Dialogue interreligieux

« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)

« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)

« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)

Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.

Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.

Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.

Dissout en France, le Collectif contre l’islamophobie se reconstitue en Belgique

La dissolution du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), actée en décembre 2020, a été confirmée par le Conseil d’Etat, apprend-t-on vendredi 24 septembre par l’association, reconstituée en Belgique sous le nom du Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE).

Lina Farelli: La dissolution du Collectif contre l’islamophobie en France et de BarakaCity confirmée par le Conseil d’Etat, Saphir News, 24.09.21

Voir aussi: Ce que dit le décret de dissolution du CCIF, ce que l’association contre l’islamophobie répond

 

Belgique : les actes islamophobes en baisse en 2020 mais « une réalité très préoccupante» |SaphirNews

Le CIIB [Collectif pour l’inclusion et contre l’islamophobie en Belgique] a enregistré 48 actes antimusulmans en 2020 contre 79 en 2019 ; une baisse que l’association, créée en 2014, attribue à la limitation des interactions sociales liée à l’épidémie de la Covid19, qui se traduit de facto par une diminution du nombre de signalements et de dossiers.

« La crise du Covid a eu des effets de transfert perceptibles : il y a eu d’une part une diminution des actes islamophobes à travers des relations interpersonnelles ; ceux-ci étant liés à la diminution des contacts réels entre les gens », explique l’association. En revanche, « la haine islamophobe a augmenté dans l’espace virtuel d’Internet avec des propos incitant à la haine et des menaces ». 44 % des dossiers (21) sont ainsi relatifs à des menaces et à des propos incitant à la haine via la Toile.

Rédigé par Lina Farelli pour SaphirNews, 22.09.21

Le rapport: https://ccib-ctib.be/wp-content/uploads/2021/09/20210921_RAPPORT_CHIFFRES_CIIB_2020.pdf Il est intéressant de consulter la liste des 48 dossiers d’islamophobie pour 2020.

En Autriche, 665 000 enfants dans l'enseignement religieux des églises

Le Conseil œcuménique des Églises en Autriche a souligné l'importance de l'éducation religieuse dans une déclaration publiée par son conseil d'administration, se félicitant de l'introduction de cours d'éthique pour tous les élèves qui ne suivent pas un enseignement religieux confessionnel dans le pays.

À l'avenir, cela permettra de s'assurer que ces enfants et ces jeunes abordent également les questions éthiques de manière structurée à l'école, indique le communiqué du conseil œcuménique des Églises autrichiennes (COE). Le comité de direction du Conseil espère que les deux sujets bénéficieront de conditions équitables dans la pratique.

Selon l’institution, environ 665 000 enfants et jeunes suivent des cours d'éducation religieuse dans le pays. Bien entendu, l'éthique et la religion ne sont pas opposées. «Les aspects éthiques sont une partie fondamentale de la religion, car ils traitent des questions de coexistence sociale, de paix, de justice, de responsabilité envers la création ou des droits de l'homme», relève le Conseil œcuménique. 

«C'est pourquoi l'éthique a toujours été et est toujours une partie essentielle de l'éducation religieuse. Les professeurs de religion agissent de manière transparente sur la base de leur foi personnelle et de l'église ou des églises au nom desquelles ils enseignent», poursuit l’organisme.

586 000 élèves suivent un enseignement catholique

Dans un aperçu en ligne, le COE a publié des chiffres sur l'éducation religieuse dans les églises. Environ 586 000 élèves participent à l'enseignement religieux catholique en Autriche. Cela représente plus de 91 % de l'ensemble des élèves catholiques du pays. En outre, environ 25 000 élèves sans confession religieuse suivent un enseignement religieux catholique sur une base volontaire.

Orthodoxes, protestants et orientaux 

Environ 35 000 élèves suivent une instruction religieuse protestante. L'enseignement religieux orthodoxe est suivi par environ 15 200 enfants et jeunes. En Autriche, sept églises orthodoxes ont établi des structures: l'église orthodoxe grecque (patriarcat œcuménique), le patriarcat d'Antioche, les églises orthodoxe russe, orthodoxe serbe, orthodoxe roumaine, orthodoxe bulgare et orthodoxe géorgienne. Les élèves comme les enseignants appartiennent à l'une de ces sept églises orthodoxes indépendantes ou autres, mais il n'y a qu'un seul enseignement commun.

Un enseignement religieux est également proposé par les églises orthodoxes orientales d'Autriche: l'Église copte orthodoxe, l'Église syrienne orthodoxe et l'Église apostolique arménienne comptent ensemble plus de 1 000 élèves.

Près de 2 070 élèves suivent l'enseignement religieux des églises libres légalement reconnues (Union des églises baptistes, Union des églises évangéliques, églises chrétiennes Elaia, église chrétienne libre - église pentecôtiste et église libre mennonite).

270 enfants et jeunes suivent une instruction religieuse dans l'Église néo-apostolique. L'Église néo-apostolique est membre du Conseil œcuménique des Églises depuis le printemps 2021.

Selon le COE, les chiffres sont ceux de la dernière année scolaire. Les données pour l'année scolaire 2021/22 en cours seront connues dans quelques semaines.

 

Vingt ans après le 11 Septembre, une conversation avec le professeur afghan Mohammad Hashim Kamali, spécialiste influent de droit islamique | Oasis

Né en Afghanistan, Mohammad Hashim Kamali a passé sa licence à l’Université de Kaboul, puis a poursuivi ses études à l’Université de Londres, obtenant un doctorat en Droit islamique et du Moyen-Orient. Après avoir enseigné au Canada, il s’est transféré en Malaisie, où il a obtenu une chaire de professeur de droit islamique à l’université islamique internationale de Kuala Lumpur, et où il a fondé l’Institut International d’Etudes Islamiques Avancées, qu’il dirige encore actuellement. Spécialiste reconnu de droit comparé, et auteur de nombreuses publications, il figure depuis plusieurs années régulièrement sur la liste des 500 musulmans les plus influents du monde, élaborée par le Centre Royal d’Etudes Stratégiques Islamiques d’Amman. Nous lui avons demandé son opinion sur les anniversaires du 11 Septembre, sur le retour du gouvernement taliban à Kaboul, et sur le dialogue interreligieux.

Interview recueillie par Michele Brignone à lire sur Oasis, 28.09.21https://www.oasiscenter.eu/fr/interview-mohammad-hashim-kamali-contre-les-extremismes

France – Chems-eddine Hafiz : « Il n’y a pas d’islamiste modéré » 

Mis à jour le 25 septembre 2021 à 16:22


Chems-eddine Hafiz, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, en mars 2021.

L’ACTU VUE PAR. Chaque samedi, « Jeune Afrique » invite une personnalité à livrer son regard sur un événement de l’actualité du continent. Chems-eddine Hafiz a pris en 2020 la tête de la Grande Mosquée de Paris. Il condamne sans détour et dans son ensemble l’islam politique.

Conseiller pendant vingt ans de l’ancien recteur de la Grande Mosquée de Paris (GMP) Dalil Boubakeur, le Franco-Algérien Chems-eddine Hafiz a pris en janvier 2020 la tête de la GMP.

Depuis, cet avocat fait trembler l’arène communautaire, « gelant tous les contacts » avec sa composante islamiste en décembre 2020, annonçant en mars 2021 le retrait de la GMP du bureau exécutif du Conseil français du culte musulman (CFCM) ou encore recevant en juillet 2021 la blasphématrice Milla pour lui offrir un Coran. Plaideur et prêcheur, il publie en cette rentrée un Manifeste contre le terrorisme islamiste (paru aux éditions Erick Bonnier ce 16 septembre – 82 pages, 9 euros) où il condamne sans détour l’ensemble de l’islam politique.

SANS ENTRAVES, L’APPLICATION DE L’ISLAMISME, C’EST LES TALIBANS

Jeune Afrique : Vous désignez l’islamisme comme le fléau de l’islam, mais au Maroc, les islamistes du PJD [Parti de la justice et du développement] ont montré leur aptitude à s’intégrer au jeu politique en acceptant leur défaite aux législatives de septembre…

Chems-eddine Hafiz : L’exception marocaine tient au fait que le souverain est le Commandeur des croyants. Les islamistes sont défavorablement concurrencés par cette légitimité. En outre, ayant pris acte de la victoire parlementaire du PJD [en 2011], le roi a maintenu ses prérogatives, notamment régaliennes.

En Tunisie, les islamistes n’avaient pas les coudées franches et en Égypte, Morsi n’a pu aller jusqu’au bout de sa logique. Mais, sans entraves, l’application de l’islamisme, c’est les talibans. L’Algérie a eu l’exemple du Front islamique du salut (FIS) qui, en 1991, allait instaurer une charia dans sa conception la plus stricte.

Il ne peut donc y avoir, selon vous, un islam politique modéré ? 

Il n’y a pas de modérés en islamisme, comme il n’y a pas de musulmans modérés : il y a des musulmans, comme moi, et il y a l’islamiste, qui va instrumentaliser la religion à des fins de pouvoir. Après le 11-Septembre, ce sont les islamistes qui ont établi les normes du bon et du mauvais musulman, que je suis à leurs yeux. Alors que les valeurs de l’islam sont l’éthique, la bienveillance, l’humilité et la compassion, l’islamiste, lui, estime être seul dans le vrai, et place son projet de pouvoir au-dessus de tout. C’est une approche totalitaire.

Vos relations avec le Conseil français du culte musulman [CFCM] présidé par Mohammed Moussaoui sont très houleuses depuis un an. Gardez-vous le contact avec lui ?

Non, il n’y a plus de contact. Mohammed Moussaoui est un acteur de l’islam de France, il a joué un rôle que je ne conteste pas et je n’ai aucune animosité envers lui, contrairement à ce que l’on peut dire. Mais je considère que le CFCM, tel qu’il est aujourd’hui organisé, a terminé sa mission. On a voulu nous ranger tous derrière une même bannière – et j’en veux aux pouvoirs publics, non à Mohammed Moussaoui – mais face aux grands défis qui se posent, on ne peut plus rester dans une organisation de ce type. Je veux que la pensée de la Grande Mosquée de Paris, qui a sa particularité, son identité et une longue histoire en France, puisse s’affirmer et s’exprimer librement.

La rupture entre la GMP sous rectorat algérien et le CFCM sous présidence marocaine serait-elle l’écho de la crise algéro-marocaine ? 

Nous sommes tous frères en islam. Lorsque l’on est au minbar, on ne demande à personne son passeport. Je ne veux pas importer ce type de problème, bien au contraire, et nos diasporas doivent montrer l’exemple de la fraternité.

Certains soulignent que je suis l’avocat du Polisario, mais il ne faut pas exagérer : j’ai défendu une foule de personnes, dont le Polisario, pendant six mois. Je ne veux pas tomber dans ces polémiques. Nous sommes dans le domaine religieux, nous devons y rester.

Vous dénoncez dans votre manifeste l’Arabie saoudite, mais ses autorités promeuvent une interprétation éclairée de l’islam depuis l’arrivée au pouvoir du prince Mohammed Ben Salman

Ce ne sont que des paroles, je ne m’y fie pas du tout. Par exemple, l’autorisation accordée aux femmes de conduire ne l’est qu’à certaines conditions drastiques. Je comprends les particularités de l’Arabie et n’ai pas de procès à lui faire. Le problème est que les États-Unis n’ont considéré le monde musulman qu’à travers deux critères : la sécurité et le pétrole. Ils ont choisi l’Arabie saoudite comme leader du monde sunnite, faisant du wahhabisme, l’islam le plus rigoriste, sa référence religieuse.

LE FAIT DE VOULOIR NOUS DÉFENDRE NOUS INFANTILISE, CE QUE JE TROUVE INSUPPORTABLE

En France, certains – militants, politiques, analystes et observateurs classés à gauche – défendent, contre votre point de vue, la capacité des islamistes à être des acteurs politiques respectueux de la démocratie. Ils sont parfois qualifiés d’« islamo-gauchistes » par leurs détracteurs. Reprenez-vous ce terme à votre compte ?

Je n’aime pas trop ce genre de concept essentialisant mais, effectivement, une partie de la gauche française considère que son combat est aujourd’hui de défendre les musulmans, comme elle avait défendu à une époque l’indépendance des pays colonisés par la France. On a l’impression que certains y voient une mission presque mystique, mais ils ne se rendent pas compte – au-delà de leur erreur sur la nature de l’islam politique – que le fait de vouloir nous défendre nous infantilise, ce que je trouve insupportable.

Vous contestez l’existence même d’une islamophobie…

On m’a attaqué parce que je n’aime pas ce terme, mais il prête à discussion et je n’aime pas les ambiguïtés. On y trouve notamment la dénonciation de la critique de l’islam alors que nous sommes, en France, dans un pays où l’on peut critiquer toutes les religions sans problème. Il faut aussi arrêter de l’invoquer pour parler d’un racisme d’État qui n’existe pas en France : il n’y a aucune volonté de discriminer ou de mettre de côté une communauté. J’ai entendu des gens dire que la justice est islamophobe, il faut arrêter !

Il y a cependant des actes antimusulmans, leur taux augmente et il serait idiot de ne pas le voir et de ne pas le déplorer. Mais la grande majorité des musulmans qui vivent en France sont heureux de vivre dans un État de droit, une démocratie. Il faut que tous les musulmans s’approprient cette citoyenneté.

En même temps, il ne faut pas imaginer que les autres citoyens ne nous aiment pas pour ce que nous sommes. Ils ne connaissent notre religion qu’à travers des actes terroristes. Nous devons faire l’effort de leur donner les explications nécessaires, d’éclairer sur notre religion, ce à quoi je tente de contribuer.

LE SÉPARATISME ISLAMISTE EXISTE DANS DE NOMBREUX QUARTIERS

Vous considérez qu’il existe un « séparatisme » en France, à l’unisson du président Macron et du ministre de l’Intérieur chargé des cultes, Gérald Darmanin. Vos adversaires vous le reprochent, vous accusant de servir de caution à un discours droitier. Que répondez-vous ?

On me dit la caution de Darmanin, mais ça ne m’intéresse pas. Je sais une chose : le séparatisme islamiste existe dans de nombreux quartiers où des populations vivent tout à fait en dehors de la société française. Cette ghettoïsation trahit l’échec total des politiques de la ville et celui de l’école, certes. Mais elle se conjugue avec l’importation de courants islamistes qui, dévoyant le discours coranique, dénoncent par exemple la laïcité comme une arme dirigée par l’État contre les musulmans et créent ce séparatisme de valeurs. Alors qu’en mettant tous les cultes à égalité et à équidistance des pouvoirs publics, la laïcité représente au contraire une chance pour l’islam.

Voyage du pape : les messages de François à toute l’Europe |La Croix Africa

En Hongrie et en Slovaquie, d’où il doit rentrer mercredi 15 septembre, François a encouragé pendant quatre jours l’Église à l’inventivité et à l’audace.

Qu’est donc venu faire le pape en Europe centrale ? À ceux qui se posaient il y a quelques jours encore cette question, François a donné une réponse claire. En quatre jours, du 12 au 15 septembre, le pape a en fait parlé à l’Europe, depuis son cœur géographique.

Ce fut en particulier le cas en Slovaquie : à Bratislava, Bresov et Kosice, il a plusieurs fois présenté le pays, séparé il y a 20 ans de son voisin tchèque, tel un pont entre les Latins et les Orientaux, mais aussi comme un pays où cohabitent différentes communautés. Ainsi, c’est d’ici qu’il a exhorté les différentes communautés (juifs et catholiques, latins et orientaux, catholiques et orthodoxes) à collaborer au nom d’une fraternité commune.

Convaincu depuis des années qu’il faut s’adresser au centre depuis les « périphéries », c’est donc en Slovaquie que François a parlé à la vieille Europe, en adressant depuis Bratislava aux catholiques de ces pays déchristianisés. Un message indispensable aux yeux du pape, qui voit l’Église d’Europe, comme le rapporte l’un de ses proches, comme un ensemble de structures hiérarchisées manquant parfois d’audace.

Lire la suite: Loup Besmond de Senneville, La Croix Africa, 16.09.21