passer.


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