Dialogue interreligieux

« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)

« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)

« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)

Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.

Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.

Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.

Le NHS encourage les actions visant à renforcer la campagne de vaccination auprès des communautés musulmanes britanniques pendant le mois du Ramadan |Saphir News

                                                      Royaume-Uni : le NHS publie un guide pour encourager les musulmans au vaccin anti-Covid pendant Ramadan

C’est un fait : face à la crise sanitaire du Covid-19, tous les pays ne sont pas confrontés de la même manière. Alors que plusieurs Etats durcissent les règles à l’instar de l’Allemagne, la situation sanitaire semble s’améliorer en Grande-Bretagne.


Le pays le plus endeuillé d’Europe (127 000 morts du Covid-19 au compteur) allège en effet les mesures de confinement après trois mois d’un confinement strict national. L’Angleterre et le pays de Galles ont rouvert, lundi 12 avril, les terrasses de ses pubs, cafés et restaurants ainsi que les autres commerces jugés non-essentiels, les salles de sport ou encore les bibliothèques. L’Ecosse, qui prévoit un tel allègement le 26 avril, autorise désormais les enfants à retourner en classe à temps complet. Si l’évolution de l’épidémie reste stable, la prochaine phase de déconfinement pourra avoir lieu à la mi-mai avec le retour d’un service en intérieur dans les bars, les restaurants, ainsi que la réouverture des cinémas et des théâtres.

Ce déconfinement progressif est possible grâce à une campagne de vaccination massive lancée par le gouvernement dès décembre 2020, qui a permis à près de 60 % de la population adulte de recevoir une première dose d’AstraZeneca et de Pfizer BioNTech. Les autorités reste néanmoins prudentes et invitent les Britanniques à faire preuve de vigilance à l’heure où l’augmentation des cas de contaminations en Europe et la propagation des variants inquiètent sérieusement.

Les musulmans appelés à ne pas se démobiliser pendant Ramadan

Dans ce contexte, le système de santé publique britannique (NHS) se mobilise. Il a édité, vendredi 9 avril, un petit guide destiné à ses partenaires dans lequel des recommandations sont émises pour renforcer l’engagement des communautés musulmanes dans la campagne de vaccination pendant le mois du Ramadan.

Lire la suite: Le NHS, le système de santé publique britannique, encourage les actions visant à renforcer la campagne de vaccination auprès des communautés musulmanes britanniques pendant le mois du Ramadan, Myriam Attaf et Hanan Ben Rhouma, Saphir News, 14.04.21

La Grande Mosquée de Paris lance un certificat en finance islamique |Saphir News

L’Institut Al-Ghazali de la Grande Mosquée de Paris a annoncé, jeudi 8 avril, quelques jours avant le mois du Ramadan, le lancement au mois de mai d’un nouveau certificat de la finance islamique destiné au grand public.

La finance islamique est un compartiment de la finance éthique. Elle recouvre l’ensemble des transactions et produits financiers conformes à l’éthique islamique, qui repose sur cinq piliers : l’interdiction de l’intérêt ; l’adossement exclusif à l’économie réelle et tangible ; l’exclusion de certains secteurs d’investissement jugés nocifs à la vie humaine tels que par exemple le tabac, l’alcool, la pornographie et les jeux d’argent ; la prohibition de la spéculation hasardeuse et de la réalisation d’investissements aléatoires et incertains ; et enfin, la redistribution sociale et solidaire.

Dans le monde, l’industrie financière islamique a connu une croissance de 525,75 % entre 2006 et 2019, passant de 462 milliards en 2006 à 2429 milliards de dollars d’actifs en 2019.

Lire la suite : La Grande Mosquée de Paris lance un certificat en finance islamique, Ezzedine Glamallah, Saphir News, 22.04.21

Podcast: Les épidémies en Islam: la question de la contagion
et sa gestion religieuse et politique |IISMM

Deux enregistrements audio passionnants sur une histoire des épidémies vue par les musulmans, et souvent en lien avec les chrétiens (ndlr)

La conférence publique de l’IISMM “Les épidémies en Islam: la question de la contagion et sa gestion religieuse et politique” qui s’est tenue le 6 avril dernier en visioconférence est désormais disponible en podcast :
– Première partie : “les débuts de l’islam” par Anne-Marie Moulin (CNRS-SPHERE, Université de Paris-Sorbonne) https://bit.ly/3skz4fs
– Seconde partie : “Lutter ensemble contre les épidémies : comment l’Europe et l’Empire ottoman ont fondé au XIXe siècle le premier internationalisme sanitaire” par Sylvia Chiffoleau (CNRS, LARHRA)
https://bit.ly/3mMBjHx

Source: newsletter de l’Institut d’études de l’Islam et des sociétés du monde musulman du 26 avril 2021

Bonnes feuilles : « Racisme, antisémitisme, antiracisme. Apologie pour la recherche »

Les sujets de dissension ne manquent pas dans la recherche et les sciences sociales, alors que la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Frédérique Vidal, a évoqué récemment « l’islamo-gauchisme qui gangrène la société dans son ensemble », précisant que « l’université n’y est pas imperméable ». Provoquant aussitôt de vives réactions.

Michel WieviorkaAuteurs historiques The Conversation France

Dans son dernier ouvrage publié sous la forme d’un rapport, intitulé « Racisme, antisémitisme, antiracisme. Apologie pour la recherche » (La Boite à Pandore), le sociologue Michel Wieviorka répond à la ministre à sa manière et propose des pistes de réflexion pour aller plus loin.

Dans cet extrait que nous vous présentons, il revient sur l’origine des notions de « racisme » et d’« antisémitisme » et sur le mouvement des idées entre les États-Unis et la France.


Si l’imaginaire de la race est ancien, les mots de « racisme » et « raciste » datent pour la France du tournant des années 1900, et leur usage s’est considérablement étendu dans les années 1930. Le terme d’« antisémitisme », popularisé sinon forgé par le journaliste Wilhelm Marr, date de 1881. Autant dire que le combat contre le racisme et l’antisémitisme stricto sensu est lui-même relativement récent, même s’il a lui aussi ses engagements avant la lettre, ses précurseurs et sa préhistoire.

Les doctrines et les idéologies racistes se parent de la science, et une immense littérature en retrace l’émergence et l’impact – ce n’est pas l’objet ici. Elles ont circulé dans le monde entier, à partir de l’Occident et plus spécialement de l’Europe, tout en s’adaptant aux spécificités nationales. Les contester a longtemps été un effort dominé par la raison, en même temps souvent que par des appels à la justice et à des convictions religieuses ou morales.

Et pendant longtemps, par conséquent, les termes et les enjeux du conflit avec elles, aussi difficile à mener qu’il puisse avoir été, étaient clairs. À la fin du XIXe siècle, on était dreyfusard, ou antidreyfusard s’il s’agissait des Juifs. On acceptait les idéologies et les préjugés qui visaient les Noirs, les Arabes et autres supposées « races », ou on était révulsé.

Le débat public a commencé à véritablement s’animer, bien au-delà de la sphère scientifique, sur fond de colonialisme et de poussée des nationalismes dès le milieu du XIXe siècle, et a connu en Europe un véritable âge d’or dans l’entre-deux-guerres.

Les « races » étaient alors décrites en termes biologiques, de nature. La couleur de la peau, la forme du crâne, la chevelure, les lèvres et autres attributs physiques définissaient les individus membres d’une « race », à partir de quoi il en était inféré des caractéristiques intellectuelles ou morales justifiant le mépris, la haine, la peur, mais aussi fondant l’exploitation ou l’exclusion.

L’antiracisme, au sens large, incluant la lutte contre l’antisémitisme, était l’action pour la vérité scientifique et la raison, mais aussi pour la justice et l’humanité ; il constituait une variante des valeurs universelles. Contre les préjugés, les stéréotypes, les rumeurs, contre la ségrégation et la discrimination ; contre les idéologies politiques fondées sur l’idée d’une race supérieure. Tout ceci est très documenté.

Mais tout ceci a assez largement vécu, même si le racisme et l’antisémitisme classiques ont de beaux restes, perceptibles, par exemple, quand un joueur noir de football se fait accueillir dans un stade par des cris de singe, ou quand Christiane Taubira, ministre de la Justice, est comparée elle aussi à un singe en Une de Minute, l’hebdomadaire d’extrême droite, le 13 novembre 2013 – mélange de racisme, et de sexisme.

Les prolégomènes d’une métamorphose

Si l’on considère la recherche en sciences sociales, deux étapes ont précédé la phase actuelle de métamorphose du racisme et du combat antiraciste. Elles sont inaugurées dès la fin des années 1960, l’une et l’autre aux États-Unis, pour parvenir beaucoup plus tardivement en Europe.

La première fait suite au mouvement pour les droits civiques, et au sentiment, très vif parmi les plus actifs des militants noirs américains, qu’il faut passer à une nouvelle étape. Stokely Carmichael et Charles Hamilton sont ainsi parmi les premiers à décrire le racisme « institutionnel ». Leur analyse, dans le livre Black Power (1967), repose sur un constat : dans bien des situations, personne n’est explicitement raciste, mais les Noirs continuent d’être ségrégés et discriminés, dans l’accès à l’emploi, à l’éducation, au logement, à la santé, par la justice, le système carcéral, la police, bref, le racisme se perpétue en procédant de mécanismes qui jouent sans que ceux qui en bénéficient en aient apparemment conscience.

La structure, le système sont racistes, mais il n’y a pas d’acteurs pour l’être explicitement. On parlera aussi de racisme indirect ou systémique, et finalement de racisme d’État, une expression que ceux qui l’emploient aujourd’hui en France justifient, comme Louis-Georges Tin, président du CRAN de 2011 à 2017, en évoquant (sur Sputnik France, le 10 juin 2020) « un système qui protège ceux qui sont racistes » ou l’historienne Ludivine Bantigny en parlant des contrôles au faciès ou de la façon dont sont traités les exilés à Calais (entretien de Bantigny dans l’Express, le 8 mars 2021)

[…]

Vers la fin des années 1970, un deuxième constat était proposé, toujours aux États-Unis, au départ par des psychologues politiques : le racisme, à les suivre, devenait non plus tant biologique, physique, en tout cas dans les discours explicites, que culturel. Les Noirs, maintenant, étaient visés parce qu’ils étaient supposés ne pas vouloir ni pouvoir s’adapter au credo américain – la réussite par le travail, la famille. Dans l’Amérique qui s’apprêtait à élire le très libéral Ronald Reagan, la désindustrialisation affectait notamment des métropoles du nord des États-Unis où les Noirs étaient dès le début du XXe siècle venus du Sud en grand nombre fournir une main-d’œuvre abondante et bon marché. Ceux qui se retrouvaient au chômage étaient maintenant accusés de préférer l’aide sociale au travail, et de ne pas respecter le modèle américain de la famille.

Ce racisme était dit « culturel » ; il demandait qu’on ne considère plus les Noirs comme des êtres inférieurs qu’on peut surexploiter, mais comme des individus différents, inadaptés, inassimilables, et inutiles à la vie sociale. Ce « néo-racisme » était, a-t-on dit, « différentialiste », ses cibles étaient avant tout tenues pour une menace pesant sur l’intégrité morale et culturelle de la Nation. Il a vite gagné le Royaume-Uni de Margaret Thatcher, puis toute l’Europe, les philosophes Étienne Balibar et Pierre-André Taguieff ont été parmi les premiers à en rendre compte pour la France.

Ainsi, le mouvement des idées, s’il s’agit de la recherche à propos du racisme, s’est donc alors opéré principalement, et nettement depuis les États-Unis vers l’Europe, et donc la France, avec un relais décisif au Royaume-Uni. À l’époque, cela ne dérangeait guère les quelques chercheurs qui, en France, s’intéressaient à ces questions – il ne serait venu à personne l’idée de leur reprocher d’importer des catégories américaines et donc de contribuer à l’américanisation de leur pays. Ce type de critique prospère aujourd’hui.

Michel Wieviorka, Sociologue, Auteurs historiques The Conversation France

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Algérie : un islamologue condamné à trois ans de prison Abonnés

Saïd Djabelkhir, un universitaire islamologue algérien, a été condamné à trois ans de prison ferme pour « atteinte aux préceptes de l’islam et aux rites musulmans ». Le verdict de ce procès inédit, ouvert le 1er avril, a été rendu jeudi 22 avril par un tribunal d’Alger. L’islamologue va faire appel.

  • Guy Aimé Eblotié (avec AFP), 

Lecture en 2 min.

                                Algérie : un islamologue condamné à trois ans de prison
                            Saïd Djabelkhir, devant le palais de justice de Sidi M'hamed, à Alger, le 22 avril 2021.RYAD KRAMDI/AFP

Le verdict prononcé jeudi 22 avril par le tribunal de Sidi M’hamed d’Alger a « choqué » son avocat et « étonné » l’accusé, soutenu par de nombreux Algériens, qui « ne s’attendaient pas à un verdict aussi lourd ».

Saïd Djabelkhir, universitaire islamologue algérien de renom, a été reconnu coupable d’« offense contre le prophète » et « dénigrement des préceptes de l’islam » et condamné à trois ans de prison ferme et une amende de 50 000 Da (313,12 €) en vertu de l’article 144 bis 2 du code pénal algérien. « Il n’y a aucune preuve, le dossier est vide. Nous nous attendions à une relaxe », a réagi Me Moumen Chadi, l’un des avocats de Djabelkhir.

L’universitaire diplômé en sciences islamiques et auteur de deux ouvrages traitant de la religion n’a pas été placé sous mandat de dépôt, et a annoncé son intention de faire appel de cette décision. « C’est un combat qui doit continuer pour la liberté de conscience, pour la liberté d’opinion et pour la liberté d’expression », assure-t-il. « Le combat pour la liberté de conscience est non négociable. »

« Criminalisation de la recherche académique »

Jeudi 1er avril, ce spécialiste de l’islam avait comparu devant le tribunal suite à une plainte d’Abderazak Boubedjra, un enseignant en informatique à Sidi Bel-Abbès dans le nord-ouest et d’un collectif de sept avocats, qui lui reprochent plusieurs réflexions publiées sur Facebook qu’ils jugent offensantes.

En janvier 2020, il avait écrit que le sacrifice du mouton – tradition musulmane – existait avant l’avènement de l’islam. Il avait également affirmé que certains récits du Coran ne sont pas des faits historiques mais qu’ils sont destinés à transmettre des valeurs morales. « Ce sont des publications qui sont en lien avec mon domaine de compétence et qui ont été mal interprétées par le plaignant, se défend Djabelkhir. Je suis responsable de ce que j’écris mais pas de ce que les gens peuvent interpréter. »

Dans un communiqué publié le 22 avril et intitulé « La dérive de trop », la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (Laddh) a réaffirmé « sa pleine solidarité avec l’islamologue » et dénoncé « la criminalisation des idées, du débat et de la recherche académique pourtant garantis par la Constitution ». L’organisation de défense des droits de l’homme « refuse que les salles des tribunaux se substituent aux amphithéâtres des universités » et que « les tribunaux se transforment en tribunaux d’inquisition ».

« Scandaleux »

Aux yeux d’Amnesty International qui trouve ce verdict « scandaleux », il s’agit d’une « régression effrayante pour la liberté d’expression en Algérie »« Punir quelqu’un pour son analyse des doctrines religieuses est une violation flagrante des droits à la liberté d’expression et à la liberté de religion – même si les commentaires sont jugés offensants par d’autres », a estimé Amna Guellali, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International.

« La condamnation de Djabelkhir doit être annulée immédiatement, insiste l’ONG. Toute disposition du code pénal algérien qui criminalise le droit à la liberté d’expression, d’opinion ou de croyance doit être abrogée de toute urgence. »