Dialogue interreligieux

« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)

« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)

« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)

Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.

Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.

Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.

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 P. Ha-Jo Lohre

Allee 60 - 33161 Hövelhof

Tél. : 05257-2610

ou 0177 792 6193

Courriel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 

 

Très chers amis,

Cela fait maintenant presque exactement un an que je vous ai envoyé ma dernière lettre circulaire. Beaucoup d'entre vous s'étonneront peut-être que cette lettre vienne de Hövelhof et non de Bamako et se demanderont ce qui m'a amené à Hövelhof en ce mois d'avril glacial, au plus fort de la troisième vague du Covid 19 ?

La réponse se trouve à la fin de ma dernière lettre du 8 mai 2020 où je demandais à la fin : "Si quelqu'un d'entre vous a 'un demi-million d'euros (pour le nouveau bâtiment de notre Institut pour le dialogue islamo-chrétien) en trop ... alors l'argent est certainement bien investi dans la coexistence pacifique des religions' ". Eh bien, étant donné que cette personne ne s'est pas encore manifestée, notre communauté a décidé que je partirai plus tôt en congé et que j’en profiterai pour rendre visite aux organismes d´aide et aux diocèses auxquels nous avons envoyé ce projet. Ainsi, avec l'assouplissement des restrictions du Corona, à mon âge (mais vacciné), j'effectuerai ma première "tournée de quête" du 1er au 17 juin - avant de m'envoler pour Bamako le 30 juin pour y commencer mon nouveau travail.

Vous vous souvenez que l'année dernière, j'ai suivi la formation en islamologie et dialogue interreligieux à notre institut de formation islamo-chrétienne (IFIC). Après avoir obtenu une mention "très bien", mes supérieurs m’ont nommé responsable du "Centre Foi et Rencontre" (CFR). Notre objectif est de réduire les préjugés et la méfiance à l'égard des autres religions en organisant régulièrement des conférences-débats sur des sujets qui concernent aussi bien les chrétiens que les musulmans. Par exemple, le 7 novembre 2020, une bonne centaine de musulmans et de chrétiens ont assisté à la conférence sur la déclaration commune du pape et du grand imam de l'université islamique Al-Azhar du Caire sur la "Fraternité Humaine". Pour chaque sujet, nous avons un conférencier musulman et un conférencier chrétien - et grâce aux discussions qui suivent, les membres des différentes religions entrent en dialogue les uns avec les autres et échangent souvent des contacts. L'organisation de ces conférences, leur publication sous forme de brochure et leur diffusion sur la radio chrétienne font partie de mes tâches. Le 20 mars de cette année, il y avait "l'engagement des croyants en politique" et le 19 juin "la responsabilité des croyants à l'égard de la création". Mes tâches comprennent également l'accompagnement des mariages islamo-chrétiens, les contacts avec les paroisses et l'accompagnement des anciens élèves de l'IFIC qui portent désormais la flamme du dialogue interreligieux dans leurs communautés de base. Le 6 février, nous avons eu une première réunion et il était très intéressant d'entendre ce qu'ils font dans leurs communautés.

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Sur cette photo, vous pouvez voir une partie du "Centre Foi et Rencontre" et ma communauté à Bamako. J'ai essayé de voir comment une barbe plus longue m'irait, mais seuls les amis musulmans l'ont appréciée. A ma droite, le Père Basile du Togo, directeur des études de l'IFIC, le Père Pascal, directeur de l'IFIC et du CFR, et le Frère Patient du Congo, qui était déjà 15 ans au Mali, et qui a remplacé Adrien du Rwanda, comme économe de notre communauté et gestionnaire de l'IFIC et du CFR.

En février de cette année, la Conférence des évêques du Mali m'a nommé, de manière inattendue, Secrétaire général du Secrétariat pour le dialogue islamo-chrétien au Mali. Comme vous le savez, à l'heure actuelle. près des deux tiers du pays sont terrorisés par les groupes islamistes : plus de 3000 écoles (de village) sont fermées, des personnes sont kidnappées (la religieuse catholique Gloria le 7/2/2017 et en avril 2021 un journaliste français), des mines sont enterrées dans les routes, depuis 4 ans le peuple des Dogons ne peut plus cultiver les champs à cause de l´insécurité, il y a des massacres entre les Fulbe (assimilés aux djihadistes) et les Dogons (considérés par eux comme "Kufr" = infidèles).

Les communautés religieuses se replient sur elles-mêmes, les préjugés se renforcent, la méfiance grandit, la politique et l'Etat ont complètement échoué. On accorde encore un peu de confiance aux leaders religieux (à Bamako) qui se rencontrent régulièrement, s´apprécient mutuellement et lancent des appels pour la paix ... mais qu´en est-il de la base ?

 

En paraphrasant une affiche concernant le Corona " un malien - un masque ", la devise pour nous est maintenant : “une communauté (de base) chrétienne – une personne resource pour le dialogue formée à l´IFIC”. Les demandes sont nombreuses, mais le bâtiment actuel du CFR où se déroule la formation est trop petit et vétuste. La province d'Afrique de l'Ouest des Mis-sionaires d'Afrique a donc décidé de construire un centre pour le dialogue islamo-chrétien au Mali, qui abritera également le programme de formation de l'IFIC. Une structure universitaire, une cité des étudiants, une pour le staff et une chapelle sont prévues. Nous avons soumis ce projet aux organismes d´aide de l'église (MISSIO, Misereor, Kirche in Not) et à différents diocèses et lors de mes visites sur place, j'espère pouvoir les convaincre de l'importance de ce projet pour le dialogue interreligieux au niveau de toute l'Afrique de l'Ouest.

Et moi, j´en fais partie ! Alors que mes amis ici me disent qu'ils sont retraités depuis l'année dernière ou qu'ils le seront dans les prochains mois, j'ai l'impression que ce n'est que mainte-nant que ça commence vraiment pour moi. Déjà l'année dernière, en écrivant le dernier chapitre de ma monographie, sur les "Perspectives du dialogue islamo-chrétien au Mali", j'ai senti que ce travail au dialogue interreligieux me remplissait de joie et surtout donnait un sens à ma présence au Mali pour les quelque dix prochaines années. Dès mon retour en juillet, je commencerai à "réveiller" les commissions de dialogue au niveau diocésain et paroissial; une grande réunion avec l'élaboration d'un plan quadriennal est prévue pour septembre, ainsi que ma "visite inaugurale" au Haut Conseil islamique et à l'Église protestante. Je suis également impliqué dans le "Conseil interreligieux pour la paix au Mali", qui fait partie du "Conseil africain des leaders religieux" et qui est affilié à l'ONU. Avec “JISRA”, nous travaillons sur un programme pour la tolérance et la liberté religieuses - nous voulons également développer un tel programme pour les écoles ... J'ai beaucoup d'idées et je sais que je ne m'ennuierai pas.

Chers amis, je vous remercie tous pour l'intérêt que vous portez à mon travail, pour vos courriels ou Whatsapp et aussi pour le soutien financier qui m'a permis de soulager certaines difficultés en cas de maladie ou pour les frais de scolarité. Un très sincère "Vergelt's Gott" pour ceci. Que Dieu vous bénisse, nous restons unis dans la prière

Ha-Jo

Et si quelqu'un veut soutenir le projet du nouveau bâtiment de l'IFIC : Compte : Afrikamis-sionare Weisse Väter e.V. IBAN: DE 34 370200 900 00370388 BIC: HYVEDEMM429 : Objet : IFIC-Lohre

Les 25 ans du “Mouvement politique pour l’unité”: encouragements du pape – ZENIT – Francais

Le MPPU qui est né à l’initiative de Chiara Lubich (1920-2008) et du Mouvement des Focolari se définit comme « un laboratoire international de travail politique commun, qui regroupe des hommes politiques élus à différents niveaux institutionnels ou des militants de partis et de mouvements politiques divers, des diplomates, des fonctionnaires, des chercheurs en sciences politiques, des citoyens actifs, des jeunes qui s’intéressent à la vie de leur ville et aux grandes questions mondiales, et tous ceux qui désirent exercer leur droit et leur devoir de contribuer au bien commun ».

Source : Anita Bourdin, Les 25 ans du “Mouvement politique pour l’unité”: encouragements du pape – ZENIT – Francais, 02.05.21.

Face à l’islamisme, faire « le pari de l’intelligence »

Hicham Abdel Gawad et Gregory Vandamme, islamologues et doctorants à l’Université catholique de Louvain (Belgique)

Alors que le Ramadan doit se terminer jeudi 13 mai, après un mois sacré marqué notamment par l’attentat de Rambouillet, La Croix a demandé à deux chercheurs musulmans en sciences des religions ce que l’islamologie pouvait opposer au terrorisme islamiste.

  • Recueilli par Mélinée Le Priol, 

Lecture en 3 min.

Dans une tribune parue dans L’Obs, un collectif d’intellectuels musulmans condamne l’attentat de Rambouillet en s’appuyant sur des passages du Coran qui interdisent la violence, sauf en cas de légitime défense. Qu’en pensez-vous ?

Face à l’islamisme, faire « le pari de l’intelligence »

Hicham Abdel Gawad : Tout d’abord, je salue cette réaction. Car si la société n’a pas à exiger des citoyens qui se trouvent être musulmans de condamner les attentats au nom de leur seule appartenance religieuse, il me semble nécessaire que les dignitaires et responsables musulmans le fassent, systématiquement. En revanche, je crois que partir à la pêche aux versets coraniques pour affirmer que l’islam n’incite pas à la violence n’est pas une méthode valable : on pourrait tout aussi bien trouver des versets disant l’inverse ! Cette exégèse sauvage où l’on sélectionne uniquement ce qui va dans notre sens est précisément le paradigme à renverser, car elle est aussi pratiquée par les salafistes.

Estimez-vous, comme une partie des islamologues contemporains, qu’il est temps que l’islam connaisse une « crise réformiste » ?

Face à l’islamisme, faire « le pari de l’intelligence »

Gregory Vandamme : Cette idée d’une réforme de l’islam est devenue omniprésente, beaucoup de gens la réclament. Pour ma part, je ne me sens pas l’âme d’un réformateur. Je préfère parler de revivification. Sans être non plus un traditionaliste, il me semble que retourner à la tradition islamique aurait du bon. Car cette tradition, c’est avant tout l’histoire d’une longue conversation, d’un long commentaire. La pensée musulmane traditionnelle n’est que nuance. Or aujourd’hui, on ne cherche plus qu’à imposer une lecture univoque, que ce soit dans le salafisme ou dans le réformisme.

H. A. G. : Plutôt qu’attendre une réforme descendante, je préfère pour ma part remonter du bas vers le haut : par le biais de l’enseignement, donner aux jeunes musulmans des outils intellectuels qui leur permettent d’enrichir leur pensée. Si cela débouche sur une réforme à terme, tant mieux !

Quels sont ces « outils intellectuels » dont vous parlez ?

H. A. G. : Entre autres ce qu’on appelle l’approche historico-critique, que le christianisme applique à la Bible depuis environ cent cinquante ans et qui tombe aujourd’hui sous le sens pour la plupart des chrétiens. L’islam gagnerait, lui aussi, à connaître cette collaboration fructueuse entre théologiens et historiens. À défaut de dire ce qui s’est passé, elle permet du moins de mettre en lumière ce dont on sait que cela ne s’est pas passé – comme l’idée que Mohammed aurait fait lapider des gens, par exemple –, afin d’éviter aux théologiens de s’appuyer sur ces éléments improbables historiquement.

G. V. : L’approche historico-critique est bien sûr un outillage indispensable. Je ne suis d’ailleurs pas loin de penser que ce qui manque surtout à l’islam, ce sont des jésuites ! Mais cela ne suffit pas. Ce retour réflexif et critique au passé fait déjà partie de la tradition islamique. C’est elle qu’il nous faut redécouvrir, alors qu’elle fait l’objet d’une méconnaissance abyssale depuis le XIXe siècle. À cette époque, l’orientalisme colonial, les réformes modernistes importées d’Occident et la naissance du ­wahhabisme ont tous trois organisé une forme d’amnésie collective quant à la tradition antérieure.

Depuis cette grande fracture, la pensée musulmane s’est considérablement appauvrie. Elle semble désormais considérer l’islam comme un corpus de textes à la fonction normative : « Il faut », « tu dois »… Or le littéralisme prôné par les salafistes n’est bien sûr qu’une illusion, puisqu’il s’agit déjà d’une interprétation ! Dès les premiers siècles, les interprétations du Coran étaient plurielles. La vérité, c’est qu’on ne sait pas quelle est la « lettre ».

L’islam semble aujourd’hui incapable de se dégager de ce littéralisme mortifère, qui s’illustre régulièrement dans des attentats. Pourquoi ?

H. A. G. : Mettons-nous à la place d’un musulman de 17 ans qui cherche à en savoir plus sur sa religion : il aura face à lui pléthore de sites, livres et DVD salafistes, bon marché, au storytelling redoutablement efficace. Et de l’autre côté, que trouve-t-il ? Rien. Ou plutôt, si : certains disent qu’il faut inonder le « marché » avec des idées modernistes, de même que l’Arabie saoudite a inondé le marché avec ses idées salafistes dans la seconde moitié du XXe siècle. Est-ce vraiment une solution ?

Pour ma part, je préfère faire le pari de l’intelligence, car je crois qu’il y a en chaque être humain un désir de vérité. Depuis plusieurs années, je suis engagé dans un travail pédagogique exigeant, visant à former des jeunes musulmans suffisamment solides intellectuellement pour ne pas se faire avoir par n’importe quel discours.

G. V. : Entièrement d’accord. Si tout ce que l’on propose à ces jeunes, face au discours salafiste, c’est une posture réformiste relativiste et ultralibérale, on ne risque pas de les convaincre. Or c’est ce que nous voyons aujourd’hui : les justifications d’une partie de ceux qui prônent un « islam des Lumières » semblent davantage fondées sur un certain hédonisme consumériste que sur des valeurs spirituelles et religieuses. On ne peut se contenter de relativiser des questions aussi centrales pour l’islam que la révélation du Coran ou la résurrection ! Façonner ainsi un « islam sur mesure » serait du reste contraire à l’esprit des Lumières, qui n’était autre qu’une quête de l’universel.

Ramadan : « Soukeurou koor », une tradition devenue fardeau pour les Sénégalaises

Reportage 

Au Sénégal, la tradition du « soukeurou koor » (ou « sucre de Ramadan ») fait peser une pression psychologique et financière sur les femmes mariées qui l’offrent à leur belle-famille à l’occasion du mois du Ramadan. D’acte de partage, cette coutume se transforme de plus en plus en charge.

  • Clémence Cluzel (à Dakar), 

Lecture en 3 min.

Pendant le mois de Ramadan, les bonnes actions sont encouragées. Au Sénégal, il est de coutume d’offrir le « Soukeurou Koor » (ou « sucre de Ramadan ») pour aider ses proches. Cette habitude, qui relève de la tradition plus que de la religion, est particulièrement l’affaire des femmes mariées, supposées offrir un panier à leur belle-mère, mais aussi aux belles-sœurs et au beau-père.

Un budget conséquent

À l’origine, le panier était composé d’aliments pour rompre le jeûne : sucre, lait, café, dattes, d’où son nom. Mais il est devenu ces dernières années beaucoup plus onéreux. Riches tissus, vaisselle, bijoux en or, parfum ou même enveloppes d’argent, le prix des paniers varie désormais entre 10 000 et 1 millions de FCFA (entre 15 et 1 525 €) pour les ménages les plus riches. « La nouvelle génération est très matérialiste, on est dans la surenchère », déplore Fatou Diop, mère de famille.

→ CONTEXTE. Un nouveau Ramadan confiné s’ouvre pour les musulmans

Basée dans le quartier dakarois des Maristes, Rokhaya Kamara confectionne depuis trois ans des paniers soukeurou koor pour une clientèle haut-de-gamme. « J’ai fait venir des coffrets de Turquie et des produits de Dubaï pour proposer des produits originaux. Le business autour du soukeurou koor se développe car il y a une tendance aux cadeaux plus modernes et chics », détaille-t-elle en montrant les chapelets, parfum et djellabas qu’elle vend en ligne.

Pression et moqueries

Pour certaines, pouvoir offrir ces cadeaux est une fierté. Mais pour d’autres, ces sommes conséquentes sont surtout sources de stress. « Je fais des économies toute l’année et ma famille m’aide aussi », raconte Dieynaba, sage-femme de 32 ans à Malika (banlieue de Dakar). « Mais une fois, j’ai pris dans l’argent que mon mari m’avait donné pour ma formation d’infirmière. La pression est trop importante sur les femmes mariées : on préfère se priver pour avoir la paix. Certaines font même des prêts bancaires. » Sa décision a irrité son mari qui, comme beaucoup d’hommes, juge cette pratique superficielle et n’y participe pas. « Le panier c’est aussi un moyen de gagner l’affection de mes belles-sœurs qui ne voulaient pas que j’épouse leur frère », reconnait-elle. La coutume est, dans certains cas, devenue une affaire sociale, un moyen de gagner l’estime de sa belle-famille.

Les belles-mères n’hésitent pas à réclamer leur panier, sous peine de critiquer, voire rejeter, leur belle-fille, voire d’encourager leur fils à prendre une deuxième épouse ou à divorcer. Pour alléger la pression pesant sur sa fille, Fatou Diop, bénévole dans un centre de santé et commerçante à Malika, avait pris l’habitude de « mettre de l’argent de côté via des tontines », ces systèmes d’épargne communautaire.

« Mais l’année dernière, avec le Covid-19 et l’absence de rentrées d’agent, je n’ai rien pu lui donner, se désole-t-elle. Ma fille a été critiquée, on lui a dit que j’étais avare. Ses belles-sœurs se moquent d’elle : elles ne savent pas tous les efforts que je fais. » Fatou craint qu’à terme son gendre ne prenne une deuxième femme. Dans un pays où la polygamie est courante, la concurrence entre coépouses mais aussi belles-filles est rude.

Le poids des coutumes

Les difficultés économiques dues à la pandémie accroissent encore le fardeau de nombreuses Sénégalaises. Parmi les plus modestes, certaines ne donneront pas cette année, ou seulement un peu d’argent.

 REPORTAGE. À Villeurbanne, un Ramadan solidaire contre l’isolement et la précarité

Si la pratique est très ancrée, une partie des femmes refuse désormais de s’en acquitter, avec le souci de ne pas accentuer les différences entre elles. Dans la tradition musulmane, « tu ne dois pas imposer à celui qui ne peut pas », rappellent-elles. « Je préfère donner aux pauvres de la nourriture que le donner à ma belle-famille qui n’en a pas besoin », tranche ainsi Aïcha. « Cette pratique n’est pas inscrite dans la religion, mais malheureusement ici on est dominé par les traditions et les coutumes. »

 

La Grande Mosquée de Paris lance un certificat en finance islamique |Saphir News

L’Institut Al-Ghazali de la Grande Mosquée de Paris a annoncé, jeudi 8 avril, quelques jours avant le mois du Ramadan, le lancement au mois de mai d’un nouveau certificat de la finance islamique destiné au grand public.

La finance islamique est un compartiment de la finance éthique. Elle recouvre l’ensemble des transactions et produits financiers conformes à l’éthique islamique, qui repose sur cinq piliers : l’interdiction de l’intérêt ; l’adossement exclusif à l’économie réelle et tangible ; l’exclusion de certains secteurs d’investissement jugés nocifs à la vie humaine tels que par exemple le tabac, l’alcool, la pornographie et les jeux d’argent ; la prohibition de la spéculation hasardeuse et de la réalisation d’investissements aléatoires et incertains ; et enfin, la redistribution sociale et solidaire.

Dans le monde, l’industrie financière islamique a connu une croissance de 525,75 % entre 2006 et 2019, passant de 462 milliards en 2006 à 2429 milliards de dollars d’actifs en 2019.

Lire la suite : La Grande Mosquée de Paris lance un certificat en finance islamique, Ezzedine Glamallah, Saphir News, 22.04.21