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Burkina Faso: le président Kaboré inaugure un échangeur dans la capitale

Le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré (image d'illustration).
© AFP/Ludovic Marin

Au Burkina Faso, le plus grand échangeur routier de la capitale a été inauguré, ce jeudi, par le président Roch Marc Christian Kaboré. Après trois ans de travaux, l’ouvrage qui a coûté 70 milliards de francs CFA permettra la fluidité de la circulation entre le nord et le centre-ville de la capitale, Ouagadougou.

La cérémonie était solennelle et avait l’allure d’une fête nationale à la hauteur de l’attente autour de ce nouvel échangeur. « A ce point précis de l’échangeur en 2014, on enregistrait 42 000 véhicules par jour. C’était le trafic le plus élevé de la ville de Ouagadougou pour un profil de voirie de très dégradé », témoigne Armand Béouindé, le maire de Ouagadougou.

Ce nouvel échangeur permettra aux populations de plusieurs quartiers du nord de mieux accéder au centre-ville de Ouagadougou. Une avancée pour Eric Bougouma, ministre burkinabè des Infrastructures : « Il ouvre l’accès aux arrondissements 3 et 9, à la commune rurale de Pabré, à la route nationale 2 qui mène vers Wayugiya. Il ouvre l’accès à la route nationale 22, une des portes du Sahel ».

A l’issue de son ouverture à la circulation, le nouvel échangeur a été pris d’assaut par certains usagers qui ont manifesté leur joie avec des coups de klaxon : « A l’heure-là, je suis très contente de ça. Aujourd’hui, j’ai même marché pour aller là-bas. Vraiment, on est très, très content ».

Selon Tiraogo Hervé Ouedraogo, le directeur de l’entreprise qui a conçu l’ouvrage, son utilisation permettra aux populations de faire des économies : « Un usager moyen qui habiterait dans cette zone économiserait en moyenne 200 litres de carburant par an ».

La construction de ce quatrième échangeur a mobilisé 1 200 travailleurs et 500 engins.

Sénégal : les autorités cherchent-elles à museler l’association citoyenne Y en a Marre ?

Réservé aux abonnés | | Par - à Dakar

Des responsables d’ONG partenaires de Y en a Marre ont été convoqués par les autorités sénégalaises. Dans une note d’information, le mouvement citoyen dénonce des mesures d’intimidation visant à le faire disparaître.

Dans une note d’information diffusée le 14 novembre, le mouvement Y en a Marre affirme que l’ONG Oxfam, avec qui il a noué un partenariat en 2013, aujourd’hui terminé, a reçu une « mise en demeure du ministère sénégalais de l’Intérieur » l’exhortant à mettre fin à leur collaboration, sous peine de perdre son accord de siège, autrement dit son statut au Sénégal. Et d’ajouter que la même procédure aurait été appliquée à l’encontre de LEAD Afrique Francophone, gestionnaire administratif et financier de Y en a Marre, dont le responsable financier a été convoqué par la police, comme de l’organisation ouest-africaine Open Society Initiative for West Africa (Osiwa, financée par le milliardaire George Soros).

Les trois organisations ont en commun d’être des partenaires de Y en a Marre, dont l’activiste Fadel Barro est l’une des figures de proue. Un mouvement citoyen créé en 2011 dans le sillage de vives contestations sociales, avant qu’il ne s’oppose à la volonté d’Abdoulaye Wade de briguer un troisième mandat.

Une convocation écrite n’affichant aucun motif, mais dont « les questions d’ordre général ont tourné autour des financements de bailleurs tiers… »

Si l’ONG Oxfam n’a pas souhaité confirmer sa mise en demeure à Jeune Afrique, Ayisha Osori, directrice exécutive d’Osiwa, confirme la convocation de sa direction financière et administrative par les autorités, mardi 13 novembre, mais dément toute menace de perte d’agrément. « On ne nous a pas demandé de cesser nos collaborations avec Y en a Marre, cela fait d’ailleurs quelques années que nous n’avons plus de projet en cours avec eux. Nous ne nous sentons pas particulièrement visés », affirme-t-elle. Elle relève toutefois que la convocation de l’organisation a eu lieu dans le cadre d’une enquête sur les financements de Y en a Marre.

Selon d’autres sources qui souhaitent rester anonymes, les responsables de l’ONG LEAD Afrique Francophone ont dû eux aussi se rendre au commissariat central de Dakar. Une convocation écrite n’affichant aucun motif, mais dont « les questions d’ordre général ont tourné autour des financements de bailleurs tiers, et les liens de LEAD avec les organes de société civile ». Or Y en a Marre est le seul organe de la société civile avec lequel l’ONG collabore au Sénégal, selon celle-ci.

Silence du côté du ministère de l’Intérieur

Contacté par Jeune Afrique, le ministère de l’Intérieur n’a pas souhaité répondre aux allégations portant sur l’existence d’une enquête ni s’exprimer au sujet desdites convocations. Pour le président de la Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH) Assane Dioma Ndiaye, « il s’agit peut être une enquête administrative mais pas d’une instruction judiciaire. Dans ce ce cadre, on peut estimer que la police répond à des ordres politiques. L’État du Sénégal est en train de mettre la pression sur les bailleurs afin qu’ils ne financent plus certaines organisations », avance-t-il.

Du côté de Y en a Marre, on dénonce une stratégie du pouvoir visant à fragiliser le front citoyen. « On a d’abord empêché les candidats crédibles de se présenter [Karim Wade et Khalifa Sall, NDLR], on s’attaque désormais aux mouvements citoyens. Le régime ne s’est jamais caché de son objectif de passer en force au premier tour de l’élection et veut empêcher le mouvement de jouer son rôle », accuse un membre du mouvement.

« Encagoulés politiques »

Quel serait le motif invoqué par les autorités ? « L’État estime que certaines organisations sont des encagoulés politiques, et qu’à ce titre, elles n’ont pas droit d’être subventionnées », explique le président de la LSDH. « Un argument qui ne tient pas, ajoute-t-il, puisque le mouvement Y en a marre est enregistré en tant qu’association à but non lucratif et que les programmes de partenariat mis en cause sont à vocation citoyenne.”

Lorsque les représentants [d’ONG] marchent avec l’opposition (…) ces avis de société civile n’ont aucun intérêt à mes yeux : ils sont politisés, fustige Macky Sall

Lundi 12 novembre, Macky Sall, le président de la République, apostrophait Amnesty International, invitant l’ONG à revoir le statut de certains de ses représentants au Sénégal. « Lorsque les représentants [d’ONG] marchent avec l’opposition, vont voter dans le camp de l’opposition et contre le pouvoir, ces avis de société civile n’ont aucun intérêt à mes yeux. Ils sont politisés”, a-t-il asséné au micro de France 24.

Seydi Gassama, directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal se défend de tout partenariat avec un mouvement politique et dit « se tenir fermement aux côtés de Y en a Marre et condamner vigoureusement tout type de harcèlement contre le mouvement et ses partenaires. Y en a Marre devrait pouvoir se positionner sans que l’État du Sénégal n’essaie de les empêcher. Ce sont des droits qui lui sont garantis par la Constitution », conclut-il.

Réchauffement climatique:
les deux tiers des villes africaines menacées

Une vue du centre-ville de Kinshasa, la capitale de la RDC.
© Wikimedia/CC

Deux tiers des villes africaines pourraient être affectées d’ici 2035 par le réchauffement climatique. La menace est même qualifiée d’« extrême » par le cabinet britannique d’analyses de risques, Verisk Maplecroft, à l’origine de ces chiffres. Selon l'organisme, l’Afrique est tout simplement le continent le plus menacé par les effets du réchauffement.

Pour évaluer la capacité des villes à résister au choc climatique, le rapport du cabinet britannique d'analyse des risques, Verisk Maplecroft étudie deux facteurs majeurs : les projections démographiques et les données économiques.

Selon ses consultants, les agglomérations africaines semblent être les plus vulnérables. En effet, 86 des 120 villes mondiales à la croissance démographique la plus forte se trouvent déjà sur le continent africain, selon l’ONU. Or, ces espaces très densément peuplés connaissent déjà de grandes difficultés d’approvisionnement en eau potable ou encore de violentes inondations.

Cercle vicieux

Le réchauffement climatique aggraverait donc encore plus ces tensions, tout en créant un cercle vicieux, puisqu’il réduirait dans le même temps la croissance économique de l’Afrique, l’empêchant ainsi de construire de nouvelles infrastructures pour mieux se protéger.

Au total, huit villes africaines figurent parmi les dix les plus à risque au monde, tels que Kinshasa en République démocratique du Congo (RDC), Monrovia au Liberia ou encore Bangui en Centrafrique. Après l’Afrique, le continent asiatique est le plus menacé par le changement climatique.

Les conséquences alarmantes du réchauffement climatique en Afrique

Aliou Diouf est chef du département finance-climat pour l'ONG ASCEN, le centre africain du développement durable basé à Dakar, au Sénégal. Pour lui, le nombre important de villes africaines confrontées à la vulnérabilité climatique n'est pas surprenant.

La localisation géographique des villes africaines, leur taille et leur taux d'expansion constituent des facteurs qui expliquent effectivement la vulnérabilité particulière de ces villes africaines au changement climatique.
Aliou Diouf, chef du département finance-climat pour l'ONG ASCEN
15-11-2018 - Par Aram Mbengue
 
 

Les organisations ivoiriennes
de droits de l'homme contre l'amnistie

Une affiche de Simone Gbagbo collée dans une rue d'Abidjan, le jour de sa libération, le 8 août 2018.
© ISSOUF SANOGO / AFP

Trois ONG ivoiriennes de défense des droits de l’homme, dont la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), ont annoncé leur dépôt d’un recours contre l’amnistie présidentielle du 6 août dernier. Cet été, le chef de l’État, Alassane Ouattara, avait gracié 800 personnes impliquées dans les violences de la crise post-électorale de 2010-2011, dont l’ex-Première dame, Simone Gbagbo. Une décision que les associations et organisations représentant les victimes avaient immédiatement dénoncée. Avec cette demande de recours, les ONG espèrent que le président reviendra sur sa décision pour garantir le droit à la justice des victimes.

En rendant publique leur demande de recours, les trois organisations de défense des droits de l'homme espèrent faire pression sur le président ivoirien. Cela fait déjà plus d’un mois en effet que cette requête a été introduite auprès d’Alassane Ouattara.

Dans un souci d’apaisement et de réconciliation, le chef de l’Etat avait décidé de gracier 800 personnes emprisonnées ou encore en exil poursuivies ou condamnées suite à la sanglante crise post-électorale de 2010-2011. L’ordonnance d’amnistie signée le 6 août concerne notamment l’ex-femme forte du pays Simone Gbagbo. Si la grande majorité des partis politiques avaient salué ce geste, plusieurs ONG l’avaient au contraire dénoncé, se fondant sur l’obligation de l’état de poursuivre les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

Pour la Ligue ivoirienne des droits de l’homme, cette amnistie est non seulement illégale au regard de la Constitution, mais surtout elle renforce le sentiment d’impunité. « Par le passé, il y a eu des amnisties qui avaient pour même objectif justement de favoriser la réconciliation nationale, mais on a constaté que toutes ces amnisties-là n’ont rien apporté. On a eu en 2002, une tentative de coup d’Etat qui s’est muée en rébellion armée. Il y a eu aussi en 2007, une autre amnistie, on a vu que ça n’a rien apporté. Au contraire en 2010-2011, le nombre de personnes ayant subi des violences est allé crescendo. La seule chose qui puisse décourager la récidive, c’est justement la mise en œuvre de la justice », déplore le vice-président de la Ligue, Willy Neth.

D’après la loi, le chef de l’Etat a jusqu’au 4 février pour répondre au recours. Au-delà, les ONG se réservent le droit de saisir la Cour suprême.

Réforme territoriale au Mali:
la Plateforme bloque la salle de négociation à Gao

Le projet de découpage territorial soumis par la société civile ferait de la ville de Gao un district, un statut jusque-là réservé à Bamako.
© Souleymane Ag Anara / AFP

Les concertations sur la réforme territoriale n'ont toujours pas démarré à Gao, dans le nord du pays. Lancées hier dans l'ensemble du pays, ces discussions doivent permettre au gouvernement de consulter la population sur le nouveau découpage des régions maliennes. Prévue dans l'accord de paix d'Alger qui a mis fin au conflit dans le nord du Mali, cette réforme territoriale fait débat depuis plusieurs semaines. Le projet du ministère de l'Administration avait fui dans la presse. A Gao, depuis ce matin, les groupes armés de la Plateforme, coalition signataire de l'accord de paix, et une partie de la société civile, empêchent la tenue des débats.

Devant les portes de la salle de conférence du gouvernorat se sont postés depuis ce matin des hommes armés de la Plateforme. 

« Nous sommes mécontents, explique Nouhou Abderhamane, président de la société civile de Gao. Nous ne sommes même pas invités à la concertation ».

Une allégation que réfute Sidiki Samaké, le gouverneur de Gao, qui assure que plus de 50 sièges ont été réservés à la société civile pour ces discussions. Notabilités, dignitaires religieux, membres des groupes armés, fonctionnaires de la ville et experts de Bamako, devraient composer le reste de l'assemblée.

La pomme de discorde porte sur le projet de réforme territoriale échafaudé par le ministère de l'Administration qui avait fuité dans la presse il y a plus d'un mois. Les hommes de la Plateforme estiment qu'il est défavorable aux populations sédentaires de la région.

Document de la société civile

Ils veulent donc que le document de base de travail pour la réunion d'aujourd'hui ne soit pas le projet du gouvernement, mais un autre, élaboré par la société civile de Gao, qui avait été envoyé fin octobre aux autorités.

« Ce document de base qui va être utilisé aujourd'hui pour les concertations ne nous concerne pas, déclare Djibril Diallo, chef d'état-major de la Plateforme à Gao. Cela ne nous favorise pas ni ne favorise l'intérêt de nos populations. Nous ne sommes pas d'accord. Il faut prendre l'avis des populations à la page. Il faut le prendre cercle par cercle et demander exactement : qu'est-ce que vous voulez ? Ce document ne reflète pas l'avis des populations. Nous, nous sommes avec nos populations et nous allons mourir avec elles. Tout ce que nos populations demandent aujourd'hui, nous sommes prêts à le faire ». « Dans une ville aussi instable que Gao, il risque de mettre le feu aux poudres » conclut-il.

Des remarques que le gouverneur se dit prêt à entendre, mais encore faut-il que la concertation démarre.

Chaque partie affirme que les discussions pourront se tenir à Gao. Les hommes de la Plateforme sont prêts à s'asseoir autour de la table, une fois leur requête entendue.

Le gouverneur quant à lui, leur demande de faire part de leurs propositions lors de la réunion, mais encore faut-il que l'accès à la salle de conférence soit permis pour cela. Sidiki Samaké doit s'entretenir au téléphone avec les chefs de la Plateforme à Bamako pour trouver une solution.

►A lire aussi : Mali: début des concertations sur la réforme territoriale