Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Afrique de l'Ouest: les acteurs de la filière coton se regroupent pour mieux défendre leurs intérêts

 

L’Organisation régionale des interprofessions du coton des États membres de l’Union économique et monétaire des États d’Afrique de l’Ouest (ORIC-UEMOA) a été créée mardi. Basée à Abidjan, elle regroupe des professionnels de la filière du coton du Sénégal, du Mali, du Burkina Faso, du Togo, du Bénin et de la Côte d’Ivoire. Son but : défendre les intérêts des acteurs du coton et mieux les organiser.

Avec notre correspondante à AbidjanBineta Diagne

Cette organisation est pensée pour refléter les avis de tous les acteurs de la filière coton, du planteur en passant par les transporteurs et les industriels. L’objectif est d’échanger des informations et notamment mutualiser les bonnes pratiques.

Elle souhaite aussi s’occuper de la relance des activités après une campagne ternie par le jasside, un parasite qui a affecté une grosse partie de la production ces derniers mois. « Nous avons besoin de partager nos expériences pour lutter contre ce parasite qui risque d’anéantir les efforts qui ont été faits, des années durant, pour la production cotonnière », explique Mathieu Adjovi, le président de l’ORIC-UEMOA.

► À lire aussi: Les producteurs de coton d'Afrique de l'Ouest confrontés à une baisse de revenus 

« Regrouper l’ensemble des besoins »

En se regroupant, les acteurs de la filière veulent aussi mutualiser les recherches ou encore améliorer l’accès au marché des intrants. En étant affiliés à cette organisation, les professionnels du coton espèrent bénéficier de tarifs plus avantageux. « Ce qui devrait changer aujourd’hui pour l’accès aux intrants, c’est de regrouper l’ensemble des besoins du Sénégal et des autres pays de l’UEMOA, estime Boune Oumar Bousso, le directeur adjoint de la Sodefitex, une firme de l'industrie cotonnière au Sénégal. Le fait de mutualiser et de commander ensemble, je pense que ça permettrait d’avoir un impact positif pour les producteurs qui vont aujourd’hui acheter ces intrants ».

La zone UEMOA produit chaque année en moyenne deux millions de graines de coton et 900 000 tonnes de fibres de coton une fois transformées à l’usine. À terme, cette nouvelle organisation aimerait mettre en place un label de qualité du coton ouest-africain.

Sénégal: des intellectuels interpellent Macky Sall sur le respect des droits et de la justice

 

Dans un contexte politique électrique à moins d’un an de la présidentielle, plus d’une centaine d’intellectuels signent une tribune adressée au président sénégalais. Fatou Sow, Boubacar Boris Diop, Sophie Bessis ou encore Mamadou Diouf interpellent le chef de l’État sur une « violation des droits » et l’« instrumentalisation de la justice », 

Avec notre correspondante à Dakar, Charlotte Idrac

Ils ou elles sont universitaires, écrivains, ou encore journalistes du Sénégal, des États-Unis, de France, ou du Canada… Les signataires disent s’exprimer « par-delà leurs divergences et différences idéologiques, politiques ou culturelles ». Ils condamnent « les restrictions apportées à la liberté de mouvement des citoyens », et la « continuelle instrumentalisation de la justice ».

Parmi eux, Amadou Tidiane Wone, ancien ministre sénégalais de la Culture : « Des actes qui sont posés portent à croire qu'il y a une reprise en main de la justice, notamment du parquet. Nous avons le sentiment de plus en plus exacerbé qu'il y a vraiment une mainmise sur un certain nombre de procédures, notamment politiques. »

Pour les personnalités signataires, « une menace réelle pèse sur la stabilité et la paix sociale du pays ». Elles lancent un « appel à la raison » au président Macky Sall. « L'initiative, de notre point de vue, poursuit Amadou Tidiane Wone, doit venir du chef de l'État, parce qu'il a des pouvoirs exorbitants qui lui permettent de dire :"Ok, on se calme, voilà ce qu'on doit mettre sur la table comme modus operandi d'un dialogue constructif". À force de tirer sur la corde, elle peut peut-être casser. » 

Le pouvoir a régulièrement démenti toute ingérence dans les procédures judiciaires. Après trois renvois, le procès d’Ousmane Sonko pour diffamation doit se tenir le 30 mars.

Le parti Pastef d’Ousmane Sonko a dénoncé ce mercredi l'arrestation du patron de la clinique Suma Assistance, où l’opposant était hospitalisé après les heurts survenus sur son trajet vers le tribunal le 16 mars dernier. Aucun motif n’a été précisé à ce stade de source policière ni judiciaire. Le secrétaire national à la communication du Pastef, El Malick Ndiaye, a par ailleurs été convoqué à la Sûreté urbaine cet après-midi.

Le Burkina Faso, premier pays africain touché par le terrorisme en 2023

Cinq des dix pays du monde les plus touchés par le terrorisme sont africains, selon le triste classement de l’Indice mondial du terrorisme 2023, dont le Burkina Faso occupe la deuxième place. Le Bénin et le Togo affichent des « progressions » pour le moins inquiétantes.

Mis à jour le 20 mars 2023 à 15:14
 
 
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Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

 

 

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        Damien Glez 

 

 

Si l'Afghanistan reste le terrain de jeu le plus fructueux des terroristes islamistes, nombre de pays africains enregistrent d’inquiétantes progressions dans la dixième édition de l’Indice mondial du terrorisme (GTI). Le rapport 2023 de l’Institut pour l’économie et la paix prend en compte les décès de 2022 mais aussi les incidents, les otages et les blessures dus au terrorisme. Tout en sachant que ces statistiques ne sont pas des plus simples à obtenir, dans certains pays…

La « progression » du Togo et du Bénin

La moitié du « top ten » est africain. Derrière le pays des talibans, le Burkina Faso est deuxième du classement avec, sur un an, 310 incidents terroristes ayant occasionné 1 135 morts et 496 blessés répertoriés. La Somalie, le Mali, le Nigeria et le Niger occupent respectivement les troisième, quatrième, huitième et dixième rangs. En douze mois, quatre de ces cinq pays ont progressé dans ce triste palmarès. À l’échelle du top 50, 20 nations sont africaines. Parmi elles, des nouveaux venus : le Togo, 27e, a bondi de 49 places, tandis que son voisin béninois, 28e, a « progressé » de 23 places.

À LIREBurkina, Mali, Niger… Quand les jihadistes font la guerre aux écoles

Alors qu’à l’échelle mondiale, l’Institut constate une chute de 9% des décès dus au terrorisme et une diminution de 28% des attaques, l’Afrique n’est guère concernée par cette embellie relative, éclaircie qui s’explique notamment par la baisse d’intensité des conflits au Moyen-Orient. Le rapport n’hésite pas à dire que la région du Sahel est désormais « le principal épicentre du terrorisme, comptant plus de décès dus au terrorisme en 2022 que l’Asie du Sud et le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA) réunis ». Théorisé il y a une dizaine d’années, le « Sahelistan » est-il devenu réalité ?

Où puiser de l’optimisme ? Certaines juntes qui continuent de galvaniser leurs partisans évoqueront les progrès encore à mesurer de stratégies offensives de reconquêtes patriotes du territoire, notamment celle du Burkina Faso, arrivée au pouvoir un trimestre avant la fin de 2022, aujourd’hui tout à la fois en symbiose avec son voisin malien et récipiendaire de matériel militaire venu d’une Côte d’Ivoire fréquemment vouée aux gémonies des inclinations francophiles.

Victoires en trompe-l’œil ?

Où dénicher le pessimisme le plus indécrottable ? Dans le trompe-l’œil qui donne l’impression que la baisse des violences terroristes signifie la résolution des problèmes. Celle-ci est souvent le signe de l’ultime victoire du radicalisme islamiste, comme en Afghanistan où la férule de talibans revenus au pouvoir tétanise le pays, avec un recours moindre à la chicotte terroriste. Le nombre de décès dus au terrorisme y a diminué de 866, soit une amélioration de 58%.

À LIREDépart des Français, arrivée de Wagner… Au Mali, la donne a-t-elle vraiment changé ?

Mais derrière la baisse du nombre de morts du terrorisme, à l’échelle mondiale, l’indice distille un autre chiffre : le taux de mortalité des attentats qui est passé de 1,3 décès par attaque en 2021 à 1,7 en 2022. Il s’agit de la première augmentation du taux de létalité en cinq ans…

Racisme et populisme : Kaïs Saïed et les boucs émissaires – Par Marwane Ben Yahmed

Les propos aussi inexplicables qu’inacceptables du président tunisien sur les migrants subsahariens ont gravement terni l’image de la Tunisie en Afrique. Et au-delà.

Mis à jour le 20 mars 2023 à 09:31



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Par Marwane Ben Yahmed

Directeur de publication de Jeune Afrique.

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ÉDITORIAL – Habib Bourguiba doit se retourner dans sa tombe. Le 21 février, le chef de l’État tunisien, Kaïs Saïed, a affirmé que la présence de « hordes » d’immigrés clandestins subsahariens était source « de violence, de crimes, de pratiques inacceptables », et relevait d’une « entreprise criminelle » visant à « modifier la composition démographique » du pays, et, partant, son « identité arabe et islamique ».

 

À LIREPourquoi Kaïs Saïed a réveillé les démons du racisme antisubsaharien

Après ce discours lunaire aux accents complotistes, on a assisté à une recrudescence des violences contre des ressortissants subsahariens, qui se sont précipités par dizaines à leurs ambassades pour être exfiltrés. Des pays tels que le Mali, la Guinée ou la Côte d’Ivoire ont donc affrété des avions pour rapatrier leurs citoyens. Surréaliste…

Le « grand remplacement » : une ineptie

Quelle mouche a donc piqué le président ? Comment en est-il arrivé à reprendre à son compte la fétide théorie du « grand remplacement » et à se muer en caisse de résonance des fantasmes de sa base. Alors qu’il s’était attelé jusque-là à désigner un ennemi intérieur – les spéculateurs, les suppôts de l’étranger, les affidés de l’ancien régime, les profiteurs, les corrompus –, voilà qu’il pointe une nouvelle cible, un ennemi de l’extérieur cette fois : les migrants, lesquels viendraient manger le pain des Tunisiens et saper l’identité de la nation. Une dérive populiste qui mène tout droit à la xénophobie.

Mais ne nous leurrons pas, certains adhèrent hélas à son discours. Le racisme, en Tunisie comme au Maroc ou en Algérie, n’est pas une vue de l’esprit. Mais, s’il est vrai que la société tunisienne a effectivement marginalisé sa propre communauté noire, certains progrès avaient été accomplis depuis la révolution, notamment avec la promulgation, en 2018, d’une loi pénalisant la discrimination raciale et permettant aux victimes de racisme d’obtenir réparation pour les violences physiques ou verbales subies.

À LIREL’insoutenable sortie de route de Kaïs Saïed

Quelle ironie : les concitoyens de Saïed sont eux-mêmes la cible d’une rhétorique identique en Europe – après avoir traversé au péril de leur vie la Méditerranée – et accusés de tous les maux de l’enfer, boucs émissaires commodes désignés à la vindicte populaire par les Marine Le Pen, Éric Zemmour (lequel s’est empressé de féliciter Saïed pour sa « lucidité »), Giorgia Meloni et consorts…

Carton jaune de la Banque mondiale

Depuis, le président a essayé de réparer sa faute, sans vouloir pour autant s’excuser, mais le communiqué publié, les mesures censées calmer les esprits ou le rétropédalage du ministre des Affaires étrangères, Nabil Amar, n’ont eu que peu d’effets. Trop tard, trop peu, mal ficelés. Les dégâts pour l’image de la Tunisie, celle de ses citoyens comme celle de ses entreprises, sont considérables. Et certainement durables. La Banque mondiale, un des principaux bailleurs, a suspendu son partenariat cadre, des campagnes de boycott des produits tunisiens ont essaimé un peu partout sur le continent…

À LIREMoncef Marzouki : « Kaïs Saïed est une catastrophe ambulante »

Kaïs Saïed était tout à fait en droit de tirer la sonnette d’alarme sur l’immigration illégale, sujet sensible mais réel qu’aucun dirigeant responsable ne peut occulter. Mais pas d’ethniciser ses propos, par ailleurs ineptes sur le fond comme sur la forme. Quelque part, c’est aussi le signe que l’Afrique subsaharienne ne l’intéresse guère, lui qui n’y a effectué aucune visite officielle et qui regarde plus volontiers vers le Moyen-Orient. Dommage, car cela représente des débouchés et des marchés potentiels pour les entreprises du pays…

Comment en est-on arrivé là ? L’élection de Kaïs Saïed en 2019 est la conséquence de vieux dysfonctionnements politiques devenus presque structurels. Après la chute de Zine el-Abidine Ben Ali, en 2011, le pays a été paralysé par la grande querelle entre islamistes et laïcs. Mais ni les uns ni les autres ne se sont montrés particulièrement aptes à résoudre les principaux problèmes : une économie atone, une corruption endémique, de profondes inégalités. Plus de huit ans après le déclenchement de la révolution, dégoûtés par l’indigence de leur classe politique, 73 % des électeurs se sont donc jetés dans les bras de ce professeur de droit réputé intègre mais sorti de nulle part, au programme électoral des plus flous.

À LIREKaïs n’écoute que Saïed !

Kaïs Saïed a passé une bonne partie de sa présidence à démanteler une démocratie balbutiante mais réelle, la seule qui soit née des printemps arabes. En 2021, il s’est accaparé tous les pouvoirs, ou presque. Exit l’Assemblée nationale, dissoute, les conseils municipaux et le gouvernement. Une nouvelle Constitution, adoptée à la hâte lors d’un référendum sans queue ni tête, lui a permis de gouverner en autocrate. Un choix pas vraiment éclairé… L’inflation a dépassé la barre des 10 % en janvier, le taux de chômage s’élève à 15 % (selon les chiffres officiels, mais c’est sans doute plus). Un tiers des diplômés universitaires et une part plus élevée de jeunes ne trouvent pas d’emploi. La monnaie nationale a perdu 55 % de sa valeur depuis 2011.

Opération de diversion ?

Croulant sous une montagne de dette publique, représentant 89 % du PIB, la Tunisie peine à payer ses importations. On a assisté à des pénuries de sucre, de pâtes et d’autres produits de base. Les pourparlers de sauvetage avec le FMI sont dans l’impasse. Alors, évidemment, nombre de Tunisiens rêvent d’ailleurs. Une enquête menée l’année dernière par l’Institut arabe des chefs d’entreprise a révélé que 71 % des diplômés souhaitent émigrer. Les plus nantis lorgnent l’Europe, le Golfe ou, autre ironie du sort, l’Afrique subsaharienne. Quant aux plus modestes, eux, ils tentent leur chance en Méditerranée. En 2019, année de l’arrivée au pouvoir de Kaïs Saïed, plus de 2 600 personnes ont rejoint l’Italie par bateau. En 2022, ils étaient près de 18 000 à tenter la traversée…

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Les Subsahariens jetés en pâture à la population par un président visiblement soucieux de faire diversion, eux, ne font que colmater les brèches d’un système économique à bout de souffle. La population active a diminué de 150 000 personnes l’an dernier. Les migrants occupent les emplois dont les Tunisiens ne veulent plus en raison des salaires trop bas pratiqués dans le BTP, la restauration, l’agriculture ou les services, entre autres. Le modèle tunisien, bâti depuis cinquante ans sur les bas coûts de production et donc sur les bas salaires, n’est plus qu’une relique.

De la haine de classe à la haine de l’Autre

Les prix et le coût de la vie flambent, le pouvoir d’achat de la population, dont les attentes sont considérables depuis 2011, fond comme neige au soleil. Ce n’est plus tenable, et c’est ce qui explique en grande partie l’émigration massive. Quant à l’immigration illégale, la Tunisie n’étant finalement qu’une étape vers l’eldorado supposé qu’est l’Europe, on est loin du « grand remplacement » : le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) estime à 21 000 le nombre de migrants sans papiers originaires d’Afrique subsaharienne. Même sous-estimé, même en multipliant ce chiffre par deux ou trois, on est loin de l’invasion décrite dans un pays de 12 millions d’habitants !

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Racisme et populisme ont toujours fait bon ménage et ont, de tout temps et sous toutes les latitudes, représenté des leurres efficaces pour des dirigeants sans solutions. La haine de classe, qui cible les puissants ou les riches d’hier, ces « ennemis du peuple », est une autre arme que Saïed utilise volontiers. Tout comme ce souverainisme compulsif qui fustige les « ingérences » et les « diktats » de l’étranger et rencontre un écho favorable auprès d’une population soucieuse de trouver des coupables à ses difficultés croissantes. Que se passera-t-il quand il aura épuisé ses réserves de boucs émissaires et d’artifices ? Le roi sera nu… Ainsi va la Tunisie de 2023, sous la férule d’un homme supposé providentiel, qui regarde ailleurs alors que les problèmes s’accumulent sous son nez. Douze ans après une révolution censée mettre fin aux règnes des zaïms omnipotents et omniscients, c’est un véritable crève-cœur.

Insécurité dans le Centre-nord du Burkina : La commune de Tougouri se vide de sa population, alertent les ressortissants

Accueil > Actualités > DOSSIERS > Attaques terroristes • Lefaso.net • jeudi 16 mars 2023 à 22h25min 
 
Insécurité dans le Centre-nord du Burkina : La commune de Tougouri se vide de sa population, alertent les ressortissants

 

Les ressortissants de la commune de Tougouri réunis au sein du Conseil communal des OSC (Organisation de la société civile) de Tougouri ont animé une conférence de presse, ce jeudi 16 mars 2023 à Kaya, dans la région du Centre-nord.

Le vendredi 10 mars 2023, la commune de Tougouri a connu la deuxième attaque terroriste de son histoire, après celle du 13 mars 2019. « Suite à cette attaque, une médiatisation dont nous ignorons la véracité, selon laquelle plusieurs terroristes en fuite auraient été abattus a été diffusée. Nous nous disons que c’est suite à cette médiatisation que les HANI sont revenus le 13 mars 2023 commettre encore une fois de plus leur forfaiture sans être inquiétés et donner un ultimatum de sept jours à la population de quitter les lieux », a expliqué Roland Lallogo, le président du Conseil communal des OSC de Tougouri.

Selon Benjamin Koudougou, le coordonnateur de MPAP (Mouvement pour la culture de la paix et l’amour de la patrie) du Centre-nord, les lanceurs d’alertes et autres internautes doivent préserver la vie des zones à fort défi sécuritaire. « Tout ce qui se passe sur les réseaux sociaux, eux [les terroristes] aussi les suivent comme nous. Et ils viennent pour témoigner que tout ce qui se racontent sur les réseaux sociaux est faux », a-t-il insisté.

 

Au lendemain de cette menace, c’est-à-dire le 14 mars, la population a entrepris des démarches auprès de l’autorité en vue d’obtenir un renfort de FDS et VDP sur place. « C’est ainsi que nous avons été informés de l’arrivée imminente d’un détachement dans les heures qui suivaient. Malheureusement, cette bonne nouvelle n’a jamais abouti et la nuit du 14, les ennemis du peuple sont revenus autour de 23h faire des tirs d’armes lourdes et ont sommé la population de quitter la ville avant l’aube », a déploré Roland Lallogo.

 

« Si nous somme aussi Burkinabè, alors nous demandons
une intervention immédiate afin de sauver Tougouri »,
a déclaré Roland Lallogo.

« Des tirs d’armes lourdes encore »

Impuissante face à cette situation, la ville a commencé donc à se vider les minutes qui ont suivi. « Dès que nous avons encore reçu l’information, nous avons encore une fois de plus interpelé l’autorité afin d’empêcher le départ des populations mais hélas, rien ne se fit, et ce, jusqu’à l’heure où nous vous parlons », a confié le président du Conseil communal des OSC de Tougouri.

A écouter les conférenciers du jour, malgré la fuite de la population, les hommes armés sont revenus encore : « Comme pour montrer leur bravoure et leur victoire, ces hommes sont revenus la nuit du 15 mars alors que la ville s’est vidée, faire des tirs d’armes lourdes encore ». [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Cryspin Laoundiki
Lefaso.net