Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Affaire Mohamed Sinon : « Le souhait de la gendarmerie, c’est de voir le prévenu subir toute la rigueur de la loi, s’il venait à être condamné » (partie civile)

Accueil > Actualités > Société • Lefaso.net • mardi 18 juillet 2023 à 22h15min 
 
Affaire Mohamed Sinon : « Le souhait de la gendarmerie, c’est de voir le prévenu subir toute la rigueur de la loi, s’il venait à être condamné » (partie civile)


L’audience de l’affaire dite Mohamed Sinon, cet élément vidéo dans lequel le prévenu reproche à la gendarmerie de ne pas s’impliquer dans la lutte et demande, de ce fait, sa suppression au profit de la police et des militaires, a finalement, après moults reports, eu lieu ce mardi 18 juillet 2023 devant le Tribunal de grande instance Ouaga I.

 

De 12h09 à 16h40, le prévenu Mohamed Sinon a fait face au tribunal dans ce deuxième dossier, après celui de février 2023 relatif à l’appel au meurtre et pour lequel, il a été condamné à 24 mois de prison avec sursis.

Après les salamalecs, qui ont, en autres, consisté en la vérification de l’identité du prévenu et à se rassurer qu’il est prêt pour le jugement, place au rappel des faits et des charges qui en découlent. L’intéressé retorque, à la fin de l’exposé des faits, qu’il ne les reconnaît pas. « Pourquoi vous êtes là alors ? », demande le président du tribunal. L’élément vidéo est projeté, à la suite duquel le tribunal lui demande une réaction. « J’avais renié, mais c’était pour pousser à projeter l’élément afin que tout le monde en prenne connaissance », a précisé Mohamed Sinon avant de faire constater : « vous aurez constaté que dans l’élément vidéo, j’ai dit lutte, je n’ai pas parlé de terrorisme ».

 

« Vous voulez faire référence à quelle lutte ? », pousse le tribunal.

« C’est de la lutte contre la corruption », répond le prévenu, qui affirme qu’il a fait sien, le combat contre la corruption.

Le tribunal lui demande s’il a déjà dénoncé des cas de corruption à la gendarmerie ou a été victime de corruption et, le cas échéant, si l’on peut accuser tous les gendarmes. « J’ai vu et j’ai été victime, sur la route de Gaoua et sur l’axe Ouaga-Kongoussi. (…). Parfois, je me fais passer pour quelqu’un qui n’a pas de pièce (Carte nationale d’identité burkinabè, CNIB : ndlr) pour avoir leur système. Je ne comprends pas le français, mais j’ai dit dedans (l’élément incriminé : ndlr) que ce n’est pas cent pour cent (pas tous les gendarmes, ndlr) », se défend en substance le prévenu, qui affirme avoir été témoin de ce que des gendarmes ont pris de l’argent avec de jeunes passagers qui n’ont pas de CNIB. Il cite également le cas de son épouse, qui aurait été débarquée d’un car et immobilisée pendant plus de trois heures, parce que celle-ci avait refusé de payer la somme de 3 000 FCFA. Un cas qu’il dit avoir dénoncé à la gendarmerie de Yirgou.

Le tribunal lui demande le lien entre corruption et suppression de la gendarmerie. « Je suis quelqu’un qui est sur les réseaux sociaux, qui donne ses opinions. Dans mes interventions, et dans un même élément, il m’arrive d’aborder plusieurs thèmes à la fois. (…). J’ai donné mon opinion, c’est ma pensée. Je suis les informations, je vois ailleurs comment ça se passe et c’est par rapport à cela que j’ai donné mon avis. Ce n’est pas moi qui suis le décideur. J’ai donné ma pensée, c’est aux décideurs d’en faire ce qu’ils veulent. Dans l’élément, j’ai même interpellé nommément le décideur. J’ai donné des conseils et je pense que nul n’est au-dessus de conseils. Je n’ai pas de pouvoir de décision, il appartient au décideur de prendre les mesures qui siéent », soutient M. Sinon, insistant que dans l’élément, le mot lutte se rapporte à la corruption et non au terrorisme.

« Dans la vidéo, vous dites que vous n’avez pas prononcé le mot "terrorisme", mais est-ce que vous avez prononcé le mot "corruption" ? », contrarie d’abord le Parquet, en brandissant cette observation au prévenu. Mohamed Sinon, qui se présente comme membre du Mouvement Africa révolution, « structure qui lutte contre tout ce qui n’est pas juste », tente de faire comprendre que les deux sont liés.

Le Parquet revient ensuite sur la gravité de ses propos, au regard du contexte national… Un acte qui, selon le ministère public, expose les gendarmes individuellement pris et toute l’institution gendarmerie nationale. L’autorité demande donc au prévenu de ne pas envoyer le litige sur un autre terrain, car on n’a condamné aucun citoyen pour avoir dénoncé des faits de corruption.

 

Le représentant de la gendarmerie nationale (mandaté par le chef d’état-major de la gendarmerie nationale), constituée partie civile dans le dossier, s’est, à son tour, dit « un peu désarmé » par le « revirement spectaculaire » du prévenu, car même le citoyen lambda, le personnel de la gendarmerie, ont compris ce à quoi il était question dans sa sortie sur les réseaux sociaux.

« Même dans la plainte déposée par la gendarmerie nationale, il est dit que la gendarmerie nationale n’est pas engagée dans la lutte contre le terrorisme, de la supprimer et laisser la police et les militaires. Nous, au niveau de la gendarmerie nationale, nous avons compris cela. La gendarmerie est en première ligne de la lutte, nous ne pouvons pas permettre qu’un individu vienne tenir de tels propos », a, globalement, dénoncé le représentant de la gendarmerie nationale.

Les conseils du prévenu demandent, quant à eux, de rester dans le cadre strict du procès pénal, en évitant les interprétations ; la loi pénale étant d’interprétation stricte, rappellent-ils. Ils déclarent ensuite que la première mission de la gendarmerie, c’est le maintien de l’ordre, la sécurité publique. D’où, selon eux, la logique que lorsque le prévenu parle de « lutte », il s’agisse de corruption et non de terrorisme.

Les avocats de Mohamed Sinon vont dans cette logique enfoncer le clou, en rappelant que la gendarmerie est, ces cinq dernières années, classée parmi les cinq institutions les plus corrompues, selon les rapports du REN-LAC.
Des propos nuancés par le représentant de la gendarmerie, qui relève que depuis 2020, l’institution a quitté le top 5. « Ce qui montre qu’il y a un travail qui est fait », oppose-il avant de rappeler que la corruption est un phénomène national et tout le monde s’est inscrit dans la lutte contre ce mal.

A la fin des débats, le Parquet a requis (après motivations par le contexte de l’acte et rappelant le sursis sus-référé) 30 mois (deux ans et six mois) d’emprisonnement ferme et 500 000 FCFA d’amende.

Appelé à se prononcer sur la réquisition du Parquet, le représentant de la gendarmerie a confié que l’institution n’a pas de demande particulière à faire… ; son souhait, c’est de simplement voir le prévenu « subir toute la rigueur de la loi, s’il venait à être condamné ».

Le Tribunal renvoie les parties pour délibéré le 25 juillet 2023.

O.L
Lefaso.net

Au Niger, une « attaque terroriste complexe » près du Burkina fait cinq morts, dont un gendarme

Selon Niamey, deux terroristes ont été tués dans la riposte de l’armée à l’offensive jihadiste menée le 14 juillet dans la zone dite des « trois frontières ».

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 16 juillet 2023 à 11:43
 
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Des soldats du Niger et du Burkina Faso participent à l’exercice militaire annuel Flintlock, mené par les États-Unis, à Jacqueville, en Côte d’Ivoire, le 14 mars 2023. © Issouf SANOGO / AFP

 

L'attaque au cours de laquelle un gendarme et quatre civils ont trouvé la mort a eu lieu vendredi dans la région de Tillabéri (sud-ouest du Niger), près du Burkina Faso, a annoncé samedi l’état-major des Armées du Niger, dans un communiqué.

« Dans l’après-midi du 14 juillet 2023, aux environs de 13h40 locales, un détachement de la gendarmerie nationale en mission d’escorte de convoi sur le tronçon Torodi-Makalondi a été la cible d’une attaque terroriste complexe », indique l’armée nigérienne. En plus des cinq personnes « décédées », dix-neuf personnes ont été blessées dont sept gendarmes, cinq militaires et sept civils évacués à Niamey, poursuit le document.

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Dernière ville nigérienne avant le Burkina

« Côté ennemi, deux terroristes ont été tués » après une « riposte énergique » des forces nigériennes, souligne le communiqué. En outre, les militaires nigériens ont récupéré cinq motos, deux fusils AK47 et un poste radio portatif appartenant aux assaillants.

Torodi et Makalondi sont deux communes situées respectivement à 55 et 96 km de la capitale Niamey, dans le sud-ouest du pays. Le poste de police de Makalondi, dernière ville nigérienne avant la frontière du Burkina, a été plusieurs fois visé par des jihadistes présumés : en mars dernier des « hommes lourdement armés » l’avaient notamment incendié, blessant un civil.

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Située dans la zone dite des « trois frontières » entre le Niger, le Burkina Faso et le Mali, la région de Tillabéri est un repaire des jihadistes sahéliens, dont l’État islamique au Grand Sahara (EIGS). Depuis des années, cette partie du Niger est régulièrement visée par les assauts de groupes islamistes malgré le déploiement massif des forces anti-jihadistes et de l’état d’urgence en vigueur.

Plus de 10 800 déplacés

Des soldats français y combattent aux côtés des militaires nigériens, selon les autorités des deux pays. Plus de 10 800 personnes, dont des femmes et enfants issus d’une dizaine de villages du département de Say, toujours dans cette région, ont fui leurs domiciles depuis début juillet, après des « violences » d’hommes armés, ont rapporté mercredi des sources humanitaires et les autorités locales.

À LIREFace au jihadisme, l’UE s’éloigne du Mali et mise sur le Niger

Dans sa partie sud-est, riveraine du lac Tchad et du Nigeria, le Niger doit également faire face aux jihadistes de Boko Haram et de sa branche dissidente Iswap (État islamique en Afrique de l’ouest).

(Avec AFP)

Relaxé par la justice malienne, Ras Bath reste en prison

Youssouf Bathily, de son vrai nom, était poursuivi pour avoir déclaré que l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga avait été « assassiné » en détention. Relaxé pour l’un des chefs d’accusation qui le visent, il reste néanmoins derrière les barreaux.

Mis à jour le 11 juillet 2023 à 23:22
 
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L’activiste malien Mohamed Youssouf Bathily, dit Ras Bath, à Bamako, le 30 juin 2018. Nicolas Remene / Le Pictorium – 30/06/2018 – Mali / Bamako / Bamako – Le 30 juin 2018 a Bamako Mali. Mohamed Youssouf Bathily, dit Ras Bath celebre activiste, fondateur du Collectif pour la Defense de la Republique (CDR), a lui aussi rejoint la marche ce matin. Marche silencieuse organisee par le Mouvement Peul et Allies pour la paix ce matin a Bamako. Cette marche noire intervient quelques jours apres les massacres successifs de Koumaga, Nantaga, Kobaka et Boulikessi qui ont fait pres d’une centaines de morts au total. On pouvait lire sur de nombreuses pancartes et banderoles: – Stop aux tueries dans le centre-, -Halte aux exactions- , -Arretons le genocide- ou encore – Non a la stigmatisation communautaire-. / 30/06/2018 – Mali / Bamako / Bamako – June 30, 2018 in Bamako Mali. Mohamed Youssouf Bathily, known as activist Ras Bath, founder of the Collective for the Defense of the Republic (CDR), also joined the march this morning. Silent March organized by the Peul Movement and Allies for Peace this morning in Bamako. This black march comes a few days after the successive massacres of Koumaga, Nantaga, Kobaka and Boulikessi that have killed nearly a hundred people in total. Many signs and banners were read: – Stop the killings in the center, – Halt to the exactions-, – Stop the genocide – or – No to the community stigma. © Nicolas Remene/Le Pictorium/MaxPPP

 

 

Journaliste et militant, il était poursuivi pour  « simulation d’infraction » après s’est être exprimé sur la mort en détention de l’ancien Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga. S’il a été relaxé pour ce chef d’accusation, ce mardi 11 juillet, il doit encore être jugé pour « atteinte au crédit de l’État » dans la même affaire. En détention préventive depuis le 13 mars, Ras Bath reste donc en prison.

À LIREDix choses à savoir sur Ras Bath, activiste rasta devenu opposant à Goïta

Le parquet avait requis trois ans de prison ferme à la suite de déclarations faites en mars dernier. « Soumeylou Boubeye Maïga […] a été assassiné, c’est le terme qu’il faut [employer]. Il a été tué ! Assassiné ! », avait-il lancé lors d’une rencontre de la troisième conférence nationale de l’Alliance pour la solidarité au Mali (ASMA), le parti de feu Boubèye Maïga.

Plainte pour « arrestation illégale » et « séquestration »

Ce n’est pas la première fois que Youssouf Bathily échappe à une condamnation judiciaire. En mars 2021, la procédure qui le visait – ainsi que plusieurs personnalités, dont l’ancien Premier ministre Boubou Cissé – pour « complot contre l’État » avait été abandonnée.

Il n’en a pour autant pas terminé avec les tribunaux. En plus du second jugement qui l’attend, Youssou Bathily devra se présenter devant la justice dans le cadre de la même affaire, cette fois en tant que plaignant. En mai dernier, il a en effet contre-attaqué depuis sa cellule et porté plainte pour  « forfaiture, arrestation illégale [et] séquestration » contre Idrissa Hamidou Touré, le procureur qui l’a mis en prison.

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Après la relaxe du militant, la chronique judiciaire malienne se poursuivra, mercredi 12 juillet, avec le jugement de l’influenceuse Rokya Doumbia. Dénonçant la cherté de la vie et la mauvaise gestion des autorités de transition en la matière, elle avait été interpellée dans la foulée de Ras Bath. Elle doit être jugée pour « incitation à la révolte ».

L’ONU interpelle Nana Akufo-Addo après l’expulsion de réfugiés burkinabè par le Ghana

Un centre de transit a été mis en place à Ouessa pour accueillir ces déplacés. Le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés a demandé au gouvernement ghanéen de mettre fin à ces expulsions.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 13 juillet 2023 à 16:51
 
 
 
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Un camp de réfugiés burkinabè à Issakateng-Bausi, au nord du Ghana, le 7 décembre 2022. © Nipah Dennis / AFP

 

Plus de 200 Burkinabè, dont des femmes et des enfants, sont arrivés dans le sud-ouest du Burkina Faso après avoir été expulsés du Ghana voisin, a-t-on appris ce 13 juillet auprès du gouverneur de la région et de personnes rapatriées.

« Il y a une opération [d’expulsion] en cours chez nos voisins au Ghana, depuis le 11 juillet, on a commencé à enregistrer des compatriotes rapatriés du Ghana », a déclaré Boureima Sawadogo, le gouverneur du Sud-ouest, région frontalière du Ghana qui accueille les déplacés.

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Le 11 juillet, 54 personnes ont été reçues, selon le gouverneur qui précise qu’un recensement est encore en cours. « On est déjà à plus de 200 personnes accueillies au niveau de la commune de Ouessa », première ville après la frontière, où un centre de transit a été mis en place pour accueillir ces déplacés, a-t-il précisé le 13 juillet au matin.

Violation du principe de non-refoulement

Seydou Tall, un septuagénaire qui avait rejoint le Ghana trois mois plus tôt, a expliqué à des médias locaux avoir été prié mardi, avec d’autres, de quitter ce pays où certains vivaient depuis plus de dix ans. « Nous ne savons pas ce que l’on nous reproche », a-t-il déploré.

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« Préoccupée par les informations faisant état d’expulsions de centaines de citoyens burkinabè, principalement des femmes et des enfants », le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a appelé le 12 juillet dans un communiqué le gouvernement du Ghana à « mettre fin à ces expulsions qui constituent une violation du principe de non-refoulement, et à garantir l’accès au territoire et l’asile aux ressortissants du Burkina Faso en quête de protection internationale ».

Le Burkina Faso est confronté sur une grande partie de son territoire à des attaques jihadistes régulières qui poussent les populations à fuir.

« Processus de rapatriement »

Dans un communiqué publié le 13 juillet, le ministère ghanéen de la Sécurité nationale a réfuté ces allégations, expliquant qu’un centre d’accueil temporaire, d’une capacité de 2 100 personnes, a été mis en place dans la région frontalière du Burkina Faso et abrite environ 530 réfugiés burkinabè.

« Contrairement aux allégations selon lesquelles les déplacés burkinabè sont chassés du Ghana, un processus de rapatriement a été institué au centre d’accueil pour faciliter le mouvement des Burkinabè qui souhaitent retourner dans leur pays », souligné le communiqué.

(Avec AFP)

TER, ports, autoroutes… Macky Sall a-t-il tenu ses promesses ?

Pilier du plan Sénégal émergent, le déploiement des infrastructures a été au cœur des deux mandats du chef de l’État. Quel bilan peut-on en tirer à huit mois du passage de flambeau ?

Mis à jour le 13 juillet 2023 à 15:43

 

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Anadolu Agency via AFP.

Pour le Fonds monétaire international (FMI) comme pour la Banque mondiale, les investissements dans les infrastructures sont indispensables afin de booster le développement économique en Afrique subsaharienne. Macky Sall, au pouvoir depuis 2012, a saisi l’enjeu et lancé de nombreux « chantiers prioritaires ». À en croire les données gouvernementales, 2 526 kilomètres de routes, 6 673 km de pistes et 189 km d’autoroutes ont été construits ou rénovés entre 2012 et 2021.

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Avec le plan Sénégal émergent (PSE), le chef de l’État, qui a récemment annoncé sa décision de ne pas participer à la course à la présidentielle de 2024, a multiplié les projets : Train express régional (TER) de Dakar, Bus Rapid Transit (BRT), autoroute Dakar-Tivaouane-Saint-Louis, port de Ndayane, rénovation des aéroports. Pourtant, « le bilan est mitigé », glisse Alioune Sall, consultant et directeur de l’Institut des futurs africains (IFA).

Des projets coûteux… et en retard

Alors que le programme de développement PSE est censé s’achever à l’horizon 2035, certains projets enchaînent les reports. Lancés en octobre 2019, les travaux du BRT devaient initialement durer trente mois, le projet accuse un important retard. « Avec la vandalisation de 19 stations lors des dernières manifestations, les délais de livraison vont théoriquement augmenter au dernier trimestre 2023 », a expliqué le ministre sénégalais des Transports, Mansour Faye.

Annoncée pour avril 2022, l’entrée en service du Bus Rapid Transit (BRT) est encore une promesse non tenue, comme les précédentes annonces liées à la mise en circulation du TER reliant Dakar à Diamniadio, lequel a fait l’objet de multiples reports de 2018 à 2019, puis du début de 2020 à 2021. Mais, « ce non-respect des délais » reste à relativiser, argue Alioune Sall, car « au-delà d’une éventuelle mauvaise conception des projets, plusieurs projets sont restés à l’arrêt en raison de la pandémie du coronavirus au Sénégal, comme partout ailleurs dans le monde ».

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Pour le directeur de l’IFA, la lenteur des travaux ne doit pas faire oublier « les coûts exorbitants » et « l’utilité approximative » de certains chantiers. Projet phare du PSE, la première phase du TER de Dakar a coûté 780 milliards de F CFA (1,19 milliard d’euros), financés avec des fonds propres et des prêts étrangers. « Avec ces investissements, le Sénégal aurait pu relier la Casamance par le chemin de fer ou améliorer le réseau ferroviaire en direction de Bamako, mais les alternatives n’ont pas été assez exploitées », regrette Alioune Sall.

900 milliards de F CFA de gains annuels

À l’heure où la finalisation des travaux du deuxième tronçon du TER – qui reliera la capitale sénégalaise à l’aéroport international Blaise-Diagne – est annoncée pour décembre 2023, le Conseil exécutif des transports urbains de Dakar (Cetud) revient sur les avantages économiques que devraient conférer ces infrastructures.

À LIRESénégal : top départ pour le chantier du port de Ndayane

D’après une étude récente de l’organisme, la promotion de systèmes de mobilité verte (TER – BRT) permettra à l’économie sénégalaise de réduire de 900 milliards de F CFA le manque à gagner annuel lié aux dysfonctionnements induits par la congestion et l’insécurité routière au Sénégal. Le TER et le BRT visent en effet à désengorger la capitale Dakar, laquelle concentre sur 0,3 % du territoire la quasi-totalité des activités économiques du pays.

Des choix controversés

Bien qu’ambitieux dans leurs objectifs, ces projets – tout comme les chantiers du port de Ndayane et de l’autoroute Dakar-Tivaouane-Saint-Louis – ont fait l’objet de critiques. Touchés par une procédure d’expropriation foncière, quelques milliers de Sénégalais ont contesté « les dommages collatéraux ». En face, le gouvernement prône « l’utilité publique » et réaffirme son engagement à indemniser les personnes concernées.

Et c’est loin d’être l’unique reproche. Le lancement des travaux de l’autoroute Dakar-Tivaouane-Saint-Louis, en février, a été accompagné par une gronde des acteurs du BTP sénégalais après la décision d’accorder le chantier à une entreprise ivoirienne, en l’occurrence le groupe PFO Africa.

À LIRELe Sénégal sur les traces de la Côte d’Ivoire en termes de croissance ?

« Le choix des prestataires de services n’a pas toujours été des plus heureux ni caractérisé par une grande transparence », déplore Alioune Sall. « La commande publique doit profiter aux entreprises sénégalaises et non essentiellement aux compagnies étrangères », souligne-t-il. Contactée, l’Agence pour la promotion des investissements et grands travaux Sénégal (Apix) n’avait pas répondu à nos sollicitations au moment de la publication de cet article.

À huit mois du passage de flambeau pour Macky Sall, plusieurs projets restent en cours de développement, notamment, la liaison Dakar-Tivaouane-Saint-Louis, le port de Ndayane ou encore la rénovation des aéroports régionaux. Si les critiques sont multiples, le camp présidentiel défend les choix du chef de l’État. « Les projets de mobilité urbaine et d’interconnexion routière sont indispensables pour le développement économique du Sénégal », insiste un officiel sénégalais joint par Jeune Afrique.