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Pandémie de Covid-19: où en est l’Afrique

                              Des candidats au dépistage dans la salle d'attente d'un hôpital de Soweto, en Afrique du Sud, le 30 novembre 2020.
                      Des candidats au dépistage dans la salle d'attente d'un hôpital de Soweto, en Afrique du Sud, le 30 novembre 2020. AP - Jerome Delay
Texte par :RFISuivre
58 mn

Depuis l’apparition officielle du Sars-Cov-2 sur le continent le 14 février 2020, le nombre de contaminations et de morts dues à la pandémie semble largement contenu, malgré une résurgence dans certains pays ces dernières semaines.

Les chiffres ne laissent jusque-là pas de place au doute. 2,32 millions de contaminations, 55 265 morts. Dix mois après le premier cas officiellement déclaré en Égypte, le continent africain ne totalise que 3,4 % des contaminations au coronavirus alors qu’il représente 17 % de la population mondiale. La réalité de la propagation du virus est sans doute nettement plus importante, surtout dans les pays disposant de capacités de dépistage limitées. Il n’empêche, la plupart des pays africains ont dès le début de la pandémie réussi à prévenir ou à contenir la transmission communautaire généralisée, déjouant par la même les prédictions les plus alarmistes.

À l’Organisation mondiale de la santé (OMS), on se veut pourtant très vigilant. « Le virus continue de circuler et la plupart des gens restent sensibles », a déclaré depuis Genève, Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’organisation, le 10 décembre dernier, à l’ouverture du troisième Forum Galien Afrique, qui se tenait à Dakar, la capitale sénégalaise. Selon lui, le continent africain est « à une période charnière » dans la gestion de la pandémie mondiale. « Ces dernières semaines, nous avons constaté une augmentation inquiétante du nombre de cas et de décès », a alerté le chef de l’agence sanitaire mondiale.

Ecoutez notre édition spéciale sur le Covid-19 en Afrique (1ère partie)

Une situation contrastée

De fait, depuis début octobre, la circulation du virus a repris et la courbe est repartie à la hausse. Toujours de façon inégale. Les pays d’Afrique australe et d’Afrique du Nord se partagent le plus grand nombre de cas. Soit sept pays totalisant environ 81 % des contaminations, dont l’Afrique du Sud (27 %) qui reste le pays le plus touché. Pour la seule journée de mercredi 9 décembre, Pretoria a enregistré 6 709 nouveaux cas ainsi que 135 morts. Le nombre de nouvelles contaminations est en forte hausse depuis le début du mois, laissant présager une deuxième vague, notamment au sud du pays, dans la région du Cap, mais également dans le Sud-Est et la région de Pretoria et Johannesburg. Contrairement à la première vague, ce sont surtout les adolescents qui sont touchés, principalement les 15-19 ans. Pour l’instant, il n’est pas question d’un nouveau confinement, mais les autorités appellent chacun à être responsable durant les fêtes de Noël. 

Covid-19: nombre de cas positifs déclarés en Afrique depuis mi-février 2020.
Covid-19: nombre de cas positifs déclarés en Afrique depuis mi-février 2020. © Studio graphique FMM

L’Afrique de l’Ouest, qui avait jusque-là enregistré peu de malades, est elle aussi confrontée à un rebond des nouvelles contaminations : +45 % en moyenne entre le 30 novembre et le 6 décembre. Avec des hausses records par endroits : +194 % au Burkina Faso - qui est passé de 2 856 cas le 30 novembre à 3 212 cas le 6 décembre -, +79 % pour le Nigeria. Dans son rapport hebdomadaire, le centre nigérian de contrôle des maladies (NCDC) indique d’ailleurs que le nombre de personnes testées positives sur cette période est passé de 3,9 % à 6 % alors que le nombre de tests pratiqués a diminué par rapport à la semaine précédente. Même écho au Sénégal ou l’on craint « une deuxième vague ». Selon Abdoulaye Diouf Sarr, le ministre de la Santé, le pays est passé de dix nouvelles contaminations par jour il y a un mois à 101 quotidiennes le 10 décembre dernier. Pas de mesures restrictives annoncées pour le moment, mais une « tolérance zéro » pour le port du masque.

 
 

Ecoutez notre édition spéciale sur le Covid-19 en Afrique (2e partie)

Au Kenya, le nombre de cas testés positifs se rapproche des 100 000 pour plus de 15 00 décès depuis mars dernier. Si la propagation du virus a, dans un premier temps, été très lente, les chiffrent augmentent fortement depuis septembre dernier. Et pourtant, les hôpitaux sont encore loin d’être submergés. Comment expliquer ce paradoxe ? Éléments de réponse avec notre correspondante à Nairobi, Charlotte Simonart.

Reportage au Kenya, des unités Covid quasiment vides

Les systèmes de santé à l’épreuve de la pandémie

Au Sénégal comme ailleurs, pas question d’exposer à nouveau les systèmes de santé déjà fragilisés. En dépit d’une réponse rapide des autorités sanitaires dès le début de la pandémie en mars dernier, les services essentiels ont été mis à rude épreuve. Vaccination, lutte contre le paludisme, santé reproductive… tous les secteurs ont pâti de la pandémie.

Une étude préliminaire de l’OMS menée dans quatorze pays révèle une chute importante de la prestation dans cinq services de santé essentiels - entre janvier et septembre 2020 - par rapport aux deux années précédentes. 

Des campagnes d’immunisation contre la rougeole, la tuberculose, la fièvre jaune, la polio et d’autres maladies ont été repoussées dans au moins quinze pays africains. L’introduction de nouveaux vaccins a été suspendue et plusieurs pays ont enregistré des ruptures de stocks de vaccins. Quant à la santé des femmes, elle s’est considérablement dégradée. Au Nigeria, par exemple, il y a eu 310 morts maternelles dans les structures sanitaires en août 2020, soit près du double par rapport à août 2019.

De son côté, l’Onusida s’inquiète des menaces qui pèsent sur l’avancée de la lutte contre le VIH. En Afrique du Sud, l’expérience accumulée dans le combat contre le sida a pu aider à contenir la pandémie de coronavirus. Mais les chercheurs sont inquiets : le confinement strict mis en place au début de l’année, puis les mesures progressivement relâchées, ont ralenti les objectifs de dépistage et de traitement. Les organisations tentent désormais de rattraper le retard.

Pendant le confinement, il y a certainement eu un coup d’arrêt dans la distribution d’antirétroviraux pour des patients qui étaient déjà traités, ainsi qu’une interruption des tests. Et c'est la même chose pour la tuberculose. Donc nous sommes inquiets d'avoir, dans les deux cas, perdu des patients, et de voir apparaître un large groupe de personnes malades et qui ne sont pas diagnostiquées comme porteuses du VIH ou de la tuberculose.

Hélène Reese, spécialiste sud-africaine du sida

Un accès difficile au vaccin

La course au vaccin est lancée. Et elle s’annonce semée d’obstacles pour le continent. Le premier est d’ordre financier. Sur les 47 pays de la région Afrique de l'OMS, « seulement près du quart disposent de plans adéquats pour les ressources et le financement », regrette l'agence onusienne qui entend vacciner « 3 % des Africains d'ici mars 2021 et 20 % d'ici la fin de l'année prochaine ».

Pour y parvenir, le continent attend beaucoup de l’initiative Covax, lancée par l’OMS et Gavi (l’alliance du vaccin) pour assurer une disponibilité mondiale des vaccins. Objectif du partenariat : se procurer deux milliards de doses qui seront ensuite données aux pays membres à faibles revenus et vendus à prix préférentiel à ceux à revenu modérés.

Le Rwanda espère ainsi être l’un des premiers pays africains à obtenir le vaccin contre le Covid-19. C’est ce qu’à déclaré le ministre de la Santé Daniel Ngamije dans une interview à la chaîne de télévision nationale ce dimanche. Selon lui, les premières doses pourraient arriver dans le pays aux alentours de mars 2021.

Ce premier lot est attendu dans le cadre du programme Covax d’accès mondial à un vaccin mis en place par l’OMS.

La course au vaccin, 20% de la population rwandaise devrait en bénéficier dans un premier temps

Pour l’instant, seules 600 millions de doses ont été réservées auprès de neuf laboratoires, et on estime qu’il manque encore 3,8 milliards d’euros pour obtenir les 1,4 milliards restantes. Covax et l’OMS comptent sur la générosité internationale pour mobiliser cette somme. Malheureusement, celle-ci tarde à se concrétiser.

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Bien au contraire. Les contrats bilatéraux passés directement avec les laboratoires priment sur les belles paroles. À ce stade, les pays les plus riches représentant 14 % de la population mondiale ont mis la main sur 53 % des doses de vaccins promises à court terme. Et qu’importe si l’Afrique du Sud et le Kenya participent à plusieurs essais cliniques, cela ne leur garantit aucun accès préférentiel aux doses.

Reste ensuite à relever les défis logistiques. La plupart des vaccins actuellement développés nécessitent d’être conservés à -70 degrés, ce qui constitue un véritable frein pour les pays ne possédant pas les infrastructures nécessaires. À quoi il faut ajouter le scepticisme des populations.

La méfiance des populations

Lors d'une enquête, menée par des chercheurs de l'IRD dans quatre pays africains (Cameroun, Sénégal, Bénin et Burkina Faso), six à sept personnes interrogées sur dix affirmaient qu'elles n'accepteraient pas le vaccin si on le leur proposait. Alice Desclaux est anthropologue à l'IRD à Dakar et a participé à cette étude. Selon elle, les raisons avancées pour ce refus sont multiples.

Alice Desclaux anthropologue de l'IRD à Dakar

En Afrique du Sud, une étude Ipsos révèle que moins des deux tiers des Sud-Africains seraient prêts à accepter le vaccin s’il était disponible, principalement à cause de la peur d’effets secondaires. Quelques manifestations ont d’ailleurs eu lieu contre l’annonce des premiers essais cliniques, en juin dernier. Et plus récemment, le chef de la Cour suprême, connu pour ses convictions chrétiennes, a même affirmé dans une prière que les vaccins était « l’œuvre du diable ». De quoi fragiliser un peu plus la confiance des populations.

Écoles de commerce : en Afrique subsaharienne, la domination sénégalaise

| Par 
Mis à jour le 15 décembre 2020 à 16h50
BEM – bordeaux management school – Dakar – 22-10-2012 © Sylvain Cherkaoui pour JA

BEM - bordeaux management school - Dakar - 22-10-2012 © Sylvain Cherkaoui pour JA © 12/10/2012. Dakar,
Senegal. Ecole BEM. © Sylvain Cherkaoui pour JA

 

Cette année encore, le trio de tête du classement Jeune Afrique est entièrement dakarois, avec BEM à sa tête. Mais une montée en puissance des établissements camerounais est également notable.

Pourquoi changer une équipe qui gagne ? Cette année encore, le trio de tête des meilleurs masters en Afrique subsaharienne reste inchangé, et le Sénégal domine. Les établissements dakarois, BEM, l’IAM et l’école de management du groupe ISM conservent leurs quatre étoiles, confirmant leur position d’écoles d’excellence dans la région.

À l’ISM, qui ne cache pas ses ambitions panafricaines, les étudiants profitent de l’arrivée d’Omar Thiam à la tête de l’école de management, fondée par Amadou Diaw. Recruté chez BEM en octobre 2019, l’ex-directeur de l’innovation, du développement et des relations avec les entreprises a pour mission d’imaginer de nouveaux programmes et de consolider la réputation de l’édifice aux murs orange.

De son côté, le groupe familial Sup de co, voisin de l’ISM à Dakar, maintient ses trois étoiles, tandis que quelques bouleversements interviennent en Afrique centrale.

Sélectivité et attractivité

Reconnue depuis plusieurs années pour sa forte connexion au marché de l’emploi et pour sa capacité à professionnaliser ses étudiants, BBS, créée en 2011 par la banque gabonaise BGFI, perd une étoile en 2020, notamment à cause d’un faible rayonnement international et de critères de sélection trop souples malgré le concours.

À l’inverse, Saint-Jérôme Management Sciences and Business School et l’Institut universitaire du Golfe de Guinée, deux institutions camerounaises, progressent.

Implantée à Douala et dépendante de l’université catholique du même nom, la première gagne des points sur son ouverture à l’international grâce aux efforts qu’elle déploie pour l’accompagnement des étudiants étrangers sur les plans administratif et matériel (le logement notamment). Ouverte en 1993, la seconde s’améliore également à l’international tout en progressant sur sa sélectivité et son attractivité. Elle ne dispose néanmoins d’aucun partenariat avec des écoles étrangères accréditées.

Si vous consultez Jeune Afrique sur l’application iOs ou Android, cliquez sur le lien ci-dessous pour retrouver le classement et faites glisser votre doigt de gauche à droite pour faire défiler toutes les entrées du tableau.

 Cliquer sur le lien ci-dessous pour plus de détail

Le  numéro dont nous copions quelques pages est le dernier de ce bulletin qui ne sera désormais plus publié.

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Alassane Ouattara prête serment et invite l’opposition au dialogue

| Par - à Abidjan
Le président ivoirien Alassane Ouattara prête serment pour un troisième mandat le 14 décembre 2020 à Abidjan.

Le président ivoirien Alassane Ouattara prête serment pour un troisième mandat le 14 décembre 2020 à Abidjan. © Sia Kambu/AP/SIPA

 

Le président ivoirien Alassane Ouattara a prêté serment ce lundi à Abidjan, moins de deux mois après son élection. Il a annoncé la création d’un ministère de la Réconciliation nationale et appelé à la reprise du dialogue avec l’opposition en vue des élections législatives.

C’est au cours d’une cérémonie sobre et brève – moins de deux heures – que le président ivoirien Alassane Ouattara, réélu à un troisième mandat avec 94,27% des voix le 31 octobre, a prêté serment sur la Constitution, ce lundi matin au palais présidentiel d’Abidjan. Une première dans l’Histoire du pays.

« C’est avec beaucoup d’honneur et de responsabilité que j’ai prêté serment, je mesure l’ampleur de cette charge. Je prends à nouveau l’engagement de l’assumer pleinement au service de mes compatriotes, de tous mes compatriotes. C’est ensemble que nous devons construire un avenir plus radieux pour tous nos concitoyens et pour les générations futures », a déclaré Alassane Ouattara en introduction d’un discours d’une trentaine de minutes, se posant ainsi en rassembleur d’un pays affecté par de vives tensions.

La cérémonie a en effet été organisée au terme d’un processus électoral marqué par le boycott de l’opposition, qui ne reconnaît toujours pas le scrutin, l’arrestation de certains de ses leaders, ainsi que des violences meurtrières, notamment dans le centre du pays.

Le chef de l’État a ensuite dressé la liste de ses priorités pour les cinq prochaines années. Parmi elles : l’éduction, la formation et l’emploi des jeunes. « À compter de janvier 2021, le gouvernement et les collectivités locales prendront en charge les frais COGES, ces frais des comités de gestion des établissements scolaires supportés par les parents d’élèves », a-t-il promis.

Et d’égrainer les autres grands chantiers de son nouveau mandat : la multiplication des centres de formation professionnelle « pour garantir une seconde chance aux jeunes sortis trop tôt du système scolaire », le soutien à l’emploi des femmes, la vaccination contre le Covid-19 à partir d’avril 2021, la généralisation de la Couverture maladie universelle (CMU), l’amélioration de la qualité de l’offre des soins, le recul de la pauvreté « à travers l’émergence d’une classe moyenne » ou encore le renforcement du lien avec le secteur privé et une répression plus sévère de la corruption qui « sape les fondements même de l’état de droit et de la démocratie ».

Des violences « intolérables »

Alassane Ouattara a par ailleurs annoncé la création « dans les prochains jours » d’un ministère de la Réconciliation nationale, dont l’objectif sera « le renforcement de la cohésion nationale et la réconciliation des fils et des filles de Côte d’Ivoire ».

« L’élection présidentielle a donné lieu à des violences intolérables », a regretté le président ivoirien, les condamnant « avec la plus grande fermeté ». « Ces actes graves ne doivent pas rester impunis, il faut mettre fin à l’impunité dans notre pays, c’est une exigence pour le respect des droits humains, nul n’est au-dessus de la loi. Je veux que cela soit clair. »

Début décembre, l’ONG Human Rights Watch (HRW) avait appelé le gouvernement ivoirien à « enquêter de toute urgence sur les meurtres de plus de 50 personnes lors des violences politiques et intercommunautaires ».

Pas de réconciliation sans dialogue, a affirmé le président ivoirien. « J’ai instruit le Premier ministre, Hamed Bakayoko, de reprendre les discussions avec les partis politiques pour mettre en œuvre les recommandations de la Cedeao relatives à la Commission électorale indépendante (CEI) dans la perspective de la tenue des élections législatives dans le courant du premier trimestre 2021, a-t-il déclaré. J’invite l’ensemble des partis politiques à saisir cette nouvelle opportunité qui s’offre à tous pour aboutir à une décrispation du climat par le dialogue, afin de renforcer la paix et la stabilisé de notre pays ».

L’opposition réclame une refonte de la CEI, qu’elle estime inféodée au pouvoir. Officiellement, les négociations entamées le 11 novembre au Golf-hôtel d’Abidjan entre Alassane Ouattara et l’ancien président et opposant Henri Konan Bédié sont rompues. Le 9 décembre, ce dernier a annoncé la fin du Conseil national de transition (CNT) et appelé lui aussi à un dialogue national réunissant les forces vices de la nation sous l’égide de facilitateurs indépendants. Il maintient cependant une condition : la libération des opposants.

Un parterre de chefs d’État

Alassane Ouattara a prêté serment devant un parterre de chefs d’État de « pays frères », membres de la Cedeao, qu’il a remerciés de leur présence en les désignant chacun par des surnoms « affectueux ». « Mon jeune frère » pour Patrice Talon, Macky Sall et George Weah ; « mon neveu » pour le Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré ; « l’empereur » pour le Congolais Denis Sassou Nguesso ; « ma chère sœur » concernant la présidente éthiopienne Sahle-Work Zewde ; « double excellence » à propos de Nana Akufo-Addo, fraîchement réélu au Ghana ; « mon fils » pour le président de la transition malienne, Bah N’Daw ; « l’émir du Sahel » au sujet du Nigérien Mahamadou Issoufou et enfin « notre jeune doyen » pour le Togolais Faure Gnassingbé.

Le président mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani, ainsi que le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat et l’ancien président français Nicolas Sarkozy avaient aussi fait le déplacement. La France était officiellement représentée par son ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.

« J’ai une pensée toute particulière pour celui que j’aurais tant souhaité voir à ma place aujourd’hui, mon fils, feu le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly (décédé le 8 juillet 2020), candidat désigné le 12 mars 2018 par le RHDP pour l’élection présidentielle », a enfin souligné Alassane Ouattara à la fin de cette longue séquence de remerciements.

11-Décembre 2020 au Burkina Faso : Le message du Chef de l’Etat

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Ceci est le discours du Chef de l’Etat à l’occasion du 11-Décembre 2020.

 

Peuple du Burkina Faso,

Concitoyennes et Concitoyens,

Burkinabè de la diaspora,

 

La commémoration du soixantième anniversaire de l’indépendance de notre pays est une excellente occasion pour saluer la mémoire des pères fondateurs de la Nation et rendre un vibrant hommage au Peuple Burkinabè, pour sa résilience et son engagement pour la Patrie, la cohésion sociale et le développement partagé.

L’accession à la souveraineté nationale et internationale de notre pays, que nous célébrons avec fierté dans la belle cité du Paysan noir, capitale de la Région des Cascades, est un évènement national par essence qui nous rappelle nos souvenirs et notre héritage communs, ainsi que notre volonté librement consentie, de bâtir ensemble une Nation unie, forte et prospère.

Peuple du Burkina Faso, Chers Compatriotes,

Cette année, la célébration de notre Fête nationale est placée sous le thème : «Cohésion nationale et engagement patriotique pour un développement durable du Burkina Faso dans un contexte d’insécurité et de COVID-19 ».

Il s’agit là d’une interpellation collective pour un Burkina Faso résolument tourné vers l’union sacrée de ses filles et fils, pour faire face aux défis actuels et assurer à notre pays, la sécurité, la santé et le développement économique et social.

L’atteinte de telles ambitions, pour lesquelles je me suis engagé avec vous, passe nécessairement par un changement de mentalité et de comportement.

La culture de la tolérance et du vivre-ensemble, le civisme, le patriotisme, le dialogue inclusif, la prise en compte de nos valeurs culturelles positives, socles de paix et de cohésion, seront la clé de notre succès.

En la matière, force est de reconnaitre que des défis importants restent à relever, si nous voulons être en phase avec le besoin légitime de paix, de sécurité, et de développement harmonieux de notre pays.

C’est pourquoi, j’engage le Gouvernement, le peuple burkinabè dans ses différentes composantes, et chaque Burkinabè, à assumer, chacun, sa part de responsabilité pour faire de la cohésion sociale et du patriotisme des réalités concrètes aux plans politique, administratif, économique et social.

Je réaffirme avec force, qu’aucune Nation ne peut prospérer dans le désordre, l’incivisme, la corruption, le reniement de la Patrie, autant de fléaux qui fragilisent la cohésion sociale et les efforts pour un mieux-être collectif.

Pour ce faire, je dois rappeler qu’autant chaque Burkinabé a des droits, autant il a des devoirs qu’il doit assumer. Dans l’intérêt de tous, nous ferons en sorte qu’il en soit ainsi.

 

Chères Concitoyennes, Chers concitoyens,

La bande sahélo-saharienne dont fait partie le Burkina Faso, est confrontée depuis quelques années à des attaques terroristes qui endeuillent des familles et occasionnent de nombreux déplacés internes. Cette situation qui vise à saper les efforts de développement et de construction de notre cher pays, est inacceptable.

En cet instant solennel, je voudrais ici redire toute ma compassion aux familles qui ont vu les leurs tomber pour défendre la Patrie et assurer la sécurité de l’ensemble des Burkinabè.

Je m’incline devant la mémoire de tous nos braves soldats et valeureux Volontaires pour la Défense de la Patrie, tombés sur le champ de bataille pour défendre l’honneur et la fierté de notre peuple.

La Nation leur est reconnaissante à jamais pour leur courage.

J’associe à cet hommage, toutes les victimes innocentes de cette barbarie terroriste et je souhaite un prompt rétablissement aux blessés, civils et militaires.

Aux déplacés internes, je voudrais les rassurer de ma solidarité et leur dire que le Gouvernement met tout en œuvre pour créer les conditions de leur retour dans leurs localités respectives, dans la sécurité et la dignité.

A tous nos soldats et à tous nos Volontaires pour la défense de la Patrie qui sont mobilisés au quotidien, je réitère mes encouragements. C’est grâce à leur détermination, que nous enregistrons des victoires dans le combat contre les forces du mal. Leur engagement à défendre la Nation, jusqu’au sacrifice suprême, nous interpelle individuellement et collectivement.

Face aux défis sécuritaires, les efforts du Gouvernement se poursuivront pour renforcer les capacités opérationnelles des Forces de Défense et de Sécurité, en matériel, en formation et en effectif pour plus d’efficacité sur le théâtre des opérations.

Je tiens à réaffirmer que l’action internationale du Burkina Faso pour contribuer à l’éradication du terrorisme ne faiblira pas. En cela, nous continuerons de travailler, de concert avec la Force conjointe du G5 Sahel et toutes les autres initiatives militaires ou politiques internationales, engagées dans la lutte contre le terrorisme, en vue d’un retour de la paix et de la stabilité au Burkina Faso et dans la sous-région.

Chers compatriotes,

La pandémie de la COVID-19, apparue en mars dernier dans notre pays, est toujours d’actualité. Aussi, voudrais-je inviter les Burkinabè à la discipline et au sens des responsabilités. Les mesures spéciales prises par le Gouvernement, au plan social et économique, en vue de réduire le ressenti des conséquences liées aux restrictions visant à freiner la progression de la pandémie, n’auront de sens que si nous parvenons ensemble à briser la chaine de contamination par le respect des mesures barrières.

Le sacrifice consenti par les personnels de santé et les acteurs engagés dans la lutte contre cette maladie s’en trouvera pleinement justifié.

C’est le lieu pour moi de leur exprimer toute la reconnaissance de la Nation pour leur engagement, quelque fois au prix de leur vie, dans la lutte contre cette pandémie. Je salue tous les acteurs nationaux et internationaux pour leur accompagnement.

La forte pluviométrie de cette année, bénéfique par endroits pour la saison agricole, a eu des conséquences dramatiques, particulièrement dans les zones où les populations sont exposées aux risques liés aux inondations.

C’est une question récurrente qui nous interpelle tous, en particulier les populations installées sur les zones inondables. Je voudrais à cet égard réitérer l’engagement du Gouvernement à apporter une réponse efficace et durable aux problèmes des inondations dans notre pays, tout en rappelant la nécessité pour tous, de respecter les règles en matière d’urbanisme et d’assainissement de notre cadre de vie.

 

Chers Compatriotes, Burkinabè de la diaspora,

Le 22 novembre dernier, le Peuple burkinabè a été invité aux urnes pour désigner le Président du Faso et élire une nouvelle Assemblée nationale, pour les cinq années à venir.

La bonne tenue des élections couplées présidentielle et législatives renforce l’ancrage de la démocratie et de l’Etat de droit au Burkina Faso. Nous avons ainsi franchi une étape importante de la vie politique de notre pays. Ces élections, dont les résultats provisoires ont été salués par tous, confirment l’image d’un peuple conscient et responsable.

C’est pourquoi, je félicite le peuple burkinabè et l’ensemble des acteurs, notamment les candidats, les partis et formations politiques, les organisations de la société civile, les responsables coutumiers et religieux pour leur sens du patriotisme et de la responsabilité qui a permis la tenue de ces élections dans un climat politique et social apaisé.

Mes félicitations vont également aux Forces de Défense et de Sécurité, et à la Commission électorale nationale indépendante, pour la sécurisation et la bonne conduite à son terme du processus électoral.

Je remercie tous les partenaires techniques et financiers ainsi que les observateurs nationaux et internationaux pour leur contribution à la réussite de ces scrutins.

Le consensus recherché autour des élections du 22 novembre 2020, et qui a prévalu avant, pendant et après la proclamation des résultats provisoires, nous indique désormais la voie à suivre. Il vient ainsi convaincre, définitivement, les plus sceptiques de la capacité du peuple burkinabè à décider de son avenir.

Je remercie particulièrement nos compatriotes de la diaspora qui ont pris activement part à l’élection présidentielle pour la première fois.

J’ai une pensée pour nos frères et sœurs qui n’ont pas pu participer à ces élections, car je comprends ce qu’ils ressentent en pareille situation.

A la faveur de la consolidation de la paix et de la sécurité et tirant les enseignements au plan organisationnel de ces scrutins, les mesures seront prises pour assurer la pleine participation de tous les Burkinabè aux scrutins à venir.

Peuple du Burkina Faso,

Concitoyennes et concitoyens,

En ce soixantième anniversaire de notre indépendance, je voudrais réitérer ma gratitude à la communauté des amis et partenaires techniques et financiers du Burkina Faso, pour leur engagement au profit du financement du Plan national de Développement économique et social (PNDES).

Je saisis également cette opportunité pour réitérer au Peuple burkinabè toute ma reconnaissance pour la confiance placée en ma personne pour conduire à nouveau la destinée de notre cher pays, le Burkina Faso pour les cinq prochaines années.

C’est une marque de profonde considération, et je voudrais vous dire, très sincèrement, merci. C’est un chemin que je veux parcourir encore avec vous. C’est donc ensemble, que nous construirons le Burkina Faso de nos ambitions et de nos rêves partagés.

J’ai foi que dans la même dynamique, avec le même engagement et le même esprit de cohésion et de patriotisme, nous réussirons à consolider les bases d’une Nation démocratique et de paix.

Bonne fête nationale à toutes et à tous !

Que Dieu bénisse le Burkina Faso !

Je vous remercie !