Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Chine – États-Unis : un divorce à risque pour l’Afrique

Le dynamisme économique du continent fait aussi sa fragilité. Si la rupture entre Washington et Pékin était consommée, l’intégration régionale serait le salut des économies du continent.

Par  - à Washington
Mis à jour le 20 avril 2023 à 10:19
 Xi
 
 

 

Le président chinois Xi Jinping au sommet des dirigeants du G20 à Nusa Dua, en Indonésie, le 16 novembre 2022. © REUTERS/Willy Kurniawan/Pool

 

 

Selon un vieux proverbe africain, lorsque les éléphants se battent, l’herbe est piétinée. Aujourd’hui, le FMI a chiffré cette sagesse ancestrale : un rapport publié à l’occasion des Réunions de printemps du Fonds et de la Banque mondiale souligne que c’est l’Afrique subsaharienne qui risque de souffrir le plus de la menace de rupture entre les États-Unis et la Chine, ainsi que d’une « fragmentation géoéconomique » plus large. Selon le FMI, il pourrait en coûter à la région une perte de croissance économique de 4 %.

« Au cours des deux dernières décennies, l’Afrique subsaharienne a forgé des alliances économiques et commerciales avec de nouveaux partenaires économiques », indique le FMI. « Si la région a bénéficié d’une intégration mondiale accrue au cours de cette période, l’émergence d’une fragmentation géoéconomique a mis en évidence des inconvénients potentiels. Par rapport à d’autres régions, l’Afrique subsaharienne est celle qui risque de perdre le plus dans un monde gravement fragmenté. »

Revers de la médaille

Selon ce rapport, l’Afrique pourrait être victime de son propre succès. Autrefois très dépendant des échanges avec les anciennes puissances coloniales européennes, et dans une moindre mesure avec les États-Unis, le continent a vu ses échanges avec les pays « émergents » comme la Chine, l’Inde et la Russie exploser au cours des deux dernières décennies.

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Depuis la fin du XXe siècle, l’ « ouverture commerciale » de l’Afrique subsaharienne – importations plus exportations en pourcentage du PIB – a doublé, passant de 20 à 40 %, tandis que la valeur des exportations vers la Chine a été multipliée par dix. « Ce doublement, associé au dynamisme des prix des matières premières, entre autres facteurs, a contribué au décollage de la croissance au cours de cette période, stimulant le niveau de vie et le développement », indique le FMI.

Mais le revers de la médaille est que cette expansion a exposé l’Afrique. « L’inconvénient de l’intégration économique accrue est que l’Afrique subsaharienne est devenue plus sensible aux chocs mondiaux », indique le rapport. « De nombreux pays dépendant fortement des importations de denrées alimentaires, d’énergie et d’engrais, la région a subi l’une des pires crises du coût de la vie depuis des décennies lorsque les prix mondiaux des produits de base ont grimpé en 2022, dans le sillage de la guerre en Ukraine et en plus des effets de la pandémie de Covid-19. »

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Si elle était contrainte de choisir entre un bloc États-Unis – Union européenne et un bloc centré sur la Chine, l’Afrique perdrait l’accès à des marchés d’exportation clés et subirait une hausse des prix à l’importation, selon le FMI. Le pays médian d’Afrique subsaharienne devrait connaître une baisse permanente de 4 % de son PIB réel au bout de 10 ans. « Les pertes estimées sont inférieures à celles de la pandémie de grippe aviaire de 19 ans, mais supérieures à celles de la crise financière mondiale », indique le rapport. « Les baisses sont plus importantes dans les pays qui sont plus intégrés dans le commerce mondial et dans les pays qui, au départ, commerçaient davantage avec le bloc dont ils ont été séparés. »

Les perturbations des flux de capitaux et des transferts de technologie pourraient encore aggraver la situation, selon le FMI. L’Afrique risque également de perdre 10 milliards de dollars en investissements directs étrangers et en aides gouvernementales, selon le FMI, tandis que les tensions géopolitiques croissantes pourraient entraver davantage l’allégement de la dette, les créanciers chinois et occidentaux ayant de plus en plus de mal à se mettre d’accord sur la question de savoir qui doit bénéficier d’une réduction de sa dette.

La solution de l’intégration

Cependant, tout n’est pas noir. Dans un scénario où les États-Unis et l’Union européenne couperaient leurs liens avec la Russie – ce que l’on appelle le « découplage stratégique » – l’Afrique pourrait continuer à commercer avec qui elle veut. Le continent pourrait même connaître une légère hausse de son PIB, en particulier parmi les exportateurs d’énergie.
Le rapport du FMI recommande à l’Afrique de se préparer au pire en renforçant l’intégration régionale, notamment grâce à la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), aussi en approfondissant les marchés financiers nationaux et enfin, en améliorant la mobilisation des recettes nationales afin de réduire la part des recettes fiscales liées aux produits de base.

Le rapport du FMI considère que les institutions multilatérales ont un rôle à jouer dans la lutte contre une fragmentation accrue : « Elles peuvent faciliter le dialogue en promouvant les gains de l’intégration mondiale, en soulignant les coûts des pratiques protectionnistes et en encourageant la coopération multilatérale dans des domaines d’intérêt commun, notamment la sécurité alimentaire, le changement climatique et la résolution de la dette. »

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Les hauts responsables du FMI, dont la directrice générale Kristalina Georgieva, ont tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises au cours des réunions de printemps : « Comme vous l’avez vu dans nos dernières Perspectives de l’économie mondiale, nous prévoyons que la croissance mondiale ralentira à 2,8 % en 2023 et restera faible, à environ 3 %, au cours des cinq prochaines années. Il s’agit de la prévision à moyen terme la plus faible depuis des décennies. » « L’inflation sous-jacente reste obstinément élevée. Les facteurs géopolitiques affectent également l’économie, et la fragmentation économique a des répercussions sur le commerce et les flux de capitaux », a déclaré la directrice générale.

Pas de retour au passé

Un message qui a mis les États-Unis sur la défensive : « Nous avons parfois des problèmes avec les différentes politiques économiques de la Chine et nous défendrons toujours les intérêts économiques des États-Unis, mais en aucun cas, nous n’essaierons de séparer complètement ces deux économies », a déclaré Jay Shambaugh, sous-secrétaire aux Affaires internationales du département du Trésor américain. « Ce n’est ni pratique ni dans notre intérêt. »

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Les dirigeants africains ont clairement fait savoir qu’ils ne se laisseraient pas dicter leur conduite. Mzé Abdou Mohamed Chanfiou, ministre des Finances des Comores, qui dirige l’Union africaine pour l’année à venir, explique que son pays se bat pour une « Afrique ouverte, une Afrique qui ne veut pas être considérée comme un continent pris en étau » entre les États-Unis et la Chine.
« Les décisions mondiales – pas seulement économiques, mais aussi politiques – qui touchent à nos priorités, comme le climat ou la dette, devraient faire entendre la voix de l’Afrique », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse tenue le 15 avril au FMI avec les ministres africains des Finances. « Nous ne voulons pas d’un retour au passé, à une division entre un bloc oriental et un bloc occidental. »

Au Burkina Faso, une heure en mode avion contre l’envolée des prix

Pour protester contre les tarifs des connexions internet, des consommateurs burkinabè appelaient à un boycott d’une heure des services de téléphonie mobile, ce mardi.

Mis à jour le 18 avril 2023 à 18:09
 
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Par Damien Glez>

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

 

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© Damien Glez

Le « mode avion » est bien utile aux Burkinabè, même à ceux qui ne décollent d’aucun aéroport. Évoquant les stratégies des hommes infidèles, l’artiste Smarty chantait, il y a quelques années : « je suis en mode avion, dès que je mets les pieds à la maison. » Pour d’autres de ses compatriotes, cette option rime avec l’expression d’un mécontentement…

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Ce week-end, l’activiste Alain Traoré, plus connu sous le pseudonyme « Alino Faso », invitait « l’ensemble des consommateurs à mettre leurs téléphones portables en mode avion » ce mardi 18 avril, entre 11 heures et midi. Cette opération, baptisée « mardi presque noir », est une campagne de boycott des trois opérateurs de téléphonie inspirée d’un mouvement social équivalent, en Côte d’Ivoire voisine.

2 000 F CFA par giga

Mécontents de la qualité des services téléphoniques, de la gestion des bonus de recharge et des prix pratiqués par les opérateurs, des représentants des citoyens connectés ont été reçus, le 14 avril dernier, par l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep). Mais l’institution ne semble donc pas avoir convaincu, ni par certaines de ses explications – les difficultés d’un pays sans façade maritime et agressé par les terroristes–, ni du point de vue des promesses de régulation. Régulation largement compromise, en matière de tarifs, par la liberté de fixation des prix, conformément à la loi sur la concurrence. Même si elle évoque des concertations avec les opérateurs de téléphonie mobile, l’Arcep peut essentiellement contrôler la qualité technique du service téléphonique et exiger de la transparence dans la présentation des offres commerciales…

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Les organisations de défense des droits des consommateurs soutiennent le mouvement, en brandissant des chiffres éloquents : pour la connexion internet, le giga coûterait plus de 2 000 francs CFA, contre moins de 400 francs au Ghana voisin –certes côtier– et un peu plus de 1 000 francs dans un Niger lui aussi enclavé et agressé.

Non seulement la vie est globalement de plus en plus chère au Faso, mais, en plus, des internautes de plus en plus nombreux utilisent internet comme support d’expression et outil de travail. Beaucoup d’observateurs considèrent que le régime déchu de Roch Marc Christian Kaboré avait commencé à vaciller en novembre 2021, lorsqu’il avait interrompu l’internet mobile pendant 96 heures suite à des troubles sociaux dans la ville de Kaya. Les réactions déboussolées des internautes avaient démontré l’importance de la connexion dans la vie des Burkinabè 2.0. Et donc la difficulté pour eux de s’en priver, ce mardi, pendant une heure…

Ce que le nouveau président de la Banque mondiale devrait faire… et ne pas faire

En réponse aux critiques croissantes relatives à sa légitimité, l’institution internationale doit reprendre le leadership sur la lutte contre le réchauffement climatique, et jouer la transparence au sujet de l’impact de ses prêts.

Mis à jour le 15 avril 2023 à 19:11

 

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Par Rabah Arezki

Directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) au sein du Centre d'études et de recherches sur le développement international (Cerdi).

 

 

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Ajay Banga, candidat américain pour diriger la Banque mondiale, lors d’une interview à Nairobi, au Kenya, le 8 mars 2023. © TONY KARUMBA/AFP

 

 

La Banque mondiale élira bientôt un nouveau président. Un poste qui devrait revenir au candidat des États-Unis, Ajay Banga, un dirigeant de renom dans le secteur financier. S’il est effectivement élu, ce dernier aura une tâche difficile. Il n’est en effet un secret pour personne que l’institution internationale traverse une mauvaise passe après la gaffe climatique du président sortant, David Malpass.

Cela étant, l’érosion graduelle mais bien réelle de la pertinence de la Banque mondiale est beaucoup plus profonde, touchant également d’autres banques multilatérales et régionales de développement. D’une part, le volume des prêts consentis par ces institutions par rapport aux flux de capitaux privés est plus faible aujourd’hui qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, lors de la création de l’institution.

À LIREDavid Malpass : « La Banque mondiale doit trouver de nouvelles techniques de développement »

D’autre part, alors que son premier prêt a été accordé en 1947 à la France à des fins de reconstruction, son mandat a depuis beaucoup évolué pour se recentrer sur la réduction de la pauvreté. Récemment, des appels ont aussi été lancés pour qu’elle se mobilise davantage sur les questions climatiques.

Augmenter sa capacité de prêt

Dans ce contexte et alors que la légitimité de l’institution, considérée comme dominée par l’Occident, est de plus en plus contestée, les voix se multiplient pour appeler la Banque à augmenter sa capacité de prêt. C’est en effet ce qu’elle doit faire tout en veillant à rester en tête du peloton en matière d’idées et d’exécution de ces financements. Pour réussir ce défi, Ajay Banga doit se positionner sur trois points critiques.

Premièrement, le nouveau président ne devrait pas procéder à une énième réorganisation de l’institution. Les expériences passées se sont étirées dans le temps et ont miné le moral du personnel avant d’être finalement annulées. C’est notamment ce qui s’est produit lors de la dernière grande réorganisation menée par la présidence de Jim Yong Kim (2012-2019).

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Les nouveaux départements transversaux mis en place, appelés global practices et largement inspirés de la structure des cabinets de conseil mondiaux, ont polarisé la gouvernance comme les personnels de l’institution, finissant par disparaître quelques années plus tard.

Renoncer à une réorganisation n’empêche toutefois pas de construire une nouvelle équipe de direction, composée d’éléments internes comme de nouveaux venus, capables de remonter le moral des troupes et de donner un nouvel élan à la Banque. C’est bien cette voie qu’il convient de choisir.

Parier sur le leadership intellectuel

Deuxièmement, le nouveau patron devrait raviver le leadership de la Banque mondiale sur deux thèmes clés, la réduction de la pauvreté et les questions climatiques. Avec plus de 15 000 employés, dont la majorité travaille à distance du siège au sein de bureaux extérieurs, l’institution doit trouver le juste équilibre entre idées et opérations.

LA BANQUE MONDIALE DOIT S’AFFIRMER COMME UNE BANQUE DES IDÉES

Ces derniers temps, la banque, comme d’autres institutions de développement, a eu tendance à mettre l’accent sur le volume des prêts au détriment de leur mise en œuvre, car on connaît l’importance du décalage entre les montants annoncés et ceux réellement déboursés.

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C’est en partie ce qui explique que l’institution a été critiquée pour avoir fait peu de choses sur le climat et avoir déployé une réponse trop modérée face au Covid-19.

Il faut corriger le tir en pariant sur le leadership intellectuel. Disposant d’un réservoir de collaborateurs talentueux, la Banque mondiale doit s’affirmer comme une banque des idées, en particulier sur les solutions permettant d’anticiper la réponse au changement climatique et sur la façon de catalyser les investissements du secteur privé. Ce n’est qu’ainsi qu’elle pourra influencer les autres banques de développement qui la sollicitent.

« Révolution de la transparence »

Troisièmement, le futur chef de l’institution devrait montrer la voie sur la transparence concernant la mesure de l’impact des prêts. Si la banque a fait des progrès en matière de divulgation des informations, y compris sur les contrats liés aux prêts, elle peine à rendre intelligible cette avalanche de données : nombre de résultats demeurent incomplets en raison de l’absence d’une approche cohérente sur la mesure de l’impact.

Or, dans un monde où la désinformation se propage facilement et où la géopolitique évolue, la banque devrait montrer au monde qu’elle dépense l’argent des contribuables avec le plus d’effet possible. Non seulement cela encouragerait les financeurs à poursuivre leurs efforts mais, en plus, cela catalyserait le changement de pratiques dans d’autres institutions de développement. Lancer cette « révolution de la transparence » sur l’impact est le moyen pour la Banque mondiale de regagner la confiance de toutes les parties prenantes.

Guinée: des peines de 4 à 18 mois de prison ferme suite à des manifestations anti-délestage à Kankan

En Guinée, vingt-trois personnes étaient jugées à Kankan, dans l’est du pays, suite à des manifestations anti-délestage. Des peines de prison ferme allant de 4 à 18 mois ont été prononcées, ce 13 avril 2023. Huit personnes ont été relaxées.

Avec notre correspondant à Conakry, Matthias Raynal

En Guinée, des peines allant jusqu’à un an et demi de prison ferme ont été prononcées ce 13 avril 2023 dans l’affaire des manifestations anti-délestage à Kankan.

La deuxième ville du pays avait été secouée à la fin mars par un mouvement de protestation. Les habitants de plusieurs quartiers, exaspérés, s’étaient retrouvés dans la rue pour exprimer leur colère face aux coupures d’électricité récurrentes, brûlant des pneus sur la voie publique et incendiant même un portrait du président de la transition, Mamadi Doumbouya. Des affrontements avaient éclaté avec les forces de l’ordre.

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Il étaient vingt-trois dans le box des accusés. À l’issue des trois jours d’audience, seuls huit ont pu ressortir libres du tribunal de première instance de Kankan, relaxés. Les autres viennent de passer la nuit en détention.

« C'est parole du ministère public contre celle de nos clients »

« C'est la parole du ministère public contre celle de nos clients », assure Maître Mamady Doumbouya. Il a défendu les accusés poursuivis, entre autres, pour destructions et dégradations d’édifices publics, participation délictueuse à un attroupement non autorisé. Il dénonce un dossier vide.

« Quant aux témoignages, aucune prise de vue n'a été brandie par le ministère public, confondant un de nos clients dans ces différentes manifestations ou pour les infractions pour lesquelles il les traduit », poursuit Maître Mamady Doumbouya.

« C'est une décision qui est raisonnable »

Les peines vont de quatre mois à un an et demi de prison. Trois hommes, identifiés comme les meneurs, ont écopé des sanctions les plus lourdes.

Le procureur de la République, Daouda Diomandé, se dit satisfait. « C'est une décision qui est raisonnable, estime-t-il. J'avais requis trois ans d'emprisonnement contre les meneurs et deux ans d'emprisonnement contre ceux qui sont descendus dans la rue pour incendier. De toute façon, ce que moi je recherchais, c'était la condamnation, compte tenu de la gravité des faits ».

Pour Maître Doumbouya, la justice a voulu faire un exemple. En punissant ses clients, elle donne « une leçon » à ceux qui voudraient manifester contre les délestages ailleurs en Guinée, estime l’avocat de la défense. Une défense qui a décidé de faire appel.

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« Au Sahel et dans la Corne de l’Afrique, le changement climatique tue déjà »

 
tribune
  • Collectif

L’Afrique, continent historiquement le moins responsable des émissions de gaz à effets de serre, fait déjà face à des événements météorologiques extrêmes aux conséquences désastreuses pour les populations, notamment les enfants et les femmes. Pour ce collectif d’ONG, la France a l’occasion et le devoir d’agir.

  • Collectif, 
« Au Sahel et dans la Corne de l’Afrique, le changement climatique tue déjà »
 
Un collectif d’ONG alerte sur les conséquences du changement climatique en Afrique. (Photo d’illustration d’une femme allant chercher de l'eau pendant la sécheresse, dans le comté de Samburu, au Kenya, en octobre 2022)BRIAN INGANGA/AP

Les derniers épisodes de canicule en France ont été une prise de conscience pour beaucoup que notre pays ne serait pas épargné par le changement climatique. Pourtant, c’est au-delà de nos frontières que la crise climatique a d’ores et déjà les conséquences les plus dramatiques. Parmi ses impacts les plus tangibles, la faim, qui tue des milliers de personnes toutes les semaines.

Les régions du Sahel et de la Corne de l’Afrique sont en effet en première ligne de dérèglements climatiques sans précédent, qui s’ajoutent à des crises économiques, sociales et politiques préexistantes. Instabilité politique, conflits prolongés, pauvreté extrême, inégalités criantes, impact économique de la pandémie de Covid-19, montée en flèche des prix des denrées alimentaires, du carburant et des engrais… autant de facteurs qui déstabilisent et fragilisent déjà ces régions.

Des températures qui explosent

Dans ces conditions, au Sahel central (Mali, Niger, Burkina Faso), selon le Cadre harmonisé, outil d’analyse commun des agences des Nations unies et ONG, entre autres, ce ne sont pas moins de 7,6 millions de personnes qui auront besoin d’assistance alimentaire en 2023. Dans la région centre du Burkina Faso notamment, le nombre d’enfants traités pour malnutrition aiguë sévère en 2022 était en augmentation de 50 % par rapport à l’année précédente.

Le Sahel est l’une des régions les plus touchées de la planète par les changements climatiques et le manque d’eau : les températures y augmentent à un rythme 1,5 fois plus rapide que la moyenne mondiale, or la production des denrées alimentaires de base risque de s’effondrer encore de 25 % si le réchauffement mondial dépasse les 2 °C dans un pays comme le Niger.

Une succession de sécheresses

Dans le même temps, la région de la Corne de l’Afrique fait face à une succession de sécheresses qui tuent le bétail et les plantations, aggrave la faim et exacerbe les tensions autour de ressources devenues rares. Le manque d’eau va aussi de pair avec la résurgence d’épidémies comme le choléra et la rougeole, qui sont des facteurs aggravants de la faim.

On estime ainsi qu’en Éthiopie, au Kenya et en Somalie, une personne meurt de faim toutes les trente-six secondes et près de 2 millions d’enfants ont actuellement besoin d’un traitement urgent contre la malnutrition aiguë sévère, la forme la plus mortelle de la faim. Selon les prévisions, la situation va continuer de se détériorer en 2023 ; par conséquent, en Somalie et au Soudan du Sud, le risque de famine connaîtra un pic encore plus important dès ce mois d’avril.

Des phénomènes extrêmes

Les phénomènes météorologiques extrêmes, de plus en plus nombreux et violents, réduisent eux aussi les capacités des populations à mettre en place des stratégies de survie et de résilience pour faire face aux chocs, et les condamnent à fuir, ce qui engendre des tensions et des risques de protection pour les femmes et les enfants.

D’autant plus que ces crises touchent de manière encore plus forte les femmes et les filles : elles mangent souvent moins et en dernier, avec des repas moins nutritifs malgré des besoins particuliers lorsqu’elles sont enceintes ou allaitantes. Ce sont le plus souvent à elles qu’incombe la charge d’aller chercher l’eau, parfois sur de longues distances ; les filles peuvent être exposées au mariage forcé et précoce pour avoir une bouche de moins à nourrir au sein du foyer.

Des actions concrètes

Nos organisations humanitaires mènent des actions concrètes auprès des populations, en travaillant avec des associations locales, pour aider des centaines de milliers de personnes en fournissant de l’eau potable, des produits d’hygiène, une prise en charge nutritionnelle et sanitaire, une aide alimentaire, mais aussi en mettant en œuvre des programmes de développement visant à renforcer la résilience de ces populations aux futurs chocs auxquels elles seront amenées à faire face…

Pourtant, malgré ces constats dramatiques, nos organisations sont contraintes de continuer d’alerter. La mobilisation totale de la communauté internationale n’est plus seulement souhaitable, elle devient une nécessité. Elle n’a jusqu’ici pas été au rendez-vous. En 2022, à peine 62 % des besoins de financements humanitaires estimés par l’ONU ont été comblés dans ces régions, contexte dans lequel la France ne fournit pas sa juste part, n’ayant financé que 1,2 % de la somme totale.

Un nouveau pacte

Dans quelques semaines, la France accueillera à Paris un sommet international visant à concevoir un « nouveau pacte financier » avec les pays en développement. Un moment important pour mobiliser des financements supplémentaires à court terme, de façon à répondre aux crises nutritionnelles et alimentaires, mais aussi à moyen terme, en trouvant des ressources pérennes et innovantes pour faire face aux changements climatiques dans les pays les plus vulnérables.

La France est aussi en train de revoir sa stratégie humanitaire, qui fixera les grandes lignes de sa politique pour les cinq années à venir : c’est l’occasion d’accompagner les bonnes volontés de moyens financiers, en octroyant au moins 1 milliard d’euros par an à son aide humanitaire en la dirigeant en grande partie vers la crise alimentaire au Sahel et dans la Corne de l’Afrique. La France a l’occasion de changer la donne en 2023, à l’heure où le changement climatique tue déjà.

Cécile Duflot, Directrice générale d’Oxfam France

Jean-François Riffaud, Directeur général d’Action contre la faim

Adeline Hazan, présidente de l’Unicef France

Alexandre MOREL, codirecteur général de Care France ; Emanuela CROCE, codirectrice générale de Care France

Najat Vallaud-Belkacem, Directrice France de ONE

Manuel Patrouillard, Directeur général de Handicap international

Rachid Lahlou, Président-fondateur du Secours islamique France

Thierry Mauricet, Directeur général de Première Urgence internationale

Kevin Goldberg, Directeur général de Solidarités international

Anne Bideau, Directrice générale de Plan international

Martine Gernez, Présidente de HAMAP Humanitaire