Vu au Sud - Vu du Sud

Au Sénégal, Khalifa Sall perd son poste de député

L'ex-maire de Dakar Khalifa Sall, ici en mars 2011.
© SEYLLOU / AFP

Au Sénégal, les échecs se multiplient pour Khalifa Sall. Sa condamnation à cinq ans de prison a été confirmée par la Cour suprême, il a déposé ce jeudi son dernier recours. Sa candidature à la présidentielle a été rejetée par le Conseil constitutionnel et la question devrait être définitivement tranchée d’ici dimanche. Par décret, le président Macky Sall l’avait déjà révoqué de son poste de maire de Dakar. Nouvelle étape, Khalifa Sall a appris par la presse qu’il n’était plus député.

La demande de radiation a été visiblement faite en catimini, elle vient du sommet de l’Etat. Un seul journal de la place, L’As, publie aujourd’hui l’information qui a fuité tard jeudi soir. Le quotidien explique que c’est le garde des Sceaux, Ismaïla Madior Fall, qui a saisi le 11 janvier dernier le président de l’Assemblée nationale en lui demandant d’appliquer la loi suite à la condamnation en appel de Khalifa Sall à cinq ans de prison.

Moustapha Niasse a réuni le bureau de l’Assemblée ce jeudi. La radiation de Khalifa Sall a été rapidement actée, mais le principal intéressé « n’a pas été informé officiellement de cette décision », indique l’un de ses conseillers qui poursuit « tout est fait pour faire taire Khalifa Sall, nous pensons que le pouvoir cherche à l’évacuer de la prison de Dakar, à l’éloigner avant l’élection présidentielle ».

Avec sa radiation de l’Assemblée nationale, Khalifa Sall n’exerce donc plus aucun mandat d’élu.

La CPI ordonne le maintien en détention
de Laurent Gbagbo

L'ancien président de Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo, le 15 janvier 2019 à La Haye, après son acquittement par la CPI.
© Peter Dejong/Pool via REUTERS

Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé restent en prison. La chambre d’appel de la CPI ordonne leur maintien en détention. Elle suit donc l’appel déposé par la procureure au lendemain de l’acquittement de l’ex-président ivoirien et de l’ex-leader des Jeunes Patriotes.

Fadi El Abdallah, porte-parole de la CPI
18-01-2019 - Par Pierre Firtion

Cette décision de maintien en détention a été prise à la majorité de juges: trois sur cinq.

La chambre d’appel estime qu’il y a des « raisons exceptionnelles » de maintenir en détention Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, le temps qu’elle rende sa décision sur l’appel du procureur. Son souci : éviter d’avoir à interpeller de nouveau Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, si l’appel du Procureur sur le fond du dossier est accepté dans quelques mois.

C’est une détention temporaire, précise la chambre d’appel.

La procureure a jusqu’au 23 janvier pour déposer ses arguments concernant sa décision de faire appel sur la remise en liberté des deux acquittés. La défense et les parties civiles ont ensuite jusqu’au 29 janvier pour faire parvenir leur réponse argumentée.

Enfin, une audience est prévue le 1er février devant la chambre d’appel : il s’agira d’une discussion entre chaque partie, devant les cinq juges de cette chambre. Aucune date de délibéré n’a pour le moment été fixée.

Je ne suis pas surpris, je suis désolé pour le droit.
Bernard Houdin, conseiller de Laurent Gbagbo
18-01-2019 - Par Pierre Firtion

Côte d’Ivoire : le duel Ehouo-Diakité pour le contrôle du Plateau cristallise les tensions RHDP-PDCI

Réservé aux abonnés | | Par - à Abidjan

Sidiki Diakité, ministre de l'Intérieur et de la Sécurité, et Jacques Ehouo, vainqueur de l'élection municipale, se livrent une bataille pour le contrôle du Plateau. Avec, en toile de fond, le bras de fer qui oppose Alassane Ouattara à Henri Konan Bédié.

Un peu moins de trois mois après l’élection municipale du 13 octobre 2018, la féroce bataille pour le contrôle du Plateau s’éternise. Depuis ce 1er janvier, cette commune située au cœur d’Abidjan, symbole du pouvoir politique et financier de la capitale économique ivoirienne, est gérée par un maire un peu particulier. Vêtu d’un uniforme beige et coiffé d’une casquette brodée, Vincent Toh Bi Irié n’est autre que le préfet de la ville d’Abidjan.


>>> À LIRE – Élections en Côte d’Ivoire : retour sur l’impitoyable bataille du Plateau


Le 31 décembre 2018, Sidiki Diakité, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, a en effet décidé de mettre sous tutelle préfectorale cinq communes, dont celle du Plateau. Lui-même ancien préfet d’Abidjan, Diakité était entré au gouvernement lors du remaniement de juillet 2017. Décrit comme proche de son prédécesseur, Hamed Bakayoko, il a depuis pris ses distances avec l’actuel ministre de la Défense.

Un recours possible devant la Cour suprême

Dans un contexte de fortes tensions entre le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), sa décision a suscité la polémique. Car, au Plateau, contrairement aux autres localités concernées, l’élection du maire ne souffre aucune contestation : la victoire de Jacques Ehouo (PDCI) sur le communicant Fabrice Sawegnon (RHDP) a été validée par la chambre administrative de la Cour suprême.

En agissant ainsi, nos autorités fragilisent les institutions de la République

La logique aurait voulu que le nouveau conseil municipal siège avant le 31 décembre pour installer le maire et ses deux adjoints. La date du 13 décembre avait été fixée, mais le préfet a discrètement quitté la salle en pleine cérémonie. Rien n’a ensuite été fait, ce qui a créé une sorte de vacance sur laquelle s’appuie Diakité pour justifier sa décision.

Selon nos sources, le préfet a agi sur ordre direct du ministre de l’Intérieur. « En refusant d’installer Jacques Ehouo, les autorités se sont elles-mêmes placées dans l’illégalité », estime une source diplomatique occidentale. Les avocats d’Ehouo devraient déposer d’ici peu un recours devant la Cour suprême. « En agissant ainsi, nos autorités fragilisent les institutions de la République. Si nous assistons à [de telles pratiques pour des] élections locales, il faut craindre [le pire] pour [la présidentielle de] 2020 », estime Me Claver N’dry.

Détournements présumés

Si Diakité est en première ligne, la décision de ne pas laisser installer le nouveau maire a été prise au plus haut sommet de l’État. Selon une source à la présidence, « elle est directement liée aux suspicions de détournements de fonds qui pèsent sur Ehouo et sur Noël Akossi Bendjo ». Bendjo, l’ancien maire du Plateau, avait été révoqué en août dernier dans le cadre de la même affaire. Il vit désormais à Paris.

Désigné candidat du PDCI à la dernière minute pour pallier l’absence de son oncle, Ehouo n’est autre que le fondateur de Neg-Com, la société impliquée dans ces détournements présumés, dont le montant serait légèrement supérieur à 3 milliards de F CFA (4,6 millions d’euros). Les autorités avaient tenté en vain de faire invalider sa candidature. « Permettre à Ehouo de gérer la mairie du Plateau revient à laisser un système perdurer », poursuit notre source à la présidence.

Convoqué par la police économique, Ehouo, qui dispose d’un passeport britannique, a d’abord refusé de répondre. Puis a fini par céder, sous la pression du PDCI. Il a été inculpé le 10 janvier. Quelques jours plus tard, le 13 janvier, il a reçu un soutien de taille : celui de Guillaume Soro, le président de l’Assemblée nationale. « Il y a la nécessité de la solidarité pour l’institution elle-même », a-t-il déclaré au domicile du vainqueur de l’élection. Protégé par son statut de député, Ehouo peut désormais être jugé, mais pas arrêté.

« Envoyé spécial » sur le cacao en Côte d’Ivoire :
l’émission n’a pas été censurée en Afrique

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L'interruption jeudi de la diffusion de l'émission « Envoyé Spécial » sur le travail des enfants dans les plantations de cacao en Côte d'Ivoire a provoqué un tollé. Beaucoup ont crié à la censure mais Premières Lignes, la société de production, a déclaré être responsable de la non-diffusion de cette enquête pour « protéger des sources ».

Personne n’était au courant. Même pas Élise Lucet, la présentatrice de l’émission, et Paul Moreira l’auteur de l’enquête. Jeudi 10 janvier, la diffusion sur France 2 d’un reportage d' "Envoyé spécial" sur le travail des enfants dans les plantations de cacao en Côte d’Ivoire a été « brutalement » interrompue dans certains pays africains.

L’interruption de cette enquête intitulée « Cacao : des enfants pris au piège » a vite été relayée sur les réseaux sociaux et a créé la polémique. Beaucoup ont de suite crié à  la « censure» et pointé du doigt les autorités locales mais aussi Canal + Afrique, propriétaire du bouquet sur lequel est diffusé France 2 en Afrique.


>>> À LIRE : Prime Group, un mystérieux repreneur potentiel pour Saf Cacao


Elise Lucet, l’animatrice de l’émission, après avoir longtemps refusé d’ « imaginer qu’il s’agisse d’une censure » a fini par expliquer que « c’est la société de production qui a réalisé l’enquête qui a demandé la non diffusion en Afrique de ce sujet sans en informer  Envoyé Spécial pour protéger localement certains intervenants.»

« Excès de zèle »

Même explication du côté de la société de production qui affirme que « pour protéger des sources, un excès de zèle a été commis. Il a été demandé de ne pas diffuser l’enquête en Afrique. Ni Envoyé Spécial ni l’auteur Paul Moreira n’étaient au courant de cette erreur désormais corrigée ».

Après le tollé suscité sur les réseaux sociaux, Premières Lignes, la société de production, a présenté « ses excuses aux téléspectateurs africains » en assurant que l’enquête sera bien visible en Afrique sur TV5 Monde le 28 janvier lors de la rediffusion prévue d’Envoyé Spécial sur le territoire africain.

Mali: le CICR dresse un bilan préoccupant
de la situation humanitaire

Gao (nord du Mali). Une famille de déplacés reçoit de la nourriture du CICR et de la Croix-Rouge malienne. (Illustration)
© © CICR / D. Mahamadou

Le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) achève ce vendredi une visite de six jours au Mali. Peter Maurer s'est rendu dans des localités du nord et du centre du pays. Au cours d'une conférence de presse ce jeudi à Bamako, il a affirmé que son organisme en 2019 aller accentuer ses efforts au centre du Mali. D'une manière générale, a-t-il constaté, la situation humanitaire sur le terrain est toujours aussi préoccupante.

Au cours de sa visite de terrain au Mali, le patron du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s’est rendu à Mopti au centre, et dans le Nord, notamment dans les localités de Gao et de Tombouctou. Pour lui, qui a visité déjà le Mali en octobre 2012, les besoins humanitaires n’ont pas diminué.

« Il y a une augmentation de la violence et des déplacements, donc des souffrances des populations. On voit que les services sociaux, les services publics ne fonctionnent pas ou pas encore d’une manière adéquate. Donc on voit que les besoins sont croissants exponentiellement », témoigne Peter Maurer.

Difficultés au centre

Situation difficile dans le Nord, mais également désormais préoccupante dans le centre du Mali, comme a pu le constater sur place le président du CICR. « Aujourd’hui, on constate que la violence bouge vers le centre. Nous sommes inquiets de toutes les milices qui violent les principes humanitaires et qui causent des victimes auprès de la population civile. Et nous nous engageons avec toutes ces milices pour essayer d’avoir un changement de comportement ».

Au cours de cette année, les efforts du CICR au Mali vont notamment être consacrés au centre du pays.