Les dix « losers » africains de l’année 2018

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Damien Glez est dessinateur-éditorialiste franco-burkinabè

En cette fin décembre, les rétrospectives des magazines désignent les « winners » de l’année qui s’achève. Et si l’on révélait plutôt le palmarès de ceux qui ont trébuché en 2018 ?

L’année n’a pas été rose pour toutes les personnalités africaines. Certaines pourront tout de même se remettre de 2018, qui par une convalescence marocaine, qui par une petite déviation belge dans une carrière politique congolaise provisoirement empêchée. Pour d’autres, il sera plus difficile de digérer une « gifle » publique faite de révocation, d’impasse électorale ou de procédure judiciaire. Puisque l’on apprend des échecs – des siens et de ceux des autres – , tentons, par ordre décroissant, un « hit-parade » des plus gros losers de ces douze derniers mois.

10 – Haile Mariam Dessalegn

Le 15 février, à bout de souffle politique, en pleine crise de coalition et de contestation populaire réprimée, le Premier ministre éthiopien remet sa lettre de démission, après six années passées au pouvoir. Moindre loser de ce classement, il a le mérite d’avoir été le premier dirigeant d’Éthiopie à quitter de son plein gré la tête du pays.

9 – Benjamin Mkapa

Facilitateur maladroit dans le dialogue de sourds burundais, l’ancien président tanzanien finit par jeter l’éponge, en 2018, après deux années de médiation pour le compte de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est.

8 – Koffi Olomide

Adepte des tournées mondiales, le roi de la rumba congolaise va devoir réduire le nombre de pays où il chantera. En octobre, un mandat d’amener zambien est délivré à son encontre, après un mandat d’arrêt international, le tout pour plusieurs agressions présumées.

Koffi

7 – Yahya Jammeh

Y a-t-il une « lose » après la « lose » ? Décagnotté en 2017, l’ancien dictateur gambien a goûté, en 2018, aux affres d’une vente aux enchères de ses biens, d’une sanction du Département du Trésor américain, de l’impossibilité d’assister aux obsèques de sa mère et de diverses mises en cause dans des affaires d’assassinats…

6 – Gilbert Diendéré

2018 a été une année de procès pour l’ancien chef du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), qui endosse sans l’assumer « le coup d’État le plus bête du monde », ce putsch qui perturba la transition politique burkinabè en septembre 2015. Un autre proche de l’ancien président Blaise Compaoré, son frère François, attend toujours de savoir s’il sera extradé de France pour être, lui aussi, jugé au Burkina Faso.

5 – Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt

Adepte de la « méthode Coué », le ministre camerounais des Sports et président du Comité d’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (COCAN) affirmait, en janvier, que la livraison de tous les chantiers de la CAN 2019 aurait lieu, « au plus tard », en décembre 2018. Beaucoup d’autosuggestion pour, finalement, un retrait de son organisation au Cameroun

Ismael

4 – Grace Mugabe

Pour l’ancienne First Lady du Zimbabwe, l’année a ressemblé à une « dis-Grace » en continu. Après la contestation de son diplôme, en janvier, et l’invalidation de son immunité diplomatique en juillet, elle a fait l’objet, en décembre, d’un mandat d’arrêt sud-africain. La justice voudrait l’entendre sur son crêpage de chignon avec le mannequin Gabriella Engels…

3 – Jose Filomeno dos Santos

Le 24 septembre, l’ancien président du fonds souverain d’Angola est placé en détention provisoire dans le cadre d’une affaire de détournement présumé. Cette disgrâce est en réalité celle d’un clan, celui de son père José Eduardo et de sa sœur Isabel, eux aussi également malmenés cette année…

2 – Hery Rajaonarimampianina

Le 7 septembre, il démissionne de la présidence malgache pour pouvoir briguer un second mandat. Deux mois plus tard, il n’est pas qualifié pour le second tour de scrutin. Il s’en va sans l’excuse d’un « dégagisme » velléitaire, puisque ce sont deux anciens chefs d’État qui s’affrontent en phase finale de l’élection…

1 – Jacob Zuma

Arroseur arrosé, celui qui avait contribué à la fin prématurée du mandat de Thabo Mbeki ne réussira pas à conduire le sien à son terme. Le jour de la Saint-Valentin, Jacob Zuma démissionne avec « effet immédiat ». Le reste de son année ressemblera à un étau judiciaire qui se resserre inlassablement…

Zuma

Qui seront les victimes de 2019 ? Faites vos jeux. Rien ne va plus…