Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Au Mali, la ruée vers l’or des mercenaires de Wagner

Depuis son arrivée à Bamako, fin 2021, le groupe d’Evgueni Prigojine lorgne les importantes ressources en or du pays. Récupération de permis miniers, création de sociétés locales, orpaillage artisanal, trafic via Dubaï… Toutes les pistes sont exploitées pour tirer profit des mines maliennes.

Mis à jour le 20 juin 2023 à 09:41
 

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Evgueni Prigojine et le président de la transition au Mali, Assimi Goïta. © MONTAGE JA : OUSMANE MAKAVELI/AFP ; Pool /Wagner Group/ZUMA Press/ZUMA-REA/ZUMA-REA

 

WAGNER, LES NOUVEAUX PILLEURS DE L’AFRIQUE (2/2)

• Les mercenaires russes ont monté deux sociétés minières et tentent depuis de récupérer des permis miniers avec l’appui d’hommes d’affaire maliens. Leur intérêt pour l’or s’est décuplé depuis le début de la guerre en Ukraine.

• Selon nos informations, les hommes d’Evgueni Prigojine se sont également lancés dans l’orpaillage artisanal, investissant au moins trois sites au sud de Bamako, et dans le trafic d’or via Dubaï, plaque tournante de son commerce illégal.

La légende dit de lui qu’il est l’homme le plus riche de tous les temps. Son immense fortune, Kankan Moussa, qui a régné au début du XIVe siècle sur l’empire du Mali, l’a bâtie sur les tonnes d’or dont regorgeaient ses sous-sols. Sept siècles plus tard, les réserves maliennes du précieux métal sont loin d’être épuisées et attisent toujours les convoitises.

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Quand il débarque à Bamako, en juillet 2021, Sergueï Laktionov a pour mission d’élaborer un schéma précis de ce potentiel aurifère. Ce géologue russe de 54 ans, parfaitement francophone, est apparu sur les écrans radars des services de renseignement occidentaux en travaillant pour les intérêts miniers de Wagner en Centrafrique.

 

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Le président de la transition au Mali, Assimi Goïta, avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, à Bamako, le 7 février 2023. © Présidence de la République du Mali

 

Visite de mines

Depuis quelques semaines, son patron, Evgueni Prigojine, négocie l’arrivée de ses hommes avec la junte d’Assimi Goïta. Les grandes lignes du contrat commencent à prendre forme : environ 1 400 mercenaires contre 10 millions de dollars par mois. Avec, comme en Centrafrique, où le groupe paramilitaire est arrivé fin 2017, l’objectif de se rémunérer en puisant directement à la source, dans les mines d’or.

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Au cours de ses premières semaines de prospection sur les anciennes terres de Kankan Moussa, Sergueï Laktionov visite plusieurs sites miniers dans le sud du pays. Il a aussi plusieurs rendez-vous avec le ministre des Mines et de l’Énergie, Lamine Seydou Traoré. Avant d’être poussé à la démission, le 31 mai, en raison – officiellement – des graves problèmes de délestages électriques à travers le pays, ce quadragénaire ambitieux, ancien cadre chez Orange Mali, a longtemps été un personnage influent du régime de transition.

Il est surtout très proche d’un des piliers de la junte : son beau-frère, le colonel Sadio Camara, russophile ministre de la Défense et artisan du partenariat avec Wagner. Une relation quasi filiale connue de tous et qui, selon certains, aurait surtout fait de lui la victime collatérale d’une rivalité croissante entre Camara et Goïta.

 

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Le colonel Sadio Camara, ministre malien de la Défense, à Bamako, le 19 août 2020. © MALIK KONATE/AFP

 

La piste Menankoto

Grâce à son ministère ô combien stratégique et à son pouvoir d’attribution des titres miniers (qui lui a été retiré fin 2022, après le lancement d’un audit du secteur par le ministère des Finances), Lamine Seydou Traoré était devenu l’un des hommes les plus courtisés de Bamako. Il était, aussi, accusé par certains de largement profiter de ses prérogatives et soupçonné de corruption.

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Auprès de l’ancien ministre des Mines, Sergueï Laktionov essaie d’abord de récupérer certains permis d’exploitation. Parmi eux, celui de Menankoto, où Lamine Seydou Traoré a évincé la major canadienne B2Gold début 2021 pour y imposer une petite société inconnue dans le secteur minier : Little Big Mining, dont un des trois actionnaires n’est autre qu’un de ses cousins, Aboubacar Traoré.

Les responsables de Wagner se méfient-ils du litige (et donc d’une éventuelle exposition publique) autour de cette mine ? La jugent-ils pas assez rentable à court terme ? Ou est-ce plutôt la junte qui s’est opposée à cette opération ? Difficile à dire, mais l’opération ne se fera jamais et B2Gold récupèrera finalement le permis de Menankoto quelques mois plus tard, fin 2021.

Intermédiaire malien

Pas de quoi faire reculer Wagner pour autant. Alors que les premiers mercenaires de la « Compagnie » s’apprêtent à débarquer à Bamako, en décembre 2021, Sergueï Laktionov et son collègue Viktor Popov continuent à travailler sur le volet minier dans le plus grand secret.

Andreï Mandel, patron de la société M-Invest – une filiale de Wagner – au Soudan, est lui aussi dépêché au Mali pour y structurer les futures activités minières du groupe. Comme dans les autres pays du continent où Prigojine s’est implanté, décision est prise de monter des filières locales et de s’appuyer sur des intermédiaires pour ne pas apparaître en première ligne.

Fin 2021 est donc créée la société Alpha Development par Bakin Gassimi Guindo. Cet homme d’affaires, neveu d’un ancien ministre d’Ibrahim Boubacar Keïta, a démarré dans le secteur minier au milieu des années 2000 avec son entreprise Gold Resources du Mali, puis s’est diversifié dans l’informatique et la production audiovisuelle.

C’est surtout une vieille connaissance d’Aboubacar Traoré. Le 19 février 2021, quatre jours après avoir cofondé Little Big Mining, ce dernier procède à la refonte des statuts d’une autre de ses sociétés, Baris Travaux, qu’il a créée en 2011, pour y faire entrer Bakin Gassimi Guindo au capital. Les deux hommes en détiennent désormais 50 % chacun.

Selon une copie de l’acte notarial consultée par Jeune Afrique, l’objet de la société est également modifié : au BTP et à la commercialisation de matériaux de construction s’ajoutent désormais « la recherche et l’exploitation des mines et carrières ». Quelques mois plus tard, Baris Travaux décroche le permis d’exploitation pour la mine de Bakolobi, convoitée, elle aussi, par les canadiens de B2Gold – avant de leur être finalement revendu en avril 2022.

Financer l’effort de guerre

« C’est probablement Lamine Seydou Traoré qui a dû souffler le nom de Bakin Gassimi Guindo aux gens de Wagner lorsqu’ils cherchaient un intermédiaire malien, estime un homme d’affaires. Ils avaient déjà travaillé ensemble sur le dossier Bakolobi et cela aurait été trop grossier de placer son propre cousin. » D’après les services de renseignement français, Guindo aurait été recruté directement par Sergueï Laktionov. Une autre source malienne évoque ses « rendez-vous nocturnes avec des Russes » dans un bar connu de la rue Princesse, à Bamako.

Contacté par Jeune Afrique, Bakin Gassimi Guindo reconnaît avoir créé la société Alpha Development, mais affirme en être « le seul actionnaire » et n’avoir « aucun lien avec Wagner ». Pour le reste, il refuse d’en dire davantage. Dans ses différentes démarches administratives à vocation minière pour le compte de ses partenaires russes, il collabore avec le notaire Mohamed Zouboye, fils de Fatimata Zouboye, ancienne présidente de la chambre des notaires de Bamako. Lui aussi contacté par Jeune Afrique, Mohamed Zouboye « ne souhaite pas s’exprimer » sur ce sujet, se disant « lié par le secret professionnel ».

Durant le premier trimestre 2022, une seconde société à vocation minière est montée par Wagner à Bamako, probablement selon le même modèle : Marko Mining. Parallèlement, le groupe paramilitaire, désormais pleinement engagé en Ukraine, où Vladimir Poutine a déclenché la guerre le 24 février, tente de passer à la vitesse supérieure pour tirer profit des mines maliennes. Prigojine cherche toujours plus d’or pour soutenir le déploiement de ses mercenaires sur le front ukrainien et poursuivre ses différentes opérations militaires et d’influence en Afrique.

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Parmi les analystes occidentaux, certains estiment que les lingots collectés par Wagner aux quatre coins du continent pourraient aussi servir directement les intérêts de Poutine et renflouer les réserves du Trésor russe. « Depuis l’invasion de l’Ukraine, la Russie puise dans les caisses pour financer son effort de guerre et couvrir son déficit, explique une source haut placée à Paris. Les autorités russes pourraient acheter l’or du groupe Wagner de façon opaque en roubles pour ensuite pouvoir effectuer des paiements auprès de ses partenaires, comme la Chine, l’Inde ou l’Iran. La Chine a par exemple augmenté ses importations d’or russe en 2022. Cette solution permettrait à Wagner de blanchir son or tandis que Moscou essaie de limiter la dépréciation du rouble. »

Des permis d’exploitation très convoités

En avril 2022, Sergueï Laktionov revient donc à la charge auprès de ses interlocuteurs maliens. Il plaide pour un schéma de nationalisation des mines d’or et entend récupérer les permis d’exploitation de gisements déjà opérationnels. Il en cible notamment trois, parmi les plus prolifiques du pays : Fekola, exploité par B2Gold ; Loulo-Gounkoto, détenu par un autre minier canadien, Barrick Gold ; et enfin Syama, aux mains de l’australien Resolute Mining.

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La mine de Syama, au Mali. © Philip Mostert/Resolute Mining

Aux sièges de ces différents miniers, l’information provoque quelques sueurs froides sans toutefois susciter plus d’inquiétude que ça. « Il est impossible de retirer comme ça un permis d’exploitation pour le délivrer à un autre opérateur, affirme l’avocat de l’un d’entre eux. Les autorités maliennes savent très bien ce que nous leur rapportons et ce à quoi elles s’exposeraient si elles se risquaient à de telles pratiques. »

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À Bamako, d’autres sources se montrent moins catégoriques. « Les sociétés minières sont soutenues par des grands fonds d’investissement étrangers – américains, chinois ou autre – qui, en cas de litige, font pression pour le régler par voie diplomatique classique, explique un professionnel du secteur. Mais il ne faut pas perdre de vue qu’un régime de transition militaire comme celui actuellement en place au Mali n’a rien de normal. Rien n’y est impossible. Et il y a toujours des manières pour exproprier quelqu’un sans dire qu’on l’exproprie. » « Nous sommes dans un pays où la loi est faite à la guise des colonels. Pourquoi ne pourraient-ils pas décider de retirer un permis minier ? » s’interroge un homme d’affaires malien.

Certains ont aussi en mémoire le précédent de la mine d’or de Ndassima, l’une des plus importantes de Centrafrique. Initialement accordé à l’entreprise canadienne Axmin, son permis d’exploitation a finalement été réattribué par les autorités centrafricaines à Midas Ressources – une société liée à la galaxie Prigojine – fin 2019, environ deux ans après l’implantation de Wagner à Bangui.

Grande refonte du secteur minier

Sans forcément parvenir à récupérer les permis d’exploitation des mines qu’il lorgne, Wagner pourrait aussi capter, par des voies détournées, une partie de la participation de 10 % à 20 % que l’État détient dans chacune d’entre elles. « Quand nous donnons chaque année sa part au Trésor public malien, nous ne savons pas comment il réutilise cet argent derrière », glisse le collaborateur d’une grande entreprise minière.

Lancement d’un grand audit du secteur minier, création d’une Société de recherche exploitation minière (Sorem) pour accroître les bénéfices de l’État, suspension des permis d’exploration et d’exploitation pour « améliorer le processus de délivrance et de suivi des autorisations »… Fin 2022, la junte a amorcé une grande refonte du secteur minier. Mais, malgré le forcing de leurs nouveaux alliés russes, les colonels ne semblent pas pressés de leur ouvrir grand les portes des mines, preuve que leurs relations sont plus complexes qu’il n’y paraît.

« Ils veulent cantonner Wagner au domaine militaire et ce pour quoi ses mercenaires ont été embauchés : la guerre contre les jihadistes. Dès que les Russes essaient d’avancer sur le dossier des mines, ils freinent. Et il faut bien leur reconnaître un certain talent pour faire traîner les choses », indique un observateur à Bamako. « Les colonels souhaitent montrer qu’ils restent souverains chez eux et ne veulent pas que les Russes deviennent visibles partout comme ils le sont en Centrafrique. Cela est valable pour l’administration comme pour les mines », ajoute un diplomate étranger.

Actifs dans l’orpaillage artisanal

En attendant de parvenir à mettre en place un système d’extraction bien rodé au Mali, les cadres de Wagner exploitent toutes les pistes possibles pour extraire de l’or. Le 30 septembre 2022, Gold Resources du Mali, une des sociétés de Bakin Gassimi Guindo, a obtenu du ministère deux permis d’autorisation d’exploration de trois mois à Diangouémérila-Ouest (sur une superficie de 40 km2) et Ourou-Ourou (sur 22 km2), dans le district de Yanfolila. Le fondateur d’Alpha Development y a-t-il mené des prospections pour le compte de ses partenaires russes ? Là encore, l’intéressé n’a pas souhaité répondre.

Parallèlement, Laktionov et ses camarades se sont lancés dans l’orpaillage artisanal, qui représente, selon les estimations, environ un tiers de la production nationale, soit plus d’une vingtaine de tonnes d’or par an. Selon nos informations, depuis le début de l’année, des hommes de Wagner ont investi au moins trois sites au sud de Bamako, dont certains étaient jusqu’à leur arrivée exploités par des Chinois.

L’un d’entre eux se trouve à Balandougou, à une vingtaine de kilomètres de la frontière avec la Guinée. « Ils sont venus avec leurs machines. Ils étaient nombreux et ont travaillé avec des locaux. Ils sont restés quelques semaines puis ils sont repartis », confirme un témoin sur place. Selon lui, ces exploitants « qui ne parlaient pas français » ont ensuite mis le cap sur Koyoko, un autre lieu d’orpaillage proche de la frontière, situé dans le cercle de Kangaba. Le troisième site est, lui, situé près de Yanfolila.

Difficile, voire impossible de savoir quelle quantité d’or a été extraite de ces sites d’orpaillage artisanaux par les hommes de Wagner. Mi-mai, une dizaine d’entre eux ont par ailleurs été aperçus à l’aéroport de Kayes, chef-lieu de la région du même nom, réputée riche en or et éloignée de leurs zones d’activités militaires classiques du Nord et du Centre.

Trafic via Dubaï

En 2022, les responsables du groupe russe se sont également rapprochés d’un des nombreux négociants en or bamakois pour faire fructifier leurs affaires : Kossa Dansoko. Présent dans le secteur depuis une décennie, il achète, exporte et revend de l’or à Dubaï. Ces dernières années, la riche cité des Émirats arabes unis est devenue la destination privilégiée du trafic illégal d’or en provenance du continent. Les lingots – non raffinés à 100 % – issus des mines d’Afrique de l’Ouest transitent très souvent par le Mali en raison de sa fiscalité avantageuse sur l’export et de son important réseau de corruption.

Ainsi, comme le relevait une récente synthèse de l’Institut d’études de sécurité (ISS), en 2016, les Émirats déclaraient avoir importé 1,52 milliard de dollars d’or malien, tandis que le Mali n’enregistrait que… 216 millions de dollars d’exportations d’or vers ce pays. « Il y a tout un système de trafic mis en place à l’aéroport de Bamako, avec la complicité de la douane et de la police. Cela permet aux négociants de passer les contrôles sans encombre et de s’envoler pour les Émirats avec plusieurs kilos d’or dans leurs valises », explique un bon connaisseur.

« Dansoko vend son or à Dubaï et il récupère du cash, qu’il place sur des comptes offshore là-bas ou qu’il ramène à Bamako pour le changer directement auprès de grands commerçants plutôt que dans des banques », ajoute une de nos sources. Souvent à Dubaï, Kossa Dansoko se rend aussi régulièrement à Bangui, où il travaille avec Wagner via son compatriote Souleymane Bassoum. Bien implanté dans la capitale centrafricaine, proche du pouvoir du président Faustin-Archange Touadéra, ce Malien actif dans l’import-export participe au trafic local de diamants monté par le groupe de Prigojine.

Intriguant ballet aérien à Sikasso

Wagner achemine donc son or d’Afrique vers les Émirats arabes unis, mais aussi directement en Russie. Pour sortir cette marchandise de valeur du continent à l’abri des regards, la société militaire privée utilise différentes filières, dont ses propres moyens aériens – hélicoptères Mil, petits porteurs Antonov, gros porteurs Iliouchine…

Pour ses activités au Mali, elle s’appuie sur une société d’aviation fondée en 2008 aux Émirats : Kratol Aviation, qui dispose d’une petite flotte d’Antonov An-28, des avions robustes pouvant se poser à peu près n’importe où. Épinglée en janvier par le département du Trésor des États-Unis comme l’une des entités « qui soutiennent les opérations militaires du groupe Wagner » en Afrique, cette société est, selon une source proche des services de renseignement français, « au cœur d’un réseau de logistique aérienne servant les intérêts russes, notamment miniers, sur le continent ».

En juillet 2022, un de ses An-28 avait été photographié par un satellite sur le tarmac de l’aéroport de Mopti-Sévaré, un des hubs logistiques de Wagner dans le pays. Cet avion d’apparence civile, complètement blanc, était immatriculé TZ-99T, un code de l’armée de l’air malienne.

Un autre aéroport malien, moins connu, est utilisé par Wagner : celui de Sikasso, à 400 km au sud-est de Bamako. Plus de connexion permanente avec l’Asecna, plus de compagnie commerciale… Il offre des avantages certains à qui souhaite y atterrir et en décoller discrètement. Entre fin 2022 et début 2023, plusieurs avions russes se sont posés sur sa piste décatie, de nuit, pour décharger et charger des marchandises. « Ils transportaient très probablement du matériel militaire. Mais il ne serait pas surprenant que de l’or transite aussi par cette voie », conclut une de nos sources maliennes.

Retrouvez tous les articles de notre enquête :

À LIRE[Enquête vidéo] Wagner, les nouveaux pilleurs de l’Afrique

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Burkina /Gratuité des soins : Plus de 194 sur 225 milliards de FCFA payés aux formations sanitaires de 2016 à nos jours

Accueil > Actualités > Société • Lefaso.net • mardi 13 juin 2023 à 23h16min 
 
Burkina /Gratuité des soins : Plus de 194 sur 225 milliards de FCFA payés aux formations sanitaires de 2016 à nos jours

 

L’Assemblée législative de la transition (ALT) s’est réunie, ce mardi 13 juin 2023, en séance plénière portant sur trois questions orales. Parmi elles, l’état de mise en œuvre de la politique de gratuité des soins pour les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes. La question orale est du député Basile Nana. C’est le ministre en charge de la santé, Robert Lucien Jean Claude Kargougou, qui s’est présenté pour y répondre.

Le ministre en charge de la santé, Robert Lucien Jean Claude Kargougou, a structuré sa réponse à cette question orale autour de trois points. Il s’est appesanti dans un premier temps sur l’état actuel de la politique de gratuité des soins au profit des enfants de moins de cinq ans, des femmes enceintes et allaitantes débutée depuis 2016. Ensuite, il s’est exprimé sur les mesures que le gouvernement compte apporter pour corriger les insuffisances liées aux ruptures de consommables et des médicaments constatées dans le cadre de cette gratuité. Enfin, Dr Kargougou est revenu sur les prévisions pour palier à court terme aux difficultés financières rencontrées par les comités de gestion des centres de santé.

 

 

Le ministre de la Santé, Dr Kargougou a reconnu et salué 
la pertinence de la question orale

Pour ce qui est de l’état actuel de la politique de gratuité des soins au profit des enfants de moins de cinq ans, des femmes enceintes et allaitantes débutée depuis 2016, Dr Kargougou a révélé que la mesure de gratuité est appliquée actuellement dans toutes les 2 328 formations sanitaires publiques fonctionnelles du Burkina Faso et dans 29 formations sanitaires privées. Les cibles concernées par cette mesure sont les femmes enceintes, en péri-partum, vivant avec une fistule obstétricale, celles de 25 à 55 ans pour le dépistage des lésions précancéreuses du col de l’utérus et l’examen physique des seins, les enfants de 0 à 5 ans et toute personne désirant une méthode contraceptive. Ces cibles constituent environ 30% de la population burkinabè, selon Dr Kargougou.

Acquis, financement et difficultés

Le financement de cette mesure de gratuité, a indiqué le ministre, est assuré par l’Etat et ses partenaires à travers le système du tiers payant, c’est-à-dire que l’Etat paie à la place du patient. Ainsi, de 2016 à fin mars 2023, l’Etat a payé exactement 194 milliards 551 millions 872 mille 324 francs CFA aux formations sanitaires contre une facture de 225 milliards 296 millions 904 mille 864 francs CFA, soit un taux de paiement des factures de 86,35%. Des arriérés de plus 30 milliards de francs CFA restent à être payés

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A cette plénière, le nombre de votants était de 56

La mise en œuvre de la mesure de gratuité, à écouter Dr Kargougou, rencontre plusieurs difficultés. Ces entraves sont essentiellement les arriérés de paiement des factures, les ruptures de médicaments et les irrégularités relevées surtout dans les formations sanitaires lors des contrôles. Nonobstant ces difficultés, plusieurs acquis ont été engrangés. Puisque, a-t-il fait savoir, de 2016 à fin mars 2023, plus de 125 millions de prestations gratuites ont été offertes aux populations.

L’utilisation des services de santé a connu une augmentation avec le contact par habitant chez les moins de cinq ans qui est passé de 1,6 à environ 3 en 2022. En outre, il a mentionné que le taux des accouchements assistés est passé de 73% à 94% entre 2010 et 2021. A cela, on peut ajouter que la mesure de gratuité a contribué également à la réduction de la mortalité des femmes et des enfants de moins de 5 ans. En effet, de 2015 à 2021, le ratio de mortalité maternelle est passé de 330 à 223 décès pour 100 000 naissances vivantes et le taux de mortalité infanto-juvénile est passé de 81,7 à 48 décès pour 1000 naissances vivantes.

 



La plénière a été présidée par le 1er vice-président de l’ALT, Dafidi Lompo


Des mesures pour corriger les insuffisances

Le gouvernement a entrepris des mesures conjoncturelles qui ont permis un financement direct à hauteur de plus de 14 milliards de francs CFA entre 2021 et 2022 au profit de la Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques et des consommables médicaux (CAMEG) dans le but de réduire les dettes et de favoriser la disponibilité des produits de santé dans les formations sanitaires. En sus, le ministère de la Santé et de l’hygiène publique a mis en place un cadre réunissant chaque mois, la CAMEG, les directions impliquées, les responsables de formations sanitaires pour le suivi des dettes de la CAMEG.

La digitalisation de la feuille de soins est aussi une solution envisagée par le gouvernement. Il y a aussi la mise en œuvre de la pharmacie hospitalière et la nécessité d’augmenter l’enveloppe financière de la mesure. Enfin, le ministre a souligné que l’arrimage de la gratuité des soins avec le régime d’assurance maladie universelle en cours de conception constitue une véritable opportunité pour garantir la pérennité du financement.

 

Le député Basile Nana est à l’origine de cette question orale

Pallier les difficultés rencontrées par les comités de gestion des centres de santé

A ce niveau, un suivi des flux financiers sera institué pour une meilleure gestion des formations sanitaires sur la base de la digitalisation, a informé le ministre en charge de la santé. [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Obissa Juste Mien
Lefaso.net

En Guinée, la justice relaxe trois figures du FNDC

Oumar Sylla, alias Foniké Mangué, Ibrahima Diallo et Saikou Yaya Barry étaient poursuivis pour « attroupement » illégal et « destructions de biens publics et privés ».

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 14 juin 2023 à 09:18
 
 
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Les leaders du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) à leur sortie de prison à Conakry, le 11 mai 2023. © Afropages/DR

 

La justice guinéenne a relaxé le 13 juin Oumar Sylla, alias Foniké Mangué, Ibrahima Diallo et Saikou Yaya Barry, trois responsables du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), collectif qui conteste le pouvoir de Mamadi Doumbouya. Ces figures de la société civile étaient poursuivies pour « attroupement » illégal et « destructions de biens publics et privés », en lien avec une interdiction de manifestations par la junte.

À LIREEn Guinée, face à Mamadi Doumbouya, le FNDC choisit la prison plutôt que le silence

Saikou Yaya Barry, à l’étranger pour des soins médicaux, n’était pas présent au procès dont la tenue faisait partie des revendications prioritaires du FNDC.

Manifestations interdites

Le 9 juin, le parquet avait requis deux ans de prison avec sursis et une amende de deux millions de francs guinéens (220 euros) contre chacun des trois prévenus. Le procès s’était ouvert la veille devant un tribunal correctionnel de la banlieue de Conakry, délocalisé dans le quartier administratif de la capitale.

Arrêtés en juillet 2022 et en janvier dernier après une interdiction des manifestations, les trois prévenus avaient été remis en liberté le 11 mai. En novembre 2022, ils avaient été renvoyés devant le tribunal correctionnel pour « participation délictueuse à un attroupement, complicité de destruction d’édifices privés et publics, coups et blessures volontaires ».

Le FNDC, dont Foniké Mangué est le coordonnateur national et Ibrahima Diallo le responsable des opérations, fait partie des Forces vives, une coalition des principaux partis d’opposition, de syndicats et d’ONG. Celle-ci exige notamment l’ouverture d’un dialogue en vue d’un retour rapide des civils à la tête du pays, ainsi que la levée de l’interdiction des manifestations instaurée par la junte en 2022.

(Avec AFP)

Alioune Ndao, l’ancien magistrat qui se dresse contre Macky Sall

L’ex-procureur spécial de la Cour qui a condamné Karim Wade est candidat à la présidentielle de 2024. Alors que le pays est encore agité par la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko, il dénonce le manque d’indépendance de la justice.

Par  - à Dakar
Mis à jour le 13 juin 2023 à 18:06
 

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Alioune Ndao, l’ex-procureur spécial de la Cour qui a condamné Karim Wade est candidat à la présidentielle de 2024. © Annika Hammerschlag pour JA

 

Dans le débat qui agite l’actualité politique sénégalaise, il est en terrain connu. Depuis que le procès d’Ousmane Sonko s’est ouvert le 16 mai dernier, Alioune Ndao est fréquemment cité par la presse sénégalaise. Invité à se prononcer sur les arguties judiciaires liées aux déboires de l’opposant et à donner son expertise sur la légalité des décisions prises par ses anciens collègues magistrats, il répond toujours présent.

À LIRE[Série] Au Sénégal, Ousmane Sonko et le procès de la dernière chance 

Alioune Ndao en est convaincu : la justice de son pays n’est pas indépendante. « On a beau vouloir être indépendants, le système actuel dont profite le régime ne permet pas un magistrat de l’être. C’est le principal frein de la justice », déplore-t-il.

Alioune Ndao s’était fait connaître en acceptant, en 2012, le poste exposé de procureur spécial de la Cour spéciale contre l’enrichissement illicite (CREI), celle-là même qui condamnera trois ans plus tard Karim Wade à six ans de prison ferme. Presque dix ans ont passé. Débarrassé de son obligation de réserve depuis qu’il a pris sa retraite, le voici candidat déclaré à la présidentielle de février 2024. « Ce projet, cela fait dix ans que je le mûris », glisse l’ancien magistrat, qui a reçu Jeune Afrique en mai dernier dans le bureau de son cabinet de conseil, en banlieue dakaroise.

Refus du dialogue

Son Parti pour la justice, la démocratie et le développement (PJ2D) Ande Doxal Deug a été créé en 2021. Comme une centaine d’autres organisations politiques et de la société civile, il a rejoint le F24, une plateforme qui conteste au président Macky Sall la possibilité de briguer un troisième mandat. Lui aussi a refusé de participer au dialogue politique lancé par le chef de l’État, le 31 mai. « Toute l’opposition significative a dit non, affirme-t-il. Je soupçonne Macky Sall de vouloir se fonder sur le dialogue pour annoncer sa candidature. À huit mois de la fin de son règne, il n’a qu’à commencer à dire au revoir aux Sénégalais. »

À LIREOusmane Sonko contre Adji Sarr : l’ombre insaisissable du complot  

L’ex-magistrat a suivi avec attention le jugement rendu par la chambre criminelle du tribunal de Dakar, qui a condamné le 1er juin Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse ». « J’ai été surpris comme tout le monde de voir que les juges ont abandonné le terrain du viol pour atterrir sur le proxénétisme », dit-il.

La requalification des faits ne pose aucun problème légal, concède l’ancien magistrat. Mais l’infraction retenue « ne tient pas la route », dit-il. « Le juge aurait fondé l’infraction sur l’existence de rapports sexuels répétés, or cette déclaration relève uniquement des déclarations de la victime, car aucune expertise médicale n’a confirmé l’existence des rapports sexuels. Il y a dans cette affaire un doute manifeste qui aurait du bénéficier à l’accusé. »

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Les déboires judiciaires d’Ousmane Sonko sont, à l’en croire, un nouveau signe que l’exécutif« ne se soucie que de ses propres intérêts ». La tension est certes retombée après plusieurs jours de violence, mais Alioune Ndao dit craindre une « situation instable » si Macky Sall devait se représenter et Ousmane Sonko être arrêté.

Sous les feux des projecteurs

Il se livre aussi sur ce qui fut sans nul doute le rôle le plus exposé de sa vie de magistrat : de mai 2012 à novembre 2014, il fut le procureur de la CREI. Une Cour ressuscitée par Macky Sall tout juste après son élection, qui a eu dans son viseur plusieurs barons du Parti démocratique sénégalais (PDS) d’Abdoulaye Wade. Le premier d’entre eux, accusé de s’être servi allègrement dans les deniers publics, fut le fils de l’ancien président. C’est Alioune Ndao qui sera chargé de mener l’instruction contre l’ancien « ministre du Ciel et de la Terre ».

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« C’était un poste délicat, raconte-t-il. Il s’agissait d’enquêter sur des personnalités politiques fortunées et qui connaissaient très bien l’État. » Il précise qu’il n’a « jamais postulé » pour ce rôle le plaçant sous les feux des projecteurs, mais qu’il acceptera immédiatement.

Rien ne le prédisposait à remplir cette fonction. Il a commencé comme tailleur, puis a exercé douze ans dans la police nationale – qu’il sera forcé de quitter après s’être blessé accidentellement avec une grenade. Pour son premier poste en tant que substitut du procureur, il choisit le tribunal régional de Kolda, en Casamance, loin de son Kaolack natal. « Pour une fonction judiciaire aussi délicate, quand vous débutez, mieux vaut aller là où personne ne vous connaît. »

Dix ans plus tard, Alioune Ndao gagne la capitale. Il officie en tant que conseiller technique au ministère de la Justice sous la présidence d’Abdoulaye Wade, avant de devenir substitut général, puis avocat général près la Cour d’appel de Dakar.

Enquêtes parallèles

Lorsqu’il rejoint la CREI, il sait qu’il s’attelle à une tâche délicate, où il a sans doute « plus à perdre qu’à gagner », comme il le dit à l’époque. Dans la liste des 25 noms de personnalités soupçonnées d’enrichissement illicite, Karim Wade est sans doute le plus gros poisson. Le procureur débute son enquête de patrimoine, secondé par un certain Antoine Félix Diome, devenu ministre de l’Intérieur en 2019.

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Le magistrat épluche les comptes bancaires de Karim Wade, son patrimoine immobilier, son parc automobile… Tous les biens de l’ancien ministre sont passés au crible. La somme finale est ensuite comparée avec les chiffres dont dispose le Trésor public. « Dans ce type d’enquête, si les sommes correspondent, l’enquête s’arrête », explique Alioune Ndao. Mais dans le cas de Karim Wade, la différence s’établit très précisément à 693 946 390 174 F CFA (1,05 milliard d’euros).

« Seul Karim Wade les intéressait »

Alors que le procès de Karim Wade se prépare, le procureur continue de travailler discrètement sur d’autres personnalités politiques. « Je ne me satisfaisais pas de ce seul dossier et je menais des enquêtes parallèles, explique-t-il aujourd’hui. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à avoir des problèmes avec Macky Sall et Sidiki Kaba [alors ministre de la Justice]. Seul Karim Wade les intéressait. »

Le procureur tente alors de contrôler les comptes de plusieurs responsables politiques. Ses enquêtes le conduisent notamment à s’intéresser aux avoirs d’Abdoulaye Baldé. Ancien membre du PDS, plusieurs fois ministre, il a depuis été élu député sur la liste de la majorité présidentielle. « Le président m’a demandé de le laisser, assure Alioune Ndao. Macky Sall m’a convoqué au palais et m’a dit : « M. le procureur, vous terrorisez les banques. Donnez-moi les noms [de ceux qui auraient fauté] et je vais les tenir politiquement. » Je me suis demandé s’il savait qu’il parlait à un procureur.

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Il en est persuadé, c’est parce qu’il a « refusé de jouer le jeu du pouvoir » qu’il a finalement été débarqué de son poste par décret présidentiel, au beau milieu du procès Karim Wade. « J’ai refusé d’exécuter des rôles que je considérais comme illégitimes et d’orienter mes enquêtes », dit-il. L’ancien magistrat assure néanmoins n’avoir « aucun regret » : « Si je devais le refaire, je ne changerai rien. Le combat, c’est de protéger les juges du pouvoir exécutif. Tant que les magistrats resteront à la merci du ministre de la Justice, et donc du président, ils ne pourront agir en tout indépendance. »

Novice en politique

Dans le petit monde judiciaire, il jouit de la réputation d’un homme expérimenté et intègre. Magistrat chevronné mais novice en politique, son parti est d’abord une affaire familiale : son frère, aujourd’hui décédé, a participé à sa création ; son fils de 36 ans, Khadim, en gère la communication. « Nous venons juste de créer le parti, nous sommes en train de nous implanter sur le territoire », assure ce dernier. Si nous faisons tout ça, c’est pour lutter contre les injustices flagrantes que nous constatons dans le pays. »

« Il est en terrain inconnu mais s’il se lance, il doit penser qu’il peut y arriver, glisse un membre du barreau sénégalais. J’imagine qu’il n’a pas 65 millions de FCFA [le montant de la caution nécessaire pour présenter sa candidature] à jeter par la fenêtre. » Encore faudrait-il que le candidat reçoive le récépissé de son parti, qu’il attend depuis plusieurs mois. C’est son ancien substitut, le ministre de l’Intérieur Antoine Félix Diome, qui doit le lui donner.

Sénégal: la marche prévue ce samedi par le F24 a été annulée

Au Sénégal, la marche annoncée à Dakar ce samedi par « la plate-forme des forces vives F24 » n’aura pas lieu. Explications.

 

La marche avait été interdite, comme le rassemblement prévu vendredi. Après la condamnation de l'opposant Ousmane Sonko la semaine dernière qui a provoqué des violences meurtrières, la préfecture a avancé - entre autres - des « menaces réelles de troubles à l'ordre public » et des « risques de saccages ». Des « alibis fallacieux » selon le F24.

Mais Mamadou Mbodj, coordonnateur de la plate-forme, a annoncé ce vendredi soir l’annulation de la marche « dans l’intérêt des populations ». « Nous avons beaucoup discuté, explique t-il au micro de notre correspondante, Charlotte Idrac. En tenant compte des intérêts et des préoccupations de ces populations, il était nécessaire de surseoir à la marche pour permettre à ces populations de vaquer à leurs occupations, surtout en ce moment où la tabaski frappe à la porte.

Il a été également question de tenir compte des demandes exprimées par la délégation du patronat, laquelle délégation est venue nous rencontrer et nous demander de tenir compte des dérapages, en tout cas des dommages qui sont causés par les manifestations précédentes et qui ont beaucoup ralenti l’activité économique. Et donc, pour ne pas porter davantage préjudice à ces entrepreneurs, à ces artisans, à ces citoyens, nous avons également décidé qu’on pouvait annuler la marche de demain. Nous sommes déterminés à ce que la troisième candidature de monsieur Macky Sall soit oubliée et que tous les candidats éligibles dans notre plate-forme puissent aller aux élections, et nous réclamons la libération immédiate de tous les détenus politiques. » 

Les programmes du groupe de presse privé WalFadjri suspendus

Par ailleurs, les programmes du groupe de presse privé WalFadjri ont été suspendus par les autorités pour un mois, du 1er juin au 1er juillet. Le gouvernement lui reproche la diffusion « d’images de violences exposant des adolescents », accompagnées de « propos subversifs, haineux et dangereux ». Le groupe dénonce un « acharnement ». Le personnel a dû être mis au chômage technique.

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