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L’impression 3D en première ligne dans la lutte contre le coronavirus

Les étudiants tunisiens de l'Eniso ont mis au point un prototype de respirateur non invasif.

Sur le continent, universités et écoles d’ingénieurs multiplient les initiatives pour répondre à la crise sanitaire et conçoivent notamment masques et respirateurs grâce à des imprimantes 3D.

Face à l’épidémie de Covid-19, les États et les entreprises ne sont pas les seuls à se mobiliser. Le monde universitaire est aussi sur le pont, utilisant savoir-faire et techniques de pointe pour produire des équipements de protection ; mais aussi des respirateurs destinés aux hôpitaux.

Des étudiants s’attellent ainsi à la confection de masques et visières de protection, principalement à destination du personnel soignant. Ceux de de l’école nationale d’ingénieurs de Sousse (Eniso) en Tunisie en ont déjà produit 2 500. Ils ont bénéficié pour cela de l’aide de la start-up 3DWave, qui a mis à leur disposition des imprimantes 3D.

Créée en 2018 à Sousse, 3DWave, spécialisée en impression 3D et en réalité augmentée, travaille habituellement surtout pour l’industrie aéronautique. Le processus de fabrication ne prend que deux minutes, une rapidité qui permet une production journalière moyenne de 300 unités. Au Maroc, l’université Mohammed V, l’université internationale de Rabat (UIR) et l’université Ibn Tufail de Kénitra, ont non seulement produit 5 000 masques FFP2 et visières de protection, mais elles fournissent également des drones capables de diffuser des messages de sensibilisation pour lutter contre l’épidémie.

Dans la capitale burkinabè, l’institut 2iE, école d’ingénieurs fondée en 1969 par quatorze pays africains à Ouagadougou au Burkina Faso est aussi mobilisée sur le sujet. Une équipe de chercheurs et d’étudiants a soumis au Centre des opérations de réponse aux urgences sanitaires (Corus), l’organe public chargé de la gestion de l’épidémie, un projet de production de visières faciales. « Grâce à des imprimantes en 3D de haute précision, nous sommes capables de produire ces équipements ainsi que les pièces de rechange des respirateurs et des valves », détaille le Pr Hamma Yacouba, secrétaire général de 2iE, ancien directeur de recherches et spécialiste des eaux agricoles.

Une cinquantaine de visières ont déjà été livrées aux autorités sanitaires, mais leur coût reste élevé, à environ 1,475 million de F CFA pour 500 unités.

Des respirateurs locaux et non invasifs

Toujours grâce à la 3D, 2iE entend également, à court terme, fabriquer localement des respirateurs. « Si le Mali et le Niger en font la demande, nous pouvons mettre en œuvre un partenariat pour dupliquer ce projet », reprend le professeur nigérien.

Au Maroc, l’université Mohammed VI Polytechnique, en partenariat avec plusieurs autres institutions dont le ministère de l’Industrie et le Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales (Gimas), a relevé le pari du respirateur non invasif 100 % national. Quelque 500 modèles, fonctionnant à l’électricité ou sur batterie et disposant d’une autonomie de 3 000 heures, doivent être livrés ces prochains jours en complément des 3 000 respirateurs disponibles dans le royaume. Financées principalement par le géant des phosphates OCP, les équipes de l’université conçoivent aussi des appareils de mesure de la température qui pourront être installés à l’entrée des établissements publics.

Nous fonctionnons en open source. Toutes les indications de production seront mis en ligne le 4 mai

Dans d’autres pays, l’impression 3D joue un rôle clé dans le développement de l’offre de respirateurs. Grâce à cette technique, les étudiants de l’École polytechnique de Thiès au Sénégal affirment pouvoir en produire une cinquantaine par semaine alors même que le pays n’en détient que 80 actuellement.

Des coûts de production divisés par 10

La Tunisie se montre aussi en pointe sur le sujet. À Sousse, les élèves de l’Eniso, en collaboration avec des étudiants de la faculté de médecine de la ville, ont planché sur un prototype de respirateur – l’hôpital local n’ne possédant que treize. Début avril, ils ont mis au point un appareil d’oxygénothérapie à haut-débit qui permet de traiter les malades souffrant d’insuffisance respiratoire sévère sans les intuber.

Dans la capitale, Tunis, l’École polytechnique de l’université centrale a travaillé avec Ditex, un centre d’expertise développé par Dassault Systems, et l’Université de Lorraine pour concevoir un prototype de respirateur non invasif pouvant être produit par une imprimante 3D. Le dispositif, dont les premiers exemplaires sont produit par Tech3D, une entreprise française, peut également servir de simple masque de protection à filtre lavable.

Le respirateur peut être utilisé de trois façons différentes : en simple masque de protection, en respirateur sans dispositif autonome de respiration ou avec un moteur faisant fonctionner un ballon.

« Nous fonctionnons en open source. Toutes les indications pour produire le respirateur (mode d’emploi, liste des matériaux à utiliser) seront mis en ligne le 4 mai », explique Nidhal Rezg, professeur à l’université de Lorraine qui a délocalisé plusieurs masters en Tunisie et au Maroc et mène le projet depuis le 26 mars depuis la France. Coût du dispositif : environ 400 euros contre près de 4 000 euros pour un appareil traditionnel. L’équipe de Nidhal Rezg planche désormais sur l’après pandémie en concevant un robot autonome capable de désinfecter des pièces entières grâce à des lampes à UV.

Une production de gels hydroalcooliques et de tests

Plusieurs universités et écoles se sont également mises à en produire du gel hydroalcoolique pour aider à faire face à la demande. C’est notamment le cas de2iE, qui fabrique des solutions hydroalcooliques pour les institutions publiques et les administrations. Elle prépare notamment une livraison de 3 000 litres pour l’Unicef, le ministère burkinabè de l’Eau et de l’Assainissement ayant aussi passé commande. « Nous sommes prêts à fournir jusqu’à 100 000 litres au prix de 3 500 F CFA [5,34 euros] le litre », explique à Jeune Afrique le Pr Hamma Yacouba.

Même chose à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire, où les chercheurs de l’Institut national polytechnique Félix Houphouët-Boigny (INP-HB) ont mis au point dans leur usine-école une solution et un gel hydroalcooliques répondant aux normes de l’Organisation mondiale de la santé. Les premiers échantillons ont été distribués le 3 avril. La production reste très modeste, même si les chercheurs se donnent l’objectif de 10 000 flacons de 500 millilitres par jour.

Des investissements de plusieurs dizaines de millions de francs CFA sont nécessaires pour développer la production à grande échelle, souligne Koffi N’Guessan, le directeur général de l’INP-HB, qui travaille aussi sur des tests de dépistage du coronavirus.

 
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« One World: Together At Home » : l’Afrique brillera au concert solidaire de Lady Gaga

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L'artiste nigérian Burna Boys, le 23 janvier 2020 à Los Angeles.

Diffusé dans le monde entier, en direct, le 18 avril, ce « live confiné », organisé pour soutenir les travailleurs de la santé et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), rassemble beaucoup de stars africaines et afro-américaines.

C’est la soirée à laquelle tout le monde veut participer. Et le seul moyen pour en être, c’est pour une fois de rester chez soi ! Le samedi 18 avril, un grand live organisé par l’association citoyenne Global Citizen, fondée à New York, et la chanteuse américaine Stefani Joanne Angelina Germanotta, plus connue sous le pseudonyme de Lady Gaga, s’annonce totalement exceptionnel.

Pas seulement parce qu’il rassemble un plateau composé de plus d’une centaine de stars internationales (Paul McCartney, Billie Eilish, Jennifer Lopez, David et Victoria Beckham, Céline Dion, Elton John…). Mais parce que celles-ci livreront des interventions ou des concerts gratuits depuis leur foyer.

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Lady Gaga mobilise le monde la musique et du cinéma contre le coronavirus. © Ferrari/starfacephoto

 

L’objectif est de promouvoir le confinement : le site internet de l’événement demande d’ailleurs aux internautes de s’engager à rester chez eux Mais il s’agit aussi de soutenir le personnel médical et l’OMS… au moment où Donald Trump a décidé de geler les subventions américaines à l’organisation.

Hors normes

Ce live hors normes, diffusé par un grand nombre de médias traditionnels et numérique (BBC Music, MTV, Tidal, YouTube, France 2…), devrait également être très suivi en Afrique. Et pour cause, nombre de stars anglophones du continent participent à l’opération. L’affiche prévoit ainsi des performances du DJ sud-africain Black Coffee, du Nigérian Burna Boy, ou encore de l’actrice et réalisatrice mexicano-kényane Lupita Nyong’o. La communauté afro-américaine est également très bien représentée avec Usher, Alicia Keys, John Legend, LL Cool J, Oprah Winfrey, Pharrell Williams ou Samuel L Jackson. Last but not least, le Britannique Idriss Elba et son épouse Sabrina seront de la partie.

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L'actrice Lupita Nyong'o à Londres, le 9 octobre 2016. © John Phillips/Getty Images for BFI

 

Difficile de se faire une idée de la forme que prendra ce show. Il sera vraisemblablement long (des noms s’ajoutent chaque jour à l’interminable liste des artistes), en anglais (très peu de francophones invités) et composé de vidéos en streaming. La chaîne YouTube de Global Citizen rassemble déjà plusieurs lives de musiciens réalisés depuis plusieurs semaines

Ce qui est sûr, c’est que les spectateurs ne seront pas incités à débourser quoi que ce soit. « Cette émission n’est pas une collecte de fonds », a prévenu Lady Gaga dans une allocution à l’ONU le 6 avril.

 
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Législatives au Mali : un second tour coûte que coûte, malgré le coronavirus

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Le président IBK lors de son son message du 10 avril 2020.

La décision du gouvernement d’appeler les Maliens aux urnes pour le second tour des législatives, dimanche 19 avril, a suscité des critiques dans un contexte de peur liée à la pandémie de Covid-19 et d’insécurité dans le centre et le nord du pays.

Voter ou ne pas voter ? Telle est la question que se posent les Maliens avant le second tour des législatives, dimanche 19 avril, alors que le pays fait face à la pandémie de coronavirus. Le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) l’a réaffirmé dans son discours à la nation, le 10 avril : ce scrutin est la volonté du peuple qui s’est exprimé lors du dialogue national inclusif, « qui a mené ses travaux en totale indépendance, sans aucune interférence ». Nul ne saurait donc aller à son encontre. Le second tour pour élire les 147 députés aura bel et bien lieu, en respectant les gestes barrières dans les bureaux de vote.

Face à la progression de la pandémie sur le territoire [171 cas recensés au 17 avril], les autorités ont annoncé le renforcement des mesures sanitaires mises en place lors du premier tour : gel hydroalcoolique et kits de lavage de main mis à disposition dans les bureaux de vote, distance de sécurité d’au moins un mètre, présence d’agents à l’entrée de chaque centre afin d’éviter les rassemblements de plus de 50 personnes.

Malgré ces messages rassurants, le maintien du scrutin divise. S’il est nécessaire d’accomplir son devoir de citoyen pour certains, d’autres y voient une mise en danger de la population. « En maintenant le scrutin, les autorités veulent éviter d’ajouter une crise institutionnelle à celles qui sont déjà en cours. Mais cet entêtement autour du second tour, qui sera propice à la propagation du coronavirus, est totalement incompréhensible, estime Boubacar Haidara, chercheur associé au laboratoire Les Afriques dans le monde (LAM). Les conseils des ministres se tiennent désormais sous forme de téléconférence. Les autorités sont donc conscientes qu’il faut limiter au maximum les regroupements », ajoute-t-il.

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Coronavirus: l'Afrique face à la pandémie le vendredi 17 avril

Des enfants s'entraînent à la distanciation social, au Cap, le 17 avril 2020.
Des enfants s'entraînent à la distanciation social, au Cap, le 17 avril 2020. REUTERS/Sumaya Hisham

L’Afrique comptait ce vendredi 17 avril 18 792 cas confirmés de coronavirus. Le Covid-19 a déjà coûté la vie à 967 personnes sur le continent, selon le Centre pour la prévention et le contrôle des maladies de l’Union africaine. L’Egypte est le pays le plus touché avec 2 673 cas, suivi par l’Afrique du Sud, le Maroc et l’Algérie. Puis viennent le Cameroun, la Tunisie, la Côte d’Ivoire et le Ghana.

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  •  Le FMI approuve une aide de près de 900 millions de dollars pour la Côte d'Ivoire 

Le Fonds monétaire international a annoncé vendredi avoir approuvé le versement d'une aide d'urgence de 886,2 millions de dollars en faveur de la Côte d'Ivoire pour combattre l'épidémie de coronavirus. « L'impact économique attendu de Covid-19 sera considérable, et les perspectives à court terme se détériorent rapidement », souligne l'institution dans son communiqué. Pour autant, le Fonds estime que les autorités ivoiriennes « ont riposté promptement à la pandémie en s'appuyant sur un plan médical d'urgence et un plan ambitieux de politiques économiques visant à apporter un soutien ciblé aux populations vulnérables et entreprises touchées par la pandémie ».

« L'appui d'urgence du FMI au titre de la Facilité de crédit rapide et de l'Instrument de financement rapide aidera les autorités à combler les besoins urgents de financement budgétaire et de balance des paiements », a commenté Mitsuhiro Furusawa, directeur général adjoint du FMI cité dans le communiqué. Il estime que cela aidera en outre « à catalyser » les financements supplémentaires des autres partenaires au développement. « Des financements supplémentaires sont essentiels pour combler l'écart de financement restant et préserver les acquis considérables de développement que la Côte d'Ivoire a réalisés au cours de la dernière décennie », ajoute le dirigeant.

  • Au Sénégal, polémique sur le transport de l’aide alimentaire

Plus de 145 000 tonnes de riz sont distribuées par les autorités sénégalaises en direction des ménages les plus vulnérables pendant la crise du coronavirus. Mais la polémique monte sur l’acheminement des stocks, le marché ayant été obtenu par l’entreprise UDS, dirigée par l’homme d’affaires et député Demba Diop Sy. L’activiste Guy Marius Sagna dénonce une forme de « corona-business » rendu possible par la loi d’habilitation votée le 1er avril permettant à Macky Sall de légiférer par ordonnance et donc aux députés d’obtenir des marchés publics sans dérogation de l’Assemblée nationale.

Le ministre du Développement communautaire Mansour Faye rejette ces accusations. « Je ne connais pas Demba Diop Sy. C’est l’entreprise UDE que je connais, qui a été soumissionnaire et qui a bénéficié effectivement d’un quota de transport en région. »

Dans une interview diffusée ce vendredi soir par RFI et France 24, le président Macky Sall annonce par ailleurs qu’un comité de pilotage sera mis en place dans le pays. Il sera dirigé par une personnalité indépendante et le Parlement, l’opposition et la société civile seront représentés. « Tout sera extrêmement clair et transparent au Sénégal, non seulement sur les aides, mais aussi sur l’appui à la diaspora et l’accompagnement de la résilience économique des entreprises », déclare le président sénégalais.

A lire aussi, l'interview de Macky Sall: «Un couvre-feu élargi, mais pas de confinement» au Sénégal 

  • Le président Paul Biya coupe court aux rumeurs sur son absence

Après une absence prolongée de plusieurs semaines, le président camerounais Paul Biya est réapparu publiquement ce jeudi 16 avril, à l'occasion d'une rencontre avec l'ambassadeur de France, Christophe Guilhou. Coupant court aux spéculations qui allaient bon train sur son état de santé. Un tweet en milieu d'après-midi a annoncé cette rencontre. « Je viens de recevoir l'ambassadeur de France. Au menu de notre échange, la gestion de la pandémie du Covid-19 au Cameroun, en France et dans le monde », écrit le président camerounais. Quelques heures plus tard, la vidéo de cette audience est diffusée à la télévision nationale. Avec ce petit commentaire de l'ambassadeur sur le perron du palais présidentiel : « Je l'ai retrouvé alerte, comme toujours ».

 

 

🇨🇲🇫🇷 Je viens de recevoir au Palais de l’Unité, l’Ambassadeur de France au Cameroun, Christophe Guilhou. Au menu de notre échange de cet après-midi: la gestion de la pandémie COVID-19 au Cameroun, en France et dans le monde.

Les autorités camerounaises ont par ailleurs indiqué hier soir le prolongement de la fermeture des établissement scolaires et universitaires. La rentrée scolaire est désormais prévue pour le 1er juin. Un calendrier susceptible d’être réajusté en fonction de l’évolution de l’épidémie dans le pays.

  • Le coronavirus pourrait entraîner 27 millions d’Africains dans la pauvreté extrême

La Commission économique de l’ONU sur l’Afrique publie ce vendredi un rapport sur les conséquences économiques de la crise du coronavirus sur le continent. Les experts estiment que 27 millions de personnes pourraient entrer dans une situation de pauvreté extrême en raison de la crise sanitaire mondiale. Pour aider les pays africains à faire face à la situation, la Commission demande la mise en place immédiate d’un dispositif de protection de 100 milliards de dollars.

Selon le rapport, l’Afrique est particulièrement vulnérable à la propagation de l’épidémie en raison de sa démographie : 56 % de la population urbaine vit dans des bidonvilles surpeuplés, et seulement 34 % des foyers ont accès aux produits d’hygiène de base pour se laver les mains. Sans aucune mesure de protection, l’épidémie pourrait, selon les experts, causer la mort de 300 000 personnes sur le continent. 

 

  • Human Rights Watch s’inquiète des conditions des prisonniers en RDC

Malgré la libération de près de 2 000 prisonniers par les autorités congolaises depuis le début de la crise sanitaire, l’ONG de défense des droits de l’homme Human Rights Watch regrette des mesures insuffisantes pour assurer la sécurité des détenus face à l’épidémie de coronavirus. « Il va falloir libérer encore plusieurs milliers de détenus pour que l’impact soit réel, estime Lewis Mudge, son directeur pour l’Afrique centrale. 71 % des prisonniers au Congo n’ont jamais été jugés ou sont encore en détention provisoire, c’est incroyable. »

Human Rights Watch dénonce également les conditions de détention des prisonniers, alors que les visites des familles et des avocats ont été interdites.
« On comprend les inquiétudes de possible transmission de virus, mais cela ne peut pas marcher dans un contexte où les prisonniers dépendent complètement des repas apportés par les familles. Et même en temps de pandémie, les détenus doivent pouvoir communiquer avec leurs avocats. Le gouvernement doit rapidement réfléchir à des solutions  mise à disposition de téléphones, par exemple », déclare Lewis Mudge. 

  • Dans plusieurs pays, la société civile dénonce des violences pendant le couvre-feu

Au Congo-Brazzaville, un couvre-feu a été instauré dès le 31 mars, mais depuis quelques jours, des commerçants dénoncent le pillage de leurs magasins. Certains soupçonnent les forces de l’ordre d’être responsables. « Il y a bien des cas de vols. Au quartier Ngamakosso devant des boutiques qui ont été cambriolées, on a retrouvé les empreintes des rangers. Au moment où il y avait des policiers tout le monde était dans sa maison observant le couvre-feu. Alors ! Qui a volé ? », dénonce un boutiquier sous couvert d’anonymat. Le Premier ministre Clément Mouamba a déclaré de son côté que tout agent qui serait responsable de cambriolages serait immédiatement radié.

Au Togo également, les villes de Lomé et de Sokodé sont soumises à un couvre-feu de 20h à 6h, pour empêcher la propagation du coronavirus. Mais des bavures policières

 

Au Togo également, les villes de Lomé et de Sokodé sont soumises à un couvre-feu de 20h à 6h, pour empêcher la propagation du coronavirus. Mais des bavures policières sont régulièrement dénoncées par la population. Le collectif des associations contre l’impunité au Togo souhaite porter plainte. « Nous pouvons vous dire que ces bavures sont avérées. Nous gardons espoir que la justice fera son travail et que ces personnes vont pouvoir répondre de leurs actes. Dans tous les cas, le ministre de la Sécurité a rassuré les populations : ces actes de violences et de bavures ne resteront pas impunis et les auteurs seront condamnés ,» a déclaré Me Claude Kokou Amégan, le président du collectif.

Au Gabon, l’armée a été appelée en renfort pour aider policiers et gendarmes à faire respecter le couvre-feu dans la capitale Libreville et dans ses environs. De 19h30 à 6h du matin, personne n’est autorisé à circuler dans les rues. Notre correspondant a suivi une patrouille pendant une soirée. 

A lire aussi : Confinement au Gabon: avec une patrouille chargée de faire respecter le couvre-feu 

  • En Guinée, le président Alpha Condé s’inquiète de la gestion de la crise

Lors d’une rencontre au palais présidentiel avec le corps médical, l’ANSS (agence nationale de sécurité sanitaire) et l’OMS, le président Alpha Condé a exprimé sa colère sur la gestion de la crise en Guinée. « On ne nous dit pas la vérité, sincèrement, et notre situation va empirer. Il faut mettre toutes nos forces médicales en action, que ce ne soit plus seulement un groupe. Toutes les personnes qui peuvent travailler, nous devons les mettre au travail. Sinon, on va vers une catastrophe. On a commencé avec un cas, puis deux, puis trois, et aujourd’hui on en est à 400 cas ! La façon dont nous gérons n’est pas bonne », a déclaré Alpha Condé au cours de cette rencontre. En Guinée, 438 personnes ont été testées positives au coronavirus, et le virus a coûté la vie à une personne.

  • En Centrafrique, inquiétudes sur la gestion des fonds dédiés au coronavirus

La Coalition d’opposition et d’autres personnalités questionnent l’utilisation et la gestion des fonds d’aides des institutions internationales alloués à la lutte contre le Covid-19. « Est-ce que l’Etat compte mettre en place une structure censée gérer de façon correcte et équitable tous ces dons ? Est-ce que ces sommes vont servir dans un fond commun mis en place pour aider sur toute l’étendue du territoire ou bien cela va servir des buts électoralistes ? Donc oui on reste vigilants », déclare le député Jean-Pierre Mara. 

  • Les détenus de trente établissements en Algérie mobilisés pour la fabrication de masques

L'administration pénitentiaire algérienne a décidé d'« ouvrir des ateliers de couture pour la confection de 200 000 masques par les prisonniers de 30 établissements pénitentiaires, à travers le pays, en vue de répondre à leurs propres besoins et à ceux des tribunaux », a déclaré jeudi soir le directeur général de l’administration pénitentiaire Faiçal Bourbala à l’agence de presse officielle APS. Les détenus participeront à ces ateliers sur la base du volontariat.

Faiçal Bourbala a également annoncé le lancement prochain d’une deuxième opération « englobant la confection de tenues et combinaisons de protection en faveur du personnel médical, avant de procéder à la fabrication de cabines de désinfection, prévue au niveau de trois établissements. »

Pour l’heure, aucun cas de coronavirus n’a été enregistré parmi les 58 000 détenus dans les prisons algériennes. Pour limiter la propagation de la maladie dans les établissements pénitentiaires, le ministre de la Justice a notamment suspendu les visites des familles des prisonniers et ordonné la mise en quarantaine de tous les nouveaux détenus pour une durée de 14 jours. 

  • 142 personnes jugées pour des violences pendant le confinement au Nigeria

Ce vendredi, 142 personnes accusées de meurtres, cambriolages, possession illégale d’armes et troubles à la paix publique ont été présentées devant un tribunal de l’Etat d’Ogun. Les suspects sont notamment accusés d'avoir terrorisé des habitants et des automobilistes lors de vols à main armée, selon le porte-parole de la police, Abimbola Oyeyemi. « Ils ont également violé l'ordre de confinement du gouvernement en se déplaçant sans autorisation », a-t-il indiqué.
Au Nigeria, un confinement total a été imposé dans plusieurs localités, dont Lagos, l’Etat d’Ogun et la capitale fédérale Abuja. Jeudi soir, l’Etat de Kano était à son tour confiné, pour une durée de sept jours. 

  • Pour Oby Ezekwesili, la Chine doit indemniser l’Afrique

L’ancienne vice-présidente de la division Afrique de la Banque mondiale, Obiageli « Oby » Ezekwesili demande dans une tribune publiée par le Washington Post que la Chine prenne ses responsabilités dans la crise mondiale du coronavirus. Pour la Nigériane, également co-fondatrice de l’ONG Transparency International, les autorités chinoises, qui ont « échoué à gérer de manière transparente et efficace » la crise sanitaire, doivent maintenant indemniser les pays africains.

« La Chine doit se montrer responsable en reconnaissant son manque de transparence sur le Covid-19. Le gouvernement doit mettre en place un panel d’experts indépendants pour évaluer sa réponse à la pandémie. La Chine et le reste des pays membres du G20 doivent aussi engager des discussions avec l’Union africaine pour instaurer des mesures de réparations. Il est temps que les économies les plus riches se montrent capable d’agir pour le bien des plus pauvres et vulnérables. La Chine doit payer », écrit Oby Ezekwesili dans cette tribune.

  • Au Soudan, le gouverneur de Khartoum congédié

Le gouverneur de Khartoum a été congédié par le Premier ministre Abdallah Hamdok ce jeudi. Il avait refusé d'appliquer l'interdiction des prières collectives en raison des mesures de confinement. Le général Ahmed Abdoun avait défié les autorités civiles, en objectant par lettre que celles-ci n'avait pas l'autorité d'interdire les rassemblements du vendredi et du dimanche dans les mosquées. Le chef du gouvernement n'a donc pas hésité.

Le même Conseil des ministres, présidé par Abdallah Hamdok, a aussi sévèrement mis en garde les partisans de l'ancien président Omar el-Béchir. Ces derniers ont, pour la troisième fois en une semaine, manifesté jeudi dans la capitale pour exiger la démission du gouvernement, et ce malgré l'interdiction des rassemblements pour des raisons sanitaires.

Au sortir du Conseil, le ministre de l'Industrie Madani Abbas Madani a demandé aux forces de sécurité de « traiter ces hors-la-loi avec fermeté ». « Ils ne devraient pas être autorisés, a-t-il dit, à occuper les espaces de liberté que le peuple soudanais a arraché à l'ancien régime pour subvertir la voie démocratique. » 

A ce jour, le Soudan a dénombré 32 cas de Covid-19 sur son territoire. Et à compter de ce samedi, la capitale Khartoum est totalement confinée pendant trois semaines.

  • Au Malawi, le confinement suspendu par une décision de justice

Le confinement, qui devait commencer ce samedi 18 avril pour une durée de trois semaines au Malawi, a été suspendu par une décision de justice ce vendredi en fin d’après-midi. La HRDC (Coalition pour la défense des droits humains) avait déposé un recours pour demander cette suspension, dénonçant le manque de mesures prises par le gouvernement pour aider les plus vulnérables à faire face à l’impact économique du confinement.

Depuis jeudi, des commerçants protestent dans plusieurs villes du pays contre le confinement. Sur leurs pancartes, ils expriment leur peur de ne plus pouvoir nourrir leur famille : « Le confinement est plus toxique que le coronavirus », ou « Nous préférons mourir du coronavirus plutôt que mourir de faim », écrivent-ils. 

  • Le footballeur El-Hadji Diouf distribue du matériel sanitaire au Sénégal

Beaucoup de sportifs africains et notamment des footballeurs se mobilisent pour aider leur pays à lutter contre la pandémie et ses effets. C'est cas de Didier Drogba, Samuel Eto'o, Sadio Mané ou encore El-Hadji Diouf. Le Ballon d'Or Africain 2001 et 2002 soutient la population sénégalaise notamment via des dons de matériels sanitaires. « Ma femme est partie dans des quartiers défavorisés pour donner du gel, des masques et du savon. Le confinement aujourd’hui, c’est très dur dans les pays africains, car les Africains vivent au jour le jour. Mais il faut féliciter les Sénégalais, parce qu’ils ont tous compris, la population sénégalaise joue le jeu », a déclaré le footballeur à RFI.

  • Les milliardaires africains participent à la lutte contre la pandémie, mais au niveau national

Lors de l’épidémie d’Ebola, les milliardaires africains avaient largement contribué à financer l’effort de l’Union africaine. Mais cette fois, les dons de dizaines de millions de dollars déjà annoncés sont destinés uniquement à des fonds nationaux. C’est le cas par exemple au Nigeria, où une coalition du secteur privé contre le Covid-19, pilotée par Dangote et le groupe bancaire Access Bank a promis près de 57 millions de dollars pour le pays.

Mobilisation aussi en Afrique du Sud : le magnat des mines, Patrice Motsepe, la famille Rupert qui gère un important fonds d'investissement et la famille Oppenheimer, à la tête du premier groupe diamantaire mondial, De Beers, ont promis, pour la nation arc-en-ciel, un total de 163 millions de dollars. Au Zimbabwe, Strive Masiyiwa règle une partie des salaires du personnel soignant, leur fournit protections et assurance. Mais jusqu’ici, le rôle de premier philanthrope du continent revient à quelqu’un qui doit peu à l’Afrique, le chinois Jack Ma, fondateur du géant du commerce en ligne Alibaba et classé vingtième fortune mondiale.

L’Union africaine a créé un fonds spécial, avec pour objectif de réunir 400 millions de dollars. Il devrait servir à financer en priorité la réponse sanitaire, puis les économies. Mais selon une source au sein de l’organisation panafricaine, la plupart des grandes fortunes se contentent pour l’instant de communiquer sur d’éventuelles promesses de dons, pas encore concrétisées. 

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Naissance d'une pandémie
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Le cinéma burkinabè victime du coronavirus

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Le cinéma Neerwaya, une salle de mille places et une des trois salles permanentes dans la ville de Ouagadougou, au Burkina Faso.
Le cinéma Neerwaya, une salle de mille places et une des trois salles permanentes dans la ville de Ouagadougou, au Burkina Faso. Siegfried Forster / RFI

Le Burkina Faso est connu pour son festival panafricain de cinéma, le Fespaco, et aussi pour son industrie cinématographique florissante. Or, la pandémie de coronavirus Covid--19 a mis à l’arrêt cette industrie que l’État tente de soutenir.

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Entre les Burkinabè et le cinéma, l’histoire d’amour remonte aux années 1960, la capitale compte de nombreuses salles. Rodrigue Rakis Kaboré, producteur et réalisateur, est aussi exploitant du cinéma Neerwaya. Il a dû fermer mi-mars pour cause de pandémie. « On a une perte d’exploitation, chaque semaine, de cinq à sept millions de francs CFA pour chaque film que nous projetons. Sans oublier les à-côtés, c’est-à-dire, les locations, les évènements que nous organisons, les concerts et les spectacles pour enfants qui étaient prévus. Tout cela est fini », regrette-t-il.

À la fermeture des salles, s’ajoute l’arrêt des productions en cours. Rodrigue Rakis Kaboré le souligne, c’est toute la chaîne du film qu’il faudra soutenir. « Il n’y aura pas que les exploitants de salle à accompagner, il y aura aussi les distributeurs, les réalisateurs, les producteurs. Des distributeurs avaient déjà fait la promotion de films, certains étaient déjà arrivés dans les cinémas. Tout cela a été arrêté du jour au lendemain. Évidemment, cela a causé un désagrément à toute la chaîne cinématographique », soutient-il.

Une aide de plus d’un milliard de francs CFA pour les professionnels de la culture

Conscient du problème, Abdoul Karim Sango, le ministre de la Culture, a obtenu un milliard vingt-cinq millions de francs CFA, pour tous les artistes et les acteurs culturels, quel que soit leur domaine. « Personne n’est oublié. Par exemple pour l’industrie cinématographie, les réalisateurs qui avaient programmé des tournages et engagé des dépenses, nous essayons de voir comment leur apporter une subvention pour compenser le manque à gagner et les pertes », déclare le ministre.

L’un des problèmes du monde culturel est d’en identifier tous les professionnels. Le comédien de théâtre et metteur en scène Etienne Minoungou plaide pour un mécanisme de recensement qui permettrait de mieux savoir qui aider.

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« Il y a sans doute des banques de données, par-ci, par-là, au Fonds de développement culturel et touristique, au Bureau burkinabè des droits d’auteurs, il y a les différentes fédérations, mais il n’y a pas un tableau de bord général au ministère de la Culture qui permettrait tout simplement d’avoir une visibilité très précise de l’écosystème des activités culturelles et touristiques dans notre pays », dit Etienne Minoungou. Puis d’ajouter : « C’est un problème, car quand surgit une situation comme celle-là où le président du Faso donne un milliard vingt-cinq millions pour relancer l’ensemble du secteur, quels sont les critères d’évaluations qui permet de déterminer qui et qui peut en bénéficier ».

Le cinéma est l’une des vitrines du Burkina Faso sur le plan international. Un secteur dont les retombées pèsent bien davantage que le poids de cette industrie dans la richesse nationale.

 
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