Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Trafic de cocaïne en Côte d’Ivoire : un autre homme d’affaires bientôt libéré ? 

Hussein Taan, le gérant de la chaîne Des gâteaux et du pain, était l’un des principaux suspects incarcérés dans le cadre de cette retentissante affaire. Il devrait à son tour être libéré sous caution.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 8 juin 2023 à 17:19
 
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Lors de la saisie de cocaïne à San Pedro, le 15 avril 2022. © Dgpn.ci

 

Interpellé dans le cadre de l’enquête sur le trafic de cocaïne entre la Côte d’Ivoire, l’Europe et l’Amérique du Sud, Hussein Taan, gérant de la chaîne de restauration abidjanaise Des gâteaux et du pain, se trouve toujours en détention. Il est d’ailleurs l’un des derniers hommes d’affaires interpellés dans le cadre de cette affaire à être encore incarcéré, tout comme l’Italien Maurizio Coco. Le 5 mai, la justice ivoirienne a libéré les Ivoiro-Libanais Richard Ghorayeb et Abbas Hamka, ainsi que le Français Dominique Amata. 

Caution et mesures restrictives

Selon nos sources, ces derniers se sont acquittés du paiement d’une caution de 200 millions de francs CFA. Mais ils demeurent sous contrôle judiciaire et ont interdiction de sortir du territoire ivoirien sans autorisation. Hussein Taan devrait également bénéficier de la liberté provisoire au cours des prochains jours. En effet, ses avocats introduiront très prochainement une nouvelle demande, une procédure qui a tardé suite à une incompréhension entre sa défense et sa famille, aujourd’hui dissipée.

À LIRETrafic de cocaïne en Côte d’Ivoire : les dernières avancées de l’enquête

Une caution sera fixée mais il sera, lui aussi, astreint à rester en Côte d’Ivoire. Si les enquêteurs ont communiqué leur rapport au parquet, cette affaire n’est pas encore bouclée. Les autorités judiciaires ivoiriennes comptent bien faire toute la lumière sur ce vaste trafic dont les gros bonnets connus – les Espagnols Picabea Carnes Aitor, Miguel Angel Devesa Mera et José María Muñiz Cadabal, alias Virus – sont passés aux aveux début mai.

Ils auraient donné quelques noms, dont ceux d’individus impliqués au sein de l’appareil d’État ivoirien. Sur ce point, Abidjan collabore, entre autres, avec la Drug Enforcement Administration (DEA) américaine, l’agence fédérale antidrogue. Les ressortissants espagnols sont en effet cités dans d’autres dossiers sur le territoire américain.

Université Thomas Sankara : Pr Patricia Ouédraogo déplore un « entrepreneuriat de reproduction » au Burkina Faso

Accueil > Actualités > Société • Lefaso.net • mercredi 7 juin 2023 à 22h40min 
 
Université Thomas Sankara : Pr Patricia Ouédraogo déplore un « entrepreneuriat de reproduction » au Burkina Faso

 

Dans un contexte de raréfaction de l’emploi salarié au Burkina Faso, l’entrepreneuriat apparaît unanimement comme étant l’alternative clé pour générer de l’emploi au profit des femmes et hommes en quête de travail. Face à cette situation, l’université Thomas Sankara, à travers l’équipe de recherche en gestion des entreprises et des organisations du Centre d’études de documentation et de recherches économiques et sociales (CEDRES), a suscité la réflexion sur le sujet. Pour ce faire, il a été organisé ce mercredi 7 juin 2023, dans l’enceinte de l’université, une conférence publique. Le thème retenu à cet effet, est intitulé : « Dispositifs de financement et d’accompagnement à l’entrepreneuriat au Burkina Faso : acquis, limites et perspectives ».

En vue d’édifier l’auditoire, plusieurs acteurs du domaine de l’entrepreneuriat au Burkina Faso ont été conviés à la conférence publique de l’université Thomas Sankara. Ce sont notamment Dr Dorcas Tiendrébéogo, du Fonds d’appui aux activités rémunératrices des femmes (FAARF) ; Bruno Comparé, du Fonds burkinabè de développement économique et social (FBDES) et Larba Pilga, du Fonds d’appui aux initiatives des jeunes (FAIJ).

Comme à l’accoutumé, la cérémonie d’ouverture a été respectée. Elle est présidée par la vice-présidente chargée de la professionnalisation et des relations université-entreprises, Pr Patricia Ouédraogo/Zoungrana, de l’université Thomas Sankara. Selon Pr Patricia Ouédraogo, représentant le président de ladite université, dans le contexte actuel de raréfaction de l’emploi salarié, les divers segments de la population sont encouragés à considérer la création d’entreprises comme une alternative crédible au fonctionnariat.

 

 

« L’expérience montre que de nombreux promoteurs d’entreprises échouent faute de compétences suffisantes pour conduire leurs projets », Pr Patricia Ouédraogo, représentant le président de l’université Thomas Sankara
 

Pour ce faire, de nombreux dispositifs sont mis en place afin de permettre à quiconque qui désire entreprendre, de bénéficier de l’appui financier et de l’accompagnement technique nécessaires, pour concrétiser son projet, soutient-elle, avant d’en citer des exemples. « On peut citer le Fonds d’appui aux initiatives des jeunes (FAIJ), le Fonds d’appui à la petite entreprise (FAPE), le Fonds d’appui aux activités rémunératrices des femmes (FAARF), le Fonds d’appui au secteur informel (FASI), le programme Burkina Startup etc. », illustre-t-elle.

Pr Patricia Ouédraogo affirme également que des efforts sont faits par l’État central et les collectivités territoriales pour rendre l’environnement économique et social davantage favorable aux affaires. À son avis, si les initiatives et les politiques publiques d’amélioration du climat des affaires convergent théoriquement vers une meilleure simulation de la création d’entreprises au Burkina Faso, rares sont les cadres qui permettent d’ouvrir le débat sur les résultats engrangés.

 

« Le CEDRES a pour mission de soutenir le développement socioéconomique de l’Afrique par la recherche et la formation en science économique et de gestion », Dr Idrissa Ouiminga, directeur de la recherche à l’université Thomas Sankara
 

De ce point de vue, la présente conférence publique initiée par l’équipe de recherche en gestion des entreprises et des organisations du CEDRES, constitue une réelle opportunité de réflexion sur les acquis, les limites et les perspectives des dispositifs de financement et d’accompagnement à l’entrepreneuriat, souligne-t-elle.

Un entrepreneuriat de basse qualité

En outre, le Pr Patricia Ouédraogo déplore le constat d’une écrasante domination de l’entrepreneuriat de reproduction au Burkina Faso, où tout le monde fait la même chose. « Le rapport national de Global entrepreneurship monitor de 2015 relève à ce propos que l’entrepreneuriat au Burkina Faso est marqué par une grosse lacune. Il s’agit d’un entrepreneuriat où la quantité prime sur la qualité, l’innovation y est très marginale et le potentiel de création d’emploi et d’internationalisation très faible ».

 

Vue partielle des participants à la conférence publique sur l’entrepreneuriat de l’université Thomas Sankara

Au regard de ce qui précède, il est impérieux pour la présidente par intérim de la cérémonie, d’outiller conséquemment les futurs entrepreneurs afin d’accroître leurs chances de succès, mais aussi à mettre sur le marché des produits innovants. L’ouverture prochaine (dès l’année académique 2023-2024) du Master professionnel en entrepreneuriat et gestion de l’innovation vient donc répondre à ce besoin de formation de ces futurs promoteurs d’entreprises.

À l’issue de cette formation proposée par l’université Thomas Sankara, les étudiants vont être à même de s’auto employer, de créer des emplois pour d’autres et de concurrencer les entrepreneurs des autres contrées, assure la vice-présidente chargée de la professionnalisation et des relations université-entreprises.

 

La conférence publique sur l’entrepreneuriat a été ponctuée par deux panels. Le premier a porté sur le financement de l’entrepreneuriat au Burkina Faso et le second a abordé l’accompagnement à l’entrepreneuriat au pays des hommes intègres.
Pour rappel, créé en 1977, le CEDRES est l’un des trois laboratoires rattachés à l’école doctorale de l’université Thomas Sankara. Il a pour objectif de réaliser, entre autres, une recherche en science économique et de gestion d’intérêt et de haut niveau aux fins d’éclairer les décideurs publics et privés sur des questions économiques et sociales.

Lire aussi : Droit : L’Université Thomas Sankara lauréate du concours de procès fictif version française

Hamed NANEMA
Lefaso.net

Au Sénégal, quelles conséquences de la crise sur l’économie ?

Les différents secteurs de l’économie sont ébranlés par l’insécurité qui secoue le pays depuis la condamnation d’Ousmane Sonko. Si la situation perdurait, la perception du pays à l’international pourrait en pâtir.

Par  - à Dakar
Mis à jour le 7 juin 2023 à 08:59
 
 
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Des policiers bloquent l’entrée de l’Université Cheikh Anta Diop, à Dakar, le 1er juin 2023. © SEYLLOU/AFP

 

Bus brûlés, bâtiments publics saccagés, magasins pillés, banques fermées, pénurie de billets dans les distributeurs, salaires impayés, internet coupé par intermittence… L’ardoise commence à s’alourdir pour l’économie sénégalaise près d’une semaine après la condamnation, le 1er juin, de l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison, qui a conduit à des embrasements ponctuels et localisés dans le pays.

À LIREPourquoi la crise politique au Sénégal n’inquiète pas (encore) S&P

Une fois le pic des affrontements passé, les Sénégalais sont doucement retournés à leurs activités, mais les perturbations liées aux violences récentes perdurent.

À LIRESénégal : Dakar Dem Dikk peut-il passer à la vitesse supérieure ?

« Notre économie est essentiellement informelle, les ouvriers et les artisans fonctionnent au ralenti, beaucoup de transports en commun ne circulent plus. La situation est anxiogène, on ne sait pas combien de temps cela va durer », explique Thiaba Camara Sy, ancienne directrice générale du cabinet d’audit Deloitte France, très investie dans le tissu économique local, cofondatrice de l’initiative citoyenne « Demain Sénégal ».

« Mettre Macky Sall à genoux »

C’est en termes d’infrastructures que le Sénégal semble devoir payer le prix fort. Même si pour le moment, aucun bilan officiel n’a été dressé, « depuis mars 2021, en 26 mois, 55 bus ont été caillassés et 107 brûlés, au cours d’affrontements motivés par des raisons politiques », indique la compagnie nationale de transport Dakar Dem Dikk, soit une perte de 4,6 milliards de FCFA, selon leurs calculs.

Après le verdict du 1er juin, le Bus Rapid Transit (BRT) de Dakar, qui était censé redessiner la mobilité urbaine et désengorger la capitale, a aussi subi des dégâts sur le corridor de 18 kilomètres qui se déploie de Guédiawaye (en banlieue) à Petersen (en centre-ville). Son inauguration, initialement prévue cette année, pourrait être repoussée.

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Pour sa part, l’Université Cheikh-Anta-Diop a été vidée de ses étudiants après sa mise à sac le 1er juin. « Il y a un sentiment de colère, sur les réseaux sociaux, il y a des appels à tout casser, à bloquer l’économie, avec l’idée de mettre Macky Sall à genoux », relate Thiaba Camara Sy.

Auchan, cible de choix

Du côté de la grande distribution, le groupe français Auchan fait partie des plus touchés. « Sept de nos magasins ont été pillés sur un réseau de 38 », dénombre Papa Samba Diouf, chargé de communication de Auchan Sénégal.

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« Parmi les pilleurs, il y avait des enfants, des hommes et des femmes d’âge mûr, c’était toutes catégories confondues. Les gens ont faim, c’est lié au contexte économique difficile, notamment en banlieue », explique-t-il. « À Scat Urbam 2 [dans le quartier dakarois de Grand Yoff], après avoir quitté le magasin, ils ont brûlé la devanture et le lendemain, quand nous sommes arrivés, il y avait des gens qui prenaient tout ce qui était ferraille, les grilles de protection, les frigos, ils vidaient tout. »

Le groupe français transfère actuellement les denrées qui peuvent l’être vers une poignée de magasins « sécurisés » comme à Mermoz, à Sacré-Cœur ou aux Almadies, sous la protection de gendarmes et de militaires.

Une partie des 2 300 employés risque de se trouver au chômage technique, avec un salaire divisé par deux. « Auchan, c’est un investissement de 100 milliards de F CFA depuis 2014. En 2022, nous avons payé 23 millions de F CFA d’impôts à l’État du Sénégal », rappelle Papa Samba Diouf.

Des étals de fruits et légumes, des boutiques de quartier ou des magasins non estampillés « intérêts français » – comme le groupe sénégalais EDK – ont également été pillés. « Au-delà de la colère, il y a une partie ‘émeutes de la faim’, les gens en profitent pour manger », estime Thiaba Camara Sy. En 2022, l’inflation avait atteint près de 10 % au Sénégal, réduisant le pouvoir d’achat de la population.

Wave Money et Orange Money inutilisables

Dimanche 4 juin, le gouvernement a suspendu internet sur les téléphones pendant certaines plages horaires. L’accès à internet a depuis été totalement rétabli. L’accès aux réseaux sociaux avait déjà été restreint dès la soirée du 1er juin. Un coup de massue pour l’économie du pays, formelle comme informelle : « Internet, c’est la base de notre boulot », explique Abdesslam Benzitouni, employé chez l’e-commerçant Jumia, qui se dit dans l’expectative.

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Selon la simulation proposée sur le site du collectif NetBlocks qui cartographie l’accès à internet dans le monde, une coupure totale et absolue durant une journée au Sénégal engendrerait une perte sèche de 4,8 milliards de F CFA. En effet, beaucoup de Sénégalais réalisent une partie de leur business sur WhatsApp, Facebook, TikTok et consort. Et paient un certain nombre de services du quotidien avec du mobile money, comme les factures d’eau ou d’électricité.

Aujourd’hui, nombreux sont les travailleurs à avoir installé des VPN pour pouvoir poursuivre leurs activités.

Pertes à long terme

Ce sont sans doute les travailleurs du secteur informel – qui représentent plus de 95 % des emplois du pays – qui paient le plus lourd tribut dans cette crise. « Beaucoup de personnes n’ont pas pu travailler ce week-end… Ici, il faut savoir qu’on vit au jour le jour », déplore Oumar Diallo, un boutiquier à Ouakam, en première ligne face à l’inflation galopante sur les prix de produits de première nécessité, comme le sucre. « Les coupures internet nous empêchent d’utiliser Wave et Orange Money, notre argent est bloqué. Les gens ont peur, des boutiques sont toujours fermées, la situation est désastreuse », ajoute-t-il.

« La Tabaski aura lieu dans une vingtaine de jours, où sont les moutons ? », s’interroge Karim Ndoye, 54 ans, mi-courtier mi-peintre dans le  bâtiment. « Les commerçants ne veulent pas venir dans les villes avec les tensions actuelles », estime-t-il. Selon lui, « des magasins comme Auchan nous permettaient au moins de stabiliser les prix en période d’inflation ». Il dit avoir peur : « Personne ne sait ce qu’il va se passer s’ils arrêtent Sonko…  »

Les risques existent également pour l’attrait touristique du Sénégal et l’organisation d’événements économiques et culturels dans ce pays longtemps loué comme un îlot de stabilité. « Si nous perdons notre aura de pays sûr, on aura forcément à en payer les conséquences, que ce soit en termes de notation, de risque pays, et donc d’investissements, mais aussi de coût des emprunts », craint Thiaba Camara Sy qui préside le conseil d’administration d’un fonds d’investissement dévolu au soutien à l’entrepreneuriat féminin en Afrique de l’Ouest. « J’espère que c’est un juste un coup de folie et que les uns et les autres vont retrouver le sens des responsabilités. » Pour l’ensemble des acteurs économiques, l’heure est à l’incertitude, à l’image de la situation politique du pays.

Où sont les femmes… puissantes ? Par Aurélie M’Bida

Malgré quelques avancées, les discriminations de genre subsistent sur le continent, notamment dans le domaine économique. Quant aux modèles féminins, ils tendent à disparaître.

 
Mis à jour le 5 juin 2023 à 11:13
 

Par Aurélie M'Bida

Rédactrice en chef pôle Économie de Jeune Afrique.

 

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Les masculinistes les plus endurcis auront beau se remuer les méninges, pas certain qu’ils trouvent à redire. À regarder de près en effet, la liste des femmes africaines qui ont fait l’Histoire depuis l’antiquité, comme Cléopâtre, est longue. En revanche, les modèles féminins ne se bousculent pas depuis près de deux cents ans, notamment quand Abla Pokou, princesse ashanti, est devenue reine des Baoulés, au 18e siècle, ou encore quand Seh-Dong-Hong-Beh a dirigé l’armée des célèbres amazones du Dahomey, en 1851. Où sont donc passées les femmes de pouvoir ?

À LIRESénégal – Oulimata Sarr : les chantiers prioritaires d’une « diplomate » à l’Économie

Sans faire de raccourci hasardeux, il faut reconnaître que le contexte a évolué. Le temps des conquistadors et autres bellicistes en quête de construction ou de destruction d’empires est derrière nous, et les occasions d’idolâtrer des héros et des héroïnes s’amenuisent – même si un président noir a été élu en 2008 à la tête de la première puissance mondiale. Et si de vraies figures féminines ont récemment pris le pouvoir en Afrique – Sahle-Work Zewde en Éthiopie et Samia Sululh Hassan en Tanzanie –, seules trois autres femmes occupent actuellement le poste de Première ministre (Tunisie, Togo, Guinée équatoriale), ce qui est loin d’être suffisant. D’autant que la bataille pour voir émerger davantage de mixité dans les postes à responsabilité – alors que les femmes représentent 50% de la population mondiale – se déroule aussi sur le terrain économique, un domaine dans lequel les disparités sont criantes.

Considérations patrimoniales

Une vérité particulièrement douloureuse en Afrique, relève une récente étude mondiale sur les discriminations hommes-femmes conduite par l’Organisation européenne de coopération économique (OCDE). L’institution a attribué à 180 pays un score de 0 à 100 (où 100 correspond à une discrimination totale) en prenant en compte quatre domaines – la famille, l’accès aux ressources, l’intégrité physique et les libertés civiles –, afin d’en évaluer les niveaux d’inégalités. L’Afrique, qui obtient le score de 41, dépasse largement la moyenne mondiale qui s’établit à 30.

À LIREÉgalité femmes-hommes : une Côte d’Ivoire exemplaire

Dans ce tableau, la Mauritanie et le Cameroun apparaissent comme les deux pays du continent où les discriminations sont les plus fortes, avec respectivement un score de 67,7 et 66,2 sur la même échelle. À l’inverse, la Côte d’Ivoire (17,9) et le Zimbabwe (19,5) se distinguent favorablement. Par ailleurs, un autre chiffre tiré de l’étude est frappant : 60 % des femmes africaines vivent dans des pays dont le niveau de discrimination est jugé élevé.

Un constat peu reluisant que l’on peine à s’expliquer aujourd’hui. Tout comme un autre palmarès qui, lui, porte sur des considérations patrimoniales. Où sont les femmes africaines puissantes en termes de fortune ? L’Occident avait sa Liliane de Bettencourt dont l’héritage et les quelque 80 milliards de dollars de patrimoine maintiennent sa fille Françoise Bettencourt Meyers (et sa famille) à la onzième place des fortunes mondiales. Toutes proportions gardées, de quoi – ou de qui – l’Afrique peut-elle se prévaloir ?

Question rhétorique

À LIRENigeria – Dangote tout-puissant : héros de toute l’Afrique et homme d’affaires impitoyable

Depuis la disparition de l’Angolaise Isabel Dos Santos, fille aînée de l’ancien président José Eduardo dos Santos, du classement Forbes des milliardaires africains, aucune femme n’y est plus recensée. Cela signifie-t-il qu’aucune femme ne créé de richesse sur le continent ? Question rhétorique, pour plusieurs raisons. D’abord car tous ces hommes puissants sont nés d’une femme toute aussi puissante. Ensuite parce qu’à en croire les dynamiques de politiques d’égalité hommes-femmes mises en place dans certains pays, avec l’instauration de quotas de genre pour garantir la parité aux postes de représentation politique, les choses pourraient évoluer rapidement… Si les textes venaient à être réellement suivis d’effets. La situation n’est pas différente dans les grandes entreprises que compte le continent et qui sont contraintes d’en passer par des quotas ou d’autres mesures de discrimination positive pour inverser la tendance. Mais qu’importe au final, tant que le résultat est là.

Surpêche en Afrique de l’Ouest: «Si vraiment les décideurs voulaient y mettre fin, ils pourraient le faire»

La surpêche ne touche pas seulement la Gambie : dans les eaux ouest-africaines, chaque année, 500 000 tonnes de poissons destinés aux marchés étrangers sont pêchées, le long de la Mauritanie, du Sénégal ou encore de la Sierra Leone. Le Docteur Aliou Ba est responsable de la campagne Océans chez Greenpeace Afrique. Pour lui, à l'origine de ces pratiques devenues endémiques, il y a surtout un manque de volonté politique. Entretien.

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RFI : Docteur Aliou Ba, la surpêche en Afrique de l'Ouest est régulièrement pointée du doigt, sans qu'on arrive à mettre fin à cette pratique. Pourquoi ?

Aliou Ba : Si vraiment les décideurs voulaient mettre fin à ce phénomène, ils pourraient le faire à travers l'application de loi et de règlements, par exemple investir sur les patrouilles de surveillance des côtes ouest-africaines pour qu'on en finisse avec ce fléau.

À cause de ce manque de surveillance, il y a ces navires qui arrivent dans les eaux ouest-africaines, certains sans licence, en toute illégalité. Est-ce que c'est un phénomène qui prend de l'ampleur ?

Il y en a vraiment beaucoup. La dernière fois c'était en février ; un bateau qui battait pavillon russe était venu dans les eaux sénégalaises et guinéennes. Il a pêché pendant environ deux semaines sans pour autant être inquiété. Ce navire n'était pas répertorié au Sénégal, il n'avait pas de licence au Sénégal, ni en Gambie, ni en en Guinée. Il y a deux semaines, il y a aussi eu un conflit entre ces navires industriels et les pêcheurs artisans. Actuellement, les navires industriels ont décimé les stocks qui leur ont été alloués. Donc, aujourd'hui, ils sont en train de de pêcher dans des zones qui sont réservées à la pêche artisanale, ce qui est source de conflits. 

>> À lire aussi :Reportage Afrique - Côte d'Ivoire: À Grand-Bereby, la lutte contre la pêche irresponsable s'organise (1/2)

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En mer, les pêcheurs artisanaux se trouvent donc avec moins de stocks, privés d'activités. C'est source de tensions...

Là, on arrive vraiment à un point inquiétant parce que les pêcheurs artisans se trouvent parfois à monter sur ces navires industriels et font descendre les capitaines. On ne sait pas, ils peuvent se battre, ils peuvent même s'entretuer. C'est pour cela que les États devraient vraiment travailler à éviter ce type de situation.

>> À lire aussi :Pêche: dans les eaux sénégalaises, un bateau-usine russe sème le trouble

Qu'est-ce qui devrait être mis en place pour endiguer ces pratiques ?

Il faut contrôler, il faut permettre à la ressource de se régénérer en mettant en place des mesures de gestion. C'est à dire éviter ou bien interdire l'utilisation d'engins destructifs. Il faut aussi diminuer le nombre de navires industriels qui viennent faire des intrusions et pêcher au détriment des communautés et même des États, parce que tout le monde perd dans cette situation.

En Gambie, les pêcheurs locaux n'arrivent plus à vivre de leur activité et manquent de nourriture, selon un rapport d’Amnesty International

Au large des côtes gambiennes, les eaux regorgeaient encore il y a peu, de sardinelles et de bongas. Deux espèces à la fois source de revenus pour les habitants du littoral mais aussi consommées comme principale protéine animale, selon Amnesty International dans un rapport publié ce 31 mai 2023.

Cependant, à Sanyang, il faut aller de plus en plus loin en mer pour attraper de moins en moins de poissons.

À l'origine de cette raréfaction, d'abord, les bateaux industriels – européens, asiatiques, américains, mieux équipés que les pêcheurs traditionnels. Les filets de ces navires-usines ratissent en masse les fonds marins, certains sans autorisation.

Depuis 2017, une autre pression pèse sur les réserves : la demande venue d'une usine de farines et d'huiles de poissons installée sur le littoral.

Des transformateurs aux restaurateurs et commerçants de Sanyang : tous racontent à Amnesty leurs difficultés à acheter du poisson, dont le prix a grimpé en flèche.

L'ONG pointe une situation « dévastatrice » pour les populations locales. Et estime que leurs droits au travail, à la santé et à un niveau de vie décent ne sont pas garantis dans de telles conditions.