Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Lutte contre le terrorisme au Burkina Faso : L’état d’urgence prorogé de 6 mois

Accueil > Actualités > Politique • LEFASO.NET • vendredi 12 mai 2023 à 23h00min 
Lutte contre le terrorisme au Burkina Faso : L’état d’urgence prorogé de 6 mois

 

Les députés de l’Assemblée législative de transition (ALT) se sont réunis dans la matinée de ce vendredi 12 mai 2023 pour examiner le projet de loi portant prorogation de la durée de l’état d’urgence au Burkina Faso. Cette séance plénière a été présidée par le président de l’ALT, Dr Ousmane Bougouma. Le gouvernement a été représenté à cette séance par la ministre de la justice Bibata Nébié/Ouédraogo. Les députés votants du jour ont à l’unanimité voté pour prolonger l’état d’urgence de six mois.

Depuis 2015, le Burkina Faso fait face à des défis à la fois sécuritaire et humanitaire du fait des attaques des groupes armés terroristes. En vue de se donner des chances de juguler efficacement le phénomène, le Burkina Faso a adopté la loi n°023-2019/AN du 14 mai 2019 portant règlementation de l’état de siège et de l’état d’urgence au Burkina Faso. Au regard de la persistance des attaques terroristes et leur extension à de nouvelles zones du territoire national, le conseil des ministres, en sa séance du vendredi 24 mars 2023, a adopté un décret portant déclaration de l’état d’urgence dans 22 provinces de huit régions du pays pour une durée de 30 jours. Ce décret a pris effet depuis le 30 mars 2023 dans les localités concernées et est arrivé à échéance.

 

La ministre de la justice et ses collaborateurs
 

Dans la perspective de se conformer à la loi et à cause de la nécessité de maintenir l’état d’urgence, le gouvernement a saisi l’ALT pour demander une prorogation. Ainsi, à l’issue de la présentation et du débat général, l’ensemble des 69 députés votants du jour, convaincus de la nécessité de cette requête du gouvernement, ont adopté ce projet de loi. L’état d’urgence est donc prorogé de 6 mois dans 22 provinces de 8 régions du pays. Le choix des régions et provinces à placer sous état d’urgence tient compte de l’évaluation du niveau de la menace sécuritaire, selon le gouvernement

 


Les 69 députés votants du jour ont donné leur quitus pour la prorogation de l’état d’urgence

 

L’état d’urgence est un état d’exception qui donne des pouvoirs exceptionnels aux autorités pour prendre des mesures en matière de sécurité pouvant restreindre les libertés publiques. Il s’agit notamment des restrictions à la liberté d’aller et de venir (interdiction de circulation à certaines heures), la réquisition des personnes, des biens et services, des restrictions à la liberté d’opinion et d’expression, des restrictions à la liberté de réunion et d’association, etc.

Pour Bibata Nébié/Ouédraogo, ministre de la justice, la durée de l’état d’urgence était relativement courte. « Il n’est pas évident que si nous restons avec cette durée de 30 jours, le gouvernement ait le cadre juridique nécessaire à la mise en œuvre de son action au regard de la situation sécuritaire. C’est pour cela que nous avons pensé qu’il est de bon ton que nous revenions vers l’ALT pour présenter la situation sécuritaire, présenter le besoin de proroger l’état d’urgence dans les régions concernées. Ils ont pris le temps d’examiner nos motivations, de s’assurer que ces mesures protègent efficacement les droits et les libertés des populations », explique-t-elle.

 

Bibata Nébié/Ouédraogo, ministre de la justice a rassuré que la prorogation de l’état d’urgence
permettra de protéger les populations dans un cadre légal
 

Le gouvernement a tenu à rassurer les députés sur la nécessité de la prorogation de la durée de l’état d’urgence. Il soutient que celle-ci contribuera à consolider les résultats acquis et à amoindrir, voire anéantir les effets des attaques terroristes. Le gouvernement a rassuré également les parlementaires que l’accès aux centres et services de santé est déjà pris en compte dans l’application de la mesure d’état d’urgence et des autorisations et des laisser-passer peuvent être donnés aux populations en cas de besoin.

Sur la question des techniques de communication développées par le gouvernement pour faciliter l’acceptation de l’état d’urgence par les populations des zones concernées ainsi que leur collaboration avec les Forces de défense et de sécurité (FDS), le gouvernement s’est montré plus clair.

 

Dr Ousmane Bougouma, président de l’ALT espère que cette prorogation de l’état d’urgence
contribuera à juguler efficacement la crise sécuritaire au Burkina Faso

« Pour faciliter l’acceptation de l’état d’urgence par les populations des zones concernées ainsi que leur collaboration avec les FDS, des rencontres d’échange sur le bien-fondé des restrictions de libertés, sont initiées entre les autorités administratives, les responsables des FDS et les personnes ressources. En tout état de cause, des campagnes de sensibilisation sont organisées à l’endroit des populations », a précisé les représentants du gouvernement à la Commission des affaires générales, institutionnelles et des droits humains (CAGIDH), commission affectataire du dossier.

La Commission des affaires générales, institutionnelles et des droits humains (CAGIDH) se dit également convaincue que l’adoption du présent projet de loi portant prorogation de l’état d’urgence de six mois permettra au gouvernement de lutter efficacement contre le phénomène de l’insécurité au Burkina Faso.

Mamadou ZONGO
Lefaso.net

Comment la situation a dégénéré à Ngor entre les Lébous et les gendarmes

Au Sénégal, le contentieux entre la communauté lébou de Ngor et les gendarmes à propos de l’occupation d’un terrain a débouché sur de violentes émeutes dans l’ouest de Dakar. L’État a proposé un compromis, mais les habitants ne décolèrent pas.

Par  - à Dakar
Mis à jour le 11 mai 2023 à 12:35
 

 Ngor

 

Le terrain convoité par la mairie et la gendarmerie dans la commune de Ngor, à Dakar. © Annika Hammerschlag pour JA

 

 

Après plusieurs semaines de tensions, le calme peut-il revenir à Ngor ? Ce mercredi 10 mai, ce quartier situé à l’extrémité ouest de Dakar était encore quadrillé par la gendarmerie dans la matinée. La veille, en début d’après-midi, des violences y avaient éclaté, et s’étaient poursuivies jusque dans la nuit.

Au moins une jeune fille de quinze ans a trouvé la mort au moment des manifestations. Son corps a été retrouvé sur la plage, selon un communiqué du ministère de l’Intérieur qui ne mentionne pas les émeutes et assure qu’elle aurait « été mortellement touchée dans l’eau, probablement par l’hélice d’une pirogue ».

À LIREOusmane Sonko ou Macky Sall… À Dakar, qui maîtrise la rue ?

Plusieurs habitants contactés par Jeune Afrique assurent néanmoins que les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles. Des images filmées par des riverains montrent également des gendarmes frappant violemment des manifestants à terre et pénétrant dans le domicile de certains Ngorois. Une trentaine d’habitants ont été blessés. « Ils nous ont lancé des lacrymogènes toute la nuit, affirme l’un d’eux. Ils ont saccagé nos maisons et certains établissements touristiques. »

Un compromis ?

Au même moment, le maire de Ngor et plusieurs notables du quartier étaient conviés à la présidence pour y rencontrer Macky Sall et certains de ses ministres. L’objectif : trouver une solution quant à l’utilisation d’un terrain de plus de 6 000 m2 que se disputent les habitants de la commune et la gendarmerie, qui souhaite y construire une caserne.

Un compromis a-t-il été trouvé ? Au sortir de la rencontre, le maire de Ngor, Magueye Ndiaye, a annoncé que la moitié du terrain en question avait été attribuée à la mairie, et que l’État s’était engagé à y édifier un lycée. « Des mesures qui font la satisfaction de la délégation », a-t-il ajouté, appelant à un retour au calme. Élu en janvier 2022 sur une liste de la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi (YAW), Magueye Ndiaye se dit « apolitique » et se targue de « parler à tout le monde ».

Il avait reçu Jeune Afrique dans sa mairie, le 28 avril dernier. Une semaine auparavant, des émeutes avaient déjà opposé les villageois aux gendarmes. « La tension est dans l’air. Tant que les gendarmes seront là, elle ne redescendra pas, prévenait-il. Pourtant, ces violences n’ont pas de sens et doivent cesser. Nous ne voulons pas de ce combat d’une commune contre l’État. »

À LIRE[Tribune] Dakar, ville « occidentée »

Cette journée de violences avait déjà fait plusieurs blessés et de nombreux dégâts matériels. Une femme, âgée et malade, est également décédée – le lien entre les jets de gaz lacrymogène et sa mort n’a pas été formellement établi. Selon plusieurs sources, après avoir été pris à partie par de jeunes Ngorois, les gendarmes ont poursuivi ces derniers jusqu’au village de pêcheurs situé non loin.

Incapables de les arrêter dans cet entrelacs de ruelles de sable étroites où le promeneur de passage ne peut que se perdre, les gendarmes sont entrés dans des maisons, qu’ils ont saccagées. « Des actes de représailles, s’est indigné l’imam du village, Moussa Diop. Et ils nous ont gazé jusque dans la mosquée ! La plupart des habitants ne sont même pas venus prier vendredi. C’est ça, un État civilisé ? »

 

diop

 

Masacke Diop, une habitante de Ngor blessée par des tirs de gendarmes lors des violences, chez elle, le 28 avril 2023. Sa maison a été incendiée suite à l'explosion de grenades lacrymogènes. © Annika Hammerschlag pour JA

Village traditionnel

Depuis, l’ambiance ne s’était pas apaisée, et la proposition de l’État d’octroyer un tiers du terrain à la commune ainsi que le quadrillage du quartier par les gendarmes, lundi matin, ont finalement fait exploser la colère ce 9 mai.

Avec près de 21 000 habitants, la commune de Ngor s’étend du quartier huppé des Almadies, l’un des plus chers de la capitale, prisé des expatriés et envahi par les boîtes de nuit et les restaurants haut de gamme, à celui du Virage, plus au nord. Entre les deux, face à la mer, le village traditionnel lébou, fondé en 1481 par une jeune femme du nom de Tiendakh Diop. Ses habitants vivent de pêche, de cueillette et de la culture du mil. Les Lébous de Dakar ont peu à peu cédé une partie de leurs terrains à l’État.

À LIRESénégal : pourquoi habiter Dakar est un cauchemar…

C’est à partir de ce village traditionnel surpeuplé que s’est progressivement étendue la commune de Ngor, illustration parfaite d’une capitale à deux vitesses où la pauvreté et la promiscuité cotoient l’opulence et les villas luxueuses. « Ils ont pris les terrains où nos ancêtres cultivaient, pour des motifs d’utilité publique, et ils se sont réparti les terrains. Désormais, plus aucun Ngorois n’habite aux Almadies », glisse un ancien.

Soumis, comme le reste de la capitale, à une urbanisation galopante, la mairie de Ngor tente désespérément de faire construire un lycée sur le terrain aujourd’hui réclamé par la gendarmerie. Situé en bordure de la route principale, et à moins d’un kilomètre du village traditionnel, il était jusqu’ici utilisé comme parking.

Litige

La gendarmerie de Ngor, installée depuis 2006 en face de la mairie, avait décidé début mars de quitter la zone. Le quartier subit chaque hivernage de graves inondations – l’eau, assure Magueye Ndiaye, peut monter jusqu’à un mètre. Face à l’insistance des populations, qui ne souhaitaient pas voir les forces de l’ordre quitter la commune, la gendarmerie a alors jeté son dévolu sur le site convoité pour implanter un lycée, refusant les autres parcelles proposées. Selon nos informations, l’enseigne française Auchan aurait d’ailleurs tenté d’y établir un nouveau magasin, sans que le projet n’aboutisse.

À LIREÀ Dakar, la course à la plus haute tour est lancée

« Une commission censée statuer sur la situation devait être mise en place. Mais les gendarmes ont réalisé que le terrain appartenait à l’État et pas à la mairie, et ils se sont simplement installés sur les lieux », explique le maire. Le 16 avril, les forces de l’ordre investissent l’endroit avec leurs matériaux de construction et le barricadent. Sur le terrain, plusieurs tas de sable et de gravier, deux tranchées déjà creusées, un baraquement provisoire et plusieurs véhicules de la gendarmerie. 

Les habitants, eux, refusent de céder l’emplacement aux gendarmes. La commune est la seule de Dakar à ne pas disposer de son propre établissement secondaire. « Des écoles privées, nous en avons un paquet. Mais aucun établissement public », déplore le maire.

Protections mystiques

« Nous avons tous arrêté nos études parce que nous n’avions pas de lycée, explique Mamadou Ndiaye, président de l’association Ngor debout. Nos parents vivent de la pêche ou du tourisme, mais la mer ne recèle pas autant de poissons qu’avant, et certains hôtels ont fermé ou sont en perte de vitesse. » Les habitants dénoncent aussi l’existence d’un canal qui, initialement créé pour recueillir les eaux pluviales, charrie désormais jusqu’à leur plage les eaux usées de la capitale. « Les gens n’ont plus de ressources, reprend Mamadou Ndiaye. Les parents ne peuvent assurer la dépense quotidienne du transport de leurs enfants jusqu’aux écoles des communes voisines. »

 

 maire

 

 

Magueye Ndiaye, le maire de Ngor, le 28 avril 2023. © Annika Hammerschlag pour JA

 

« Sans lycée, il est presque impossible de maintenir les jeunes scolarisés. Et sans patrimoine [foncier], nous ne pouvons pas avoir de projets, ajoute le maire. Le parking est un emplacement idéal pour construire le lycée et déménager la mairie. »

À LIRE[Tribune] Sénégal : Dakar, pour le meilleur et pour le pire, par Mohamed Mbougar Sarr

Le lieu est également surnommé « arrêt Mame Tamsir », en référence à El Hadji Tamsir Mamadou Ndiaye, imam, maître coranique et guide spirituel très important pour la communauté lébou. « Le terrain correspond à la porte de Ngor, à l’entrée du village. C’est un lieu ancestral qui dispose de protections mystiques », affirme Mame Sambou Samb, le Jaraaf de Ngor. Le chef de village, descendant direct de sa fondatrice, avait lui aussi reçu JA fin avril, dans son domicile niché en plein cœur du quartier, en compagnie de plusieurs sages de Ngor. Le nom de leur village, insistaient-ils, signifie « entière dévotion à Dieu ».

« Parce que ce lieu est sacré, il nous revient de droit, glisse le jeune frère du Jaraaf, Alassane Samb. Et, par ailleurs, nous avons besoin d’un lycée pour éduquer nos jeunes. » Les notables s’inquiétaient alors de ne pouvoir calmer ces derniers. Aujourd’hui, le mécontentement a dépassé la seule question du terrain : les habitants critiquent également l’attitude des forces de l’ordre et l’État, jugé répressif et injuste. Contactée par Jeune Afrique, la gendarmerie n’a pas souhaité s’exprimer.

Dominique Bourg : « L’écologie, une situation désespérée appelant des changements radicaux »

 
Tribune
  • Dominique Bourgphilosophe

Pour le philosophe Dominique Bourg, l’écologie relie aujourd’hui les deux sens de la radicalité, une situation désespérée appelant des changements radicaux. La solution ne réside ni dans une critique radicale du capitalisme, ni dans un « laisser-faire » naïf, mais dans un profond changement de nos comportements.

  • Dominique Bourg, 
Dominique Bourg : « L’écologie, une situation désespérée appelant des changements radicaux »
 
Des manifestants lors d'une marche pour le climat à l'occasion de la Journée mondiale de la Terre, organisés devant le siège du Groupe Le Duff, à Rennes, le 22 avril 2023.JEAN-FRANCOIS MONIER/AFP

La radicalité, qu’elle concerne ou non l’écologie, s’entend de deux façons : elle concerne primo le degré de compréhension d’un domaine de réalité ; elle affecte secundo les moyens retenus pour atteindre un objectif relatif audit domaine. Se veut ainsi radicale la compréhension exigeante d’un domaine qui pousse jusqu’à ses ressorts fondamentaux, faute desquels il ne saurait être compris. La compréhension d’un domaine l’embrasse et permet d’éclairer jusqu’à son évolution.

La radicalité quant aux moyens fait en revanche appel au registre de l’action. Elle se rapporte alors aux moyens mobilisés en faveur d’une action donnée. Les moyens retenus peuvent aller jusqu’à la violence. Le propre de l’écologie aujourd’hui est de relier ces deux sens de la radicalité, une situation désespérée appelant des changements radicaux.

La disparition de l’état du système Terre

Quid alors de la « crise écologique » ? Il ne s’agit tout d’abord pas d’une crise mais d’une bascule physique, de la disparition de l’état du système Terre qui prévalait depuis le début de l’Holocène, il y a grosso modo douze mille ans, au profit d’un état inédit du système, jamais éprouvé par quelque être humain que ce soit. En conséquence, il s’agit également d’une bascule morale, de civilisation, les conditions ayant permis les sociétés contemporaines disparaissant rapidement. Impossible de comprendre cette double bascule sans le recours simultané aux sciences naturelles d’un côté, humaines et sociales de l’autre.

Concernant la bascule physique, l’habitabilité de la Terre se péjore d’abord avec une accumulation d’événements extrêmes, fragilisant hautement nos capacités à produire notre alimentation. Aujourd’hui, en Espagne, sur d’immenses surfaces les cultures céréalières y sont d’ores et déjà détruites ; les rendements y seront nuls. L’habitabilité de la Terre est encore en cours de réduction spatiale par la montée du niveau des mers, mais plus encore en raison de la montée de la température moyenne.

Les terres les plus densément peuplées, autrefois comme aujourd’hui, sont les aires tropicales. À compter de 28 °C de température territoriale annuelle moyenne, la population humaine chute puis, à compter de 29 °C, disparaît. Or, ces territoires habités sont en train de devenir plus chauds. À quoi s’ajoute la chaleur humide, le degré d’humidité à partir duquel nous ne parvenons plus à réguler notre température par l’évaporation de notre transpiration. Le nombre de ces jours est voué à s’accroître massivement dans les aires tropicales.

Sortir du capitalisme ?

Le mantra des ânes optimistes. Nous nous sommes toujours adaptés. Certes, nous n’étions que quelques dizaines de milliers sur Terre lors du précédent âge glaciaire, en peaux de bêtes, sans les mêmes exigences de confort. Aucune espèce humaine, répétons-le, n’a eu à connaître une planète de plus de 2 degrés. La technique nous sauvera. Bien sûr, il suffit de voir où nous en sommes ! La fusion nucléaire ? Mauvaise pioche ! Ça ne changerait rien ! L’énergie est abondante et constante dans l’univers. Le goulot d’étranglement ce ne sont pas les sources mais les convertisseurs d’énergie qui nous permettent de l’utiliser quand et là où ce nous est utile. Or, ils exigent des métaux qui deviennent rares et coûteux, dont l’extraction est une cause majeure de destruction de l’habitabilité de la planète. À quoi s’ajoutent les pollutions et déchets découlant de la fabrication de ces convertisseurs.

Sortons du capitalisme ! Certes, après vous. La Russie soviétique et la Chine de Mao ont été des pays hautement destructeurs écologiquement, la pauvreté généralisée en plus ! Point de pesticides, qu’à cela ne tienne, les paysans chinois devaient se rendre dans les champs par centaines de millions pour y détruire par le bruit les oiseaux mangeurs de récoltes. À la saison suivante, pullulement des insectes ravageurs, puis famines. Subtilité légendaire du Président Mao.

L’accumulation indéfinie du capital n’est certainement pas le remède, mais ce n’est pas non plus l’unique raison à nos malheurs. L’imagination destructrice de l’humanité est plus riche que le capital. Quant à la généalogie de l’impasse où nous nous enfonçons, elle plonge ses racines dans les profondeurs de la métaphysique, dans la façon dont nous comprenons ce qui nous entoure, dans l’idéal de réalisation de notre humanité que nous nous assignons, et ce depuis les fonds baptismaux de la modernité. Ce n’est pas le lieu de le développer.

Changer notre civilisation

Que faire ? Certainement pas continuer à construire des autoroutes, à pomper avec des méga-bassines l’eau des nappes pour quelques gros agriculteurs, à autoriser la destruction des fonds marins des zones protégées, à prolonger l’autorisation de pesticides diagnostiqués dangereux, à autoriser piscines et arrosages de golfs sous stress hydrique, à tolérer les jets privés au nom de l’urgence capitalistique, à ne pas observer nos propres objectifs nationaux de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, à plonger dans le coma ou à blesser gravement les écologistes, à dissoudre leurs associations, etc. ! Impossible de faire autrement ? Quelle farce. Sont-ce par exemple des gauchistes qui organisent la décroissance du trafic aérien à l’aéroport d’Amsterdam ou qui légifèrent pour réduire le volume de l’agriculture industrielle batave et ses émissions de carbone ?

Mortifère, notre civilisation est promise à l’autodestruction, par incompatibilité avec l’état en devenir du système Terre. Mieux vaut donc en changer – en modifiant nos façons de produire, d’aménager, de concevoir et de répartir la richesse, nos modes de vie, nos valeurs – avant de se le voir imposer, sans plus aucune marge possible, ni physique, ni mentale. La violence des moyens ? Laquelle ? Elle n’égalera jamais celle du système. Elle n’en reste pas moins une machine à sélectionner les affres et les méchants. Le meilleur moyen de ne pas la favoriser serait de disposer d’un gouvernement qui ne se comporte pas d’une façon bête et méchante. C’est probablement beaucoup demander.

-------

 

L'Afrique subsaharienne est la seule région du monde où le mariage des enfants augmente

 

Mettre fin au mariage des enfants, c'est l'un des objectifs de développement durable fixés pour 2030 par les Nations unies. Pourtant le phénomène régresse trop lentement à l'échelle mondiale. En Afrique subsaharienne, les mariages précoces sont même en recrudescence, déplore le Fonds des Nations unies pour l'enfance. Car c'est une pratique aujourd'hui très liée à l'insécurité physique et économique des populations sur le continent.

L'Afrique subsaharienne est la seule région de la planète où le mariage des enfants continue d'augmenter. En 1997, 15 % des femmes de 20 à 24 ans avaient été mariées avant l'âge de 18 ans : elles sont 35 % aujourd'hui et leur proportion pourrait selon l'Unicef passer à 41 % en 2030.

Les seuls progrès réalisés ont été enregistrées chez les familles africaines les plus aisées. Chez les plus pauvres, le taux de prévalence du mariage des filles mineures est passé de 50 % à 60 %. 

En cause : la croissance démographique et les crises multiples que connaît le continent. Les conflits, les perturbations climatiques fragilisent les familles. Plongées dans l'insécurité - physique et économique - elles marient le plus tôt possible leurs filles en pensant les protéger.

En Éthiopie les mariages précoces avaient régressé jusqu'en 2016. Un an de conflit a causé un retour en arrière de quatre ans. De même chaque variation de 10 % des précipitations, en plus ou en moins, occasionne une hausse des mariages précoces de 1 %.

 

Facteur aggravant : la déscolarisation des filles. Or plus que partout ailleurs, les fillettes privées d'école en Afrique à cause de la pandémie de Covid-19 n'y sont pas retournées depuis.

Ce rapport de l’Unicef a été dirigé par Claudia Cappa, qui explique que le mariage des enfants a des conséquences néfastes sur les individus mais aussi sur l'ensemble de la société :

«Les mariage précoces se sentent immédiatement» et les «conséquences néfastes touchent plusieurs générations», explique Claudia Cappa, qui a dirigé un rapport de l’Unicef

► À lire aussi : Iran: le mariage des très jeunes filles en forte augmentation

En Mauritanie, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani et la cruciale bataille des urnes

À un an de la présidentielle, le chef de l’État va tester sa popularité le 13 mai lors des élections législatives, régionales et municipales. Mais les islamistes de Tawassoul et le militant antiesclavagiste Biram Dah Abeid sont également sur les rangs. Voici ce qu’il faut attendre de ce scrutin.

Mis à jour le 5 mai 2023 à 14:17

 
cheikh
 



Le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani à Chinguetti, le 11 avril 2019. © Carmen Abd Ali



Si, en Mauritanie, les élections locales ne soulèvent habituellement pas les passions, celles-ci suscitent un grand intérêt dans le pays. Un million d’électeurs iront voter pour élire leurs maires, députés et conseillers régionaux. Certes Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani disposait déjà à l’Assemblée nationale, dissoute le 13 mars, d’une majorité confortable. Mais pour la première fois, depuis son élection en juin 2019, le chef de l’État va se confronter aux urnes et, ainsi, tester sa popularité à un an de la prochaine présidentielle. Selon son entourage, il devrait en effet, même s’il fait toujours mystère de ses ambitions, briguer un deuxième mandat.

Biram et Tawassoul en pôle position

L’un de ses proches, l’ancien chef d’état-major Mohamed Ould Meguett, est pressenti pour prendre la tête de l’Assemblée nationale, qui comptera désormais 176 sièges, et non plus 157. Face au parti au pouvoir, El Insaf, qui a déployé de grands moyens en envoyant des candidats dans toutes les moughataa (« départements ») et dans la plupart des communes, le camp adverse est désuni.

Les opposants historiques, que furent Ahmed Ould Daddah (Rassemblement des forces démocratiques), Messaoud Ould Boulkheir (Alliance populaire progressiste) et même Mohamed Ould Maouloud (Union des forces de progrès), sont à la peine. Une page s’est en effet tournée dans la vie politique mauritanienne : ce sont désormais les islamistes de Tawassoul et le militant antiesclavagiste Biram Dah Abeid (IRA-Sawab) qui tirent leur épingle du jeu. Ces derniers temps, Tawassoul a connu beaucoup de départs, dont celui de son ex-leader Jemil Ould Mansour, et sa direction a également changé de visage. Confortera-t-il sa place de premier parti d’opposition ?

À LIREMauritanie : Biram Dah Abeid en quête de reconnaissance

Il sera concurrencé par le député Biram, dont on attend de constater si son score sera semblable, voire supérieur à celui de la présidentielle de 2019 à laquelle il avait obtenu 18 % des voix. Une chose est sûre, le leader de l’IRA – les autorités refusent toujours d’enregistrer cette ONG en tant que parti – est plus populaire que jamais, en dépit du fait que plusieurs de ses partisans l’aient récemment quitté. Coutumier des diatribes enflammées à l’approche des scrutins, il a tiré à boulets rouges ces derniers jours à la fois sur l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou – avec qui il est désormais en guerre ouverte –, sur le ministre de l’Intérieur, Mohamed Ahmed Ould Mohamed Lemine, mais aussi sur le président.

Duel électrique à Nouadhibou

Tous ont Nouakchott dans leur viseur. Si la capitale, dont la majorité des huit communes est habituellement acquise à l’opposition, est un enjeu important pour le pouvoir, l’ambiance y est très calme depuis le lancement officiel de la campagne électorale, le 28 avril. Il faut dire qu’un consensus sur l’organisation du scrutin a, pour la première fois depuis très longtemps, été trouvé entre le ministère de l’Intérieur et l’opposition, au sujet notamment de la Commission électorale nationale indépendante. L’atmosphère est bien plus électrique à plusieurs centaines de kilomètres au nord, à Nouadhibou. Car c’est ici que se joue l’une des plus grandes batailles électorales.

À LIREBouamatou et El Hassen, quand deux puissants hommes d’affaires mauritaniens se déchirent

Le député-maire sortant, El Ghassem Ould Bellali, est une personnalité réputée aussi incorruptible qu’irrévérencieuse. Très populaire, il a toujours remporté les élections au nez et à la barbe du pouvoir, même du temps du président Maaouiya Ould Taya (1984-2005). Cette fois, une grande coalition a été mise en place afin de le battre dans les urnes. Le directeur adjoint de l’Agence de promotion des investissements en Mauritanie (Apim), Ahmed Ould Khattry, a été choisi pour représenter El Insaf.

Sa campagne est dirigée par l’ancien président de l’Assemblée nationale Cheikh Ould Baya, dont l’adjoint n’est autre que l’ex-commandant de la marine nationale, Abderrahmane Ould Lekwar. Ces derniers ont la particularité d’être de grands rivaux d’El Ghassem Ould Bellali. Pour couronner le tout, l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou, dont les relations avec le député-maire sortant sont notoirement exécrables, se mobilise également derrière le candidat du pouvoir.

L’ombre de Mohamed Ould Abdelaziz

Enfin, l’ombre de Mohamed Ould Abdelaziz ne plane pas autant sur ces élections que ce l’on projetait il y a encore quelques mois. L’ancien président, dont le procès pour corruption se poursuit, n’est finalement pas candidat aux législatives, comme l’a annoncé Ribat al Watani, sans motiver ce choix. « Aziz » avait rejoint cette formation, dirigée par Saad Ould Louleid, en 2021.

À LIREMohamed Ould Abdelaziz, un ancien président mauritanien à la barre

Plusieurs de ses proches, dont sa sœur, seront en revanche en lice. Lui se trouve toujours en résidence surveillée, non plus à l’école de police de Nouakchott, mais dans un appartement de la capitale, situé dans le quartier Soukouk. Les récentes déclarations de témoins à la barre de la Cour criminelle, concernant de supposées grosses sommes d’argent qu’il leur avait confiées ou des biens publics qu’il aurait bradés, ont sérieusement écorné son image dans l’opinion, alors qu’il connaissait un regain de popularité. Était-ce une stratégie du pouvoir d’organiser les élections au moment du procès ? En tout cas, la première intervention d’Aziz devant les juges, le 3 mai, a eu peu d’écho dans le pays.