Dialogue interreligieux

« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)

« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)

« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)

Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.

Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.

Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.

Sur Voix d'Afrique cet article sur le dialogue islamo-chrétien

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En Côte d’Ivoire, un colloque sur la foi chrétienne
face à la sorcellerie |La Croix Africa

Du 5 au 6 avril, des théologiens et laïcs africains se sont réunis à l’Institut catholique missionnaire d’Abidjan (Icma) pour un colloque international sur la foi chrétienne face à la sorcellerie.

7ième colloque de l’ICMA à Abidjan/ Guy Aimé Eblotié

Quelles perspectives théologiques et pastorales pour l’Église et la société africaine face à la sorcellerie ? La question était au centre du 7e colloque international de l’Institut catholique missionnaire d’Abidjan (ICMA) qui a eu lieu les 5 et 6 avril au campus de l’Institut, avec des théologiens et laïcs venus de plusieurs pays africains.

Prêtres, sociologues, philosophes, théologiens, canonistes, exorcistes, ceux qui y croient ou pas, et un ancien sorcier présumé ont été sollicités pour faire le tour de cette problématique à travers trois dimensions : philosophico-sociologique, théologique et, pastorale et sociale.

A lire : Père Jean Sinsin Bayo : « Si la sorcellerie est omniprésente dans nos préoccupations, c’est parce que notre relation à Dieu est impersonnelle »

Une réalité complexe

« Aujourd’hui en Côte d’Ivoire comme dans plusieurs pays d’Afrique, la sorcellerie a une forte audience et est à tort ou à raison montrée du doigt comme la cause majeure de problèmes de santé, de célibat, de pauvreté, des difficultés de procréation, des décès, des infortunes et des dislocations familiales, etc. », a expliqué, dès l’entame du colloque, le père Paul Saa-Dade Ennin, recteur de l’Icma.

Pour lui, « la sorcellerie pose donc une problématique importante tant au niveau des individus de la famille, de la société et même de l’Église. »…Lire la suite : En Côte d’Ivoire, un colloque sur la foi chrétienne face à la sorcellerie – La Croix Africa, Guy Aimé Eblotié, 10.04.19

Rabat: 800 ans de rencontres islamo-chrétiennes | Ensemble, n°180

 

De la rencontre de saint François d’Assise avec le Sultan en 1219 à Damiette, en Egypte, jusqu’à celle du Pape François avec le peuple et l’Église marocains les 30 et 31 mars 2019, à Rabat, en passant par l’arrivée des premiers frères franciscains au Maroc en 1220


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Le Maroc, terre de paix et du vivre ensemble, par M. Jamaa Baida | ZENIT – Français

Une exposition sur 800 ans de présence chrétienne

« Ces enfants sont les hommes et les femmes de demain, et ils sortiront de cette exposition avec la conviction que leur pays, leur patrie ne rejette personne » : M. Jamaa Baida  directeur des Archives d’Etat du Maroc, confie à la télévision catholique italienne l’esprit qui a inspiré une exposition, à Rabat, sur les 800 ans de présence chrétienne au Maroc. Elle s’intitule : «Présence chrétienne au Maroc : Un vivre ensemble» (en anglais : «Christians in Marocco : Living together»). Il s’agit de photos et de documents racontant ces 800 ans d’histoire chrétienne au Maroc.

L’histoire commence en 1219 avec les protomartyrs franciscains : ils seront martyrisés en 1220. Au micro de Paolo Fucili (Tv2000), M. Baida explique : «Je pense qu’un thème comme celui-ci qui prône le vive ensemble, entre musulmans et chrétiens est d’une grande pertinence aujourd’hui parce que le monde est secoué de radicalismes de part et d’autre – il y a des musulmans radicaux, des chrétiens radicaux et des juifs radicaux -. Par conséquent, nous n’avons pas trouvé mieux que d’essayer de convaincre le grand public que le passé glorieux du Maroc comprend des pages de vivre ensemble. Nous avons ici dans cette exposition des documents qui remontent au XIIe siècle.  Nous avons une lettre adressée par un calife marocain au pape Innocent IV, et nous avons d’autre lettres d’autres chefs musulmans qui montrent que le Maroc est une terre, est un pays, est un peuple qui accepte l’autre, qu’il soit chrétien ou juif – ou même athée, pourquoi pas -.»

« C’est pour cela, précise-t-il, que nous avons toujours considéré qu’il fait partie de notre mission en tant qu’Archives du Maroc de prôner les idéaux humains : des droits humains, du vivre ensemble, etc. »

Il cite cet exemple de visite : « Et ce matin encore en arrivant à mon bureau j’ai trouvé un ensemble d’enfants, d’écoliers tout petits, des dizaines d’enfants qui sont venus visiter cette exposition. Et j’étais heureux en me disant, tiens, ces petits enfants – cela veut dire les hommes te les femmes de demain -, vont sortir de cette exposition avec cette conviction que leur pays, leur patrie ne rejette pas l’autre, et accepte l’autre sur le plan religieux, sur le plan linguistique, sur le plan culturel, vestimentaire : voilà un peu l’idée, le background si vous voulez l’idée qui a présidé à cette exposition et présidera à d’autres expositions. »
A propos de la visite du pape François, il rappelle qu’il « y a eu déjà en 1985 la visite du pape Jean-Paul II : notre pays s’inscrit dans la continuité », « une continuité qui nous honore ».

Il y voit un « symbole » : le roi Mohammed VI et le pape François sont en quelque sorte des « des commandeurs de croyants hommes qui prônent la justice, prônent l’équité, prônent des idéaux humains,  contre les radicalisations à travers le monde, quelles qu’elles soient. Et cela me réconforte et réconforte les Marocains parce qu’ils vont parler de paix, sur une terre paix qu’est le Maroc et je suis sûr que leur message sera entendu au Maroc et à travers le monde ».

Source : Le Maroc, terre de paix et du vivre ensemble, par M. Jamaa Baida – ZENIT – Francais, 29.03.19

Le plaidoyer du cardinal Parolin pour la liberté
religieuse dans le monde |
Vatican News & U.S. Embassy

Liberté religieuse : le cardinal Parolin déplore «une détérioration continue» (traduction complète)

Les causes: intolérance et idéologie

Le cardinal Parolin dénonce « une détérioration continue, voire une agression » du droit « inaliénable » à la liberté religieuse, dans de nombreuses régions du monde. Malgré la « forte protection dont jouit la liberté religieuse dans le cadre du droit international », il déplore le faible retentissement médiatique des « graves violations de ce droit fondamental qui se produisent souvent en toute impunité ». Mais surtout, il invite à « travailler ensemble » pour s’attaquer à la racine du problème.

Le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin a prononcé un discours pour conclure les travaux du colloque intitulé « Unissons-nous pour défendre la liberté religieuse internationale » qui s’est tenu au siège de l’ambassade des Etats-Unis auprès du Saint-Siège, ce mercredi 3 avril 2019.  Le secrétaire d’État a rappelé que les autorités civiles sont « le gardien » et non « l’auteur » du droit à la liberté religieuse, qui découle de la « dimension transcendante de la nature humaine ».

À l’origine des violations de ce droit, analyse-t-il,  deux « forces conceptuelles » se prêtent à « une politisation facile ». D’une part « l’intolérance religieuse », qu’il définit comme « une approche myope », et d’autre part, un point de vue « idéologique » qui prône certains « soi-disant “nouveaux droits de l’homme” » parfois « en conflit avec les droits fondamentaux universellement reconnus ». Les religions, conclut le cardinal, nous rappellent « notre liberté irréductible face à toute prétention au pouvoir absolu ».

Voici notre traduction du discours du cardinal Parolin, prononcé en anglais.

HG

Discours du cardinal Parolin 

Excellences, chers amis,

Je suis heureux de cette occasion de faire quelques brèves remarques à l’issue de ce colloque international sur la liberté religieuse, organisé par l’ambassade des États-Unis auprès du Saint-Siège avec la coopération d’autres institutions. Je remercie tout particulièrement Monsieur l’Ambassadeur Gingrich de m’avoir aimablement invité à livrer quelques réflexions finales sur ce thème : Unissons-nous pour défendre la liberté religieuse internationale.

Un bref examen des nombreuses violations de la liberté religieuse sur la scène mondiale et du nombre effroyable de personnes innocentes qui sont persécutées en raison de leurs croyances, y compris de nombreux chrétiens, ne devrait laisser dans notre esprit aucun doute que nous sommes confrontés à une attaque agressive qui frappe au cœur même de la jouissance des droits humains fondamentaux, nécessaires pour l’épanouissement de la personne humaine, de la société dans son ensemble et pour une coexistence pacifique entre nations.

Malgré tous les efforts pour promouvoir et renforcer le droit humain fondamental de la liberté religieuse, nous assistons en fait à une détérioration continue, voire une agression, de ce droit inaliénable dans de nombreuses régions du monde. La religion a toujours fait l’objet d’une grande attention, comme en témoigne sa réglementation par les systèmes juridiques nationaux ou internationaux. Le choix de la foi et l’adhésion à une religion qui en découle ont un impact sur tous les niveaux de la vie, ainsi que sur les sphères sociales et politiques. Par conséquent, le choix et la pratique de la foi doivent être libres de toute contraintes et coercition. En dépit de la forte protection dont jouit la liberté religieuse dans le cadre du droit international, y compris sa présentation claire dans la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948) ainsi que dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, nous continuons d’être témoins de graves violations de ce droit fondamental qui se produisent souvent en toute impunité et ne reçoivent parfois que peu, voire aucune attention dans les médias.

Cela dit, le sujet des deux tables rondes qui ont eu lieu ce matin est tout à fait approprié. La sensibilisation du public à la réalité de la persécution religieuse, en particulier par les moyens rapides qu’offrent désormais les médias numériques, demeure une mesure utile pour lutter contre les violations de la liberté religieuse. En effet, les acteurs des médias et des communications sociales doivent mettre en lumière les réalités qui menacent le bien commun de la famille humaine. Les violations flagrantes de la liberté de religion devraient être comptées parmi ces menaces.

La deuxième table ronde soulève un sujet encore plus difficile, celui de la coopération internationale, non pas simplement « être unis », mais « travailler ensemble » à tous les niveaux pour défendre et faire progresser la liberté religieuse. En ce qui concerne cet aspect, l’Église catholique n’a cessé de rechercher tous les moyens possibles pour encourager le respect mutuel et la collaboration entre les nations, les peuples et les religions afin de promouvoir la coexistence pacifique, de favoriser un climat social/politique qui respecte la liberté de conscience de la personne et les croyances de cette personne tout en respectant son droit égal à celui des autres citoyens, surtout dans les situations où ses croyances ne sont peut-être pas celles de la majorité.

En effet, en réfléchissant aux deux principaux domaines abordés dans les panels, il apparaît clairement qu’il serait inutile de sensibiliser l’opinion à la réalité brutale de la persécution religieuse dans le monde si l’on ne s’efforçait pas sérieusement et avec détermination de travailler ensemble pour traiter et surmonter les causes profondes de cette question. C’est bien sûr un grand défi, car en passant des « mots » aux « actions », on rencontre toujours un certain nombre de complications.

Un aspect important est que, lorsque nous parlons de liberté religieuse, nous ne devons jamais perdre de vue le fondement anthropologique de ce droit. Ce serait courir le risque de comprendre la liberté religieuse comme quelque chose d’accessoire à la personne humaine, comme quelque chose de concédé de « l’extérieur » de la personne, même par l’État, plutôt que comme un don fait par Dieu, un don enraciné dans la dimension transcendante de la nature humaine. Il est clair que les autorités civiles ont l’obligation de protéger et de défendre la liberté religieuse, mais non pas dans le sens d’en être l’auteur, mais plutôt le gardien.

La protection et les limites sont les deux éléments clés qui entourent tout débat sur la liberté religieuse en tant que droit fondamental en raison de son lien direct avec la personne humaine. En fait, elle joue également un rôle stratégique dans l’évaluation et l’assurance de l’attention et des garanties accordées par les pouvoirs publics. Cette interprétation reflète le processus d’affirmation des droits de l’homme qui a caractérisé l’histoire des derniers siècles, plaçant la personne humaine et ses droits au centre des actions juridiques, politiques, culturelles et religieuses. En effet, la liberté religieuse pose la question de l’indivisibilité des droits de l’homme, qui est devenue un principe directeur et une hypothèse fondamentale du droit international des droits de l’homme.

La liberté religieuse est un droit fondamental qui reflète la plus haute dignité humaine, la capacité de rechercher la vérité et de s’y conformer, et qui reconnaît en elle une condition indispensable à la capacité de déployer toutes ses propres potentialités. La liberté religieuse n’est pas seulement celle des croyances ou des cultes privés. C’est la liberté de vivre, tant en privé qu’en public, selon les principes éthiques qui découlent des principes religieux. C’est un grand défi dans le monde globalisé, où les faibles convictions abaissent aussi le niveau éthique général et où, au nom d’une fausse conception de la tolérance, on en vient à persécuter ceux qui défendent leur foi.

Un autre aspect qui exige notre attention est d’être sage dans notre évaluation des défis et des menaces à la liberté religieuse. Bien que les violations de ce droit soient commises de diverses façons, il semble que, sans vouloir simplifier la discussion, deux forces conceptuelles conduisent à des violations de ce droit, qui se prêtent toutes deux à une politisation facile. D’une part, et c’est peut-être le plus évident, il y a l’attitude d’intolérance religieuse, une certaine approche myope, qui considère toute religion ou croyance en dehors de la sienne non seulement comme inférieure, mais comme quelque chose qui mérite d’être dégradé ou classé de seconde zone. Cela se voit trop souvent dans les situations politiques, sociales ou culturelles, par exemple chez les chrétiens, qui sont traités comme des citoyens de seconde zone.

D’autre part, on a tendance à attaquer la liberté religieuse d’un point de vue que l’on pourrait qualifier d’ « idéologique », en prenant, par exemple, le principe énoncé dans le cadre des droits de l’homme qui considère les droits de l’homme comme « transversaux » et « intersectoriels ». Dans ce contexte, certains des soi-disant « nouveaux droits de l’homme » tendent parfois à entrer en conflit avec les droits fondamentaux universellement reconnus, notamment la liberté religieuse et le droit à la vie. Par exemple, l’exercice de la liberté religieuse, en particulier sur la place publique, en ce qui concerne l’institution du mariage ou le droit inviolable à toute vie humaine, se heurte souvent aux droits dits « nouveaux » qui tendent à se présenter en totale contradiction avec ces droits humains fondamentaux ou à y porter atteinte.

Compte tenu de leur importance, il semble que ces deux forces conceptuelles doivent rester au centre de nos discussions. Si nous les perdions de vue, nous risquerions de « passer à côté » de ce qu’est réellement la liberté religieuse. La liberté religieuse signifie certainement le droit d’adorer Dieu, individuellement et en communauté, comme le dicte notre conscience. Mais la liberté religieuse, par nature, transcende les lieux de culte et la sphère privée des individus et des familles. Nos diverses traditions religieuses servent la société principalement par le message qu’elles proclament. Elles appellent les individus et les communautés à adorer Dieu, source de toute vie, de liberté et de bonheur. Elles nous rappellent la dimension transcendante de l’existence humaine et notre liberté irréductible face à toute prétention au pouvoir absolu.

Pour terminer, je voudrais réaffirmer que le Saint-Siège continuera à s’engager pleinement dans la promotion de la liberté religieuse, car ce droit fondamental est intimement lié à la protection de la conscience et à la défense de la personne humaine. Un exemple récent de cette priorité pour l’Église est le document sur « la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune » signé par le pape François et le grand imam Ahmed el-Tayeb à Abou Dhabi le 4 février dernier. Je vous encourage tous à lire le texte complet, si vous ne l’avez pas déjà fait, et je voudrais conclure en citant l’un des passages, qui me semble être au cœur de ce colloque.

« Nous témoignons aussi de l’importance du réveil du sens religieux et de la nécessité de le raviver dans les cœurs des nouvelles générations, par l’éducation saine et l’adhésion aux valeurs morales et aux justes enseignements religieux, pour faire face aux tendances individualistes, égoïstes, conflictuelles, au radicalisme et à l’extrémisme aveugle sous toutes ses formes et ses manifestations. »

Je vous remercie de votre attention.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

Source : Liberté religieuse : le cardinal Parolin déplore «une détérioration continue» (traduction complète) – ZENIT – Francais, Hélène Ginabat, 05.04.19.

Dans le dernier numéro du Petit Echo (1099)
cet article sur le dialogue interreligieux

 

Rencontre avec les musulmans
et les chrétiens d’autres Églises :

 

Une spiritualité du dialogue

Le dialogue avec l’Islam et la rencontre avec d’autres Églises chrétiennes sont de nature très différente. L’intérêt ici est d’examiner “ la dynamique “ du dialogue aujourd’hui. Notre rencontre avec les musulmans et les chrétiens d’autres Églises remonte à Lavigerie lui-même.

Fondée à Alger, la Société a été entourée par l’Islam dès ses débuts. Tous les premiers membres de la Société ont dû apprendre l’arabe ou le kabyle pour être proches de la population locale. Ce lien spécial ou cette relation étroite avec l’Islam s’est maintenu jusqu’à aujourd’hui.

Non seulement nous contribuons au dialogue avec l’Islam en dirigeant des instituts d’enseignement supérieur comme l’IBLA (Institut des Belles Lettres Arabes) à Tunis, le PISAI (Pontificio Istituto di Studi Arabi e d’Islamistica) à Rome et d’autres centres comme l’IFIC (Institut de Formation Islamo-Chrétienne) à Bamako, Mali, mais aussichaque membre de la Société est censé avoir quelques rudiments de base en Islam. En tant que directeur du Fonds pour les écoles orientales, bien avant même d’être archevêque d’Alger, Mgr Lavigerie a visité le Moyen-Orient. En Syrie, il a rencontré l’émir Abd El-Kader. Cette rencontre l’a profondément marqué. Il a également rencontré la réalité des Églises chrétiennes orientales. En février 1877, le gouvernement français proposa à Lavigerie de devenir le gardien du sanctuaire français de la basilique Sainte-Anne à Jérusalem. On dit que ce sanctuaire est le lieu de naissance de la Bienheureuse Vierge Marie. Lavigerie voyait Sainte-Anne comme un endroit de pèlerinage vers le lieu de naissance de Marie et un lieu privilégié de prière pour les missions en Afrique. Il pensait aussi que les Missionnaires d’Afrique avaient un rôle à jouer

dans les Églises orientales. En fait, c’était aussi une invitation à se rapprocher de la culture et des traditions arabes et orientales. Il s’oppose donc fermement à toute forme de “latinisation “ des rites orientaux.

Le Magistère de l’Église et tous les papes depuis Vatican II ont toujours proclamé la nécessité et l’importance du dialogue interreligieux et de l’œcuménisme. Des événements marquants comme les deux rencontres d’Assise de prière pour la paix en 1986 et en 2011, promues

respectivement par saint Jean Paul II et par le Pape Benoît XVI, témoignent du sérieux et de l’engagement avec lesquels l’Église a poursuivi le chemin du dialogue et de la rencontre.

Le Pape François a également multiplié les initiatives dans le domaine du dialogue interreligieux et des relations avec les autres confessions chrétiennes, leur donnant un nouvel élan. Sa rencontre et sa déclaration commune avec le Patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée en mai 2014 à Jérusalem, sa rencontre avec le Patriarche orthodoxe de Moscou Kyrill à La Havane, Cuba en février 2016, sa participation à

la commémoration conjointe catholique luthérienne des 500 ans de la Réforme à Lund, Suède en octobre 2016 et de nombreux autres gestes similaires parlent pour eux-mêmes et sont un signe clair de la volonté et de la détermination de l’Église à avancer dans ce domaine.

Rencontre inter-religieuse en Algérie.

Cependant, un changement d’attitude ne suffit pas à lui seul. Une chose est l’affirmation de

principes de respect, de collaboration et de dialogue ; une toute autre chose est de trouver la bonne façon de mettre ces principes en pratique. Je crois que ce qu’il faut aujourd’hui, c’est

une spiritualité du dialogue, fondée sur l’attitude de saint Paul, si chère à Lavigerie, à savoir “ être tout pour tous les hommes “ (1 Co 9, 22).

En tant que Société, nous ne pouvons pas nous contenter de quelques-uns de nos membres qui soient directement impliqués dans le dialogue interreligieux ou l’œcuménisme au plus haut niveau, que ce soit au Vatican ou dans les commissions du Conseil œcuménique des Églises.

Au contraire, chaque membre de la Société est invité à s’impliquer dans le “ dialogue de la vie ”, parfois aussi appelé “ dialogue d’amour ” ou “ dialogue des peuples ”.

Les Actes capitulaires de 2016 insistent sur ce point en déclarant que “Le Chapitre insiste pour que la Rencontre et le Dialogue constituent ensemble le fondement de notre vie missionnaire. A la suite du Cardinal, nous sommes convaincus que la Rencontre est une attitude qui nous pousse à créer des liens d’amitié avec les autres dans leur culture et leur religion”.

Le dialogue comme nouvelle expression de la mission prend aussi en compte le “ devoir sacré “ d’annoncer l’Évangile, car le vrai dialogue implique la réciprocité des dons et l’acceptation mutuelle ; il implique l’annonce du message évangélique. Le dialogue et l’annonce sont ainsi deux expressions de la même mission évangélisatrice de l’Église. Nous sommes appelés à nous approcher des gens pour les aimer et les servir, et non dans le seul but de leur prêcher. En aimant et en servant le peuple, la proclamation suivra comme résultat de l’amour réciproque, ce qui implique un partage profond de sa foi et de ses croyances.