Témoignages

 

𝐌𝐄𝐒𝐒𝐀𝐆𝐄 𝐃𝐄 𝐋𝐀 𝐂𝐎𝐍𝐅𝐄𝐑𝐄𝐍𝐂𝐄 𝐃𝐄𝐒 𝐄𝐕𝐄̂𝐐𝐔𝐄𝐒 𝐃𝐔 𝐓𝐎𝐆𝐎

𝐒𝐔𝐑 𝐋𝐀 𝐏𝐀𝐍𝐃𝐄𝐌𝐈𝐄 𝐃𝐄 𝐋𝐀 𝐂𝐎𝐕𝐈𝐃-𝟏𝟗


Chers Fils et Filles dans la Foi Catholique,


Chers Compatriotes, hommes et femmes de bonne volonté,

Consciente du devoir de l’Eglise de rendre compte de l’espérance qui est en elle (cf. 1 P 3, 15) et de sa mission d’être "la voix des sans voix" (Ecclesia in Africa, n°70), ainsi que celle "qui crie dans le désert" (Jn 1, 23), la Conférence des Evêques du Togo s’est réunie ce vendredi 24 septembre 2021 en session extraordinaire à son Siège à Lomé, pour prier, réfléchir et échanger sur la situation de la pandémie de la covid-19 et ses conséquences dans notre pays et au sein de nos populations. En effet, face aux multiples questionnements et aux controverses que suscite la stratégie de lutte contre ce fléau, vos pasteurs désirent vous donner des éléments d’appréciation pour vous permettre de prendre, chacun, ses responsabilités de façon éclairée. Car, affirme le Catéchisme de l’Eglise Catholique, "l’homme a le droit d’agir en conscience et en liberté afin de prendre personnellement les décisions morales" (n°1782), surtout en situation de crise comme c’est le cas aujourd’hui.

1. De fait, la pandémie à coronavirus qui affecte le monde entier depuis bientôt deux ans, est indéniablement un problème de santé publique à la fois très complexe et délicat, non seulement à cause du virus et de sa dangerosité, mais aussi à cause de la méfiance d’une bonne partie de la population qui soupçonne des "non-dits", des "agendas cachés", des "intérêts financiers obscurs" et du "lobbying des puissants" auxquels il faut ajouter le "règne de la pensée unique" et la "toute-puissance des gouvernants" en ce domaine.

Grâce à Dieu, notre Continent en général et notre pays en particulier, ont été épargnés de l'hécatombe redoutée pour l’Afrique en mars 2020 par l’OMS . Un an et demi après la découverte du 1er cas, le 4 mars 2020 , on déplore au Togo, le 23 septembre 2021, au total 24 986 cas confirmés, 3 287 cas actifs, 21 483 personnes guéries et 216 décès . C'est beaucoup, voire trop ! Cependant si le même effort déployé par les gouvernants pour combattre cette maladie avait été manifesté vis-à-vis des autres pathologies, on aurait évité tant de situations que nous déplorons aujourd’hui : manque ou insuffisance de structures de santé adéquates, d'équipements appropriés, de personnel, de soins de qualité, de moyens pour consulter et payer les soins, etc. Tout cela constitue aussi des urgences et des priorités sanitaires dans notre pays.
La mort d’un concitoyen faute de soins, que ce soit des suites de la covid-19 ou d'autres pathologies, est toujours une grande perte. Aussi, est-il important que la lutte contre la pandémie à coronavirus, n’entraîne pas un faible engagement dans l'amélioration de notre système de santé et dans la prise en charge efficace des autres maladies.

2. La stratégie de lutte contre la crise sanitaire que nous traversons se doit d’être respectueuse de la dignité, de la liberté et des droits fondamentaux de la personne humaine. Elle doit être essentiellement basée sur la sensibilisation, la juste information, l'éducation au respect des mesures préventives (port de cache-nez, désinfection des mains, distanciation physique), le renforcement de l'immunité collective naturelle, l’administration des soins curatifs, la vaccination librement consentie et en toute connaissance de cause, la recherche scientifique, etc.

Cependant, dans cette lutte, nous devons aussi lever les yeux vers le Seigneur pour implorer son secours (cf. Ps 122, 2), conformément à l’exhortation de saint Augustin d’Hippone : ''Fais tout comme si tout dépendait de toi en attendant tout de Dieu''. Car, ce n’est pas par sa seule intelligence et son seul savoir-faire que l’homme viendra à bout de cette pandémie. Nous devons compter également sur l'aide de Dieu. Sa part dans ce combat est inestimable et irremplaçable. En effet, il est bien connu l'adage populaire, selon lequel "le médecin soigne, mais c'est Dieu qui guérit".

Dès lors, la fermeture systématique des lieux de culte utilisée comme un des moyens de lutte contre la transmission du virus, relève d’une approche exclusivement biomédicale de la pandémie qui ignore sa réalité psychologique, anthropologique, sociale et spirituelle. Les lieux de cultes, notamment ceux de l’Eglise Catholique, sont des endroits où les mesures de prévention sont majoritairement respectées par rapport à d’autres lieux qui pourtant ne sont pas frappés par les mêmes mesures. Les assemblées de prières sont également des occasions, des lieux et des moments propices à la sensibilisation et à l’éducation des fidèles sur la conduite à tenir. A-t-on suffisamment pris en compte la contribution des autorités religieuses dans la décision de la fermeture de ces lieux ? Tout porte à croire que non. Les lieux de culte (maison de Dieu) n’ont-ils pas toujours normalement servi de refuges en cas de catastrophes ou de dangers de tout genre ? Autant on comprendrait que des lieux réellement dangereux soient fermés, autant on est dans l’incompréhension de voir que les lieux qui respectent les mesures, soient fermés. Le plus grand drame de l’homme moderne, déplore le Pape François, c’est "qu’il n’écoute plus la voix de Dieu, ne jouit plus de la douce joie de son amour" (Gaudete et Exultate, n°2).


3. Le délicat sujet de la vaccination contre la covid-19 mérite également des réflexionset un débat approfondis. Les réseaux sociaux véhiculent certes beaucoup de fausses informations sur cette vaccination. Mais on ne peut pas non plus, de façon responsable, balayer du revers de la main tout ce qui se dit sur la fiabilité, l’efficacité, la dangerosité, les effets secondaires et le problème de la conservation de ces vaccins pour la plupart en phase d’expérimentation. D'où les interrogations, la méfiance, la peur et la réticence compréhensibles des populations à se faire vacciner.

Dans un tel contexte, est-il vraiment opportun de faire usage de la pression et des sanctions pour obliger les populations à se faire vacciner ? Ne faudrait-il pas développer plutôt des stratégies qui expliquent et donnent de convaincre par argumentations pour une décision personnelle, libre et responsable ? En conséquence, les mesures coercitives des autorités telles que l’interdiction d’accès aux bâtiments publics et administratifs sans la carte vaccinale, l'exigence de présenter une preuve de vaccination pour le dépôt des dossiers d'établissement de la carte d'identité et pour la légalisation des pièces, etc., ne constituent-ils pas de graves violations des droits élémentaires des citoyens ?

Chers Fils et Filles, chers compatriotes, hommes et femmes de bonne volonté, vos pasteurs de la Conférence des Évêques du Togo vous expriment leur compatissante proximité dans cette épreuve, félicitent et encouragent les efforts et sacrifices du personnel soignant et de tous les acteurs de la lutte contre la pandémie. Ils vous invitent à garder l’espérance, à faire confiance au Christ, Vainqueur du monde (Jn 16, 33). Il est avec nous jusqu'à la fin des temps comme il nous l'a promis (Mt 28, 20).

Prenons soin de nous et redoublons d’effort dans la lutte contre la pandémie ; soyons responsables dans nos choix et continuons d'implorer la tendresse et la miséricorde de Dieu sur toute l'humanité, avec cette prière de la messe en temps de pandémie :

 

𝗦𝗲𝗶𝗴𝗻𝗲𝘂𝗿 𝗗𝗶𝗲𝘂, 𝗲𝗻 𝘁𝗼𝘂𝘁 𝗱𝗮𝗻𝗴𝗲𝗿 𝘁𝘂 𝗲𝘀 𝗻𝗼𝘁𝗿𝗲 𝗿𝗲𝗳𝘂𝗴𝗲
𝗲𝘁 𝗰’𝗲𝘀𝘁 𝘃𝗲𝗿𝘀 𝘁𝗼𝗶 𝗾𝘂𝗲, 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝗹𝗮 𝗱𝗲́𝘁𝗿𝗲𝘀𝘀𝗲, 𝗻𝗼𝘂𝘀 𝗻𝗼𝘂𝘀 𝘁𝗼𝘂𝗿𝗻𝗼𝗻𝘀 ;
𝗻𝗼𝘂𝘀 𝘁𝗲 𝗽𝗿𝗶𝗼𝗻𝘀 𝗮𝘃𝗲𝗰 𝗳𝗼𝗶 :
𝗿𝗲𝗴𝗮𝗿𝗱𝗲 𝗮𝘃𝗲𝗰 𝗰𝗼𝗺𝗽𝗮𝘀𝘀𝗶𝗼𝗻 𝗰𝗲𝘂𝘅 𝗾𝘂𝗶 𝘀𝗼𝗻𝘁 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝗹𝗮 𝗽𝗲𝗶𝗻𝗲,
𝗮𝗰𝗰𝗼𝗿𝗱𝗲 𝗮̀ 𝗰𝗲𝘂𝘅 𝗾𝘂𝗶 𝘀𝗼𝗻𝘁 𝗺𝗼𝗿𝘁𝘀 𝗹𝗲 𝗿𝗲𝗽𝗼𝘀 𝗲́𝘁𝗲𝗿𝗻𝗲𝗹,
𝗹𝗲 𝗿𝗲́𝗰𝗼𝗻𝗳𝗼𝗿𝘁 𝗮̀ 𝗰𝗲𝘂𝘅 𝗾𝘂𝗶 𝘀𝗼𝗻𝘁 𝗲𝗻 𝗱𝗲𝘂𝗶𝗹,
𝗮𝘂𝘅 𝗺𝗮𝗹𝗮𝗱𝗲𝘀 𝗹𝗮 𝗴𝘂𝗲́𝗿𝗶𝘀𝗼𝗻,
𝗹𝗮 𝗽𝗮𝗶𝘅 𝗮𝘂𝘅 𝗺𝗼𝘂𝗿𝗮𝗻𝘁𝘀,
𝗹𝗮 𝗳𝗼𝗿𝗰𝗲 𝗮𝘂 𝗽𝗲𝗿𝘀𝗼𝗻𝗻𝗲𝗹 𝘀𝗼𝗶𝗴𝗻𝗮𝗻𝘁,
𝗹𝗮 𝘀𝗮𝗴𝗲𝘀𝘀𝗲 𝗮̀ 𝗰𝗲𝘂𝘅 𝗾𝘂𝗶 𝗻𝗼𝘂𝘀 𝗴𝗼𝘂𝘃𝗲𝗿𝗻𝗲𝗻𝘁
𝗲𝘁, 𝗮̀ 𝘁𝗼𝘂𝘀, 𝗹𝗲 𝗰𝗼𝘂𝗿𝗮𝗴𝗲 𝗱𝗲 𝗽𝗿𝗼𝗴𝗿𝗲𝘀𝘀𝗲𝗿 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝗹’𝗮𝗺𝗼𝘂𝗿 ;
𝗔𝗶𝗻𝘀𝗶, 𝗽𝗼𝘂𝗿𝗿𝗼𝗻𝘀-𝗻𝗼𝘂𝘀 𝗲𝗻𝘀𝗲𝗺𝗯𝗹𝗲 𝗿𝗲𝗻𝗱𝗿𝗲 𝗴𝗹𝗼𝗶𝗿𝗲 𝗮̀ 𝘁𝗼𝗻 𝘀𝗮𝗶𝗻𝘁 𝗡𝗼𝗺.
𝗣𝗮𝗿 𝗝𝗲́𝘀𝘂𝘀 𝗖𝗵𝗿𝗶𝘀𝘁, 𝘁𝗼𝗻 𝗙𝗶𝗹𝘀, 𝗻𝗼𝘁𝗿𝗲 𝗦𝗲𝗶𝗴𝗻𝗲𝘂𝗿,
𝗾𝘂𝗶 𝘃𝗶𝘁 𝗲𝘁 𝗿𝗲̀𝗴𝗻𝗲 𝗮𝘃𝗲𝗰 𝘁𝗼𝗶 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝗹’𝘂𝗻𝗶𝘁𝗲́́ 𝗱𝘂 𝗦𝗮𝗶𝗻𝘁-𝗘𝘀𝗽𝗿𝗶𝘁,
𝗗𝗶𝗲𝘂, 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗹𝗲𝘀 𝘀𝗶𝗲̀𝗰𝗹𝗲𝘀 𝗱𝗲𝘀 𝘀𝗶𝗲̀𝗰𝗹𝗲𝘀. 𝗔𝗺𝗲𝗻.


Fait à Lomé, ce 24 septembre 2021.

 

Ont signé :


S.E. Mgr Benoît ALOWONOU
Evêque de Kpalimé, Président de la CET.

S.E. Mgr Jacques LONGA
Evêque de Kara, Vice-Président de la CET.

S.E. Mgr Nicodème BARRIGAH-BENISSAN
Archevêque Métropolitain de Lomé et Administrateur Apostolique d’Atakpamé.

S.E. Mgr Isaac Jogues GAGLO
Evêque d’Aného.

S.E Mgr Célestin-Marie GAOUA
Evêque de Sokodé.

S.E. Mgr Dominique GUIGBILE
Evêque de Dapaong.

S.E. Mgr Denis AMUZU-DZAKPAH
Evêque Emérite de Lomé

S.E. Mgr Jacques ANYILUNDA
Evêque Emérite de Dapaon

Avec Adna, Salimatou Diallo veut servir l’Afrique au plus près

| Par 
Après avoir fondé SD Avocats en 2013, Salimatou Diallo vient de créer le cabinet panafricain Adna.

Après avoir fondé SD Avocats en 2013, Salimatou Diallo vient de créer le cabinet panafricain Adna. © DR

Série – Ils se lancent dans une nouvelle aventure (1/4). Après s’être rendue incontournable auprès des grands opérateurs et cabinets internationaux, la Guinéenne, ancienne de Herbert Smith Freehills, lance Adna, qui a entre autres vocations l’accompagnement des grands projets d’infrastructures sur le continent.

Fondatrice en 2013 de SD Avocats, Salimatou Diallo a créé en juin 2021 le cabinet panafricain Adna, issu de la fusion entre son cabinet et trois autres, BFR & Associés (Maroc), Bourabiat Associés (Algérie) et Emire Partners (Côte d’Ivoire).

Un petit événement dans le monde du droit des affaires africain. Adna, dont Salimatou Diallo est directrice associée, compte déjà une vingtaine de collaborateurs et affiche des pratiques diversifiées (projets, financement, fusions et acquisitions…).

Reconnaissance de ses pairs

Pour la deuxième année de suite, Salimatou Diallo se distingue dans notre classement avec une première place dans la catégorie « Leading African Law Firms », qui, contrairement aux autres distinctions, est décernée sur la seule base des recommandations des pairs.

Salimatou Diallo intervient quasi exclusivement dans son pays, où SD Avocats est un partenaire incontournable des grands opérateurs et cabinets internationaux.

Parmi les dossiers traités par l’ancienne de Herbert Smith Freehills figurent le conseil de Rio Tinto pour l’énorme projet de Simandou (minerai de fer), le support juridique à la banque BCP – l’un des financeurs de la mine d’or de Mandiana exploitée par le marocain Managem – ou encore le conseil de China Exim Bank, l’un des prêteurs pour l’investissement dans les barrages hydroélectriques de Souapiti (450 MW) et de Kaléta (240 MW).

kiye2021
L'hebdomadaire de la paroisse de Nioro du Sahel n°08 du lundi 20 septembre 2021 : Rendez-vous avec les amis de Dieu
Textes du jour :
1ère lecture : Esdras 1,1-6
Evangile : Luc 8,16-18
Bien-aimés dans le Seigneur, recevez nos salutations fraternelles depuis la paroisse Notre-Dame de Fatima de de Nioro du Sahel
« Quand on a allumé une lampe, … on ne la cache pas sous un lit, mais on la met sur un lampadaire pour que ceux qui entrent voient la lumière. » (Luc 8,16)
Bien-aimés dans le Seigneur, à quoi s’en tenir dans l’enseignement que Jésus nous donne dans l’évangile de ce lundi 20 septembre 2021 au regard de la complexité du monde dans lequel nous vivons ? « Quand on a allumé une lampe… on ne la cache pas sous un lit, mais on la met sur un lampadaire… » De quelle lampe s’agit-il ?
Nous osons croire que la lampe dont il s’agit c’est chacun de nous à qui Dieu a donné des talents pour l’édification de son Eglise. Les cachons-nous pour ne pas nous attirer la foudre dans ce monde complexe au risque de ne pas être compris ou bien vivons-nous de cela de façon authentique ? 
A voir l’homeité de l’homme, faut-il vraiment nous avérer ces lampes allumées, placées sur les lampadaires et qui éclairent tous ceux qui entrent dans la maison c’est-à-dire être vrai et mettre nos qualités, nos talents au service de l’Eglise ?Nous ne le dirons pas assez que lorsque Dieu accorde la grâce à une personne, il la lui donne pour l’édification de son Eglise, pour le bien de tous. Et cette grâce devient pour ce faire, cette lampe qu’il faut allumer et placer sur un lampadaire pour éclairer tous ceux qui entrent dans la maison. La cacher serait synonyme de désobéissance à la volonté de Dieu et donc condamnable. C’est ce que nous pouvons comprendre par cette prophétie faite à Cyrus, roi de Perse à qui  Yahvé, le Dieu des Cieux, donna tous les royaumes de la terre ; et le chargea de reconstruire son temple à Jérusalem de Juda.(Esdras 1, 2).
 Imaginons-nous l’attitude des contemporains de Cyrus qui apprennent que Cyrus a reçu une telle grâce et qu’il le dit lui-même. C’est ce ui arrive dans notre vie lorsque la lampe de notre prochain s’allume. Nous ne cherchons pas à voir en cela la grâce qu’il a reçue de Dieu pour l’édification de son Eglise. Nous cherchons des failles dans la présentation, dans la façon dont cette lampe est allumée et placée sur le lampadaire. Nous disons tout sauf rendre grâce à Dieu qui donne la grâce à des hommes pour réaliser des prouesses en faveur des hommes. C’est là que naissent les querelles, les divisions, les guerres dans notre vie dont nous parlait Saint Jacques hier dans la deuxième lecture lorsqu'il dira: « D’où viennent vos guerres et vos conflits ? D’ici-bas, bien sûr, de vos propres désirs qui mettent la guerre en vous-mêmes. Vous voudriez avoir et vous n’avez pas : alors vous tuez. Vous êtes jaloux et vous n’obtenez pas : alors ce ne sont que guerres et conflits. » (Jc 4, 1-2)
Oui chers frères et sœurs, purifions nos regards et nos pensées sur l'être des autres si nous voulons être des justes devant le Seigneur et nous serons vraiment les fils de notre Père qui est aux Cieux. Les rivalités, les jalousies ne font que détruire et tuer l’engagement pour l’édification du corps du Christ. 
Jésus connaissait ce qu’est l’homme dans toute sa complexité et combien il lui est difficile de reconnaître le bien de son prochain. Il savait également combien il sera difficile aux hommes de voir dans ses miracles, le doigt de Dieu et pour cela, il le tueront. Mais trois jours après sa mort, il ressuscitera pour montrer que lorsque Dieu choisit son Christ, l’homme n’y peut rien. 
Agissons avec la grâce que Dieu donne. Ne forçons pas la nature. Pour finir, nous dirons: Faites donc bien attention à la manière dont vous écoutez ! (Lc 8, 18)
Le Seigneur soit avec vous !
✍🏽 Père KIYE M Vincent, Missionnaire d'Afrique (Père Blanc)
Paroisse de Nioro du Sahel dans le diocèse de Kayes
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L'hebdomadaire de la paroisse de Nioro du Sahel au Mali n°9 du lundi 27 septembre 2021 : Non à une conception superficielle et non chrétienne des épreuves .
Textes du jour :
1ère Lecture: Zacharie 8, 1–8
Psaume : Psaume 102, 16–23, 29
Évangile : Luc 9, 46–50      
  Bien-aimés dans le Seigneur, recevez nos salutations fraternelles depuis la paroisse de Nioro du Sahel dans le diocèse de Kayes au  Mali. 
 « Une discussion survint entre les disciples pour savoir qui, parmi eux, était le plus grand. » (Luc 9,46)
Frères et sœurs en Christ, qui sont ces disciples aujourd’hui si ce n’est pas nous ? Pour ce faire, voilà le type de pensées qui nous habitent souvent dans le quotidien de notre vie et qui sont souvent source de frustrations et des souffrances multiples. Oui, chaque jour qui passe, nous sommes dans une quête de préférence, dans une quête d’être plus, du paraître ou de l’avoir. Et lorsque ce désir n’est pas comblé ou lorsqu’il y a insatisfaction, cela nous frustre ou nous plonge dans la désolation. Tout cela est la conséquence d’une conception superficielle et non chrétienne des épreuves. Tant consciemment qu’inconsciemment, l’homme que nous sommes, cherchons à nous rassurer que nous sommes bien appréciés, bien vus, bien aimés etc. C’est ce qui a gagné les pensées des disciples. Oui, ce n’est pas mal de gagner l’estime des hommes, du chef, d’un supérieur X ; c’est bon certes, mais le plus important c’est de gagner l’estime de Dieu. Ce qui s’est passé avec les fils d’Israël comme nous le lisons dans cette première lecture tirée du prophète Zacharie.
En effet, reconnu comme prophète d’après l’exil, Zacharie prononce les oracles de bonheur en faveur du peuple, montrant comment ce peuple, malgré l’épreuve de l’exil, est resté agréable au Seigneur comme l’atteste cet oracle du Seigneur : «Je suis très attaché à Sion, dit Yahvé Sabaot, et je suis très en colère contre ses ennemis. » (Zacharie 8, 2)Telle doit être notre attitude devant les épreuves de la vie. Chercher toujours à découvrir le sens théologal des épreuves et les ordonner à la vision béatifique de Dieu. Voir dans les épreuves de la vie des opportunités pour se refaire. Ce peuple de la première lecture a cru que malgré cette épreuve de l’exil, malgré la souffrance y endurer, Dieu était toujours avec eux, qu’il ne les  avait pas abandonnés. C’est cela trouver le sens théologal des épreuves et voir en cela une opportunité pour Dieu de manifester la gloire de Dieu. Cela nous rend agréables à ses yeux. Et toi, quelle est ton attitude devant les épreuves de la vie ? Crois-tu toujours que Dieu est avec toi et peut toujours agir en ta faveur? Crois-tu que Dieu est toujours avec toi dans la situation difficile que tu traverses,  que malgré le chômage, malgré ta difficulté d’avoir un mari ou des enfants ; malgré les difficultés au service, crois-tu toujours que Dieu peut toujours agir à son temps ?
Oui chers frères et sœurs en Christ, en ce neuvième numéro de notre hebdomadaire nous voulons ici attirer notre attention sur toute conception superficielle et non chrétienne des épreuves de la vie qui présente les épreuves de la vie comme des fins en soi et par ce fait, tue tout engagement pour le témoignage évangélique. Elle nous ôte le goût de la vie et le sens de l’appartenance à toute structure humaine. Elle ouvre grandement la voie à une solitude dangereuse qui nous plonge dans une désolation suicidaire, laquelle désolation supprime en nous toute espérance à un rétablissement de l’ordre perturbé par l’épreuve. L’ennemi c’est-à-dire Satan se cache  souvent derrière des telles attitudes. Il nous pousse souvent à poser des actes arbitraires du type révolte afin de nous égarer définitivement. Par contre, chercher le sens théologal des épreuves, nous donne de voir Dieu toujours présent à nos côtés pendant les moments les plus rudes de notre existence, cheminant avec nous vers le rétablissement de l’ordre perturbé par l’épreuve, un avenir meilleur comme il le fit avec les fils d’Israël au Sinaï. Cette recherche du sens théologal des épreuves nous donne de les endurer dans la foi avec une l’espérance d’un lendemain meilleur, à voir dans les épreuves présentes, une sorte de mort qui précède la vie en Dieu. Là, nous devenons agréables devant Dieu et pouvons intercéder et pour nous-mêmes et pour les autres, avec assurance d’être exaucés. « Si cela paraît un rêve aux survivants de ce peuple, cela n’est pourtant pas trop difficile pour le Seigneur ? » — parole de Yahvé Sabaot. (Zacharie 8, 6-8)
En lisant ce numéro de l’hebdomadaire de la paroisse de Nioro du Sahel, demandons la grâce de la persévérance et de l’endurance dans les épreuves de la vie en y cherchant avant tout, le sens théologal des celles-ci et l’ayant cherché, les ordonner à la vision béatifique de Dieu. A ce prix, les épreuves de la vie deviennent source de grâces et chemin de maturation pour la plus grande gloire de Dieu. Amen.
Le Seigneur soit avec vous !
✍🏽 Père KIYE M Vincent, Missionnaire d'Afrique
Paroisse de Nioro du Sahel
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Niger – Ousseini Hadizatou Yacouba : « En “dame de fer”, je ne lâche rien ! »

| Par - Envoyé spécial à Niamey
Mis à jour le 20 septembre 2021 à 11h13
Ousseini Hadizatou Yacouba, Ministre des Mines, dans son bureau à Niamey, le 16 juillet 2021.
Ousseini Hadizatou Yacouba, Ministre des Mines, dans son bureau à Niamey, le 16 juillet 2021. © François Xavier Freland pour JA

Que ce soit pour mettre de l’ordre et de la transparence dans le secteur minier ou défendre les droits des femmes et leur représentativité, Ousseini Hadizatou Yacouba ne s’en laisse pas conter. Rencontre avec la nouvelle ministre des Mines du Niger.

Originaire de Dogondoutchi, aux abords de la frontière avec le Nigeria, madame la ministre des Mines a gardé de son enfance heureuse un goût pour la simplicité et une vraie conscience féministe. À 62 ans, Ousseini Hadizatou Yacouba est plus que jamais une femme engagée. Diplômée d’une double maîtrise en administration des affaires et en gestion de projets de l’Université du Québec à Montréal (Uqam), cette « experte nationale genre » était, depuis 2013, directrice de cabinet adjointe de Mahamadou Issoufou, avec rang de ministre.

Vice-présidente de l’Internationale socialiste des femmes, où elle est la représentante pour l’Afrique occidentale et l’Afrique centrale, elle a été pendant nombre d’années à la tête de l’organisation des femmes du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Tarayya). C’est à cette battante – avec laquelle il a l’habitude de travailler depuis des années, puisqu’il était directeur de cabinet du président – que le Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou a confié le stratégique ministère des Mines.

Jeune Afrique : En quoi la méthode de Mohamed Bazoum diffère-t-elle de celle de son prédécesseur ?

Ousseini Hadizatou Yacouba : Bazoum, c’est la continuité. Issoufou et lui ont la même vision : « S’oublier soi-même et s’investir pour développer le pays. » J’essaie de faire la même chose. Je ne voulais pas vraiment devenir ministre, j’étais députée et, quitte à choisir, je préférais rester à l’Assemblée. Mais le président Bazoum a insisté et m’a dit : « S’il y a une seule femme dans ce gouvernement, ça sera toi. Je veux compter sur toi, sur ta rigueur. Le poste que je te confie, c’est pour travailler sur la gouvernance. Pour être sûr que je ne vais pas me tromper d’objectif. » C’était difficile de refuser.

Vous n’êtes que cinq femmes dans le gouvernement, c’est peu. Allez-vous œuvrer pour que cela change ?

Selon la loi sur les quotas, ce gouvernement comptant 34 portefeuilles, au moins une dizaine auraient dû être confiés à des femmes. Je suis une fervente partisane des droits des femmes, mais je suis aussi une politique et je comprends les difficultés à constituer un gouvernement. Il fallait d’abord un gouvernement inclusif, où tous les partis ayant participé à la victoire du président Bazoum soient représentés.

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NOUS ALLONS TOUT FAIRE POUR TRAVAILLER DANS LA TRANSPARENCE

Reste que certains politiques pensent d’abord à eux-mêmes avant de penser aux femmes. Pour ma part, je ne vais pas aller jusqu’à souffler des noms au président, mais je rappelle que les textes sont là. Des dispositions seront prises pour qu’elles soient plus nombreuses à être mises au contact du pouvoir. Le PNDS a toujours œuvré dans ce sens. Ouhoumoudou Mahamadou est un cacique du parti, un fidèle, avec un carnet d’adresses et une expertise. C’est un bon choix de Premier ministre, et il me soutient en tant que femme. Il m’a néanmoins conseillé d’être prudente « pour ne pas être minée », a-t-il dit (rires). Mais ma référence en politique, c’est Margaret Thatcher et j’en ai gardé le surnom : en « dame de fer », je ne lâche rien !

Quels sont vos objectifs à la tête du portefeuille des Mines ?

J’ai déjà une image de rigueur, j’essaie de mettre en confiance tous ceux avec lesquels je suis amenée à collaborer, pour faire avancer la bonne gouvernance dans le secteur minier. Concrètement, nous allons tout faire pour travailler dans la transparence. Nous avons engagé des discussions pour favoriser l’efficience et l’efficacité. Neuf directions techniques ont déjà été regroupées, que l’on suit et que l’on accompagne pour alléger la structure centrale. Nous avons aussi travaillé à l’établissement d’un cadastre minier unifié et l’avons mis en ligne pour qu’il soit accessible à tous. Ensuite, nous avons regardé un à un les permis. Désormais, on n’en délivre aucun sans vérifier ce qui se passe réellement sur le terrain.

Quelle est la situation de la filière uranium au Niger ?

Elle est en crise. Depuis la catastrophe de Fukushima en 2010, les cours n’ont jamais été aussi bas. Les grands bénéficiaires ont assez de stock pour assurer la combustion. Mais nous avons vu arriver de nouveaux acteurs, notamment des sociétés canadiennes, comme Global Atomic Corporation [dont la mine de Dasa doit entrer en production en 2022], et chinoises, comme la Somina [Société des mines d’Azelik, coentreprise entre la chinoise CNNC et l’État nigérien], dont les coûts de production sont plus bas.

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IL Y A UNE DEMANDE TRÈS FORTE POUR TRAVAILLER DANS LA FILIÈRE AURIFÈRE

Comment se passe la fermeture du site de la Compagnie minière d’Akouta (Cominak), depuis l’arrêt de la production à la fin de mars ?

Le gouvernement a institué un comité d’orientation pour la fermeture et le suivi. Je me suis moi-même rendue sur le site et, avec les autorités d’Agadez, nous avons discuté avec les employés, les syndicats, les sous-traitants, etc., pour aider à redynamiser la région. La situation n’est pas facile. Cette mine a été à l’origine de la création de la ville d’Arlit. Plus de 800 employés ont été déflatés [mis au chômage] et près d’un millier de sous-traitants se retrouvent dans la même situation… Mais dans la région d’Agadez, il y a de l’or, beaucoup d’or, et cela peut rapporter bien plus que l’uranium.

Ce nouvel eldorado n’est-il pas à double tranchant ?

Dans le cadre de la nouvelle loi minière adoptée en 2020, une disposition vise à orienter les orpailleurs vers le formel. Avec l’octroi de permis de petites mines ou d’exploitation semi-mécanisées, on donne aux orpailleurs un lopin de terre où travailler. Nous les sensibilisons pour qu’ils cherchent à entrer dans le système légal, notamment en obtenant des autorisations de commercialisation pour une meilleure traçabilité. Il y a une demande très forte pour travailler dans la filière. On a fermé certains sites que l’on a rouverts aussitôt, car des milliers de personnes se retrouvaient au chômage et l’on craignait de graves tensions.

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ON FAIT TOUT POUR QUE LES INSTALLATIONS D’EXPLOITATION NE PROFITENT PAS AUX TERRORISTES

Comment limiter l’impact des activités minières sur l’environnement ?

Désormais, des études d’impact environnemental sont obligatoires avant l’octroi des permis. Par ailleurs, la loi minière oblige le promoteur à protéger les sites et à les reconstituer après l’arrêt des activités. Surtout, on organise des contrôles sur le terrain pour voir si les opérateurs respectent les règles : on a par exemple constaté que certains avaient des sites d’exploitation sur les cours d’eau alors que la loi l’interdit. On vérifie que les produits chimiques utilisés sont autorisés, qu’on ne fait pas travailler d’enfants, etc.

À quel point le terrorisme freine-t-il l’essor du secteur ?

La situation est très difficile dans le Gourma et autour du parc national du W, dans la zone des trois frontières, où il y a d’importants gisements aurifères. Nous y avons la Société des mines du Liptako [SML, 80 % détenus par la Société du patrimoine des mines du Niger (Sopamin) et 20 % par l’État], qui exploite les sites de Samira Hill et de Libiri. Cette zone bénéficie d’un programme financé par l’Union européenne pour stabiliser la frontière des trois pays et, afin de renforcer le dispositif, notre gouvernement y a aussi placé un bataillon militaire entier. Jusqu’à présent, toutes les activités d’exploitation officielles étaient suspendues. On fait tout pour qu’elles ne profitent pas aux terroristes, qui rackettent les populations, chassent les expatriés… Si on ne reprend pas le contrôle du terrain, on leur offre le coffre-fort du pays !

Décès d’Abdelaziz Bouteflika : petits et grands secrets d’un témoin du siècle

| Par Jeune Afrique
Mis à jour le 20 septembre 2021 à 13h28
Abdelaziz Bouteflika est décédé dans la nuit du 17 septembre 2021 à l’âge de 84 ans.

L’ancien président algérien est décédé dans la nuit du 17 septembre à l’âge de 84 ans. Plongée inédite dans les coulisses d’une vie de politique et de pouvoir.

Chef d’État controversé, déchu par le Hirak en 2019 après vingt ans de pouvoir, il fut un acteur et un témoin clé de l’histoire de l’Algérie indépendante. De son enfance au Maroc à la présidence, en passant par son rôle durant la guerre d’indépendance et ses relations avec Houari Boumédiène, Jeune Afrique vous propose de découvrir les coulisses d’une vie de politique et de pouvoir, à travers ces extraits de l’ouvrage de notre journaliste Farid Alilat, Abdelaziz Bouteflika, l’histoire secrète (éditions du Rocher). Itinéraire d’un personnage hors-norme, mû par une ambition aussi dévorante que précoce.

Une enfance à Oujda

Le père de Bouteflika, Ahmed, s’installe à Oujda à la vingt des années 1920. Il prend une deuxième épouse qui lui donnera son premier fils, Abdelaziz. Le père Bouteflika est l’homme à tout faire de Hadj Boucif, un notable du Maroc oriental qui a ses entrées au Palais royal et auprès de l’administration française. Boucif possède un hammam à Oujda que gère le père de Bouteflika. Sa maman s’y rend de temps en temps pour tenir compagnie à la famille de Boucif. Abdelaziz a peu de relations avec son père, mais entretient des liens fusionnels avec sa mère. 

« C’est au 6, rue Nedroma, à une centaine de mètres du hammam Boucif, dans cette maison avec patio et jardin, que naît Abdelaziz au matin du 2 mars 1937. Abdelaziz Bouteflika a les yeux bleu délavé de son père et le cheveu noir corbeau de sa mère, une belle femme au nez aquilin et au port altier.

Mansouriah a 20 ans, son mari dix-neuf ans de plus. La famille s’agrandit avec les naissances de deux autres garçons, Abdelghani en 1940 et Mustapha en 1953. (…) Abdelaziz Bouteflika entre en classe à Sidi Ziane, premier établissement moderne d’Oujda, fondé en 1907, peu de temps après que la ville fut tombée aux mains des troupes du général Hubert Lyautey.

C’est dans cette école qui fait face au hammam Jerda, avec son grand jardin et ses arbres fruitiers, que s’inscrivent également Ahmed Osman, qui deviendra plus tard Premier ministre de Hassan II, Mohamed Allal Sinaceur, qui fera carrière dans la littérature et la philosophie ou encore Aziz Belal, dont la notoriété comme économiste dépassera les frontières du Maroc.

C’est peu dire que dans cette ville, qui comporte une grande communauté algérienne, Marocains et Algériens vivent en parfaite symbiose. Commerces et administration : les ressortissants d’Algérie qui s’étaient établis ici depuis le début du xxe siècle sont parfaitement intégrés dans cette partie orientale du Maroc.

Grâce à leur maîtrise de l’arabe et du français, les Algériens sont prisés par l’administration coloniale française comme interprètes, cadres subalternes ou gardes-chiourmes.

Quand il n’est pas sur les bancs de l’école Sidi Ziane, le petit Abdelaziz fréquente la zaouïa de la tariqa Qadiriya, située dans la vieille médina. Il y apprend les versets du Coran et s’imprègne de l’esprit, de la philosophie et des pratiques de ces confréries religieuses sunnites qui auront une influence majeure autant sur sa personnalité que sur son parcours politique.

À la maison, l’enfant est choyé et couvé par sa mère. La relation fusionnelle entre ce garçon et cette mère protectrice au tempérament bien trempé est d’autant plus forte que le père est sévère, dur et peu démonstratif de l’affection qu’il porte à ce fils aîné.

Abdelaziz s’est d’autant plus rapproché de sa mère, qu’il appellera Yaya, que le paternel est souvent absent de la maison. Absorbé par ses diverses occupations, en voyage hors d’Oujda pour gérer les affaires de Boucif ou pour accompagner celui-ci dans ses fréquents déplacements au Maroc, Ahmed Bouteflika confie l’éducation de son fils à son épouse.

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TIMIDE ET RÉSERVÉ, SES COMPAGNONS DE CLASSE LE CHAMBRENT ET SES CAMARADES DE JEU LE RAILLENT

L’effacement de ce père au profit de la mère forgera la personnalité de Bouteflika. Privé de la présence et de l’affection de son géniteur, il trouve auprès de sa maman une sorte de père de substitution. Des années plus tard, Houari Boumédiène, qui présidera aux destinées de l’Algérie dans les années 1960 et 1970, sera son mentor, son protecteur et ce père qu’il n’a jamais vraiment eu.

Dans les rues de cette vieille médina d’Oujda, le petit Abdelaziz a peu d’amis. Mustapha Berri, son frère de lait, restera son seul véritable ami. Issu d’une famille aisée, celui-ci prendra sous son aile le fils aîné de Mansouriah à qui il offre cadeaux, protection et réconfort.

Timide et réservé, ses compagnons de classe le chambrent pour sa corpulence de moineau et ses camarades de jeu le raillent pour sa propension à être dans les jupons de sa mère. Au collège comme au lycée Abdelmoumene d’Oujda, Bouteflika est le souffre-douleur de ses camarades qui l’affublent du sobriquet de « Wlid El Biyâ », « le fils de l’indicateur, de l’espion, du mouchard ».

Pour ce chétif plutôt timide et qui nourrit des complexes à cause de sa petite taille, ce surnom qu’on lui lance toujours dans le dos est une humiliation, un déshonneur, une infamie. Fils d’un indicateur de l’administration française et du Makhzen ? Il en gardera un profond ressentiment toute sa vie.

Cette fâcheuse réputation auprès de ses camarades ne l’empêche pas d’être doué. Aussi à l’aise en langue arabe qu’en français, le jeune homme termine plutôt brillamment sa première année de lycée à l’été 1955.

Son père, Ahmed Bouteflika, reçoit même un coup de téléphone du palais royal pour le féliciter de la réussite de son fils. Sa seconde année est tout aussi brillante, même si Bouteflika échoue à un concours général d’architecture. Pas de quoi le décourager, lui dont la maîtrise des deux langues et les talents rédactionnels sont requis par la municipalité d’Oujda grâce à l’entregent de son père. »

« La guerre ? Il ne voulait pas y aller »

Moins de deux après le début de l’insurrection du 1er novembre 1954, le FLN ordonne en mai 1956 aux lycéens et aux étudiants de rejoindre les maquis pour prendre part à la guerre. Lycéen à Oujda, Abdelaziz Bouteflika ne montre pas de dispositions à s’enrôler dans les rangs de l’ALN (Armée de libération nationale). Il tente même d’être recruté dans la garde communale de Oujda, sans succès. Il est recalé à cause de sa petite taille. Quand il se présente pour la première fois dans un bureau de recrutement à l’automne 1956, sa candidature est refusée. Il aura fallu l’intervention d’un notable d’Oujda pour que Bouteflika rejoigne la révolution. Il sera engagé comme contrôleur.

« Au lendemain donc de l’appel aux jeunes lancé par le FLN pour qu’ils rejoignent les maquis, Bouteflika disparaît du lycée. Il occupe ses journées entre les visites qu’il rend à sa mère dans le hammam Boucif et le bureau de mandataire que son père tient pour le compte de Hadj Boucif. Il s’improvise même écrivain public et met sa maîtrise de l’arabe et du français aux services des petites gens pour rédiger des lettres, des courriers et des correspondances.

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IL FAUDRA PRESQUE SEPT MOIS AVANT QUE BOUTEFLIKA DÉCIDE DE REJOINDRE LES RANGS DE L’ALN

Alors que bon nombre d’Algériens, d’étudiants et de lycéens ont déjà répondu à cet appel du FLN et rejoint les rangs de la révolution pour combattre contre les troupes française, Bouteflika postule à un poste d’auxiliaire des services de police de la commune d’Oujda.

Décidément, le jeune homme n’est pas pressé ou ne veut carrément pas accomplir son devoir patriotique. Sa demande, qui a reçu l’approbation et l’appui de son père grâce à sa proximité avec Hadj Boucif, est rejetée parce que le jeune homme ne remplit pas le critère de taille de la police.

Malgré les liens que les deux hommes entretiennent avec l’administration locale et même avec le palais royal, la requête de Bouteflika est retoquée. Il lui manque 3 centimètres pour être éligible au poste.

En tentant d’intervenir auprès des services municipaux pour aider son fils à se faire recruter, Ahmed Bouteflika voulait-il que son aîné ne rejoigne pas l’ALN ? Certainement. Auquel cas, il ne l’aurait pas soutenu dans son projet de devenir gendarme ou policier sous administration marocaine.

Est-ce le dépit d’avoir échoué à se faire recruter ou s’est-il donné le temps de réfléchir mûrement aux conséquences de son éventuelle participation à la guerre ? Il faudra tout de même presque sept mois avant qu’Abdelaziz Bouteflika décide de rejoindre les rangs de l’ALN.

« Carrément, il ne voulait pas y aller, raconte un de ses anciens camarades de lycée. Son père qui a partie liée avec l’administration française qu’il a servie pendant des années n’était pas favorable à son départ à la guerre. » »

Abdelaziz Bouteflika, alors ministre de la Jeunesse, des Sports et du Tourisme, le 27 septembre 1962.

Boumédiène : « Bouteflika et Medeghri m’ont mis la tête dans la boue »

En 1963, Bouteflika devient jeune ministre des Affaires étrangères. Très proche du président Houari Boumédiène qu’il a connu à Oujda, le jeune diplomate est à l’origine du coup d’État de juin 1965 qui a renversé le président Ahmed Ben Bella. Boumèdiene et Bouteflika nouent des liens tellement étroits que son ami Boumédiene lui pardonne ses écarts, ses escapades et ses longues absences. Dans le cercle intime autour de Boumédiène, Ahmed  Medeghri, ministre de l’Intérieur, tient une grande place. Moins proche de Boumédiène que Bouteflika, Medeghri fait de l’ombre à ce dernier. Son suicide mystérieux restera une grande énigme.

« Mercredi 10 décembre 1975. Ahmed Medeghri est retrouvé chez lui, une balle dans la tête. Une autre logée dans une armoire de toilette. Officiellement, le ministre de l’Intérieur, membre du Conseil de la révolution, l’un des plus proches compagnons de Boumediene, s’est suicidé. Sa famille ne croit pas à cette thèse.

Certes, depuis des mois, Medeghri vit des moments difficiles. Dépressif, à bout de nerfs, éreinté par ses responsabilités, épuisé par sa relation toxique avec Bouteflika, le ministre de l’Intérieur était au bord du gouffre. À ses proches, il se disait menacé, sans pour autant s’épancher sur les motifs de ces menaces ni sur leurs auteurs. Pourquoi ne se serait-il pas suicidé ?

La thèse n’est après tout pas totalement exclue. Mais que l’on retrouve à son domicile deux balles, l’une logée dans son crâne et l’autre sur la porte de l’armoire de toilette, voilà qui donne un sérieux crédit à l’hypothèse d’une élimination.

Le jour même de sa mort, Boumédiène donne l’ordre à El Hadi Khediri, directeur adjoint de la Sûreté nationale, de se rendre au domicile du défunt avec pour consigne de fouiller son coffre-fort et de récupérer le livret de famille de Boumédiène.

Medeghri l’avait subtilisé pour le cacher à son domicile, preuve de sa détermination à contrecarrer le mariage entre le président et Anissa. L’idée que Boumédiène soit derrière la liquidation de son ami est difficile à étayer. D’autant plus difficile qu’il n’existe aucune trace.

Bien sûr, il a fait disparaître de nombreux opposants, mais il n’existe aucune preuve directe permettant de remonter jusqu’à lui. Cependant, une scène qui se déroule pendant les obsèques d’Ahmed Medeghri dit combien la mort de ce dernier a provoqué des ruptures entre les amis de Boumédiène.

Pendant la levée du corps, le président se tient non loin de Kaïd Ahmed, son compagnon de longue date, ancien ministre et responsable de l’appareil du FLN. Connu pour sa fougue et son caractère fonceur, il foudroie Boumédiène avec cette phrase assassine : « Entre toi et moi, il y a maintenant ce corps. » La mort d’Ahmed Medeghri, Abdelaziz Bouteflika en porte une part de responsabilité morale.

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« TOI, TU ES RESPONSABLE, PARCE QUE TU L’AS MANIPULÉ POUR RÉSOUDRE TOUS TES PROBLÈMES »

Des années plus tard, Chérif Belkacem, ministre d’État et un des quatre membres du clan d’Oujda, tiendra des propos d’une extrême dureté à l’égard de Bouteflika concernant cette disparition. Belkacem reprochait au ministre des Affaires étrangères d’avoir profité de l’état de fragilité psychologique du ministre de l’Intérieur pour régler ses propres problèmes.

« Je ne me pose plus la question de savoir comment Medeghri est mort, lui dit Chérif Belkacem. Toi, tu es responsable, parce que tu l’as manipulé pour résoudre tous tes problèmes. » L’été 1974 et la mort mystérieuse du ministre de l’Intérieur scelleront la fin de la bande d’Oujda. « Bouteflika et Medeghri m’ont mis la tête dans la boue », dira un jour Boumediene à l’un de ses confidents. »

« Regarde ce que Bouteflika a écrit à Giscard… »

Abdelaziz Bouteflika a toujours nourri l’ambition secrète de succéder un jour au président Houari Boumédiène. Cette ambition se renforce à l’automne 1978 lorsque le chef de l’État tombe gravement malade. Evacué à Moscou, Boumédiène se fait soigner par des médecins russes qui comprennent vite que son mal est incurable. Bouteflika insiste pour voir Boumédiène qui finira par le recevoir. Sur son lit d’hôpital , Boumédiène se confie à l’un de ses proches sur sa relation avec son ministre des Affaires étrangères avec lequel il s’est comporté comme un père. Dans l’avion qui ramène Boumédiène à Alger, Bouteflika sait que son ami est condamné. Son ambition va connaitre un nouveau tournant. 

« Le retour de Boumédiène à Alger est prévu pour le mardi 14 novembre. Avant le décollage, Bouteflika demande au commandant de bord de changer son plan de vol. À l’aller, l’avion présidentiel décolle d’Alger, survole l’espace aérien des pays du bloc de l’Est avant d’atterrir à Moscou.

Le même trajet est prévu pour le retour, étant entendu que Boumédiène ne compte guère survoler l’espace aérien français. Lors de ses multiples déplacements, il s’interdit, en effet, sauf cas de force majeure, de survoler la France.

Or, Bouteflika décide de s’affranchir de cette règle non écrite en ordonnant aux pilotes de modifier leur itinéraire. Informé que l’avion militaire transportant le président algérien allait passer au-dessus de la Corse ce mardi 14 novembre, le président français Valéry Giscard d’Estaing consulte son état-major qui rechigne.

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BOUMÉDIÈNE EST FINI, LA NOUVELLE PAGE S’ÉCRIRA AVEC BOUTEFLIKA

Le feu vert est tout de même accordé. Au nom de Boumédiène, Bouteflika adresse alors un message inhabituellement chaleureux au président français pour le remercier, indiquant qu’il est prêt à écrire avec la France « une page nouvelle d’histoire ». Ce message, même subliminal, est clair : Boumédiène est fini, la nouvelle page s’écrira avec Bouteflika. Boumédiène est-il au courant de ce message ? Sans doute. Il laisse faire.

Allongé, dans cet avion qui le ramène chez lui, il se tourne vers son médecin pour lui chuchoter : « Regarde ce que Bouteflika a écrit à Giscard… » Boumédiène n’est dupe de rien. Lui qui aura été le père que Bouteflika n’a pas eu connaît trop bien l’ambition dévorante de celui-ci.

Comme il connaît bien les relations ambiguës qu’entretient son ministre des Affaires étrangères avec les Français qui, au fil des ans, ont accumulé bon nombre de dossiers compromettants sur sa vie privée.

Durant l’été de cette année 1978, Bouteflika a été reçu à deux reprises par Valéry Giscard d’Estaing, ce qui provoqua l’ire de Boumédiène qui le lui reprochera en ces termes : « Mais enfin, tu es le ministre des Affaires étrangères de Giscard ou le mien ?! »

Amaigri, livide, affecté d’un énorme œdème qui lui interdit de porter des chaussures, Houari Boumédiène se présente devant les membres du Conseil de la révolution venus le saluer au Palais du peuple. Pour lui, son rétablissement est une question de jours.

Les médecins lui cachent la vérité. Tous comprennent que seul un miracle pourrait le guérir. Dans sa petite villa sur les hauteurs d’Alger, veillé par sa femme Anissa ainsi que par des médecins soviétiques et algériens, Boumédiène se repose en attendant son retour aux affaires.

Samedi 18 novembre. Il tombe dans un coma profond à 1 heure du matin. Aussitôt informés, Bouteflika et Taleb Ibrahimi arrivent. Après un long conciliabule, décision est prise de l’évacuer vers l’hôpital Mustapha Bacha d’Alger, le plus important établissement hospitalier du pays, qui deviendra du jour au lendemain un bunker ultra-sécurisé. (…)


Abdelaziz Bouteflika, en juillet 1973, à Paris.

Corpulent, de grande taille, Boumédiène maigrit à vue d’œil à tel point qu’il ne pèse plus qu’une quarantaine de kilos. Pour ne pas que sa famille soit impressionnée, elle est tenue à l’écart. Après de multiples demandes, sa vieille mère, Touness Mouhzila, peut enfin lui rendre visite. Lorsqu’elle le revoit pour la première fois sur son lit d’hôpital, elle perd connaissance. Ce sera sa dernière rencontre avec ce fils adoré. »

Les millions suisses et la traversée du désert

À la mort de Boumediene, l’armée choisit comme successeur le colonel Chadl Bendjedid. Exit l’ambitieux Bouteflika qui va entamer une longue disgrâce. Celle-ci commence par l’affaire des reliquats des budgets des missions diplomatiques algériennes dans le monde. Entre 1965 et 1978, ces reliquats sont virés sur deux comptes personnels que Bouteflika détient en Suisse. A peine installé à la présidence en 1979, Bendjedid reçoit la visite de Bouteflika qui lui remet un chèque. Bendjedid découvre l’existence de cette affaire qui vaudra à Bouteflika des déboires judiciaires. 

« Le président Chadli est à son bureau au palais d’El Mouradia ce dimanche 18 février en compagnie du ministre conseiller Ahmed Taleb Ibrahimi. Chadli aime la compagnie et les conseils de cet homme en qui le défunt Boumédiène a placé une confiance absolue.

Le secrétaire particulier, Mouloud Hamrouche, entre discrètement et chuchote à son oreille. Abdelaziz Bouteflika, ministre des Affaires étrangères, souhaite une entrevue. Bien que surpris par cette demande impromptue, Chadli le fait entrer.

Bouteflika marque un temps d’arrêt en voyant Taleb dans le bureau présidentiel. Il est encore là, lui ? Après avoir été le confident, le fidèle camarade et le témoin des derniers jours de Boumédiène, Taleb sera-t-il le Raspoutine de ce nouveau président qui arrive de sa lointaine ville d’Oran comme un éléphant déboulant dans un magasin de porcelaine ?!

Passé la surprise, Bouteflika s’avance vers un fauteuil pour s’asseoir. Chadli l’apostrophe sèchement : « Quelqu’un vous a autorisé à vous asseoir ?! » Bouteflika se met au garde-à-vous. Il tend au président une enveloppe contenant un chèque de la Société des banques suisses (SBS).

« C’est quoi ce chèque ?! », demande le président interloqué. Toujours au garde-à-vous, Bouteflika explique que cet argent rassemble les reliquats des ambassades et des consulats d’Algérie à l’étranger qu’il a déposés sur deux comptes personnels en Suisse.

Chadli pose deux questions : « Pourquoi a-t-il été déposé en Suisse plutôt que d’être versé au Trésor public, comme l’exige la loi ? » Les fonds étaient destinés à la construction du nouveau siège du ministère des Affaires étrangères à Alger, rétorque Bouteflika. « Boumediene était-il au courant? », demande le président.

La décision a été prise en accord avec lui, précise Bouteflika. Chadli Bendjedid refuse le chèque et lui ordonne de le remettre au ministre des Finances, Mohamed Seddik Benyahia, avec toutes les pièces comptables du dossier. Fin de l’entrevue.

Définitivement écarté de la succession, Bouteflika sait qu’il vaut mieux anticiper les ennuis qui ne manqueront pas avec ce nouveau pouvoir. Et cette histoire de reliquats est de celles qui peuvent lui valoir de sérieux soucis. Moins d’une semaine après cette rencontre, au palais d’El Mouradia, se tient une réunion du Bureau politique du FLN sous la présidence de Chadli.

Au détour d’une conversation, ce dernier se tourne vers son ministre des Finances : « Bouteflika est-il venu vous remettre un chèque avec tous les justificatifs comptables? » Benyahia est affirmatif : il a déposé les documents comme il s’y était engagé dans le bureau présidentiel dimanche 18 février.

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« JE NE DONNE PAS L’ARGENT DE L’AMBASSADE D’ALGÉRIE POUR QUE BOUTEFLIKA AILLE S’AMUSER AVEC EN SUISSE. »

Toutefois, la séance du FLN levée, Benyahia se presse de retourner voir le président pour lui faire un aveu : « Bouteflika ne m’a rien remis. Je ne voulais pas l’humilier en présence de tous les membres du Bureau politique. »

Furieux que le ministre des Affaires étrangères n’ait pas tenu son engagement, Chadli ordonne aussitôt à Seddik Benyahia de déclencher une enquête sur les deux comptes de Bouteflika. Les investigations sont confiées à l’inspection des Finances avec le concours des services de sécurité et de renseignements.

Pendant des mois, à Alger et à Genève, les enquêteurs épluchent les documents bancaires de Bouteflika. Une bombe que cette affaire de reliquats qui remonte en réalité à février 1966. Sur instruction de Bouteflika, ministre des Affaires étrangères, les chefs de missions diplomatiques et consulaires algériennes à travers le monde sont tenus d’abord de garder au niveau des postes les soldes disponibles, puis d’ouvrir à partir d’octobre 1967 des comptes pour y abriter ces soldes disponibles.

Nouvelle instruction en décembre 1969. Bouteflika ordonne cette fois aux chefs de mission de transférer ces soldes sur ses deux comptes personnels ouverts au niveau de la Société des banques de Genève. Les reliquats des exercices antérieurs doivent être désormais versés sur les deux comptes du ministre.

Deux hommes possèdent une procuration : Abdelaziz Bouteflika et l’un de ses collaborateurs, Mohamed Séghir Younes, responsable adjoint du ministère des Affaires étrangères.

Un seul ambassadeur osa refuser de se plier au diktat : Ali Kafi. Ambassadeur dans plusieurs capitales arabes, ancien colonel de l’ALN, baroudeur, amateur de whisky, il a une voix rocailleuse qui fait trembler les murs lorsqu’il se met à hurler. Ali Kafi refusait de transférer les reliquats des ambassades qu’il dirigea sur les comptes personnels du ministre des Affaires étrangères. « Je ne donne pas l’argent de l’ambassade d’Algérie pour que Bouteflika aille s’amuser avec en Suisse. » »

Le fauteuil présidentiel, enfin

L’ambition, toujours l’ambition de conquérir le pouvoir. Après l’avoir refusé en 1994 au grand dam des militaires, Bouteflika va enfin devenir président en avril 1999. En exil en Europe et aux Emirats, il a vécu de loin cette terrible guerre civile. C’est au général Liamine Zeroual que reviendra la responsabilité de gérer cette période tragique et dramatique qui marque encore les Algériens. Lassé du pouvoir, Zeroual démissionne en septembre 1998. Pour lui succéder, les généraux font appel à Bouteflika. Ce dernier s’engage à promouvoir une politique de réconciliation nationale en accordant la grâce à des milliers de terroristes. Il promet aussi de faire de l’Algérie un pays de paix et de prospérité. Il peut enfin assouvir son ambition.

« Un soir d’hiver 1998, alors que les négociations avec les généraux n’ont pas encore abouti, Abdelaziz Bouteflika confie le fond de sa pensée à son ami Rabah Bitat, l’un des chefs historiques du FLN et ancien président de l’Assemblée nationale : « L’essentiel est d’y arriver… » Il y est arrivé.

Ce fauteuil présidentiel derrière lequel il a couru durant les vingt dernières années, ce fauteuil qu’il a tant convoité et espéré, ce fauteuil l’attend pour au moins un mandat, deux si possible. Plus, si l’envie d’y rester lui venait au fil des années. Le voilà, lui, le proscrit, le banni, le condamné, l’exilé volontaire, ressuscité comme un phénix renaissant de ses cendres. Cette magistrature suprême, il est allé la chercher avec les dents.

« Si le diable pouvait m’offrir le pouvoir, je le lui demanderais sans hésiter », a-t-il un jour glissé à l’une de ses connaissances. Cette victoire sur l’histoire, sur le destin ou sur ses détracteurs, il la savoure encore plus ce mercredi 27 avril, jour de sa prestation de serment, au palais des Nations, au club des Pins.

Ils sont plus de deux mille privilégiés, ministres, hauts gradés, apparatchiks du FLN, membres de la société civile, responsables de partis politiques et représentants diplomatiques accrédités à Alger, à assister ce mercredi à son sacre.

Costume et cravate noirs, lunettes et cheveux clairsemés ramenés sur le côté droit en raison d’une calvitie naissante, l’ancien ministre des Affaires étrangères prête serment sur le Coran. À 62 ans, il est officiellement investi dans ses fonctions de septième président de la République algérienne. La boucle est bouclée après vingt ans d’attente.

(…) L’insigne honneur de lui remettre la décoration revient au colonel Amar Benaouda qui préside le Conseil national de l’ordre du mérite. En la mettant autour du cou de Bouteflika, le colonel éclate en sanglots devant les deux mille convives du palais de la Nation. L’ancien proscrit, devenu à cet instant chef de l’État, tient là sa réparation. Benaouda avait dirigé la commission de contrôle et de discipline du FLN à l’arrivée au pouvoir de Chadli Bendjedid en 1979.

Ce même Benaouda qui a mis tant d’acharnement à réunir des preuves de corruption pour faire condamner Abdelaziz Bouteflika. Ce Benaouda qui a voulu à tout prix l’impliquer dans le dossier du contrat El Paso. Ce Benaouda, cet inquisiteur qui aura été derrière l’exclusion de Bouteflika de toutes les instances du FLN au début des années 1980. C’est donc ce Savonarole en costume-cravate qui vient faire acte de contrition devant le (jadis) maudit Bouteflika le jour même de son investiture.

Un goût de double revanche en ce mercredi 27 avril. Non seulement l’ex-chef de la diplomatie est porté à la magistrature suprême devant deux mille invités, mais il est décoré par celui qui l’a traîné dans la boue. L’ère Abdelaziz Bouteflika peut commencer. Elle débute par les passations de consignes avec son désormais prédécesseur Liamine Zeroual.

En quittant définitivement son bureau au palais d’El Mouradia, le général laisse au président un cadeau : une amnistie pour des centaines de milliers de jeunes Algériens qui ont refusé d’accomplir leur service militaire de deux ans, en théorie obligatoire pour les hommes de plus de 18 ans sauf en cas d’incapacité motrice ou cérébrale.

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« IL S’Y ACCROCHERA POUR NE JAMAIS LE LÂCHER. »

(…) « Afin qu’il commence sa présidence sous de bons auspices », précisa malicieusement Zeroual à l’un de ses conseillers diplomatiques auquel il fit cette réflexion en désignant le fauteuil présidentiel qu’il aura occupé pendant cinq ans, deux mois et vingt-huit jours. « Il s’y accrochera pour ne jamais le lâcher. » Il parlait de Bouteflika sans mentionner son nom. (…)

Maintenant qu’il s’est installé au palais d’El Mouradia, Abdelaziz Bouteflika peut mettre en chantier sa politique de réconciliation nationale, pré-requis pour son acceptation définitive par les généraux. »

« On dirait qu’il a perdu son père »

Comme ministre des Affaires étrangères, Bouteflika entretenait des relations ambiguës avec le roi Hassan II, tant et si bien que le président Boumédiène lui demanda un jour s’il était son ministre ou celui de Hassan II. Lorsque l’affaire du Sahara éclate en 1975, le président ne fait presque plus confiance à Bouteflika et lui retire le dossier. À son arrivée au pouvoir, Bouteflika confie qu’il lui faudra quatre mois pour régler le dossier du Sahara. La mort de Hassan II en juillet 1999 sera l’occasion pour l’ex-président de démontrer sa considération pour le roi du Maroc.

« Les retrouvailles entre Bouteflika et le roi Hassan II du Maroc n’auront jamais lieu. La dernière fois qu’ils s’étaient retrouvés remonte à juillet 1975 lors d’une audience accordée à Rabat au ministre algérien des Affaires étrangères. Bouteflika et Hassan II sont depuis restés en relation.

C’est notamment le roi du Maroc qui est intervenu, au début des années 1980, auprès de Cheik Zayed, président de la fédération des Émirats arabes unis, pour offrir l’hospitalité à Bouteflika et à l’ancien ministre tunisien Mohamed Masmoudi, tous deux frappés de disgrâce dans leur pays. Pour le roi du Maroc, l’arrivée au pouvoir de Bouteflika, lequel n’a jamais fait mystère de sa sympathie en faveur d’un plan d’autonomie dans le règlement du conflit du Sahara occidental, est une opportunité pour régler une fois pour toutes ce dossier qui empoisonne les relations entre Rabat et Alger.

Il semble qu’Abdelaziz Bouteflika en soit d’accord. En mai, moins de deux mois après son élection, il fanfaronne devant des diplomates algériens à la résidence d’État Djenane El Mihaq, à Alger : « Vous verrez, dans six mois, j’aurai réglé la question du Sahara-Occidental. » A priori, l’affaire est bien partie. Le 21 juin, Bouteflika reçoit longuement Driss Basri, ministre marocain de l’Intérieur et homme de confiance de Hassan II.

Au menu des discussions : le règlement du conflit du Sahara occidental, la réouverture des frontières terrestres fermées depuis août 1994 et la normalisation des relations Bouteflika : l’histoire secrète 244 entre les deux pays voisins.

La réconciliation entre Alger et Rabat devait être scellée en juillet, à l’issue d’une rencontre entre Bouteflika et Hassan II le long de la frontière commune. Vendredi 23 juillet, Hassan II meurt à Rabat après trente-huit ans de règne.

Aussitôt, son fils aîné, Mohammed VI, premier héritier, monte sur le trône. La disparition de Hassan II plonge Bouteflika dans une vraie affliction. Il a baigné dans la culture marocaine et les traditions monarchiques.

Son admiration et son respect pour ce roi ont toujours constitué des motifs de méfiance chez le président Houari Boumédiène. À preuve, il a confié la gestion du dossier du Sahara occidental à Ahmed Taleb Ibrahimi, ministre de l’Information, plutôt que de le mettre entre les mains de son chef de la diplomatie.

Cette méfiance était si grande qu’au retour de Bouteflika à Alger, en juillet 1975, Boumédiène l’interpella ainsi : « Mais enfin, tu es le ministre des Affaires étrangères de Hassan II ou celui de Boumédiène?! »

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« QUE DEVIENT VOTRE ANCIEN MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES? LE GARS PETIT, AVEC UNE MOUSTACHE, J’AI OUBLIÉ SON NOM… »

Le temps n’a pas estompé cette suspicion à l’encontre des sympathies marocaines de Bouteflika. Sur son lit d’hôpital, à Moscou, où il est allé en octobre 1978 pour soigner un mal incurable, Boumédiène avait prononcé ces propos lourds de sens à l’intention de Taleb Ibrahimi : « Tu as vu ? Bouteflika parle comme Hassan II ! » Avant de s’envoler pour Rabat avec une nombreuse délégation pour assister aux funérailles, le président décrète un deuil national de trois jours.

Ce dimanche 25 juillet, difficile de dire si son immense chagrin est sincère ou s’il en fait trop devant la famille royale, le peuple marocain et les dignitaires du monde entier, mais son attitude provoque un malaise chez ses compatriotes.

Bouteflika se faufile entre les chefs d’État, s’approche et s’agrippe au corbillard. « On dirait qu’il a perdu son père, persifle un diplomate algérien. Même les enfants de Hassan II ne se sont pas agrippés au linceul de ce père qu’ils s’apprêtaient à ensevelir. »

L’ancien président algérien Abdelaziz Bouteflika passe devant une garde républicaine avec le roi du Maroc Mohammed VI à l’aéroport d’Alger, le 21 mars 2005.

(…) En revanche, on ne peut pas dire que Hassan II avait de l’estime et de la considération pour Bouteflika. Sid-Ahmed Ghozali en aura la démonstration lors de la visite de Hassan II en Algérie en mai 1991 en compagnie de deux princes héritiers.

Les relations entre Alger et Rabat sont alors au beau fixe et les frontières rouvertes depuis 1989. En achevant son séjour à Oran, Hassan II se fait raccompagner jusqu’à Oujda par Sid-Ahmed Ghazali, alors ministre algérien des Affaires étrangères. Hassan II lui demande : « Que devient votre ancien ministre des Affaires étrangères? Le gars petit, avec une moustache, j’ai oublié son nom… » »

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