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Burkina Faso: un premier Conseil des ministres dominé par la crise sécuritaire

 

Après la prise de contact et leur installation, les membres du gouvernement ont tenu un Conseil de ministre autour du chef de l’État, le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba. Un rendez-vous dominé par la situation sécuritaire. Le ministre de la Défense nationale, le commandant des opérations du théâtre national et le directeur de l’Agence nationale du renseignement ont tous fait le point sur la situation. 

Avec notre correspondant à OuagadougouYaya Boudani

Ce premier Conseil de ministre, après la prise de contact, a été dominé par la question sécuritaire.

Le ministre de la Défense nationale, le commandant des opérations du théâtre national, chargé de la coordination de toutes les opérations de sécurisation sur le territoire national, et le directeur de l’Agence nationale du renseignement, ont fait tour à tour le point de la situation sécuritaire.

Ce qui a permis à l’ensemble du gouvernement de prendre la pleine mesure de la situation, marquée par la poursuite des attaques. « Le pays est dans une crise sécuritaire très grave », rapporte le porte-parole du nouveau gouvernement.

« Des opérations sont en cours, notamment à Djibo, et des stratégies militaires sont en train de se déployer sur le terrain », souligne Lionel Bilgo. « On ne peut pas les expliquer au public, pour non seulement garantir la sécurité des forces de sécurité et de défense qui sont déployées sur le terrain, mais aussi garantir le résultat de cette action », a-t-il poursuivi.  

La situation humanitaire est également préoccupante dans le pays, mais des actions ont été entreprises pour permettre l’accès des populations déplacées et des communautés d’accueil aux services sociaux de base, a fait savoir le porte-parole du gouvernement. 

Par ailleurs, le président Paul Henri Damiba renforce son équipe au niveau de la présidence. De nouveaux conseillers et directeur de la communication ont été nommés.  

À lire aussi : Des figures connues dans le nouveau gouvernement de Transition au Burkina Faso

Niger: au moins 19 morts dans l'attaque d'un bus qui revenait de Ouagadougou

Des militaires nigériens dans le Tillabéry (Image d'illustration). © RFI

 

Un bus d'une compagnie nigérienne de transport a été attaqué, ce mercredi 16 mars 2022, par un groupe de jihadistes lourdement armés sur l'axe Dori-Téra. Au moins 19 passagers, dont le chauffeur du bus qui revenait de Ouagadougou, ont été tués. Le ministre de l’Intérieur du Niger a confirmé l'attaque meurtrière. Les blessés ont été admis à l'hôpital de la ville de Téra toute proche.

Avec notre correspond au NiameyMoussa Kaka

L'attaque du bus en provenance de Ouagadougou a eu lieu en territoire nigérien à quelques kilomètres du chef-lieu de la préfecture de Téra. Dans un premier temps, les jihadistes, à bord de plusieurs dizaines de motos, selon des témoins, ont intercepté un premier bus, non loin du village de Fono.

Après des fouilles et des vérifications d’identité, le bus et ses passagers ont été autorisés à continuer leur route en direction de Téra. Mais cette chance extraordinaire n’a pas souri à la cinquantaine de passagers du second bus violemment attaqué par les terroristes. Au moins 19 personnes au moins ont été massacrées et le bus incendié. Certains passagers qui ont réussi à s’échapper sont toujours portés disparus, quant aux blessés trouvés par l’armée, ils ont été admis à l’hôpital de Téra.

Ces dernières semaines, on constate une recrudescence de la violence terroriste dans la zone des trois frontières, notamment les préfectures de Téra, Bankilaré et Torodi. Cette insécurité va de la pose d’engins explosifs sur des axes routiers aux massacres des populations civiles. Selon le secrétaire général de l’Organisation patronale des gares modernes du Niger, s'il n’y a pas de sécurité sur les tronçons frontaliers avec le Burkina Faso, « les affaires de compagnies de transport vont s’arrêter ».

Une lueur d’espoir vient de la coopération européenne. En effet, selon le président Mohamed Bazoum, la Belgique va construire une grande caserne militaire à Torodi à destination de l’armée nigérienne.

Les inquiétudes des Guinéens face à la flambée des prix de produits de première nécessité

 

En Guinée, à quelques semaines du ramadan, dans un pays à plus de 85% musulman, les femmes ont interpellé le chef de l’État, le colonel Mamadi Doumbouya sur la cherté de la vie et la souffrance du panier de la ménagère, le 8 mars. Le chef de l’État a toute suite interpellée les opérateurs économiques guinéens pour leur demander d’agir rapidement.

Avec notre correspondant à Conakry, Mouctar Bah

La flambée des prix des produits de première nécessité ou de grande consommation est un casse-tête pour les ménages en Guinée. Binta Cosa qui vit dans la banlieue de Conakry fait son marché : « Nous les femmes nous souffrons de nos conditions de vie, nous sommes dans les marchés en train de commercialiser tout ce qui nous tombe sous la main, puisque aujourd'hui les femmes sont les garantes de l'équilibre des foyers, mais, nous rencontrons toutes sortes de difficultés compte tenu de la cherté de la vie, dans ce pays tout est cher, pour manger à sa faim il faut se lever de bonheur ».

Économiste de formation, devenu importateur de produits de grande consommation, Souleymane explique les difficultés que rencontre sa profession : « Le port de Conakry est aujourd'hui l'un des ports les plus chers de la sous-région parce qu'il y a Bolloré qui facture à sa guise, les compagnies maritimes en font autant, vous avez la douane nationale qui a un barème très élevé par rapport à la valeur à payer pour sortir la marchandise du port et le traitement des dossiers est très lent au niveau de la douane ».

Il formule sa requête auprès de l’état guinéen : « Nous demandons à l'état d'ouvrir un canal de dialogue, nous avons pensé qu'avec toutes les rencontres qu'on a eues avec les ministres concernés du Commerce, de l'Industrie et du Budget, que ces informations qu'on leur avait données allaient être transmises comme telles au président de la république. Malheureusement, à la dernière rencontre de vendredi, le président ne nous a pas semblé quelqu'un qui était au courant de nos problèmes ».

 

Le ministère de l’Industrie et du commerce sollicité par RFI n’a pas souhaité s’exprimer pour le moment.

►À écouter aussi : Afrique économie - Guinée: faute d'emplacement adapté, les commerçants de Siguiri envahissent les rues de la ville

Nokia veut retrouver son rang en Afrique avec son nouveau téléphone

Mis à jour le 13 mars 2022 à 22:08
 


Nokia a fourni l’appareil mobile le plus populaire au monde, le Nokia 3310. © Nokia/Facebook


Le Nokia 105 Africa Edition sera disponible sur tout le continent, fonctionnant uniquement sur le réseau 2G. Une stratégie assumée par le groupe finlandais qui croit au marché des téléphones traditionnels en Afrique, où les tests de réseaux 5G ont déjà lieu.

Début février, HMD Global, fabricant des téléphones de la marque Nokia, annonçait le lancement de la commercialisation de son Nokia 105 sur le continent africain. Développé en 2013 pour cibler les pays en voie de développement, HMD Global livre cette année une version spécifiquement construite pour les usagers africains, opérant uniquement sur le réseau téléphonique 2G.

Le 105 Africa Edition est équipé d’une batterie longue durée, capable de tenir jusqu’à deux semaines sans recharge. Il donne aussi la possibilité d’utiliser deux puces à la fois, fonctionnalité essentielle au lancement d’un téléphone simple sur le continent, où nombreux sont ceux qui jonglent entre différents opérateurs pour « optimiser les tarifs d’abonnement », explique à Jeune Afrique Jean-Michel Huet, associé chez BearingPoint France dans le domaine des télécoms. « Nous avons des populations qui sont dans des zones rurales soit sans électricité, soit avec un accès aléatoire. Parfois quelques heures par jour et pas forcément le soir. Il vaut mieux avoir des téléphones qui en termes de batterie vont moins consommer, comme avec la 2G. »

L’APPAREIL PERMETTRA ÉGALEMENT D’EFFECTUER DES TRANSFERTS D’ARGENT MOBILE

Au prix d’achat de seulement 17 euros (8,100 nairas au Nigeria), l’appareil permettra également d’effectuer des transferts d’argent mobile. Un moyen d’échange numérique offert à ses usagers par un opérateur ou une autre entité partenaire des opérateurs de réseau mobile, indépendamment du réseau bancaire traditionnel, en utilisant des comptes d’argent mobile. Une option essentielle sur le continent africain, où l’on compte le plus haut taux d’utilisation au monde avec près de 160 millions de comptes de mobile money actifs en 2020, illustre une étude de l’Association mondiale des opérateurs télécoms (GSMA).

L’option manquée du smartphone

Après avoir vendu des centaines de millions d’unités du Nokia 105 partout dans le monde depuis sa sortie, selon les chiffres du communiqué d’HMD Global, le fabricant finlandais veut appuyer sur l’accélérateur pour les marchés africains. Comme le rappelait en 2017 l’agence Reuters, Nokia a, un temps, fourni l’appareil mobile le plus populaire au monde, le Nokia 3310, et fut pendant les premières années de ce millénaire « le fabricant de téléphones dominant dans le monde ». HMD Global, start-up finlandaise, exploite la marque commerciale Nokia depuis 2016, année de cession des actifs par Microsoft à d’anciens salariés de la marque. L’industriel Nokia avait cédé ses marques et licences de téléphones à Microsoft en 2014.

Et malgré le déclin que connaît la marque depuis une quinzaine d’années, après avoir raté le coche du smartphone, la marque Nokia jouit encore d’une attractivité non négligeable sur le continent. Au deuxième trimestre 2021, les appareils Nokia de HMD Global étaient au troisième rang des ventes de feature phones, les téléphones standards, avec 9,8 % de parts de marché en Afrique selon les analystes d’International Data Corporation (IDC).

LE MARCHÉ DES PORTABLES STANDARDS RESTE DYNAMIQUE AVEC UNE CROISSANCE DE 14,2 % AU TROISIÈME TRIMESTRE 2021

De plus, le marché africain des portables standards reste dynamique, avec une croissance de 14,2 % au troisième trimestre 2021, rapporte une note d’IDC. « Les prix des smartphones restant relativement élevés, et ne devant qu’augmenter au cours des prochains trimestres, les prix abordables des feature phones rendent ces appareils extrêmement attractifs », détaille le document. En outre, une étude de la GSMA démontre que si l’adoption des smartphones en Afrique subsaharienne a plus que doublé entre 2015 et 2020, ceux-ci ne représentent encore qu’environ la moitié du total des connexions mobiles.

Au demeurant, durant le développement du projet Nokia 105 Africa Edition, les équipes ont remarqué un phénomène « typique dans les pays subsahariens » rendant réaliste l’adoption de cet appareil par le grand public, explique à Jeune Afrique Patrick Henchie, chef des produits et des opérations chez HMD Global Sub Saharian Africa. « Ce n’est pas un phénomène chiffré ou suivi par des études mais nous avons noté qu’il prenait de l’ampleur. En se basant sur l’expérience utilisateur, nous avons remarqué que les propriétaires de smartphones ont généralement un téléphone standard avec eux pour éviter de ne plus avoir de batterie et pour continuer à passer des coups de fil », détaille Patrick Henchie. Ce dernier dit être régulièrement témoin de cet usage du double téléphone lorsqu’il prend des Uber dans la province du Gauteng, qui comprend Johannesburg et Pretoria en Afrique du Sud. Il a noté que ses chauffeurs possèdent d’un côté un smartphone qui héberge l’application et de l’autre un portable standard pour les échanges par la voix et pour les SMS.

Une concurrence sérieuse

Mais la 2G reste-t-elle vraiment pertinente en 2022 ? Le système réseau bas débit demeure le plus utilisé en Afrique centrale avec 53 % des usages. En revanche, il se positionne loin derrière la 3G en Afrique de l’Ouest (56 %) et en Afrique australe (49 %), selon une étude de la GSMA. D’ici à 2025, cette même étude annonce aussi que la 4G dépassera la 2G pour devenir le deuxième réseau le plus utilisé derrière la 3G à travers le continent, dans son ensemble. Pour Jean-Michel Huet, la couverture réseau n’est pas un problème, la 3G couvrant 70 % du continent. Pour lui, tant que le coût des smartphones continuera d’être inaccessible pour de nombreux d’usagers, la 2G restera légitime sur le continent.

« Le taux de de pénétration de l’internet pourrait être de 70 % en Afrique, si tous les usagers africains avaient un téléphone. Par comparaison en Europe, ce taux est de 85 %, ce qui n’est pas une différence énorme », détaille l’expert en télécoms. Dans son rapport « L’économie mobile Afrique Subsaharienne 2021 », la GSMA explique que sur les 1 084 millions de personnes recensées dans la région, 303 millions (28 %) étaient connectées, 206 millions n’étaient pas du tout couvertes par un réseau mobile (19 %) et 575 millions de personnes (53 %) vivaient dans des zones couvertes par des réseaux de haut débit mobile, mais n’utilisaient pas encore les services de l’internet mobile.

Gagner plus de parts de marché en Afrique ne sera pas une promenade de santé pour HMD Global et la marque Nokia, car de nombreux acteurs sont déjà présents et bien implantés. Parmi eux, le leader chinois Transsion (Telco, IiTel, Infinix) qui représentait 47,5 % de parts de marché sur les smartphones et 70 % du marché des téléphones standards en Afrique au troisième trimestre 2021.

Selon la presse finlandaise, en 2020 les ventes nettes de HMD Global ont reculé de -30 % à 1,2 milliard d’euros, loin du pic de 2,4 milliards d’euros atteint en 2018. Sa perte d’exploitation a toutefois nettement baissé à 47 millions d’euros en 2020, contre 295 millions d’euros en 2019 et 188 millions d’euros en 2018.

L’équipementier industriel Nokia, lui, réalise l’essentiel de ses revenus dans l’installation de réseaux télécoms. Parmi ses clients en Afrique figurent Maroc Telecom, Orange et Vodacom, pour lesquels il a installé des réseaux 4G, voire dans certains cas réalisé les premiers tests de réseaux 5G. Dans son rapport annuel 2020, Nokia indique avoir engrangé 21,85 milliards d’euros de revenus, pour un bénéfice avant impôts de 885 millions d’euros et une perte nette de -2,5 milliards d’euros. En Afrique et au Moyen-Orient, ses revenus étaient de 1,89 milliard d’euros.