Témoignages

 

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CAN 2022: «Le pouvoir du foot sur le bonheur des gens est incroyable», confie Yannick Noah

Fervent supporter des Lions indomptables, l’ancien tennisman a accueilli RFI en exclusivité au Village Noah, la propriété qu’il construit depuis les années 1980. Le foot, l’esprit d’équipe, la gagne, la double culture française et camerounaise… Confidences avec le champion.

De nos envoyés spéciaux à Yaoundé,

La CAN au Cameroun, cinquante ans plus tard

Une CAN au Cameroun, c’est quelque chose qu'il faut vraiment vivre, pour peu qu'on aime le pays et les Camerounais. Lors de la dernière Coupe d'Afrique ici, en 1972, j'avais 12 ans. J'allais avec mon père au stade. J'ai des souvenirs incroyables de joie et d'une énorme tristesse quand on avait perdu en demi-finale. Le petit garçon que j'étais a vraiment vécu cette CAN. Et aujourd'hui, 50 ans après (rires), rien n'a changé.

L’Afrique en fête

Ici, le football est vraiment une religion, quelque chose qui unit le pays. Quand l'équipe gagne, c'est du bonheur jusqu'au prochain tour. L'équipe du Cameroun continue, il y a un match important lundi (le 24 janvier face aux Comores en huitièmes de finale). Tout le pays est derrière. Pour l'instant, la compétition se passe bien, avec la folie du sport, des bonnes équipes qui sont éliminées, des petits pays qui se révèlent. J'ose imaginer l'ambiance qu'il peut y avoir aux Comores, au Cap-Vert... La CAN 2022, c'est toute l'Afrique. C'est une jolie fête populaire.

 

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La famille Noah en 1983, lors d'un voyage à Yaoundé avec le président Mitterrand, à l'apogée de la carrière de Yannick. A sa gauche, son père Zacharie. A sa droite, son grand-père Simon. Pierre GUILLAUD / AFP

 

Le foot, pourvoyeur de bonheur

J’essaye de participer, d'être derrière les Lions. L'idée, c'est d'envoyer les meilleures énergies possibles, de bonnes ondes. J'ai eu des contacts avec l'équipe, avec l'entraîneur il y a quelques semaines. Ce sont des mots d'encouragement, des fêtes souvent car on aime beaucoup la fête ici. Tout cela est très naturel pour moi. J'ai eu l'occasion d'aller voir le dernier match (face au Cap-Vert) et l'ambiance est extraordinaire. J'aime beaucoup le foot, mais des ambiances comme ça, c'est très rare. C'est assez incroyable, le pouvoir que peut avoir le foot sur le bonheur des gens.

Pas facile de supporter les Lions indomptables

J'ai le maillot, je suis à fond derrière l'équipe. Mais j'ai du mal à regarder les matches. C'est une souffrance pour moi. Je suis trop tendu, trop investi. C'est pour ça que je préfère presque regarder les matches à la maison plutôt qu'au stade. J'ai mal au bide, je ne suis pas bien. Trop de stress. J'ai souffert au match d’ouverture... Je souffre tout le temps ! (rires) Ils ont bien joué, ils ont terminé premiers du groupe. Derrière, on enchaîne tout de suite avec la fête et là, je me détends complètement.

Renier l’idée de défaite

On peut avoir ce trouble, ce sentiment toxique qui est de penser à la défaite. Pour gagner, il faut penser à la victoire, se nourrir d'images et visualiser la victoire, sur le terrain comme en dehors. C'est ça qui porte le plus. Un match, c'est tellement court. Un match se gagne aussi avant. Je n'envisage pas la défaite. Il faut envoyer des bonnes ondes et ne penser qu'à la victoire.

La joie en individuel, puis en équipe

J'ai eu la chance de pratiquer un sport individuel. J'ai aussi eu la chance d'avoir un papa qui a joué au foot. Quand j’étais jeune, je lui disais que ça me manquait, les copains, les vestiaires... Lui m'a fait comprendre que j'avais la chance, en tant que joueur de tennis, d'avoir mon destin en mains et de ne dépendre de personne. Il m'a fait comprendre que c'était une chance rare. « Si tu perds, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même. Si tu gagnes, c'est toi. Donc va bosser. » J'ai très vite compris ma chance. Mais cette frustration restait.

 

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Yannick Noah, au centre, soulève la Coupe Davis remportée en tant que capitaine de l'équipe de France, le 26 novembre 2017 à Lille. AP - Christophe Ena

 

C'est pour ça qu'ensuite, je suis resté dans le tennis à travers la Coupe Davis (capitaine de 1991 à 1992, de 1995 à 1998 et de 2016 à 2018). En Coupe Davis, il y a ce sentiment d'équipe. J'ai mis toute cette frustration au service de l'équipe de France et cette frustration est devenue une force. J'ai adoré rassembler autour d'une équipe. Ce sont des moments extraordinaires de ma vie. Gagner la Coupe Davis avec ses copains, pour son pays, c'est extraordinaire à vivre. J'ai eu mon heure de gloire à Roland-Garros et avec la Coupe Davis. Le sentiment est égal.

L’esprit de cohésion

Pendant la CAN, on reste un mois et demi cloîtrés, quasiment en vase clos. C'est là que la force de caractère fait la différence. Sept matches – si on va jusqu’au bout –, ça fait un peu plus de 10 heures de jeu. Mais le reste du temps, ce sont des semaines, des jours, des nuits... C'est là que les compétitions se gagnent. Avoir des gens sains au cœur d'un groupe, avoir un groupe avec une belle cohésion, ça fait une différence.

C'est une aventure humaine qui se vit à 30. On ne peut pas ressortir un joueur par rapport aux autres. Si un joueur marque un but, c'est grâce aux autres. Et si on gagne grâce à un joueur qui marque, c'est parce que derrière, on n'a pas pris de but. Ou parce qu'on a passé la balle au bon moment. C'est un sport d'équipe. On parle des Lions, d'un groupe où les remplaçants sont aussi importants. Tout ça fait la force et la faiblesse d'un groupe.

L’amour de la France et du Cameroun

Je vibre de la même manière. Donc je souffre aussi doublement ! J'étais en France en 1998 bien entendu. Ça avait été un moment extraordinaire. Je suis un sensible. Je me souviens des scènes de joie, de cette énergie pendant des semaines. Même si elle s'est estompée avec le temps, il reste une trace de ces moments où, d'un coup, grâce à l'équipe ou à notre Zizou, on est enfin d'accord. Même si ça ne dure qu'une minute, c'est déjà pas mal. Ça a donné envie à d'autres. Si on n'avait pas gagné cette première Coupe du monde (en 1998), on n'aurait pas gagné la deuxième (en 2018).

J'étais ému quand je chantais la Marseillaise avec mes gars. Quand je chante la Marseillaise, je chante ma maman. Et quand je chante l'hymne national camerounais, je chante pour papa. Ils sont là, en moi. Il n'y a pas de différence. On aime sa maman d'une manière et on aime son papa d'une manière, mais on les aime tous les deux. Ouais, je suis les deux. Je suis un métisse.

IBK: la fine fleur des démocrates cultivés

IBK 

Jean-Baptiste Placca, éditorialiste à RFI, en 2020. Pierre René-Worms

IBK aurait fait un excellent président au Cap-Vert ou au Botswana. Comprenez que les mœurs politiques, dans son pays, correspondent peu aux qualités que tous lui reconnaissent, à présent qu'il a tiré sa révérence.

En août 2020, les Maliens étaient dans la rue, pour demander sa démission, et finiront par l’obtenir. Dix-huit mois plus tard, les voilà qui rivalisent de superlatifs dithyrambiques, pour vanter sa stature d’homme d’Etat et saluer sa mémoire. Ces hommages élogieux sont-ils crédibles ? Ou bien faut-il mettre ces revirements sur le simple fait que Ibrahim Boubacar Keïta n’est plus ?

Ces hommages se fondent sur des faits bien trop précis et suffisamment concrets, pour que l’on ne puisse pas mettre en doute leur sincérité. Ils sont crédibles, et ces qualités, IBK les avait, avant, pendant et après le coup d’Etat. Les récriminations de ses concitoyens qui manifestaient pour le chasser du pouvoir se rapportaient à des faits souvent imputables à d’autres que lui. Sa véritable faiblesse était sa bonté. Il se séparait des corrompus, mais un peu tard et sans les punir. Le pire est que nombre d’auteurs des indélicatesses reprochées à sa gestion sont allés grossir ensuite les rangs du mouvement qui a travaillé à sa chute.

Dans l’édition spéciale consacrée, lundi, au défunt président, Clément Dembélé a parlé de « corruption à ciel ouvert », sous IBK. Sauf que tous les témoignages concordent sur le fait qu’il n’était pas du tout attaché aux choses matérielles. Par contre, le Dr Ibrahima Traoré, qui fût son directeur de cabinet, a révélé, dans l’entretien accordé, hier matin, à Christophe Boisbouvier, sur RFI, qu’il faisait tellement confiance aux collaborateurs qu’il ne voulait pas croire, lorsque l’on attirait son attention sur leurs indélicatesses. « Il pensait, a dit le docteur Ibrahima Traoré, que tout le monde était forgé à son image ».

 

Pourquoi, alors, ces soupçons de corruption, qui ont tant altéré son image d’homme d’Etat ?

Parce que « l’homme bon » n’a pas su réprimer les corrompus. Peut-être aurait-il donné l’impression de combattre la corruption, à défaut de l’éradiquer, s’il avait seulement sévi, de temps à autre.

A la faveur du double coup d’Etat, certains de ces kleptomanes se sont recyclés et gouvernent à visage plus ou moins découvert, dans la transition actuelle. Il fallait suivre le regard de l’ancien Premier ministre Moussa Mara, lorsque, dans l’édition spéciale, il a affirmé que la question de la corruption est un serpent de mer, qui remonte à l’indépendance, et que, même sous la transition actuelle, l’on en parle, sans vraiment lutter contre…

Mahamadou Issoufou, l’ancien président du Niger, lui, a insisté sur le fait que IBK était un homme cultivé

Oui ! Et cela fait du bien, en Afrique, de voir un homme cultivé à la tête d’un Etat. Parce qu’il y a des choses qu’un homme cultivé ne fait pas. Dans l’édition spéciale, un des intervenants, qui reconnaît avoir participé à sa chute, a témoigné que jamais IBK n’avait fait interdire leurs manifestations, ni leurs interventions à la radio ou à la télévision.

Le docteur Ibrahima Traoré, qui le décrit comme « un homme bon, honnête, patriote, républicain, qui aimait le genre humain », a révélé que IBK était abattu, lorsqu’on lui a rapporté que des personnes avaient été tuées, lors d’une des dernières manifestations, peu avant sa chute. Aussi, lorsque la dégradation de la situation s’est accélérée, le démocrate cultivé n’a simplement plus voulu du pouvoir. Il aurait accepté sa chute, en exprimant le vœu que cela apporte la paix au Mali…

Un confrère qui le connaissait bien dit que IBK aurait fait un excellent président au Cap Vert ou au Botswana. Mais, comme dirait le chansonnier, même la fine fleur des démocrates cultivés ne peut, hélas ! choisir son pays, ou sa famille.

Locales au Sénégal : Fadel Barro, l’activiste qui veut prendre Kaolack

Mis à jour le 21 janvier 2022 à 12:17
 

 

Fadel Barro, à Kaolack. © DR

 

Pour les élections du 23 janvier, l’ancien leader du mouvement citoyen Y en a marre fait ses premiers pas en politique en se portant candidat dans la ville du centre du Sénégal qui l’a vu grandir. Après un parcours brillant de militant, il prône une politique de rupture.

 

À Kaolack, la campagne de Fadel Barro pour ces élections locales qui doivent se tenir dimanche 23 janvier est bien atypique. Ni caravane à grand renfort de musique ni grand meeting. Seules quelques petites affiches imprimées à la maison et visibles dans les rues prouvent que l’ancien activiste est bel et bien engagé dans la course à la mairie de cette ville située à 192 km de Dakar.  « Nous ne donnons même pas de t-shirts à l’effigie des candidats. Le faire c’est ne pas respecter la dignité humaine de ceux qui vont les porter, tonne au téléphone Fadel Barro. Les imaginaires politiques que nous avons eus jusque-là n’ont fait que traiter les citoyens comme des moutons de Panurge. »

Au show à l’américaine et aux harangues, il préfère une campagne de proximité, le porte-à-porte et des actions solidaires qui mobilisent une jeunesse qui dit ne plus rien attendre des hommes politiques. En novembre sur sa page Facebook, il a alerté sur « l’état piteux » de la Case de santé de Thioffac, une structure de quartier sans équipements médicaux qui accueille chaque mois des centaines de patients contraints de recevoir leur perfusion allongés sur des nattes. Et il a été entendu : la diaspora sénégalaise s’est mobilisée pour la réfectionner pendant ces deux semaines de campagne électorale. « Nous montrons aux politiciens que les millions qu’ils dépensent pour faire de grands meetings où ils ne vont rien dire, ils peuvent plutôt les mettre au service de leur communauté. C’est là tout le sens de mon engagement politique. »

Kaolack est une ville-carrefour sur l’axe Bamako-Dakar au potentiel économique énorme. C’est la capitale de l’arachide, principale culture de rente du Sénégal dont l’exportation a rapporté 329,3 millions d’euros en 2021. Le marché est dominé par les Chinois et les Indiens. « La loi les oblige à transformer le produit avant de l’exporter. Mais ils le font entre eux et ne recrutent pas assez sur le plan local », explique Fadel Barro. Conséquence, le taux de chômage est de 22 % à Kaolack. Bien au-dessus de la moyenne nationale (15%).

Démocratie participative

Tête de liste de la coalition Jammi Gox Yi, qu’il a montée essentiellement avec des personnalités issues de la société civile, Fadel Barro prône une politique de rupture avec celle des responsables actuels. Dans son viseur, Mariama Sarr, maire de Kaolack et actuelle ministre de la Fonction publique. Cette dernière n’est d’ailleurs pas candidate à sa propre succession, le choix de la coalition au pouvoir, Benno Bokk Yakaar, s’étant porté sur Mohamed Ndiaye Rahma, son époux.

LES JEUNES SANS TRAVAIL SONT OBLIGÉS DE CONDUIRE DES VÉLOS-TAXIS POUR GAGNER LEUR VIE

« Aujourd’hui à Kaolack, les populations ne peuvent pas interpeller les élus sur quoi que ce soit. La ligne téléphonique pour joindre la mairie ne répond jamais. Les jeunes sans travail sont obligés de conduire des vélos-taxis pour gagner leur vie. Tout ce qu’il y a, c’est un regroupement de gens qui pillent, exploitent et ne rendent aucun service aux citoyens », tance l’activiste longiligne de 44 ans. Il promet de digitaliser les services de la mairie pour rationaliser les dépenses mais aussi impliquer davantage les populations dans la gestion de la commune, une sorte de démocratie participative. Il voudrait aussi mettre en place des ateliers municipaux pour former les jeunes et incuber des projets économiques à forte valeur ajoutée. L’accès à l’eau potable est également une priorité.

Après avoir longtemps combattu les hommes politiques et les avoir mis en face de leur propre turpitude, l’ancien journaliste d’investigation de l’hebdomadaire La Gazette veut maintenant jouer sur le même terrain qu’eux. Le costume d’activiste était-il devenu trop petit ? « Même si on a été précurseur des mouvements citoyens en Afrique et qu’on a eu un réel impact, il nous manque le pouvoir décisionnaire pour faire changer les choses. On peut dire ce qu’on veut, mais en Afrique, nous avons un problème de personnel politique qu’il faut renouveler. »

SI ON LAISSE LE PAYS À CES POLITICIENS, ILS FINIRONT PAR LE BRÛLER. LA VRAIE VIOLENCE, C’EST L’EXTRÊME PAUVRETÉ, L’ABANDON DE L’ÉCOLE, L’ABSENCE TOTALE DE DÉBOUCHÉS POUR LES JEUNES

Fadel Barro s’est fait connaître en prenant la tête du mouvement citoyen Y en a marre créé en 2011 un soir de délestage, dans son appartement des Parcelles assainies, à Dakar. Après un succès fulgurant, il s’était retiré de l’organisation en 2019. Déjà cette année-là, on lui prêtait des ambitions présidentielles qu’il avait toujours niées :  « Y en a marre est devenu presque une institution au Sénégal et en Afrique. Continuer pour moi, c’était rester dans une zone de confort. Je voulais d’autres challenges. Mais je ne savais pas quoi. »

En 2020, il rejoint en tant que coordonnateur régional la plateforme de protection des lanceurs d’alerte créée trois ans plus tôt par les avocats français William Bourdon et Henri Thulliez. Mais ce sont les évènements de mars 2021 qui finissent par le décider de se lancer en politique. « Si on laisse le pays à ces politiciens, ils finiront par le brûler. Or la vraie violence en réalité, c’est l’extrême pauvreté, l’abandon de l’école, l’absence totale de débouchés pour les jeunes. À Kaolack, je veux proposer autre chose, tracer un nouveau récit politique », explique Fadel Barro. Y réussira-t-il ? « Si personne ne me suit, j’aurais au moins fait ce qui est en mon pouvoir pour que les choses bougent et changent. »

Côte d’Ivoire : dix choses à savoir sur George Philippe Ezaley, lieutenant de Bédié

Par  - à Abidjan
Mis à jour le 19 janvier 2022 à 14:46
 

 

Georges Philippe Ezaley, secrétaire exécutif adjoint du PDCI d’Henri Konan Bédié. © Abidjan.net

 

Nommé secrétaire exécutif adjoint du PDCI par Henri Konan Bédié en novembre dernier, l’ancien maire de Grand-Bassam se retrouve propulsé sur le devant de la scène politique ivoirienne.

1. Bastion du PDCI

Né à Grand-Bassam d’une mère commerçante et d’un père bijoutier – qui fut par ailleurs roi des Nzema de Abrodiemu, au Ghana, de par sa lignée matriarcale – , Georges Philippe Ezaley est l’aîné d’une fratrie de cinq frères et sœurs. Il grandit dans le quartier France de cette ville marquée par l’histoire du Parti démocratique du Côte d’Ivoire (PDCI), où s’est notamment déroulée, en 1949, la marche des femmes venues d’Abidjan pour exiger la libération de leaders politiques emprisonnés par l’administration coloniale. Il avait pour marraine Anne-Marie Raggi, une des figures de cette mobilisation et poids lourd du parti à Grand-Bassam.

2. « Big Modjo »

Élève brillant, surnommé « Big Modjo » par ses camarades, Ezaley obtient un Bac E (mathématiques et techniques) au lycée technique d’Abidjan, où il est major de sa promotion. Il y étudie au même moment que Pascal Affi N’Guessan, futur président du Front populaire ivoirien (FPI)Hubert Oulaye, désormais directeur exécutif du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI, de Laurent Gbagbo), Amadou Soumahoro, actuel président de l’Assemblée nationale, et Théodore Mel Eg, qui deviendra maire de Cocody (il est décédé en 2019).

3. Expert de l’aviation

Il s’envole ensuite pour la France pour poursuivre ses études universitaires à Besançon. C’est là que, au début des années 1970, il commence à militer au sein du Mouvement des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (Meeci). En 1979, il décroche à Toulouse son diplôme d’ingénieur – option transports aériens – à l’École nationale d’aviation civile.

IL RESTERA DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA SODEXAM SOUS BÉDIÉ, GUÉÏ, GBAGBO ET OUATTARA

De retour en Côte d’Ivoire, il occupe plusieurs postes dans le domaine de l’aviation et de la météorologie, avant de devenir administrateur d’Air Côte d’Ivoire, d’Air Afrique, puis de l’aéroport international Félix Houphouët Boigny. De 1997 à 2019, il a été directeur général de la Société d’exploitation et de développement aéroportuaire, aéronautique et météorologique (Sodexam). Nommé à ce poste sous Henri Konan Bédié, il s’y maintient sous Robert Guéï, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, jusqu’à la crise qui oppose le PDCI et le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) en 2018.

4. Proche des militants

C’est à son retour de France, au début des années 1980, que Georges Philippe Ezaley s’engage pleinement en politique. Il fait ses classes au sein du comité PDCI de son quartier puis en tant que secrétaire général de section.

Lorsque la délégation de Grand-Bassam est créée – dirigée par Daniel Kablan Duncan, futur Premier ministre et vice-président –, il est chargé de la mobilisation au sein du bureau. La proximité quotidienne avec les militants lui permettent de construire un solide réseau et de lui faire gagner en influence au sein du parti. Lorsque Daniel Kablan Duncan est nommé vice-président du PDCI en charge de la coordination des vice-présidents, Ezaley hérite du poste de délégué du département de Grand-Bassam.

5. Maire de Grand-Bassam

En 1995, en parallèle de ses activités professionnelles, Ezaley devient membre du conseil municipal de Grand-Bassam. Cette expérience et sa position de patron local du PDCI lui valent d’être désigné candidat de la coalition RHDP (dont le parti est alors membre) aux municipales de 2013. Il remportera l’élection.

Trois ans plus tard, en 2016, sa ville, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, est frappée par un attentat terroriste sanglant. Mais ses actions visant à soutenir les entreprises locales et à redorer l’image de Grand-Bassam seront récompensés par le prix du meilleur élu local.

EZALEY EN EST AUJOURD’HUI ENCORE CONVAINCU : IL A ÉTÉ LE VAINQUEUR DES MUNICIPALES DE 2018 À GRAND-BASSAM

6. Duel crucial

En 2018, le contexte a changé : l’élection municipale de Grand-Bassam devient l’une des batailles emblématiques opposant le PDCI et le RHDP. De fortes tensions secouent la scène politique après le refus de certains militants du PDCI de rejoindre le parti unifié, au sein duquel ils craignent de voir se diluer leur famille politique.

Georges Philippe Ezaley, parrainé par son parti, se retrouve face à Jean-Louis Moulot, soutenu par le RHDP, qu’a rejoint Daniel Kablan Duncan, alors deuxième personnalité du pays. La conquête de ce bastion historique du PDCI devient un enjeu crucial pour le parti au pouvoir. Ezaley perd l’élection mais dénonce des fraudes et obtient que l’élection soit rejouée. Il la perdra de nouveau. Mais l’ancien maire en est aujourd’hui encore convaincu : il en a été le vainqueur.

7. Débarqué

Après cette séquence électorale rocambolesque, l’ancien maire de Bassam est débarqué de son poste de directeur général de la Sodexam en janvier 2019. Son remplaçant à ce poste n’est autre que son rival Jean-Louis Moulot. Là encore, Ezaley conteste la décision en justice et, en janvier 2020, la société est condamnée par la cour d’appel du tribunal de commerce pour « révocation abusive » et doit lui verser au total 145 millions de F CFA.

8. Contrôle judiciaire

En novembre 2020, après l’annonce de la victoire d’Alassane Ouattara à la présidentielle, Ezaley est – comme d’autres membres du PDCI – arrêté au domicile d’Henri Konan Bédié. Conduit à la Direction de la surveillance du territoire, il sera relâché quelques jours plus tard sous contrôle judiciaire. Il est alors notamment reproché aux opposants arrêtés la constitution du « Conseil national de transition ». La quête des responsabilités dans la crise électorale, qui a fait officiellement 85 morts et plus de 500 blessés, continue d’être au centre des débats. Le 27 décembre dernier, le procureur de la République, Richard Adou, a ainsi de nouveau pointé la responsabilité de plusieurs leaders politiques dans ces événements.

SA PRIORITÉ : FAIRE DU PROCHAIN CONGRÈS DU PDCI, PRÉVU CETTE ANNÉE, UN « PLÉBISCITE » POUR BÉDIÉ

9. Choisi par Bédié

Devenu pour les militants du PDCI l’un des symboles des difficultés rencontrées par le parti après la rupture de l’alliance entre Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, Ezaley a été nommé en novembre dernier secrétaire exécutif en chef adjoint chargé des délégations et des sections ainsi que des relations avec les partis politiques nationaux. Un poste stratégique, auquel il a été nommé par le patron du PDCI, qui fait de lui l’une des personnalités de premier plan du parti, engagé dans de profondes réformes internes.

La confiance que lui accorde ainsi Bédié suscite-t-elle des rivalités ? Des tensions avaient éclaté au moment de sa nomination, et les réticences du tout puissant secrétaire exécutif, Maurice Kakou Guikahué, s’étaient exprimées au grand jour. Ce dernier a obtenu le poste de vice-président du parti, d’où il entend bien jouer à armes égales avec son nouvel adjoint aux pouvoirs étendus. Ezaley, qui qualifie aujourd’hui très diplomatiquement Guikahué d’« ami de longue date », assure vouloir donner la priorité au parti et faire du prochain congrès, prévu cette année, un « plébiscite » pour Bédié. Avec la présidentielle de 2025 en ligne de mire.

10. Dialogue politique

Le nouveau secrétaire exécutif en chef adjoint se consacre actuellement à l’organisation d’une tournée à travers le pays, pour rencontrer les délégations afin de « recueillir leurs préoccupations ». Sur le plan national, il fait partie, avec Niamkey Koffi et Noël Akossi Bendjo, des trois représentants du PDCI au dialogue politique. En tant que chargé des relations avec les partis, Bédié l’associe également étroitement à ses échanges avec les autres formations politiques.

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Les informations sur nos maisons de formation datent de quelques années, et nous avons demandé aux responsables de ces maisons de nous donner des nouvelles plus récentes.
La première réponse reçue vient de Samagan, le noviciat près de Bobo-Dioulasso (lire la suite)

 

La deuxième réponse nous a été donnée par la "Maison Lavigerie", notre maison de formation à la périphérie de Ouagadougou, où les candidats ont leurs trois premières années de formation (lire la suite)