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Nombre de lits de réanimation et de respirateurs : où en est l’Afrique ?

| Par - avec Baudelaire Mieu à Abidjan, Manon Laplace à Dakar, Frida Dahmani à Tunis et Fahd Iraqi à Rabat
A l'entrée de l'hôpital Tygerberg, à Cape Town, en AFrique du Sud, le 6 avril 2020.

A l'entrée de l'hôpital Tygerberg, à Cape Town, en AFrique du Sud, le 6 avril 2020. © Nardus Engelbrecht/AP/SIPA

Nécessaires pour traiter les patients les plus sévèrement atteints par le Covid-19, les lits de réanimation et les respirateurs manquent en Afrique. Le point sur le matériel disponible et sur la réalité des besoins.

C’est la grande question que se posent tous les spécialistes de la pandémie de coronavirus, et elle est particulièrement d’actualité en Afrique où le nombre de malades est encore limité, mais où les systèmes de santé comptent parmi les plus fragiles. Combien chaque pays possède-t-il de lits de réanimation, combien de respirateurs ?

Les lits de réanimation, explique le Dr Moumouni Kinda, directeur des opérations de l’organisation non gouvernementale ALIMA, qui est notamment intervenue pour soigner des malades atteints de la fièvre Ebola, sont des unités « de soins spécialisés qui ont pour but de suppléer à une défaillance vitale d’un ou de plusieurs organes de l’organisme ».

Quant aux respirateurs, ils sont utilisés lorsque la défaillance évoquée est d’ordre respiratoire, « ce qui est en général le cas avec le Covid-19 », poursuit le médecin.

En théorie, il devrait être facile de savoir combien de ces matériels sont opérationnels pays par pays. En réalité – et la directrice régionale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en Afrique, Matshidiso Moeti, l’a déploré publiquement la semaine dernière – , il est très difficile d’obtenir ces informations, même pour les grandes agences internationales.

Jeune Afrique a toutefois pu recueillir des données pour certains pays. Des informations qui sont cependant parfois parcellaires, et pas toujours confirmées officiellement.

Combien de lits de réanimation ?

Si l’on s’en tient aux nombre de lits de réanimation, voici les chiffres disponibles par pays :

– 15 au Burkina Faso (dont 8 pour le seul CHU de Tengandogo).
– 15 en Somalie.
– 20 en République du Congo.
– 22 au Gabon.
– 25 au Malawi.
– 40 au Mali.
– 50 en RDC.
– 55 en Ouganda.
– 130 au Kenya.
– 359 au Sénégal (dont 56 à Dakar).
– 450 à 500 en Tunisie.
– 1 000 en Afrique du Sud (dont une bonne partie au sein des établissements du groupe privé Netcare).
– 2 500 en Algérie (mais beaucoup jugent ce chiffre très optimiste et parlent de quelques centaines).
– 3 000 au Maroc.

Des chiffres pas toujours confirmées par les autorités ou, à l’inverse, annoncés officiellement mais probablement surévalués et ne prenant pas en compte le fait que certains de ces équipements, s’ils existent, ne sont pas forcément en état de fonctionner.

Combien de respirateurs ?

Pour ce qui est des respirateurs, un récent article paru dans le Financial Times assurait qu’il n’y en avait qu’un pour toute la Sierra Leone. Pour les autres pays, les chiffres sont les suivants :

– 3 en République centrafricaine.
– 4 au Togo (où 250 appareils sont en commande).
– 5 au Niger.
– 10 en République du Congo.
– 11 au Burkina Faso.
– 15 à 20 au Cameroun.
– 20 en Côte d’Ivoire (où 18 ont été commandés début avril).
– 28 au Sénégal.
– 56 au Mali (15 dans le privé, 41 dans les hôpitaux publics, et 60 autres en commande auprès du fournisseur chinois Mindray).
– 60 en Tanzanie.
– 400 à 500 appareils au Nigeria (mais les plus pessimistes en évoquent seulement 169).
– 2 500 en Algérie, selon les autorités, qui tentent actuellement de mettre sur pieds une filière de fabrication locale.
– 3 000 au Maroc, où les autorités sont engagées dans la même démarche et annoncent 500 nouvelles unités produites dès la semaine prochaine.
– 6 000 en Afrique du Sud, dont 4000 dans les établissements privés.

Comment évaluer les besoins ?

Ces valeurs, toutefois, n’ont de sens que si on les compare à la taille de la population de chaque pays. Et bien entendu, ces matériels ne sont nécessaires que pour une faible proportion des malades atteints du coronavirus.

Traditionnellement, les médecins calculent que le nombre de lits de réanimations disponibles doit être égal à 19 % du total des personnes malades au plus fort de la pandémie. Ce qui correspond à la proportion moyenne de cas « sévères » pouvant nécessiter le placement en réanimation et/ou sous assistance respiratoire.

On en déduit la notion de « seuil critique », c’est-à-dire le nombre total de patients infectés au-delà duquel le système de santé sera submergé.

En se basant sur les nombres de lits annoncés ici, le seuil critique est de 79 au Burkina Faso, mais de 15 789 au Maroc.

Le Dr Kinda valide ce calcul, mais tient à le nuancer : « Nous ne savons pas vraiment quels vont être les chiffres en Afrique. S’il y a des hypothèses tablant sur moins de cas sévères du fait de la jeunesse de la population, il est tout aussi légitime de penser qu’il pourrait y avoir plus de cas que dans les pays développés du fait d’une vulnérabilité plus grande de la population dans les pays pauvres. »

Le nombre de personnes qualifiées compte autant que le matériel

De plus, le matériel n’est pas seul en cause, rappelle le médecin. Le problème tient aussi au personnel disponible et formé : « Il ne faut pas se baser uniquement sur le nombre de lits de réanimation. Le nombre de personnes qualifiées pour assurer de bons soins de réanimation compte tout autant, et en général il s’agit d’équipes pluridisciplinaires. Dans beaucoup de pays, les mêmes équipes sont parfois utilisées dans plusieurs structures de soins, ce qui est un facteur limitant si on augmente le nombre de lits sans renforcer les ressources humaines. »

Ces chiffres sont-ils inquiétants ?

L’Afrique est, globalement, sous-équipée, et effectivement il y a de quoi s’en inquiéter. Surtout dans un contexte où d’autres grands pays, États-Unis en tête, vont se lancer dans la surenchère pour obtenir le plus grand nombre de respirateurs possible sur les marchés internationaux.

Les pays avec des ressources limitées doivent prendre de l’avance

L’avantage du continent réside dans le fait que la pandémie de coronavirus n’y flambe pas encore et que comme le répètent les spécialistes, notamment ceux de l’OMS et des Nations unies, il est encore temps de prendre des mesures de prévention qui éviteront, demain, une explosion du nombre de malades et des mesures de restriction très dures.

« Il est vraiment utile pour les pays avec des ressources limitées de prendre de l’avance et d’éviter justement qu’il n’y ait énormément de cas qui aient besoin de soins lourds de réanimation, martèle donc le Dr Kinda. Le débat sur le nombre de lits de réanimation se justifie en raison du contexte de panique générale, mais plus largement, c’est de l’adéquation des ressources mobilisées pour chaque pays que nous devons parler. Très clairement nous avons vu l’ensemble du système de soins des pays développés être dépassés par cette pandémie. Donc je peux confirmer que la situation dans les pays africains est inquiétante car les ressources en générale sont insuffisantes, celles en réanimation en particulier. Cette crise est une occasion pour l’ensemble des pays de reconsidérer, certainement à la hausse, les ressources allouées à la santé. »

Plus que jamais, l’heure est donc aux tests, aux mesures barrière, au respect des distances, au port du masque et, surtout, à la prise en charge précoce de tous les cas identifiés. Leur nombre encore relativement réduit le permet encore, mais cela risque de ne pas durer.

 
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Biya, Ouattara, Tshisekedi… Comment les présidents africains se protègent du coronavirus

| Par Jeune Afrique
Alassane Ouattara, Félix Tshisekedi, Denis Sassou Nguess, Alpha Condé, IBK, Paul Kagame,  Mohamed Ould Ghazouani, Macky Sall, Ali Bongo, Paul Biya.

Alors que l’épidémie de Covid-19 s’étend sur le continent, les chefs d’État africains veillent scrupuleusement à se protéger du virus. Dans les palais présidentiels, de nombreuses dispositions ont été prises afin d’assurer leur sécurité personnelle, ainsi que celle de leurs collaborateurs. 

Seuls quelques rares privilégiés peuvent encore s’entretenir avec eux. Comment accède-t-on désormais à Paul Biya, Alassane Ouattara, Ali Bongo Ondimba, Denis Sassou Nguesso, Alpha Condé, Ibrahim Boubacar Keïta, Paul Kagame, Mohamed Ould Ghazouani ou encore Macky Sall ?

• Paul Biya

La dernière apparition publique du président camerounais date du 11 mars. Il recevait alors à son bureau du palais d’Etoudi Peter Henry Barlerin, l’ambassadeur des États-Unis au Cameroun.

Contrairement à la grande majorité des autres chefs d’État de la région, Paul Biya ne s’est pas adressé à ses compatriotes pour annoncer les mesures de lutte contre l’épidémie. Seuls le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, et le ministre de la Santé, Malachie Manaouda, communiquent sur la crise sanitaire.

Son absence suscite d’ailleurs des critiques de l’opposition et des rumeurs alarmistes sur son état de santé. Mais, selon nos informations, le président camerounais n’est pas positif au Covid-19.

Pour éviter toute contamination, il s’est d’ailleurs retiré à Mvomeka’a, son village natal, situé à 180 kilomètres au sud de Yaoundé. Calfeutré dans sa résidence, il n’accorde quasiment pas d’audiences liées au travail et ne voit qu’une poignée de personnes.

Il parle à son fidèle conseiller spécial, le contre-amiral Joseph Fouda. Il reçoit également le directeur du cabinet civil, Samuel Mvondo Ayolo, tandis que son aide de camp, le chef d’escadron Mike Davy Ottou Meka, se tient à disposition. Le personnel non essentiel n’est plus admis dans sa résidence, qui surplombe une colline du village. Quant au gouvernement, il attend les « hautes instructions » pour agir.

• Alassane Ouattara 

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Le président Alassane Ouattara, lors du Conseil national de sécurité, le 16 mars 2020. © DR / Présidence de la république Côte d’Ivoire

Depuis le début de la crise du coronavirus, il n’a effectué que deux apparitions publiques

Depuis la fin de mars, le président ivoirien vit entre sa résidence d’Abidjan et sa maison de vacances d’Assinie, où il s’est confiné plusieurs jours.

Dans cette station balnéaire, le maire, Hippolyte Ebagnitchie, a pris un arrêté pour ordonner la fermeture des complexes hôteliers et des lieux de loisirs.

Alassane Ouattara (ADO) est en contact permanent avec Patrick Achi, le secrétaire général de la présidence, qui gère les affaires courantes, ainsi qu’avec son directeur de cabinet Fidèle Sarassoro, le ministre de la Défense Hamed Bakayoko (qui assume l’intérim du Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, actuellement confiné), et Masséré Touré, la directrice de la communication de la présidence.

ADO échange par courriels avec les membres du gouvernement. Depuis le début de la crise du coronavirus, il n’a effectué que deux apparitions publiques : la première lors d’un Conseil national de sécurité, le 16 mars, et la seconde lors de son adresse à la nation, le 23.

• Félix Tshisekedi 

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Le président Félix Tshisekedi, lors d'une réunion de crise sur la cornavirus, le 28 mars 2020, à la présidence. © Présidence RDC

Tshisekedi est particulièrement précautionneux, son entourage ayant été directement affecté

À la Cité de l’Union africaine, les bureaux du chef de l’État congolais, ainsi que ceux de son Premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, sont régulièrement désinfectés. Certains des collaborateurs directs de Félix Tshisekedi ou de la première dame, Denise Nyakeru, n’ont plus accès à eux, sauf à la demande du couple présidentiel. Et chaque visiteur est soumis à une prise de température.

Seuls Vital Kamerhe, le directeur de cabinet de « Fatshi », François Beya, son conseiller sécurité, ainsi que ses assistants personnels Michée Mulumba et Lina Muvaro bénéficient encore d’un accès privilégié. Kamerhe s’est retiré dans sa résidence de N’sele, en périphérie de Kinshasa, et n’en sort que pour se rendre à la présidence.

Tshisekedi est particulièrement précautionneux, son entourage ayant été directement affecté par le coronavirus. Jacques Ilunga, son chargé de mission, est en effet décédé le 27 mars, tandis que son conseiller spécial, Vidiye Tshimanga, est sous traitement.

De son côté, Joseph Kabila vit entre sa ferme de Kingakati et sa résidence officielle de GLM. Là encore, les visites auprès de l’ex-président ont été fortement réduites.

• Ali Bongo Ondimba 

Le personnel non essentiel de la présidence gabonaise a été mis en télétravail, et le Palais du bord de mer fonctionne donc avec un effectif réduit sur place et grâce aux échanges par réseaux (Google Meet pour les réunions, WhatsApp, Telegram, etc.). Pour les présents, un premier contrôle de température, est effectué à l’entrée, puis un autre a lieu à l’étage, où se trouvent les bureaux du président gabonais.

Ali Bongo Ondimba (ABO) se rend encore régulièrement sur place, tout en se réservant la possibilité de piloter le travail de ses collaborateurs à distance depuis sa résidence privée de La Sablière, au nord de Libreville. Outre les gestes barrières classiques (désinfection régulière, absence de saluts, etc.) mis en place depuis plusieurs semaines, les Conseils des ministres n’auront lieu que « si nécessaire » et avec un espacement suffisant entre les ministres.

ABO a récemment mis en place des réunions en visioconférence avec le Premier ministre, Julien Nkoghe Bekale, et ses propres conseillers afin d’assurer la continuité des tâches quotidiennes, essentiellement économiques. Seules les réunions regroupant moins de dix personnes et étant jugées indispensables se tiennent encore, avec une distance de sécurité entre les participants.

• Denis Sassou Nguesso 

Rentré d’Oyo l’avant-veille, le président congolais a présidé le 27 mars à Brazzaville un Conseil des ministres auquel tous les membres du gouvernement – ainsi que lui-même – ont assisté avec un masque de protection. Une distance de 1 mètre séparait chaque participant.

Les audiences au Palais du Plateau ont été considérablement réduites, et de strictes mesures de prophylaxie entourent Denis Sassou Nguesso (DSN) et son épouse, Antoinette Sassou Nguesso.

DSN, qui s’est adressé à la nation le 28 mars pour annoncer un confinement général assorti d’un couvre-feu dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, gère la crise en contact permanent avec son ministre directeur de cabinet Florent Ntsiba et le Premier ministre Clément Mouamba, lequel dirige la « task force » de riposte à l’épidémie. Par mesure de précaution, son entourage ainsi que les membres du personnel et de la sécurité de la présidence ont tous été testés (négatifs) au Covid-19.

• Alpha Condé 

Le dispositif mis en place au palais Sékhoutouréya lors de l’épidémie d’Ebola (entre 2014 et 2016), et qui avait été allégé depuis, a été renforcé. Gel hydroalcoolique et prise de température sont obligatoires dès l’entrée.

Pour le reste, le président guinéen, qui est intervenu le 26 mars à la télévision pour annoncer l’état d’urgence sanitaire, la fermeture des frontières et d’autres mesures contraignantes, ne serre plus la main de ses interlocuteurs et ne tient plus de Conseil des ministres dans la petite salle du Palais réservée à cet effet.

Le secrétaire général de la présidence Kiridi Bangoura, le directeur de cabinet Kalil Kaba, le directeur du protocole Mamady Sinkoun Kaba, et l’assistant personnel du chef de l’État, Mohamed Lamine Condé (Comolan), figurent parmi les quelques collaborateurs à être en contact quotidien avec Alpha Condé. Lequel a dû par ailleurs considérablement réduire le nombre de ses audiences.

• Ibrahim Boubacar Keïta 

Le président malien évite au maximum le contact avec les objets. Ses téléphones sont désinfectés plusieurs fois par jour. Il en est de même pour les dossiers, avant qu’ils arrivent sur son bureau – des documents qu’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) ne consulte ensuite qu’avec des gants.

Afin de davantage le protéger contre le coronavirus, plusieurs mesures ont par ailleurs été prises à Koulouba, où beaucoup de collaborateurs sont en télétravail. Seuls une dizaine de membres du gouvernement sont désormais conviés au Conseil des ministres, selon les dossiers à traiter en priorité. Chacun doit alors se laver les mains, d’abord au savon, puis au gel hydroalcoolique, avant d’entrer dans la salle. IBK ne leur tend plus la main et se tient à distance de 1 mètre. Il ne reçoit plus, en privé, que son Premier ministre, Boubou Cissé, et d’autres membres du gouvernement, selon l’urgence.

• Paul Kagame

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Paul Kagame, lors d'une réunion sur les mesures de prévention face au Covid-19, le 1er avril 2020. © Présidence rwandaise

 

Le président rwandais continue à organiser des réunions, en personne (en respectant la distanciation sociale) et par visioconférence.

Un comité de pilotage de lutte contre le Covid-19 est présidé par le Premier ministre, Édouard Ngirente. Cette « task force » supervise 24 h/24 un centre de commandement à Kigali, dirigé par le ministre de la Santé, Daniel Ngamije, qui surveille et gère la pandémie au Rwanda.

• Mohamed Ould Ghazouani 

S’il n’a pas annulé ses audiences, le président mauritanien les a en revanche réduites à ses proches collaborateurs, et au strict nécessaire.

Ses visiteurs doivent non seulement porter un masque et des gants, mais aussi se laver les mains avec un gel hydroalcoolique qui a été déposé à l’entrée de son bureau. Après le couvre-feu instauré à 18 heures, Mohamed Ould Ghazouani ne reçoit plus ni à la présidence ni à la « maison », sauf en cas d’impératif. Il continue néanmoins de présider le Conseil des ministres.

• Macky Sall

Au palais présidentiel de Dakar, les horaires de travail ont été limitées – entre 9 heures et 15 heures, en alternance pour ceux qui partagent un bureau. Si les conseillers du président sénégalais ont encore accès au palais, leurs assistants, eux, ont été renvoyés chez eux.

Le travail est échangé par WhatsApp, Skype ou par mail, et l’essentiel des réunions en face à face ont été annulées. Parmi les rares collaborateurs de Macky Sall qui ont encore accès au bureau présidentiel figurent son directeur de cabinet Augustin Tine, le secrétaire général de la présidence Mahammed Boun Abdallah Dionne, ou encore le porte-parole du gouvernement, Seydou Gueye.

Le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, est encore parfois reçu, même si l’essentiel des audiences ministérielles se fait par téléphone. Le Conseil des ministres, lui, se tient désormais par visioconférence.

Des bouteilles de gel hydroalcoolique et parfois même des distributeurs équipés de détecteurs de mouvements ont par ailleurs été installés dans des couloirs afin d’éviter la contamination par le toucher.

La prise de température a été systématisée à l’arrivée au palais, et les bureaux sont régulièrement désinfectés. À chacune des entrées, un lavabo activable avec le genou a été installé, ainsi que des souffleurs pour éviter les essuie-mains.

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Coronavirus : le sommet Afrique-France reporté  

| Par Jeune Afrique
Le président français Emmanuel Macron, le 24 mars 2020.

En raison de la propagation de l’épidémie de coronavirus, l’organisation du sommet Afrique-France, prévu par l’Élysée en juin, a été différée.

La décision de reporter le sommet Afrique-France, initialement prévu du 4 au 6 juin à Bordeaux (sud-ouest de la France), a été actée. Selon une source à l’Élysée, « il n’est plus concevable d’organiser des événements de cette ampleur en juin ».

Calendrier en discussion

Cette nouvelle n’a pas encore été officialisée, et les différentes délégations – 54 chefs d’État ou de gouvernement sont invités – n’ont pas encore été informées.

En effet, si le choix de la capitale girondine demeure inchangé, le calendrier est encore en discussion. Il a été un temps envisagé d’organiser ce rassemblement à la fin d’août, avant que cette option soit écartée par crainte que le délai ne soit trop court au regard de la sortie de crise sanitaire. Autre possibilité, actuellement sur la table d’Emmanuel Macron : le reporter au moment du Forum de Paris sur la paix, qui se tient annuellement le 11 novembre, ou début 2021.

Enfin, il est à noter que le programme devrait être amendé pour faire une plus grande place aux questions de santé.

 
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Le défi d’un laboratoire sénégalais pour tester le coronavirus en 10 minutes

| Par
Des passagers d'un bus à la gare routière de Colobane, à Dakar, au Sénégal, le 24 mars 2020.

Jusqu’à 4 millions de tests vendus à prix coûtant pourraient être produits d’ici quelques mois à l’Institut Pasteur de Dakar. Ils seront réalisés par Diatropix, une plateforme spécialisée dans le diagnostic rapide des épidémies africaines, souvent négligées par la recherche.

Diagnostiquer les malades le plus rapidement possible, pour accélérer leur prise en charge et leur isolement, afin d’endiguer la propagation du virus. De l’avis des experts, la mise à disposition massive de tests est l’une des manières les plus efficaces de contenir la pandémie mondiale de coronavirus. En Afrique, où 300 nouveaux cas sont confirmés chaque jour en moyenne, la plateforme Diatropix pourrait-elle aider à freiner la maladie ?

C’est ce qu’espère le professeur Amadou Sall, qui dirige l’Institut Pasteur de Dakar, où ont été diagnostiqués l’ensemble des malades du pays. Une analyse qui prend aujourd’hui environ 3 heures. C’est au sein de son Institut, dans un bâtiment qui vient d’être achevé, que des millions de tests capables de détecter le virus en 10 minutes pourraient être produits et redistribués sur le continent d’ici quelques mois.

Leurs prototypes sont actuellement évalués par des laboratoires britanniques. Une fois validés, ces prototypes seront envoyés à l’institut dakarois, mais aussi en Chine, en Malaisie, en Espagne et au Brésil,  pour y être validés.

Un test rapide et accessible

Diatropix pourrait débuter la production des kits à partir du mois de juin, estiment les experts. En attendant, c’est Mologic, un partenaire britannique de l’Institut Pasteur, qui commencera à produire le matériel médical dans ses locaux basés au nord de Londres, probablement à partir du mois d’avril.

Ils seront ensuite vendus au prix coûtant, à un tarif évalué à 1 ou 2 dollars pièce, soit entre 600 et 1 200 francs CFA. L’arrivée sur le marché africain de ces tests rapides et économiques aura plusieurs avantages, selon le professeur Sall.

« Plus tôt on isole un malade, moins il a de chances de contaminer une autre personne, rappelle le virologue. De plus, ce test n’aura pas besoin de laboratoires sophistiqués ni de personnes extrêmement formées pour être réalisé. Enfin, un avantage non négligeable est qu’il peut être déployé partout, notamment dans des zones rurales. »

Inspiré d’un test de dépistage du virus Ebola, celui-ci est constitué d’un test salivaire et d’un autre sérologique. Même si ses concepteurs s’attendent à ce qu’il soit principalement utilisé, du moins au début, par des membres du corps médical, il est suffisamment simple d’utilisation pour permettre un auto-diagnostic.

Production sur commande

Il est prévu que l’équipe de Diatropix, actuellement composée de cinq personnes, s’agrandisse en fonction des besoins de sa production. Celle-ci sera basée sur la demande, qu’elle provienne d’autorités sanitaires, d’ONG ou des États eux-mêmes.

Selon le professeur Sall, des négociations ont d’ores et déjà débuté avec le gouvernement sénégalais pour commander les équipements. La plateforme est actuellement en capacité de produire jusqu’à 4 millions de kits. Des discussions au sujet d’une collaboration éventuelle avec d’autres sites, au Sénégal et dans d’autres pays du continent, est également en cours.

À plus de 5 000 kilomètres de l’Institut Pasteur, Joe Fitchett se félicite de ce partenariat. Le directeur médical de Mologic est en contact permanent avec ses partenaires sénégalais, à qui son équipe transmet la technologie nécessaire à l’élaboration du matériel.

« Après l’Europe et les États-Unis, une nouvelle vague potentielle arrive en Afrique et nous devons être préparés. Une façon de le faire est de s’assurer que les laboratoires soient équipés », explique-t-il.

Maladies négligées

Sur le continent africain comme ailleurs, la crise provoquée par le coronavirus met en lumière les dysfonctionnements des systèmes de santé et de la recherche. Fièvre jaune, rougeole, dengue, malaria, Ebola… En Afrique, de nombreuses maladies mortelles sont encore trop peu testées, trop lentement, ou à un coût trop élevé. C’est ce constat qui a mené au lancement de la plateforme Diatropix, en décembre 2018, soit bien avant la propagation du Covid-19.

L’initiative est supportée par plusieurs organismes : la Fondation Mérieux, la Fondation pour l’innovation et les nouveaux diagnostics, l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), l’Institut Pasteur de Dakar et deux partenaires de transferts de technologie (Mologic et bioMérieux).

« Notre but est de résoudre le problème de l’accès au diagnostic en Afrique, afin de mieux surveiller les maladies et lutter contre les épidémies. Beaucoup de tests n’existent pas, car certaines maladies ne suscitent pas l’intérêt des experts », déplore Amadou Sall. « Nous travaillons pour développer des tests là où il y en a besoin. Les épidémies ont quelque chose de régulier sur le continent ; c’est donc un terrain de prédilection particulier pour ce type d’initiative », souligne-t-il.

 
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